Titre : Le Masque

Résumé : Après dix ans de passion Harry et Draco se heurtent à la question de l'adoption, Ron devient le témoin des discordes jusqu'à que Malfoy soit victime d'un lourd accident qui le laisse gravement défiguré.

Genres : Romance, Drame

Rated : M

Disclaimer : Tout l'univers revient à JKR, naturellement.

Pairing : Ron/Draco, si vous n'aimez pas le Dron, pas la peine de se lancer dans l'histoire.

Publication : OS, peut-être un recueil de OS, je ne sais pas encore.

Note : S'il y a des lecteurs de Ronald, Weasley n°6, ne vous inquiétez pas. Je n'abandonne pas l'histoire j'ai "juste" perdu entièrement mon chapitre que je doit réécrire. En attendant je vous propose ce OS pour patienter et je m'excuse vraiment pour cette gène...

Bonne lecture !


L'hôte débarrassa la table et abandonna le couple quelques minutes, le temps de préparer le traditionnel "café avant de partir". Depuis qu'il avait divorcé trois ans plus tôt, Harry et Malfoy venaient régulièrement passer un après-midi chez Ronald pour entretenir leur amitié. Personne n'était dupe, l'ancien Serpentard venait chez Weasley seulement parce qu'il était obligé. Toutefois, après dix ans à se côtoyer - soit depuis la fin de la guerre – la relation entre Draco et Ron était devenue cordiale. D'ailleurs, ce n'était pas la seule relation qui avait évolué depuis la grande victoire : le Survivant et l'ancien Mangemort vivaient depuis des années une passion. Le terme n'était pas exagéré, et même Ron devait l'avouer, aussi surprenant que cela pouvait l'être, les anciens ennemis étaient tout bonnement fusionnels. Au début, cette relation n'avait pas forcément fait plaisir à Ron, même si aujourd'hui il ne doutait pas de la sincérité. Cependant, au fond de lui, il ne cessait de ressentir une sorte de malaise en présence de Malfoy. Non pas qu'il doutait des sentiments du blond, c'était autre chose. Malfoy semblait toujours si irréprochable, maîtrisé, sûr de lui. Connard aussi, il fallait l'avouer.

Le Gryffondor remplit les tasses, café au lait pour Harry ; noir pour Malfoy. Il revint rapidement au salon où le couple se chamaillait jusqu'à qu'il les serve.

"Tu ferais une merveilleuse femme au foyer Weasley.

- Tu m'en vois ravi Malfoy." Répondit-il aussitôt en s'installant confortablement dans son fauteuil.

"Au plaisir. Tiens, savais-tu que Granger s'est fait engrosser ?

- Draco…" Soupira son mari qui jetait un regard incertain vers son ami.

"Merveilleux. Et donc ? Tu seras le parrain ?

- Il semblerait." Répondit Harry tout sourire sans relever l'ironie. "Tu sais, elle voudrait renouer avec toi depuis… votre divorce. Elle espère réellement que tu trouveras la bonne personne" reprit-il plus sérieusement.

Ron leva les yeux au ciel, manquant de lâcher un juron face à l'hypocrisie d'Hermione. Le roux savait parfaitement qu'elle ne lui pardonnait pas certaines prises de position.

"Merlin, j'ai vingt-huit ans. J'ai assez donné avec le mariage.

- C'est un âge idéal pour commencer à fonder une famille" contra doucement Harry, "Cela fait trois ans que tu vas à gauche, à droite.

- Borf. L'espérance de vie des sorciers est de plus d'un siècle. J'ai le temps, je peux bien faire un gosse dans cinquante ans. Je ne vais pas me presser.

- Ca me tue de l'admettre, mais je rejoins la belette sur ce point." Intervint platement Malfoy qui portait sa tasse à ses lèvres.

L'hôte vit son ami se tendre immédiatement et lui lancer un regard torve avant de quitter le salon.

"Putain."

Malfoy se leva à sa suite, laissant le roux seul. Quelques secondes plus tard, les voix du couple s'élevèrent dangereusement. Et même si Ron n'avait pas de penchant voyeuriste, il ne pouvait ignorer le sujet de la discorde. L'adoption. Après une décennie de relation, Harry avait de plus en plus fait ressentir son désir de paternité, de grande famille et autres utopies familiales. Le Survivant avait toujours eu ce désir pressant, à l'exact inverse de Malfoy.

"Ron, excuse-nous, on va rentrer.

- T'inquiète."

Le brun disparut, son manteau sur les épaules puis la porte d'entrée se referma brusquement. Ron soupira, vérifia l'heure et décida de se préparer pour aller en boite, remerciant son célibat pour ne pas connaitre ce genre de querelles.

Ha ça, il profitait bien de son célibat. Mais pas seulement au plus grand désespoir de ses amis et de sa famille. Après la guerre, tout s'était accéléré. La population trop heureuse de retrouver sa liberté après les horreurs et les nombreuses pertes, voulait célébrer la vie. Les mariages s'étaient multipliés, la natalité avait sensiblement augmenté, c'était ce qu'on pouvait appelait une ode à la vie. Ron avait été entraîné dans le mouvement. Sortant enfin avec Hermione, se fiançant avec la femme qu'il aimait l'année suivante, pour finalement se marier à vingt-deux ans. C'était si précipité lorsque Ron y repensait. Alors, que dire lorsqu'Hermione avait émis le souhait de fonder une famille ? L'ancien Gryffondor était certain que sa femme se consacrerait d'abord à sa carrière au ministère avant leur premier enfant, c'était dans l'ordre logique des choses. Ronald avait tout simplement paniqué pour finalement refuser et gagner un divorce à la clé. Il avait finalement chanté son ode à la vie en profitant de sa jeunesse en sortant, en buvant, en voyageant ; le sérieux serait pour plus tard. La jeunesse était si éphémère qu'il voulait se consacrer à une unique personne : lui. Autour de lui, il ne comptait plus les couples et les enfants. Ron n'était pas près.

