Chapitre 1 : Le mystère Hermione Granger

La bataille faisait rage, les sorts fusaient. Tout n'était que cris et douleur. Et au milieu de tout ca Hermione bataillait pour garder la vie sauve. Elle avait perdu Harry du regard après l'épisode de la Cabane Hurlante. Elle avait vu Snape mourir, tué par Voldemort. La jeune fille cherchait frénétiquement Ron et Harry et elle priait silencieusement pour qu'ils ne soient pas morts.

Elle ne vit pas le sort qui fusait droit sur elle et elle ne put que crier quand de larges entailles apparurent sur son corps. Au dessus d'elle se dressait la silhouette d'un Mangemort. Pendant deux longues minutes elle perdit toutes notions cohérentes, criant sous la puissance du Doloris. Ses ongles griffaient convulsivement la terre du parc. La douleur prit fin quand le Mangemort tomba lui même sous un sort. Elle rencontra un regard, un sourire, puis la bataille reprit son court.

Elle se releva, trébuchant et manquant de tomber. Elle se sentit propulsée par une autre personne et constata avec effroi que c'était le corps d'une élève que la mort venait d'emporter. Elle traina le corps de sa camarade dans un endroit reculé du champs de bataille. D'une main tremblante elle lui ferma les yeux. Son regard fut attiré par le médaillon qui brillait sur la poitrine désormais inerte. C'était une montre à gousset dorée. Elle semblait vieille, sans doute un héritage pensa Hermione. Elle retourna le bijoux entre ses mains, constatant qu'une inscription y était finement gravée. Ses doigts passèrent sur les ciselures alors qu'elle murmurait :

-L'espoir est la clé

Pour changer ce qui est fait

Du présent au passé

Et du passé au présent

Elle ne vit pas les aiguilles de la montre qui tournaient de plus en plus vite et personne ne fit attention au halo de lumière qui entoura la jeune fille.

Elle était allongée sur l'herbe humide, la nuit avait prit possession du parc de Poudlard mais ce qui choqua le plus Hermione fut le silence qui régnait. Un silence étrange, où donc étaient les combattants? Elle tenta de se relever mais la tête lui tourna. Elle était désorientée. Lentement elle se remit debout, chaque geste lui arrachant un gémissement de douleur. Elle tenta d'évaluer l'ampleur de ses blessures mais la nuit la gênait. Se saisissant de sa baguette elle commença une lente progression vers le château.

Il n'y avait personne quand elle franchit les portes gardant l'entrée, toutefois des murmures provenaient de la Grande Salle et elle se résolu à s'y diriger. La jeune fille posa une main tremblante sur la poignée, s'attendant à découvrir de nombreux blessés. Elle ne voulait pas penser aux nombreux morts qu'elle avait vu jusque là. Tout ces étudiants et professeurs qui avaient donné leurs vies pour une cause noble. Ces gens qu'elle connaissait de près ou de loin. Elle priait ardemment pour que ni Ron ni Harry ne fassent partis des morts. Elle ne supporterait pas de perdre ceux qui s'étaient révélés être une partie d'elle. A trois ils avaient franchis tous les obstacles, gagnant batailles après batailles contre les Ténèbres. Harry devait réussir, il ne pouvait en être autrement. Prenant une inspiration soudaine, elle se résolut à pousser la porte.

Toutes les conversations cessèrent aussitôt quand elle franchit le seuil de la Grande Salle. Une myriade des paires d'yeux étaient fixés sur elle. Des élèves attablés, dégustant un festin, des professeurs tout au bout de la pièce qui s'étaient déjà levés en la voyant. Et la haute et majestueuse silhouette d'Albus Dumbledore qui dominait les autres.

Son esprit logique tenta d'évaluer les faits sans y parvenir. Elle était perdue, couverte de sang et de terre, gravement blessée. Sa baguette toujours pointée vers l'avant. Ses jambes tremblèrent et manquèrent de se dérober sous elle. Était-elle morte? Elle ne pouvait pas comprendre. L'impossible se trouvait face à elle. Et pourtant au milieu de ce chaos d'émotions, au milieu de la bataille qui se jouait dans son esprit, une seule chose la gardait alerte. Dumbledore qui avançait maintenant vers elle. Il était comme un phare au milieu de la tempête, un repère qu'elle ne croyait plus jamais voir. Elle pleurait maintenant, elle exprimait par ses larmes son incompréhension, sa peur et sa douleur. Hermione se jeta dans les bras de Dumbledore quand il fut assez proche d'elle. Sa baguette roula au sol et les bras du vieil homme se refermèrent sur elle. Elle n'entendit pas quand il ordonna qu'on aille chercher Mrs Pomfresh. Pas plus qu'elle ne sut comment elle se retrouva allongée sur un lit de l'infirmerie. Elle but sans protester le flacon de Potion de Sommeil sans Rêve, peut être ainsi y verrait elle plus clair?

