Titre : Entre Ombre et Lumière

Auteur : Kazy

Adresse e-mail : Bouhouh... Ca marche p'us ! Faut aller voir dans ma bio... Désolée.

Disclaimer : Tout à la tueuse de Sirius.

Protection parentale : G pour le moment. Mais ça changera sûrement au cours de la fic.

Livres : Je tiens compte de toutes les informations données sur les Maraudeurs, même celles de ce foutu Tome 5 !

Résumé : La fic se passe au temps des Maraudeurs. Ils ont seize ans, donc ça se passe en 1976.

Note de Wam : Camille ma super bêta-lectrice que j'adore !!! T'es super, et c'est grâce à toi que j'évite les Mary-Sue… Merci beaucoup ma Poulpynette ! Merci à mon Jedi qui m'a beaucoup soutenue dans cette dure épreuve et… Comment ça je suis pas convaincante ? Bon, ok… Merci à mon Jedi pour ses commentaires. Ils m'ont beaucoup aidés. C'est d'ailleurs elle qui a trouvé le titre de la fic. Merci beaucoup aussi à jamais-revenir pour son aide précieuse.

Entre Ombre et Lumière

Chapitre 1 : Liberté, Egalité, Fraternité

Le sac tomba dans un bruit sourd. Une corde fine glissa le long du mur. Une ombre passa doucement de l'autre côté de la fenêtre ouverte. Un craquement retentit. L'ombre s'arrêta d'un coup. On n'entendait pas même le bruit de sa respiration. Le vent ne soufflait plus. Les feuilles ne frémissaient plus. L'eau ne coulait plus. Le temps semblait s'être arrêté en même temps que la respiration de l'ombre.

Lorsque, sûre qu'il n'y avait personne pour la voir dans sa fuite, l'ombre commença sa descente, le bruit, certes faible qu'elle faisait était couvert par ceux de la nature. La Nature semblait protéger cet enfant meurtri par cinq années de souffrances.

Et l'ombre avait décidé qu'il était temps que tout se finisse. L'ombre avait décidé qu'il était temps qu'il fasse sa vie sans devoir quoique ce soit à ce qui était sa " famille ".

Mais l'ombre savait que ni cette " famille " ni lui ne se considéraient comme tel. Ce serait s'accorder trop d'importance. L'ombre s'était trouvé une nouvelle famille. Et les liens du cœur avaient depuis longtemps dépassés ceux du sang.

A dire vrai, l'ombre ne savait pas ce qu'elle faisait. Ou plutôt si. Elle savait ce qu'elle faisait, mais elle ne pensait pas aux conséquences. Elle ne réalisait pas pour le moment qu'elle allait devoir se trouver un endroit où vivre.

Il ne restait que quelques centimètres pour que ses pieds atteignent le sol. Elle sauta, et attrapa son sac. Arrivée à ce portail qu'elle avait tellement aimé, puis tellement détesté, l'ombre se retourna finalement vers le manoir, et lui lança un dernier regard.

Sa mère avait dépassé les bornes. Subir ses sarcasmes, son intolérance, ses injustices, elle était d'accord. Mais entendre les malédictions proférées et les insultes envers ses amis, l'ombre n'avait pu supporter. Ça faisait quelques mois déjà qu'elle pensait accomplir son geste. Mais jamais elle n'avait eu le courage de le faire. C'était pourtant la qualité que revendiquait à tort et à travers sa Maison. Le courage. Mais il est des choses qui développent le Courage. Il est des paroles qui provoquent des réactions dignes d'un Courage inégalable. Il est des mots qui font qu'on ne peut plus supporter ceux qui vous ont mis au jour.

Et ces mots, ces paroles, ces 'choses', avaient finalement décidé l'ombre à quitter cette maison.

Un sourire où se mêlaient fierté, ironie, et bonheur à la fois se dessina sur les lèvres de l'ombre.

Elle était libre. Comme ce mot sonnait doux à l'oreille.

Sans un seul regard de plus, l'ombre poussa le portail noir et terrifiant, son sourire toujours affiché, la tête haute.

« Adieu. » souffla-t-elle.

Sirius Black était libre.


" Ma douce et tendre fleur… "

A peine les mots furent-ils écrits, que le papier fut froissé dans un bruissement sonore.

« Non, non… Trop personnel… » marmonna une voix.

" Evans… "

Comme la fois précédente, le papier fut transformé en une boule grossière.

« Non, non ! Ça ne va pas du tout ! Trop froid ! Je te signale que tu dois la séduire ! Pas lui montrer que tu es aussi séducteur que le calmar du lac ! Grr… » grogna la même voix « Foutu calmar !! Celui-là je le retiens ! " Il y eut un nouveau soupir. " Et voilà que je parle tout seul, maintenant ! »

Un soupir à fendre l'âme retentit dans la pièce. James Potter retira ses lunettes, et se frotta les yeux. Ça faisait deux heures qu'il s'était levé, et il avait immédiatement commencé à écrire une lettre à Lily Evans, sa camarade de Gryffondor.

L'année précédente, ils avaient eu une altercation plus brutale et plus mouvementée que les fois antérieures, qui fut suivit d'un cuisant échec tant au niveau sentimental qu'au niveau magique. Alors il avait décidé qu'il fallait changer. Cette année, il avait décidé de mûrir un peu plus. Ahem… Beaucoup plus ? Oui, bon, mûrir carrément !

Il était totalement amoureux de la jeune fille, laquelle résistait désespérément à ses charmes. Pourtant, il avait un fan club au moins aussi développé que celui de son meilleur ami Sirius Black. Bon, presque aussi développé…! Pourquoi n'en faisait-elle pas partie, elle ? Tout aurait été tellement plus simple !

James soupira une nouvelle fois : tout aurait été trop facile. Ç'aurait été beaucoup moins intéressant. Et le jeu n'en aurait pas valu vraiment la chandelle. Et c'était ça, tout le charme de Lily Evans : la résistance. Depuis deux ans qu'il était tombé amoureux d'elle, elle le rembarrait plus ou moins gentiment en fonction de son humeur du moment.