X

Ce soir-là, il allait fêter la vie à sa manière, étanchant sa soif dans la musique, dans l'alcool, dans les courbes d'une femme. Ce ne serait pas la plus belle, certainement, mais elle aurait la même insouciance que lui.

Ron réalisa effectivement son programme à une nuance près, il avait opté à la dernière minute pour un bar homosexuel où il rencontra un jeune étudiant américain d'une petite vingtaine d'années avec qui il avait dansé toute la soirée. Absolument personne n'était au courant de cette "fantaisie", pas même Harry. Ron jouait l'innocent lorsque son ami contait ses ébats passionnés avec son mari, ne voulant pas le choquer avec ses coups d'un soir. À vrai dire, Harry Potter était un gay aux mœurs hétérosexuelles qui s'insurgeait contre la vie délurée de ces homosexuels qui alimentaient les clichés sur la communauté. Le roux se gardait donc bien de dire qu'il cherchait uniquement la bestialité sans même se soucier du nom de ses amants. Avec les femmes, Ron était plus attentif, mais il s'agissait d'une autre histoire.

Le sorcier fut tiré de son état second causé par ses jouissances par des tambourinements à sa porte ; son jeune amant d'humeur badin avait quant à lui sursauté. Le Gryffondor jura avant de se trainer hors du lit, saisissant au passage son boxer.

"Putain, mon pote, Malfoy t'a jart…

- Ce n'est pas Potter." Le coupa sèchement le Serpentard.

Le roux cligna les yeux face à l'apparition plus qu'inattendue, Malfoy se tenait à sa porte, et malgré sa voix cassante, Ron remarqua l'inquiétude sur son visage.

"Quoi ?

- Potter est là ?

- Ha… non." Marmonna-t-il quelque peu mal à l'aise de se trouver presque nu devant le mari de son meilleur ami.

"J'ai contacté Granger, il n'est pas chez elle.

- Il l'est. Elle le couvre et il rentrera demain ne…

- Excuse-moi, je vais rentrer, merci pour la nuit." Interrompit l'étudiant américain en offrant un sourire au roux.

"Ouais c'était sympa, rentre bien."

Le sorcier sembla quelque peu déçu du manque d'intérêt de son amant d'un soir, mais il n'ajouta rien et contourna le blond qui le suivait du regard.

"Un homme, sérieusement Weasley ? Tu caches des tendances pédophiles en plus ?" émit-il finalement, consterné par la découverte.

"Mea culpa, il est majeur. Bon, vous vous êtes engueulés pour l'adoption ? Encore ?" éluda Ron, "Tu… Tu veux en parler ?

- Tu me donnes un verre ?" Répondit Malfoy avec une nonchalance feinte alors qu'il avait véritablement besoin de se livrer, même s'il s'agissait de Weasley.

Ce dernier s'écarta pour laisser entrer l'intrus, disparut le temps d'enfiler un pantalon et servit un verre de sotch au blond, se servant au passage. Il ne savait pas comment se comporter, en l'espace de dix ans, les deux sorciers étaient rarement restés seuls dans la même pièce. Néanmoins, l'assouvissement sexuel le rendait quelque peu philanthrope.

"Vas-y Malfoy, je suis tout ouïe à tes malheurs d'homme marié.

- Enfoiré… Ça te fait bien rire, avoue.

- Aussi étonnant que cela puisse paraitre, je ne partage pas les désirs de paternité d'Harry, meilleur ami ou pas. Donc je peux comprendre qu'il s'agisse d'un sujet épineux. Vous allez faire quoi ?"

Malfoy soupira et but une longue gorgée.

"Je n'en sais rien, c'est bien le problème. Ça fait un an qu'Harry ne parle que de ça, c'est l'étape ultime pour lui…

- Mais tu ne te sens pas apte à endosser cette responsabilité.

- Hm, je serai à chier. Mais je sais qu'Harry sera parfait, je savais que ça allait arriver, qu'il voudrait une foutue famille. Je me disais qu'avec le temps je serai prêt mais ce n'est pas le cas et je doute que ce soit un jour le cas. Merde, je ne veux pas qu'il me quitte à cause de ça.

- Je connais bien ça…

- Pitié ne compare pas mon mariage avec ta mascarade."

Oui, il n'y avait rien de comparable entre eux et son mariage avec Hermione. Ron savait qu'ils étaient bien plus.

"Le résultat est le même tout compte fait.

- Je… Je vais accepter." Murmura Malfoy dont l'alcool le rendait fataliste.

"C'est une décision importante, tu ne peux pas dire ça.

- Harry reste fragile, même si la guerre est terminée depuis des années. Il a besoin d'une famille pour se reconstruire pleinement, je ne peux pas le priver de son rêve.

- Tu es sa famille.

- C'est le sexe qui te rend si aimable avec moi ?" Demanda-t-il suspicieusement en réalisant que Ronald pouvait être mature.

"Je suis sérieux.

- Moi aussi.

- Et toi, de quoi as-tu besoin ?

- Cela n'a pas d'importance."

Draco vida d'une traite son verre qu'il reposa sèchement sur la table basse, échappant au regard scrutateur du Weasley.

X

Plusieurs semaines étaient passées depuis la visite nocturne du Serpentard, le couple s'était réconcilié pour la simple et bonne raison que Draco avait commencé à faire de concessions. Ron mourrait d'envie d'attraper le blond et de la secouer un bon coup tandis qu'il essayait de calmer les ardeurs de son meilleur ami. Cependant, d'un autre côté, il ne souhaitait pas être au centre des problèmes, et des problèmes il y en aurait forcément.

Alors qu'il renfermait un dossier du ministère des Sports, on transplana en plein milieu de son salon, manquant de lui provoquer un arrêt cardiaque.

"Merlin !"

Il fit face à Harry, étrangement pâle et hagard, ce qui interpela Ron.

"Hé… Tu vas tourner de l'œil ?

- Draco a eu un accident au labo.

