Bonjour tout le monde ! Je me présente vite fait, vous pouvez m'appeler Ellanor (c'est le pseudo que j'utilise depuis des années) et je suis une fan de séries, de films, de livres, bref un peu tout XD Je m'imagine sans cesse des histoires, et celle-ci est la première que je couche par écrit, donc soyez indulgents par pitié ^^ J'adore l'univers d'Avatar, le dernier maître de l'air. Donc voici ma première fanfic, n'hésitez pas à commenter, cela m'aidera à m'améliorer, à condition que ce soit constructif s'il vous plait ^^ Bonne lecture ! Je ne sais pas quel rythme vont prendre mes publications, tout dépendra de mon boulot, et de mon inspiration !
J'ai pris quelques libertés avec la série, mais le fil rouge sera néanmoins respecté. Cette histoire est le point de vue d'une jeune fille, esclave de la Nation du Feu, qui porte un lourd secret…
L'eau, la Terre, le Feu, l'Air...
Il y a très longtemps, ces 4 peuples vivaient en harmonie. Mais un jour la Nation du feu décida de passer à l'attaque.
Seul l'Avatar, maitre de ces 4 éléments pouvait mettre fin à la guerre. Mais juste au moment où on avait besoin de lui, il disparut.
97 ans ont passé, et la Nation du Feu domine aujourd'hui presque le monde entier. Mais certains gardent encore espoir, espérant que l'Avatar reviendra un jour pour sauver le monde...
Le dernier Maître de l'Air : L'Âme dédoublée.
Livre I : L'eau.
Episode 1 : Rencontre
Dans le palais royal, au centre de la Capitale de la Nation, le jour se lève. Le palais s'éveille doucement, les serviteurs commencent leurs tâches quotidiennes, ménage, préparation des repas, et réveil de la famille royale.
Ellanor, l'une des esclaves attachées au service de la famille royale, était affectée à la Princesse Azula. Ce matin-là, elle eut la tâche d'aller la réveiller et de l'aider à se préparer pour la journée. Entrant en silence dans la chambre, elle ouvrit les rideaux, laissant entrer le soleil naissant, avant de venir près de l'immense lit tendu de tissu écarlate occupant le centre de la pièce. Des soieries ornaient le baldaquin aux bois doré. Le rouge et l'or, les couleurs dominantes de la Nation du Feu, présentes partout afin de montrer la suprématie du territoire.
La jeune fille encore endormie était plutôt jolie, assez grande et de taille fine. Ses longs cheveux châtains étaient longs, tombant jusqu'au creux de ses reins. Son visage en triangle, sa peau pâle, ses mains douces et fines montraient une ascendance aristocratique, rien de moins.
La petite esclave s'approcha encore un peu, et secoua délicatement l'épaule d'Azula :
- Princesse, princesse, éveillez-vous, il est l'heure...
Après un peu de temps, Azula ouvrit les yeux, révélant des prunelles d'ambre claire insérées dans des orbes en amandes. Elle se redressa paresseusement, s'étirant comme un félin, avant de fixer Ellanor toujours là, en train de préparer les vêtements dont la princesse allait avoir besoin aujourd'hui. Laquelle l'apostropha d'ailleurs vertement :
- Eh bien, il n'est jamais trop tard, j'imagine! Tu as mis plus longtemps que d'habitude pour venir! Quelle est ton excuse?
La petite leva les yeux, clignant des paupières avec surprise, avant de bredouiller doucement :
- Princesse, je...je souhaitais simplement vous accorder un peu de sommeil supplémentaire...loin de moi l'idée de vous manquer de respect ou de...
- Je m'en moque! Pose ce que tu as dans les mains et disparais de ma vue!
Terrifiée par la jeune fille, Ellanor posa la robe qu'elle tenait, et fila sans demander son reste. Refermant la porte derrière elle avec le plus grand soin, elle commença à marcher dans le couloir.
