Disclaimer : L'univers d'Eldarya et ses personnages sont la propriété de Beemov. Il est également possible que des clins d'oeil à des personnages appartenant à d'autres oeuvres de fiction fassent leur apparition dans cette histoire.

Cette fanfiction est un gros délire qui se veut humoristique, donc tout est à prendre au second degré. J'espère que ça réussira au moins à vous tirer un sourire ^^

Je remercie Shigu qui m'aide à corriger les chapitres!


Chapitre 1 : Le fabuleux destin de Nevra

C'était une journée comme une autre à Eel. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles – Eldarya en l'occurrence – et Nevra se baladait oisivement dans les couloirs du QG, bien inconscient des merveilleux événements qui lui tomberaient très bientôt sur le coin du nez sans qu'il n'ait rien demandé.

Mais alors qu'il était occupé à remplir la mission pour laquelle il était payé en tant que chef de garde – à savoir, ne rien faire – une vision des plus agréables vint embellir sa journée : Miiko se dirigeait vers lui d'un pas déterminé, visiblement décidée à lui parler. Ses lèvres s'étirèrent alors en ce qu'il aurait lui-même qualifié de sourire charmeur, mais que quelqu'un de plus pragmatique aurait sans doute appelé un sourire de beauf en rut.

« Hey, Miiko, l'interpella-t-il avec un ton mielleux.

- Pas de ça avec moi aujourd'hui Nevra, répondit la kitsune avec froideur, je n'ai pas de temps à perdre. Je suis seulement venue te transmettre le message suivant : Valkyon te cherche. Il veut que tu viennes le voir à la forge au plus vite. Apparemment il souhaite te parler de quelque chose d'important.

- Je vois, dit Nevra qui ne semblait pas du tout intéressé par la question. Mais dis-moi Miiko, est-ce-que ton père est un voleur ? Parce-que je suis sûr qu'il a volé tous les diamants des mines d'Eel pour les mettre dans tes yeux... »

La kitsune eut une grimace répugnée et fronça les sourcils.

« Combien de fois devrai-je te dire d'arrêter d'utiliser ces phrases de drague immondes que tu trouves sur le facebook des humains ? Tu devrais avoir honte. Même pour toi c'est une disgrâce.

- Attends, Miiko…

- Cette conversation est terminée ! s'écria-t-elle avant de tourner les talons sans plus attendre, sans doute par peur que la crétinerie du vampire ne soit contagieuse. »

Nevra eut une moue dépitée en voyant s'éloigner la jeune femme avec regret. Mais il haussa les épaules en se faisant une raison : de toute évidence, ce n'était pas demain la veille que la kitsune accepterait les sentiments incandescents qu'elle avait pour lui. Les coups et les attaques verbales ponctuées de grimaces dédaigneuses étaient la seule façon qu'elle connaissait de montrer son affection. Au fond, Nevra la plaignait, ce n'était pas facile d'être une tsundere. Elle avait au moins la chance d'être tombée sur lui, qui voyait clair dans son jeu, là où n'importe quelle personne avec un égo un peu moins développé que lui aurait cru au mépris « simulé » de Miiko.

Alors que le vampire continuait de soigner son orgueil à l'aide d'excuses irréalistes, il se mit à errer au hasard dans le QG. Comme n'importe qui possédant un minimum de sens de l'observation pouvait le remarquer après deux minutes passées en sa compagnie, Nevra était légèrement trop porté sur la drague pour son propre bien. Ce n'était pas vraiment sa faute, mais cette obsession avait commencé lorsqu'Ykhar lui avait ramené un exemplaire du roman Twilight du monde des humains, et lui avait expliqué que, là-bas, des milliers de jeunes filles entraient dans un état de transe surexcité dès qu'il était question de vampires, et constituaient ce qu'on appelait la communauté des « fangirls ». Ni une ni deux, Nevra avait alors décidé de faire honneur à son espèce et de la représenter correctement. C'était donc pour cette raison qu'il s'était résolu à devenir l'idole des foules et le sex-symbol de la garde d'Eel. Bien sûr, la plupart des femmes de la garde s'efforçaient de réprimer leur attirance pour lui afin de conserver leur dignité, mais il savait bien qu'elles étaient toutes secrètement folles de lui. Après tout, il était un vampire qui ne brillait pas au soleil, par la barbe de Dracula ! Qui pourrait résister à ça ? C'est une question rhétorique, mais si vous hésitez, la réponse est bien évidemment personne.

Perdu dans ses pensées, Nevra n'avait pas remarqué que ses pas l'avaient conduit automatiquement vers la forge. Se souvenant de ce que Miiko lui avait dit quelques instants plus tôt, il entra pour trouver Valkyon.

Le chef de l'Obsidienne était bien là. Assis devant un bureau recouvert de feuilles, d'armes, de fioles, de plans en tous genres, et de ce qui semblait être de la nourriture en train de moisir, il avait l'air d'être perdu dans ses pensées. Nevra se racla la gorge pour signaler sa présence, faisant sursauter le jeune homme au passage.