- Quoi ? Attends, viens t'asseoir."

L'homme le guida jusqu'au canapé, craignant de voir son ami faire une chute de tension. Etait-ce si grave ?

"Alors ?

- Il travaillait sur une nouvelle potion instable, le chaudron a explosé…

- Merde, des effets magiques ?

- Pire. Il est brûlé au troisième degré. Au… visage et aux mains." Dit difficilement Harry en cachant son visage entre ses mains.

Ron ouvrit la bouche, cherchant les bons mots pour le rassurer, mais rien ne sortit. Il se contenta de prendre le brun entre ses bras, lui promettant qu'ils iraient à l'hôpital le soir même. Toutefois, il se demandait à quel point Malfoy était blessé et s'il allait récupérer des dites blessures.

Le soir même les deux hommes allèrent à l'hôpital, après que les premiers soins soient réalisés. Ron tenta comme il put de calmer les angoisses de son ami, surtout lorsque les médecins affichèrentt des airs graves.

"Mr Potter…

- Malfoy." Corrigea aussitôt le brun.

"Mr Malfoy… Votre mari est pour l'instant stable, il est sous sédatif. Après examens, nous sommes soulagés de voir qu'il n'a aucun effet néfaste d'un point de vue magique. Mais les dégâts physiques sont importants.

- Il va guérir ?"

Le médecin secoua la tête et s'excusa d'avance.

"Comme vous le savez, votre mari est brûlé au troisième degré, les conséquences sur le corps sont graves. Sa main droite ainsi que l'avant-bras, qu'il a utilisé certainement comme bouclier lors des projections sont touchés. Une greffe de peau sera nécessaire mais le membre gardera de lourdes cicatrices. Nous craignons aussi que Mr Malfoy perde en partie la motricité de sa main en raison des terminaisons nerveuses détruites."

Ron qui restait muet et quelque peu nauséeux, soutint Harry par la taille.

"Une rééducation sera possible ?" Intervint-il finalement.

"Oui, peut-être. Il est trop tôt pour le déterminer. Mais ce n'est pas tout. Asseyez-vous, je vous en prie. Il est aussi question des blessures faciales, Mr Malfoy a quarante pourcent du visage touché…" le médecin s'interrompu à l'exclamation d'Harry avant de reprendre doucement, "Nous sommes désolés, nous ferons tout pour faciliter le rétablissement de votre mari mais il faut être conscient que les lésions sont irréversibles. Les parties touchées – particulièrement le profil gauche – resteront brûlées. Nous n'avons d'ailleurs pu sauver son œil gauche, Mr Malfoy a perdu entièrement la vue de cet œil.

- Nom de Dieu, ce n'est pas possible… Ce n'est pas possible." Répéta le Gryffondor, les larmes aux yeux.

"Nous mettrons à disposition un psychologue pour votre mari, les grands brûlés en ont bien besoin.

- Ce serait possible de le voir ?

- Il faut malheureusement attendre quelques jours. Tant que Mr Malfoy n'aura pas reçu de greffe de peau, la douleur sera telle qu'il faudra le mettre sous sédatifs d'ici-là."

Harry resta interdit, hocha faiblement la tête avant de se lever, regardant autour de lui comme à la recherche de son compagnon. Son corps vacilla dangereusement et le roux rattrapa in extremis l'homme inconscient.

X

Le drame fut particulièrement difficile à vivre pour Harry, mais aussi Ronald qui dut soutenir son ami qui rentrait à chaque fois de l'hôpital en larmes. Harry y allait quotidiennement depuis trois semaines, Malfoy devait bientôt sortir. Ron, lui, ne l'avait vu que deux fois faute de temps, mais il écoutait toujours religieusement son meilleur ami le soir après le travail. Le cadet Weasley se sentait particulièrement mal, il n'avait jamais été très doué avec les mots. Il avait toujours eu son côté rude et bourrin. Mais il se sentait aussi mal envers Malfoy, allait-il surmonter l'accident ? Le roux en doutait et cela lui faisait peur. Harry, tout héros qu'il était, restait une personne fragile. Dans son mariage, c'était Draco le pilier. Le Survivant arriverait-il à soutenir et à aider son mari sans se faire submerger par ses émotions ? Ron était certain que non.

Il avait vu Malfoy à l'hôpital, il avait assisté à une crise d'hystérie du blond défiguré. Défiguré, il l'était sans exagération. Son profil gauche était définitivement brûlé et son œil perdu comme leur avait dit le médecin, la peau était desséchée, insensible, rosée et fripée. Le profil droit était presque intact hormis quelques tâches issues de brûlures du second degré qui avaient dépigmenté la peau déjà pâle de l'homme. Malfoy entrait dans des colères monstrueuses qui parvenaient à terrifier son mari. Le brûlé tolérait à peine la présence d'Harry dans sa chambre, refusant que l'homme qu'il aimait le voit dans cet état.

Ron ne pouvait qu'encourager son ami sans lui cacher que les prochains mois seraient difficiles mais qu'il ne pouvait pas se permettre de flancher. Harry devait se montrer fort et ce fut le cas les mois qui suivirent. Le roux en fut ravi, mais les quelques fois où il parvenant à voir les deux conjoints en même temps, il ne pouvait que voir les tensions du couple, la dépression de Malfoy et la détresse d'Harry qui ne savait plus quoi faire pour retrouver son mari. Le blessé s'était renfermé sur lui, il était plus sarcastique et mordant qu'il ne l'était déjà, même envers Pansy qui avait mis de côté son animosité pour le Survivant pour s'occuper de son meilleur ami. Malfoy se cachait, lui qui avait été si fier de sa beauté, de son charisme indéniable.

"Je ne sais plus quoi faire…" Dit Harry après que Draco se soit enfermé dans son bureau.

"Il a besoin de temps.

- Je lui dis que je l'aime, j'ai l'impression qu'il ne me croit plus ! Je lui dis que ça ne change rien pour moi !

