Cette fille est studieuse et organisée, ce garçon est sûr de lui et courageux. Cet autre garçon est effacé et taciturne, cette autre fille prend la vie comme un jeu. Entre petits secrets entre amis, rivalité entre les maisons, dérèglements hormonaux dus à l'adolescence, et agressions inexpliquées James Potter et sa cousine Dominique Weasley auront fort à faire pour sauver les apparences.
C'est une histoire de coopération, c'est une histoire d'amitié, c'est une histoire d'amour.
Même pour jouer son propre rôle il faut se maquiller - Stanislaw Jerzy
- Je crois qu'il va bientôt partir, s'écria un homme au visage sinueux, tu as bien tout ce qu'il te faut ? Ta malle, True, de quoi grignoter pendant le trajet ? Et n'oublie pas de m'envoyer une lettre dès ce soir ma chérie, c'est compris ? Allez, vas-y, il ne te reste pas beaucoup de temps. Sois sage. Et ramène moi de bonnes notes.
L'homme serra dans ses bras une brunette au visage parsemé de tâches de rousseur, l'étouffant dans son écharpe à l'odeur de lys. Lorsqu'il l'éloigna de lui, les deux mains sur ses épaules, elle abordait une mine étonnement sérieuse pour une adolescente de son âge.
- Papa, cesse de t'inquiéter pour moi. Ca devrait être le contraire. Je veux dire, tu vas être tout seul à la maison maintenant et je ne suis pas sûre … enfin, je devrais peut-être rester avec toi, baragouina la jeune fille en relevant le menton d'un air décidé.
- Jeune fille, rappelle moi qui est l'aîné ? Je te signale que je peux m'occuper de moi tout seul, je n'ai pas besoin de toi. Et puis, Tilmit sera là.
Oui, c'est vrai. Son vieil elfe de maison serait là pour s'occuper de lui mais ce n'était pas assez. Son père avait besoin d'elle, la jeune fille le sentait. Et puis, il faisait tout pour afficher un semblant de sourire en ce jour de rentrée scolaire mais elle voyait bien qu'il n'allait pas bien. Ou alors, peut-être était-ce seulement l'excuse dont elle avait besoin pour ne pas retourner à Poudlard et éviter d'affronter les autres, cette foule d'élèves assoiffée de commérages.
- De toute façon, cette discussion n'a pas lieu d'être. Tu vas à Poudlard, tu passes tes ASPICS, et c'est tout, ordonna l'homme.
Docilement, elle hocha la tête avant de se jeter une nouvelle fois dans les bras de son père. Il n'avait pas tort. Que ferait-elle à la maison, tournant en rond, sans diplôme ? Elle devait se construire une vie.
Derrière elle, le train se mit à siffler et elle s'agrippa fermement à sa malle et la cage de sa chouette, True, et, après un dernier baiser sur la joue râpeuse de son père, la jeune fille s'engouffra dans le Poudlard Express. La brunette resta sur le marchepieds jusqu'à ce qu'un homme vienne l'y déloger et, après un dernier geste de la main, pénétra dans le long couloir qui jouxtait les compartiments.
Dans sa cage, la chouette poussa un hululement plaintif, poussant la jeune fille à presser le pas. Une fois installée, elle pourrait couvrir la cage avec le drap en coton qui ne quittait jamais sa malle afin que True puisse se sentir à son aise dans le noir. Et se taise enfin.
Heureusement, au bout de quelques minutes, la jeune fille aperçut à travers la vitre d'un compartiment, une frimousse blonde familière. Avec soulagement, elle poussa la porte et s'y engouffra en vitesse manquant de trébucher parce le train venait de démarrer, ne se rattrapant que grâce à la banquette. La blonde eut juste le temps de se décaler que sa malle venait se nicher à l'endroit où ses pieds se trouvaient quelques secondes plus tôt.
Les deux jeunes filles échangèrent un regard équivoque avant d'éclater de rire. Un rire sec et nerveux pour la maladroite qui se dépêcha de ranger ses affaires, avant de serrer la blonde dans ses bras. Hésitante, cette dernière se racla la gorge.
- Tu es toujours aussi maladroite Gemma Lysenko.
Cette dernière hocha la tête sans la contredire avant de se laisser tomber sur la banquette lui faisant face.
- Je voulais te dire que …, sa voix se fit plus hésitante, plus rauque, que …
- Ne dis rien Nel, tout va bien.
- Je suis là, au cas où.
Gemma Lysenko hocha la tête, cherchant à la va-vite le moyen de changer de sujet. Elle n'avait pas envie de s'appesantir là-dessus, sentant déjà ses yeux verts se remplir. Et elle n'avait pas le droit de se laisser aller même avec Nella.
Nella Flint était la fille la plus délicieuse qu'il lui eut été de rencontrer. En dehors de son physique tout simplement parfait avec ses cheveux blonds qui venaient se nicher dans son cou et sa taille de guêpe, elle possédait une générosité et une gentillesse qui touchait n'importe qui. Malheureusement, en dehors de Gemma, personne ne connaissait la véritable personnalité de la blonde, tant elle était timide et renfermée en public.