Généralement, elle le repoussait avec autant de délicatesse qu'une harpie. Il arrivait même à se demander si elle n'avait pas ses problèmes menstruels tous les jours. Il eut un sourire. Ce n'était pas exactement le genre de pensées qui l'aiderait à séduire Lily.

Il faudrait redoubler de galanterie, d'attentions, de douceur, et de maturité pour l'avoir. Cela prendrait le temps qu'il faudrait, mais foi de Potter, il sortirait avec Lily Evans !

Pourquoi détestait-il autant ce mot : " maturité " ? Il se trouvait très mûr pour son âge. Au niveau magique, du moins. Bon, c'était vrai, il avait souvent quelques réactions quelque peu puériles, mais bon… C'était le genre de choses qui arrivaient à tout le monde, non ?

Pourquoi les filles étaient-elles si compliquées aussi ? Pourquoi est-ce qu'elles ne tombaient pas dans les bras des garçons qui étaient amoureux d'elles ?! Peter était amoureux de Déborah Freeman, une jeune Poufsouffle de son Année mais ne l'avait pas, Remus était amoureux de… James fronça les sourcils. Remus était amoureux de qui ? Peut-être cette Serdaigle de Cinquième Année, qui traînait avec Electre Daray… Emma ! Emma Matthews. Mais il ne l'avait pas non plus. Sirius était amoureux de… Joker. Sirius était amoureux de la gent féminine entière. Il sortait avec beaucoup de filles. L'année précédente, il avait essayé de tenir des comptes, mais la vie sentimentale de son meilleur ami était aussi incompréhensible que la psychologie féminine. Il avait donc finalement laissé tomber. En plus, il n'était jamais tombé amoureux. Du moins, pas qu'il sache. Il n'aimait pas s'attacher.

James eut un sourire. Sirius était un pitre. Il lui ressemblait beaucoup, et il était sûr que Sirius était son âme sœur d'amitié. Tout comme Lily Evans était son âme sœur d'amour. Le sourire de James disparut. Il devait écrire cette foutue lettre.

Il regarda la pile de parchemins qu'il avait prise, sa plume, et sa poubelle remplie de boulettes de papier. Mieux valait laisser tomber. La lettre n'était pas la solution. Cela faisait plus psychopathe qu'autre chose. Et pot de glue. Et agaçant. Et amoureux. Foutu cercle vicieux !

Non, il fallait lui laisser les vacances d'été pour la laisser se calmer (ses dernières paroles avaient été 'Tu as vu Ambre, on a beau être riche et mignon, on n'a pas forcément l'intelligence. James Potter en est la preuve !'). Oui, c'était beaucoup mieux ainsi. Parce qu'ils étaient deux à souffrir dans cette situation. Chacun à leur manière.

Il soupira une nouvelle fois.

« T'essayes de faire une tempête ? C'est pas comme ça qu'on fait ! T'es nul ! » se moqua une voix derrière lui.

James se retourna, et eu un sursaut de surprise.

« Sirius ! Mais qu'est-ce que tu fais là ? »

« Merci pour cet accueil chaleureux, Cornedrue, je n'en attendais pas moins de toi ! Je vais très bien, et toi ? »

James eut un sourire gêné.

« Ouais, désolé. Je vais bien. Qu'est-ce que tu fais là ? »

« Boaf, je m'ennuyais à mourir chez moi. Alors je me suis dit 'Pourquoi ne pas aller rendre visite à mon bon vieux Cornedrue ?'. Et, traversant moult aventures, provoquant la jalousie des Déesses, survivants aux attaques de Harpies, et d'Amazones, j'ai réussi à arriver chez toi – vous êtes bien cachés, j'ai mis du temps à trouver en plus ! Plusieurs fois je me suis dit que j'aurais peut-être mieux fait de rester chez moi, mais je me suis rappelé que tu étais mon bon vieux Cornedrue, et que tu ne t'en remettrais pas si je ne venais pas te faire un petit coucou ! Au fait, tes parents sont des gens formidables ! »

James éclata de rire.

« T'as vraiment beaucoup d'imagination ! »

« Bon, j'avoue, pour le coup du bon vieux Cornedrue, tu oublies. Mais le reste est vrai ! Du moins… J'ai un peu embelli la réalité quoi ! »

« Qu'est-ce qui s'est passé ? »

Le sourire que Sirius s'efforçait d'afficher disparut totalement. Il se laissa tomber sur le tas de couvertures qu'était le lit de James, et soupira.

« Je suis parti, James. Je n'en pouvais plus. »

A l'air grave que prenait Sirius, James comprit que ce n'était pas une farce. Il s'assit aux côtés de son meilleur ami, et lui demanda de lui raconter.

« Elle vous a insultés. Peter, Remus et toi. Elle était odieuse ! Et Regulus ! Tu l'aurais vue avec lui ! Toujours à le chouchouter, en face de moi ! Je m'en fous au fond, mais bon… Et les Moldus ! Tu sais que mes parents sont derrière le Seigneur des Ténèbres. Elle a hurlé à qui voulait l'entendre que c'était un envoyé de Dieu… Je n'en pouvais plus, James. »

« Je comprends. Tu… Tu es à la rue ? »

« Je suis désolé, mais je ne savais pas où aller ! Les amis de ma famille – le peu d'amis en fait – sont d'accord avec eux. Je ne pouvais pas aller chez Remus, c'est bientôt la pleine lune, et je ne sais pas si ses parents auraient été d'accord pour que je reste… Quant à Peter… Ils m'auraient vus arriver avec mes emmerdes… Je crois qu'ils ont assez d'un fils pour ça, sans vouloir être méchant avec Peter. Il ne restait plus que toi… Même si c'est à toi à qui j'ai pensé en premier… Mais je sais que nos familles se détestent. C'est pour ça que j'ai hésité… Mais si tu ne veux pas que… »

« C'est bon Patmol ! C'est bon ! Je vais expliquer la situation à mes parents. Si il y a encore quelque chose à expliquer… Je leur ai beaucoup parlé de toi, et du fait que tu étais différent de ta famille. Il n'y aura sûrement aucun problème, rassure-toi. »

Un regard rempli d'espoir lui répondit d'abord. Puis…

« Si tu fais ça, Cornedrue, je t'assure que… Que… Je sais pas ce que je te jure, mais je te le jure ! Promis, je ne prendrai pas de place, et ce ne sera que pour les grandes vacances, le reste du temps je resterai à Poudlard, promis ! »

James éclata de rire.

