Titre : Masque de beauté
Auteur : ylg/malurette
Base : La Guerre des Sambre – Werner et Charlotte
Personnages : Jeanne-Sophie de Sambre, Charlotte
Genre : de gen à angst
Gradation : PG / K-plus
Légalité : propriété d'Yslaire, je ne cherche ni à tirer profit ni à manquer de respect.

Thème : « le poids du masque » d'après 6variations
Continuité/Spoil éventuel : cycle de Werner et Charlotte
Nombre de mots :

oOo

Jeanne-Sophie, Comtesse de Sambre, étale chaque matin – chaque midi plutôt, en tout cas quand elle réunit d'assez d'énergie après ses longues nuits pour se lever – une épaisse couche de blanc uniforme sur son visage. Elle imagine prendre ainsi soin de sa peau, en tout cas de son apparence.
Elle n'a pas le temps de prendre souci du fait que ce plâtrage l'étouffe en fait. C'est ce qu'elle recherche, après tout. Les apparences et les plaisirs immédiats sont bien plus importants que le moindre futur incertain. Elle est bien placée pour savoir combien la Cour est versatile, tolère certains excès et en réprouve d'autres sans rime ni raison.
Elle choisit donc les règles auxquelles elle se plie ou non. Celles des apparences rejoignent ses envies.

Combien d'efforts déploie-t-elle ainsi pour cacher le poids des ans, pour paraître plus jeune que son âge ! Elle voudrait ainsi pouvoir faire oublier sa fille, avec sa peau fraîche mais gâchée, constellée de taches de rousseur qui conviendraient peut-être à une fillette de la cambrousse mais certes pas à une jeune dame de la bonne société.
Elle voudrait passer pour sa sœur, aînée certes, mais pas tellement plus âgée. Âge, ah, c'est le mot à faire oublier ! comme elle oublie l'âge qu'elle avait à la naissance de Charlotte et tout ce qui l'a entourée de scandales et de douleurs associées. L'âge des erreurs que Charlotte atteint et dont il faudrait la garder, quelle dure responsabilité quand Jeanne-Sophie voudrait pouvoir continuer à vivre seulement sa propre vie sans aucune garde…

Mais si elle ne peut plus la cacher dans un couvent et qu'elle est bien obligée de la garder près d'elle, autant la prendre comme faire-valoir ? Ça pourrait même tourner à son avantage : à côté des airs de sauvageonne de Charlotte, Jeanne-Sophie rayonne d'autant plus en affichant un masque de porcelaine, une image de perfection sous laquelle elle espère dissimuler les souillures de son visage et de son âme… Elle ignore délibérément combien elle les renforce à chaque nouvelle couche qu'elle ajoute. Ce qu'elle ne réalise pas, c'est à quel point elle s'empoisonne avec et ce qu'elle risque réellement le jour où le masque qu'elle se compose finira par craquer et révéler toutes les rides amères et les stigmates de sa vie dissolue accumulés dessous, quel prix il lui faudra payer cette longue illusion et tous les péchés de sa famille.