- Tout a changé, Harry. Il n'est pas question de toi mais de lui. C'est une bonne chose que tu l'acceptes, je ne dis pas le contraire mais c'est lui qui doit s'accepter maintenant." Répondit sagement Ron en serrant la main du brun. "Malfoy est narcissique et égocentrique, ne le nie pas, n'importe qui serait détruit par ce genre d'accident ; encore plus en ce qui le concerne.

- Je sais… C'est dur. Ça fait cinq mois qu'on n'a pas couché ensemble.

- Sans surprise.

- J'essaie de lui faire comprendre que je l'aimerai quoi qu'il arrive. Il me repousse à chaque fois, il refuse que je le regarde, encore moins que je le touche. Il est persuadé qu'il me dégoûte."

Il soupira longuement, complétement perdu par cette situation qui lui échappait.

"Harry, tu peux le faire. Mets-toi à sa place. Ça fait dix ans que vous êtes ensembles, que je vous vois vous aimer comme des malades, tu dois continuer. Il a toujours été là pour toi, surtout après la guerre. Souviens-toi.

- Je sais.

- Allez mon pote, je te fais confiance. Je vais dire au revoir à Malfoy."

Ron se leva et fit la bise à son ami, passant une main rassurante dans son dos. Il se dirigea à l'étage de la superbe maison du couple et toqua à la porte du bureau. À l'absence de réponse, il entra et vit l'homme plongé dans la lecture d'un ouvrage, la capuche de son vêtement moldu rabattu sur son crâne.

"J'y vais, passe une bonne soirée.

- T'as de l'humour Weasley.

- Baise un coup franchement." Rétorqua-t-il par provocation.

"Merci pour le conseil inutile.

- Bon, si tu préfères un verre de scotch, tu peux toujours passer."

L'homme grogna et Weasley rentra chez lui.

X

Ron rentrait d'une soirée moldue mouvementée où il avait rencontré une jeune femme qui lui avait étrangement fait penser à Hermione physiquement mais avec un caractère diamétralement différent. Extravertie, sensuelle, et sans complexe, Ron s'estima chanceux de plaire à cette femme. Le bras autour des hanches généreuses, il l'attira hors de l'ascenseur, cherchant de l'autre main ses clés. Concentrés dans leur baiser, ils ne se rendirent pas compte de la présence d'une tierce personne qu'ils heurtèrent. La jeune femme s'exclama.

"Malfoy ?!" S'écria à son tour le roux.

"La proposition de la semaine dernière tient toujours ?" Demanda-t-il incertain.

"Je… Ouais, ouais…

- C'est qui ?

- Un… Ami. Bon écoute, je suis désolée ma belle, ça ne va pas être possible." S'excusa-t-il en sortant son portefeuille pour y extirper des billets, "Prends un taxi, il est tard, je serai plus tranquille."

La femme, bien que déçue de la tournure de la situation, remercia d'un sourire chaleureux Ron. Heureuse d'avoir tout de même rencontré un homme si attentionné. Elle le quitta sans plus d'histoire.

"Bon ! Ça me fait une belle jambe ! Entre Malfoy."

Les deux sorciers s'engouffrèrent dans l'appartement et le propriétaire des lieux se dirigea vers le bar après avoir allumé une lampe éclairant à peine la pièce. Il sortit la même bouteille de scotch que la dernière fois et remplit généreusement deux verres.

"Mets-toi à tes aises Malfoy, je t'écoute. Mais avant enlève cette foutue capuche, tu vas avoir une calvitie précoce à ce rythme !

- Connard.

- Parfaitement et je suis chez moi."

D'un geste brusque le blond retira la capuche mais garda la tête légèrement baissée. La faible lumière du salon cachait légèrement ses cicatrices ce qui expliquait sa coopération.

"Alors ?

- Harry va me quitter.

- Ne raconte pas de conneries Malfoy, ton cerveau n'a pas été touché jusqu'à preuve du contraire.

- Vas te faire foutre.

- La porte est derrière toi."

Le blond se renfrogna et but une gorgée pour se détendre, en vain.

"Je suis un poids pour lui.

- Il est fou de toi depuis des années.

- Et je le fais souffrir, il mérite mieux qu'un ancien mangemort ayant perdu sa fortune et défiguré.

- Tu n'es pas un mangemort.

- J'ai la marque.

- La guerre est finie.

- Mon nom est souillé, je le resterai aux yeux des gens. Ils attendent le moindre faux pas avec Harry pour me cracher à la gueule. Mon père est un criminel ; ma mère est morte de chagrin. Je n'avais que ma beauté pour gagner la confiance des gens !"

Les lèvres appuyées contre le bord du verre, Ron avait suspendu son geste et relever les yeux vers le blond, comme pour chercher à le percer.

"Tu n'as pas fait le deuil de la guerre. Est-ce que j'ai raison ?

- Harry avait besoin de moi !" S'exclama le brûlé en guise de réponse.

"Oui. Et toi ? Qui t'a aidé à surmonter la perte de ta famille, de tes amis, surmonter les insultes ? Qui t'a appris à vivre dans ce nouveau monde ?

- Il était à mes côtés, c'était suffisant.

- T'es un putain de menteur Malfoy, ça me saute aux yeux maintenant. T'as toujours fait le mec fort, fait celui qui se foutait de tout pour Harry, et maintenant que t'as perdu ton visage, tu craques." Annonça Ron sans détour.

Il se leva pour allait chercher la bouteille d'alcool et remplir une seconde fois les verres ; laissant son invité se décomposer sur le canapé. Il refusait d'admettre que le Gryffondor avait raison. Il refusait que Ronald puisse le comprendre à cet instant mieux qu'Harry.

"Tu as assez donné pour Harry, pense à toi et repartez sur de bonnes bases. Ce sera bénéfique pour tout le monde."

Draco attrapa le verre que lui tendait le roux et en vida la moitié.

"Tu lui manques, couchez sans complexe, je ne sais pas. Retrouvez-vous, ce sera un début.

