Damon Salvatore était assis depuis des heures sur le fauteuil où son frère avait l'habitude d'écrire. Il avait à la main son habituel verre de bourbon, et dans sa tête défilaient les images de son enfance, de leur enfance. Cette enfance passée avec son confident, son ami : son frère. Cette enfance où tout était plus simple. Un sourire avait inconsciemment étiré les lèvres du vampire à ces souvenirs. Mais, sa mémoire continuait de lui rejouer leur vie et son sourire devint amer. Il soupira. Leur vie avait basculé à la seconde où Katherine Pierce avait posé le pied devant la pension des Salvatore. Elle avait séduit les jeunes frères, les avait manipulé et séparé : les amis de toujours étaient devenus ennemis. Ils étaient tous deux amoureux de la même femme, qui elle n'aimait que le cadet des Salvatore.
Boulversé par ses souvenirs, Damon fut pris d'un excès de rage et lança son verre qui éclata contre le mur, retombant en une pluie de cristal. Il était en colère. En colère, pas tant parce que Katherine ne l'aimait pas, mais parce qu'elle lui avait enlevé la seule personne qui comptait vraiment à ses yeux. Cependant, il n'admettrait jamais cela à quiconque (c'est à peine s'il se l'admettait lui-même).Non, il ne pouvait divulguer une telle information. Il n'était plus à présent ce jeune homme plein de vie, il n'était plus qu'un vampire sanguinaire et insensible (du moins, c'est ce qu'il aimait à penser).
C'est pour cela que, quand Stefan passerait la porte, son grand frère lui lancerait une énième plaisanterie désobligeante sur son régime alimentaire ou sur son habituelle mauvaise humeur, en l'appelant Stef (uniquement car Damon sait que ce dernier a cela en horreur). Il s'en suivrait alors probablement une énième dispute aux répliques acerbes et haineuses. Oui, entre eux régnée la haine. Toutefois, comme on le dit souvent, entre l'amour et la haine il n'y a qu'un pas. Il ne devrait pas falloir énormément de temps pour dépasser une si mince frontière.
Cela tombait à pic, les frères Salvatore avaient l'éternité devant eux.
