La mort d'Axelle
26 juillet 1980 – 19H59 – Ôsaka
Une moto rouge de type Honda 650 attendait patiemment à l'extérieur. Soudain, une jeune femme de tout juste vingt ans sortit de sa maison. Ses longs cheveux d'un roux rouge contrastaient avec sa combinaison de cuir noir. Elle enfourcha sa moto après avoir enfilé son casque et démarra. Elle roula sur une petite route sinueuse qu'elle aimait beaucoup. Cette route était très souvent déserte ce qui permettait à la motarde de rouler vite. Elle aimait rouler vite et sentir le vent dans ses cheveux lui procurait un plaisir intense. La pluie se mit brusquement à tomber déclenchant quelques jurons de la part de la jeune femme : elle détestait la pluie. Une petite détonation retentit et la moto perdit peu à peu de la vitesse obligeant sa propriétaire à descendre. Celle-ci se perdit dans un flot d'injures et fouilla dans sa sacoche à la recherche d'outils. La gourmette qu'elle portait s'accrocha à un fil de la besace. La rouquine essaya de la décrocher avec précaution et contempla un instant le bijou. Elle l'avait reçu de son grand-père pour ses 10 ans et ne la quittait plus depuis. Son prénom, Axelle, ainsi que le kanji du dragon y étaient gravés. Le grondement sourd du tonnerre la sortit de sa rêverie.
(A) – Et merde, l'orage se rapproche…
La jeune femme attrapa une clé plate et se mit à l'ouvrage. L'orage se rapprochait de plus en plus et la pluie tombait violemment.
(A) – Bordel de…
Axelle ne put finir sa phrase car la foudre frappa la clé qu'elle avait en main.
Le tonnerre grondait, les éclairs déchiraient le ciel gris, la pluie incessante tombait dru. L'orage battait son plein, se déchaînant sur le corps sans vie de la jeune fille. Celle-ci regardait cette enveloppe charnelle se faire malmener par les éléments sans vraiment se sentir affectée, comme si ce qui se passait sous ses yeux ne la concernait pas. Dans geste lent, elle contempla la clé plate toujours présente dans le creux de sa main. Froncement de sourcil.
(A) – C'est quoi ça… ?
Son regard continua le long de son bras jusqu'à accrocher sa gourmette où un nom brillait à la lueur des éclairs.
(A) – Axelle ? Qui est Axelle ?
Elle n'en savait rien.
Amnésique, elle était amnésique. Le diagnostique lui était tombé dessus alors qu'elle fuyait le lieu de l'accident. Des voitures de police étaient arrivées plusieurs heures après l'orage. Elle n'avait vu personne, seuls les cris des sirènes lui étaient parvenus de loin. La jeune femme était à présent perdue à l'orée de la ville, n'osant se mêler à la foule. Un sentiment d'insécurité ne l'avait pas quitté depuis le début de sa fuite et tout lui faisait peur. Elle finit par s'aventurer dans une décharge vide à cette heure matinale. Assise sur le toit d'une carcasse de voiture, elle souffla enfin. Devant elle, une moto rouge, brûlée. Elle craqua.
(A) – Quelqu'un… Y A-T-IL QUELQU'UN POUR M'AIDER ?
Mais personne ne répondit à son cri de détresse.
Cela faisait plusieurs semaines qu'elle avait trouvé refuge dans cette décharge et elle avait compris plusieurs petites choses. Premièrement, elle ne se souvenait de rien. Deuxièmement, personne ne pouvait la voir ou l'entendre. Troisièmement, le deuxièmement la contrariait beaucoup pour ce qui était de résoudre le premièrement. Dans les jours qui suivirent son arrivée, elle avait pris son courage à deux mains pour parler avec les quelques employés qui œuvraient de temps en temps parmi les carcasses de voitures. Mais quand l'un deux lui passa au travers alors qu'elle tentait de l'aborder, elle se dit qu'il y avait définitivement un truc qui clochait.
(A) – D'abord cette chaîne, puis après ça… C'est quoi le hic ?
Car oui autre détail insolite, une chaine était fixée à sa poitrine et hormis l'énerver à toujours cliqueter, elle n'avait pas encore compris son utilité. De guerre lasse, elle s'était tournée vers ce qu'elle appelait « ses valeurs sûres » : sa gourmette. Ainsi donc la seule chose dont elle était à peu près certaine c'était qu'Axelle devait être son nom. Et puis si ce n'était pas le cas, ça serait tout comme.