- Je sais, Merlin, je le sais bien. Mais je sais comment ça va se passer ! Harry a tellement d'empathie…

- C'est un miséricordieux." Rigola Ron.

"Hm, mais je ne veux pas de sa pitié, il va être doux, me demander si ça va toutes les trente secondes. Merde, je suis vraiment en train de te parler de notre vie sexuelle ?!

- Ho, tu sais, Harry s'en charge très bien. Comme la fois où il m'a raconté comment tu l'as pris partout lors de l'achat de votre maison !"

Ron partit dans un éclat de rire puissant et Draco ricana pour la première fois depuis sa sortie de l'hôpital.

"Sacrée journée oui…" Répondit-il en revoyant des souvenirs de leurs ébats, "Il a toujours aimé ce genre de dérapage, il se sent protégé, il lâche prise.

- Je croyais que vous étiez un couple versatile." Emit Ron avec un naturel déconcertant.

Ce naturel déconcertait Draco qui ne parvenait pas à se faire à l'idée que Ronald puisse coucher avec des hommes, il n'en avait rien dit à Harry. La vie immature que menait Ronald contrastait tellement avec les discours justes qu'il prononçait. Il entendait souvent les anciens Gryffondor critiquer le manque de sérieux du roux mais l'ancien Serpentard commençait à comprendre ce comportement. La guerre les avait fait grandir avant l'heure et le Weasley refusait de sacrifier sa jeunesse. Il n'était pas le gosse inconscient que décrivaient Hermione, Neville, Olivier, le reste de la famille Weasley et les autres camarades du roux.

"Si les quatre fois où on a échangé les rôles en dix ans comptent, Harry est exclusivement passif en réalité.

- Parfait pour assouvir tes tendances dominatrices tout compte fait."

Draco fronça les sourcils, du moins celui qu'il lui restait, l'autre partie de son visage détruit restait inexpressive. Il cacha son trouble en buvant. Ron continuait à le regarder et après quelques secondes, sa bouche forma un o dans une exclamation muette.

"Non !

- Quoi Weasel ?

- Tu veux qu'Harry te baise et non l'inverse !

- Tu devrais avoir honte de parler de ton meilleur ami comme ça." Riposta Draco avec virulence.

"Je ne plaisante pas, il faut en parler à Harry. Je veux dire, tu ne peux pas toujour tout contrôler, si tu en as besoin, dis-lui.

- Tu as l'alcool sans tabou.

- Et toi, tu l'as triste.

- Je rentre." Coupa net le brûlé en se levant.

L'homme lissa son pantalon et remit aussitôt sa capuche qu'il avait failli oublier et se dirigea vers l'entrée d'un pas énervé. Weasley ne réagit qu'en entendant le verrou s'enclencher, il bondit littéralement du fauteuil et se jeta presque contre la porte qui se referma bruyamment. Le blond se figea un premier temps et lança un regard assassin au propriétaire.

"Arrête de faire le con deux secondes.

- C'est toi qui fais le con Weasley, là.

- A force de vouloir faire toutes les concessions, tu fonces droit dans le mur. Ne donne pas tout à Harry, parlez-vous, vous êtes mariés !

- Le protéger me suffit, je vais faire des efforts et ça ira mieux. Il a assez payé ces derniers mois.

- Et toi, qui te protèges ? Tu sais que ce n'est pas la solution."

Draco sentait sa gorge le serrer, l'étouffer sous les émotions. Il ne savait pas quoi répondre alors qu'il aurait donné n'importe quoi pour lui prouver qu'il avait tort. Prouver qu'il n'avait besoin de personne et surtout pas de Weasley qui le regardait à chaque fois comme s'il cherchait à lire en lui. Le Gryffondor tira brusquement sur sa capuche, lui arrachant au passage une grimace. Il sentit la poigne puissante du Weasley autour de sa nuque, ce dernier regardait impitoyablement son visage défiguré dans un silence inquiétant.

"Tu sais quoi ? Je vais te baiser Malfoy."

Le concerné eut instantanément un mouvement de recul, croyant le Weasley fou.

"Ouais, on va faire ça. Je vais te baiser jusqu'à que tu abandonnes tout, que tu oublies tout."

Le roux se jeta comme un affamé sur les lèvres de Malfoy qui était fébrile tant à cause des mots crus de l'homme que par le fait que cet homme soit Weasley. Il répondit pourtant aussitôt au baiser en ouvrant la bouche à la demande du Gryffondor, se maudissant de son geste et se haïssant de trahir Harry de la pire des manières. Et pourtant, il ne pouvait réprimer un frisson au moment où Ron souleva son sweet-shirt et caressa du bout du doigt sa peau nue, retraçant les lignes de ses abdos.

Les bras tremblants, il entoura finalement les épaules du Weasley qui semblait absolument ne pas se soucier de ses blessures. Peut-être était à cause de l'obscurité ambiante, pensa-t-il. La main qui venait chatouiller sa peau descendit vers sa ceinture afin de la défaire alors que Ron quittait ses lèvres pour s'attaquer à sa mâchoire. Malgré tout l'empressement, il avait fait attention d'embrasser le profil intact, là où Malfoy pouvait encore ressentir les caresses. Il insista longuement au niveau de son cou, mordillant la chair et exerçant une pression contre le sexe durci qui provoqua un râle chez le Serpentard. Il prêta à peine attention à son pantalon qui glissait le long de ses jambes. Cependant, il ouvrit les yeux lorsque Ronald s'écarta de lui pour venir s'agenouiller et frotter son visage sans la moindre honte contre le sexe emprisonné par le sous-vêtement.

"Harry conçoit le sexe qu'à travers l'amour. Il a raison mais je le conçois avant tout comme un acte libérateur." Murmura-t-il en inspirant longuement l'odeur masculine pour ensuite lécher toute la longueur à travers le tissu.