Ellanor était une jeune fille à la peau blanche comme la neige, aux cheveux noirs descendant bas dans son dos, retenus en queue de cheval haute la plupart du temps, et aux grands yeux bleus azur. Bien que née dans la Nation du Feu, elle avait parmi ses ancêtres des membres de la tribu de l'eau, ce qui expliquait la couleur inhabituelle de ses prunelles. Plutôt petite pour son âge, elle était toute menue, avec un visage aux traits fins. Elle portait l'uniforme des esclaves, à savoir une tunique rouge foncée descendant à mi-cuisse fendue sur les côtés, d'un pantacourt de même couleur s'arrêtant à mi-mollet. Elle portait de petits chaussons rouge bordés de doré.
Un peu perdue, et désœuvrée depuis qu'elle s'était faite congédiée, elle se mit à errer dans les couloirs, sans voir passer le temps. Jusqu'au moment où elle percuta une autre personne. De par son poids plume, elle dégringola et se retrouva assise sur le sol de marbre, hébétée et sonnée. Portant la main à sa tête, elle gémit et releva les yeux vers celui qu'elle venait de heurter, avant de se figer. Ohlalalalalala... Elle venait de rentrer dans l'une des personnes les plus importantes de l'endroit, et même de la Nation toute entière...Mortifiée, elle s'inclina profondément devant lui, fermant même les paupières par précaution.
- Monseigneur, je...je suis désolée, je ne...je ne regardais pas où j'allais. Oh pardonnez-moi, je vous en supplie...
Mais à sa grande surprise, elle sentit deux mains la relever doucement, et une voix grave lui adresser quelques mots calmes :
- Ne t'en fais pas, je ne voyais pas où j'allais moi non plus. Tu n'as rien de cassé?
Rougissante, elle se laissa faire, mais ne put relever les yeux. Car celui qu'elle venait de bousculer au point de finir les quatre fers en l'air n'était autre que le prince héritier. Se tenant droit juste devant elle, ses cheveux sombres noués en queue de cheval, ses yeux d'ambre pure incrustés dans un visage pâle et fin. Le prince Zuko. Elle se secoua doucement, avant de s'écarter délicatement.
- Non, je n'ai rien, je vous remercie Altesse...Et pardonnez-moi encore, je vous en prie...
Il la contempla un moment sans dire un mot, avant de demander :
- Une seconde, je t'ai déjà vu toi...Tu es l'une des servantes de ma sœur, n'est ce pas?
- Oui Altesse, répondit-elle doucement, mais aujourd'hui, la princesse n'a pas voulu de mes services...
- Je vois...ça lui arrive régulièrement il parait. Et donc tu erres dans ces couloirs.
Il avait un ton presque taquin, et un léger sourire aux lèvres.
- Je n'ai rien de spécial à faire pour le moment, me feras-tu la joie de quelques pas dans le parc avec moi?
Elle le regarda, proprement stupéfaite. C'était bien peu conventionnel, elle devint aussi rouge qu'une tomate, indécise et pourtant flattée qu'il la considère comme digne de partager quelques pas avec elle.
- Je...ce serait un honneur, Prince Zuko... si vous m'en estimez digne...
Il se contenta de sourire amicalement, et commença à marcher vers le parc du palais, l'invitant du regard à le suivre. Elle n'eut donc d'autre choix que de le suivre, se tenant à quelques pas de distance comme le voulait la bienséance. Elle ne savait comment se comporter, et restait donc prudemment silencieuse. Les bras le long du corps, elle avançait, la tête baissée, un peu inquiète et totalement perdue. Zuko, qui la surveillait du coin de l'œil, perçut son malaise et ralentit pour se mettre à sa hauteur, fusillant du regard les gardes qui l'accompagnait. Elle allait ralentir encore pour respecter la distance lorsqu'il lui prit doucement le bras :
- Laisse tomber le protocole, tu veux? Pendant quelques minutes, je ne suis plus l'héritier... mais juste Zuko.