« Tu m'aides à séduire Lily et c'est oublié ! »

Sirius eut une grimace.

« Toujours fan des cas sans espoir, et des problèmes sans solution à ce que je vois. »

« Je suis nul en drague. »

« Evans n'est pas une fille qu'on drague, Cornedrue. C'est le genre de nana qu'on conquiert. »

James haussa un sourcil.

« Où est passé mon bon vieux Patmol ?! N'empêche que tu ne m'aides pas, là ! Je sais pas conquérir quelqu'un moi ! D'habitude, elles sont déjà conquises. »

« Ah ! Ne pas reculer devant la difficulté, mon brave et courageux Cornedrue ! Mais puisque tu me lances un défi, je vais le relever ! »

« J'aurais peut-être mieux fait de me taire… »

« Au fait, je suis assis sur quoi ? »

« Mon lit. »

« Non. Ce truc immonde, là, sous mes fesses… »

« Merde ! Les explosabeurks !!! J'ai passé tout l'été à les fabriquer ! Siriuuuuus !!! »

« Désolé, désolé ! »

Ils se regardèrent dans les yeux pendant un moment, puis Sirius haussa un sourcil.

« Des explosabeurks ? C'est quoi ce nom débile ? Tu m'as habitué à mieux Cornedrue ! »

« Oh va au Diable ! »

« J'en viens déjà ! »

Et ils éclatèrent de rire.

Finalement, l'été n'était pas si nul !


« AMBRE !! OH HEEEEE !! »

Les boucles brunes se retournèrent vivement, un sourire heureux aux lèvres. Mais elle eut à peine le temps de prononcer un mot. Des bras l'entourèrent avec vivacité et des lèvres se plaquèrent sur sa joue.

«Tu m'as manqué ! » reprit la voix.

Ambre partit d'un grand rire.

« Comment se passent tes vacances ? »

L'autre jeune fille haussa les épaules.

« Boaf, ce sont des vacances d'été comme les autre depuis six ans ! »

« Enfer ? »

« Moins. Ma sœur s'est trouvé un petit ami. Qui se ressemble s'assemble ! Je plains leur gosse ! S'ils en ont un jour… »

Ambre éclata de rire une nouvelle fois.

« Ah ma Lily… Ce que tu me fais rire ! »

Un raclement de gorge les rappela à l'ordre. Les deux jeunes filles se tournèrent.

« Nous allons être en retard. Père nous attend, Ambre. » dit une troisième fille, d'une voix glaciale.

Ambre eut un sourire désolé.

« Electre a raison Lily. Oreste nous attend. Je suis désolée. On se voit au Poudlard Express de toute façon ! Je te garderai une place ! Bonnes courses ! »

« Pas de problème. A bientôt ! » dit-elle en embrassant Ambre. Puis elle se tourna vers Electre. « Au revoir. »

« Lily. » répondit la jeune fille d'un hochement de tête.

Puis elle tourna les talons et se mit en marche. Ambre eut un haussement d'épaules dépité et désolé à son amie, puis suivit sa sœur.

Ambre et Electre Daray étaient des jumelles de seize ans, toutes deux élèves à Poudlard, mais séparées dans deux maisons très différentes : si Ambre était à Serpentard, Electre était à Serdaigle.

Ambre s'étonnait d'ailleurs du fait qu'elle et sa sœur étaient à la fois si proches et si différentes à la fois.

Ambre était brune aux cheveux bouclés mi-longs, et avait des yeux d'un noir ébène profond. Elle était plutôt introvertie, mais elle s'énervait très facilement et avait la fâcheuse tendance de s'emporter très rapidement, et de faire preuve d'une franchise souvent très vexante.

A l'inverse de sa sœur, Electre avait les cheveux châtains aux épaules et des yeux gris glaçants. La seule chaleur qui animait ses yeux était sa sœur. Electre était un peu plus puissante que sa sœur à cause de la méchanceté dont elle faisait souvent preuve. Cependant, elle était très patiente. La jeune fille sortait avec David Golth, un Serdaigle de son Année.

Malgré leurs nettes différences physiques et caractérielles, les deux adolescentes avaient une relation quasi-fusionnelle. En effet, quelques années auparavant, Esther Daray, leur mère avait été tuée par un Moldu. Un accident de voiture tout bête, mais qui avait eu une répercussion terrible sur les enfants qu'elles étaient.

Electre n'avait jamais beaucoup apprécié sa mère. Le paradoxe était qu'Ambre détestait son père, à l'inverse de sa sœur. Par conséquent, la mort d'Esther n'avait pas tant bouleversé la jeune fille. Cependant, Ambre avait été très fragilisée. Et sa sœur la surprotégeait, se protégeant elle-même par la même occasion.

« Tu aurais pu être plus agréable, quand même. » réprimanda Ambre.

