Auteur : Maeglin Súrion

Disclaimer : Le Disque-Monde, son océan et son Créateur sont la propriété de Terry Pratchett.

Note : Après un trèèèès long moment sans écrire, je profite de la 76e Nuit du FoF (un jeu d'écriture du Forum Francophone : un thème (ici, océan), une idée, une fic, une heure) pour m'y remettre doucement. J'en profite également pour m'essayer à ce fandom que j'adore.

J'espère que ce court OS va vous plaire.


Spleen océanique

Tous les jours, la dense lumière du soleil se répand sur le Disque, ce monde majoritairement plan, circulaire, hissé sur le dos de quatre éléphants immenses, eux-mêmes juchés sur la carapace d'une tortue interstellaire, la grande A'Tuin.

Un drôle de monde, en effet, où la lumière rampe paresseusement à la surface au lieu d'en inonder chaque recoin. Elle a raison, la lumière. Pourquoi se presser ? De toute manière, l'obscurité y est déjà.

Elle n'est pas la seule, à s'étaler sur tout le Disque. L'océan aussi. Il l'entoure, même, et déborde partout pour perdre des milliards de trillions de molécules d'eau dans l'espace noir et glacial. Quand même, ce n'est pas marrant.

Tout ce qui marche sur la terre ferme s'obstine à vouloir aussi flotter sur l'eau, dans de gros tas de bois mal ajustés. Ils viennent, flottent un peu, s'approchent du bord juste pour voir, tombent de l'autre côté, et à qui la faute ? A l'océan. C'est lui qui entraîne les navires vers le vide. L'océan en avait franchement marre. Ce n'était quand même pas de sa faute si le Disque avait été créé disque, justement. Il aurait pu penser à mettre un rebord au lieu d'un simple bord. Et puis qu'est-ce qu'ils avaient besoin d'être curieux, les Marcheurs de Terre ?

L'eau est peut-être puissante, mais la gravité la mène quand même par le bout de la molécule. L'océan n'y est pour rien, d'où la gravité décide d'emmener son eau. Mais c'est toujours sur lui que ça retombe. Ça en devient pénible, à la fin !

Et le vent, alors ? C'est encore lui qui fait les vagues, non ? Il s'acharne à lui tirer la surface et à la déformer pour retourner les radeaux et autres flotteurs des Marcheurs de Terre et souffle encore plus fort et plus aigu pour se moquer. C'est à n'en plus pouvoir. Si l'océan avait des oreilles, elles abriteraient un acouphène des plus difficile à vivre. Bon, il n'avait pas d'oreilles, mais s'il en avait, il y en aurait un. Et un balèze.

C'était quand même un monde de ne pas avoir la paix. Une mer d'huile, sans une ride, pas un souffle d'air… Le rêve. Ce satané vent s'était fait une véritable carrière à le tourmenter.

Et pour peu qu'il tombât, l'océan n'était calme pour autant… Même si cela n'est pas perceptible à la majorité des passagers du Disque, la tortue bouge. Tout le temps. Elle produit une légère houle même lorsqu'il n'y a pas de vent. Et, parfois, à la faveur d'une météorite bien placée, un petit raz-de-marée.

Vraiment, océan, ce n'était pas une vie. Il aurait pu le faire mieux que ça.

Le Créateur, assit en tailleur sur son nuage, jetait un regard morne à la surface bleue ridée qui dansait mollement loin en dessous de lui. Qu'est-ce qu'il pouvait être assommant, cet océan. Tout ça à cause d'une pauvre petite goutte de spleen en mal d'aventure qui s'était échappée de sa fiole.

Pensif, il réajusta sa position sur le coussin vaporeux et laissa tomber une minuscule bille d'imagination. Voilà qui ne lui fera pas de mal, à cet océan.


Ça ne doit pas être facile, d'être un océan. De disque. Un océan de disque.

Je dirais pour ma défense que cet OS dégoulinant de spleen a été écrit après une nuit blanche. Comment ça, ça ne compte pas ?

J'espère en tout cas qu'il vous a plu !

Merci à celles et ceux qui laisseraient des reviews.

Maeglin