- Tu commences déjà à réviser ? s'enquit la brunette en remarquant un grimoire de Sortilège posé à côté de Nella sur la banquette.
- Oh, ça … ce n'est pas grand-chose, je l'ai déjà lu deux fois. Je ne voudrais pas prendre de retard pour les ASPICS.
Pour la première fois, Gemma éclata d'un rire sincère. Elle reconnaissait bien là son amie, trop sérieuse pour son âge. Mais elle n'était pas moqueuse, jamais, parce que cela serait trop déplacée. Tout autant que Nella -enfin, presque parce que cette dernière n'avait pas de limite-, Gemma trouvait son bonheur dans les livres et l'apprentissage de ses leçons.
- Tu as bien raison, approuva t'elle, d'ailleurs j'ai aussi prévu de la lecture.
Tout en parlant, Gemma farfouilla dans sa malle et en sortit un manuel d'Histoire de la Magie, sa matière favorite. Oh, elle n'appréciait pas la manière dont elle était enseignée à Poudlard -le professeur Binns était vraiment trop endormant- mais, à force de curiosité, elle avait fini par tomber amoureuse de l'histoire des sorciers.
- Tu devrais peut-être remettre ça à plus tard, suggéra Nella avec un petit sourire en la voyant ouvrir son manuel.
- Pourquoi ?
- Parce qu'il faut que tu ailles rejoindre le compartiment des Préfets pour avoir tes instructions. Potter est passé me prévenir qu'elle commençait à quatorze heures et il est presque l'heure.
- Potter ? s'enquit Gemma avec une petite grimace.
- Ah ça …
Ennuyée, Nella se mordilla la lèvre supérieur, signe qu'elle était gênée et la réalité s'imposa d'elle-même. Ce singe de James Potter avait été nommé …
- Préfet en Chef ? s'enquit-elle sans y croire vraiment.
Son amie opina du nez, la regardant du coin de l'œil mais Gemma ne fit que soupirer. Là où elle aurait encore hurlé de honte quelques mois auparavant, la jeune fille ne se permit aucun commentaire et rangea doucement son livre.
Gemma fit un dernier signe à son amie avant de s'engouffrer dans le couloir, ne s'apercevant qu'à se moment là qu'elle n'avait pas quitté son vieux jean et son tee-shirt délavé pour passer l'uniforme réglementaire. Si respectueuse du règlement qu'elle était, Gemma ne fit pas demi-tour. Il était presque quatorze heures et, si elle voulait arriver à l'heure dans le compartiment des Préfets, elle ne devait pas trainer.
Après avoir pris une bonne gorgée d'air fraiche, Gemma s'élança dans le couloir en direction de l'arrière du wagon. En chemin, elle réprimanda deux deuxième année qui essayaient de faire de la magie dans leur compartiment -ils n'avaient pas lu le règlement ceux-là ?- et manqua de rentrer dans le Préfet des Gryffondor de sixième année qui regarda sa tenue d'un drôle d'air.
L'ignorant royalement, la jeune fille pénétra dans le compartiment, salua tous ses homologues et esquissa un sourire devant la mine ébahie de Potter. C'est sûr qu'il avait plus l'habitude de la voir fondre en larmes à son approche, les derniers mois de sa sixième année.
- Miss Lysenko, la salua son professeur de Botanique et directeur adjoint de Poudlard, Neville Londubat.
Gemma opina poliment la tête, évitant son regard éloquent et transpirant la pitié qui lui paraissait totalement faux. Evidemment que Londubat était au courant, c'était tout de même quelqu'un d'important à Poudlard.
Les retardataires entrèrent dans le compartiment, magiquement agrandis pour l'occasion -ils étaient tout de même dix-huit plus le professeur Londubat- et la réunion put commencer.
- Tout d'abord, félicitons nos deux nouveaux Préfets-en-Chef, James Potter de Gryffondor, s'exclama Londubat en hochant de la tête en direction de l'énergumène, et Gemma Lysenko de Serdaigle.
Elle aussi eut droit à un hochement de tête, ainsi qu'à quelques regards admiratifs de ses camarades, et le rouge lui monta aux joues. Heureusement, leur attention fut vite détournée par Londubat qui donnait enfin leurs instructions aux Préfets et Gemma prit l'air attentif et sincère qu'on attendait d'elle.
Sauver les apparences.
Quelques mètres plus loin, dans un wagon adjacent, l'ambiance était tout à fait différente. Juchée sur l'une des banquettes de son compartiment, une toute petite blonde aux cheveux ébouriffés et à la mine décidée beuglait depuis de longues minutes.
- Et cette année, nous sommes d'accord les chéris, hors de question de laisser la coupe aux Serpentard ! Et pourquoi ? Parce que nous sommes les meilleurs ! Parce que nous sommes les …
- LES POUFSOUFFLE ! crièrent en chœur les autres occupants du compartiments en s'étranglant de rire.
