Chapitre 1 - Coeur brisé

Les bruits de ses pas brisaient le silence de la nuit, il courait s'en vraiment savoir où il allait, la pluie continuait à tomber depuis déjà plusieurs heures. Paris se retrouvait sous une pluie torrentielle, la ville lumière était sous un silence de mort, mais seul un félin galopait sur les toits, affrontant cette pluie qui ne s'arrêtait plus.

Son visage était ruisselant, un mélange de fines gouttes d'eau et de larmes, le chat si joyeux, si fanfaron, était ce soir, le chat le plus triste.

Il avait perdu la notion du temps, son cœur brisé, hurlait le désespoir, l'incompréhension, la tristesse de ce monde si infâme.

Allongeant son bâton pour se téléporter sur un autre toit, son pied glissa sous l'eau qui gisait là, le chat perdit l'équilibre et tomba lamentablement sur le bitume.

Dans ce silence, on aurait cru entendre un faible miaulement sortir de sa bouche.

Il se recroquevilla sur lui-même, s'installant sur le bitume gorgé d'eau. Il n'arrivait plus à retenir ses larmes. Les bras entourant ses genoux, il posa sa tête entre les deux.

La douleur restait encrée dans sa chair, la souffrance du rejet était encore bien fraîche dans sa mémoire, il revoyait la scène tant de fois que s'en était affligeant.

Pourtant, la journée avait assez bien commencé pour lui, Nathalie, lui avait remis, comme chaque matin, son emploi du temps quotidien. Et pour une fois, il était assez allégé, une séance photo dans le parc après le Lycée, puis son cours d'escrime et il pouvait rentrer chez lui directement.

Il avait retrouvé son meilleur ami, Nino, devant les escaliers qui menaient à leur Lycée. Nino était en compagnie de sa petite amie, Alya, bloggeuse du LadyBlog, et fan number one de Ladybug, en pleine conversation sur le combat d'hier soir entre l'Akuma Chocolaté, Ladybug et Chat Noir. Chocolaté était un enfant d'une dizaine d'année, qui après avoir été privé de son dessert favori, s'était transformé en une barre chocolaté et lançait un sortilège à tous les parisiens qui croisés son chemin, en leur jetant du chocolat sur le visage, ce qui avait bien fait rire Chat Noir.

L'akuma avait été rapide à capturer et Adrien avait pu regagner rapidement le manoir Agreste, sans que son Gorille ou Nathalie s'en aperçoivent, et avant, avait bien entendu fait son charme légendaire à sa coéquipière, LadyBug, qui à son habitude l'avait gentillement repoussé.

Alya continuait à gesticuler dans tous les sens en expliquant le récit exact de l'attaque à ses amis, quand ils furent rejoint par la meilleure amie de cette dernière, Marinette, essoufflée comme tous les matins. Elle leur fit un vague signe de la main en s'approchant d'eux et se mit à l'écart du jeune homme.

Adrien, observa rapidement la jeune fille, qui était rouge écarlate, surement dut à la course qu'elle avait entreprit pensant arriver en retard en cours. Elle était un réel mystère pour lui, pourtant il n'avait jamais été désagréable avec elle, et plusieurs fois il avait essayé de lui tenir compagnie, mais la jeune fille s'était refermée sur elle-même en bégayant des mots incompréhensibles. Il avait donc lâcher l'affaire en pensant que l'adolescente ne l'appréciait surement pas, elle devait encore lui en vouloir de l'histoire du chewing-gum collait par Chloé. Il avait essayé de lui expliquer le soir même qu'il n'était pas de mèche avec la fille du maire et qu'il essayait de le décoller mais après presque 3 ans la demoiselle était toujours froide avec lui.

Plongé dans ses pensées, il avait sursauté en entendant un cri assez strident «Adrichouu» et deux bras lui entourer le cou avec un énorme smack sur la joue. Chloé, venait à nouveau de le ridiculiser devant ses amis. Il fit une grimace, et éloigna la jeune fille le plus rapidement de lui.

-"Chloé !" lui dit-il en lui enlevant les mains de son cou, "je t'ai déjà dit que je ne supportais pas ce surnom".

La jeune fille, fit son plus beau sourire en remettant ses cheveux derrière son oreille.

-"Adrien, on est fait l'un pour l'autre. C'est juste que tu le sais pas encore". Répondit-elle en approchant son visage du jeune homme.

-"SABRINA ! Tu viens on va être en retard en cours". Se tournant à nouveau vers Adrien, "A plus tard Adrichou", lui chanta-t-elle en lui faisant un signe de la main.

Adrien soupira nerveusement, certes il connaissait Chloé depuis le jardin d'enfant, mais il avait de plus en plus de mal à la supporter. Fait l'un pour l'autre mais bien sur, pensa-t-il, lui c'était LadyBug qu'il voulait et seulement elle, depuis maintenant 2 ans et demi, malgré le refus de l'héroïne, il espérait toujours qu'un jour elle serait sienne.

Une tape sur l'épaule le fit revenir à la réalité.

-"Allez mec", entraîna son meilleur ami, "on va être en retard".

C'était leur dernière journée de cours, avant les épreuves du bac de français, journée qui était posée sous le signe de la bonne entente avec leur professeur, et où les cours avaient été fait de révision pour les deux épreuves qu'ils devaient passer dans quelques jours.

À la pause déjeuner, ils retrouvèrent Alya et Marinette installées sur un banc, qui était dans une discussion assez animée. Il vit la petite amie de Nino s'agiter dans tous les sens.

-"Attends ma fille, tu as rompu avec Nathanaël !" Cria Alya. "Mais pourquoi ?"

-"Tu sais très bien pourquoi …" Répondit Marinette en regardant ses ballerines.

Adrien, étonné s'approcha de Marinette et croisa son regard d'un bleu lumineux, mais elle dévia rapidement son regard vers ses ballerines, les joues rouges écarlates.

Depuis quand Marinette sortait-elle avec Nathanaël ? S'interrogea le jeune homme. Il ne les avait jamais vu vraiment ensemble … il poserait la question à Nino plus tard.

La conversation fut vite expédiée aux oubliettes, Marinette avait demandait à son amie si elles pouvaient en parler plus tard.

Après les derniers instants de cours où leur professeur de français leur avait donné les dernières recommandations, et les au revoir de chacun. Adrien se trouvait à côté de Nino, en attendant son garde du corps à la sortie du Lycée.

Il engagea la conversation.

-"Marinette et Nathanaël ?" Dit-il en regardant son ami.

-"Mec, tu savais pas ?" Répondit-il en souriant.

Il n'avait surtout pas fait attention, Marinette étant très froide en vers lui, il avait pris l'habitude de ne plus se soucier d'elle.

-"Depuis quand ?"

-"Chai pas mec, un ou deux mois". Répondit Nino.

La Mercedes se gara juste à coté des deux amis, qui se serrèrent la main.

La séance photo avait été longue et son photographe avait été particulièrement désagréable qu'Adrien en baillait d'ennuie, l'éclairage qui n'était pas assez lumineux, les vêtements qui ne coordonnaient pas avec le lieux, il en avait assez. Depuis quelques jours il avait pris la décision de tout arrêter et d'en parler à son père. Il n'était pas fait pour être mannequin et étant majeur depuis quelques semaines, son père ne pouvait plus l'obliger à poser pour lui.

Son cours d'escrime lui avait fait un bien fou et lui avait permis de se changer les idées et d'oublier son atroce séance photos, il s'était changé rapidement, et partait rejoindre son garde du corps quand il croisa dans le couloir du gymnase, Nathanaël, portant son équipement de foot, qui le regarda de haut en bas avec dédain.

-"Je ne comprends pas ce qu'elle te trouve". Lui cracha-t-il au visage.

Il regarda son interlocuteur en fronçant les sourcils. Mais de quoi parlait-il ?

Il haussa les épaules en voyant disparaître le garçon.

La nuit commençait à tomber, Adrien continuait à réviser les textes de français, il avait étalé sur son lit ses livres et cahiers, mais il n'arrivait pas à se mettre au travail. Son kwami, Plagg se prélassait sur son oreiller tout en dégustant un camembert bien coulant et odorant.

-"Plagg, je t'ai déjà dit de ne pas manger dans mon lit". En le regardant dévorer son fromage.

-"Humm, ça c'était du camembert de premier choix". Répondit-il en se léchant ses petits doigts.

-"Tu m'écoutes quand je te parle ?" Dit-il en levant les yeux en l'air

-"Gamin, tu peux être ennuyant tu sais". Lui répliqua son kwami en baillant.

Adrien secoua la tête de gauche à droite en soupirant, son kwami pouvait vraiment l'exaspérer.

Il jeta un rapide coup d'œil sur son portable, qui lui indiquait 21 h 30. Dans trente minutes il allait retrouver sa Lady pour la patrouille.

En effet, depuis quelques mois, ils avaient instaurés une patrouille chaque soir, les deux premiers jours c'était Chat Noir, les 2 autres LadyBug et le vendredi soir et le week-end, ils patrouillaient ensemble.

Mais ce soir, ce serait différent, le jeune homme avait enfin décidé de révéler ses sentiments à la coccinelle. Il se sentait excité et anxieux. Il avait peur de la réaction de l'héroïne. En effet, à chaque fois qu'il lui avait fait la cour, elle avait tout simplement repoussé ses avances.

Ce soir il sentait qu'il était prêt à passer aux aveux. Il avait déjà élaboré son plan, la patrouille finit il l'emmènerait sur la Tour Eiffel et ferait sa déclaration.

Adrien se leva et se mit à faire les cent pas dans sa chambre en répétant son texte à voix haute.

Son kwami le regarda en riant et lui asséna que le camembert était tellement mieux qu'une fille.

21 h 55 s'afficha sur son portable, un sourire aux lèvres il regarda amusé son kwami qui était toujours étalé sur son oreiller.

-"Plagg, transforme-moi".

-"Nooooon". Cria le petit chat noir.

Plagg se fit avaler par la bague d'Adrien qui se changea en Chat Noir. Il fit quelques pas vers sa fenêtre et s'élança sur les toits de la capitale.

Il se posa tranquillement sur l'Arc de Triomphe, le temps était orageux mais ne gâcha pas la vue imprenable qu'il avait sur les Champs Elysées. Les commerces étaient fermés depuis deux bonnes heures mais restait ouvert encore quelques restaurants. A Cette heure-ci et vu le temps, les parisiens et les touristes avaient déserté l'avenue et rendait la vue agréable à regarder. Il aimait être Chat Noir, il avait cette liberté absolue où personne ne pouvait lui dire quoi faire ou quoi dire. Depuis qu'il avait reçu le miraculous du Chat Noir voilà plus de deux ans, il avait gouté à cette soif de liberté et jamais il ne pourrait s'en priver.

Il vit au loin une tâche rouge se déplacer de cheminée en cheminée et son cœur s'accéléra. Plus elle se rapprochait plus son sourire s'élargit, elle était magnifique. En deux ans, son corps s'était modifié et son costume lui faisait apparaître une silhouette sculptée, ses cheveux rassemblaient en deux couettes volés dans les airs, sa petite poitrine ondulait à chaque mouvement d'épaules, à nouveau, il s'imaginait embrasser ses fines lèvres rosées, caresser ses joues si délicates, effleurer ses deux globes de chair. Il se mordit la lèvre inférieur, lorsque la coccinelle se planta avec grâce juste devant lui en un haussement d'épaules.

-"Chat Noir …"

-"Ma Lady", lui répondit-il en lui attrapant sa main et en lui déposant un baiser au creux de son poignet.

Elle retira rapidement sa main de ses griffes en levant les yeux au ciel.

-"Je suis pas d'humeur ce soir". Cracha-t-elle en se détournant.

-"Mauvais journée ?: Lui dit-il en lui posant la main sur l'épaule.

-"Oui", Répondit-elle en lui enlevant sa main. "On va patrouiller ?"

Il regarda sa coéquipière s'élevait dans les airs à l'aide de son yo-yo, il attrapa son bâton et en fit de même.

Il la retrouva tout en haut de la Tour Eiffel se posant à côté d'elle toute en légèreté. Une goutte roula sur son nez, puis une deuxième sur sa joue, et en un quart de seconde la pluie battait sur la dame de fer.

La coccinelle leva sa main au dessus de sa tête et son regard croisa le regard bleu nuit de sa partenaire, elle lui sourit timidement.

-"Je pense qu'on peut s'arrêter là pour la patrouille". Déclara-t-elle en levant un sourcil. "On se réfugie dans notre endroit ?" Sourit-elle.

