Bonjour à tous !

Voici ma deuxième fanfiction. J'ai mis du temps à la poster... Il faut dire que j'en ai commencé trois autres que je n'arrive pas à finir ! Mais celle-ci m'inspire bien, alors j'ai décidé de poster le premier chapitre. Le deuxième est bien avancé. Dites-moi ce que vous en pensez jusqu'ici...

Enjoy !

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Assise dans le large fauteuil de cuir vert, Kate ferma les yeux un instant. La question que le docteur Walsh venait de lui poser résonnait douloureusement en elle, la ramenant à l'époque du meurtre de sa mère : « Pourquoi vous sentez-vous coupable ? »

Elle prit une profonde inspiration puis rouvrit ses paupières. Le psychologue mandaté par ses supérieurs après la tentative d'assassinat au cimetière, événement jugé extrêmement traumatisant, la regardait. Il avait un air calme dont il ne semblait jamais se départir. Kate enviait la sérénité qui émanait de cet homme, alors qu'au même moment son esprit était envahi par une foule de sentiments contradictoires. Elle se dit qu'il devait avoir subi un certain nombre d'épreuves pour arriver à respecter comme il le faisait le silence de ses patients. Ou peut-être était-il tout simplement un excellent psychologue.

- C'est juste que... personne n'est censé mourir à un enterrement.

Le son de sa propre voix la surprit ; elle était faible, presque timide.

- Mais vous n'êtes pas morte.

- C'est passé si près.

- Et vous vous en voulez ?

Elle bougea sur son siège, se sentant à nouveau submergée par le flot d'émotions qui ne la quittaient plus depuis son réveil à l'hôpital, un mois auparavant.

- Oui... Non...

Elle soupira profondément.

- Le capitaine Montgommery est...

Une pause.

- … était quelqu'un d'important pour moi et on m'a empêchée de lui rendre l'hommage qu'il méritait.

Une larme roula sur sa joue.

- Alors c'est ça, détective Beckett ? C'est le fait d'avoir manqué cette étape importante du deuil qui provoque en vous aujourd'hui un tel mal-être ? Qui voulez-vous tromper, Kate ?

Elle releva la tête, interloquée.

- Que voulez-vous dire ?

Le docteur Walsh se pencha vers elle doucement. Il appuya ses avant-bras sur ses genoux et croisa ses mains.

- Détective Beckett, vous n'êtes pas ma première patiente. Cela fait quarante ans que je pratique. J'ai vu des centaines de personnes pendant toutes ces années et je peux vous assurer que vous, ma chère, n'êtes pas de celles qui s'effondrent aussi facilement. Que me cachez-vous, Kate ?

Elle le fixait, bouche bée. Puis elle ferma la bouche et déglutit difficilement. Cet homme lisait en elle comme dans un livre ouvert. Et pour la première fois de sa vie, le fait que quelqu'un puisse déceler les faiblesses en elle ne l'effrayait pas. La lumière tamisée du bureau lui conférait une atmosphère intimiste qui l'aidait à se confier.

Le docteur reprit la parole.

- Vous n'avez rien à craindre, Kate. Je suis lié par le secret professionnel, vous le savez.

Elle acquiesça doucement.

- Il m'a trahie. Je ne peux pas vous donner les détails de l'affaire, mais l'homme qui était mon mentor m'a trahie.

Elle étouffa un sanglot.

- Et même si je sais qu'il a tout fait pour rembourser sa dette, aujourd'hui je me sens...

- Fragile ? intervint le docteur Walsh pour aider Kate que les larmes avaient empêchée de poursuivre.

Elle acquiesça rapidement et se saisit d'un mouchoir.

Son interlocuteur se leva de son siège et lui sourit.

- Nous avons bien avancé aujourd'hui. Je vous laisse fixer la prochaine séance avec ma secrétaire.

Kate finit de sécher ses larmes et prit congé.

oOoOoOo

Castle était occupé à jouer sur son portable quand Kate sortit du cabinet. Elle roula les yeux en le voyant.

- Qu'est-ce que vous faites ici, Castle ?

Il leva la tête vers elle et sourit. Son air ravi s'effaça un peu lorsqu'il remarqua ses yeux rougis. Il se ressaisit rapidement, se pencha et retira de sous sa siège un gobelet de café.

- Je passais dans le coin par hasard et je me suis dit qu'un café vous ferait le plus grand bien après... ça.

Un léger sourire, à peine perceptible, apparut sur les lèvres de Kate. Castle le remarque ; il aimait particulièrement ces sourires furtifs.

Elle prit le gobelet qu'il lui tendait et en but une gorgée alors qu'ils empruntaient le couloir qui menait à l'extérieur du bâtiment. Ses sentiments envers Castle étaient compliqués ces derniers temps - plus qu'en temps normal, en tous cas. Quand il était là, elle ne le supportait pas et voulait qu'il s'en aille, mais quand il n'était pas à ses côtés, une sensation de vide et d'abandon l'envahissait.

Ils marchèrent un instant en silence. Castle luttait manifestement pour ne pas parler, mais il ne parvint pas à tenir bien longtemps.

- Alors, comment ça s'est passé ?

Elle prit un air détaché.