Il semblait y tenir, et Ellanor rosit en maudissant sa peau trop pâle, hochant cependant la tête. Elle ne pouvait promettre de réussir, mais pouvait au moins essayer. Se laissant entraîner, ils parvinrent à une petite presqu'île au milieu de l'étang du parc, où se baladaient une canne-tortue et sa progéniture. Le jeune homme congédia ses gardes, lâcha la brunette et s'assit dans l'herbe en poussant un gros soupir. Il s'adossa à un arbre en fermant les yeux, étendant ses longues jambes devant lui.
- Assieds-toi, tu ne comptes pas rester debout tout de même?
Rappelée à l'ordre implicitement, Ellanor s'assit sur le sol en repliant ses jambes sous elle, observant tour à tour le jeune prince, et l'étendue d'eau. Il se passa quelques minutes de silence total, seulement troublé par les petits cris des cannetons, et peu à peu, elle commença à se détendre. Inspirant longuement, elle se laissa aller, au point de glisser sa main à la surface du miroir liquide.
- C'est...c'est si calme...
Sa voix était claire, cristalline, mais comportait quand même des hésitations. Elle n'avait pas l'habitude de se pauser, et encore moins en compagnie d'une des personnes les plus importantes de la Nation. Elle tourna ses orbes d'eau vers le jeune héritier, et le contempla un instant, admirant sa silhouette athlétique, ses yeux d'ambre pour le moment clos, son visage pâle et ses cheveux sombres...comme les siens. Elle détourna le regard rapidement, comme fautive. Lui ouvrit les siens, et la regarda avant d'esquisser un sourie en la voyant plus calme et détendue, enfin presque.
- Tu n'as pas souvent l'occasion de prendre un peu de repos, je me trompe?
Sa voix ne comportait aucun sarcasme, juste une profonde curiosité. Elle était grave, profonde, et apaisait la brune. Qui secoua doucement la tête, sans le regarder
- Non, vous avez raison...mis ce n'est pas mon rôle de me détendre...je suis une servante, mon devoir est de servir la famille Royale du mieux que je peux, et davantage même...Le repos ne fait pas partie de mes attributions
- Tu ne dois pas rire tous les jours, constata-t-il simplement.
Elle se tourna vers lui, intriguée, avant de répliquer doucement, son regard clair posé sur celui du prince :
-Et vous ? En tant qu'héritier du trône, vous ne devez pas avoir tant de source d'amusement que cela….n'est-ce pas ?
Il eut une moue surprise, puis laissa échapper un léger rire désabusé en fixant l'étang, ramenant ses genoux contre sa poitrine.
-Tu es bien la première à me dire cela. D'habitude, les gens ont tendance à m'envier, à penser que la vie royale est fabuleuse…
Elle secoua la tête avec énergie.
-Je suis l'une des mieux placées pour voir que si votre sœur et vous êtes effectivement privilégiés, vous n'êtes pourtant pas les plus heureux… la vie royale est fastueuse, mais peu amusante… et vous êtes le premier-né, ce qui signifie que le poids qui pèse sur vos épaules n'en est que plus lourd.
Il hocha simplement la tête, sans la regarder. Il fixait l'eau pensivement, avant de sortir d'une poche de son uniforme une miche de pain qu'il sépara en plusieurs morceaux, avant de lancer de petits bouts en direction des canard-tortues, sans parler. Ellanor en profita pour le détailler discrètement du regard. Elle l'avait déjà vu, bien sûr, mais étant une femme et affectée à Azula, elle n'avait guère le droit de l'approcher, et encore moins de partager ce genre de moments avec lui. Que dirait le monde s'il savait ? Elle serait bannie, ou du moins enfermée…Et pourtant, elle se surprit à apprécier ces instants volés, détendus.
