Disclaimer: je ne le dirai qu'une seule fois, le manga Naruto et les personnages appartiennent à M. Masashi Kishimoto. "Tempête", elle, n'appartient qu'à moi
Edit 22 mai 2013: chapitre corrigé
« Pendant que la marée monte
Et que chacun refait ses comptes
J'emmène au creux de mon ombre
Des poussières de toi
Le vent les portera
Tout disparaîtra
Le vent les portera »
"Le vent nous portera" - Noir Désir
« C'est fini.»
S'en suivit un silence lourd, pesant, seulement troublé de temps à autre par les hurlements du vent qui faisait voltiger autour d'eux les vestiges d'un bel été si distant à présent. Ces mots prononcés sur un ton détaché avaient sonné comme le glas de la fin du monde. Ses yeux humides s'étaient écarquillés l'espace d'un quart de seconde, d'un battement de cœur comme si son être entier venait de subir un électrochoc, et elle releva presque instinctivement ses yeux vers les siens. Bien sûr, il détourna le regard, cherchant à tout prix à esquiver ces deux perles qui causeraient tôt ou tard sa soumission et la reprise de ce cycle infernal qu'était leur relation.
Elle tenta de murmurer quelque chose, mais buta sur les mots, encore et encore; toute sa verve, ce torrent de verbes et de prose auxquels elle était habituée semblaient avoir été terrassés par les épaisses cascades qui roulaient sur ses joues et qui, tantôt s'infiltraient dans sa bouche, y laissant un goût amèrement salé, tantôt poursuivaient leur course effrénée pour s'écraser lourdement au sol en formant des constellations éparpillées çà et là au gré du vent d'automne.
Devinant qu'elle n'arriverait pas à prononcer la moindre parole, il soupira longuement, les sourcils légèrement froncés - comme s'il remettait soudain en doute ses propres paroles et reprit d'une voix presque inaudible:
« C'est fini, répéta-t-il, toi, moi, tout ça...»
Il passa sa main dans ses cheveux, un tic nerveux qu'elle ne connaissait que trop bien, avant de reprendre une posture plus rigide, plus droite, plus ferme et de planter résolument ses prunelles légèrement voilées par un voile de tristesse dans les siennes.
« Ça ne peut plus continuer. Tu sais tout aussi bien que moi qu'il faut y mettre un terme...», ajouta-t-il d'une voix froide en insistant bien sur le "tu".
Elle n'aurait su dire pourquoi, peut-être était-ce cette attitude détachée, ce ton froid ou encore cette résolution infaillible qui semblait émaner de son interlocuteur, peut-être était-ce l'accusation contre sa propre personne qu'il avait si habilement dissimulée dans ses dernières paroles mais quelque chose explosa alors en elle.
« C'est fini ? », murmura-t-elle
Il eut un léger pincement de cœur à l'entente de toute la peine que contenait sa voix.
« Comment ça, c'est fini ?, se mit-elle soudainement à hurler en le fixant d'un air qu'il ne lui avait jamais vu jusqu'alors. Qui t'autorise à dire que c'est fini ? Qui es-tu pour décider à ma place ? - elle essuya les traces de son désarroi d'un air rageur de la main. Tu m'as trompée - il grimaça - et tu... - elle sembla chercher ses mots quelques instants - tu m'as détruite. Tu m'entends ? Détruite...oui, c'est ça, détruite...,répéta-t-elle en hochant presque hystériquement la tête. C'est...c'est comme si un jour j'étais une sorte de colosse capable de braver vents et marées sans jamais flancher et que, le lendemain, je me retrouvais dans le corps de cette fille pathétique qui passe ses journées à pleurer et à se lamenter sur son sort. Tu m'as piétinée, écrasée, asphyxiée avant de me jeter au vent. Tu sais ce que ça fait de s'arracher le cœur ? C'est ce dont j'avais l'impression à chaque fois que je te voyais sortir. Je vivais constamment dans la peur que tu recommences et que tu m'abandonnes comme tous les autres...»
Elle baissa légèrement les yeux et ses mots restèrent suspendus en l'air quelques instants, tandis qu'il ne pouvait toujours rien faire si ce n'est la regarder se mettre à nu, lui dire à nouveau tout ce qu'elle était incapable de dire à qui que ce soit d'autre. Soudainement, deux pupilles blanches rencontrèrent de nouveau le bleu saphir de ses yeux et elle continua d'un ton hargneux.
« Alors, oui, j'ai voulu te faire du mal. Oui, j'ai voulu te faire ressentir ma solitude, ma colère, mon mal-être. Oui, j'ai voulu que toi aussi tu souffres et que tu sentes l'oxygène se raréfier sitôt que je me décide à poser un pied hors de chez nous. Je voulais que tu me comprennes, que tu ne voies que moi, que tu oublies tout le reste - qu'est-ce qui pourrait bien être plus important que nous deux ? - elle se tut. Tu m'as trompée. Mais, tu sais - elle sourit amèrement, les yeux humides - je ne t'en veux pas. Après tout, j'ai fait de même. Tu m'as trompée. Je t'ai trompé. On est quitte.»
Il fronça les sourcils d'incompréhension. Il aurait voulu répliquer, lui hurler qu'elle ne comprenait rien, que la vie n'était pas aussi facile...mais était-il réellement en position d'argumenter ? Ils étaient tous les deux fautifs, mais pourquoi lui semblait-il qu'il était, des deux, celui dont la défense était la moins acceptable...?
