Auteur: Violette Poète

Résumé: Toute ma vie, j'ai été amoureuse de Neville Londubat.

Genre: Romance, général

Note : Merci à Nikita Lann pour m'avoir aidé à développer l'idée !

Prière de ne pas publier cette fic sans mon autorisation

Bonne lecture!

Fleur sauvage

Chapitre 1 : Vieil amoureux

Toute ma vie, j'ai été amoureuse de Neville Londubat.

Bon, d'accord, pas toute ma vie. C'est à quatorze ans que ça a commencé, lors du seul cours d'Histoire de la Magie que j'ai vraiment écouté. Jusque là, il avait été une sorte d'oncle, un membre de la famille, puis un professeur, mais il n'avait jamais été autre chose, avant d'être mon oncle, il n'avait jamais vécu.

Et puis, j'ai découvert la guerre. Oh, bien sûr, je connaissais déjà, mais c'était juste un mot, un mot dont on ne m'avait pas expliqué la signification et dont je n'avais pas cherché à comprendre le sens.

A quatorze ans, enfin, on nous avait parlé de la guerre contre Voldemort. J'avais compris l'importance énorme qu'avait joué ma famille dans ce conflit. Et quel rôle il avait joué. J'ai eu un coup de foudre. Sans même le voir, je suis tombée amoureuse de son histoire, de son courage, de ses actions et de sa bravoure.

Je sais ce que vous pensez : que l'amour n'a pas dû rester longtemps en moi, parce que nous n'étions pas en guerre et qu'il est difficile de faire acte de bravoure en temps de paix, mais vous vous tromperiez. Il n'a fait que grandir et grandir et grandir. J'ai aimé sa patience, sa gentillesse et même cette stupide manie qu'il a de toujours se rabaisser.

J'ai écouté davantage dans ses cours, sans en entendre un seul mot.

Le temps s'écoula, la vie continua, l'eau passa sous les ponts, j'obtins mes ASPIC, je partis de Poudlard. Mais jamais, jamais je ne l'ai oublié. J'ai bien essayé, je suis sortie, je suis allée à des soirées, j'ai même eu quelques rendez-vous.

Mais voilà, je suis, en fin de compte, comme ma mère : je ne tombe amoureuse qu'une fois. Alors, pour passer le temps et parce qu'il fallait bien faire quelque chose, j'ai étudié les Soins aux Créatures Magiques. La passion pour la matière est venue lentement mais sûrement et au bout de quelques mois, j'étais accro.

Trois ans après Poudlard, j'eus mon diplôme. J'en étais à ce point dans ma vie où je m'interrogeais sur la suite lorsque Hagrid, qui n'était plus tout jeune, proposa de m'engager comme assistante à Poudlard. Il avait désormais besoin d'aide pour faire manger les différentes créatures, nettoyer les cages et veiller à leur bien-être.

L'offre était alléchante, bien sûr. Je serais indépendante financièrement, je vivrais au château... et je le reverrai. Je ne le voyais guère et l'idée de lui parler d'égale à égal me ravissait le cœur et eut raison de mes dernières hésitations.

J'ai pris mes affaires, rendu les clés de ma chambre universitaire et, fin août, j'avais signé mon contrat. J'avais aussi une autre raison pour accepter aussi facilement : le petit Andy, mon cousin, le fils de Percy et Audrey. La vérité, c'est qu'il avait toujours été fragile, il était le plus jeune et ferait sa rentrée à Poudlard tout seul, quelque chose que je n'imaginais même pas. Quand j'y suis allée, il y avait mes deux frères et six de mes cousins. L'idée qu'il y soit sans personne pour veiller sur lui avait ennuyé toute la famille et en apprenant l'opportunité qui m'avait été offerte, j'avais aussi eu la mission officieuse de prendre soin de lui.

Retourner à Poudlard avait un côté excitant et terrifiant. Je n'étais plus une élève désormais, j'étais une adulte de vingt ans, mais revoir le château, ce fut comme y aller pour la première fois. Hagrid m'accueillit d'un sourire amical ses cheveux blancs hirsutes dressés sur la tête, il était toujours aussi fort qu'un bœuf. Je fis léviter ma malle et le suivit. Il m'emmena d'abord à l'intérieur et je posai mes affaires dans un appartement petit, mais confortable.

Nous sortîmes ensuite et il m'expliqua en détail ce qu'il attendait de moi. Ma journée commencerait tôt et finissait tard, mais j'avais des pauses régulières. Je rencontrais mes tous nouveaux collègues, mes anciens professeurs. Je discutai avec le professeur Skystar lorsque Neville entra dans la salle de réunion. Il me serra amicalement la main et je lui rendis son sourire. J'étais satisfaite de constater que j'étais davantage à l'aise avec lui et plus à même de me contrôler.