Ils restèrent un bon moment, plusieurs heures même, à simplement discuter de tout et de rien, et à nourrir les canards. Puis Zuko se leva, et après qu'elle l'eut imité, regagna le palais en lui conseillant de se faire discrète. Il lui adressa un dernier sourire et un léger signe de main avant de partir vers le terrain d'entrainement. Elle le suivit des yeux le plus possible, avant de retourner voir la princesse, qui l'attendait de pied ferme et la houspilla longuement pour son absence, allant jusqu'à la gifler en lui hurlant dessus. Ellanor ne dit pas un mot, encaissant, et surtout le cœur gonflé des souvenirs des dernières heures. Elle reprit son travail, sereine, et espérant au fond d'elle-même avoir d'autres moments comme celui-ci, tout en se faisant peu d'illusions. C'était arrivé une fois, il y avait peu de chances que cela se reproduise. Mais elle le souhaitait, bien malgré elle, car elle l'aimait. Oui Ellanor, la petite esclave, était désespérément amoureuse du prince Zuko, héritier de la Nation du Feu…
Plusieurs semaines passèrent ainsi, sans mouvements notables. Les réunions s'enchainaient, les attaques étaient abondamment commentées dans tout le palais, si bien qu'Ellanor était aussi avertie qu'un soldat. En tant qu'esclave, elle se faufilait un peu partout pour accomplir ses tâches, ce qui lui était bien pratique pour glaner les ragots. Parfois même, elle le faisait sur ordre d'Azula, qui voulait savoir ce que les gens pensaient. La jeune princesse, du même âge qu'elle (soit une dizaine d'années) était avide de pouvoir et pour cela, rien de tel que les petits secrets de la Cour et des sujets de la Nation.
Bref, la routine était retombée, ou presque… car à la plus grande surprise de la jeune brune, elle avait revu à plusieurs reprises le prince Zuko, qui parvenait à l'arracher pendant quelques minutes à son travail. Il semblait l'attendre, la chercher même parfois, ce qui lui faisait tout bizarre et lui mettait l'estomac à l'envers. Elle craignait toujours de commettre un impair, ou d'être vue ainsi en compagnie de l'un des membres les plus importants… Pourtant, c'était toujours lui qui venait à elle, lui proposant une balade dans les jardins, à l'abri des regards, ou bien simplement une discussion dans un coin reculé du palais.
Au bout d'un temps, n'y tenant plus, dévorée de curiosité, elle lui demanda pourquoi il agissait ainsi, pourquoi il venait la voir et lui proposait des distractions pour alléger son quotidien. Il la regarda un long moment, paisible, avant de vérifier qu'il n'y avait personne autour d'eux, et de lui caresser la joue en ramenant une mèche derrière son oreille. Le geste était d'une infinie tendresse, et ses yeux d'ambre étaient posés sur elle avec douceur.
-Parce que je ressens quelque chose de fort pour toi…je ne sais pas encore quoi, mais je le découvrirai. Et cela te détend autant que moi.
Aussi simplement que cela. Elle avait du mal à en revenir. Il ressentait quelque chose pour elle ? Elle une esclave, elle si laide (à ce qu'on lui disait), si quelconque ? Elle rougit fortement et détourna le regard, avant de lancer un autre sujet de discussion, la maitrise du feu. Car Ellanor était un maitre, même si elle le cachait bien. Elle ne se servait jamais de son don, c'était interdit aux serviteurs. Mais quand elle était seule, elle faisait naitre des flammes au bout de ses doigts, et les faisait danser dans la pièce. Elle ne pouvait s'entrainer, mais elle était satisfaite de ce qu'elle parvenait à faire. Et si Zuko ignorait qu'elle connaissait la maitrise, il lui en parlait bien volontiers, parlant de ses entrainements quotidiens et de ce qu'il parvenait à produire, tout en reconnaissant qu'il avait encore beaucoup de chemin à parcourir… Et en nourrissant une certaine jalousie à l'encontre de sa sœur, bien plus douée que lui. Elle essaya de lui remonter le moral, sans grand succès, et il écourta leur rencontre cette fois ci, s'excusant maladroitement pour rejoindre ses quartiers. Un peu déçue, Ellanor regagna ceux de la princesse et se remit au travail, sans un mot.