- Bien. Je crois qu'on s'est compris.
Satisfaite de son petit speech, la jeune fille retrouva la terre ferme d'un bond, écrasant sans faire exprès les pieds d'une brunette aux cheveux courts qui poussa un couinement de douleur.
- Toujours aussi maladroite Dominique Weasley, se moqua une jeune fille qui était en train de lire un magasine people avec attention et répondait au doux nom de Joana Mayer.
Ladite Dominique lui tira la langue avec immaturité avant de déposer un baiser sur le coin de la joue de Camille Teyssier, la brunette à qui elle avait écrasé les pieds. Puis, essoufflée, la jeune fille se laissa tomber sur une banquette, portant un œil attentif à ce qui l'entourait.
En face d'elle, sa cousine Molly se cramponnait avec ardeur à son petit ami, un grand dadais aux cheveux blonds ébouriffés et aux verres de lunettes épais, comme s'il allait s'échapper tandis que ce dernier tentait tant bien que mal de se plonger dans un manuel d'Etude des Runes. Arthur Lowe était bien trop sérieux parfois. A leurs côtés, Anatole Bensberg essayait de nouer tant bien que mal sa cravate jaune et noire, finalement sauvé par Joana Mayer qui avait délaissé son magasine pendant quelques secondes.
Dominique, elle, était assise entre Camille Teyssier, sa meilleure amie, qui se tenait encore le pied en gémissant théâtralement et Isabel Lowell une grande blonde aux cheveux tirés en arrière, dotée d'une prestance slave qui lui permettait à la fois d'être froide comme la glace et douce comme un fondant au chocolat.
- Tu as intérêt à me prendre dans l'équipe, grogna d'ailleurs cette dernière en dardant son regard bleu sur Dominique.
- Laisse-moi réfléchir … Si tu m'appelles Chef jusqu'à la fin de l'année ça peut le faire.
Malheureusement Isabel Lowell ne tomba pas dans son piège, elle était bien trop fière pour s'abaisser l'appeler ainsi toute une année. Et surtout bien trop douée au Quidditch -elle jouait au poste de batteuse- pour croire que Dominique allait l'écarter de l'équipe.
Dominique Weasley était une fille d'aspect chétif, presque rachitique, pour qui le monde se résumait à lever la tête. Les hanches saillantes, la poitrine inexistante, la jeune fille s'était habituée à ce physique qu'elle jugeait trop insignifiant. D'ailleurs, insignifiante, Dominique Weasley ne l'était pas. Surnommée à juste titre "la-peste-de-Poufsouffle-qui-aurait-du-être-à-Serpe ntard" par ses cousins les moins naïfs, Dominique avait un caractère bien affirmé, parfois trop. La jeune Poufsouffle se complaisait dans sa popularité, aimant être entourée, ne supportant pas la solitude et le calme. Elle se nourrissait des histoires des autres, des commérages, de manière parfois vicieuse ne se préoccupant que peu de ce que l'on pouvait penser d'elle et du mal qu'elle pouvait faire. De toute façon, avec elle, c'était tout ou rien.
La vie était trop courte pour se permettre de ne pas la bouffer à pleines dents. C'était d'ailleurs en faisant reine cette maxime qu'elle avait décroché le poste de Capitaine de Quidditch, deux ans auparavant.
- Bon, je vous laisse, il faut que je rejoigne Thomas, marmonna Isabel au bout de quelques secondes de silence.
Un silence gêné s'abattit sur le compartiment mais la jeune slave fit semblant de ne pas le remarquer. Au bout de cinq ans, elle avait l'habitude, du trouble que provoquait sa relation avec un Serpentard. Cinq ans. Qui pouvait se vanter d'avoir un petit-ami depuis l'âge de douze ans et de toujours se tenir à ses côtés à dix-sept ans ? A douze ans, c'est un gamin qu'on découvre, qu'on admire, et qu'on apprécie, à dix-sept ans, c'est un homme qu'on aime, qu'on redécouvre et qu'on charme.
Seulement, Thomas Ayling avait le malheur d'appartenir à la maison des Serpentard et aucun des Poufsouffle n'avait fait l'effort de s'intéresser un tant soit peu à lui. Aucun.
- Vous croyez que ça va durer encore longtemps ? s'enquit d'ailleurs Dominique, la mine grave, une fois que sa camarade fut sortie du compartiment, parce que là, ça commence à devenir … gênant.
- Oh, elle s'en lassera, imagina Camille.
- Nous avons pourtant la même discussion depuis cinq ans et, à ce que je sache, elle ne s'en est pas lassée, murmura Molly en dardant son regard bleu sur Dominique d'un air éloquent -que cette dernière fit semblant de ne pas comprendre-. Et moi je trouve ça mignon.