Quand le Directeur passa les portes de la Grande Salle, faisant léviter devant lui la jeune fille, les conversations reprirent aussitôt. Et toutes portaient sur le même sujet : cette inconnue qui venait de troubler le banquet de début d'année. Il n'était pas habituel de voir débarquer quelqu'un couvert de sang, visiblement blessé et qui se raccrochait à Dumbledore comme à une bouée. A la table des Gryffondors, les suppositions allaient bon train, émises notamment par un groupe de quatre jeunes gens qui penchés les uns sur les autres avaient l'air de conspirateurs. Et bientôt le petit groupe prit la décision d'en savoir le plus possible sur cette étrangère pour le moins intrigante.

Mrs Pomfresh était la dévouée infirmière de l'école de Sorcellerie de Poudlard. Tout au long de sa carrière elle avait soigné de nombreux rhumes et autres maladies, pansé des blessures dues au Quidditch. Rien que des choses bien anodines. Toutefois elle aimait prendre soin de ces enfants, elle était aussi une oreille attentive pour les déboires de nombreux adolescents. Alors quand elle constata l'ampleur des blessures de sa jeune patiente et leur gravité, son seul sentiment fut la révolte. Comment une telle enfant avait-elle pu subir un sort comme le sien. Son inquiétude était réelle et sa colère non feinte quand elle fit son rapport au Directeur. Elle serait les poings, ses yeux trahissaient sa fatigue et sa peau pâle l'énergie qu'elle avait déployée pour soigner sa patiente. Celle -ci reposait maintenant dans un lit, elle semblait paisible, innocente.

-Alors Pompom? S'enquit le Directeur.

-Elle a subi des sorts de découpe, le Doloris aussi...et...

-Oui?

-Elle présente des signes de tortures assez récents. Elle n'est pas en bon état. Qui a bien put lui faire cela monsieur le Directeur?

-Je l'ignore Pompom, je l'ignore...quand elle se réveillera envoyer la à mon bureau s'il vous plait.

-Bien sur.

Dumbledore resta un instant au chevet de la jeune fille. Il la contemplait d'un air méditatif tout en caressant sa longue barbe distraitement.

C'est une Hermione courbatue qui se réveilla le lendemain aux première heures du jour. Son sommeil sans rêve avait été bénéfique, elle s'étira, grimaçant toutefois quand une décharge de douleur vint vriller son épaule. Elle tourna vivement la tête quand elle constata que Mrs Pomfresh s'avançait vers elle l'air soucieux.

-Mrs Pomfreh, merci de m'avoir soigné! S'exclama t-elle.

L'infirmerie sembla troublée et marqua un temps d'arrêt. Temps qui fut nécessaire à Hermione pour rassembler ses idées. Elle écarquilla les yeux et émis un son inarticulé quand la scène de la veille lui revint en mémoire. Dumbledore en vie, les élèves au banquet, la bataille. Tout était confus.

-Je...je dois voir le professeur Dumbledore, mumrmura t-elle pour elle même.

Et sans prendre le temps d'écouter l'infirmière elle se rua hors de l'infirmerie. Elle trouva sans mal la gargouille qui gardait l'entrée du lieu. Son esprit était en ébullition, tentant de comprendre ce qui avait pu se passer. Elle rejoua les événements, la mort de Snape, la bataille et le Mangemort. Puis elle avait mis à l'écart le corps d'une élève. Le médaillon! Elle avait lu l'inscription qui y était gravée, pensant à une simple dédicace. Et puis elle s'était réveillée à Poudlard, mais un Poudlard qu'elle ne connaissait pas. Est ce qu'il était possible que...? Non! La perspective lui sembla tellement horrifiante, cela ne s'était jamais vu, il n'y avait pas de moyen de faire ce qu'elle venait d'effectuer sans le vouloir. Et pourtant, raison est de constater que ce qui n'aurait pas du être était bien là. Tout à ses pensées, elle ne remarqua pas qu'elle faisait les cent pas devant l'entrée du bureau.

-Vous avez besoin d'aide Miss?

Elle se retourna pour faire face au professeur McGonagall, surprise de voir une version un peu plus jeune de son professeur de Métamorphose elle balbutia:

-Euh je ...je ne connais pas le mot de passe.

Son professeur lui fit un sourire indulgent et prononça le mot de passe, invitant Hermione à la suivre.

La jeune fille était nerveuse tandis que la gargouille tournait lentement, les menant au bureau du Directeur. Ses joues se colorèrent d'un rouge soutenu quand elle remarqua qu'elle était toujours vêtue d'une blouse appartenant sans doute à l'infirmière. Elle suivit son professeur lorsqu'elle pénétra dans le bureau.