Les cuisses du blond eurent un sursaut à ce contact et il bloqua sa respiration lorsque le vêtement fut brusquement tiré. Le Gryffondor recommença le même jeu et vint presser son visage contre les boucles blondes tandis que sa main venait encercler le membre et y exercer une légère friction. Il releva les yeux vers Draco qui était visiblement perdu entre la culpabilité et le plaisir.

"Regarde-moi te sucer Malfoy."

Il se demandait comment Weasley arrivait à l'exciter avec des phrases si simples, mais surtout comment Weasley était passé d'imbécile à homme définitivement sensuel si rapidement. Il émit un sifflement en sentant les lèvres se serrer autour de son gland, aspirant les premières gouttes de sa semence. Il regarda la chevelure rousse bouger entre ses jambes dans un rythme soutenu qui le laissa pantelant. Il s'aventura à glisser les doigts entre les mèches, dans une caresse légère qui provoqua un grognement appréciateur chez Ron et qui se répercuta autour de son sexe.

Après de longues minutes, sentant le blond au bord de la jouissance, il s'arrêta et se recula pour admirer l'érection luisante de salive. Weasley se releva avec un sourire satisfait et entreprit de retirer le sweet qui décoiffa au passage l'homme. Dans un moment de lucidité, Draco retira ses chaussures et enjamba son pantalon, se retrouvant entièrement nu. Il était honteux de se sentir si excité par la situation, lui nu et Weasley encore parfaitement habillé. Ce dernier vint l'embrasser chastement et se saisit de sa main blessée pour le guider à travers l'appartement sombre. Il n'entendait plus que les battements de son cœur tambouriner dans ses oreilles et son souffle court.

Arrivés dans la chambre, Ron fit chuter son amant sur son lit et vint s'assoir sur ses hanches. Il eut un petit rire en voyant Malfoy rejeter la tête en arrière face au frottement rugueux de son sexe nu contre son jean. Satisfait, Weasley retira avec lenteur son t-shirt, dévoilant une musculature développée et bien dessinée.

"Surpris Malfoy ?" Demanda-t-il après avoir lancé négligemment son haut.

"Je…" émit le concerné pour la première fois depuis le début de l'échange, "Je n'aurais pas cru, oui.

- Il faut se montrer convaincant si on ne veut pas rentrer seul le soir."

Malfoy comprenait maintenant comment le rouquin parvenait à avoir autant de conquêtes. Il avait cru jusqu'à présent que leur entourage commun exagérait les débauches de l'ancien Gryffondor. Il n'avait jamais imaginé que Weasley puisse être beau. Ron s'attaqua à son propre jean et écarta au maximum les pans, dévoilant l'érection moulé à travers un boxeur bleu marine. Ça non plus, Draco ne l'avait pas prévu. Il se rendit à peine compte qu'il se léchait les lèvres à la perspective de se faire prendre. Et pourtant, il avait toujours cette voix qui venait lui rappeler à quel point il était abject de désirer ainsi un autre homme que son mari.

Weasley s'agita un instant pour se défaire de ses vêtement, mais il revint rapidement se presser contre le corps du blond une fois entièrement nu. Le souffle court, Draco avait largement ouvert ses jambes pour accueillir son futur amant qui lâcha un rire doux contre toute attente. Le brûlé se figea, se demandant si c'était lui qui provoquait la moquerie.

"Tout va bien." Rassura-t-il en venant l'embrasser doucement.

"Alors quoi ?" Demanda le Serpentard, incertain.

"Je te donnerai tout ce que tu veux, mais pas comme ça."

Il allait demander pourquoi au moment où Ron le retourna sans douceur sur le ventre. Un geste brusque qui contrastait avec le dernier baiser échangé. Il eut la chair de poule lorsqu'il sentit des baisers légers contre sa nuque, descendant avec une lenteur exaspérante le long de sa colonne vertébrale qui provoquaient les soupirs du blond.

Il eut un frisson d'anticipation lorsqu'il sentit Ron descendre toujours plus bas. Cependant les soupirs se transformèrent en un petit cri d'indignation au moment même où Weasley écarta soudainement à pleine main les lobes de ses fesses. Il ne cessait d'alterner les gestes doux et les gestes rudes, perdant l'héritier Malfoy dans plusieurs émotions.

"Je vais te bouffer Draco.

- Oui..." émit-il difficilement, trop concentré sur le souffle contre son intimité.

Le Gryffondor eut un sourire satisfait avant de lécher contentieusement l'intimité, profitant des gémissements de plus en plus incontrôlés de Malfoy dont le corps tremblait sous la caresse.

"Donne-moi le lubrifiant, tiroir du bas."

La demande à peine formulée, il recommença à lécher le trou. De son côté, Draco tendit le bras, tâtonnant à l'aveugle dans le tiroir de sa main infirme. Lorsqu'il trouva le tube, il le lança presque au pied du lit. Il tendit l'oreille afin de décomposer les actions de roux. Il entendit le bouchon sauter puis la pompe être pressée. Fébrile et honteux, il attendait avec impatience l'intrusion.

"Tu sembles si pressé."

Le visage enfuit dans les draps, Draco hocha la tête lentement. Brusquement, il sentit un doigt enduit de lubrifiant exercer une pression contre son anus. Sa respiration se coupa douloureusement dans sa gorge. Depuis combien de temps il n'avait pas connu cette sensation ? Depuis sa nuit de noces avec Harry où la joie avait été telle qu'ils avaient changé leurs habitudes. Cette sensation, bien qu'inconfortable, lui avait tellement manqué qu'il culpabilisa davantage.

"Ha ! Putain oui…" Cria-t-il finalement.

C'était si éloigné des sensations qu'il éprouvait lorsqu'il se masturbait en secret. Impudiquement, il courba le dos, offrant son cul à Ron qui l'étirait toujours plus. Le Gryffondor admira l'abandon de l'homme qui se déhanchait pour s'empaler lui-même sur ses doigts et se branler contre les draps. Il se demanda un instant comment son meilleur ami pouvait se passer d'une telle vision, Malfoy était si quémandeur que Ron ne serait pas prêt d'oublier cette nuit.