Plusieurs fois se passèrent encore avant que Zuko, un bon matin, ne vienne frapper chez sa sœur pour lui soumettre une requête pour le moins surprenante :
-J'ai besoin de t'emprunter ton esclave, Azula. Ce ne sera pas long.
La princesse, surprise, se tourna vers lui, obligeant sa servante à tourner avec elle pour finir de fixer ses cheveux, tandis qu'Ellanor, qui se trouvait dans un coin de la pièce à ranger les effets de l'enfant royal, se figea et cligna des yeux, stupéfaite.
-Et pourquoi as-tu besoin de cette bonne à rien, Zuzu ?
La voix mordante d'Azula était narquoise, comme souvent, et le surnom atroce qu'elle donnait à son ainé n'en prenait que plus d'ampleur. Elle n'avait que du mépris pour lui, et ils le savaient très bien tous. Mais le prince ne se démonta pas, et répondit aussi sec :
-Tu n'as pas besoin de le savoir, mais c'est quelque chose qu'elle seule peut accomplir. Mes gardes sont trop lourdauds pour cela.
Azula lui jeta un regard aigu, elle n'était pas stupide, mais du diable si elle comprenait ce qui le motivait ! A bout d'arguments, elle fit un signe et la brunette s'approcha, s'inclinant profondément devant Zuko pendant qu'elle parlait :
-Va avec lui, puisqu'il semble y tenir. Et sois polie et respectueuse, ou je te ferai apprendre le respect à ma façon, entendu ? Et reviens aussitôt après, j'ai besoin de toi.
-Oui Altesse, répondit Ella d'une voix humble, en s'inclinant devant elle avant de franchir le seuil derrière Zuko, perplexe et un peu perdue.
Il l'entraina dans un dédale de couloirs, et finit par s'arrêter devant une porte qu'il ouvrit, avant de la faire entrer. Elle obéit, et écarquilla les yeux en réalisant qu'elle se trouvait dans les appartements du jeune prince. Elle se tourna vers lui, cette fois ci complètement abasourdie, et allait lui poser une question lorsqu'il l'arrêta d'un geste de main, avant de fermer la porte avec soin et de venir s'asseoir lourdement sur son lit. Il lui indiqua de prendre place à côté de lui. Ce qu'elle fit, tout en l'examinant du coin de l'œil. Le jeune homme était plus pâle que d'ordinaire, et des cernes formaient des vagues sombres sous ses yeux d'or. Inquiète, elle finit par demander, ne pouvant plus se retenir :
-Êtes-vous souffrant, Altesse ? Dois-je avertir le guérisseur ?
Il secoua la tête en fourrageant dans ses cheveux, noués comme d'habitude en queue de cheval haute. Il finit par se prendre la tête entre ses mains, ses coudes reposant sur ses genoux, le regard dans le vide. Sa voix s'éleva, doucement mais toujours aussi grave :
-Je dois te dire une chose. Mais j'ai besoin que tu m'écoutes sans m'interrompre, sans quoi je n'y arriverai pas. Peux-tu faire ça ?
