Arts très appliqués.

Chapitre 1

Le monde magique n'avait jamais été aussi tranquille. Depuis 3 mois qu'avait eu lieu la terrifiante bataille dans la lande rebaptisée pour l'occasion, les sorciers d'Europe se recueillaient et pleuraient leurs morts. Cependant, ils n'oubliaient pas d'acclamer leur héros, leur sauveur, celui qui avait survécut 6 fois, à son grand dam. Depuis 3 mois, Harry Potter croulait sous les lettres et les demandes d'interview. Lui qui ne souhaitait qu'une vie calme, loin de l'agitation et de la foule, se retrouvait une fois de plus sous les feux de la rampe.

Du haut de ses 16 ans, bientôt 17, le 6ème année de Gryffondor évitait comme la peste tout ce qui pouvait ressembler de près ou de loin à un journaliste. Dumbledore lui avait octroyé un appartement privé et l'avait invité à rester à Poudlard pendant l'été. Malgré l'antipathie que lui inspirait toujours son directeur, le jeune homme décida de rester dans le seul lieu qui lui garantissait une paix relative.

L'année touchait à sa fin et les examens se rapprochaient. Une sortie à Pré-au-Lard fut organisée pour détendre les élèves. Cependant, les mesures de sécurité dont notre cher Survivant faisait l'objet n'étaient en rien levées. Bien au contraire. Tout les Mangemorts n'avaient pas été arrêtés et certains étaient plus que déterminés à venger leur maître. Et quel meilleur moyen que de tuer son assassin ?

De ce fait Harry était obligé de supporter la présence d'un adulte, de préférence membre de l'Ordre, quelque soient ses déplacements. Or, beaucoup de ces membres avaient subi de très importantes blessures et se retrouvaient dans l'incapacité de remplir cette mission. Du coup, seul Severus Snape était disponible et (pas du tout) disposé à escorter et protéger le Survivant.

Loin de s'en plaindre, Harry s'en réjouissait d'avance. Personne, sauf peut-être Dumbledore, ne se doutait des tendres sentiment que le jeune homme nourrissait à l'encontre de son professeur. Ne dévoilant rien de cet amour impossible, il l'avait précieusement conservé au fond de son coeur comme le plus grand des trésors. Tout en essayant de paraître détaché, le Gryffondor lançait néanmoins des regard brûlants vers son professeur chaque fois que l'occasion s'en présentait. Mais les remarques acerbes et les regards dégoûtés qu'il recevait en retour rongeaient son cœur petit à petit comme un acide insidieux.

Comment aurait-il pu se douter que ses sentiments étaient partagés…hé oui, Severus Snape, redoutable maître des potions, ennemi déclaré de tout ce qui se rapprochait des Potter, était désespérément et complètement amoureux de Harry. Mais jamais il ne l'avouerait, même sous la torture. Quand Dumbledore lui avait demandé de surveiller Harry lors de la sortie à Pré-au-Lard, il avait feint l'indignation pour masquer sa jubilation et sa joie de pouvoir passer une journée seul avec le jeune homme.

C'est ainsi qu'en cette belle journée de mai, les élèves à partir de la 3ème année avaient envahi le village de Pré-au-Lard. Severus lançait des regard assassins à quiconque feignait seulement de vouloir les approcher, lui et Harry. Mais il ne pouvait empêcher son cher et tendre de discuter avec ses amis que le directeur avait autorisés a accompagné Harry. La matinée se déroula lentement. Harry ne s'éloignait que très peu de son professeur sous le regard intrigué d'Hermione. Le Survivant devait faire appel à tout le self-control qu'il possédait pour se retenir de glisser sa main dans celle de Severus ou de se jeter sur lui pour l'embrasser et proclamer ainsi à la face du monde que Severus Snape était l'heureux élu du Survivant. Les grimaces qui passaient parfois sur son visage, passaient au yeux de tous, y compris de Severus, pour de la colère. Ron, qui pensait que son ami ne tiendrait pas longtemps, échafauda un plan avec Hermione.

-Professeur, appela Ron.

Severus se tourna vers lui et Hermione en profita pour saisir Harry par le bras et se mit à courir. Entraîner malgré lui, Harry se laissa faire sans protester, se contentant de regarder Severus disparaître au coin d'une rue. Le dit Severus fut tellement surpris qu'il ne réagit pas avec sa promptitude coutumière. Mais la colère et la peur lui firent reprendre ses esprits et il se tourna vers le rouquin pour lui coller la punition de sa vie. Mais il avait disparu. Severus se retrouvait seul au milieu de la rue principale du village.

A l'autre bout du village, Hermione stoppait sa course folle devant un imposant bâtiment de style gothique.

-Mais enfin Hermione ! Qu'est ce qui t'a pris ?

