Heeeeey ! Me revoilà, revenue d'entre les mort(e)s (un peu comme Brook, mais pas tout à fait pareil quand même) !
Bon non plus sérieusement, tout ça pour dire que je suis toujours en vie, et qu'en fait bah ma longue absence sur le fandom est juste dûe à... une subite envie de faire une pause. Comment ça c'est une excuse minable ?!
Bon non plus sérieusement une deuxième fois, j'ai juste voulu arrêter pendant quelques temps, et j'ai vraiment passé trois mois sans lire de fics et sans en écrire. Mais bon, comme on dit, "partir pour mieux revenir", du coup là je suis regonflée à bloc (surtout avec les vacances approchant à grands pas) !

Et donc voilà une nouvelle petite fanfic que j'avais commencée avant ma longue pause, et qui devait au départ n'être qu'un OS ou un two-shot, mais bon, comme j'en suis à la 26ème page d'OpenOffice, je me suis dit qu'il valait peut-être mieux le découper en trois ou quatre parties. Je me suis lancée dans une UA, qui me plaît vraiment bien, même si Zoro s'en prend encore plein la tronche et que Sanji passe pour le salaud de service... à croire que je n'arriverai jamais à faire inverser les rôles ou à faire passer Sanji pour un chouette type du début à la fin de mes histoires ^^ (dois y'avoir un blocage dans ma tête, allez savoir pourquoi...) Je tiens à m'excuser dès le départ pour les passages quelquefois un peu (beaucoup) OOC, ou encore pour des erreurs quelconques qui m'auraient échappées (après cette looongue période sans écrire j'ai eu un peu de mal à me remettre à écrire au départ).
Bon je m'arrête là pour le blabla, je glisse juste une rapide annonce pour "Naufrage raté" : juste pour dire que je ne l'ai pas abandonné, et que je vais m'y remettre une fois que j'aurais terminé celle-ci !

Un autre petit mot pour dire que malgré mes nombreuses tentatives de vols de Sanji et Zoro durant ces derniers mois, Eiichiro Oda ne s'est pas laissé faire et ne me les a pas donné non plus, donc encore et toujours, aucun perso n'est à moi.

En espérant que ce premier chapitre vous plaise,
Bonne lecture !

Ame de verre

Chapitre 1

« Qui a deux maisons perd sa raison.
Qui a deux amours perd son âme. »

Robin referma son livre, en pensant que c'était une fin vraiment étrange. L'histoire racontait la vie d'un jeune homme de sang noble qui entretient une relation secrète avec une jeune paysanne, et doit se marier avec une fille de comtesse. Evidemment, la liaison cachée est dévoilée quelques jours avant le mariage, et cette vérité entraîne de nombreuses tensions dans la ville, et à partir de ce moment-là, chaque personnage meurt les uns après les autres. Au dernier chapitre, il ne reste plus que le héros, qui, fou de désespoir, s'empoisonne.

- Quelle fin étrange, murmura-t-elle en regardant la couverture ancienne avec des inscriptions dorées et indéchiffrables.

Elle se leva, replaça le bouquin sur une étagère, entre deux autres vieux livres, prit son sac à main et s'en alla à grands pas de la bibliothèque.


- Et tu vois, comme Khalifa travaille toute la journée, j'essaie de rentrer un peu plus tôt du resto le soir, pour qu'on puisse passer plus de temps ensemble. On va au ciné, ou bien on se fait une promenade en amoureux sur le bord du lac ou...

Zoro décrocha encore une fois de la conversation, reportant son attention sur la décoration du bar. A part ces bois de cerf au dessus des lignes de bouteilles, ou la tête de sanglier empaillée accroché à côté de la porte des toilettes, il n'y avait pas beaucoup d'ornements, ni beaucoup d'éclairages, ce qui renforçait l'aspect lugubre du lieu. Et quand on regardait un peu autour de soi, on pouvait aussi constater que les clients n'étaient certainement pas très fortunés, au vu de leurs tenues déchiquetées, ou bien qu'ils tenaient à tout prix à se rendre le plus effrayant possible.

Zoro entendait toujours la voix de Sanji , mais elle lui paraissait plus lointaine, et il lui semblait qu'il parlait maintenant des plats préférés de Khalifa, sa petite amie. Au départ, c'était Sanji qui l'avait appelé, prétextant que ça faisait longtemps qu'ils n'avaient pas pris le temps de boire un verre ensemble, et de discuter un peu, et lui proposant de venir le rejoindre au QG des Pirates. Zoro avait accepté, croyant que « discuter » signifiait « parler de tout et de rien ».
Sauf que, depuis un quart d'heure, le cuisinier ne lui laissait pas en placer une, et ne parlait QUE de sa petite amie. Ce qui avait le don d'irriter le sabreur encore plus que d'habitude. Mais il se taisait, parce que c'est vrai qu'ils n'avaient pas beaucoup d'occasion de se voir ces derniers temps, et que ce serait bête de tout foutre en l'air, pour une fois qu'ils étaient depuis plus de quinze minutes dans la même pièce et n'avaient pas encore essayé de s'entretuer.

- ...Marimo ? Tu m'écoutes marimo ?

Zoro réalisa soudain que le blond agitait une main devant son visage.

- Ouais, ouais, t'inquiète...
- Je te saoule ou quoi ?

Si la question était posée aussi clairement, il n'allait quand même pas mentir.

- Ouais, un peu... Tu m'énerves avec tes histoires avec l'autre pimbêche. Ca fait un quart d'heure qu'on est là et t'as fait que parler d'elle.

Sanji soupira en secouant la tête, comme si il était un brin désespéré, puis releva le visage.

- Okay, j'arrête. Parlons plutôt un peu de toi.

Quand les conversations viraient dans ce sens-là, et que l'autre finissait par lâcher la question « Et toi ? », Zoro le sentait généralement très mal. Surtout parce que lui n'avait rien à raconter.

- T'as fini par te trouver quelqu'un ? demanda le blond, tout en souriant malicieusement.

Pour toute réponse, Zoro se contenta d'hausser les épaules. C'était un geste pratique : il voulait tout dire, et ne représentait rien à la fois.

- C'est à dire ? questionna le cuistot.
- Je vais d'un côté, de l'autre. Je cherche.

Sanji fronça son sourcil en spirale, comme si il était persuadé que l'autre lui mentait.
Le sabreur détourna le regard, ne voulant pas être confronté à l'oeil bleu de son vis-à-vis. Il ne mentait pas, mais ne disait pas non plus toute la vérité. Et heureusement, pensa-t-il, parce que si le cuistot était au courant qu'à chaque nuit qu'il partageait avec un autre, il finissait par fermer les yeux et par s'imaginer un visage pâle, des cheveux blonds, un oeil bleu, un sourcil en spirale et des agiles mains de cuisinier, il était persuadé qu'il ferait peur à ce fichu coureur de jupons et le ferait s'enfuir le plus loin possible. Et tout valait mieux plutôt que de le perdre, même si pour ça, il devait supporter chacun de ses longs discours sur ses nombreuses petites amies, qu'il collectionnait, les unes après les autres, et que Zoro haïssait toutes autant.

- Tu cherches depuis trop de temps marimo. Ca va t'user à force. Faut que t'arrive à te caser. Regarde, rien que dans ce bar, je suis sûr que tu peux trouver un mec à ton goût.

Le blond savait pour l'homosexualité du sabreur, et il l'acceptait pleinement, n'étant pas homophobe le moins du monde. Mais ce n'était pas pour autant que, comme il aimait beaucoup le rappeler, il n'était pas hétéro de toute son âme. Il avait cependant un oeil avisé, et savait repérer les plus beaux garçons comme les plus belles filles.

- Retourne-toi, dit-il à Zoro pendant que celui-ci s'exécutait. Le mec assis là-bas sur le tabouret. C'est un beau gars non ?

Le marimo dévisagea le mec en question. Il n'était pas moche non, mais Zoro eut envie de dire qu'il faisait bien pâle figure à côté d'un type comme Sanji. Et il savait très bien comment se terminerait la nuit si jamais il la passait avec un homme pareil. Il l'embrasserait en fermant les yeux, et ne les rouvrirait plus. Et l'inconnu changerait soudainement de visage derrière ses paupières closes, et deviendrait cet imbécile de Love-cook. Et une fois que tout serait terminé, Zoro soulèverait de nouveau ses paupières lourdes, et pris de remord d'avoir encore une fois imaginer qu'il passait une nuit avec le blond, il se rhabillerait et s'en irait sans même un regard pour l'autre.

Il connaissait le manège par coeur à présent, et c'était devenu presque une habitude, qu'il réalisait sans même s'en rendre compte, et qui l'effrayait un peu plus à chaque fois. Il se doutait bien que de toute manière, il valait mieux pour lui de ne même pas penser à un avenir à deux. Parce que Sanji était trop hétéro, et que lui n'arrivait pourtant pas à le sortir de ses pensées. Le plus grand miracle qui pourrait ne jamais arriver dans sa vie, c'était que le cuisinier se rende soudain compte de l'attirance qu'avait le marimo pour lui, et qu'il devienne gay du jour au lendemain, acceptant alors de bâtir son avenir avec lui. Mais Zoro savait qu'il fallait éviter de rêver l'irréalisable, et y pensait donc le moins possible.

- Alors, le rebrancha Sanji. Comment tu le trouves ?

Nouvel haussement d'épaules.

- C'est pas trop mon genre.
- Putain, t'es compliqué aussi ! C'est quoi alors ton genre ?

« Les cuisiniers blonds aux yeux bleus, avec un sourcil enroulé de préférence », pensa Zoro.
Mais il n'eut pas le temps de répondre une vague réponse, que Sanji reprit la parole :

- Khalifa dit qu'elle trouve idiot de se limiter juste à un genre de personnes, juste à un genre de physiques. Elle pense que tout le monde est plus ou moins...

Et voilà qu'il se remettait à parler de Khalifa.
Et Zoro se demanda un instant si la tête de sanglier empaillée accrochée à côté des toilettes n'était pas en train de se moquer de lui, assis et forcé à écouter des histoires d'amour qu'il n'avait pas le moins du monde envie d'entendre.
Fichue tête de sanglier.


Robin sonna à la porte de l'appartement, comme pour signaler sa présence, mais n'attendit même pas qu'on vienne lui ouvrir. Elle entra dans le petit hall sombre et poussiéreux, le traversa et arriva dans un salon bordélique, avec des emballages de chips et des cadavres de cannettes de bières jonchant le sol.

- Salut Robin, lança Zoro sans même se retourner.

Il était affalé dans son canapé, complètement captivé par les nouvelles du journal télévisé qui passaient sur sa minuscule télé.

- Bonjour Kenshin-san, lui répondit Robin en s'avançant. Quoi de neuf ?
- Y'a eu un crash d'avion, vers les îles Caraïbes. Ca a fait une centaine de morts, et des tas de blessés. Que des bonnes nouvelles quoi, déclara-t-il ironiquement en ouvrant une cannette Heineken.

Robin soupira et s'assit à côté de lui.

- Ace a raison. Tu te laisses vraiment crever. Regarde un peu l'état de ton appart.
- Qu'est-ce que vous avez tous contre mon appart ? Moi je le trouve très bien. Vous aimez pas la déco c'est ça ?
- Ce sont les déchets qui couvrent le plancher qui sont censés faire office de décorations ? Parce que dans ce cas-là, je dois avouer que j'aime moyen.
- Bah, ça c'est parce que j'aime pas faire le ménage, c'est tout. Et puis j'aime bien quand c'est bordélique, je me sens plus à l'aise.

La brune décida de laisser tomber. Ils ne réussiraient pas à le changer.

- Tu as vu Sanji hier ? demanda-t-elle, étant au courant qu'ils devaient se retrouver au bar du coin.

Il lui sembla que le sabreur s'enfonçait un peu plus dans le canapé, et qu'il avait imperceptiblement froncé les sourcils à l'entente du prénom du cuistot.
Il reprit un gorgée de bière avant de dire, l'air de rien :

- Ouais, on a passé une petite demi-heure ensemble.
- Et alors ?

Il finit la cannette d'un seul coup, et la balança contre le mur d'en face.

- Alors rien. Il a passé tout son temps à me parler de sa putain de pimbêche. C'est à peine si j'ai pu caser trois mots. Et Khalifa par-ci, et Khalifa par-là. Je pensais qu'on allait peut-être finir par aborder un autre sujet, mais non, au bout de trente minutes, il a regardé sa montre et m'a annoncé qu'il devait rentrer pour préparer le repas, soi-disant qu'il allait faire des fruits de mer parce qu'il savait que Khalifa adorait ça.

Il fixa le journaliste, qui présentait le prochain documentaire, avec des yeux noirs.

- Je ne l'aime pas cette fille.

Robin rit silencieusement, d'une manière qu'elle seule savait faire.

- J'avais remarqué. Mais je peux me permettre une autre remarque ?
- Même si je te réponds non, tu vas me la dire, alors ne pose pas la question, lui répondit-il, exaspéré.
- Tu n'aimais pas non plus la précédente copine de Sanji, ni celle d'avant, ni celle de l'an dernier, ni celle qu'il avait rencontré à...
- Roh, ta gueule.

« Ace a vraiment raison. Zoro déprime complet ces derniers temps. », pensa Robin, étonnée de n'avoir eu qu'un faible « ta gueule » comme réponse à sa remarque.

- Cette Khalifa... C'est pas pareil que les autres, reprit-il. Je sais pas... Je crois que c'est dans ses yeux. Elle a une lueur bizarre, un espèce d'étincelle malsaine... Et puis elle se prend pour le centre du monde, ça m'énerve. J'la trouve pas nette quoi.
- Tu la trouves pas nette, ou tu t'inquiètes parce que Sanji a l'air vraiment amoureux d'elle ?

Pas de réponse.
« C'est vraiment grave », commença à s'alarmer Robin.

- Il faudra que tu lui dises un jour tu sais ?
- Pff ! Lui dire quoi ? Et pour quoi faire ? Qu'il parte le plus loin possible et refuse de me parler pour le restant de sa vie ?
- Tu dramatises. Tu sais très bien que Sanji ne ferait pas ça.
- Bah, on sait jamais ce qui lui passe par la tête à cet imbécile.

Robin regarda le sportif qui courrait après un ballon de foot sur l'écran. Elle réfléchit à ce qu'elle pouvait bien dire pour briser le silence qui commençait à s'installer, et ce fut une phrase qu'elle avait lu récemment dans un livre d'amour qui lui vint en premier à l'esprit.

- « Aimer en secret, c'est souffrir en silence », cita-t-elle calmement.
- Encore un de tes vieux proverbes dégotés au fond de bouquins décrépis ?
- Non, cette fois-ci, c'est d'un livre tout récent.
- Et alors ? Pourquoi tu me dis ça ?
- Je ne sais pas trop, ça semblait bien collé à la situation.
- Pff, y'a absolument aucun rapport ! Primo, il a jamais était question d'amour. Et secundo, même si il en était question, moi je ne souffre pas, donc je vois pas en quoi ça peut t'inquiéter.
- Si tu veux mon avis, t'as pas très bonne mine quand même.
- Je me passe de ton avis, c'est gentil, mais j'en ai pas besoin.
- T'es vraiment de mauvaise humeur aujourd'hui.
- C'est toi qui es particulièrement saoulante.

Robin se leva en soupirant de nouveau. Elle était arrivée d'humeur joyeuse, elle repartait le coeur gros. Elle n'aimait pas voir son ami dans un tel état, l'observer s'enfoncer jour après jour dans une sorte de bulle irréelle qu'il se construisait lui-même, au milieu des cannettes de bières et des paquets de chips, avec sa bonne amie la télé.

- Puisque j'ai l'air de tant t'énerver, je m'en vais, dit-elle en s'en allant, avant de se retourner soudainement. Et je devais aussi te dire que Luffy et Ace organisent une sortie à la fête foraine le week-end prochain, et qu'ils veulent que tu viennes.
- Le week-end prochain ? Pff...
- Et Ace dit : « Si il ne veut pas venir, je passerai chez lui et lui foutrai un coup de pied au cul qui l'expédiera jusqu'en haut du grand huit. » Je t'aurais prévenu.

Zoro rigola faiblement.

- Toujours aussi sympa ce vieux Ace. Tu peux leur transmettre que je viendrais.
- Tu n'as qu'à les appeler et leur dire toi-même. Ca te fera au moins te déplacer du canapé à la table où est posé ton portable.
- Oh, c'est déjà trop loin pour moi tu sais.
- Je pars, j'ai entendu assez de tes bêtises pour aujourd'hui. A la prochaine.
- Bye, à bientôt.

Robin se retourna et espéra un instant que son ami se lève de son canapé au moins pour la raccompagner jusqu'à la porte d'entrée, preuve qu'il aurait quand même été un peu heureux de sa visite. Mais rien. Il ne la regarda même pas traverser le hall et ouvrir la porte, pour la refermer tout de suite après.

« Ace a raison. Ca devient vraiment grave. », se dit-elle avant de descendre les escaliers et de sortir de l'immeuble.


- Khalifa-chérie ? Ma princesse, tu es là ?

Sanji avait le coeur tout léger en ce début de soirée. Il avait réussi à partir un peu plus tôt du restaurant où il bossait en tant que cuistot, et s'était dépêché de rentrer à sa petite maison, voulant faire une surprise à sa tendre. Il s'était même arrêté en chemin pour lui acheter un bouquet de fleurs.

D'aussi loin qu'il s'en souvienne, jamais il n'avait ressenti un amour tellement immense, tellement brûlant, tellement intense. Il savait qu'il était véritablement amoureux de Khalifa, il n'avait aucun doute sur ce point-là. Plus amoureux que jamais même. Et si, certaines fois, il prenait la tête à ses amis à force de leur parler d'elle, il ne pouvait pas s'en empêcher, car elle était en permanence dans ses pensées. Il savait que beaucoup de ses nakamas n'aimaient pas sa petite amie, mais il n'en avait rien à faire : si il avait dû ne sortir qu'avec les filles que Zoro, Ace ou Franky appréciaient, il était persuadé d'être célibataire pour les cinquante prochaines années à venir, et peut-être même plus.

- Mon tendre amour ?

Toujours pas de réponse.
Pourtant, la maison était ouverte, ce qui signifiait qu'elle devait être là. Il monta à l'étage, sautant une marche sur deux tellement il était impatient.

- Khalifa, mon sucre d'orge si...

Des gémissements étouffés qui semblaient s'échapper de la chambre le stoppèrent net. Il resta un moment figé devant la porte, l'oeil écarquillé, le bouquet pendant au bout de sa main et son coeur battant dans son crâne.

« Se pourrait-il que... »
Il n'osa même pas finir sa phrase dans sa tête. Aux gémissements s'étaient ajoutés des cris de plaisir, qui le pétrifièrent un peu plus.
« Mais qu'est-ce que je fais ? »
Reprenant soudainement ses esprits, la colère balayant tout le reste, il ouvrit brusquement la porte, qui alla se fracasser contre le mur. Le tableau qu'il voyait agressa son oeil et l'envoya au sol d'un seul coup. Il ferma sa paupière et la rouvrit. Ils étaient toujours là. Il y avait Khalifa, sa chérie, son amour, son petit coeur. Et il y avait ce type, qui n'avait strictement rien à faire dans sa maison, et encore moins dans son lit avec sa copine. Ils s'étaient figés en voyant la porte s'ouvrir et la silhouette de Sanji se découper derrière, et n'osaient plus faire le moindre geste, et n'osaient plus dire le moindre mot.

Plusieurs réactions possibles passèrent les unes après les autres dans l'esprit de Sanji. Il pouvait agripper ce bâtard par les cheveux et lui foutre un shoot qui l'enverrait se fracasser contre la fenêtre et lui ferait faire le tour de toute la ville. Ou il pouvait gueuler tout ce qu'il avait sur le coeur, si fort que les tympans de ce sale con ne tiendraient pas le choc. Ou bien il pouvait se retourner et se barrer en courant.
Il ne sait pas pourquoi, il choisit finalement la dernière option, et partit en courant, dévala les escaliers et se précipita dehors, alors que Khalifa hurlait son nom.

Il continua de courir, les larmes montant lentement et inondant sa prunelle bleue. Il faisait froid, et l'air glaçait petit à petit ses poumons.
Et il courrait, sans trop savoir vers où.


La sonnette retentit dans le petit appartement, et Zoro se demanda qui se pointait à une heure pareille et se donnait la peine de sonner. Ç'aurait pu être Luffy, mais il aurait plutôt débarquer en hurlant, ne sachant probablement pas à quoi servait les petits boutons à côté des portes d'entrée. C'était peut-être Robin ?
Il attendit, mais personne n'entrait. Il finit par se lever en soupirant et traîna les pieds jusqu'à la porte, l'ouvrant en s'apprêtant à engueuler celui ou celle qui osait le déranger à une telle heure, alors qu'il allait tout juste commencer sa sieste de début de soirée.

Mais la vision d'un Sanji frigorifié, les cheveux en bataille, le souffle court et tenant un bouquet de roses à la main le fit rapidement changer d'avis.
Zoro s'était déjà imaginé ce genre de scène dans sa tête, s'effrayant lui-même quelques fois de ses fantasmes tellement « fleur bleue », à croire que les manières de ce crétin de Love-cook déteignaient sur lui. Mais là, un détail clochait, ne cadrait pas avec les images qui défilaient parfois dans l'esprit du sabreur. C'était peut-être parce que les fleurs avaient perdu la moitié de leurs pétales. Ou bien peut-être à cause des yeux trop rouges du blondinet et de ses joues humides.

- Je peux entrer ?

La voix de Sanji était si rauque et si faible que Zoro eut un instant de stupéfaction avant de répondre que oui, il n'y avait pas de problème, et de se pousser pour le laisser passer dans le hall, avant de refermer la porte.
Sanji traversa le salon en piétinant les débris d'assiettes en carton (Zoro avait arrêté de manger dans de véritables assiettes, prétextant qu'il fallait ensuite faire la vaisselle, et que la vaisselle était une perte de temps désagréable) et se laissa tomber sur le canapé, ramassant au passage une canette de bière qui traînait et l'ouvrant d'un geste du pouce. Zoro resta debout, ne sachant que faire. Etait-il censé entamer la conversation, lui demander ce qu'il avait, ou bien encore aller s'asseoir à ses côtés et lui tapoter gentiment le dos ? Il décida finalement de ne rien faire, de rester planté au milieu du salon comme un con en attendant que l'autre se décide à dire quelque chose.

Le blond porta la bière à ses lèvres et en but une grande gorgée. Puis il la posa sur la table basse et soupira en se passant une main dans ses cheveux blonds. Et soudain, pris d'un brusque accès de rage, il balança le bouquet contre le mur d'en face, et les fleurs partirent dans tous les sens et chutèrent au sol, rendant la pièce encore plus bordélique. Zoro le regarda, ébahi. Il ouvrit la bouche, puis la referma. Et soupira à son tour. Il lui semblait qu'il ne savait plus faire que ça : soupirer.

- Khalifa m'a trompé.

La phrase avait été dite d'un ton neutre, et Sanji aurait pu aussi bien parler du froid mordant de dehors. Si Zoro ne le connaissait pas aussi bien, il aurait sûrement pensé que ça n'avait pas l'air de l'attrister plus que ça, tellement la voix était sans aucune émotion. Et pourtant, l'oeil bleu qui fixait le vide brillait d'une lueur mélangeant la tristesse et la douleur, reflétant parfaitement l'état du jeune homme.
Alors Zoro avança et s'assit lentement à côté, observant attentivement une petite cuiller en plastique tombé par terre.

- Mais euh... enfin tu le sais parce qu'on te l'a dit ou bien...
- Je les ai surpris. Dans notre lit.
- Ah...

« Un truc intelligent. Intelligent et réconfortant. Trouve un truc sympa à dire, qui lui remonte le moral. »

- Dur, murmura Zoro.

Il se gifla ensuite mentalement, pensant que c'était peut-être la plus idiote des choses qu'il pouvait dire.

- Ouais, reprit Sanji. Dur, comme tu dis.

Le blond avala de nouveau une longue gorgée de bière, et puis une autre, et encore une autre, jusqu'à finir la cannette. Une fois cette dernière terminée, il se tourna vers Zoro, son oeil encore plus rouge, et lui demanda :

- T'aurais pas un truc plus fort ? Genre un whisky ou comme ça...

Le sabreur le dévisagea en se demandant si c'était vraiment une bonne chose qu'il aille chercher sa bouteille de whisky dans l'état où était le cuistot.

- Je suis sûr que t'en as, ajouta Sanji. Si tu veux pas l'amener parce que t'es tellement radin sur l'alcool que tu veux même pas le partager avec moi, je foutrais ta cuisine sens dessus dessous jusqu'à que je déniche la bouteille.

« Il devient vraiment cinglé, lui qui se plaint toujours parce qu'il trouve que ma cuisine n'est pas assez rangé... »
Se doutant que le blond était capable de mettre encore plus de bazar dans son appart, et ne souhaitant pas que ses amis l'engueulent encore une fois et l'obligent à ranger et à faire le ménage pour de bon, Zoro se leva et partit chercher la bouteille ainsi que deux verres (en plastique évidemment). Il revint sur le canapé et remplit les verres, puis en tendit un à Sanji qui le but d'un coup sec.

- T'avais raison en fait.

Zoro releva la tête et le regarda d'un air interrogatif, pendant que le blond se re-servait.

- C'est une pimbêche. J'aurais dû me douter de quelque chose. Et j'ai rien vu.

« C'est sûr qu'en matière d'observation, je pense pas que tu sois le meilleur. »

- Je suis vraiment trop con.

« Bah, tu peux sûrement pas être pire que moi. »

- Je commence à croire que je suis bel et bien destiné à vivre ma vie tout seul, et à crever en célibataire.

« