Cette histoire avait commencé avec la mort d'Anya, ensuite le massacre de ce village Terrien par Finn.
Et maintenant ?
Tout, c'était enchaîné si vite après ce message de leur Commandante que nous avait apporté Thelonious Jaha, cet ultimatum devrais-je dire. « Partir ou mourir ». L'ex Chancelier avait déjà fait son choix, la fuite. Mais pour ma part, il était hors de question que je parte et encore moins que je ne meurs sans essayer de libérer mes amis de la Montagne. Avec ou sans l'aval du conseil et de ma mère, j'obtiendrai le soutien de la Chef Terrienne. Ce qui ne s'annonce pas être une chose facile. Les récents actes du Spacewalker n'aidant pas.
Depuis mon retour du Mont Weather, je ne le reconnais plus, ce n'est plus celui dont je suis tombée amoureuse, plus celui que j'ai aimé. Quand je l'ai vu dans ce village, arme au poing, j'ai eu peur. Peur de cette folie et de ce désespoir dans son regard qui a croisé le mien un instant. Durant les deux jours où je ne lui ai pas adressé la parole, j'ai réalisé que pendant l'assaut du vaisseau et pendant la durée de ma ''détention'', je n'avais pas vraiment pensé à lui, ni à mes sentiments envers lui. Et le voir comme cela n'arrange rien...
En fin de compte, il se pourrait qu'il ait raison. J'ai préféré lui dire, pour ne pas l'accabler d'avantage, que les Terriens attaquaient parce que c'est ce qu'ils faisaient. Mais la vérité était que je pensais comme lui, peut-être bien qu'ils nous attaquaient par sa faute. Après tout, même si Anya était morte avant de pouvoir parler à son ancien second, Kane était parti pour trouver une entente afin de négocier la paix et il aurait pu y parvenir sans ce malencontreux événement.
Et maintenant, donc ?
Me voici à cinq cent mètres hors du camp Jaha, sans protection, accompagnée d'une troupe du peuple de la Terre, devant la tente de leur souveraine. Accueillie chaleureusement par l'un de ses hommes.
- « Si tu ne fais, ne serait-ce que la regarder de travers, je te trancherai la gorge. »
Je le regarde droit dans les yeux, sans une once de peur, la tête haute, l'air déterminé. Il va lever un pan de toile, me laisse passer et j'entre devant lui. La Commandante est là, assise sur un trône fait de branches et de lames métalliques. Je m'avance doucement, mais d'un pas sûr, le regard fixé sur elle. Ce qui me frappe en premier lieu, c'est qu'elle doit avoir à peu près mon âge. Je m'attendais à voir quelqu'un, comme Anya, de plus âgé. Cette fille, brune à l'air si jeune à côté de ses soldats et si sûr d'elle, j'avoue que ça m'impressionne un tantinet. Quelques pas encore, je jette un coup d'œil à un autre de ses guerriers posté à sa gauche. Une femme, cette fois, Noire, grande, svelte, le haut du corps en armure. Son visage est tatoué et dur, tout comme son regard. Je m'arrête et reporte mon attention sur son Chef, elle à la tête légèrement penché à gauche, regardant ses mains jouées avec le poignard qu'elle fait tournoyer sur ses doigts.
- « Tu es celle qui a brûlé trois cents de mes soldats vivants. »
Sa voix est mécanique, froide, ne trahissant aucune émotion. Je sens que cette conversation va être encore moins simple que ce que j'avais imaginé. Ce qui me frappe en second lieu est son regard glacial, d'autant plus que ses yeux son gris. Et le bandeau de peinture noir qu'elle aborde autour d'eux les font paraître encore plus froid.
- « Tu es celle qui les a envoyés pour nous tuer. » Dis-je pour me défendre.
Elle me regarde droit dans les yeux, je peux y lire tout le mépris qu'elle me porte. Irritée, elle plante la lame de sa dague dans le bras en bois du trône et le fait tourner sur lui-même. Okay, la provoquée n'était vraiment pas une riche idée.
- « As-tu une réponse pour moi, Clarke du Peuple du Ciel ? »
Elle connaît mon nom, ce qui me fait étonnement déglutir difficilement. Je m'attendais à ce qu'elle ait entendu parler de moi, pas à ce qu'elle sache mon prénom.
- « Je viens te faire une offre. » Dis-je le plus calmement possible. Je mentirai si je disais que cette fille, jouant avec ce couteau, dans cette tente pleine de ses soldats sans pitié et avides de sang, ne me donnait pas des frissons. Mais je n'en laisse rien paraître.
- « Ce n'est pas une négociation. »
- « Teik ai frag em op en dison laik odon. » La femme à sa gauche me fixe toujours aussi durement en disant quelque chose en Trigedasleng, langue que je comprends peu et ne parle pas. Mais pas besoin ici de parler ce dialecte pour comprendre qu'elle ne m'invite pas à un feu de camp. Ou alors je serai celle qu'on y fera griller. La Commandante lève sa main gauche pour la faire taire. J'en profite et m'empresse de dire : « Je peux vous aidez à battre les hommes de la Montagne. »
Elle plisse subtilement les yeux et pose son poignard sur ses cuisses. Je sens que j'ai toute son attention.
- « Continues. » Son regard toujours glacial et rivé au mien me trouble quelque peu.
- « Cents personnes de nos peuples sont prises au piège à Mont Weather. Garder enfermés. Leur sang utilisé comme médecine. »
- « Comment le sais-tu ? »
- « Parce que je les ai vus. Des gens de mon peuple y sont prisonniers aussi. J'étais l'une d'eux. »
- « Mensonges, personne ne s'échappe de la Montagne. » Je fusille la guerrière du regard et lui dis : - « Je l'ai fait. » M'adressant de nouveau à la jeune fille brune. « Avec Anya. »
Celle-ci penche très légèrement la tête à gauche, son intérêt au maximum.
- « Nous avons trouvé une issue, ensemble. »
- « Un autre mensonge. Anya est morte dans le feu. Vous l'avez tuée. » Cette femme m'agace avec ses accusations, pour lui démontrer que je dis la vérité, je plonge ma main dans la poche gauche de ma veste. La défiance est au summum sous cette toile, tous les guerriers sont sur leurs gardes. Excepté leur Chef qui reste stoïque, attendant de voir ce que je vais en sortir. Si de voir la tresse d'Anya dans mes mains l'affecte, elle ne le dévoile pas.
- « Elle m'a dit que tu étais son second. » Je m'approche prudemment d'elle, d'un pas lent en lui tendant la natte, jetant un rapide regard à l'homme qui devait être son garde du corps.
- « Je suis sûre qu'elle voudrait que tu aies ceci. » Elle récupère, regardant et caressant un moment ces cheveux. Même si elle ne montre rien, je ressens une profonde peine émanée d'elle.
- « On ne sait pas si c'est les siens »
- « Shof op Indra. » Gronde sa dirigeante en Trigedasleng. Je fais marche arrière le regard fixé sur elle, je ne veux prendre aucun risque à être près d'elles, ne comprenant pas ce qu'elle vient de dire à sa guerrière.
- « Anya était mon mentor, avant que je ne soit appelée à diriger mon peuple. » Je hoche la tête en comprenant l'importance qu'Anya devait avoir pour elle. Son visage est encore plus fermé qu'à mon arrivée. Elle tourne la tête et pose la tresse sur le bras gauche du trône.
- « Est-ce qu'elle est bien morte ? » Sa voix, plus douce, trahie vaguement les émotions que je ne peux lire sur son profil.
- « Oui, à mes côtés, » un visage de marbre me fait à nouveau face, « essayant de te faire passer un message ».
- « Quel message ? »
- « Le seul moyen de sauver nos peuples est de le faire ensemble. » Dis-je déterminer à conclure un accord de paix, voir une alliance.
- « Ceux sur le point de mourir peuvent dire n'importe quoi. » Intervient encore cette combattante. Mais mon regard ne quitte pas celui de la brune.
- « J'attends ta proposition, Clarke. »
- « Les hommes de la Montagne transforment ton peuple en Faucheurs. Je peux les faire redevenir comme avant. »
- « Impossible, Heda teik ai frag em op. »
- « Je l'ai fait avec Lincoln. »
- « Ce traître est la raison... » Cette fois, la soldate ne se contente plus de parler, elle dégaine un peu son épée et avance vers moi d'un pas lourd.