"Merde, s'il te plaît. Prends-moi !

- Tu veux que je te baise ?

- Oui." Répondit-il hâtivement, "Oui !" Répéta-t-il avec plus de conviction lorsqu'il sentit le gland contre son intimité.

Les mains rugueuses caressèrent un instant ses hanches avant d'y exercer une pression pour le maintenir immobile, à quatre pattes et offert. Ron s'enfonça sans douceur jusqu'à la garde, grognant longuement à l'étroitesse du blond qui s'était figé à l'intrusion.

Malgré ce premier geste brusque, Ron mut pendant plusieurs minutes lentement, presque tendrement afin que son amant s'habitue à sa présence. Il sortait parfois de l'antre pour la pénétrer à nouveau, accentuant la sensation d'écartèlement de Draco qui gémissait piteusement.

"Plus fort…

- Bien sûr, tu n'attends que ça, hein ?"

Ron ne se fit pas prier et accentua aussitôt le mouvement, s'enfonçant jusqu'aux testicules à chaque vas-et-viens dont les claquements de leurs corps sonnaient toujours plus obscènes. Draco cria, couvrant les râles de son amant. Alors que le roux le pilonnait avec force, il se courba, collant presque son torse contre le dos de Malfoy. Le Gryffondor le saisit alors sans douceur à la gorge, le forçant à prendre un angle douloureux.

"Lève les yeux Draco, regarde-toi." Ordonna-t-il sèchement.

Perdu, le blond s'exécuta sans réfléchir et tomba nez-à-nez avec le reflet que lui renvoyait le miroir. Cette découverte lui fit ravaler un cri de plaisir.

"C'est toi, en train de te faire prendre comme un affamé. Tu le vois ton putain de visage ?" Demanda Ron qui ponctuait ses propos de puissants coups. "Ta gueule d'ange n'est plus là, tu ne l'auras plus jamais."

Draco aurait voulu détourner la tête, cependant le roux continuait de le maintenir douloureusement, à un tel point qu'il crut suffoquer. Un nouveau cri se transforma cette fois en sanglot lorsqu'il réalisa qu'il avait un instant oublié sa laideur. Jusqu'à que Ron lui rappelle cruellement.

"Tu as raison, tu n'as plus rien." Continua Weasley qui scrutait le visage en larmes de son amant – du moins du côté de l'œil valide – à travers le miroir.

Il se redressa finalement, replaçant une main possessive sur la hanche pâle tandis que la seconde alla se glisser sur le sexe qui avait perdu de sa rigueur. Il le flatta et fit de longs vas-et-viens.

"Mais tu sais quoi ? Tu es si désirable. Merde, je pourrais jouir rien qu'avec ta voix !"

Il se retira du blond dans un bruit humide et entreprit de le retourner avec une étrange douceur cette fois. Ron regarda ce visage détruit, un côté entièrement détruit, l'autre marqué par les larmes et la tristesse. Le Gryffondor vint essuyer les pleurs qu'il avait intentionnellement provoqués.

"Et quoiqu'il arrive, tu garderas ton foutu charisme à vie Draco et tu resteras un sale con."

Le roux l'embrassa avec une douceur qui faillit faire pleurer une nouvelle fois Draco qui vint l'enserrer étroitement entre ses bras. L'homme se positionna correctement et pénétra à nouveau son amant, reprenant leurs gémissements.

"Ron…"

Le concerné l'enlaça encore plus étroitement, les mouvements se firent plus langoureux jusqu'à leur jouissance les laissant tous deux essoufflés.

Lorsque Ron roula sur le côté, Draco ne put réprimer un frisson, éprouvant un sentiment d'abandon et de vide ridicule. Mais rapidement, le Gryffondor l'attira à lui, caressant négligemment ses cheveux.

"Tout va bien."

X

Un nouveau mois s'était écoulé depuis que Ron et Draco avaient couché ensemble. Le roux avait vu plusieurs fois Harry, sans rien dire à propos de leur coucherie. Le Serpentard n'avait rien laissé paraitre, si bien que son mari fut ravi de le voir enfin s'ouvrir depuis l'accident. Le couple semblait repartir sur de bonnes bases en privilégiant la communication même si le brûlé n'acceptait toujours pas ses cicatrices. Il lui faudrait certainement des années avant de les tolérer.

Ron arriva devant la maison de son ex-femme, la boule au ventre et les mains humides mais aussi avec une folle envie de fuir. Il voyait très peu Hermione depuis le divorce, cependant aujourd'hui il était bien obligé de la voir. Il serra compulsivement son bouquet de fleurs lorsqu'il sonna à la porte.

"Ronald.

- Finch." Répondit-il d'une voix atone à l'ancien Poufsouffle devenu le nouveau mari d'Hermione.

Il mit d'office les fleurs dans les bras de l'homme pour s'en débarrasser et s'invita dans la maison, guidé par le bruit. Ron déboucha dans le salon où une grande partie de leurs amis étaient présents, ils étaient bien une quinzaine à féliciter la nouvelle maman du groupe. Les enfants plus âgés étaient, eux, en train de jouer dans le jardin. Il crut reconnaitre la fille de Luna, les trois enfants de Neville, et bien évidemment, les jumeaux de sa sœur. Cette invasion de marmots angoissait le roux qui salua tout le monde, Hermione en premier.

"Congrat' Hermy, il est mignon." Dit-il en lui embrassant la joue.

"Tu ne le penses pas du tout Ron." Contra la jeune mère sur un ton léger qui surprit l'homme.

Il la regarda un instant, ne vit aucune trace de reproche. Elle était juste rayonnante. Peut-être qu'ils pourraient reprendre contact finalement.

"Je ne te propose pas de le tenir, j'imagine ?

- Voyons, je ne suis pas une brute."

Il vint saisir le nourrisson avec une grande douceur. La tête fripée se contracta lors de la manipulation mais se détendit rapidement.