Molly la naïve, Molly la romantique, Molly qui, depuis un an, se jetait à corps perdu dans cette relation d'adolescent qu'elle entretenait avec Arthur Lowe depuis un an, s'imaginant sans doute se retrouver mariée avec dès leur sortie de Poudlard. Dominique aimait sa cousine mais n'approuvait pas cette façon délibérée de se brûler les ailes. Isabel n'allait pas rester avec Ayling tout comme Molly n'allait pas rester avec Arthur, elle en était persuadée.
Et Camille Teyssier, qui lui jeta discrètement un regard entendu, était d'accord avec elle.
- C'est un Serpentard, répondit seulement Dominique en haussant les épaules, et ils n'étaient que des gamins lorsqu'ils se sont connus. Ils vont changer, avoir d'autres centres d'intérêts, grandir quoi. Et aller voir ailleurs.
- Et alors ? rétorqua Molly en secouant ses boucles rousses. Ils ont trouvé leur âme sœur, ça n'a pas d'âge.
Lasse, Dominique ne put s'empêcher de pouffer de rire. Trouver leur âme sœur ? Molly lisait beaucoup trop de romans. Les âmes sœurs, ça n'existe pas. On a simplement besoin de certaines personnes à certains moments de la vie. Et ces personnes changent au cours de l'existence.
- N'importe quoi, non mais tu t'entends ? C'est juste un béguin d'enfant, pas LE grand amour. Qui, soit dit en passant, n'existe pas.
- Je trouve ça sacrément culotté de la part d'une personne qui n'a jamais réussi à garder de petit copain plus de deux jours.
Le ton froid de sa cousine fit même abandonner à Joana Mayer le magasine féminin sur lequel elle avait les yeux rivés depuis de longues minutes. A présent, tout le monde regardait le duel qu'offrait silencieusement les deux cousines. La blonde contre la rousse, la peste contre la romantique, celle qui n'y croyait pas contre celle qui croyait y croire.
- Ca n'a rien à voir, claqua Dominique d'un ton qui n'admettait aucune réplique.
Et, comme elle s'en doutait, Molly ne répliqua pas. Pas parce qu'elle avait toujours eu cet espèce d'ascendant assez nocif pour leur relation sur sa cousine, pas parce que Molly s'était rendue compte qu'elle avait été trop loin mais parce que Dominique avait raison : cela n'avait rien à voir et sa cousine le savait.
Doucement -enfin, aussi doucement que Dominique puisse faire- la jeune Poufsouffle se leva de la banquette, collant son visage à la vitre froide du compartiment devant laquelle le paysage défilait à toute allure. Et, comme elle étouffait, elle déverrouilla rapidement la dalle, sentant avec bonheur le vent lui fouetter le visage. Inspirer, expirer. Que c'était bon, songea t'elle avec une pointe de désappointement. Derrière elle, le regard brûlant de Molly la pénétrait tout entière, la faisant se sentir mal à l'aise.
Sauver les apparences.
- Tessa Warm.
- SERDAIGLE !
Gemma Lysenko applaudit à tout rompre la petite fille à l'air perdu qui vint rejoindre la table des Serdaigle. Encore une qui jouait les timides, songea la jeune fille en se rappelant sa propre répartition. Dès le lendemain elle avait pris ses marques, évoluant parmi les Aigles avec une aisance presque surnaturelle.
Alors qu'elle attendait avec impatience l'apparition des plats sur la table, la Préfète-en-Chef remarqua que McGonagall s'était avancée, sans doute dans l'intention de faire un discours. Après avoir échangé un regard surpris avec son amie Nella Flint -ce n'était pas le genre de leur Directrice de faire des discours, surtout après la répartition-, la jeune fille éradiqua le mécontentement qui s'était clairement affiché sur son visage pour aborder un air sage et attentionné. Elle était Préfète-en-Chef après tout.
- Regarde, il y a un nouveau Professeur, chuchota Nella en lissant l'une de ses mèches blondes du doigt. Elle doit vouloir nous le présenter.
Et -comme souvent- Nella avait raison. Aux côtés de leur Directrice se trouvait un homme costaud -mais pas gros pour autant, on distinguait nettement la musculature de son visage et ses traits carrés- aux cheveux étonnement roux, parsemés de tâches blondes et un visage poupin qui lui donnait l'air d'un adolescent. Il n'était pas très vieux, peut-être la quarantaine -lorsqu'on a Binns et Flitwick comme professeur, on a tendance à revoir sa définition de la vieillesse-. Et, ce qui prêtait à rire, il portait une paire de lunettes aux verres ronds, en cul de bouteille, qui lui dissimulait une partie du visage. Ce n'était plus tellement en vogue, même chez les sorciers.
- Jeunes gens, je vous souhaite à tous une bonne année et, avant de vous laissez vous repaitre d'un bon dîner je…, elle se tourna vers le colosse roux à ses côtés, je vous présente Gunther Wiertz. Mr Wiertz est Auror d'origine Allemande et il a accepté, à ma demande, d'assurer des cours de duels à Poudlard, deux fois par semaine.
