~Tuning out- Bastille.


Je t'aime.

Elle l'observe discrètement par-dessus l'épaisse bordure noire de ses lunettes de lecture, cachée par son livre. Elle ne perd pas une miette de ce qui est pour elle le plus magnifique des spectacles. Elle observe chacun de ses mouvements comme si c'était la dernière fois qu'elle le regardait. Comme si elle voulait graver la moindre parcelle de son anatomie dans sa mémoire. Elle savoure la vision du roulement de ses muscles sous sa peau pâle, s'imagine passer ses mains dans ses cheveux blonds platine, dévore secrètement sa bouche finement dessinée, son cou, sa nuque. Plonge éperdument son regard dans ses yeux de glace. Perdue dans ses pensées, elle ne cherche même plus à se dissimuler derrière son livre. Elle mordille distraitement un crayon, imaginant quelle pourrait être l'odeur de sa peau, la saveur de sa bouche, l'intensité de son regard. Sans en avoir vraiment conscience, son cerveau se met à imaginer des situations qui la font rougir. Elle le regarde encore une fois puis se met à sourire d'un air rêveur. Mais son sourire rempli de rêve et de passion se transforme vite en une pitoyable grimace résignée, qui cache mal la tristesse qui émane son être tout entier. Elle vient de se souvenir. Elle avait oubliée qui elle était, qui il était. Elle était si peu. Il était tant. Elle n'avait pas le droit de l'aimer. Ni même de le regarder.

Lui de son côté, était peut-être plus discret, mais il ne l'observait pas moins qu'elle. Du coin de l'œil, il l'épiait depuis qu'elle était arrivée. Tout en elle le poussait à l'excès, à la luxure, à l'amour. Tout. De son corps filiforme à l'apparence fragile et délicat jusqu'à ses boucles auburn attachées en un chignon désordonnées. Elle était magnifique. Avec son air vaguement désintéressé qu'il aimait tant, elle mordillait distraitement un crayon, en regardant dans le vide. Il fut au summum de la souffrance physique quand elle se mit à sourire. Elle avait un si beau sourire. Il était capable à lui tout seul d'illuminer une froide journée d'hiver et son corps tout entier semblait lui crier d'aller réchauffer son corps endormi sur ses lèvres. Au fil de ses observations, il s'égara dans ses pensées les plus belles, les plus secrètes, les plus inespérées. Il l'imaginait, belle, sereine. Endormie auprès de lui, logée aux creux de ses bras, juste après l'amour. Il passerait ses mains dans sa douce chevelure, sur les courbes délicates de son corps lui chuchotant combien il l'aimait. Face à cette pensée, il se mit à sourire d'un air triste et se traita d'imbécile invétéré pour avoir, ne serait-ce que l'espace d'un instant, oublié. Il avait fait abstraction de qui il était. De qui elle était. Il était Drago. Elle était Hermione. Il avait des règles auxquelles obéir et un rang à tenir, sous peine d'être la risée de l'empire familial. Elle n'avait aucun patrimoine familial à conserver, pas d'austère manoir dans lequel habiter, pas de sombre famille aux sombres secrets. Il n'avait pas le droit de l'aimer. Ni même de la regarder.


J'espère que ça vous aura plu, ce n'est pas grand chose, mais j'ai beaucoup aimé l'écrire. A bientôt!