Les journées se ressemblaient lamentablement, plongeant Axelle dans une sorte de léthargie chronique. Sa perte de mémoire était un souci en soi et comme passer au travers des gens n'était pas dans ses activités favorites, un profond sentiment de tristesse et de solitude l'envahissait. Son malaise ne la quittait pas non plus mais il grandit subitement le jour où un des maillons de sa chaîne dévora un des autres.
(A) – Ben merde alors ! C'est quoi ce cirqu…
Une immense douleur lui compressa la poitrine, l'obligeant se rouler sur le sol. Les bouches apparues sur le maillon se refermèrent dès qu'elles eurent finir leur besogne. Axelle respirait par à-coup, essayant de reprendre son souffle.
(A) – Bordel… C'est… C'était quoi ça… ?
Elle se releva difficilement et constata que son cri de douleur n'avait alerté personne. La larme à l'œil et un pincement déchirant au niveau du cœur, elle s'enfonça un peu plus dans le labyrinthe de véhicules brisés.
La douleur était revenue, toujours plus forte. La jeune fille était à présent allongée sur le toit d'une voiture brûlée, tentant de rester consciente après l'éclair de souffrance qui venait de la traverser. Dans son délire, elle percevait, du moins le croyait-elle, d'autres présences au loin, bien différentes des employés de la décharge.
(A) – Plus que cinq… Il ne me reste plus que cinq maillons…
Et après, que se passera-t-il ? Les vagues douleurs se rapprochaient de plus en plus dans le temps. Sans savoir vraiment de quoi il en retournait, tout ça ne lui disait rien qui vaille. Soucieuse, Axelle contemplait le ciel nocturne chargé de nuages. L'air était lourd, un orage se préparait sûrement.
(A) – Génial… souffla-t-elle aux premiers grondements de tonnerre.
Elle se laissa somnoler sur la tôle calcinée, bercée par le ronron de l'orage. Mais son repos fut de courte durée quand sa chaîne s'agita soudainement. Tous les maillons se mirent à s'entre-dévorer, provoquant une vague de douleur sans précédent. Aveuglée par cette souffrance inhumaine, Axelle tomba au sol en hurlant à gorge déployée. Les éclairs zébraient le ciel au-dessus d'elle mais ses cris recouvrirent les fracas du tonnerre. Le dernier maillon sauta et laissa place à un large trou noir au centre de sa poitrine. Un liquide blanc jaillit alors de ses yeux et de sa bouche, recouvrant peu à peu son visage. Axelle paniquait de plus en plus, sans se rendre compte que des silhouettes vêtues de noir accouraient dans sa direction. La dernière chose qu'elle crut voir avant de sombrer dans le néant fut le pommeau d'un sabre s'abattant sur son front. Au moins elle n'aurait plus mal…
Axelle finit par se réveiller, toutes douleurs envolées, au milieu de rien. A quelques choses près. Elle était recroquevillée en boule dans un buisson touffu à l'orée d'une forêt. Pas besoin d'être surdoué pour comprendre qu'elle ne se trouvait plus dans la décharge. La décharge… ? Soudain la jeune fille bondit sur ses pieds en tâtonnant frénétiquement son visage. Le liquide blanc qui l'avait à moitié recouverte ni était plus, tout comme le trou à sa poitrine ou même cette satanée chaîne.
(A) – C'est déjà ça… … … ben merde alors…
Ses vêtements avaient également changés. De son ancienne tenue en cuir noir avait été remplacé par une sorte de peignoir court en tissus. Nue pieds en plus.
(A) – Heu… Comme réveil j'ai vu mie…
A bien y réfléchir non. C'était son premier vrai réveil depuis des mois. La preuve, elle avait faim.
Quelques baies s'étalaient en vrac devant elle. C'était les seuls éléments comestibles qu'elle avait trouvés dans la forêt mais à ses yeux, elles représentaient un véritable festin. L'estomac satisfait, elle continua son exploration dans son nouveau chez elle. Elle n'aurait jamais cru que sa décharge pourrait lui manquer, c'est ennuyeux mais au moins elle s'y sentait à l'abri, comme en sécurité parmi toutes ces voitures mortes… comme elle. Axelle s'était faite une raison : elle avait périt ce soir d'orage, cette clé plate en main. Et la dernière fois où elle souffrait tant ? Elle était donc morte une seconde fois ? Ce n'était à n'y rien comprendre. Secouant frénétiquement la tête de gauche à droite, elle poursuivit sa visite des lieux. Elle n'avait rien contre les écureuils et les petits lapins mais il était hors de question qu'elle erre des mois dans cette forêt. Un solide bâton accrochée à la taille et la voilà partie défier courageusement le monde.
