Harry Potter et un nouveau destin

1 – Réflexions profondes

Harry se trouvait avec ses amis dans leur compartiment dans le Poudlard Express. Ils avaient quitté la célèbre école de sorcellerie trois jours après l'enterrement de leur défunt directeur. Les trois amis avaient pris la décision de ne pas revenir l'année prochaine car ils avaient une mission à accomplir. Trouver les horcruxes afin de détruire Voldemort, le plus puissant mage noir de tous les temps.

Depuis cette funeste nuit, Harry avait dû prendre des décisions difficiles. Il s'était séparé à contre cœur de la sœur de son meilleur ami, et il réfléchissait encore aux moyens de convaincre ses amis de ne pas le suivre dans cette périlleuse aventure. La perte de son mentor lui avait ouvert les yeux sur ce qu'était sa vie depuis qu'il avait appris qu'il était un sorcier. Depuis ses onze ans, il avait dû lutter pour survivre à la folie de son ennemi. Il avait vécu des aventures qui l'avaient entraîné plus d'une fois près d'une mort certaine. Et cette année, son mentor était tombé aussi. Il avait déjà tant perdu. En repensant à toutes les morts qui jalonnaient sa vie, il avait envie de pleurer. Il maudissait sa destinée. Il avait perdu ses parents, son parrain, Cédric Diggory, et maintenant, Albus Dumbledore. Combien encore d'autres morts viendront s'allonger à cette liste, déjà si longue ? Il ne voulait pas perdre ses amis. Il avait déjà trop de morts sur la conscience. Il devait trouver un moyen de mettre ses amis en sécurité. Et la meilleure manière était d'agir comme il l'avait fait avec Ginny Weasley. Il savait qu'il l'avait blessé, mais il avait agi dans son intérêt. Il souffrait lui aussi de cette séparation, mais elle était nécessaire. Et maintenant, ils étaient tous les trois, silencieux, parlant peu. Hermione leur avait annoncé qu'elle comptait parler à ses parents et les protéger en les envoyant loin de l'Angleterre. Quant à Ron, il n'avait rien dit. Ce qui semblait assez mystérieux pour les deux amis. Habituellement, il avait toujours un bon mot pour réconforter ses amis, mais depuis l'enterrement, le jeune sorcier était assez taciturne. Et un silence pesant régnait désormais entre les trois amis.

Dans un autre compartiment, une jeune fille rousse ressassait sans cesse dans sa tête les propos de son petit ami. Il l'avait quitté pour sauver le monde. Même si elle le comprenait, elle en était déchirée. Quand celui-ci avait décidé de rompre, elle avait crânement joué les femmes compréhensives. Et depuis lors, elle évitait tout contact avec son ex petit ami car elle craignait que ses bonnes résolutions ne s'envolent si elle le voyait avant les vacances. Pour tenir le coup, elle repensait souvent aux bons moments qu'ils avaient passé ensemble. Elle avait l'impression que ceux-ci faisaient plus partie de ses fantasmes que de la réalité. Et sa meilleure amie tentait de la réconforter. Mais Ginny aurait mieux aimé se trouver dans le compartiment du Trio. La jeune sorcière était entourée de Luna Lovegood et de Neville Londubat qui ne souhaitaient pas l'abandonner seule à son chagrin. Elle ne disait pas un mot, laissant ses amis parler pour elle. Les sujets de conversations n'étaient pas forcément joyeux car ils revenaient sans cesse sur la mort de l'ancien directeur. Et sur le devenir du trio.

- Dis Luna, n'as-tu pas une idée de ce que compte faire Harry, Ron et Hermione ?

- Je ne sais pas, répondit la jeune serdaigle. Mais si j'étais à leur place, je partirais en voyage pour trouver un moyen de vaincre l'autre.

A l'entente du prénom du sorcier qu'elle aimait, Ginny sentit monter en elle une nouvelle volée de larmes qu'elle se dépêcha de contenir. Elle en avait assez de se sentir brisée à cause de son noble héros.

- Excusez-moi, je sors, dit-elle en se levant péniblement de sa place.