-Je…heu…

-Laisse tomber, c'est pas grave…

Avec un soupir, Harry examina la rue où ils avaient atterri. Devant eux se dressait un imposant bâtiment construit dans le plus pur style gothique. Les imposantes colonnes en marbre encadraient une porte de bois précieux recouvert de gravures dorées. (Ndb : tu vois que ça sert les heures d'histoire de l'art ! lol nda : oui mais c'est pas toi qui te tape les heures de cours ! mdr) L'entrée était aussi imposante que celle de Poudlard mais l'étroitesse de la rue la rendait presque sinistre. De part et d'autre du bâtiment, on trouvait des boutiques qui ne vendaient que des articles de dessins, crayons, toile, peinture, etc.… Sur le fronton pyramidal qui surmontait les deux colonnes Harry lut Magic Art School.

-On est arrivé devant l'école d'art, souffla Hermione

-Une école d'art à Pré-au-Lard ?

-Oui d'ailleurs elle est très renommée. Les meilleurs artistes du monde sorcier sortent de cette école. On raconte que ce sont les directeurs successifs de cette école qui réalisent les portraits de nos directeurs.

-Viens, on va visiter, murmura Harry en entraînant son amie à l'intérieur.

Le hall d'entrée était presque aussi grand que la Grande Salle de Poudlard. Le plafond culminait à au moins 20 mètres de hauteur et il était recouvert de fresques datant de toutes les époques. Huit couloirs partaient de la pièce et au-dessus de chaque entrée avait été gravé le nom d'un grand artiste, moldu ou sorcier. Des dizaines d'étudiant en uniforme allaient et venaient dans le hall et les couloirs. Harry s'engagea dans le couloir De Vinci.

En progressant, ils eurent le loisir de contempler de véritables chefs d'œuvre, tant architecturaux que picturaux. Des tableaux, des statues, des arabesques et autres merveilles de la Renaissance. Harry était émerveillé par tout ce qu'il voyait. Le monde de l'art s'ouvrait à lui et il l'accueillait avec toute la candeur de sa jeunesse. Les deux jeunes sorciers débouchèrent finalement dans une salle circulaire gigantesque. La aussi le plafond s'élevait à des hauteurs vertigineuses et les murs étaient des chefs d'œuvre à eux tous seuls. Au centre de la salle on avait disposé une estrade large d'environ deux mètres où deux personnes pouvaient tenir assises. Disposés en cercle autour de cette estrade, des dizaines de chevalets supportaient des toiles vierges. Le Survivant s'approcha de l'une d'elles et caressa inconsciemment la surface lisse.

A cet instant, une femme dont l'âge était indéfinissable entra dans la pièce. Ses longs cheveux bruns auraient balayé le sol s'ils n'avaient été retenus par un élégant foulard argenté. Les étoiles qui parsemaient son impressionnante chevelure reflétaient la lumière du jour. Ses yeux bleus où pétillaient la malice et la joie de vivre étaient étrangement familiers aux deux adolescents.

-Vous êtes en avance, dit-elle en levant a peine la tête vers eux.

-Pardon ?

Intriguée, l'inconnue releva la tête et les fixa de son regard étrange.

-Ho, je vois, deux étudiants de Poudlard qui se sont égarés.

-Euh, c'est à peu près ça, murmura Harry

-Je vois que tu aimes les toiles Harry.

-Comment…

-Allons, il serait idiot de poser une telle question, sourit l'inconnue.

-Je m'appelle Hermione Granger, enchantée de vous rencontrer.

-Moi de même miss, mon nom est Kim Sanders LOL. Pour en revenir à ce que je disais, Harry, as-tu déjà peint ?

-Moi ? Non jamais.

-Suis-moi j'ai quelque chose à te montrer.

Avec un regard pour Hermione, Harry emboîta le pas à cette Kim. La jeune femme les guida à travers un dédale compliqué de couloirs et de galeries jusqu'à un bureau somptueux.

-Je vous en prie, entrez, mettez-vous à l'aise.

Harry était fasciné par toutes les œuvres d'art réunies dans cette pièce. Des tableaux de grand maître, des sculptures de génies, des inventions miracles… Bref un vrai musée. Les deux adolescents prirent place sur des fauteuils en velours qui devaient dater du 17ème ou 18ème siècle. Kim, elle, se dirigea vers un tableau de Botticelli qu'elle fit pivoter pour découvrir un coffre-fort. Elle en sorti une toile de dimension modeste et la présenta à Harry.

-Que penses-tu de cela, mon garçon ?

Harry regarda la toile. Sur un fond vert émeraude, une femme rousse avait été représentée. Elle tenait dans ses bras un bébé et posait sur un homme placé au coin droit de la peinture un regard doux et rempli d'amour. Une chose rendait ce tableau particulier aux yeux d'Harry.

-Ce tableau a été peint avec amour… murmura-t-il

-Exactement. Mais il est vraiment spécial. L'artiste n'a réalisé qu'une seule œuvre et selon elle c'était la plus grande de sa vie. Jamais elle n'a repeint après ce tableau. Elle disait qu'elle n'en aurait certainement pas l'occasion. Elle a malheureusement eu raison. Regarde la date Harry.