« Ah, Nevra tu es là. J'imagine que c'est Miiko qui t'as fait passer le message. Je te cherche depuis ce matin.

- Elle m'a dit ça oui. Je peux savoir en quel honneur tu désires ma charmante compagnie ?

- Ne te fais pas d'idées, dit le guerrier en fronçant les sourcils avec un air hésitant. En temps normal, j'aurais demandé à Ezarel, mais il est parti en mission depuis une semaine et n'est toujours pas revenu, alors j'ai dû trouver une autre solution…

- Très bien, dis-moi ce que tu veux alors. Mais dépêche-toi, j'ai une bonne dizaine de conquêtes sur le feu.

- Sur le feu ? demanda Valkyon avec une expression horrifiée.

- Pas littéralement, répondit Nevra en secouant la tête avec condescendance. Je parle seulement des braises ardentes qui enflamment leur cœur nuit et jour. »

Le vampire avait accompagné ces dernières paroles d'un mouvement de bras grandiloquent.

Valkyon fronça les sourcils, ouvrit la bouche, la referma, puis la rouvrit. On aurait presque pu entendre les rouages de son cerveau s'échauffer avec difficulté pour tenter de donner un sens à cet entremêlement de métaphores sur l'amour – un domaine qui lui était tout sauf familier.

« Tu veux dire… finit-il par articuler avec hésitation, qu'il y a quelqu'un à Eldarya qui, heu… a des sentiments pour toi ?

- Quelle question ! Toutes les femmes de la garde sont folles de moi Valkyon, tout le monde le sait, dit Nevra sur le ton de l'évidence.

- Ah, euh… Je ne savais pas. »

Le guerrier affichait un air hébété, semblant se demander comment il avait pu manquer une information pareille si la chose était à ce point évidente pour tout le monde. Dans sa grande indulgence, Nevra décida de changer de sujet afin d'épargner les quelques neurones que Valkyon possédait encore après toutes ces années passées à se prendre des coups sur la tête au combat.

« Ce n'est pas étonnant, tu n'es pas un grand observateur. Mais dis-moi plutôt ce qui m'amène ici, je commence à m'impatienter.

- Ah, oui, tu as raison, dit Valkyon, qui semblait avoir retrouvé ses capacités cognitives maintenant que la conversation tournait autour d'autre chose que les soi-disant intrigues amoureuses de la garde d'Eel. »

Adoptant une expression assurée, il dit alors comme si c'était la chose la plus naturelle du monde :

« Nevra, j'ai besoin que tu sois mon cobaye.

- Huh, pardon ? »

Le vampire fronça les sourcils, s'apprêtant à demander si c'était une façon de faire sa demande en mariage spécifique à la tribu d'attardés d'où était issu Valkyon, mais ce dernier l'interrompit avant qu'il n'ait pu ouvrir la bouche.

« Comme je te l'ai dit, c'était Ezarel qui remplissait ce rôle avant, mais il n'est plus là pour le moment, et j'ai désespéramment besoin de quelqu'un pour le remplacer...

- Attends… Ezarel faisait ça ?

- Tu n'imagines même pas tout ce qu'Ezarel est prêt à faire en échange de quelques pots de miel…

- Non et je préfère pas, dit Nevra avec une grimace de dégoût.

- Alors, demanda Valkyon, acceptes-tu d'être mon cobaye ? »

Nevra le regarda en fronçant les sourcils et en penchant la tête sur le côté.

« Attends… Je ne suis pas sûr de tout saisir. Est-ce-qu'on est en train de parler de quelque-chose de sexuel… ?

- De quelque-chose de quoi ? demanda Valkyon avec l'expression d'étonnement la plus sincère et innocente qui soit. »

Nevra poussa un long soupir de soulagement. Il aurait dû se douter, connaissant le manque flagrant de maturité sentimentale de Valkyon, que l'interprétation douteuse qui lui était naturellement venue à l'esprit ne pouvait pas être la bonne.

« Bon, Valkyon, je sais que c'est pas ton fort la conversation, mais pour une fois tu vas essayer d'être clair et d'aller droit au but : qu'est-ce-que tu entends au juste par cobaye ?

- Quelqu'un qui teste lui-même toutes les potions mises au point par l'alchimiste officiel de la garde obsidienne. Qu'est-ce-que tu as bien pu t'imaginer d'autre ? »

Nevra ouvrit la bouche pour répondre, mais la referma aussitôt, ne désirant pas souiller l'innocence encore intacte du capitaine de garde.

« Peu importe. Mais… attends… tu me demandes sérieusement de tester des potions non validées qui pourraient avoir n'importe quelles conséquences ? Tu me prends pour un bleu ?

- Les potions en question ne sont – en théorie – pas dangereuses.

- Mouais, et j'y gagnerais quoi en échange ?