- « Indra !» L'appel, sa Commandante.
- « … Pour laquelle, mon village à été attaqué par vos hommes. » La dite Indra n'a sa tête qu'à quelques centimètres de la mienne, ses yeux menaçants plongés dans les miens, la main sur le fourreau de son arme, prête à me transpercer. Je ne tremble pas, je n'ai pas peur. J'ai cette sensation étrange mais agréable, qu'en cette seconde, rien ne pourrait m'atteindre ou me blesser. Comme si une aura protectrice m'enveloppait. Je mets ça sur le compte de l'adrénaline. Mon regard la défie, ma respiration est forte et saccadée, je suis prête à me battre s'il le faut.
Soudain, la brune se lève de son siège d'un seul bon en criant.
- « Em pleni ! »
Indra sort de mon champ de vision, je l'entends s'installer assez loin dans mon dos. Sans me lâcher du regard, sa Chef descend les deux marches de son trône d'où, une fois debout, elle me surplombait, pour se mettre à ma hauteur. Là où se trouvait Indra il n'y a pas une minute, à moins d'un mètre seulement. Elle est à peine plus grande que moi. Un curieux sentiment s'empare de moi face à cette proximité, mais je n'arrive pas à savoir pourquoi. Le charisme qui se dégage de cette fille et le regard, même glacial, qu'elle me porte me trouble.
- « Tu dis que tu peux transformer les Faucheurs en Hommes ? »
- « Oui. » J'acquiesce sans rien pouvoir ajouter d'autre.
- « Prouve-le » Me défit-elle. « Montre-moi Lincoln. »
À ce moment précis, un doute s'empare de moi, j'aurai aimé croire en un dieu et pouvoir le prier pour qu'il exhausse mon souhait. Qu'il fasse que ma mère réussisse à soigner Lincoln.
Nous sortons de la tente du Commandant, escortées par une partie de son armée, en direction du Vaisseau, de l'ancien camp des Cents.
Nous traversons la forêt pour y parvenir. Je marche en tête, un Terrien de chaque côté. Je me retourne, leur Chef est plus loin, son garde du corps et un autre soldat ferment la marche. Lui veille sur sa protégée, elle sur moi, elle ne me quitte pas du regard, je le sens qui pèsent sur moi. Et j'ai aussi pu le remarquer quand j'ai vérifié qu'ils nous suivaient toujours. Je sens la pression montée à chacun de mes pas depuis que nous sommes partis. Et ce regard lourd, glacial fixé sur ma nuque et mon dos, comme un poids mort, n'aide pas à me calmer. Mon anxiété est à son paroxysme quand nous arrivons enfin au camp. Les Terriens regardent tout autours, la mine déconfite, les dépouilles brûlées des membres de leur peuple jonchent le sol, il règne ici un calme de mort. Lincoln ne gémit et ne crie plus, ça peut-être bon signe, ou pas. J'ai un mauvais pré-sentiment, j'ai espéré tout le long du chemin que ma mère arrive à rétablir l'amant d'Octavia. L'ambiance chargée de tension est plus que pesante, aucun mot, ni regard n'ont besoin d'être échangé pour savoir ce que chacun pense. Je me retourne pour faire face à la brune, son regard est empli de rancœur, de haine et de reproches.
- « Par ici. »
En arrivant à l'étage de la capsule spatiale, en voyant Octavia penché et pleurant sur Lincoln, je comprends que son corps est maintenant sans vie. Ma mère me fait un mouvement de tête qui signifie, « C'est fini. ».À ce moment, je comprends aussi que la fin des nôtres est proche. Et le regard que la Commandante me jette me le confirme. Je réfléchis rapidement pour trouver une solution à cette situation sans issue. Je détourne les yeux sur Bellamy puis sur son arme à ses côtés, il saisit mon message et s'empare subtilement d'elle. Je repose mes yeux sur La Terrienne, son regard est noir, elle aussi à saisie mon message. Elle tourne la tête vers Indra et lui fait un signe de tête.
