Un cri brisa le silence de la nuit. Un cri inhumain, horrible, ce genre decriqui vous glace le sang, arrête votre cœur, vous bloquesla respiration, vous donnesla chaire de poule. Un cri tout droit sortit des tréfonds inconnus de la Terre, un cri millénaire. Ce sonétait sortitde la bouche d'une femme qui se tenait debout sur le toit d'un immeuble. Elle avait la peau pâle, translucide. Ses yeux étaient injectés de sang. Elle avait delongs cheveuxnoirs. Ses lèvres étaient retroussées, découvrant des dents jaunâtres et sales. La femme se mit à reculer, et, soudain, elle s'élança et sauta du toit. Elle se réceptionna à terre sans mal et se releva. Elle se mita errerdans la ville. À chaque fois qu'elle voyait une bouche d'égout, elle se penchait, l'examinait puis se détournait et reprenait sa route. Après quelques heures de marche elle sortiede la ville. Elle continua de marcher sans s'arrêter. Soudain, elle aperçut un petit ruisseau qui coullait non loin. Elle s'approchait et y plongea sa main. Ses yeux noirs s'illuminèrent d'une lueur de folie. La femme se mit alors à chanter. Son timbre était étonnement doux. Elle continua son étrange litanie pendant de longues minutes. Elle chanta toujours sa berceuse morbide lorsque, du boutsde ses doigts maigres, s'échappèrent des filaments liquides. Ils étaient d'une couleur argentée, la même que la Lune qui brillait au-dessus de la femme. Elle avait choisi l'Élue depuis longtemps. Elle l'avait observé, étudié durant de nombreuses heures. Elle serait parfaite.《Tu nous sauveras toutes. Tu les sauveras.》 Pensa la femme avant de s'écrouler sur le sol boueux, réduite en poussière.