Et le monde lui en voulait, elle en était persuadée ! Des arbres, des rochers, des prairies, des arbres, des rivières et encore des arbres ! Quand elle s'était vu demander son chemin aux oiseaux, elle se disait que son dernier neurone venait sûrement de la lâcher. La certitude s'est faite quand un écureuil lui proposa une noisette, un soir où elle crevait une fois de plus de faim. Pour Axelle, il lui semblait de plus en plus urgent de retrouver un semblant de civilisation…
Après deux bonnes semaines à gambader joyeusement parmi les arbres, Axelle croisa enfin âmes qui vivent ! Un grand-père et son petit-fils cheminaient péniblement, les traits fatigués et le pas lent. Le vieil homme la remarqua sans peine, ses cheveux rouges se distinguaient aisément dans toute cette verdure.
(Viel homme) – Vous cherchez aussi la rivière jeune fille ?
(A) – Merci bien mais j'en reviens. Et vous ? Vous arrivez de loin ?
(Garçon) – Du 69ème District Est.
Il y eu un petit temps mort où Axelle regardait le gamin sans comprendre.
(A) – Heu…
(Viel homme) – Vous êtes nouvelle au Rukongai ?
(A) – Si par Rukongai vous entendez ces foutus arbres à perte de vue alors oui, je viens d'arriver.
(Viel homme) – Oh il n'y a pas que des arbres ma chère enfant. Si vous continuez par ce chemin vous arriverez au 69ème District.
(A) – Et que trouverais-je là-bas ?
(Garçon) – L'envie de revenir ici…
Sur ces mystérieuses paroles, le petit garçon prit la main de son grand-père et ils continuèrent leur périple, laissant l'écarlate à ses réflexions. Haussant les épaules, Axelle prit la direction que le vieil homme lui avait indiquée, serrant inconsciemment son sabre rudimentaire à sa ceinture.
Arrivée à l'orée de la ville, la jeune fille s'était crue dans un mauvais western : une rue déserte, en terre battue, des immeubles délabrés, des regards fuyants à travers les fenêtres qui se refermaient à son passage et un petit vent qui soufflait dans ses cheveux. Il ne manquait plus que le buisson d'épines roulant à ses pieds et l'enseigne du saloon au loin et elle y était vraiment. Mais à l'instar de cow-boys basanés, les hommes qui l'abordèrent étaient vêtus de kimonos usés, un sabre de bois en main et un sourire peu engageant figé sur leurs visages. Axelle ne silla pas à leur approche, faisant mine de les ignorer. L'un deux, sûrement leur chef au vu des nombreuses cicatrices qui lui barraient le torse, ne l'entendit pas de cette oreille et agrippa fortement la jeune fille à l'épaule, l'obligeant à lui faire face. Le sang d'Axelle ne fit qu'un tour et sans vraiment réfléchir à la portée de ses actes, se dégagea brusquement de la poigne de l'homme et sauta hors de porter.
(Leader) – Alors comme ça on se rebiffe ?
Le caïd rigola d'un air mauvais, imité par sa troupe.
(Leader) – Ça me va comme programme… On va pouvoir s'amuser un peu…
Il donna signe à ses hommes de charger et s'élança à son tour dans la bataille. Un cri de douleur résonna dans la rue, quelques secondes plus tard.
(Leader) – Espèce de… ! T'es quoi au juste ?!
Axelle tenait fermement son « arme » en main, passablement surprise de ce tour de force. Le bras du molosse avait était cassé net sous sa frappe, rompant son bâton sur le coup. De rage, l'homme se rua sur elle, bien parti pour vouloir lui faire payer cet affront mais il ne gagna qu'un coup à la mâchoire qui l'envoya bouler un peu plus loin. Les autres là regardèrent, effrayés.
(Premier homme) – C'est un monstre, j'vous dis que c'est un monstre !
(Deuxième homme) – C'est sûr c'n'est pas humain un truc pareil ! Cassons-nous !
Et ils s'enfuirent, leur chef sous le bras. Axelle les regarda partir, encore étourdie de son propre exploit, et se retourna au bruit de portes que l'on ouvre. Les habitants sortirent peureusement de leurs bâtisses et une petite fille l'approcha, le pas hésitant.
(Fillette) – Merci madame, vous êtes venu nous sauver ?
(A) – En fait je cherchais un endroit où me reposer.
Le visage de la gamine s'illumina subitement d'un grand sourire.
(Fillette) – Si tu chasses le hollow de la cabane, tu pourras rester avec nous ! Et nous protéger !
