Un petit OS sur mon conte favori. J'espère qu'il vous plaira! Enjoy!


- Menteuse.

Ce mot prononcé si durement claqua comme une gifle aux oreilles de la jeune fille. Menteuse? En quoi était-elle une menteuse? Elle n'avait jamais promis de rester. Elle avait même insisté sur son départ une fois cette aventure, si l'on pouvait appeler cela ainsi, terminée. Alors non. Elle n'était pas une menteuse.

- Tu pourrais rester.

Une fois encore, elle ne répondit pas au jeune homme. Celui-ci s'amusait à faire tournoyer son chapeau sur son index. Le regard qu'il lui lançait était brûlant, presque fiévreux. Brûlant d'un amour qu'il n'avouerait sans doute jamais. Brûlant d'une colère noire qu'il cacherait jusqu'à leur séparation. Brûlant d'un sentiment de rejet et de trahison qu'il ne se privait pas d'exploiter pour la faire changer d'avis.

- Tu n'es pas obligée de partir.

- Je suis déjà partie d'ici, une fois. Et tu ne m'as pas retenue.

- Tu n'étais qu'une enfant. Je ne pouvais pas te retenir ici et t'empêcher de grandir.

- Je ne suis pas beaucoup plus âgée. Ce n'était qu'il y a sept ans.

- Tu étais attendue. Maintenant, ce n'est plus le cas. Et tu ne me feras pas dire le contraire.

Elle allait protestait, il ne lui en laissa pas le temps.

- Tu es orpheline, Alice. Ta famille ne t'attend plus.

Elle ne trouva rien à répondre, se contentant de fixer le sol. Il avait raison. Personne ne l'attendait. Mais rien ne l'empêchait de rentrer. Ce monde n'était pas fait pour elle. Ou plutôt, elle se sentait incapable de rester éternellement au près du Chapelier. Elle ne tiendrait jamais. Et les regards qu'il ne cessait de lui lancer n'arrangeaient en rien sa situation. Son regard d'un vert pénétrant la sondait jusqu'aux tréfonds de son âme. Elle releva la tête, déterminée.

- Je ne suis pas une menteuse. Je n'ai jamais promis de rester. Cheshire en est témoin.

- Ce n'est pas quelqu'un de confiance. Et puis...

Il fit un pas en avant, les rapprochant un peu plus.

- À quoi cela te servirait-il de retourner dans un monde où tu es toute seule?

Alice ne comprenait pas. Elle ne comprenait pas ce qui le poussait à la supplier de rester au Pays des Merveilles. Qu'est-ce que cela lui apportait? Lors de leur dernière rencontre, il était resté muet comme une carpe. Alors pourquoi faisait-il des pieds et des mains pour la retenir, à présent qu'elle était à deux doigts de s'en aller? Oh, bien sûr, elle serait bien restée. Mais son cœur n'aurait pas supporté de se trouver si proche et pourtant si loin de celui du Chapelier. Elle soupira. Il l'avait traitée de menteuse. Pour lui prouver le contraire, elle allait jouer la carte de la franchise. Tant pis s'il lui riait au nez. Au moins, il n'aurait plus de raison de la retenir et elle serait soulager d'un poids. Alors, elle releva fièrement la tête et fit trois pas en avant.

- En restant ici, je ne pourrai jamais taire éternellement les sentiments que j'éprouve pour toi. Je n'y arriverai pas, Chapelier. C'est trop dur.

Le jeune homme la fixa, d'abord étonné. Un sourire amer se dessina sur son visage pâle. «Ça y est, songea Alice, il va se moquer de moi.» Mais il n'en fit rien. Ses yeux se teintèrent d'une tendresse infinie. En un mouvement, il réduisit la distance qui les séparait jusqu'à se retrouver à moins de deux centimètres d'elle. D'une main, il lui caressa tendrement le visage.

- Et comment veux-tu que je te laisse partir, après avoir entendu ces mots?

Alice crut rêver. C'est lorsque le Chapelier posa délicatement ses lèvres sur les siennes qu'elle comprit que c'était bien réel. Mais une question s'immisça dans son esprit: comment pourrait-elle trouver le courage de partir après un tel baiser?