Hermione soupira. Accoudée au bar, elle fit tourner son verre vide entre ses mains.

« Encore un lapin… » pensa t-elle. « Ne jamais, jamais aller sur des sites de rencontres…»

Le 3ème lapin qu'on lui posait en 2 semaines. Elle avait franchi la limite : elle pouvait se saouler.

« Un autre, s'il vous plait. » dit-elle à l'adresse du barman. « Dans un plus grand verre. En fin de compte, donnez moi votre alcool le plus fort. »

Ce n'était pas son genre, boire, mais c'était la solution – certes pas la moins chère - la plus facile et la moins fatigante qui se trouvait à sa portée pour lui faire oublier sa vie pourrie. Elle but cul sec son nouveau verre.

D'un œil hagard, elle inspecta l'intérieur de son lieu d'échéance.

Un petit vieux rabougri était assis à quelques sièges qu'elle et s'envoyait verre sur verre. 3 filles s'étaient réunies autour d'une en parlant avec de grands gestes. Un couple tentait désespérément de se faire discret en se cachant derrière une carte.

Le reste du bar était peuplé de gens inintéressants aux yeux d'Hermione bien que ceux précédemment cités ne l'étaient pas non plus.

Tous, sauf un petit groupe. Constitué uniquement d'hommes, Hermione ne pouvait s'empêcher de tourner la tête vers eux, les fixant de ses grands yeux bruns.

« Pourquoi, pourquoi, bordel, je ne peux pas m'empêcher de les regarder ? »

Elle prit sa tête entre ses mains.

Elle lui faisait mal, les effets de l'alcool étaient là.

C'était là, son vrai problème dans la vie : pourquoi ne supportait-elle pas l'alcool ? En 2 verres, elle était ivre morte alors que les autres arrivaient à en tenir 6.

Avec un gémissement pitoyable, elle laissa lourdement tomber sa tête sur le comptoir. L'œil vitreux, fixé sur son grand verre à nouveau vide.

Sa vie se résumait à ça. A un putain de verre vide.

Pendant son adolescente, tous les professeurs s'étaient extasiés devant son travail plus que parfait. Des Optimal et des Efforts Exceptionnels dans toutes les matières… des observations toujours très élogieuses…

« Miss Granger est très douée. », « Miss Granger à toutes les qualités qu'il faut pour réussir. », « Miss Granger ira loin dans la vie. ».

Et bien non. Miss Granger n'était pas très douée, Miss Granger n'avait pas toutes les qualités pour réussir et non, Miss Granger n'était pas allée loin dans la vie.

Elle avait échoué ici, avec un rapide passage par la case amour.

Pas d'études brillantissimes qui l'auraient propulsée dans un monde du travail stressant, violent, excitant.

Non.

Elle avait voulu aider son débile de copain croyant qu'il ouvrirait enfin les yeux en se rendant compte qu'Hermione était la fille de ses rêves, qu'il voulait finir ses jours avec elle, mourir avec elle. L'aimer à la vie, à la mort, quoi.

Son plan avait raté.

Ce crétin s'était jeté dans les bras d'une autre.

Harry.

Après l'avoir tant aimé, Hermione le voyait autrement maintenant : comme un gros imbécile.

Qu'il était.

De plus, il s'était jeté dans les bras d'une gourde. Ginny.

Tous le monde ne cessait de répéter « Mais qu'ils sont mignons tous les deux… ! ». Non, ils n'étaient pas mignons. Hermione les trouvait passablement écoeurants.

Mais, c'était fini maintenant.

Hermione n'était plus amoureuse d'Harry, non. Non, non, non, non. C'était du passé. Vous avez compris ? C'est du passé.

Elle était même devenue amie avec Ginny. Enfin… plus ou moins. Si on veux.

Pour revenir à la déplorable carrière d'Hermione… Elle n'était pas devenue Auror, ni médicomage, ni… quoi que se soit qui ai de la valeur aux yeux des autres. Hermione exerçait l'activité libre de danseuse.

Combien de fois avait-elle essuyé des regards courroucés à l'entente de son métier ? « Danseuse ? Mais… ce n'est pas très gratifiant… ». Et ben si. Hermione l'aimait, son putain de métier, bien qu'elle dise souvent le contraire.

C'était ça, son second vrai problème dans la vie : pourquoi était-elle incapable de dire la vérité ? Pourquoi faisait-elle semblant ? Elle refusait d'admettre qu'elle aimait son métier mais pas sa vie. Incapable de dire la vérité, sûrement parce que mentir est plus facile.

Elle faisait semblant d'aimer le Coca alors qu'elle préférait l'Ice Tea, elle mettait la robe rouge alors qu'elle voulait porter la robe noire, elle disait qu'elle n'aimait les chips alors qu'elle adorait ça.