Une femme, sûrement la mère de l'enfant, accouru alors éloigner la petite d'Axelle, horrifiée. Elle l'entraîna au loin en murmurant comme quoi on ne pouvait pas se fier à quelqu'un portant des cheveux à la couleur du sang… Mais ce n'est pas ce détail qui perturba le plus l'écarlate...
(A) – Que je chasse le quoi ?
Deux jeunes l'avaient mené devant la « cabane » mentionnée par la fillette. C'était une bâtisse bancale à l'abandon, semblable aux autres. Mais apparemment elle avait quelque chose de spécial qui choquait.
(Garçon) – Y'a un fantôme dedans qui attaque tout ceux qui veulent y entrer. Une fois une fille a demandé à mon père qui s'était et elle n'est jamais ressortie !
(A) – Vraiment ?
(Petite fille) – Ma non, moi ze l'ai vu hier ! Tu dis vraiment n'import' quoi !
(Garçon) – Même pas vrai ! T'es qu'une menteuse !
(Petit fille) – Si c'est vrai !
Axelle les regardait se chamailler sous son nez, ils semblaient l'avoir complètement oubliée. Blasée, elle se dirigea vers la porte d'entrée, enfin ce qui pourrait en faire office.
(Garçon) – Hé madame ! Si tu n'reviens pas, tu n'pourras pas dire qu'on n't'avait pas prévenu !
(A) – J'y penserais. Maintenant partez, je ne voudrais pas que ce… « hollow » vous attaque.
(Petite fille) – Bonne chance madame !
(A) – Et arrêtez avec vos « madame » ! Cria-t-elle aux enfants qui s'éloignaient en courant.
Une fois seule, la jeune femme prit son courage à deux mains et entra dans la bâtisse. Il y faisait sombre, les volets étaient tirés, des rayons de lumière se dessinaient dans la poussière. Dans l'un d'eux, une forme se distingua furtivement.
(A) – Mais qu'est-ce que… OUTCH !
Un petit projectile venait de la percuter dans l'estomac et semblait s'y agripper avec force. Axelle sentait de fines griffes lui taillader la peau du ventre mais l'objet non identifié se faufila dans son dos alors qu'elle essayait de le déloger. S'en suivit une bataille hargneuse où l'écarlate finit par avoir le dessus. Sa main s'était refermée sur quelque chose de doux et chaud et elle tendait à bout de bras son agresseur.
(A) – Ben merde alors…
Un écureuil blanc se débâtait comme un beau diable pour échapper à sa poigne, griffant, mordant le dos de la main de la jeune femme. Axelle grinça des dents mais tenait bon. L'animal changea de tactique et planta violement ses dents dans son poigné. La douleur vive faillit lui faire lâcher prise, énervant un peu plus l'écarlate. Elle s'apprêtait à assommer le rongeur quand un cri retentit dans la pièce.
( ?) – MERLIN !
Sous la surprise, Axelle desserra ses doigts, juste assez pour permettre à l'écureuil s'en extirper. Une jeune fille d'à peu près son âge la regardait, une main appuyée contre le mur, l'autre repliée contre sa poitrine. Les cheveux roux au niveau de la taille, de grands yeux ambrés et un kimono violet en sale état, l'inconnue descendait d'un escalier en bois en foudroyant Axelle du regard.
( ?) – Qui es-tu pour oser faire du mal à un pauvre petit animal sans défense ?
(A) – Sans défense ?! C'est ta bestiole qui m'a attaquée !
( ?) – Tu es rentrée chez nous sans nous le demander !
(A) – Et c'est une raison pour mettre les gens en sang ?! Souleva Axelle en plaçant sa main lacérée devant les yeux de sa locutrice.
La jeune fille hoqueta de surprise et darda un regard lourd de reproches à l'écureuil perché non loin. Le rongeur baissa la tête, honteux. Axelle haussa un sourcil dubitatif.
( ?) – Je suis désolée pour ton bras mais tu n'avais pas à rentrer ici…
(A) – On m'avait dit que cette « cabane » était abandonnée parce qu'un hollow y vivait.
( ?) – Et tu as cru un truc pareil ? Les hollow ne vivent pas en ville, ils errent dans les alentours mais ne s'y aventurent pas.
(A) – Si tu le dis…
L'écarlate se voyait mal lui dire qu'elle ignorait complètement ce que pouvait être un hollow. Pour l'heure, ses blessures la préoccupaient d'avantage.
(A) – J'te propose un truc.
( ?) – Oui ?