Elle hocha la tête, et le contempla doucement de ses yeux d'eau, attendant qu'il se lance, et se jurant de ne pas intervenir, quoi qu'il dise. Cela attendrait la fin de son récit. Fort de cette acceptation, Zuko lâcha sa tête, croisant les mains dans le vide, et se lança sans la regarder :
-Depuis longtemps maintenant je connais ce palais comme ma poche. Je l'ai arpenté en long, en large et en travers, et ce depuis que je suis tout petit. Ma mère m'emmenait partout, y compris au parc nourrir les canard-tortues. Quant à mon père, il était distant, mais pourtant plus présent qu'aujourd'hui. Il n'a jamais été un père très…affectueux. Puis Azula est née, et la famille s'est agrandie. Mon oncle Iroh était à la guerre au Royaume de la Terre, son fils Lu Ten l'accompagnait…Nous avions des nouvelles de temps à autres, et tout allait bien. Jusqu'au jour où Lu Ten a été tué à Ba Sing Se, durant le siège. Mon oncle ne s'est jamais remis de cette perte. Il l'aimait tant, son fils unique. Puis ça a été le tour de mon grand-père, le Seigneur du Feu Azulon, et mon père est monté sur le trône. A partir de là, beaucoup de choses ont changé. Ma mère a disparu, Azula était plus peste que jamais, et moi j'étais seul. Je me suis entrainé nuit et jour, sous la houlette des professeurs exigeants, j'ai progressé, mais pas autant ni aussi vite que je l'aurais souhaité. Ma sœur me distançait jour après jour, et se moquait de ma maladresse…C'était mon quotidien. Jusqu'au jour où une cargaison de serviteurs et d'esclaves est arrivée au palais, près à servir la famille royale…et tu étais parmi eux. Une petite fille pas plus âgée que ma sœur, timide et effacée, terrorisée…
Elle rougit à cette description, pourtant bien vraie. Elle avait été arrachée à la ville où elle vivait, dans la périphérie de la Nation, par des soldats décrétant que son rôle était désormais de servir le Palais. Elle était arrivée quelques jours après, terrifiée, seule enfant parmi une flopée d'hommes et de femmes adultes. Elle s'était agenouillée comme les autres devant la famille royale, attendant que son sort soit fixé. Sans sembler remarquer son trouble, Zuko reprit :
-J'ai tout de suite compris que tu n'étais pas comme les autres. Je ne pouvais pas te quitter des yeux. Tu semblais si petite par rapport aux adultes à tes côtés…Je ne savais pas ton nom, mais je savais que je voulais te protéger, car tu étais la première enfant autre que les descendants de noble famille que je rencontrais. Tu as été donnée à ma sœur, et ton quotidien a commencé. Tu la servais, pas toujours facilement, Azula ayant la réplique plus facile que les compliments, et la main leste…Bien des fois je t'ai vu sortir de ses quartiers la marque de sa main sur ta joue… et pourtant tu ne te plaignais pas. On ne te le permettait pas vraiment, mais tu ne disais rien. Tu étais si silencieuse…Dès que je te voyais, je voulais te parler, mais on n'adresse pas la parole aux domestiques, ça ne se fait pas…alors je t'observais, de loin, je veillais à ce que les autres, à défaut de ma sœur, te traitent le mieux possible. Je voulais croire que grâce à ce que je faisais, ton quotidien était moins pénible. Ce n'était pas forcément vrai, mais je voulais y croire. Le temps a passé, nous avons grandi. Et puis, mes sentiments ont évolué. Je voulais toujours te protéger, mais tu…je voulais aussi que tu sois près de moi. Alors je me suis remis à t'observer. Et puis, il y a quelques semaines, j'ai trouvé le moment et le courage de t'aborder. Toi Ellanor, parmi toutes…On a discuté, et j'ai passé l'un des meilleurs moments de ma vie depuis le départ de ma mère. Peu à peu, au fil de nos rencontres, j'ai fini par comprendre quels sentiments je nourrissais à ton égard…J'ai eu peur, mais je ne peux pas vivre avec ce…sentiment sans t'en parler. Tu es la première concernée après tout. Alors voilà, je…
Il s'arrêta un instant, et se tourna vers elle. Ses yeux d'ambre s'ancrèrent dans ceux d'eau de la jeune fille, et elle put y lire une certitude qu'elle n'avait jamais vue. Il se rapprocha doucement, sans la toucher, et se pencha pour lui murmurer à l'oreille :
-Je t'aime, Ellanor…