« J'ai été polie. »

« Mais froide. Tu pourrais pas être un tout petit peu plus chaleureuse avec mes amies ? »

« Je n'aime pas tes amies. »

Ambre soupira. Electre était aussi bornée. C'était généralement une qualité, mais aussi un défaut très agaçant. Elle préféra laisser tomber. Electre n'aimait pas Lily. Pourtant, c'était l'une de ses meilleures amies – bien qu'Electre l'ignorait, sous peine d'assassinat immédiat de Lily Evans – et elle aurait adoré que sa sœur et Lily s'entendent bien. Et pour Lily, ça n'avait pas été faute d'essayer. Mais Electre était possessive au possible envers sa sœur. Elle avait difficilement supporté leur séparation lors de la Répartition. Mais finalement, tout s'était mieux passé que ce qu'Ambre espérait. Même si souvent, elle se sentait coupable. Effrayée par la puissance et l'aura de son père, elle avait supplié le Choixpeau de l'envoyer à Serpentard. Au début, il voulait la mettre à Gryffondor, mais elle imaginait déjà la réaction violente de son père. Avec le recul, elle se dit qu'elle se serait beaucoup plus épanouie à Gryffondor qu'à Serpentard. Mais quelque chose l'intriguait. Une parole du Choixpeau : " Tu veux couper un peu le lien qui te retient ? Très bien, je verrai avec elle. ". Et Ambre savait que " elle " était Electre. Elle savait aussi qu'Electre aurait parfaitement été à sa place à Serpentard. Alors pourquoi le Choixpeau l'avait-il envoyé à Serdaigle ?

Elles entrèrent dans le Chaudron Baveur, un bar tenu par un dénommé Tom plutôt sympa, et se dirigèrent vers la cheminée, calmement, traînant leurs nouvelles affaires. Elles prirent chacune une poignée de poudre de cheminette, la payèrent, et jetèrent l'une après l'autre la poudre dans l'âtre.

« Center Daray » cria Electre.

Elle disparut soudain.

Alors qu'elle allait lancer sa poudre, Ambre regarda derrière elle. Peut-être qu'elle pouvait partir rechercher Lily ? Elle avait vu dans ses yeux que son été ne se passait pas aussi bien qu'elle le disait… Mais en même temps, Electre lui ferait une scène pas possible. Que pouvait-elle faire ? Elle ne savait rien faire face à sa sœur. Dans un couple, il y avait toujours un dominateur et un dominé. Ambre était tout le temps la dominée. Sauf quelques rares fois où elle arrivait à rabattre le caquet de sa sœur. Mais elle l'aimait tellement ! Elle n'arrivait pas à la détester comme Lily détestait la sienne. Après tout, le comportement d'Electre partait d'une bonne intention non ? Ambre soupira. Tant pis, elle enverrait un hibou à son amie, comme ça, non seulement Lily serait contente d'avoir de ses nouvelles, mais en plus Pétunia – la sœur de Lily – hurlerait comme une (la) dégénérée (qu'elle était) puisqu'elle avait une sainte horreur des hiboux.

« Tu en as mis du temps. » fit remarquer Electre, alors qu'Ambre venait à peine d'entrer.

« J'ai eu du mal à prendre tous mes sacs. »

« Tu aurais dû me le dire. Je t'aurais aidée. »

« J'ai seize ans, Electre ! Je peux me débrouiller seule ! Mais merci pour la proposition ! »

« Ah ! Vous voilà enfin ! » cria une voix.

Electre se retourna vivement, un sourire ravi aux lèvres.

« Bonjour père. Nous nous sommes attardées à Fleury et Bott. Il y avait un monde fou. Et puis nous avons rencontré une amie à Ambre. » raconta Electre.

Malgré tout l'amour qu'elle avait pour sa sœur, Ambre lui jeta un regard noir. Elle venait de la mettre dans de beaux draps.

« Pas ces Gryffondor j'espère ! » fit Mr Daray.

Ambre soupira, et saisit ses sacs, en se dirigeant vers l'escalier de l'entrée qui l'emmènerait jusqu'à sa chambre, au premier étage.

« D'abord, ce ne sont pas DES Gryffondor, Oreste, mais UNE Gryffondor, qui est très gentille. Et je ne vois pas en quoi ça te regarde. Si tu me choisis mon époux, tu peux au moins me laisser choisir mes amis, non ? »

« Ne joue pas à ça avec moi Ambre ! Je ne veux pas que tu traînes avec la racaille, c'est normal, non ? Je suis ton père après tout ! Quant à Avery, c'est quelqu'un de très bien ! »

Ambre s'arrêta au milieu des escaliers pour éclater d'un rire sans joie.

« Nous n'avons pas la même notion du sens du mot 'racaille' Oreste ! Avery n'est qu'un petit abruti à l'air suffisant qui n'a pour but que de devenir un Mangemort ! JE NE VEUX PAS ÊTRE MARIEE A UN CHAROGNARD !! J'ai déjà un géniteur pour ça ! »

Le regard du père se fit terrifiant, et pétrifia Ambre sur place. Elle savait ce qu'il allait faire. Elle savait qu'elle ferait mieux de se tenir prête. Mais elle ne bougeait pas. Elle n'arrivait pas à bouger.

Il sortit sa baguette, et se mis en garde, menaçant sa fille.

« ENDOLO… » commença Oreste Daray.

« NON ! » hurla Electre, le coupant dans son élan, et en baissant le bras qu'il avait levé pour menacer sa fille. « Papa ! Tu ne peux pas faire ça ! C'est… Enfin, papa, c'est ta fille ! C'est ma sœur ! Tout ce que tu lui fais, tu me le fais à moi aussi ! Je n'ai pas d'amis Gryffondor, papa ! Que des Serpentard au sang pur ! »

Mr Daray jeta un regard noir à Electre, mais finalement baissa sa garde.

« Tu as de la chance d'avoir une sœur qui rattrape le coup, Ambre. Tu ne veux pas d'Avery ? Electre l'aura. »

Pour toute réponse, Electre hocha dignement la tête avant de se ruer vers sa sœur, qui avait repris sa montée, bien qu'encore choquée par le geste de son père. Cependant, Oreste Daray s'approcha de sa fille et lui serra si fort le bras qu'Ambre crut qu'il allait le lui arracher.