- « Je vais tous les tuer ! » Dit celle-ci et les Terriens en place dégainent leurs armes d'un seul mouvement, ma mère brandit son bâton électrique, Bellamy tient la Commandante en joue. Finn quand à lui est derrière moi, sur ma gauche,son chemin bloqué par Niko. Et Octavia ne s'occupe guère de l'impasse dans laquelle nous sommes. Trop occupé à pleurer son amour perdu. Mon regard et celui de la Souveraine Terrienne ne se lâchent plus.
- « S'il te plaît, tu n'as pas à faire ça. »
- « Tu as menti. Et tu n'as plus de temps. »
Mes yeux s'emplissent de larmes sans que je le veuille, ceux de la Dirigeante, toujours aussi glaciaux, sont intransigeants. Je ne sais plus quoi faire ou quoi dire pour la convaincre de nous laisser vivre. C'est donc ainsi que cela s'achève, là où nos vies sur Terre ont commencé ? Et le dernier visage que je verrai avant de mourir est certainement celui de cette brune aux yeux pâles. Brusquement, dans un dernier geste désespéré, je vois du coin de l'œil, ma mère écarter Octavia et se jeter sur le corps de Lincoln, le frappant avec le fouet électrique, s'en servant comme d'un défibrillateur.
- « Frappe-le encore. »
Il reprend vie sous les yeux médusés et incrédules des Terriens. L'incompréhension se lit sur le visage de la jeune Chef qui porte son regard sur Indra comme pour avoir une réponse à ses questions muettes. Mais la combattante pose le sien sur moi et pour la première fois, je n'y vois aucune haine ni amertume. Je lève les yeux sur brune qui rengaine son arme. Son regard est lourd de sens, je hoche la tête à ce non-dit.
Je me trouve à nouveau sous la tente de la Commandante, mais elle doit avoir suffisamment confiance en ma bonne foi, car cette fois-ci, je suis seule avec elle. Même son garde personnel, qui jusqu'à maintenant se trouvait toujours à ses côtés, attend dehors. Nous sommes toutes deux debout à un côté différent d'une grande table, ses yeux sont posés dessus, ou plutôt se la carte en relief du Camp Jaha et de celui improvisé par les Terriens, qui se trouve sur elle-ci.
- « Le rétablissement de Lincoln était... Impressionnant. » Je prends cela comme un compliment venant d'elle. Elle lève les yeux sur moi, je crois y desseller une certaine admiration, mais je n'en suis pas sûre.
- « Personne n'a jamais survécu à cela auparavant. » Elle reporte son regarde sur la carte puis à nouveau sur moi.
- « Ce n'est pas compliqué, vraiment. Il faut juste les gardé en vie assez longtemps pour que la drogue disparaisse de leurs systèmes.» Je suis des yeux la brune qui se déplace au côté de la table opposée au mien, me faisant face. « Je sais qu'on peut faire la même chose pour les autres. » Elle hoche la tête, détourne le regard un seconde et revient à moi.
- « Tu auras ta trêve. »
Je souris très légèrement, soulagée et heureuse. Je remue la tête prenant conscience que notre alliance avec les Terrien est en bonne voie, même si je me doute qu'il y ait encore du chemin à parcourir.
- « Merci »
- « J'ai juste besoin de quelque chose en retour. »
- « Dis-moi.» Si je peux faire quoique ce soit pour arriver à la paix et que nos peuples s'unissent, alors je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour satisfaire sa demande.
- « Livrez-vous celui que vous appelez Finn. Notre trêve commencera... Avec sa mort.» Je me décompose, le sol s'effondre sous mes pieds. Tout à coup, je me sens et plus tout à fait très sur de vouloir me trouver ici. Même si dernièrement il n'y a pas eu beaucoup d'échange et que nos sentiments ne sont plus vraiment les mêmes, Finn n'en reste pas moins un des nôtres et surtout mon ami. Après tout ce que nous avons enduré et partager, même au prix de la paix, je ne pourrais me résoudre à leur livrer. Je ne veux pas une paix qui à le prix du sang, surtout celui de Finn. Il doit y avoir autre une solution. Et je dois la trouver au plus vite.