Des cours de duels ?
C'était une excellente idée. En se tournant vers Nella qui abordait le même sourire ravi, elle sût qu'elles avaient pensé à la même chose : c'était un excellent entrainement pour leurs ASPICS. De plus, c'était beaucoup plus intéressant que le club d'échec et moins dangereux que les équipes de Quidditch formées par chaque maison.
- Silence, ordonna sèchement McGonagall alors que plusieurs élèves exprimaient leur étonnement à voix haute. Ce club de duel a été mis en place pour préserver la bonne entente entre les Maisons à Poudlard. Le bureau des Aurors à la gentillesse de nous envoyer l'un de ses membres, ainsi je vous encourage vivement à vous y inscrire. Ne serait-ce que pour votre culture personnelle.
Préserver la bonne entente entre les maisons ?
Alors là, c'était risible comme idée. Il n'y avait qu'à regarder ce clown de Thomas Ayling, assis à la table des Serpentard, qui essayait d'amuser la galerie en imitant les mimiques de McGonagall pour comprendre qu'il ne pouvait y avoir aucune bonne entente entre ces gens-là. Oh, et ce n'était pas juste parce que c'était un serpent. Il y avait aussi cette garce superficielle de Weasley -à Poufsouffle celle-ci- qui ne pensait à rien d'autre qu'à montrer à tout le monde à quel point elle était drôle, intelligente et belle, avec son corps tout mince et sa petite taille qui la rendait adorable, comme une gamine qu'on a envie d'aimer parce que, justement, c'est une gamine. Mais il ne fallait pas s'y fier.
Alors que McGonagall vienne lui parler de bonne entente entre les maisons fit glousser Gemma. Littéralement, sans qu'elle ne s'en rende compte, comme un rire nerveux. Et la jeune fille ne put que rougir de honte lorsque les regards convergèrent vers elle dans le silence ambiant.
- En tout cas, McGonagall est bien naïve, chuchota Nella en lui tendant le plat de pomme de terre dans lequel la Préfète en Chef se servit généreusement. Il n'y a guère de monde pour se mélanger avec les autres maisons.
Et c'était vrai. A Poudlard, comme un fait établit, les Serdaigle restaient avec les Serdaigle, les Gryffondor avec les Gryffondor, et ainsi de suite. Bon, il y en avait toujours pour déroger à la règle, comme cette Rose Weasley de Gryffondor qui trainait toujours avec son cousin Albus Potter -mais ce n'était pas pareil, c'était un membre de sa famille- ou Isabel Lowell de Poufsouffle qui sortait avec Thomas Ayling de Serpentard -mais cela faisait tellement longtemps, plus de quatre ans en tout cas, qu'ils faisaient partis du paysage-. A part ça, à sa connaissance, chacun restait avec sa maison.
En vérité, c'était stupide. Gemma était sûre qu'il pouvait y avoir des personnes sympas dans toutes les autres maisons mais les années lui avait appris à se méfier, à ne faire confiance à personne sauf à Nella Flint.
Le dîner se déroula dans la joie et la bonne humeur, pour ses condisciples. Gemma, elle se contenta de discuter tranquillement avec son amie, dissertant de tout et de rien. Bien entendu, Nella qui ne voulait pas se faire repérer, parlait tout doucement et, avec le bruit de la Grande Salle, elle avait du mal à la comprendre ainsi il y avait souvent des moments de blanc. Mais cela ne la dérangeait pas. Gemma aimait le silence.
Pourtant, au moment où elle croquait dans un bout de tarte à la citrouille, la jeune fille remarqua que son amie la fixait d'un air gênée, comme si elle voulait lui dire quelque chose. L'estomac de Gemma fit un bond et elle ravala sa salive, l'enjoignant du menton à parler.
- Ben, marmonna son amie en baissant les yeux. C'est juste que … enfin, ça fait un bon moment que Potter et Jordan nous regardent. C'est affreusement gênant.
Sans pouvoir s'en empêcher, Gemma se retourna furtivement, croisant bien le regard de Potter comme l'avait annoncé son amie. Ce dernier baissa immédiatement la tête lorsqu'il se rendit compte qu'il était repéré.
- Est-ce que tu … enfin, tu lui as parlé ? s'enquit Nella en posant délicatement son trognon de pomme dans son assiette vide.
- Bien sûr que non, répliqua Gemma. Bon, les premières années SUIVEZ-MOI !
En sa qualité de Préfète-en-Chef, la jeune fille se devait de montrer aux nouveaux le chemin menant à la salle commune et d'être là pour répondre à leurs questions. En vérité, elle avait écopé de ce travail parce qu'aucun des Préfets des autres années ne voulait s'y coller.