« Je tolère déjà que tu n'ailles pas aux réunions malgré les remontrances et les punitions que m'en fait subir le Seigneur des Ténèbres… Estime-toi heureuse que je ne te renie pas. Je te laisse le temps… Mais fais attention… Ne tire pas trop sur la corde. »

Ambre ne put que hocher la tête, ne se rendant pas réellement compte des propos que son père venait de tenir. Tout ce qu'elle arrivait à se dire c'était qu'elle aurait dû se taire. Elle l'en savait capable. Elle savait que son père était capable de lui lancer un sortilège impardonnable. Et elle avait quand même poussé les limites. Elle n'aurait pas dû. Mais ce n'était pas de sa faute ! Le sujet était venu sur le tapis à cause d'Electre ! Ambre était en colère. Pourquoi est-ce que sa sœur l'avait ouverte ? Toujours à vouloir se justifier auprès de son père ! 'Papa' par-ci 'Papa' par-là !! Ne comprenait-elle pas que son père n'était qu'une ordure ? Et encore c'était un euphémisme.

« Ambre… Ma petite Ambre, tu vas bien ? »

Et elle osait lui parler après ça ?! Elle savait pourtant bien qu'il valait mieux la laisser tranquille après une engueulade pareille.

« Tu ne crois pas que tu en as assez fait ? » grogna-t-elle.

« Mais… Ambre ? »

« Tu veux m'aider ? Lâche-moi ! »

Elle claqua la porte, et s'y adossa, se mordant déjà les doigts d'avoir répondu aussi méchamment à sa sœur. Mais Ambre en avait assez. Elle avait eu assez de remords pour la journée. Après avoir été assurée qu'elle ne serait plus dérangée, la jeune fille se leva et pris un bout de parchemin.


" Chère Lily,

J'ai fait peur à ta sœur en envoyant ce hibou ? Pitié, dis-moi que oui ! Je suis désolée du comportement d'Electre la dernière fois, mais Oreste nous attendait, et il réagit souvent assez violemment. Encore désolée.

Tu as vu le livre de Sortilège que nous avons ? J'ai lu le bouquin dans son intégralité. Je suis certaine que j'arriverai à tous les faire. Je n'aurais peut-être même pas eu besoin de lire tout ça. De toute façon, je connaissais déjà les sorts que nous allions apprendre cette année.

Au fait, tu as reçu une lettre de Potter ou des autres bouffons que nous méprisons ?

Je te souhaite une bonne fin de vacances, et t'inquiète, ça tient toujours pour le Poudlard Express !

Gros bisous,

Ambre "

Lily était partagée entre plusieurs sentiments. D'abord, elle était heureuse. Elle avait des nouvelles de son amie, ce qui était très plaisant. Ensuite, l'agacement. Très paradoxal, certes, mais c'était ainsi. Elle trouvait Ambre un peu prétentieuse, là. 'Je n'aurais peut-être même pas eu besoin de lire tout ça. De toute façon, je connaissais déjà les sorts que nous allions apprendre cette année.' C'était bon les chevilles ? Pas trop enflées ? Lily retint un soupir. Ambre Wales était très gentille. Si, si. Une adolescente très bien, à la vie difficile, mais quelqu'un de très bien, surtout quand on connaissait sa famille. Mais elle était quand même une Serpentard, ayant par-là même les qualités, mais surtout les défauts de tout Serpentard qui se respecte. Et Ambre était assez prétentieuse. Même si elle n'aimait pas sa famille – sauf sa (maudite) sœur – ou plutôt ce que représentait son père, elle ne restait pas moins une Daray : Elle savait ce qu'elle valait. Elle savait qui elle était. Elle savait qu'elle était puissante. Et parfois, elle ne valait pas mieux que 'Potter ou des autres bouffons que nous méprisons'. D'abord, elle ne voyait pas pourquoi les 'autres bouffons que nous méprisons' – comprendre Sirius Black, Remus Lupin et Peter Pettigrow – lui aurait écrit. Par conséquent, c'était juste une chose qu'elle avait mise histoire de casser les Maraudeurs. Et ça, Lily Evans n'appréciait pas. Même si elle trouvait l'attitude des Maraudeurs – très – souvent puérile, et méprisable, elle devait avouer que sur ce coup, Ambre ne valait pas mieux qu'eux. Mais elle restait ravie d'avoir des nouvelles de sa meilleure amie.

Et puis Pétunia avait hurlé de frayeur lorsqu'elle avait vu Crash entrer dans le salon. Crash était le hibou d'Ambre. Il portait ce nom, car il était impossible pour l'oiseau d'atterrir convenablement. Il était obligé de se casser la figure sur quelque chose ou quelqu'un. Ç'en était déprimant pour la pauvre Ambre qui se plaignait sans cesse de son animal. Mais elle ne pouvait à se résoudre à l'abandonner. En fait, elle avait essayé plusieurs fois, au début. Mais l'oiseau était toujours revenu. Alors Ambre avait fini par laisser tomber.

Depuis leur Première Année, Ambre Daray et Lily Evans étaient amies. Malgré la différence qu'il y avait entre leur deux Maisons, elles s'étaient entendues à merveille : Lily était perdue, et vivait le début des hostilités de Pétunia envers elle, et Ambre était séparée de sa sœur, et vivait sans le regard de son père pour la première fois de sa vie. Elles s'étaient alors confié leurs secrets. Rien n'avait été calculé, ça s'était fait tout seul lors d'une rencontre à la bibliothèque. Lily pleurait à chaudes larmes, et Ambre était venue la voir. Elles avaient alors discuté. Lily avait avoué être une fille de Moldus, et Ambre faire partie d'une famille vile qui pratiquait intensément la Magie Noire, commençant à se ranger du côté du Lord dont le nom commençait à être craint alors que sa puissance montait de plus en plus chaque jour. Lily avait avoué qu'elle ne comprenait pas pourquoi elle était à Gryffondor qu'elle se serait sentie mieux à Serdaigle où les élèves étaient nettement moins turbulents, et Ambre lui avait expliqué qu'elle n'avait voulu aller à Serpentard que parce que son père la terrifiait. Qu'elle se serait sentie nettement mieux à Gryffondor ou à Serdaigle, avec sa sœur.

