Debout devant le miroir de sa salle de bain, Tony se recoiffa une dernière fois et ajusta son t-shirt. Il sourit à son reflet, fier à raison de son apparence : il était un homme dans la fleur de l'âge au corps solide et musclé. Plus d'une femme – et d'un homme – avait déjà cédé au charme du regard chocolat ou du sourire aguicheur d'Anthony Stark, milliardaire et ingénieur de génie.
Le démon était, sans se vanter, le rêve devenu réalité de milliers de ses concitoyens. Riche, populaire, intelligent, audacieux, séduisant et talentueux, il était le concentré parfaits de leurs envies les plus tangibles et secrètes. Et avec la création d'Iron-Man et des Avengers, il pouvait même ajouter super-héro à la liste !
Il regarda ses cornes sombres avec un sourire satisfait : ses parents avaient bien tenté de dissimuler sa nature dans ses plus jeunes années (tant pour le protéger que pour épargner leur réputation), mais Tony n'avait jamais pu se résoudre à dissimuler ses caractéristiques. Et le résultat avait été à sa hauteur. Plus performant qu'aucun démon avant lui, New-York lui mangeait dans le creux de la main et il travaillait même de concert avec Steve Rogers, le seul ange existant sur terre !
Enfin, jusqu'à ce que les vrais anges reviennent se faire connaître au cours des dernières semaines.
Un soupir désappointé échappa à Tony quand il se rappela que toutes ses merveilleuses qualités laissaient son délicieux invité de marbre.
Il quitta la pièce avec un ultime regard en arrière, admirant sans vergogne l'œuvre d'art qu'il était. Diantre, s'il le pouvait il se ramènerait bien chez lui ! À défaut d'attendre la réalisation de ce miracle, Tony saisi une bouteille d'eau et une de scotch avant de descendre d'un étage en sifflotant.
Jamais il n'avait été aussi ravi d'avoir créé une tour aussi haute, ne serait ce que pour sa capacité à accueillir de nouveaux invités !
Il toqua à la porte, pour au moins prétendre qu'il avait prévenu de son arrivée, avant de rentrer dans la chambre. Comme à son habitude, son invité était assis près de la fenêtre avec un livre entre les mains, ses longues ailes blanches brisées pendant inutilement à ses côtés.
Tony aurait aimé pouvoir consoler l'ange et lui assurer qu'il pourrait voler à nouveau, mais tant son réalisme que son égoïsme le poussait à ne pas encourager de telles pensées. Pour l'heure, tout ce que Tony pouvait faire c'était lui procurer un lieu de repos et de la compagnie.
-Salut toi.
Malgré ses meilleurs efforts, Tony était chaque fois sous le choc de l'aura qui entourait la dangereuse créature. Il émanait de celui ci une telle pureté qu'il paraissait irréel, éphémère. Même s'il savait la pensée ridicule, le démon craignait qu'un simple frôlement suffise à faire disparaître son invité.
-Anthony, le salua l'ange d'un ton ennuyé dès qu'il eut posé un pied dans la pièce. Que me vaut votre compagnie si tôt dans la journée ?
-La simple envie de te contempler, chéri, répondit le démon avec un clin d'œil. Content de voir que tu apprécies les livres que Pepper a commandé.
Celui ci referma son livre, tournant toute son attention et ses magnifiques yeux émeraudes vers son hôte. Le démon déglutit difficilement, résistant à l'envie de se perdre dans le regard. Les couleurs étaient si vibrantes que Tony se demandait parfois si la création avait utilisé ses ressources pour fabriquer les asgardiens avant d'utiliser le fond des pots pour le reste de l'humanité.
-Le divertissement est bienvenu, acquiesça l'ange. L'inaction et l'ennui étaient mes pires ennemis sur Asgard.
-Je n'en doute pas mon cher, répondit Tony en s'installant confortablement. Au cas où tu aurais oublié, c'est moi qui ait dû contrecarrer toutes tes stupides tentatives pour quitter ta chambre. Ce cadeau est autant pour toi que pour moi !
Il tendit la bouteille d'eau à l'ange puis but plusieurs gorgées de sa propre bouteille. Savoir que les anges étaient incapables de devenir saouls l'avait aidé à comprendre leur constant état de pure sobriété, mais quelle horreur à vivre ! Il aurait préféré se couper un bras plutôt que de se voir infliger ça. Quoique, le sergent Barnes avait perdu son bras et ne semblait pas plus content que ça de son statut, même si sa transformation n'avait pas abouti...
Il se força à ramener ses pensées vagabondes au jeune homme à la peau d'albâtre qui lui faisait face.
Sa langue passa instinctivement sur ses lèvres en observant celui ci porter le goulot à ses lèvres.
-Vous devriez cesser de me regarder comme un animal en chaleur Anthony, cela ne vous sied guère, le réprimanda Loki d'un ton amusé. Je n'ai aucune intention de m'engager dans une affaire avec un midgardien.
Tony était partagé entre se sentir flatté de savoir que l'ange mettait Steve et lui sur un pied d'égalité, et la déception du refus. Encore.
-Je suis choqué du fait que tu comprennes même ce « qu'avoir une relation physique » veut dire. Baiser, faire l'amour, la sodomie, tout ça tout ça, je pensais que c'était un tabou chez les anges, se moqua le démon.
-Il en faudra bien plus pour me choquer je le crains, dit Loki en haussant un sourcil. Mais vos croyances sont tellement pitoyables que cela suffit à me faire perdre la foi.
-Oh, n'aie crainte. Toute seconde passée en ta compagnie est une preuve que nos mythes ne contiennent que des ramassis de conneries vous concernant, répondit Tony avec un rictus.
-Vraiment ? sourit Loki. Tu sais pourtant que les anges sont réellement tenu de dire la vérité.
Cette présomption avait coûté cher à Tony quand il avait cru tout ce qui sortait de la bouche de l'ange… sans savoir que celui ci avait fait de dissimuler la vérité et de tordre le sens des mots un véritable art. Il était aux aguets désormais, mais Loki avait un talent incroyable pour manipuler la vérité à sa guise.
Le démon nota quand même avec plaisir le passage au tutoiement, de plus en plus rapide ces derniers temps. Tony se laissa glisser avec plaisir dans leurs échanges habituels, savourant chaque seconde passée en compagnie de son invité forcé.
Il savait que, pour l'instant, il n'avait pas plus de place dans la vie de l'ange qu'un simple insecte frustrant méritant une once de considération pour avoir réussi à le piéger. Cependant, c'était déjà un grand progrès par rapport à leur première entrevue et, malgré la résistance, Tony savait qu'il gagnait un peu plus chaque jour du respect et de l'admiration.
Le seul facteur contre lui était la détermination de Loki à maintenir les choses telles qu'elles sont jusqu'à ce qu'il parvienne à quitter sa chambre.
Qu'importe ! Tant que ses ailes ne seraient pas guéries, Loki ne pourrait pas quitter la tour Stark sans l'accord express de son propriétaire.
Tony connaissait ses avantage et était prêt à mettre ce temps à son profit pour gagner une place dans le lit de l'ange. Et s'il échouait, et bien…
Il n'aimait pas penser à cette possibilité.