Aussitôt, sept gamins se précipitèrent vers elle, avec une bonne volonté appréciable. Gemma déchanta bien vite lorsque l'un des garçons se prit les pieds dans le banc, manquant de tomber la tête la première face contre sol. Heureusement, Nella qui avait de bons réflexes le rattrapa par le col de sa chemise et l'incident fut clos.
- Potter est un mufle, reprit Gemma alors qu'elle pressait les premières années de sortir de la grande salle. Et j'ai été idiote de m'accrocher à lui après ce qu'il m'a fait …
- Wahou, marmonna Nella en écarquillant les yeux. Je suis contente que tu sois passée à autre chose, vraiment. Il ne te méritait pas.
- Ouais, sûrement.
- Un mec capable de ce genre de chose ne te méritait pas, crois-moi, lui assura Nella en hochant fermement la tête. Au fait, tu es en train de perdre Mr catastrophe.
Après avoir récupéré le maladroit de la grande salle qui tentait de s'introduire dans les toilettes des filles du rez-de-chaussée -non mais quelle idée !- Gemma reprit la tête de la marche et s'engouffra dans les grands escaliers.
Nella avait raison, comme toujours. L'année dernière, elle s'était entichée de ce Potter de malheur et, comme dans toute école où séjournent des adolescents, tout fini par se savoir. Elle avait alors vécu l'humiliation cuisante de se faire rejeter par le sieur Potter devant toute l'école et il n'avait pas été très tendre avec elle. Elle se souvenait avoir pleuré longtemps, se repassant en boucle les mots très durs du Gryffondor, consolée par Nella qui, pour une fois, était sortie de sa réserve jusqu'à en devenir rouge de fureur lorsqu'elle avait appris quels avaient été ses mots.
C'était aujourd'hui très flou, comme un vieux souvenir enfoui. Quelque chose comme :
Alors c'est vrai ce qu'on dit Lysenko, tu veux sortir avec moi ? […] Tu ne doutes vraiment de rien toi […] Les filles comme toi, c'est pas ce qui m'intéresse, tu vois, d'habitude, elles sont un peu plus minces et jolies […] D'ailleurs, c'est de l'éclabouille ce que tu as sur le visage ? […]
Après cette humiliation, Gemma n'avait pu croiser Potter sans fondre en larmes pendant de longs mois. Alors oui, il devait être surpris de ne pas l'avoir vu s'effondrer dans le compartiment des Préfets.
- Tu sais, ce crétin de Potter est vraiment la dernière de mes préoccupations, reprit Gemma en se plantant devant un heurtoir en forme d'aigle qui permettait de pénétrer dans la salle commune des Serdaigle après avoir répondu correctement à une énigme. Je crois que j'ai enfin compris qu'il n'en valait pas la peine. Vraiment pas.
- Pierre à quatre-vingts ans mais il vient de fêter son vingtième anniversaire. Comment est-ce possible ?
Gemma lança un regard plein d'espoir aux sept premières années qui se dandinaient sur place, l'air mal à l'aise. Poussant un grand soupir, elle donna la bonne réponse et la petite troupe put enfin accéder à la salle commune.
- J'en suis bien contente, lui confirma Nella. Je t'assure, tu me faisais vraiment mal au cœur à déprimer en espérant qu'il change d'avis. Tu mérites dix fois mieux qu'un mufle comme Potter qui ne sait pas ce qu'il rate d'ailleurs parce que tu es jolie comme un cœur. Evidemment, lui, ce qui l'intéresse ce sont les blondes à forte poitrine, un peu gourdasse, même pas capable de voir au-delà des apparences.
Gemma observa les premières années découvrir leurs dortoirs -Mr Catastrophe tira sur l'un des rideaux de son lit à baldaquin et celui-ci lui tomba dessus- avant de regarder d'un air mutin Nella, qui avait une voix froide et assurée lorsqu'elle parlait de quelque chose qui lui tenait à cœur, contrastant avec sa voix douce et timide habituelle.
- Blonde à forte poitrine … Es-tu en train de te dénigrer toi-même, ma chère ?
- Moi, c'est différent, je suis intelligente, sourit Nella tout en agitant sa baguette pour sauver le petit garçon alors que Gemma l'aurait bien laisser étouffer sous les rideaux en tissu épais.
Après avoir expliqué aux quatre garçons de premières années qu'elle leur remettrait leur emploi du temps le lendemain au petit déjeuner et qu'ils ne devaient pas être en retard, les deux jeunes filles purent regagner leur propre dortoir qu'elles partageaient avec deux autres filles. Oh, elles s'entendaient bien avec, mais préféraient les éviter le plus possible, les jugeant trop commérasses.
Après avoir prit une douche rapide, s'être brossé les dents et avoir vérifié que parchemins et plumes étaient déjà dans son sac, Gemma décida d'aller se coucher. Elle salua Nella qui somnolait dans son propre lit, se jeta sur le sien et tira les rideaux avec application. Puis, discrètement, elle lança un sortilège d'insonorisation autour de son lit.
La nuit n'était pas sa meilleure amie, ces derniers temps.