- Oh, vous savez ce que c'est, les psychologues. Vous parlez, ils vous écoutent et on se revoit à la prochaine séance.

Elle savait qu'elle ne rendait pas justice au docteur Walsh en disant cela, mais elle ne voulait pas parler de ce qui se passait vraiment dans le cabinet.

Pas ici.

Pas maintenant.

Et surtout pas avec lui.

Elle savait que Castle faisait partie de l'imbroglio phénoménal qui se jouait en elle ces temps-ci. Sans en être la pièce centrale, il y tenait une bonne place.

Elle savait aussi que le sujet serait abordé chez le psychologue.

Inévitablement.

Et elle était consciente qu'il lui faudrait crever l'abcès avec l'écrivain, revenir sur ce qui avait été dit avant l'assassinat de Montgommery, et surtout, sur ce qui avait été dit... après.

Elle sortit de ses pensées.

- Alors, Castle, quelle est la vraie raison de votre venue dans cette salle d'attente ?

- Je vous l'ai dit, je passais dans le coin et...

Elle s'arrêta de marcher et lui fit face.

- Vraiment, Castle ? Vous passiez dans le coin ? Ce quartier est à des kilomètres du poste, de votre loft et même du bureau de votre éditrice, et vous... passiez dans le coin ?

Il avait remarqué le ton étrange qu'elle avait pris en prononçant le mot « éditrice », mais il préféra ne pas relever.

- Bon d'accord, j'avoue. Je suis venu exprès.

Il grimaça.

- Je m'inquiétais.

Elle se remit en marche ; il la suivit.

- Ce n'était pas la peine, Castle.

Il la fixa, les sourcils levés.

- Je vous rappelle que l'on a tenté de vous tuer et qu'on a bien failli réussir !

- On a appréhendé le tireur, je vous rappelle.

- Mais pas le commanditaire !

Kate se figea. Castle s'arrêta un mètre plus loin et leva les yeux au ciel en se maudissant intérieurement. Il se tourna lentement et lut la colère sur le visage de Beckett.

- C'est gentil de me le rappeler. Bonne journée.

Elle le dépassa d'un pas rapide. Il bredouilla :

- Kate... je ne voulais pas... je suis désolé.

Mais elle ne se retourna pas. Richard resta seul au milieu du trottoir, les bras ballants, à la regarder disparaître au coin de la rue.

oOoOoOo

Kate rentra chez elle, perturbée.

Une demi-heure plus tard, Richard franchissait le seuil du loft dans le même état.

Elle en voulait à Castle. Sa remarque avait fait remonter à la surface le sentiment qu'elle redoutait le plus : la peur de perdre ceux qu'elle aimait.

Lui s'en voulait ; pourquoi avoir lancé cette remarque ? Pourquoi avoir amené la conversation sur le seul sujet qu'il voulait éviter ? Il se servit un verre de scotch et s'assit sur le canapé.

Kate entra dans son bain et ouvrit son livre. Elle trouvait ironique que ce soit justement un livre écrit par Castle qui lui changeait les idées. Elle n'avait pas choisi un Nikki Heat cependant. Un bon vieux Derrick Storm serait bien plus distrayant.

Castle terminait de taper un message sur son téléphone :

« Je suis désolé pour tout à l'heure. On peut se voir ? R. »

Son doigt hésitait entre la touche « envoyer » et la touche « retour » quand ses yeux se posèrent sur l'enveloppe jaune que Montgommery lui avait envoyée le jour de sa mort.

Kate soupira et referma le livre. Le portrait de Castle, en quatrième de couverture, vint la narguer. Elle posa le roman sans ménagement et sortit de son bain. Elle en voulait à Castle. Quand elle s'était réveillée à l'hôpital un mois auparavant, il n'était pas là. Or, pour elle, sa présence était une évidence. Il le lui avait promis et ça avait toujours été comme ça. Mais pas cette fois. Il avait fallu plus de trois jours pour qu'il se montre, et il n'était revenu qu'épisodiquement. Et elle lui en voulait pour ça.

Le secret que contenait l'enveloppe eut raison de son envie de revoir Beckett et il effaça le texto. Il ne s'autorisait plus à la voir autant qu'il le voulait. Il savait qu'un mot de trop attiserait sa curiosité et la mènerait tout droit à cette enveloppe et, par extension, à une mort certaine. Et ce n'était même pas envisageable. Son portable vibra, le tirant de ses pensées.

Elle s'allongea sur son lit et couvrit son visage de ses mains. Il fallait qu'elle parle de Castle au docteur Walsh. Un observateur extérieur n'aurait sans doute pas compris en quoi l'écrivain était prioritaire sur la longue liste de ce à quoi elle devait faire face, mais Kate savait que tant que le problème Castle ne serait pas réglé, le reste ne pourrait pas l'être non plus. Elle devait se l'avouer : elle avait besoin de lui. Elle se saisit de son téléphone et décida d'enterrer la hache de guerre.

« C'est OK pour tout à l'heure. On peut se voir demain soir chez Rémy ? K. »

Castle regardait le message. Il alla vérifier dans l'historique des envois s'il avait envoyé le texto sans s'en rendre compte, mais il constata que ce n'était pas le cas. Il ne put s'empêcher de murmurer :

- Incroyable...