"Il te ressemble. Enfin, je crois, c'est difficile à dire."

Hermione lui donna une tape sur l'épaule, ils discutèrent un peu avant que la jeune femme soit sollicitée par Harry et Ginny. Du coin de l'œil, Ron vit le Serpentard installé à l'écart du groupe.

"T'as abandonné la capuche pour les lunettes de soleil maintenant que c'est l'été ?" Demanda-t-il en tombant à moitié sur le canapé.

"Tu n'as aucun style Weasley, ne cherche pas plus loin.

- Naturellement. Tu vas survivre ?

- J'en doute, je prévoyais de me bourrer la gueule pour oublier que j'étais en enfers mais il n'y a que ce jus de pomme de merde.

- Hm, ça va être long… Faudra faire gaffe qu'Harry ne vole pas un gosse au passage."

Les deux hommes observèrent le brun qui était en train de tenir le nouveau-né avec un sourire béat.

"Tu lui as dit pour l'adoption ?

- Il dit que je changerai d'avis une fois que le gosse sera avec nous. Je suis sûr qu'on va en reparler ce soir.

- Et… Pour le reste ?

- Je vois un psy." Répondit platement le blond évitant délibérément le domaine sexuel.

Il avait recouché avec Harry. Ils avaient parlé de leurs désirs respectifs aussi. Draco avait été passif plusieurs fois mais ce changement semblait si peu naturel qu'ils avaient repris leurs habitudes. Il était hors de question que Weasley découvre qu'il se masturbait en repensant à leur unique nuit.

La discussion fut interrompue par le discours d'Hermione qui les remercia de leur présence. Les échanges reprirent, cette fois moins centrés sur les enfants.

"Alors, Ron, quoi de nouveau ?" Questionna Neville qui tenait par la taille Hannah.

"Hm… J'ai envie de nouveautés.

- Pour changer." Marmonna sa sœur avec ironie.

"Tu as dit quelque chose Ginny chérie ? J'ai un grand projet pour cet été, je vais partir à l'étranger !"

La nouvelle fut accueillie par un grand silence, Harry fut finalement le premier à réagir :

"Partir dans quel sens ?

- Ben, partir. Quelques années je pense. Trois ans peut-être, j'ai trouvé un poste au Ministère.

- Tu parles d'une nouveauté, tu bosses déjà dans un Ministère." Grogna Malfoy.

"Attends, tu pars plusieurs années comme ça ? Mais où ?" reprit Harry.

"Et maman dans tout ça ?

- Hé tout doux ! Je vais en Australie, ce n'est pas la mort.

- Merlin, maman va hurler…

- Mais Ron, c'est à l'autre bout du monde !

- Ce n'est pas sérieux."

Le roux fit la sourde oreille, offrant un sourire moqueur à l'assemblée qui tentait désespérément de le convaincre de rester. C'était encore une de ses fantaisies, un coup de tête parmi d'autre. Seul Malfoy ne chercha pas à le retenir. Au contraire, il le jalousa. Il jalousa la totale liberté de Weasley qui ne demandait l'avis de personne pour faire sa vie comme bon lui semblait.

"Bref, je pars dans trois semaines mais je rentrerai vous voir pendant mes congés. Parfait, non ?"

X

Ses amis avaient tenté de le retenir, en vain. Ron avait entièrement vidé son appartement, gardant le strict nécessaire dans deux valises qu'il emporterait le lendemain. Il avait dit au revoir à sa famille, sans surprise sa mère avait fondu en larmes.

On sonna à la porte, Ron se saisit du dossier de l'appartement pour transmettre la paperasse au propriétaire. Cependant, il suspendit son geste en découvrant le visiteur.

"Hey…

- Je ne peux pas le faire. J'en suis incapable.

- Respire Malfoy.

- Je pensais vraiment pouvoir le faire, pour Harry.

- De quoi tu parles ?

- L'orphelinat ! Quoi d'autre !" Cria le Serpentard avant de se calmer, "On est allé à l'orphelinat, mais… J'ai avoué que je ne voulais pas d'enfant. Je ne peux pas, merde. Moi, père ?"

Ron se pinça les lèvres, devinant la suite.

"Harry ?

- Merlin, ils ont tous raison, je suis un connard fini… On va se séparer.

- Ecoute… C'est peut-être la meilleure chose à faire, on ne peut pas élever des enfants dans cette situation, il faut de la stabilité et la parentalité ne doit pas être un poids.

- Il me déteste.

- Tu as été clair pendant des années sur ce sujet, tu n'as pas cherché à le piéger.

- Je lui ai dit que je l'avais trompé, et ça, ça ne passe pas."

Le Gryffondor soupira longuement, incapable de dire quoi que ce soit. Il imaginait parfaitement Harry chez sa mère ou chez Hermione en train de pleurer. Ron aurait voulu consoler son ami, mais ce serait absolument hypocrite. Il n'avait pas le droit de voir Harry, lui qui ne supportait pas les gosses, lui qui menait une vie libertine. Lui qui avait tout simplement couché avec son mari même si le Survivant ne savait pas que c'était lui le coupable. Il lui avouerait encore moins qu'il était devenu obsédé par Draco depuis cette nuit-là.

"Tu crois que c'est possible que je vienne ? Seulement quelques semaines, rien de plus. Juste pour…

- Changer d'air ?"

Le blond hocha la tête.

"Partons entre connards alors."

Ron posa sa main sur la brûlure du blond qui fut incapable de ressentir la caresse. Il restait immobile, là, complètement à nu face à Weasley. Sans capuche, ni lunette pour cacher son œil blanchâtre, sans vie. Ronald avait toujours emmerdé les règles. Mais, contrairement à leur nuit, ce fut Draco qui fit le premier geste pour venir l'embrasser.


J'espère que vous avez apprécié ! Selon les retours et si vous aimez ce OS, j'ai assez de matière pour en faire un recueil d'OS. Tout dépend de votre intérêt !

Enjoy =)