Sauvez les apparences.
- Un club de Duel pour préserver la soi-disant bonne entente, c'est un peu idiot, commenta Dominique Weasley en se laissant tomber sur le lit de Camille Teyssier, lui écrasant une nouvelle fois les pieds au passage. Oh, espèce de chochotte.
Pour toute réponse à son gémissement de douleur, Camille lui envoya un oreiller sur la tête et les deux jeunes filles se bagarrèrent gentiment pendant quelques secondes, jusqu'à ce que Joana Mayer intercepte malencontreusement l'un des oreillers -non, en vérité Dominique avait fait exprès de viser sa tête- et mette fin à la lutte.
- Ce qui est idiot, c'est de penser qu'il y a une bonne entente entre les maisons, répondit finalement Camille. Je veux dire, qui pourrait s'entendre avec ces macaques de Serpentard ?
Cette fois-ci, ce fut elle qui se prit un oreiller en pleine poire, lancé par Isabel Lowell qui, allongée sur son propre lit, feuilletait distraitement un magasine de Quidditch tout en écoutant leur conversation. Et elle savait plutôt bien viser pour une batteuse, surtout lorsque sa fierté de petite-amie d'un Serpentard était touchée. Pourtant, elle ne se permis aucun commentaire, n'en voyant visiblement pas l'utilité.
- Moi en tout cas je vais m'inscrire, s'exclama Molly en sortant de la salle de bain, une serviette autour de la taille. Ca pourrait être drôle et puis ça nous servira pour les ASPICS.
Echangeant un regard, Camille et Dominique approuvèrent quelques secondes après mais visiblement pas pour les mêmes raisons. L'une excellait en DCFM, la seconde ne disait pas non à un peu de nouveauté et de distraction. Et puis, pour aller dans le sens de Molly, oui, cela pouvait être drôle d'avoir l'autorisation de lancer des maléfices à un Serpentard.
Sa cousine enfila son pyjama sans aucune pudeur devant les filles qui, en six ans, avaient pris l'habitude de sa nudité quotidienne. Encore une différence avec Dominique qui ne se changeait qu'une fois certaine que la porte de la salle de bain était bien verrouillée.
- Bon, si on cessait de parler de cours, ça me donne de l'urticaire rien que de penser que demain …, Dominique s'interrompit un instant, le temps de se relever et de se glisser sous son lit, attirant un rire moqueur de Camille, qui veut des Patacitrouilles ?
Triomphalement, la jeune fille se releva en brandissant un paquet translucide contentant une petite dizaine de bonbons. Si Joana refusa net -mademoiselle surveillait sa ligne- les autres filles acceptèrent avec joie.
- Je ne sais pas comment tu fais pour manger autant avec ta taille de guêpe, maugréa Joana. Si j'avalais ce que tu avales, je serais déjà obèse.
- Et alors ? rétorqua Dominique. J'ai bien le droit de manger.
- Je rigolerais bien, quand tu auras quarante ans et que tu seras pleine de cholestérol, se moqua la Poufsouffle.
Dominique lui tira la langue de façon immature, n'ayant pas très envie de se disputer avec elle dès le premier jour. Elle savait que Joana était plutôt jalouse de son corps -sa copine n'avait pas pour habitude de se taire lorsque quelque chose l'agaçait- et ne voyait pas pourquoi. C'était stupide. Vraiment.
Joana Mayer ne savait pas de quoi elle parlait.
- Les filles ? s'enquit Molly en détournant habilement la conversation. J'ai quelque chose à vous demander.
Ravie de cet échappatoire, Dominique s'installa sur le lit de sa cousine qui achevait de nouer le nœud de sa chemise de nuit, l'observant avec attention. Molly paraissait gênée, presque mal à l'aise, et son instinct de commère se mit instantanément en alerte. Qu'es-ce que sa rouquine de cousine voulait leur demander pour être aussi fébrile ?
Cela avait aussi interpelé Joana -dont le radar était tout autant efficace que celui de Dominique- qui avait poussé Dominique avec ses fesses pour se faire une place sur le lit de Molly.
- Ahem … en fait, je voulais savoir comment … enfin, la première fois, que vous avez … et ben …
Etonnée, et n'y comprenant fichtrement rien, Dominique poussa un soupir agacée. Elle ne voulait pas être plus explicite ? Pourtant, à ses côtés, Joana explosa de rire, moqueuse.
- Tu veux dire que tu n'as pas encore couché avec Arthur ? En un an ? Merlin, que t'es longue.
- Mais …, rougit Molly en baissant les yeux, je …
- C'est bon je te taquine. Résumons. Ce que tu veux, c'est savoir quoi faire la première fois ? reprit Joana en tentant d'endiguer son sourire.
De l'autre côté de la chambre, Camille se leva soudainement, arguant qu'elle était trop jeune pour entendre de telles salacités dans la bouche de quelqu'un qu'elle avait connu petite, innocente, pure et pleine de boutons. Avec une théâtralité soigneusement étudiée, elle claqua la porte en maugréant faussement.