Elle écarquilla les yeux, choquée et tremblante. Elle n'osait y croire, tout simplement, et se demandait si elle ne vivait pas un rêve. Elle se pinça discrètement, non elle ne rêvait pas. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Il l'aimait…Il l'aimait ! Son cœur s'emballa, se mit à battre la chamade, son souffle s'accéléra sensiblement, et elle sentit monter en elle la force de cet amour. Qu'elle lui rendait, oh oui ! Elle l'aimait tant, ce jeune prince, qui pourtant était toujours soucieux des autres, ne négligeant personne, ayant toujours un mot pour ceux qu'il croisait… Elle laissa couler ses larmes, des larmes de bonheur, que Zuko ne comprit pas. Il se recula et l'observa, puis, croyant à un rejet, il allait lui demander pardon lorsqu'elle le surprit en murmurant d'une voix tremblante, mais profondément sincère :
-Je….Je vous aime…
Il se stoppa dans son élan, et la regarda avec un espoir fou dans les yeux, avant de tendre la main pour saisir délicatement la sienne, qu'il contempla un moment en silence. Il entrelaça leurs doigts, pensif, avant de sourire timidement et de relever les yeux sur elle, imprimant chaque courbe de son visage dans sa mémoire. Elle avait failli se rétracter quand il lui avait pris la main, avant de la lui laisser, grisée par le contact, des frissons courant le long de sa colonne vertébrale. Elle aussi souriait, d'un sourire doux, fragile, mais sincère. Lentement, sans se concerter, ils se rapprochèrent encore jusqu'à se frôler, puis leurs lèvres se joignirent, tout doucement, simple effleurement avant de reculer un peu, puis de se rapprocher de nouveau pour s'unir pour de bon cette fois. Leur premier baiser, maladroit mais tendre, la main libre de Zuko venant se poser sur la joue d'Ellanor, tandis qu'elle resserrait leurs doigts entrelacés. Leurs yeux étaient clos, et ils restèrent plusieurs minutes ainsi, à se découvrir à travers ce baiser chaste et délicat. Ils finirent par se séparer doucement, sans désunir leurs mains, et se regardèrent un long moment en silence, avant qu'il ne l'attire dans ses bras pour la plaquer contre son torse, en une étreinte forte mais sans brusquerie. Elle blottit sa tête dans son épaule, ses bras autour de sa taille, silencieuse et totalement heureuse. Complète. Il semblait partager les mêmes sentiments, car son souffle calme vint chatouiller son cou, gentiment. Un pur moment de félicité, à peine troublé par le craquement du foyer au fond de la pièce. Mais toute chose a une fin, et Ellanor finit par demander, inquiète, tout en jouant avec les cheveux du prince :
-Que….que va-t-il se passer maintenant ? Je veux dire, comment….
Elle ne put achever sa phrase, mais il comprit, car il la resserra tendrement contre lui en répondant :
-On ne peut pas se voir ouvertement, alors nous continuerons comme nous l'avons fait jusqu'à maintenant. Mais un jour, tu seras affranchie, et à ce moment-là je te promets que j'annoncerais au monde entier que je t'aime. Je ne te laisserai pas, jamais. Tu as ma parole…
Elle le savait, et elle lui sourit avec reconnaissance et amour, alors qu'il embrassait ses lèvres une nouvelle fois.
-Azula va finir par se demander pourquoi tu ne reviens pas. Va vite, avant qu'elle ne vienne nous voir… Nous serons vite réunis, je te le promets.
Elle se redressa, sortant à regrets de son étreinte si chaude, et baisa sa tempe avant de sortir de la pièce, les yeux brillants à la fois de joie et de fougue, le cœur en fête et un doux sourire sur le visage. Sourire que même Azula ne put enlever, ce qui l'amena à se poser des questions. Elle résolut de comprendre et de percer le mystère de sa petite esclave…
Plusieurs mois passèrent, tranquillement, et pour le jeune couple c'était le pur bonheur. Ils se voyaient dès que possible, cachés, se séparaient pour mieux se retrouver. Ils s'adoraient, vouaient à l'autre une dévotion et un amour sans égal. Aucun ne pensait que leur secret pouvait être éventé, ils redoublaient de prudence quant à leurs lieux de rendez-vous, et le temps passé ensemble. Leur amour se renforçait à chaque fois, se forgeant au feu de leurs rencontres. Zuko, à l'occasion de leur premier mois ensemble, lui offrit un pendentif d'or monté sur une chaine du même métal, avec à l'intérieur une petite mèche de ses cheveux. Il portait son jumeau autour du cou, et lui demanda d'y glisser quelques-uns de ses cheveux, comme lui.