-Ah, tu peux le croire ?, demanda t-il à mon interlocutrice, ses mains serrant les miennes, me mettant au comble de la joie. La fille d'un de mes amis assistante à Poudlard ! Les années passent si vite...

-Les meilleures sont à venir., intervins-je.

-Pour toi, peut-être. Moi, je suis plus vieux de jour en jour.

-Comme nous tous., répliquai-je, avant de comprendre qu'il plaisantait.

Heureusement, la directrice entra à ce moment, lui permettant de ne pas répondre. Chacun trouva un siège et je m'installai, mortifiée. Quelle espèce d'idiote j'étais ! Pourquoi n'avais-je pas pu me taire ?

Il me fallut un moment pour me reprendre, mais je réussis à garder un air concentré durant la réunion, qui fut, je dois le dire, épouvantablement longue. Je laissai mes pensées dériver mais elles me ramenaient constamment à Neville. Être si près de lui après si longtemps ne paraissait plus être une si bonne idée. Mes sentiments n'avaient en aucune façon besoin d'être encore alimenté. Et si quelqu'un le découvrait ? Oh, j'en mourrais de honte. Il n'y avait rien de honteux, mais je savais que je ne pourrais supporter son regard plein de pitié... Mais si jamais il ressentait quelque chose pour moi, lui aussi ? Mon cœur s'emballa violemment et je me tortillai sur ma chaise, me forçant à écouter avec attention.

Je regardai à ma droite. Rainer, professeur d'arithmancie, arrivé, à en croire Hagrid, il y a deux ans, m'adressa un regard ennuyé qui se dégela peu à peu pour aboutir à un sourire. J'y répondis aussi discrètement et poliment que possible et détournai la tête. La réunion finit enfin et tout le monde se dispersa. Afin de m'installer un peu avant le dîner, je retournai vers ma chambre.

Mon appartement, situé dans l'aile droite, au premier étage, ouvrait d'abord sur un petit salon comportant un divan et un bureau. Une porte droit devant menait à une chambre confortable et une autre à droite à une salle de bains. Je rangeai quelques affaires, poussai ma malle sous le lit, commençai une lettre pour mes parents... et m'endormit dessus, vaincue par toutes les émotions de la journée.

Dans la nuit, je me traînais jusqu'à mon lit. Mon réveil sonna et, recroquevillée dans mes couvertures, je m'étirai et sourit. On était le premier septembre et c'était un jour que j'adorais. À part celui de ma première année, qui m'avait terrifié, le premier septembre avait toujours été synonyme de retour à Poudlard, de retrouvailles avec mes amis, puis, plus tard, il signifiait aussi que pendant presque neuf mois, je verrais Neville quasi quotidiennement, ce qui valait absolument tout au monde.

Je me levai, passai rapidement dans la salle de bains et m'habillai. Je devais rejoindre Hagrid, il avait en effet convenu avec moi de m'accompagner matin et soir pendant une semaine afin de s'assurer que je ne rencontrerais pas de problèmes. J'enfilai une cape chaude et retrouvai Hagrid à l'extérieur.

Nous passâmes à côté des serres et je découvris que Neville s'y trouvait déjà. Il nous adressa un signe de la main auquel nous répondîmes.

-Je le vois souvent le matin., me confia Hagrid. Il m'accompagne même parfois voir les animaux.

Je pris comme note mentale, en dépit des discours féministes que me faisait parfois ma tante Hermione, de veiller à être plus présentable dès l'aube et suivis le parcours habituel d'Hagrid.

Les tâches étaient plutôt simples et la plupart se faisaient à la baguette. Il n'y avait que pour certaines, nécessitant un contact direct avec un de nos pensionnaires qu'il insista pour que je les fasse à la main. Il me présenta toutes ses créatures, chacune portant bien évidemment un nom.

Je m'inclinai devant un hippogriffe à l'air sévère et qui, au bout d'une longue minute, me rendit enfin mon salut.

-Mon père m'a juré qu'il était monté sur le dos d'un hippogriffe une fois. Je ne l'ai jamais cru.

Je me tournai vers Hagrid qui sourit et détourna le regard.

-Il l'a vraiment fait, alors ?

Je secouai la tête, pensant qu'il faudrait que je lui présentes des excuses. La tournée dura jusqu'à huit heures et demie, mais j'étais sûre que je parviendrais à la terminer à huit heures, heure à laquelle Hagrid commençait ses cours. Je reprenais à une heure, pour faire manger tout ce petit monde, puis une nouvelle fois dans la soirée. J'étais évidemment de garde rapprochée auprès des femelles enceintes et en cas de maladie.