C'était un fait : pour Hermione, mentir était beaucoup plus facile.

C'était tellement minuscule comme existence comparait à celle d'Harry. Tout lui réussissait : il était devenu Auror, était mariée avec la femme de sa vie et, pour couronner le tout, était le père de 2 sales gosses insupportables qui s'entêtaient à appeler Hermione « Tata Mione » en se cramponnant à son bras. Si elle avait put, Hermione les aurait baffer sans ménagement.

« Excusez moi… » dit une voix suave à côté de la jeune femme.

Elle releva la tête pour se retrouver face à un grand brun, plutôt pas mal. Dans son état normal, Hermione aurait essayé de faire connaissance avec lui, mais pas ce soir.

« Quoi ? »

« J'ai l'impression de vous avoir déjà vu quelque part… Vous ne seriez pas originaire du… »

« Oh non ! » se dit Hermione en plaçant son verre glacé sur sa tempe. « Le coup du « on s'est pas déjà vu quelque part ? » est d'un bidon… ! »

« … parce que, vous savez, je suis né à LongIsland. » continua l'homme sans voir qu'Hermione ne l'écoutait déjà plus. « Vous allez dire « un américain ! » et oui… - il eut un petit sourire suffisant – mais j'ai grandis, ici, en Angleterre, je suis de chez vous quoi ! … Je m'appelle Johnson, au fait, Ted Johnson. Mais mes proches m'appelle Teddy ! »

« Parle, mon coco, parle… à qui tu veux, sauf à moi. »

Ca aurait pu durer 1900 ans, Hermione en était persuadée, si quelqu'un n'était pas intervenu.

« Je voudrais passer. » dit une voix méchante dans le dos de « Teddy ».

« Quel con. » ne put s'empêcher de penser Hermione.

Elle n'appréciait guère ce cher Ted Johnson mais, lui, il avait le mérite d'être poli. Collant mais poli. Chiant mais poli. Insupportable mais poli. A y réfléchir, Hermione l'aurait bien frappé. Elle finit remercier mentalement le méchant de parler… euh… méchamment.

« Vous ne voyez pas qu'on parle ?? » dit Ted avec mauvaise humeur en se retournant.

Grand. C'était le seul mot qui venait à l'esprit d'Hermione pour décrire son imbécile de sauveur qui à ce moment même venait d'administrer à Ted un coup de poing retentissant. Ted gisait par terre maintenant. Et le nez en sang.

Grand et blond.

De son 1m90, il posa nonchalamment ses coudes sur le bar et prit sa commande. D'une voix posée, calme mais on y décelait un brin d'arrogance et un ton froid.

Hermione l'étudia attentivement comme seule une Hermione Granger bourrée savait le faire. Il avait un affreux teint pale de malade en dernière phase de vie. Son petit nez pointu s'était retroussé quand le barman avait tapé du poing sur la table en disant qu'on ne frappait pas les clients. Et dès à présent ses yeux bleus d'acier foudroyaient l'homme en face de lui. Hermione frémit. Si c'était elle qu'on avait regardée comme ça, elle en aurait fait une syncope.

Et elle reconnut ces putains d'yeux. Sous le choc, elle lâcha son verre qui tomba sur le bar en faisant un bruit effroyable.

Le grand méchant blond tourna la tête vers elle et un petit sourire crétin vint illuminer ses lèvres montrant des belles canines blanches. Un sourire de loup, de prédateur.

« Granger. Ca faisait longtemps. »

« Pas assez longtemps, Malefoy. »

Drago Malefoy secoua la tête en émettant « tsss tsss » de désapprobation. Hermione émit un grognement ; il lui avait dit 4 mots et elle ne le supportait déjà plus. Lui aussi, elle avait envie de le frapper.

« Tu m'as à peine parlé, Malefoy, et tu me gonfles déjà. Comment tu l'expliques ? »

« Ne t'en fais pas, Granger. Tu me gonfles aussi. Mais je vais essayer de me montrer gentil avec toi, ce soir, pour une fois. Comment vas-tu ? »

« Bien, très bien. » répondit Hermione.

Et voila. Pourquoi est-ce qu'elle mentait ? La preuve de son déplorable état mental.

Elle n'allait pas bien, c'était évident. Elle se bourrait la gueule et parlait à Drago Malefoy d'un ton civilisé.

Pauvre Hermione.

« C'est à ce moment là que tu es sensée me retourner la question. » dit Malefoy en la tirant de sa rêverie.

Hermione plissa les yeux et soupira. « Et toi ? » marmonna t-elle.