Dumbledore était là, faisant les cent pas, peut être l'attendait-il? Quelques parchemins étaient empilés sur le bureau, et de nombreux objets hétéroclites ornaient les étagères. Sur la gauche Fumsek était perché. Il paraissait quelque peu rabougri, sans doute était il près d'achever un cycle. Harry lui avait raconté une fois avoir vu le phénix s'embraser sous ses yeux. Le vieil homme se tourna vers elle, ses yeux bleus pétillants derrière ses lunettes en demi lunes. Elle observa attentivement, il semblait plus jeune que le Dumbledore qu'elle connaissait. Son visage était moins marqué par la vie, moins soucieux aussi. Elle frissonna quand l'image d'une tombe blanche s'imposa à son esprit et ses yeux se remplirent de larmes. Elle secoua la tête pour chasser cette pensée et essaya tant bien que mal de reprendre contenance. Elle entendit une porte se fermer et conclu que sa professeur de métamorphose était partie.

-J'espère que vous vous portez mieux Miss...?

-Granger, Hermione Granger se présenta t-elle.

Un silence s'établit et fut rompu quelques minutes plus tard par Dumbledore. Elle accepta avec joie le thé qu'il lui offrit. Elle ferma les yeux à la première gorgée de la boisson, savourant la chaleur du breuvage. Elle reposa sa tasse mais garda les mains autour, comme pour se raccrocher à un semblant de concret.

La théorie avait prit forme tout à l'heure, mais pourtant elle n'osait y croire. Prenant son courage à deux mains elle prit la parole d'une voix teintée de nervosité:

-En quelle date sommes nous professeur?

Le directeur fronça les sourcils mais lui répondit néanmoins qu'aujourd'hui était le 2 septembre 1977. Elle ferma les yeux tandis que ses doigts se crispèrent autour de la porcelaine. Entendre que ses conclusions s'étaient avérées justes n'était pas toujours gratifiant.

-Je suis née le 19 septembre 1979.

Dumbledore resta impassible mais un mouvement de ses sourcils lui fit part de l'étonnement du directeur. Il se triturait la barbe, plongé dans de profondes réflexions.

-Comment...

-Je crois que c'est un objet magique qui m'a envoyé ici, une montre...il y avait une inscription et...

Elle était totalement désespérée et leva un regard emplis de doutes vers son interlocuteur. Il eut un sourire et but une gorgée de thé avant de reprendre la parole.

-Ce qui est fait est fait Miss Granger ne vous en voulez pas. D'où venaient toutes vos blessures?

-Les Mangemorts, c'est la guerre là bas.

Elle ne pensait pas remettre en cause le futur, son présent en réalité en révélant ce fait. Il était de notoriété que les temps était déjà terriblement sombres à l'époque où elle se trouvait.

-Ainsi donc les temps sombres demeurent, murmura t-il.

Elle fut émue de le voir si inquiet pour son époque, comme si la mégalomanie de Voldemort était de sa faute. Cet homme supportait tant déjà. Mue par son instinct elle avança sa main vers lui et recouvrit la main parcheminée de Dumbledore.

-Ayez confiance, les choses s'arrangeront. Il y avait tant d'espoir dans sa propre voix. Elle avait foi en Harry, il réussirait, il était l'Elu.

Dumbledore sembla revenir à des considérations plus basiques et après un regard de gratitude il continua la discussion sur un ton plus léger.

-Quel âge avez vous Miss Granger?

-Dix sept ans professeur, je suis à Gryffondor, ajouta t-elle.

-Bien, bien, peut être pourriez vous joindre aux élèves de cette année, en attendant que l'on trouve une solution à votre ...petit problème.

Elle acquiesça, puis se plaqua une main sur la bouche. Elle venait de réaliser qu'elle allait se trouver avec de nombreuses personnes qu'elle connaissait dans le futur dont un certain groupe plus connu sous le nom de Maraudeurs. Elle expliqua sa prise de conscience à Dumbledore qui lui demanda de rester le plus discrète possible sur sa véritable origine et sur le futur. Il ne fallait surtout pas bouleverser le cours du temps et cela Hermione en était plus que consciente.

Tous les élèves l'ayant vu débarquer dans un état pitoyable, il fut conclu qu'elle s'en tiendrait dans la mesure du possible à la vérité. Ainsi donc elle était une jeune sorcière d'ascendance moldue qui avait auparavant étudié dans une autre école de Sorcellerie. Une attaque de Mangemort avait dévasté sa famille pendant l'été et elle avait trouvé refuge à Poudlard.