Cette première tournée faite, nous rentrâmes prendre un petit déjeuner. La journée passa rapidement, dans l'effervescence des derniers préparatifs, dans l'attente des élèves. J'étais moi-même assez anxieuse, ayant une place à la table des professeurs, ce qui me semblait à la fois ridicule et prestigieux.

Assise en bout de table, Hagrid à mes côtés, j'assistai à l'entrée des élèves de la seconde à la septième année, un joyeux brouhaha régnant dans la Grande Salle. Un silence relatif se fit à l'entrée des nouveaux et, instinctivement, je cherchai à repérer dans la foule, les cheveux roux flamboyants de mon dernier cousin. Je l'aperçus une seconde et le discours habituel commença, suivi de la Répartition proprement dite. Je me calquai sur le comportement de mon voisin et applaudit poliment. Enfin, le tour d'Andrew arriva. Je croisai les doigts, ignorant pourtant dans quelle maison j'espérais qu'il aille.

-Poufsouffle !, s'écria la voix éraillée du Choixpeau et je poussai un soupir de soulagement : Poufsouffle était la meilleure chose qui pouvait lui arriver.

Je lui adressai un sourire d'encouragement, auquel il répondit par un timide salut avant de rejoindre sa place près de ses nouveaux camarades.

La vie était belle, en ce mois de septembre. Mon boulot m'intéressait, Andrew s'intégrait, et j'étais à Poudlard. Il y avait un moment que je ne m'étais pas sentie aussi bien, et, lançons le grand mot, épanouie.

Un matin, alors que je finissais ma tournée et me dirigeais vers le château, je jetai un œil de côté et, après un moment d'hésitation, je changeai de direction. Je marchai à pas mesuré jusqu'au monument des morts de la Guerre, devant lequel Neville se trouvait. Je repérais machinalement sur le marbre le nom d'un oncle que je n'avais jamais connu et dont la perte continuait à peser sur la famille comme une enclume.

-Tu les as tous connus, n'est-ce pas ?

Il se retourna vivement, surpris, et eut un sourire triste.

-Oui. Certains plus que d'autres, mais oui.

Je restai plantée là un moment, frigorifiée, mais n'osant bouger. Les mots sortirent de ma bouche sans que je les retienne.

-Un jour, James a fait une remarque sur un Serpentard, il avait quinze ans à cette époque-là, c'était un jeune con et mon père, lui, avait toujours encaissé sans problèmes ses remarques désobligeantes sur tous ceux qui n'étaient pas à Gryffondor, mais là, il s'est mis dans une colère noire. Je l'avais jamais vu comme ça, James était blanc, Albus avait les yeux écarquillés et je n'étais pas en reste moi-même. À partir de cet instant, aucun de nous n'a plus jamais osé dire quoi que ce soit de discriminatoire.

-On aurait peut-être dû remonter le temps et flanquer la trouille de sa vie au jeune Voldemort., commenta t-il d'une voix éteinte.

-Qui sait, ça aurait pu marcher... Il est jamais trop tard, je vais chercher un Retourneur de Temps ?

Il me regarda et j'eus l'impression fugitive d'apercevoir un air d'approbation sur son visage.

-On va prendre un thé ?, proposa t-il et je lui emboîtai le pas.

Installés dans la salle de pause des professeurs, devant des tasses brûlantes sentant bon la bergamote, il parla enfin.

-À partir de la septième année, j'ai cessé de croire que j'étais en sécurité à Poudlard. Bien sûr, des trucs tout sauf rassurants s'étaient passés les années précédentes, ça avait été dangereux et effrayant, mais je m'étais toujours senti bien entre ces murs. La Septième a tout changé. Poudlard n'a plus jamais été un cocon réconfortant.

-Pourquoi rester, alors ?

Il me regarda et le temps s'arrêta.

-Parce que c'est chez moi. Et que j'ai encore l'espoir d'en faire un endroit sûr pour les élèves.

-Je me suis toujours sentie en sécurité à Poudlard., chuchotai-je.

Il me fixa à nouveau et je relevai les sourire lui vint, lentement, mais qui s'installa sur tout son visage. Il passa une main chaude contre ma joue et arrangea délicatement une mèche de mes cheveux. Mon cœur semblait vouloir exploser dans ma poitrine.

-Tu es vraiment la plus grande réussite de ton père...

-Je dérange ?, fit une voix derrière nous et je sursautai.

L'instant de grâce passa, et j'aurais pu tuer l'idiot qui était entré, mais cela ne sembla pas affecter Neville. Il salua poliment Rainer et se leva.

-J'ai cours. Bonne matinée.

Il sortit rapidement et je restai sans bouger. Rainer prit la chaise vide de Neville. Il darda sur moi un regard aigu noir d'encre qui me gêna.

-J'interrompais quelque chose ?

Ce type me flanquait la chair de poule, mais je lui répondis tout de même.

-Non.