Et depuis, elles étaient amies, au plus grand dam d'Electre Daray, la sœur jumelle d'Ambre. Beaucoup de fois, Lily avait essayé de parler avec la jeune fille, mais jamais Electre n'avait fait d'effort. Alors Lily tentait tant bien que mal de supporter.

Elle tentait tant bien que mal de supporter d'autres personnes. Ou plutôt une en particulier : James Potter, dit Cornedrue, dit le Suffisant.

Mais il y avait (malheureusement) aussi Sirius Black – dit Patmol, dit l'Arrogant – son meilleur ami qui ne valait pas mieux que lui, mais suscitait l'admiration d'Ambre. Elle rêvait d'assumer ses convictions au grand jour, comme lui. Elle, ne disait pas grand chose. Entourée de Serpentard, elle ne pouvait pas hurler à tort et à travers qu'elle détestait son père. Surtout quand il la promettait à un autre homme. Lily avait été dégoûtée lorsqu'elle avait su ça, l'hiver précédent. Ambre était arrivée furieuse à la bibliothèque, une lettre froissée de colère à la main, et lui avait tout expliqué. Comment le mariage arrangé pouvait-il encore exister à une époque aussi révolue ?

Le troisième, Remus Lupin – dit Lunard, dit le Discret – était peut-être celui avec qui Lily aurait pu être amie si il ne traînait pas avec Suffisant et Arrogant. En Troisième Année, voyant les absences répétées de son camarade, Lily avait découvert son secret. Elle s'était tue auprès de lui, mais avait raconté ça à Ambre, lui faisant promettre de se taire. Au début, ne pouvant rejeter totalement son éducation, Ambre avait été choquée qu'un loup-garou puisse être accepté dans une école aussi prestigieuse que Poudlard. Mais à force de patience et d'arguments, Lily avait convaincu son amie.

Enfin, Peter Pettigrow – dit Queudver, dit le Suiveur – était celui que Lily ignorait. Il n'était pas méchant, c'était un suiveur. D'où le surnom d'ailleurs. Il n'avait pas vraiment de personnalité, ayant trop peur d'être rejeté par les trois autres s'il émettait la moindre réflexion désobligeante. Et Lily trouvait ça débile. Mais ne leur parlant jamais, elle ne faisait aucun commentaire. Enfin, si, en fait, elle en faisait tout le temps, des commentaires. Désobligeants pour la plupart.

Cette joyeuse bande que formait les quatre adolescents était appelée les Maraudeurs par le tout Poudlard. Rares étaient les jeunes filles qui ne résistaient pas au charme de Suffisant ou Discret. Mais le pire était le fan club d'Arrogant. Du rarement vu. Le fan club de Suiveur était beaucoup moins plein, mais il était quand même notable. Le seul garçon qui pouvait faire de l'ombre aux Maraudeurs – surtout à Arrogant en fait – était Amos Diggory, stéréotype même du Poufsouffle de base : travailleur, loyal et gentil comme tout. Il était en Septième Année et était ami avec les Maraudeurs. C'était étonnant d'ailleurs, puisqu'ils auraient pu être opposés justement. Mais Lily, au fond, s'en moquait. Sauf évidemment quand Amos lui parlait du dernier coup des Maraudeurs.

« LILY ! » entendit-elle hurler. « Lily ! »

La porte s'ouvrit dans un grand fracas.

« Lily… » continua la voix d'une voix doucereuse.

Lily soupira. Ça allait être sa fête.

« Ma petite Lils… Tu ne voudrais pas aller te… Balader ? Tout cet après-midi ? Faire du shopping ! Pour changer tes affreuses tenues noires. Ou aller sur… Comment appelles-tu ça ? Chemin de Perverse ? »

Lily la pétrifia du regard. Décidément, le coup du hibou ne l'avait pas si traumatisée que ça.

« Si ça avait été le Chemin de Perverse, Pétunia, je n'y serais jamais allée, je te vois trop souvent à la maison. »

Le sourire doucereux de Pétunia s'effaça, remplacé par un regard colérique et un rictus mauvais.

« Ecoute, le Monstre… Vernon va venir à la maison. Je vais le présenter à papa et maman. Mais je ne veux pas, tu entends, je ne veux pas qu'il te voie ! Je ne veux pas qu'il sache que j'ai une… Une… Quelqu'un comme toi pour sœur ! »

Malgré la douleur que Lily ressentait à cause des mots de sa sœur, elle trouva le courage d'éclater d'un rire sans joie.

« Tu n'oses même pas dire le mot ! Sorcière !! Pourtant, tu m'appelais comme ça lorsque nous étions petites et que nous nous disputions ! Tu n'oses plus me traiter de Sorcière ? Tu as peur, Pétunia ! Tu as peur de moi ! Je ne suis plus la gamine sans défense que tu pouvais berner en quelques mots, en quelques menaces ! Je ne suis plus l'enfant terrifiée par sa grande sœur parce qu'elle menaçait de mentir à sa mère ! Maintenant, les rôles sont inversés ! Je pourrais même si je le voulais te jeter un sort ou une malédiction qui t'en ferais voir de belles ! »

Pétunia recula de quelques pas, effrayée.

« Mais tu sais ce qui me retient ? Ce n'est pas le courroux de la Société Magique, ce n'est pas le malheur de papa et maman s'il arrivait quelque chose à leur " petite Pétunia chérie ", ce n'est pas ta vengeance, c'est le fait que je te ressemblerais et que je ne vaudrais pas mieux que toi. Et crois-moi, rien que ça, ça arrête mon geste. »

« Je vaux mille fois mieux que toi ! »

« Mais oui Pétunia, mais ouiiii… Tu vas aller prendre tes petites pilules, aller te plaindre à papa et maman du comportement ignoble que je viens d'avoir envers toi, et faire du charme à ton Vernon chéri. Tu sais quoi ? J'hésite sincèrement entre partir pour ne pas voir la tronche du pauvre type qui s'est amouraché de toi, et rester rien que pour le plaisir de te foutre mal à l'aise… Entre les deux, mon cœur balance… » dit la Sorcière d'un ton tranquille.