Sans un regard, elle sortit et se dirigea vers l'avant du train. Elle ne voulait pas passer devant le compartiment où elle le verrait forcément. Elle leva une fenêtre et s'accouda au rebord pour contempler le paysage qui défilait à toute vitesse. Elle n'avait qu'une seule hâte, se retrouver dans sa chambre, et s'y enfermer afin de ne plus parler à personne. Les rares élèves qui s'attardaient dans le couloir n'osèrent pas interrompre la contemplation de la jeune sorcière. Tout le monde savait que Harry Potter avait rompu avec elle. Mais tout le monde se posait des questions sur les causes de cette rupture. Et les spéculations allaient bon train. Cependant, tout le monde était d'accord pour s'accorder sur le fait que la mort de l'ancien directeur en était la principale raison, et par extension, que cela avait un rapport avec Voldemort.

Quand le train arriva en gare, Harry et ses amis se dépêchèrent de descendre rapidement. Ils virent plusieurs aurors présents. Ils traversèrent l'arche magique qui les ramena sur le quai neuf trois-quarts. Ils se mêlèrent à la foule jusqu'à trouver leurs familles respectives. Les Weasley et les Granger se tenaient côte à côte, tandis que les Dursley, la famille adoptive de Harry, était légèrement à l'écart. En voyant les trois familles, le jeune sorcier ne put s'empêcher d'être troublé par le contraste frappant qu'offrait le tableau. Les Weasley affichaient une mine désabusée. Les Granger étaient tout souriant à l'idée de retrouver leur fille unique. Et les Dursley …. Les Dursley jetaient des regards autour d'eux comme s'ils craignaient d'être reconnus. Harry arrêta ses deux amis.

- Je préfère que l'on si dise au revoir ici. Je ne veux pas obliger ma … famille a être désagréable.

- Dis plutôt que tu n'as pas envie d'entendre mes parents te donner des conseils de prudence maintenant que Dumbledore n'est plus là, devina Ron.

Par moment, le cadet Weasley avait une assez bonne intuition sur les désirs de son ami.

- Harry, de toute façon, nous nous reverrons durant les vacances, assura Hermione. Tu es invité au mariage de Fleur et de Billy. Et je suis sûr que l'ordre fera tout pour que tu viennes en toute sécurité. N'oublies pas que …

- Je sais Hermione. Dès que j'aurais dix-sept ans, la protection de ma mère ne me protégera plus. Et donc je ne pourrais plus considérer le foyer de mon oncle et de ma tante comme ma maison, lieu où réside le sang de ma mère. Bon, allez c'est pas tout ça, allons-y.

Et il les serra contre lui avant de se diriger vers sa famille. Il se retint de chercher du regard celle qui faisait battre son cœur. Il aurait aimé voir une dernière fois le visage de Ginny pour lui faire comprendre à quel point il était désolé. Il passa brièvement devant les deux familles de ses amis et les salua d'un hochement de tête. Puis, de lui-même, il prit la sortie pour se retrouver au dehors. Sa famille n'avait rien dit, heureuse de ne pas avoir été aperçue avec des gens si … anormaux.

Le trajet jusque chez les Dursley se fit dans le plus grand silence. Si l'on peut qualifier de silence quand il fallait supporter le flot incessant de paroles de l'oncle Vernon sur le marché des perceuses et des scies, et des futurs projets qu'il envisageait. Et la tante Pétunia qui approuvait sans comprendre un traite mot. Cependant, ce qui étonna Harry fut le comportement de son cousin. D'habitude, celui-ci s'amusait à se moquer de lui ou de ses amis. Mais aujourd'hui, il ne pipa pas un mot. Il le regardait comme s'il se souciait de lui. Cette impression mit mal à l'aise le jeune sorcier. Quand ils se garèrent dans l'allée de la maison, Harry prit ses affaires et monta dans sa chambre pour s'y enfermer. Il se sentait exténué. Il s'allongea sur son lit et ferma les yeux. Il s'endormit habillé. Et pour une fois, il n'eut pas de rêves. Mais il ressentit au fond de lui une euphorie malsaine qui ne le quitta pas. Et son esprit refusa de se réveiller pour chasser ce sentiment.

Quand Harry se leva le lendemain, il était nauséeux. Il n'avait rien oublié de l'euphorie qui l'avait perturbé dans son sommeil. Il savait que son ennemi était heureux. Il n'avait pas besoin de pénétrer l'esprit de celui-ci pour en connaître la raison. Maintenant que Albus Dumbledore était mort, il avait désormais la voie libre pour entreprendre ces noirs projets. Et parmi ceux-ci, Harry savait que sa mort y figurait en tête de liste. Il passa ses mains derrière la tête et fixa le plafond. Au bout d'un moment, il entendit frapper la porte. Son cousin lui proposait de descendre avec lui pour prendre le petit déjeuner. Le jeune sorcier s'abstint de répondre, et Dudley n'insista pas. Et Harry reprit sa contemplation du plafond malgré une faim croissante.