« Alors, poursuivit-elle les poings serrés, une certaine autorité se dégageant de sa personne, je t'interdis de me quitter maintenant. Je t'interdis d'essayer de me faire porter la faute de l'échec de notre relation. Je t'interdis de dire qu'il n'y a plus aucun espoir, parce que si tu le fais... - elle étouffa un sanglot -Seigneur, si tu fais ça, je t'effacerai à tout jamais de ma vie.»
Son cœur manqua alors un battement. Qu'avait-elle donc dit ?
« Je t'enfermerai dans cette petite boîte dans un sombre coin de mon esprit, j'effacerai tous les souvenirs que j'ai pu avoir un jour de toi, je te fuirai comme la peste et je ne prononcerai plus jamais ton nom - son ton se radoucit légèrement et elle sourit d'un air accablé. Je ne vais pas te mentir, ça va être difficile je voudrais recoller les morceaux car, après tout, tu es ma raison de vivre - elle rit, brièvement, joyeusement, comme si son cœur n'était pas momentanément défectueux. Mais, s'il le faut, je parcourrai la terre entière à la recherche d'un remède contre ce poison qu'est mon amour pour toi, finit-elle fermement. Alors réfléchis bien à ce que tu es en train de dire. Il n'est plus seulement question de ta fierté ou de ma naïveté, je te parle de concret, là, je te parle de nous, de toi, de moi. Parce que...»
Ses yeux s'écarquillèrent en voyant un nouveau torrent de larmes jaillir de ses magnifiques orbes opalines alors qu'elle portait ses deux mains à son sein gauche, là où étaient supposément censées se trouver les ruines de ce feu organe vital.
« Parce que...je ne peux pas continuer à t'aimer plus que je ne m'aime.»
Elle s'écroula alors sur ses genoux. Il eut soudain envie de la prendre dans ses bras, de la réconforter et de parcourir son cou, son front et sa nuque de baisers cajoleurs Il voulut lui dire que tout irait bien, que ce n'était qu'une passade, que leur amour était plus fort que tout, plus fort que cette tempête qui semblait vouloir s'abattre sur eux. Il voulut sécher ses larmes et l'enfermer à jamais dans une cage dont les barreaux ne seraient rien d'autre que ses bras, raison pour laquelle il s'avança alors vers d'elle.
Le bruit des feuilles dorées qu'il écrasait sur son passage l'alerta et, le voyant se diriger vers elle, elle leva subitement un bras, la paume de sa main dirigée vers lui, afin de lui intimer de s'arrêter. Surpris, son corps se figea alors et il attendit quelques minutes, qu'elle se relève, époussette son pantalon et recommence sa tirade.
« Je-je ne peux plus faire ça, Naruto-kun, dit-elle tristement. Ça a déjà failli me coûter la vie et je suis persuadée que ça recommencera. Alors - sa voix s'adoucit - si tu décides de partir pour de bon cette fois-ci, sois-en certain parce que je te promets sur ma vie que je ferai tout pour t'oublier. Même si pour ça je dois renoncer aux plus beaux souvenirs de ma vie. Dattebayo! », finit-elle en lui offrant ce sourire si particulier, sa signature qu'il lui avait transmis au fil des ans.
Il la regarda une bonne minute d'un air ahuri, les yeux grands ouverts. Il profita du fait qu'elle reprenne son souffle après cet interminable monologue pour défaire le poing en lequel s'était transformé sa main lorsqu'elle avait avoué être à bout de force, à bout de lui. Un air triste s'affichait désormais sur leurs deux visages et, affligé, il fit un pas de plus de vers elle. Elle recula de nouveau par réflexe, comme si elle avait peur de lui et de tout ce qu'il signifiait à ses yeux. Elle se tenait droite, ses deux pieds fermement fixés au sol mais ses yeux trahissaient son appréhension, son doute, cette peur démesurée qu'il disparaisse au moindre contact comme une bulle d'air à la surface de l'eau. Elle lui fit penser à une bête traquée, perdue, craintive, et désespérément à la recherche d'un abri.
Sans le réaliser, il tendit une main vers elle, sa façon de la supplier. Ses yeux s'illuminèrent alors aussitôt. Cela le fit sourire intérieurement mais, bien vite, cette légère pointe de joie laissa place au doute et à l'amertume. Pouvaient-ils vraiment tout oublier de la sorte ? Pouvait-il pardonner sa trahison, oublier cette image de son âme-sœur dans les bras d'un autre ? Mais surtout, avait-il encore le droit de la faire souffrir de la sorte ? De la blesser en lui mentant, de la laisser s'auto-détruite au profit de son propre bonheur, de la voir plonger dans des abysses de plus de plus en plus sombres et profondes sans qu'il ne puisse jamais rien faire pour l'aider ? Il avait les pieds et les mains liées par ses promesses. Comment lui parler sans en divulguer aucune ? Comment bâtir une relation si l'honnêteté n'était pas présente ? Et s'il lui parlait, le croirait-elle seulement ? Non, elle ne pouvait pas, elle ne voudrait pas. Il y avait juste des choses qu'elle ne pouvait tolérer et apprendre cela la briserait plus que de raison...Il ne comprenait plus rien, quand est-ce que tout était devenu si difficile entre eux ?
Il sembla alors se rendre compte de son geste et baissa précipitamment son bras avant de le ranger maladroitement sur son flanc. Et, les yeux baissés, perdus dans cette mer agitée que formaient à présent ses larmes, il murmura:
« Je suis désolé...»
Et le vent, seul témoin de l'extinction d'une flamme d'antan si vive et flamboyante se risqua à valser entre les feuilles mortes et emporta avec elles les dernières traces d'un tableau si déchirant que le ciel en pleure encore.
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