Elle était nerveuse quand elle franchit une nouvelle fois les portes de la Grande Salle à la suite de Dumbledore. De nombreux murmures se firent entendre sur son passage mais elle garda la tête haute, le regard fixé sur un point invisible face à elle. Elle comprenait que trop bien ce qu'Harry avait pu ressentir lors de leur cinquième année, quand il était discrédité aux yeux de la société et qu'il était cible de nombreux ragots.

Elle n'entendit pas le discours qu'adressa le Directeur aux autres élèves, perdue dans ses pensées. Elle ne revint à la réalité que quand Dumbledore posa une main bienveillante sur son épaule, lui indiquant de rejoindre la table des rouge et or. Elle pressa pas, trop consciente des regards qui lui vrillaient le dos. Néanmoins les Gryffondors lui réservèrent un accueil chaleureux et elle en fut soulagée. Elle s'installa sans vraiment faire attention et crut avoir une crise cardiaque quand elle releva la tête pour tomber sur le double de Harry.

Elle porta la main à son coeur sous le choc. La ressemblance entre le père et le fils était incroyable. Les mêmes cheveux noirs en bataille, la même carrure. James Potter avait un petit sourire en coin qui lui donnait l'air espiègle et charmeur. Ses yeux noisettes étaient encadrés de lunettes rondes à fine monture métallique.

A sa droite se tenait la jeune Lily Evans qu'Hermione reconnu sans peine pour l'avoir vue en photo dans l'album d'Harry. Ils partageaient tous deux des yeux verts en amandes et ceux de Lily brillaient de joie. Une épaisse chevelure rousse encadrait son visage mutin. Elle était très belle, tout en finesse. Ils lui sourirent tous deux et se présentant comme les Préfets de Gryffondor. Elle leur rendit leurs sourires, trop émue pour émettre autre chose que des balbutiements. Sa gorge se serra d'autant plus quand elle constata qu'à se côtés se tenaient aussi les versions jeunes du professeur Lupin et de Sirius Black. Ce dernier était resplendissant de beauté et de charme. Elle songea avec amertume qu'Azkaban avait laissé bien des stigmates sur ce jeune homme. Son ventre se tordit alors qu'elle réalisait le futur funeste qui s'ouvrait à eux. Bientôt la joie et insouciance qu'elle lisait sur leurs visages ne seraient plus.

Comme par automatisme ses yeux se portèrent sur Peter Pettigrow. Le jeune homme était rondouillard et son regard bleu portait à la sympathie. Tout en lui évoquait la joie de vivre et la bonhommie. Il n'était pas difficile de voir pourquoi ce groupe de garçons étaient amis. Ce qu'elle ne s'expliquait pas c'était la trahison d'une amitié longue de presque dix ans, le passage au côté sombre. Quelle force l'avait attiré vers Voldemort? Elle frémit avant de reprendre possession de ses moyens. Elle sentait sur elle les regards curieux du groupe, et se dit qu'il serait bien de paraître civilisée.

-Je m'appelle Hermione Granger, se présenta t-elle.

C'était pour le moins lamentable, mais au moins elle avait le mérite d'avoir engager la conversation.

-Et bien Hermione, voici Sirius Black, Remus Lupin et Peter Pettigrow, énonça la jeune fille tout en désignant ses amis.

Elle leur adressa un pâle sourire.

-J'imagine que tu vas venir dans notre dortoir?

-Oui, je vais suivre les mêmes cours que vous aussi. Peut être pourrais tu me faire visiter Poudlard ?

-Sans problème, tu verras cette école est merveilleuse.

Elle leur fut reconnaissante de ne pas poser de question sur son arrivée d'hier et sur son état. Et pourtant elle était sure que leurs esprits bouillonnaient de curiosité. Elle les suivit le longs des couloirs de l'école tandis qu'ils se rendaient en sortilèges. D'un geste elle vérifia que sa baguette se trouvait bien dans sa manche. C'était une habitude qu'ils avaient pris avec Harry et Ron, le fin bâton de bois était fixé à leur poignet, libérable d'un simple mouvement de main, prêt à attaquer et à se défendre.

Elle remarqua avec amusement que James et Lily se tenaient par la main, ainsi donc ils étaient déjà ensembles. Elle eut un sourire, une pensée pour Harry.

-C'est le couple de Poudlard, murmura la voix chaude de Lupin à son oreille, il lui court après depuis longtemps, finit il avec un petit sourire.

-Ils vont très bien ensemble, dit elle en s'asseyant à ses côtés.