-Comme ça, nous aurons toujours un peu de l'autre avec nous.
Malheureusement, un secret n'en reste pas un bien longtemps, surtout dans un si petit endroit…même si le palais était grand, il n'était pas facile d'y garder un secret.
Un jour, alors qu'ils étaient en train de discuter dans les jardins, dans un coin reculé, ils ne virent pas deux yeux jaunes qui semblaient les épier depuis un buisson. Tout comme, perdus dans leur bulle, ils ne virent pas une silhouette se faufiler hors du parc…
Après de longues minutes, trop courtes selon eux, mais sans pouvoir prolonger, ils partirent vers le palais, chacun de leur côté. Ils ne voulaient pas que l'on puisse les voir ensemble, et pour ne pas prendre de risques, ils se séparaient. Mais cette fois, ce fut différent. Zuko entra sans peine, mais deux officiers arrêtèrent Ellanor à son arrivée, la sommant de les suivre. Elle ne put faire autrement, et pâlit en voyant où ils l'emmenaient…Au centre du palais, dans la salle du trône. Elle contempla, le cœur battant, l'immense rigole de feu qui dissimulait partiellement le Seigneur des lieux, et s'agenouilla devant lui, tête baissée, la respiration courte. Elle ne savait pas pourquoi elle était là, mais elle se doutait que ce n'était pas pour de bonnes raisons. Elle avait peur. Très peur même. Essayant de n'en rien montrer, elle attendit, sans bouger. Jusqu'à entendre des claquements de chaussures sur le marbre du sol, annonçant l'arrivée de plusieurs visiteurs. Jetant un coup d'œil prudent, elle vit sa maitresse Azula, et le prince Zuko. Tous deux prirent place devant le feu, après s'être incliné devant leur père. Dont la voix profonde et grave retentit dans toute la pièce :
-Azula, est-ce là la personne dont tu m'as parlé ?
-Oui père, répondit elle de bonne grâce, un sourire sardonique aux lèvres. C'est bien elle, l'esclave qui fricote avec mon frère. Je suis sure qu'elle l'a envouté cependant, Zuko ne se compromettrait jamais avec une telle honte.
Elle semblait vouloir défendre son frère, mais elle ne le faisait jamais sans une dizaine de raisons. Donc la question était « Pourquoi ? ». Ellanor ne pouvait qu'attendre, mortifiée. Ils avaient été vus, et le verdict allait tomber. Elle entendit Zuko intervenir, et son père le rabrouer sèchement. Son sang battait à ses tempes, elle était livide, et tremblait doucement. Le Seigneur du Feu l'examina longuement, en silence, avant de reprendre :
-Quelle piètre fille. Nous t'avons accueillie, nourrie, logée, éduquée, et cela en échange de ton dévouement envers la princesse. Et voilà comment tu nous remercies, en nous trahissant de la pire des façons, en corrompant l'héritier du trône ? Ma sentence sera terrible.
Azula jubilait, d'une part elle avait les réponses à ses questions, d'autre part Zuko était brisé, fixant Ellanor avec désespoir même si son visage ne montrait rien, et elle allait enfin se débarrasser de cette incompétente. Elle attendit, impatiente, l'annonce de son père. Qui ne la déçut pas :
-Je te bannis. Jamais tu ne reviendras ici, jamais tu ne reverras ta patrie. Cette sentence prend effet immédiatement. Gardes, jetez-la dehors !
Et avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, deux gardes l'empoignèrent et l'entrainèrent. Elle ne put que se retourner, pour voir Zuko une dernière fois, déchirée, et lire dans ses yeux un amour et un désespoir aussi grand que le vide de son cœur…