« Si tu restes, Lily, je te promets que l'enfer paraîtra être un camp de vacances pour gamins de quatre ans par rapport à ce que je te ferais vivre. »

Là, Lily éclata de rire franchement.

« Des menaces ? Non, là sincèrement, tu attises mon désir de rester, chère sœur. Il va en falloir beaucoup plus pour m'effrayer. »

« Tu veux que j'envoie un hibou à… Comment s'appelle-t-il déjà ? Potée ? Potty ? Potter ? Oui, c'est ça Potter ! En lui disant que… Je ne sais pas moi… Tu l'aimes ? »

« Tu ne le feras pas. »

« Tu veux parier ? »

« Tu n'oses même pas t'approcher d'un hibou. »

« Tu ne sais pas jusqu'où je peux aller pour toi… »

Lily lui lança un regard noir. Elle savait que Pétunia n'oserait pas s'approcher d'un hibou – encore moins de Patapouf, la grosse chouette de Lily – mais il ne fallait pas tenter le diable. Malheureusement, Pétunia était une jeune femme pleine de ressources. Et si elle ne se risquerait pas à approcher Patapouf, elle trouverait un moyen pour faire parvenir la lettre jusqu'à Potter. Et ça elle ne le voulait pas. Mais elle ne voulait pas que la victoire soit trop facile pour Pétunia. Elle tenait sa vengeance. Elle savait qu'elle éclaterait en sanglots lorsque la pression serait retombée, elle savait qu'elle ne passerait pas l'après-midi chez elle mais qu'elle traînerait dans la rue. Mais elle savait aussi qu'elle rentrerait beaucoup plus tôt rien que pour mettre sa sœur mal à l'aise. La haine entre deux sœur était quelque chose de rare, mais de puissant. Et la haine qui unissait Lily et Pétunia Evans était quelque chose de rare mais de très puissant. C'était ça qui faisait leur faiblesse, mais c'était cela aussi qui faisait leur force. Parfois, du moins…


Electre Daray se jeta sur son lit.

" Salut Ambre !

Rassure-toi, Pétunia a fait un bond de quatre mètres et a hurlé comme une harpie lorsqu'elle a vu Crash se crasher (c'est le cas de le dire) sur le réfrigérateur (tu sais le gros objet qui maintient les aliments au froid chez les Moldus.). Elle te honnis je crois. Contente ?

Pour Electre, ce n'est pas grave, t'inquiète ! Je suis habituée maintenant. Ce qui m'embête, c'est que je ne lui ai rien fait, je ne comprends pas pourquoi elle ne m'aime pas…

Evidemment que j'ai dévoré le livre d'Enchantements ! C'est vrai que le programme a l'air génial ! Vivement que je puisse les expérimenter ! Argfh ! Je suis impatiente !

Je n'ai reçu aucune lettre de Suffisant. Et je ne vois pas pourquoi Arrogant, Discret ou même Suiveur m'auraient écrit. Tu devais être énervée lorsque tu m'as envoyé cette lettre… Pôv' Ambrounette !

J'espère bien que ça tient toujours pour le Poudlard Express ! J'ai vraiment hâte de te revoir !

Gros bisous,

Lily "

« Gros bisous, Lily ! » minauda Electre, rageuse. « Sale garce ! »

Non seulement cette Sang-de-Bourbe existait, mais en plus elle vivait encore ! Pas encore tuée ? Grr ! Les Mangemorts faisaient mal leur travail ! Non pas qu'elle détestât les enfants moldus, à dire vrai, ils l'indifféraient totalement. Elle les aimait presque pour ce que leur espèce avait fait à Esther, sa mère. Un Moldu ivre l'avait renversée. Elle n'avait que dix ans, mais elle n'aimait déjà pas du tout sa mère. Electre la trouvait faible, soumise, sans personnalité, ingrate, nulle. Incapable. Même pas une Sorcière de haut niveau ! Comme quoi on pouvait avoir le sang pur et être une bien piètre Sorcière.

Et l'existence de cette Evans ne lui plaisait pas du tout, et lui faisait sérieusement repenser à la question.

Cette petite gourde ne comprenait pas pourquoi elle ne l'aimait pas ! Elle ne comprenait pas ! Heureusement qu'elle n'était pas à Serdaigle ! Et elle représentait dignement les Gryffondor : si Evans était la meilleure de la classe, Electre avait peine à imaginer quel était le quotient intellectuel de l'élève le plus mauvais de Gryffondor. Sa haine contre Evans coulait de source pourtant : elle osait approcher Ambre.

Malgré ses regards noirs, ses menaces, ses sorts, ses coups bas et même les coups qui étaient permis, l'amitié qui liait Evans et sa sœur avait subsistée, énervant la jumelle d'avantage. Quelle sale petite garce !

Electre froissa la lettre. Elle avait interrompu Crash alors qu'il allait apporter la réponse d'Evans à sa sœur. Elle faisait souvent ça, sans que sa jumelle le sache. Et le pire de tout était qu'Electre était blessée dans son amour-propre, vexée, et profondément déçue par l'attitude de sa sœur. " Pour Electre, ce n'est pas grave, t'inquiète ! " Evans n'avait pas pu sortir cette phrase au pif histoire de faire remarquer à Ambre qu'elle-même avait été désagréable. Evans s'y était fait depuis longtemps. Non. Ce qui voulait dire qu'Ambre elle-même s'était plainte. Et ça, elle ne le supportait pas. Comment pouvait-elle être aussi ingrate ? Tout ce qu'Electre faisait, elle le faisait pour sa sœur, pour elle ! TOUT ! Intégralement ! Sa vie ne tournait qu'autour d'Ambre. Elle savait que ce n'était pas vraiment normal d'être comme ça avec quelqu'un, mais Ambre était sa jumelle. Elle avait souffert. Elle avait besoin d'elle pour tenir et être équilibrée. Sinon, Electre savait que sa sœur aller péter une durite. Elle l'avait déjà fait auparavant. Une fois. Electre avait eu la peur de sa vie. Et elle ne voulait plus que ça recommence. Elle protègerait Ambre. Personne ne l'approcherait, personne ne lui ferait du mal. Foi de Daray, Ambre ne souffrirait plus. Jamais.