En face d'elle se tenait le Professeur Flitwick, égal à lui même. Ils passèrent l'heure à effectuer divers sortilèges, et elle les réussit tous avec une facilité déconcertante sous les yeux admiratifs du petit professeur. Les cours lui avaient manqué durant leur chasse aux Horcruxes. Dumbledore lui avait procuré des livres et uniformes ainsi que tout ce qui aurait pu lui être nécessaire. Elle avait récupéré les livres pour les cours d'aujourd'hui, le reste ayant été transporté dans son dortoir.

La journée se déroula relativement bien, les chuchotis étaient toujours présents sur son passage mais elle essayait de passer outre. La compagnie de Lily et des Maraudeurs était plaisante et elle était curieuse de découvrir leur jeunesse. Ils marchaient dans les couloirs, se dirigeant vers la Tour des Gryffondors, elle écoutait les discussions de ses camarades et souriait à leurs plaisanteries.

-James ce soir il faut faire la blague que nous avions prévu, dit Sirius avec un air malicieux puis se tournant vers Hermione il ajouta, ton entrée spectaculaire d'hier nous a détourné de nos méfaits.

Une certaine tension sembla tomber sur le petit groupe. Lily posa une main chaude et rassurante sur l'avant bras d'Hermione avant de prendre la parole:

-Il t'es arrivé quelque chose de grave n'est ce pas?

Elle les contempla un instant, elle avait confiance en Remus et Sirius pour les avoir connu, elle sentait qu'elle pouvait en faire de même pour les autres et puis il ne servait à rien de cacher ce qui semblait évident.

-Ma famille et moi avons été attaqué par les Mangemorts, j'ai réussi à m'enfuir alors je suis venue ici.

La réaction ne se fit pas attendre. Lily plaqua la main sur sa bouche pour s'empêcher de crier, les yeux agrandis par la stupeur. Les garçons semblèrent tout autant choqués. Il y eut un instant de flottement avant qu'elle ne leur adresse un petit sourire et qu'ils continuent leur chemin. Ils s'engouffrèrent dans la salle commune et la jeune fille resta un moment interdite avant de soupirer d'aise. L'endroit était le même, tout aussi chaleureux, elle se sentait chez elle. Elle s'affala sans grâce dans un sofa, épuisée par toutes les révélations de la journée, Lily s'installa près d'elle et les garçons prirent place dans des fauteuils.

-Et ta famille...que sont ils devenus?

-Ils sont morts.

Lily resserra sa main autour de celle d'Hermione. Il n'était pas difficile pour elle de feindre la tristesse, elle avait vu de nombreux mort la veille lors de la bataille. Sa tristesse et sa douleur étaient réelles. Elle se perdit dans ses pensées tandis que se nouveaux amis la regardaient avec compassion.

Ils s'étaient bien doutés qu'elle avait vécu quelque chose de difficile quand ils l'avaient vu ensanglantée la veille. Mais savoir que cela était l'oeuvre de Mangemorts était dérangeant. La terreur qui existait depuis quelques temps prenait plus d'ampleur et de réalité.

La progression de Lord Voldemort s'était faite sans trop qu'ils s'en aperçoivent. Et maintenant il faisait régner un climat de terreur dans le monde sorcier. Quelques élèves de leur connaissance avait déjà perdu un membre de leurs familles et de nouveaux faits apparaissaient chaque jours dans la Gazette.

Ils étaient redescendus une heure plus tard pour le diner, celui ci s'était fait dans une ambiance morose. Les garçons avaient ensuite laissés les filles pour préparer leur blague, subissant au passage les remarques mécontentes de Lily. Elle et Hermione était remontées au dortoir où la jeune fille avait rangé ses quelques possessions. Elles avaient fait le devoir demandé par Flitwick et étaient restées au coin du feu, discutant entre elles:

-Tu vas voir, tu vas très vite t'habituer à Poudlard, avait dit Lily enjouée, c'est un endroit magnifique, tout est tellement magique.

Hermione sourit tout en enlevant les peluches sur le tapis d'un geste négligeant.

-Au fait où étudiais tu avant?

-Oh, euh j'étais dans une autre école que Poudlard, elle n'est pas très connue. Mes parents n'ont jamais bien compris le monde de la Magie et avaient peur de m'envoyer ici, mais finalement j'ai bien été obligée d'avoir un enseignement magique.

-Cela devait être une bonne école, tu sembles douée.

Hermione eut la bonne grâce de rougir mais son sourire parlait pour elle.

-J'aime beaucoup étudier. J'ai hâte d'aller faire un tour dans la bibliothèque.

Lily bailla et lui proposa de monter se coucher. Elle accepta et toutes deux s'engouffrèrent dans les escaliers.

La bataille faisait rage, elle cherchait Harry et Ron priant pour qu'il ne leur soit rien arrivé. Elle fut projetée au sol par un sortilège, elle voyait le Mangemort au dessus d'elle qui riait et elle criait. Il maintint son Doloris, elle hurlait, griffant le sol avec ses ongles, se convulsant de douleur. Il n'existait rien d'autre que son corps en proie au supplice.