Le jeune homme s'exécuta.

-le 30 octobre 1986.

-Oui, le lendemain, elle mourait avec son mari.

-Maman…

-Oui Harry, ce tableau a été peint par ta mère. Elle était l'une des plus grande artistes qu'il m'ais été donné de rencontrer. Elle avait quelque chose que les autres n'ont pas, la passion. Dans ses yeux brillait l'amour qu'elle avait pour toi et pour ton père, et ce sentiment se voyait dans tout ce qu'elle faisait. Elle a terminé ce tableau la veille de sa mort en me faisant promettre de te le remettre un jour. C'est maintenant chose faite.

-Je… je… merci…

-Ne me remercie pas, je n'ai fait qu'exécuter l'une des dernières volontés de ta mè restait silencieux et laissait son regard glisser sur la peinture. Hermione, elle, observait leur interlocutrice. Elle lui rappelait quelqu'un mais elle n'arrivait pas à savoir qui. Kim, consciente du regard de la jeune fille, examinait quant à elle le jeune homme. Elle sentait chez lui la même passion que chez sa mère, elle sentait l'artiste exceptionnel qu'il pouvait devenir.

-Dis moi Harry, ne t'ait-il jamais venu l'envie de peindre ?

-Moi ? Euh non, je ne crois pas… Mais j'ai été pas mal occupé en fait et je ne me suis jamais posé la question.

-Et ça te dirait d'intégrer l'école ?

-Quoi ? Euh mais je ne sais pas dessiner… Je n'ai jamais…

-C'est une école ici, c'est fait pour apprendre ce que l'on ne sait pas, dit Kim doucement.

-Je… euh… oui pourquoi pas, mais je doute qu'on me laisse faire…

-Ho ne t'inquiète pas pour ça… Je parlerais à ton directeur. Si tu as vraiment envie d'apprendre l'art, je me charge des problèmes administratifs triviaux.

Harry hésitait encore. Etait-ce vraiment ce qu'il avait envie de faire ?

-Tu peux assister à un cours si tu veux, comme ça tu verras à quoi ça ressemble, suggéra Kim.

-Oui, oui je veux bien.

-Dans ce cas suivez-moi.

La directrice les reconduisit dans la salle circulaire. Elle n'était plus vide. Des dizaines d'étudiants venaient de commencer à dessiner l'un des deux modèles qui se tenaient, nus, sur l'estrade. Harry posa les yeux sur une toile vide, et sans savoir pourquoi, il s'approcha et commença à dessiner.

Hermione le regarda avec des yeux ronds et voulut le rattraper mais Kim l'en empêcha.

-Attendez.

Pendant plusieurs heures, elles regardèrent Harry dessiner et sous leurs yeux naissait une véritable œuvre d'art. Lui qui n'avait jamais tenu un crayon de sa vie, créait sous leurs yeux une petite merveille. Il n'y avait plus d'élève dans la salle à présent. Seul demeurait Harry, plongé dans son travail. Quand enfin il leva les yeux de sa toile, il faisait presque nuit.

-Je… euh… je suis désolé, je ne sais pas ce qui m'a pris…

-Ne t'excuse pas Harry, ne t'excuse jamais de peindre comme tu viens de le faire.

Enfin, Harry posa un regard d'ensemble sur la toile. L'homme qui y était représenté était nu, seulement recouvert d'un drap qui semblait être fait de satin bleu. Son regard était baissé sur le sol où reposait une esquisse de ce même homme. Harry avait créé le décor d'une chambre à coucher, et dans un coin du tableau, la silhouette longiligne d'un autre homme se découpait dans l'ombre. Soudain, l'homme couché releva la tête et sourit. Hermione poussa un cri.

-Quoi ? Demanda Harry

-Il… il a bougé…

-Bah… c'est un tableau de sorcier non ?

-Mais… mais… il faut un sortilège pour donner vie à un tableau !

-Ha bon…

-En réalité, intervint Kim, il arrive que parfois ce sortilège soit superflu.

-Hein ? Mais… mais… balbutia Hermione.

-Sais-tu d'où vient ce sortilège ? Demanda la directrice

-Euh...D'Italie, je crois

-En effet. Et sais-tu pourquoi il a été inventé ?

-Euh… Non.

-En fait, à la Renaissance, la plupart des peintres sorciers parvenaient sans peine à créer des tableaux si parfaits qu'ils s'animaient d'eux-mêmes. Mais peu à peu, la technique et le don se sont perdus. C'est pourquoi pour donner l'illusion du talent, on a créé ce sortilège. Aujourd'hui, c'est monnaie courante et on a oublié qu'il est possible d'animer un tableau avec seulement la passion et le don.

-Mais… je … je n'ai rien fait, souffla Harry.

-Si, tu as peint avec ton cœur.

A suivre…