- Personnellement, je n'ai pas vraiment envie d'entendre ça non plus, avoua Dominique. Ni même de conseils à te donner. Rappelle-toi, je suis la fille qui n'a pas réussi à garder un mec plus de quelques jours.
- Oh, je voulais pas dire ça tout à l'heure, grogna Molly. Désolée.
- Vraiment ?
- Vraiment.
- Bon, vous avez fini votre moment larme à l'œil ? grogna Joana qui n'aimait pas la tournure que prenait la situation, parce que le sujet était bien plus intéressant.
Molly se laissa tomber à son tour sur le lit, soutenue par ses coudes. Plus loin, les trois filles entendirent un froissement et eurent la surprise de voir Isabel les rejoindre en quelques enjambées, elle qui était beaucoup plus solitaire et ne supportait pas, en apparence, les conversations de ce style.
Se sentant un peu stupide, Dominique songea que s'il y en avait une qui pouvait parler de relations sexuelles, c'était bien Isabel. Ils ne devaient pas jouer qu'à la bataille explosive avec Ayling et rien que d'y penser cela la dégoutait un peu.
- En fait, commença Molly, Arthur est de plus en plus … comment dire, pressant en ce moment. Et je vous avouerais que moi aussi je … oh, Merlin, c'est vraiment gênant.
- Mais non, c'est naturel. On est toutes passées par là. Enfin presque toutes, ajouta Joana en zieutant Dominique avec un petit sourire ironique.
- Hé ! J'pourrais avoir fait des trucs avec mes petits amis qui ne durent pas plus de deux jours, se défendit cette dernière.
- J'avoue que je n'y crois pas du tout. Bon, Molly, sache déjà que, pour la première fois, il ne faut pas qu'il s'enfuit en courant, alors tu viendras me voir quand ça sera le bon moment et on fera quelques petits trucs de filles.
- N'importe quoi, la contredit Isabel en levant les yeux au ciel.
Aussi difficile à croire que cela soit, la placide Isabel et l'enjouée Joana étaient liées comme les doigts de la main. Un peu de la manière de Camille et Dominique, on ne les voyait jamais l'une sans l'autre et cela occasionnait d'ailleurs certaines disputes mémorables qui faisaient bien rire la Poufsouffle.
- Ah oui, et bien nous t'écoutons alors, si tu as la science infuse, grogna Joana en croisant les bras.
- Très bien. Alors déjà, si trucs de filles signifient épilation, maquillage et ce genre de trucs idiots, ça n'a aucune corrélation avec la réussite de … de la chose, rigola Isabel en se moquant de son amie. La première fois, ça n'a rien à voir avec les livres, les histoires merveilleuses que les femmes se racontent l'une à l'autre -d'ailleurs, pourquoi mentent-elles ?-. Ta première fois, elle sera pas bien. Tu vas être gênée, mal à l'aise et, crois-moi, tu passeras un mauvais moment. Surtout toi, vu comme t'es chochotte, conclut Isabel avec un petit sourire.
Dominique, qui était en train de manger une Patacitrouilles -la dixième au moins-, s'étouffa soudainement, manquant de recracher la sucrerie sur le lit de Molly. Obligée de se lever, la jeune fille s'éloigna, les deux mains plaquées sur ses hanches, pour tenter de retrouver son souffle.
Bordel.
Suffoquant, la jeune fille ouvrit brutalement la fenêtre et passa avec bonheur sa tête par l'ouverture, comme précédemment dans le Poudlard Express. A présent, elle n'entendait même plus la conversation de ses copines, occupée comme elle l'était à retrouver son souffle. Heureusement, après quelques minutes, la respiration lui revint, douce et revigorante et elle put refermer la fenêtre.
- Ca va ? s'inquiéta Molly.
Et seule Dominique pouvait discerner la lueur d'inquiétude dans ses propos.
- Ouais, ça m'apprendra à manger trop de sucrerie, rigola faussement la jeune Poufsouffle. Je suis crevée, je vais aller me coucher.
Et, en vitesse, Dominique attrapa son pyjama -un vieux truc gris qu'elle portait déjà à onze ans- et tira les rideaux de son lit à baldaquins tandis que ses camarades lui souhaitait une bonne nuit. Apparemment, la discussion était des plus passionnante pour elles, car aucune ne l'imita avant bien longtemps. Et, pire encore, Camille ne revint dans le dortoir que très tard dans la nuit -ou très tôt dans la journée, au choix-. Où était-elle passée tout ce temps ?
Et Dominique, qui n'arrivait toujours pas à dormir, pria pour que l'année se déroule tranquillement. Oui, c'était là son plus grand souhait. Une année normale, à rire avec ses copines, à monter des expéditions nocturnes avec Camille et à taquiner l'orgueilleuse Joana. C'était tout ce qu'elle se souhaitait.
Sauver les apparences.