- Notre alchimiste a développé récemment un puissant filtre d'amour. Si tu acceptes de tester ces potions, je te l'offre, et tu pourras l'utiliser comme tu le souhaites.

- Et qu'est-ce-qui te fait croire que j'ai besoin d'un tel filtre ? »

Valkyon eut l'air légèrement décontenancé par sa remarque.

« Heu, eh bien… commença-t-il avec hésitation.

- Je te charrie. Bien sûr que j'accepte. Je suis trop curieux de voir les effets que ça pourrait avoir. »

Le chef de l'obsidienne sembla soulagé.

« Bon, alors je vais chercher les potions en question et je reviens. »

Quelques secondes plus tard, Valkyon était de retour, avec dans les bras une caisse contenant plusieurs fioles à l'allure peu encourageante.

« Bien, on peut commencer, dit-il en attrapant l'une d'entre elles. Voici donc la première potion. Elle est censée doubler le volume musculaire de celui qui la boit, mais ses effets sont seulement temporaires. »

Il tendit la fiole débouchée à Nevra, qui grimaça légèrement à l'odeur, mais avala néanmoins le liquide en une gorgée.

Ils attendirent plusieurs secondes, mais aucun effet notable ne se fit remarquer.

« Ca ne marche pas, dit Nevra sur le ton de l'évidence.

- Je note ça, dit Valkyon en griffonnant dans un carnet. Il faudra que je demande à ce qu'elle soit retravaillée. Passons à la suite maintenant. »

Il sortit une deuxième fiole de la caisse.

« Celle-là est censée augmenter les capacités au combat, dit-il après un léger temps d'hésitation.

- Augmenter la masse musculaire, augmenter les capacités au combat… Laisse-moi deviner, toutes tes potions sont de cet ordre-là ?

- Elles ont été préparées spécialement pour la garde obsidienne.

- Je vois ça. C'est à se demander pourquoi vous avez un filtre d'amour au milieu de tout ça...

- C'est une potion qui a mal marché. »

Nevra ne répondit pas, et se contenta d'avaler une nouvelle fois le contenu de la fiole.

Après quelques secondes sans qu'aucun effet notable ne se fasse ressentir, il afficha une moue dubitative.

« Décidément, il n'y a pas grand-chose qui marche parmi tes potions. Je commence à comprendre pourquoi Ezarel n'était pas plus réticent que ça à les tester... »

Mais le vampire s'interrompit lorsqu'il remarqua l'expression étrange qui s'affichait sur le visage de Valkyon. Il regardait Nevra avec de grands yeux hallucinés, qui avaient l'air d'être prêts à sortir de leurs orbites d'une seconde à l'autre.

« Heu… Valkyon ? Tout va bien ?

- Tout va très bien oui, répondit-il avec une voix tellement pleine d'enthousiasme que le vampire faillit en tomber de sa chaise. Je dirais même que les choses n'ont jamais été aussi bien, puisque je viens d'avoir la plus grande révélation de ma vie.

- Ah vraiment ? Tu m'en vois ravi pour toi. Par contre si tu pouvais t'éloigner un peu je t'en serais reconnaissant... »

Mais sans l'écouter, Valkyon se rapprocha encore plus du vampire, et attrapa la main qu'il avait vainement tenté d'utiliser pour le repousser.

« Nevra, j'ai honte de ne pas m'en être rendu compte plus tôt, mais aujourd'hui pour la première fois j'ai l'impression de pouvoir voir le monde avec clarté. Tes cheveux soyeux comme la fourrure d'un alcopafel, tes yeux gris comme la lame d'un dragonslayer… Je comprends maintenant ce que tu voulais dire en parlant des braises ardentes qui peuvent enflammer un cœur. Nevra, je pense que tu es mon âme sœur.

- Ah, heu… Bah si tu le dis, dit le vampire qui était trop occupé à essayer de soustraire sa main droite à l'emprise de fer de Valkyon pour se concentrer sur ce qu'il était en train de dire.

- Écoute, je sais que cela pourra paraître légèrement précipité, mais mon cœur ne peut pas attendre plus longtemps. Nevra, acceptes-tu m'épouser ? »

En entendant ces derniers mots, Nevra fut comme figé par l'horreur.

« Keuwa ?! »

Mais l'expression faciale du guerrier était tout ce qu'il y avait de plus sérieux. Alors, comme il n'est pas coutume en ce genre de situation, Nevra paniqua, et son poing gauche – celui qui n'était pas emprisonné par l'autre brute – se précipita vers la tête de Valkyon avant même que le cerveau du vampire n'ait fini de procéder la situation.

Le chef de l'Obsidienne tomba alors inconscient au sol avec un gros boum. Et Nevra fit la seule chose qu'il pouvait faire dans une telle situation : il prit la fuite.

« Bon sang, pourquoi c'est toujours à moi que ce genre de trucs arrive ?! »