« On ne peut mieux, on ne peut mieux. » répondit Drago. Il eut un petit ricanement. « T'es toute seule ? » Ricanement. « Comment se fait-il que ça ne m'étonne pas ? »

Hermione le fusilla du regard. Elle jeta un bref regard à la table de Drago où attendait une jeune femme brune, l'air légèrement crispé.

« Et comment se fait-il que ça ne m'étonne pas que tu sois accompagnée d'une potiche ? Laisse moi deviner… c'est la seule qui a bien voulu de toi ? »

Malefoy plissa ses yeux bleu acier. Hermione était habituée à ce qu'il la regarde comme ça, elle haussa donc les épaules, signifiant que son regard ne l'impressionnait aucunement. Enfin presque…

« Tu sais, Granger, » reprit-il. « Je me demande franchement pourquoi tu n'as pas fini avec Potty… » remarqua sournoisement Drago avec un léger sourire moqueur.

Hermione failli s'étouffer. Il n'avait pas le droit de dire ça. En aucun droit. Sa lèvre inférieure trembla légèrement et ses mains se crispèrent sur son verre. Elle resta immobile, sans savoir quoi dire.

Il prit les consommations qu'on venait de lui apporter et s'en alla vers sa table, sans un mot de plus.

C'était officiel. Hermione était sûre, à 100, elle y mettrait sa main au feu, - la tête même, si vous voulez - elle détestait Drago Malefoy. Et elle avait bel et bien l'air d'une triple conne.

Pour se soulager de ce lourd fardeau, elle commanda un autre verre.

Hermione se cramponna au bar et essaya de lever dignement son postérieur.

A priori, l'alcool ne faisait pas que vomir, il nous faisait aussi peser 800 tonnes.

Elle allait enjamber « Teddy » quand celui-ci s'agrippa à sa jambe. Avec un soupir là, elle l'a secoua (la jambe) pour la lui faire lâcher. Rien à faire. « Teddy » était bien accroché. Elle lui donne quelques petits coups de pied dans les côtes mais il s'obstina à ne pas lâcher prise.

Elle allait abandonner quand un pied vient valser dans le ventre de ce cher Ted, libérant ainsi Hermione. Elle releva la tête et se retrouva nez à nez avec le mec le plus beau qu'elle n'ait jamais vu.

D'une taille imposante, il possédait les yeux verts les plus fabuleux qu'elle avait eu l'occasion de voir – battant ainsi à plates coutures ce schtroumpf de Harry. Ses cheveux châtains étaient parsemés de quelques mèches blondes et une minuscule fossette se forma lorsqu'il sourit à Hermione.

C'est avec un regard ébahi et la bouche grande ouverte que Hermione le fixa avant de reprendre ses esprits et de le remercier.

« Merci… » balbutia t-elle en essayant d'arranger ses cheveux en désordre. « Sans vous, je restais là toute la nuit ! »

« Je vous en pries. » lui répondit-il d'une voix grave et sexy. Il avança une de ses mains bronzées. « Je m'appelle Jack. »

Hermione se saisit vivement de la main. « Hermione. »

… o O o …

La porte de la chambre s'ouvrit violement, laissant deux corps enlacés entrer précipitamment.

Hermione arracha à moitié la chemise de Jack tandis que celui-ci s'occupait de son soutien-gorge. Tout en s'embrassant à s'en décrocher une mâchoire, ils s'allongèrent sur le lit, faisant voler pantalons et dessous.

… o O o …

Hermione se cligna des yeux. Des rayons de soleil passant à travers les volets entrouverts venaient caresser son bras qui dépassait du drap. Elle se releva à moitié, s'appuyant sur ses coudes.

Elle tourna la tête pour tomber sur un Jack torse nu et endormi. Diable, avait-elle réussi, elle, Hermione Granger, à s'envoyer en l'air avec un mec aussi sexy et beau ? Cela tenait du mirage.

Son regard balaya le reste de la chambre pour atterrir sur un réveil indiquant 8h30.

« Meerrrrrde… » murmura t-elle.

Elle se leva complètement et s'empressa d'enfiler son jean et le reste de ses vêtements. Sur la pointe des pieds, elle quitta la chambre et poussa doucement la porte derrière elle.

Si la chambre était belle et bien rangé, le reste de l'appartement ne suivait apparemment pas. Vêtements, canettes, boites de pizzas vides ou pleines, cendriers remplis… Un bordel sans nom.

Se traînant du mieux qu'elle put vers la sortie tout en essayant de toucher le moins de trucs possibles, Hermione se battait contre son mal de tête de plus en plus important. Et c'est avec la délicatesse de l'hippopotame qu'elle ouvrit la porte d'entrée et fuit loin de cet appartement de malheur, le vite qu'il lui était possible.

Putain de gueule de bois.