(A) – Tu me laisses me soigner et après je te promets que je partirais d'ici. Ça te va ?
( ?) – Uhm… Qu'est-ce que tu en dis Merlin ?
La créature albinos ne percha sur la tête de l'inconnue, toisant Axelle d'un air grave. Après quelques secondes, il poussa un bref couinement sans la quitter des yeux.
( ?) – Alors c'est d'accord. Au fait je me présente, Lilou Myôsegi !
(A) – Axelle.
(L) – Axelle comment ?
(A) – Juste Axelle…
La rouquine et le rongeur s'échangèrent un regard interdit sous l'humeur maussade qui avait soudainement envahit leur invitée.
Nan Lilou ne demandait pas son chemin à des oiseaux mais parlait constamment avec Merlin, le « fantôme » du 69ème District, comme si celui-ci la comprenait. Elle ouvrait les noix que le petit écureuil était incapable de faire tout seul et en échange, il trouvait les endroits où se trouvaient des fruits frais. Axelle se trouva bien bête devant cette organisation hors-norme, ça lui aurait évité de crever de faim plus d'une fois. Or un jour Lilou était partie en ville, laissant l'écarlate dormir tout son soul et le rongeur albinos avec un sérieux dilemme entre les pattes : qui allait l'aider à ouvrir sa noix ? Timidement, Merlin s'approcha de la forme endormie et se percha sur le buste de la jeune femme. Le sommeil d'Axelle semblait agité et c'est en sursaut qu'elle se réveilla, boulant au loin l'animal qui était sur elle. Merlin poussa un petit cri apeuré qui eu l'avantage de la réveiller complètement. En reprenant appuie pour se redresser, Axelle enfonça la noix dans sa paume. Machinalement, elle l'a pris et la cassa à main nue mais un autre couinement se fit entendre alors qu'elle allait avaler le fruit. Le petit écureuil la regardait, assis par terre en face d'elle, les grands yeux humides. Quand elle lui remit la noix, il lui sembla que le rongeur lui souriait.
(L) – Et bien ça va beaucoup mieux entre vous dis donc !
(A) – On n'est pas encore les meilleurs amis du monde mais ouais, y'a des progrès.
Lilou prit place aux côtés de l'écarlate et caressa amoureusement la tête de Merlin qui en ronronnerait presque.
(L) – Je n'ai pas trouvé grand-chose à nous mettre sous la dent. Il faudra un jour ou l'autre partir d'ici.
(A) – T'inquiètes, tu ne m'auras bientôt plus à charge. Je suis tout à fait rétablie maintenant.
(L) – Tu plaisantes, personne ne peut guérir aussi vite !
La rousse agrippa la main blessée d'Axelle et constata avec stupéfaction qu'en effet ses blessures étaient parties.
(L) – Pas une seule cicatrice… Comment tu fais ?
(A) – Tu crois franchement que je me suis posée la question… ?
(L) – En parlant de question, tu as réussi à te souvenir de ton passé ?
(A) – Nan, que dalle.
(L) – Où vas-tu aller alors ? Dehors c'est la misère ! Il n'y a rien à manger et les gens passent leur temps à se battre. Tu ne peux pas partir comme ça toute seule !
(A) – Il faudra bien que je m'en aille. On avait fait un marché je te rappelle. Et puis je sais me défendre !
(L) – Mais qui nous défendra, nous… ?
A ces mots, Axelle se remémora les paroles de la petite fille le jour de son arrivée… « Merci madame, vous êtes venu nous sauver ? »
(A) – Tu ne sais pas te battre ?
(L) – Et comment j'aurai pu apprendre ?
(A) – Heu… Sur le tas ?
(L) – Nan merci, je n'ai pas envie de me faire tuer !
(A) – Et bien je t'entrainerais mais ne t'attends pas à des miracles.
Un sourire de remerciement se peigna sur les lèvres de Lilou et une lueur déterminée brilla dans son regard. Elle se releva, Merlin sur son épaule, et tendit à l'écarlate son sabre de bois fraichement taillé qui n'était jamais loin de sa propriétaire.
(L) – Alors, qu'est-ce que t'attends pour m'apprendre à te foutre la pâtée ?
Axelle agrippa son arme, amusée.
(A) – Apprend déjà à ta bestiole à ouvrir ses noix tout seul et après on verra.
L'écureuil albinos lui sauta dessus, bien décidé à lui faire ravaler ses paroles. Axelle tentait comme elle le pouvait de le déloger, sous les rires de Lilou. Oui, la mort n'était pas si mal tout compte fait…
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