Elle hurlait de douleur et de peur alors qu'une voix essayait de la faire revenir à la réalité. Elle ouvrit brusquement les yeux, effrayée, quelques larmes coulaient le long de ses joues sans qu'elle ne s'en aperçoive. Au dessus d'elle se tenait Lily, visiblement inquiète à en croire l'expression de son visage. Du coin de l'oeil elle remarqua les autres filles du dortoir qui la regardaient curieusement. Elle était désorientée et la douce voix de Lily la ramena à la réalité.

-Tout va bien Hermione, c'était un cauchemar, tout va bien.

Hermione se redressa, entourant de ses bras ses jambes qu'elle avait ramené vers elle. Des larmes s'échappaient encore de ses yeux noisettes. Elle était sur de ressentir encore les vagues de douleur si caractéristiques du sort impardonnable. Et pourtant elles n'étaient que des douleurs fantômes. Elle sentit une sueur froide couler le long de sa nuque. Lily s'était assise a bord du lit et avait laissé sa main sur son épaule.

-Je suis désolée, je vous ai réveillé.

-Non, t'en fais pas, tout vas bien, ok?

Elle hocha la tête peu rassurée. La peur de se rendormir la tenaillant. Quelle expérience allait elle revivre? Elle n'avait pas prit le temps d'y repenser, les événements s'étaient enchainés trop rapidement, mais il y avait beaucoup de douleur dans son passé récent. La torture de Bellatrix était l'une d'elle et elle ne voulait certainement pas revivre ce qui s'était passé au Manoir. Elle avait mal rien que d'y repenser.

Hermione ne dormi presque pas du reste de la nuit. Elle ne faisait que se retourner dans son lit, se recroquevillant sur elle même dans une vaine tentative pour se protéger. C'est épuisée qu'elle se leva le lendemain. De larges cernes bordaient ses yeux, ses cheveux étaient plus ébouriffés que d'habitude et elle sentait une grande lassitude dans tout son corps.

-Eh bien tu as une tête à faire peur.

La plaisanterie de Sirius tomba à plat puisqu'elle ne l'entendit qu'à peine. Celui ci étouffa un cri lorsque le pied de Lily vint rencontrer douloureusement son tibia. Elle articula muettement quelque chose et il comprit qu'il valait mieux qu'il se taise.

-Tu as passé une mauvaise nuit, s'enquit Remus.

Elle releva la tête vers lui. Il était tellement touchant, le même qu'elle connaissait.

-Oui je suis désolée, je ne dois pas être de très bonne compagnie.

Elle fit une tentative de sourire qui ne dupa personne et replongea dans sa tasse de thé. Elle fit le reste de la journée un effort pour paraître civilisée envers les garçons. Heureusement Lily était là et celle-ci la soutenait, ayant été témoin de sa nuit.

-Peut être devrais tu aller demander une potion ou quelque chose à Mrs Pomfresh?

-Non, je ...ca ne réglerait le problème que pour un temps. Je ne peux pas passer toute ma vie sous l'emprise de potions.

-Il y a beaucoup de choses qui te tourmentent? Demanda la jeune rousse à voix basse pour ne pas attirer l'attention des garçons.

-Beaucoup plus que tu ne le penses, soupira doucement Hermione.

Elle ne pensait pas que Lily l'ai entendu, pourtant celle ci fronça les sourcils.

-Ca ne fait pas longtemps que l'on se connait mais je suis là si tu as envie d'en parler.

-Merci Lily, peut être...un jour.

Cette nuit là Hermione posa un sort de silence sur son lit, ne voulant pas réveiller ses camarades si un autre cauchemar venait hanter son sommeil. Et elle fit bien car elle se réveilla comme la nuit dernière, tremblante et en sueur.

Elle passa le lendemain matin dans un brouillard complet, répondant par monosyllabes aux interrogations de ses nouveaux amis. Ce n'est que quand les cours démarrèrent qu'elle reprit contact avec la réalité. C'était le premier cours de Potions et elle eut un instant l'angoisse de se retrouver face au Professeur Snape, quand elle réalisa qu'elle allait effectivement le voir mais en temps qu'élève. Sa curiosité en fut tout éveillée et elle le chercha du regard à peine entrée dans la salle. Il était au premier rang. Elle se plaça dans la rangée d'à côté, remorquant Lily avec elle.

Il était penché sur son livre, semblant annoter à même son livre. Leur sixième année lui revint en mémoire, le livre du Prince et ses sorts inventés. Elle ne distinguait de son profil que son nez et ses longs cheveux noirs tombant devant ses yeux.