Chat Noir haussa les épaules, ratée sa déclaration sur la Tour Eiffel, pourtant c'était l'endroit le plus romantique de Paris … pensa-t-il.

Leur endroit était un vieux wagon délabré situé un peu plus loin sur des vieux rails qui n'était plus emprunté depuis plusieurs années au niveau de la gare Saint Lazare. Ils l'avaient découvert, un an auparavant, un soir de pluie où LadyBug n'avait pas envie de rentrer chez elle. Depuis, ils avaient élu domicile dans ce wagon datant surement du début du siècle dernier, une première classe au vu des banquettes restantes assez confortable. La coccinelle y avait installée au fur et à mesure des bougies parfumées, des vieilles lanternes chinées sur un vide-grenier, elle aimait cette endroit hors du temps où seul les deux super-héros de Paris connaissaient l'existence.

Après leur patrouille, ils aimaient s'y retrouver, s'amuser, rire ou juste papoter, en évitant évidemment de parler de leur vie respective.

LadyBug s'allongea sur une des banquettes en soupirant, pendant ce temps le félin alluma les lanternes, le wagon s'éclaira doucement. Il s'approcha de sa douce et belle coccinelle et s'installa en face d'elle, la jeune héroïne tourna sa tête vers lui un léger sourire aux lèvres.

La faible lumière des lanternes se reflétait dans ses yeux bleus lagons, le chat avait cette impression de s'y noyer. Son cœur rata plusieurs battements. Il se sentait enfin prêt à lui révéler son amour.

Il vit la jeune fille se mordre la lèvre inférieur, et se rapprocher de lui dangereusement. De temps en temps l'héroïne s'autorisait à embrasser son chaton, comme elle l'aimait l'appeler. Elle posa délicatement ses lèvres contre les siennes en un effleurement, une simple caresse du bout de ses lèvres, mais ce soir le chat en voulait plus.

Il porta donc ses deux mains au tour de son doux visage et caressa ses joues légèrement. Son regard émeraude rencontra le bleu de l'océan, et écrasa ses lèvres contre les siennes.

La coccinelle recula immédiatement tout en le fusillant du regard. Une certaine incompréhension dansait dans ses yeux.

-"Chat… " Lâcha-elle en se levant. "Tu sais très bien que c'est impossible entre nous". Continua-t-elle en s'écartant de la banquette.

-"Ma lady", Répondit-il en se levant à son tour. "Je ne peux plus vivre sans ton amour, je t'aime et je veux qu'on révèle nos identités… " Il s'approcha un peu plus d'elle.

L'héroïne se retourna vers lui, une grimace ornait le bas de son visage.

-"Arrête de dire n'importe quoi … c'est impossible entre nous et tu le sais". Insinua-t-elle.

-"Parce que tu en aimes un autre qui ne t'as jamais remarqué, c'est ça ton problème ?" S'énerva-t-il.

Elle secoua la tête de droite à gauche.

-"Je pourrais te rendre heureuse, t'aimer jusqu'à en mourir, mais toi", il leva l'index vers la demoiselle, "tu préfères rester sur un amour impossible avec un mec qui ne sait même pas que tu existes".

-"Chat…" lâcha-t-elle en soupirant.

Une boule se forma dans la gorge du félin.

-"Tu es mon partenaire, mon coéquipier, celui en qui j'ai le plus confiance… "continua-t-elle. "Mais… je ne pourrais jamais rendre ton amour, c'est impossible". Finit-elle les larmes aux yeux.

Cette boule se renforça au plus profond de son âme, une violente douleur accapara son cœur, il fallait partir, s'éloigner d'elle au plus vite. Alors, dans un dernier regard rempli de haine, il tourna sur lui-même et prit la fuite.

Assis sur le bitume, il ne savait pas depuis combien de temps il était là, 2 minutes, une heure peut être… Il ne voulait pas bouger, il en était incapable. Son cerveau avait arrêté de fonctionner… par contre son cœur continuait à le faire souffrir.

Un main se posa sur son avant-bras, pourtant il n'y avait plus un chat dans les rues depuis un bon moment, peut-être le fruit de son imagination. Mais bientôt une voix vint lui titiller les tympans.

-"Chat Noir ?"