Elle reste éveillée aussi longtemps que possible, et quand elle finit par s'effondrer, elle fait des cauchemars. Elle se débat, hurle, appelle Finn dans son sommeil. Lui reste assis à côté de la porte, dans le couloir. Il veille. À l'intérieur, Abby tente de la réveiller, de la prendre dans ses bras. En vain. Elle la repousse sans sortir de son délire. Quand elle renonce enfin, le docteur Griffin va ouvrir la porte pour le faire entrer.
- S'il-te-plaît… S'il-te-plaît, réveille là.
Il se lève et laisse sa mitraillette dans le couloir.
(Il laisse toujours sa mitraillette dans le couloir.)
Il y va doucement, étape par étape. D'abord il lui parle, il ne veut pas la surprendre ni lui faire peur. Il s'annonce avant d'approcher du lit où elle tremble et se bat avec elle-même.
- Clarke ? Ça va aller… Ce n'est qu'un cauchemar. Tout ira bien.
Il raconte n'importe quoi, il ne sait pas d'où viennent tous ces jolis mensonges, il sait juste qu'il ferait n'importe quoi pour qu'elle le croit.
(Quand Clarke est concernée, il aime mieux ne pas se poser de question. Il ne pense pas, il agit. Il ne saurait pas quoi faire de ce qu'il pense à propos de Clarke.)
Quand il est assez près pour la toucher, il pose la main sur son bras. Il est assez fort pour l'immobiliser s'il le veut. Il ne veut pas. Il veut qu'elle arrête toute seule.
- Clarke ? Clarke, c'est moi. Calme-toi…
- Finn… Je suis désolée ! Je suis tellement désolée, Finn !
Il s'est accroupi pour être à sa hauteur. Il sent le regard du docteur Griffin braqué sur eux mais il l'ignore. Il serre plus fort le bras de Clarke, et pose sa main libre sur son front.
(Octavia fait ça quand Lincoln affronte ses propres démons. Pourquoi les monstres attendent-ils toujours la nuit et le sommeil pour attaquer ?)
- Clarke, répète-t-il tout bas en caressant ses cheveux.
Sa tête roule sur le côté et son visage se tourne vers lui. Déjà, elle gigote moins sur son lit. Elle tremble toujours, chuchote « Finn… ». Elle ne pleure pas.
(Elle ne pleure jamais.)
Il attend encore un peu, continue à chuchoter ses mensonges, ses « tout ira bien », ses « ce n'est qu'un cauchemars », jusqu'à ce qu'elle se calme, enfin. Et là il attend encore un peu, égrène les soixante secondes d'une minute de sécurité, dans sa tête. Il sent Abby approcher, dans son dos. Il se lève avant qu'elle ne soit assez près pour le toucher.
(Il est un peu plus grand que leur chancelière-presque-auto-proclamée.)
Ils restent là tous les deux, debout dans la pénombre, lui face à Abby, elle les yeux baissées sur sa fille qui repose entre deux combats. Au moment où il va s'en aller, elle lève les yeux et croise son regard.
- Merci, Bellamy.
Il hoche la tête sans rien dire, et retourne faire le guet.