-C'était mon meilleur ami, chuchota Lily qui avait suivit le regard d'Hermione.

-Quoi?

Dire qu'elle était choquée était un euphémisme. Elle avisa la jeune rousse en face d'elle, la dévisageant d'une manière peu polie. La jeune fille poussa un soupir de résignation et lui murmura qu'elle lui expliquerait plus tard.

Le professeur Slughorn apparut, un air jovial sur le visage et son ventre bedonnant en avant. Hermione suivit le cours distraitement mais n'en réalisa pas moins une potion parfaite. Toute son attention était tournée vers la révélation de sa nouvelle camarade et ses yeux revenaient souvent vers Snape. Elle détaillait ce jeune homme qui deviendrait un homme aigrie et partial. Un homme complexe qui était loyal à Dumbledore et à l'Ordre. Elle l'avait comprit quand elle l'avait vu mourir, tué par Nagini. Elle se souvenait parfaitement de son professeur, agonisant, se raccrochant aux yeux d'Harry. Aux yeux d'Harry, aux yeux de Lily. La révélation la frappa de plein fouet, était il possible que …? Elle attendait maintenant avec impatience sa conversation avec Lily.

Les filles étaient installées sur leurs lits respectifs. Elles avaient laissé les garçons dans la salle commune, préparant sans doute un mauvais coup. Hermione s'entendait assez bien avec le groupe des Maraudeurs mais elle ne pouvait s'empêcher d'avoir un pincement au coeur quand elle se trouvait en leur présence. Néanmoins elle était contente de découvrir les parents d'Harry ainsi que les versions jeunes de Remus et Sirius. Elle ne pouvait qu'essayer d'établir un comparatif entre son meilleur ami et son père. Harry tenait de lui son impulsivité, à moins que ce ne soit une caractéristique Gryffondor. Toutefois il était plus mature que le petit groupe, mais cela était sans doute dues aux nombreuses épreuves qu'ils avaient traversé. Elle aussi, se dit elle avec raison devait parfois ressembler à une vieille femme. Harry à la différence de son père n'était pas conscient de son charme ce qui le rendait encore plus adorable. C'était dans cette modestie et sa bonté qu'elle retrouvait Lily, et dans ses yeux bien sur.

Hermione contemplait Lily, attendant que celle ci veuille commencer son récit. Il était plus facile de se confier quand l'interlocuteur ne pressait pas l'autre de question. C'est pourquoi son regard était porté sur un point invisible derrière Lily. Elle entendit une grande inspiration, signe que sa nouvelle amis prenait son courage à deux mains.

-Severus et moi étions voisins et c'est lui qui m'a annoncé que j'étais une sorcière.

Hermione hocha la tête, l'invitant à poursuivre.

-Alors nous sommes devenus amis, nous passions tout notre temps ensemble, elle semblait replonger dans d'heureux souvenirs tandis qu'elle parlait, mais quand nous sommes arrivés à Poudlard, il a été envoyé à Serpentard et moi Gryffondor. Pourtant nous avons continué à être amis. C'est d'ailleurs pourquoi j'ai longtemps été fâchée contre James et les autres. Ils prenaient Severus pour leur souffre douleur...

Les yeux d'Hermione s'élargirent à cette information. Elle savait par Harry que les relations entre le groupe et l'homme étaient tendues, et elle avait pu le constater à de nombreuses reprises au sein de l'Ordre. Mais en savoir la cause exacte était différent. Elle sentit une colère sourde enfler en elle, une colère contre la cruauté dont pouvait parfois faire preuve des enfants. Elle même en avait vécu, toujours mise à part des autres, trop intellectuelle, plongée dans ses livres...s'il n'y avait pas eu ce troll en première année elle n'aurait sans doute jamais été amie avec Harry et Ron. Mais cette méchanceté d'enfant avait continué et le professeur Snape n'avait apparemment pas passé une bonne scolarité. Elle immergea de ses pensées alors que Lily continuait son récit.

-Je le défendais souvent mais une fois, en cinquième année j'ai pris sa défense une fois de trop. Depuis quelques temps nous nous disputions, il...il est attiré par la Magie Noire et je n'aime pas ses amis...trop sombres...trop...

-Mangemorts, proposa Hermione sachant qu'elle était dans le vrai.

Lily hocha la tête, visiblement mal à l'aise. Elle paraissait partagée entre l'envie de se confier et celle de ne pas blesser Hermione en lui rappelant ses récents mauvais souvenirs. Mais celle ci ne s'en formalisa pas et d'un geste l'invita à poursuivre.