Toujours autant en colère, Electre s'efforça de défroisser le papier, puisqu'elle ne pouvait utiliser la magie. Foutue loi de merde ! Les personnes puissantes devraient pouvoir utiliser la magie en-dehors de Poudlard. Elles savent se contrôler.

« Oreur ! Viens ici ! »

L'elfe arriva le plus vite qu'il put, le dos courbé, un regard effrayé. Electre lui tendit la feuille avec un regard méprisant. Elle détestait ces créatures. Les Elfes pouvaient écouter les conversations, et ça l'agaçait. Heureusement, elle avait depuis longtemps montré à Oreur qui était le maître dans cette maison.

« Tu sais ce que tu as à faire. »

L'elfe hocha la tête et utilisa sa magie pour défroisser la lettre et la replier telle qu'Electre l'avait trouvée. La créature lui rendit la lettre, les yeux toujours baisser.

« Tenez Maîtresse. »

« Tu tiendras ta langue, n'est-ce pas Oreur ? Parce que je te jure que si Ambre l'apprend, d'une façon ou d'une autre, tu récupéreras tous les vêtements de la garde robe d'Esther ! Est-ce clair, Oreur ? »

L'elfe s'était mis à trembler. Il ne voulait pas être libre, c'était la pire des choses qui pouvait lui arriver, et Electre le savait.

« Qu'attends-tu ? Une sucrerie ? Va-t-en ! Je ne veux plus te voir ! »

Et l'elfe disparut. Electre soupira, et attacha la lettre à la patte de Crash.

« Toi aussi la ferme. » menaça-t-elle. « J'ai toujours rêvé de goûter au hibou grillé… »

L'oiseau s'envola, mais Electre était certaine qu'il avait compris ce qu'elle avait voulu dire.

Et la journée ne faisait que commencer…


Dumbledore était soucieux. Une ride inquiétante demeurait sur son front. La situation politique devenait de plus en plus critique. Le Ministre aurait dû prendre la menace Voldemort au sérieux dès le début. Peut-être que tout ça aurait pu être évité. Il bouillait de rage. Pourquoi lui, si respecté de la communauté magique, n'était-il pas pris au sérieux lorsqu'il donnait des conseils ? S'il n'avait pas autant détesté la politique, il se serait présenté aux élections. Mais au fond, il ne voulait pas abandonner son Poudlard adoré.

Cependant, la situation restait grave. Polka n'avait pratiquement plus d'autorité, la plupart des Mangemorts faisaient partie du Conseil du Ministre. Il restait un peu d'espoir, certes, mais pas assez.

La guerre éclatait de tous les côtés. Voldemort faisait de plus en plus d'adeptes, qui le suivaient plus par peur que par conviction. Il y avait encore Andromaque Potter, qui pouvait les aider. Peut-être aussi Harry, son mari, qui était tout aussi puissant. Et quelques autres grands Sorciers, mais peu d'entre eux étaient encore en vie, ou simplement du bon côté de la barrière.

Dumbledore eut un sourire ironique. Il restait persuadé qu'il n'y avait pas de bon ou de mauvais côté. Qu'il y avait juste un choix. Le bien et le mal n'étaient que des notions.

Mais il se refit rapidement sérieux. Il n'y avait pas matière à plaisanter pour le moment. Il fallait faire semblant d'être confiant, sûr, de ne pas faiblir. Il savait qu'il était un pilier des plus importants dans la société magique. S'il disparaissait… Tout serait peut-être fini. Il fallait monter une armée. Il fallait faire des élèves des Aurors plutôt que des Mangemorts. Il fallait prendre le risque de les croire tous futurs Aurors ou Sorciers Guerriers que futurs Mangemorts.

Il avait appelé à lui le plus de personnes qu'il jugeait capables de faire de ses élèves des Sorciers. Plus des petits magiciens, non. De vrais Sorciers. Il n'aimait pas faire ça. Il détestait, même. Au fond, c'était un peu les manipuler… Mais il n'avait pas le choix. Il ne l'avait plus.

Dumbledore soupira. Si on l'avait écouté ! Et dire que tout cela aurait pu être évité. Dumbledore entendit un chant. Il releva les yeux, et aperçu Fumseck, son Phœnix. Et sa décision fut prise.

Il fallait protéger les dernières personnes prêtes à se dresser contre Voldemort. Il fallait les mettre en lieux sûrs. Les Potter utiliseraient le sortilège Fidelitas, il le savait. Les Londubat aussi. Le vieux Fletcher irait se cacher quelque part en famille. Il restait le jeune Maugrey. Un nouvel Auror très prometteur. Lui oserait aussi se dresser contre Voldemort. Il écrivit une lettre, qu'il multiplia plusieurs fois, et les accrocha aux pattes de Fumseck.

Le Phœnix savait ce qu'il avait à faire. Après un regard, l'oiseau s'envola, laissant son maître seul dans son bureau.

Mais contre toute attente, le directeur ne se sentait pas vraiment mieux. Tout dépendrait de la réponse qu'il recevrait.

Certains auraient peur, certains hésiteraient, certains refuseraient, mais d'autres n'auront ni peur, ni hésitation, et accepteront pour sauver le futur de leurs enfants.

Mais ce n'était pas suffisant.

Accoudé au rebord de la fenêtre, regardant Fumseck s'envoler dans le coucher du soleil, vers les maisons des Sorciers qui pourraient sauver l'avenir ; pour la première fois de sa vie, Albus Dumbledore douta du résultat final.

Fin du chapitre 1

MAJ le 30/12/2004