Au Terrier, Ginny s'était aussi enfermée dans sa chambre. Dès qu'elle était arrivée, elle s'était précipitée dans sa chambre, l'avait fermé avec un sort et avait enfin pu exprimer sa douleur. Elle avait passé la nuit à pleurer toutes les larmes de son corps. Ron avait bien entendu expliqué la situation à sa famille en leur cachant évidemment les raisons qui avaient poussé Harry à agir de la sorte. Mais personne n'avait été dupe. Et Mme Weasley était certaine que Ron lui cachait d'autres faits tout aussi importants. Le soir même, elle s'en était ouverte à son mari. Arthur en était arrivé aux mêmes conclusions que sa femme. Molly décida donc de surveiller son dernier fils et était bien déterminée à le faire parler. Cependant, dès le lendemain, les membres de l'Ordre du Phénix étaient apparus. Ils avaient décidé que le Terrier deviendrait leur nouveau quartier général. Puisque leur gardien du secret était mort, ils devaient changer d'endroit. Et Severus Rogue, le traître, connaissait le lieu de leur rendez-vous. Les membres supposaient que celui-ci avait dû en informer son maître. Après ce constat navrant, les conversations tournaient sur les moyens de sauver Harry avant le jour fatidique de son anniversaire. Les membres s'accordaient sur le fait que les mangemorts attendraient ce jour pour s'en prendre à Harry. La famille Weasley participait au conciliabule vu qu'elle se sentait concerné.

Seule Ginny ne prenait pas part aux conversations, seule dans sa chambre, somnolant sur son amour perdu. Elle aurait tellement voulu être plus forte. Elle aurait tellement voulu être dans la confidence du trio pour comprendre. Ce qui lui faisait vraiment mal était qu'elle savait qu'elle n'avait pas toutes les réponses à l'inverse de son frère et de Hermione. Elle leur en voulait presque autant qu'à Harry. Et elle passa cette journée, seule, sans descendre. Et elle s'endormit fort tard tant elle ruminait. La tristesse avait fait place à la colère, puis à la résignation.

De son côté, Harry songeait. Il avait dormi une partie de la journée, et s'entraînait tout seul à fermer son esprit. Il n'avait pas envie de ressentir l'euphorie de son ennemi. Il pensait à de vains arguments pour convaincre ses amis de ne pas venir avec lui. Et il songeait aussi à l'Ordre qui devait réfléchir à un moyen de le faire partir de chez sa famille en toute sécurité. Mais il connaissait suffisamment Voldemort pour savoir que toutes leurs vaines tentatives finiraient tôt ou tard par un affrontement. Et il risquait encore d'y avoir des victimes. Quand il y pensait, la nausée lui montait de l'estomac. Quel serait le membre de l'ordre qui tomberait sous les sorts de son ennemi ? Dans ces moments, il se sentait si faible. Si impuissant. Si seulement la prophétie avait pu révéler le pouvoir qui lui permettrait de vaincre Voldemort. Et indubitablement, il revenait vers la réponse de son défunt mentor. L'Amour ! La force de l'Amour. Comme si cette simple réponse avait suffit à le sauver lui. Il avait vu Drago hésité. Mais Rogue n'avait pas hésité. Ah, l'allié fidèle ! En pensant à lui, une nouvelle bouffée de colère s'empara de lui. C'était la cinquième de cette longue journée. Il avait envie de tout casser dans sa chambre. Mais il se retint à grand peine une nouvelle fois. Il préféra penser à autre chose. Mais à chaque fois, les mêmes interrogations revenaient. Il se trouvait au sein d'un cercle vicieux, et il avait peur de perdre la raison à force. Il finit par s'endormir très tard. Le lendemain, le mois de juillet commencerait.

Au milieu de la nuit, deux grands hiboux blancs s'envolèrent. Ils portaient de lourds paquets. Ils partirent dans deux directions différentes. L'un se dirigea vers Privet Drive et se posa sur le rebord de la fenêtre de Harry en attendant le réveil du jeune sorcier. Le second partit en direction du Terrier et se posa sur le rebord de la fenêtre de Ginny. Les deux hiboux s'endormirent en attendant de délivrer leurs paquets.