-Il m'a traité de Sang de Bourbe. Elle baissa la tête. Visiblement l'insulte lui pesait encore. Il s'est excusé ensuite mais...je crois que quelque chose s'est brisé à ce moment. Et puis je suis sortie avec James. Cela a achevé de nous séparer.

-Et tu le regrettes ?

C'était plus une affirmation qu'une question. Hermione avait vu toute la gamme d'émotions qui s'était jouée sur le visage de Lily. Elle n'osait imaginer si son amitié avec les garçons était mise à mal par une insulte. Et la réponse de Lily s'était clairement lue dans son regard quand elle avait relevé la tête vers elle.

-J'ai deux meilleurs amis moi aussi, je te comprend.

C'était la première fois qu'elle racontait des bribes de sa vie. Elle avait jusque là eut peur de faire une erreur, révéler quelque chose qui appartenait au futur. Mais à ce moment elle sentait que Lily avait besoin de sincérité, et même si celle la n'était pas complète, elle avait fait du mieux qu'elle pouvait pour réconforter Lily. Et puis elle s'était rendue compte que cela lui avait fait du bien. Il y avait tellement de choses qui occupaient son esprit.

Elles avaient passé une longue partie de la soirée à se raconter leurs vies, Hermione triant les informations qu'elles pouvaient transmettre. Cela ne l'empêcha de faire un nouveau cauchemar, et elle se réveilla encore une fois sous le regard inquiet de Lily, elle avait oublié de jeter un sort de silence. Constatant qu'elle ne se rendormirait pas, elle enfila une veste avant de descendre dans la salle commune, emportant un livre au passage.

Quelques braises rougeoyaient encore, créant une lumière diffuse dans la pièce chaleureuse. Elle s'installa confortablement dans un fauteuil et commença sa lecture. Elle en était à un passage particulièrement intéressant sur les sorts défensifs de haut niveau lorsque le tableau de La Grosse Dame pivota. Instinctivement elle se retourna et brandie sa baguette face à quatre visages stupéfaits.

-Her...Hermione, pourrais tu baisser ta baguette ? Demanda James.

-Désolée, c'était un réflexe. Elle leur adressa un sourire contrit.

-Mais enfin sur qui croyais tu tomber?

Elle ne répondit pas, la réponse sembla évidente. Ils auraient pu être un ennemi potentiel. La menace plana un instant au dessus d'eux dans un silence inconfortable. Hermione retourna s'asseoir, ramenant ses jambes sous elle.

-Vous ne devriez pas sortir ainsi.

-Allons c'est Poudlard, on ne risque rien. Déclara Sirius.

Hermione réprima une remarque acide. Si seulement il savait. Elle ne comprenait pas comment les élèves pouvait ignorer ainsi ce qui se tramait à l'extérieur. Ce n'était que les prémices de l'horreur. Bientôt viendraient des temps plus que sombres.

Les garçons la regardaient alors qu'elle était plongée dans ses souvenirs. Ils se doutaient bien qu'elle n'avait pas une vie des plus heureuse, son regard parfois se perdait dans les méandres de la douleur, les ombres de son passé. Elle paraissait si forte et si faible à la fois. Ils se souvenaient tous de son arrivée catastrophique, et bien que ce sujet soit tabou, il n'en éveillait pas moins les curiosités. Par Merlin, cette fille avait semble t-il échappé aux Mangemorts. Les rumeurs les plus folles couraient sur son compte dans Poudlard.

Remus plus observateur que les autres avait vu ses mains trembler, effet secondaire du Doloris, il l'avait lu dans un livre. Quand il avait vu cette main fine grelottante en saisissant un simple couvert, il avait eu un frisson en pensant à la dose de sort qu'elle avait du recevoir. Et l'instant d'après elle avait tourné un visage souriant vers lui, un sourire sincère et plein de joie. Et Remus en avait été dérouté. Il savait que les autres se posaient des questions sur Hermione, mais il rechignait à participer à cette quête du savoir. Son instinct lui soufflait qu'il ne valait pas mieux mettre le nez dans cette histoire. Il y avait autour de la jeune fille une telle aura de mystère et un certain trouble. Des cadavres dans le placard.

Lily lui avait dit qu'elle faisait des cauchemars. Qu'elle avait crié si fort, que la Préfète s'était demandé un instant si cela était un rêve ou la réalité. Elle lui avait dit combien Hermione avait eu l'air de souffrir, et quand elle l'avait réveillé elle avait eu peur de ce qu'elle avait lu dans le regard de sa nouvelle amie. Par la suite elle l'avait plus ou moins veillé et c'est quand elle l'avait vu se tordant dans ses draps et hurlant silencieusement qu'elle avait compris : un sort de silence pour ne pas perturber les autres, pour cacher l'horreur et l'angoisse.

Oui, bien des mystères entouraient Hermione Granger.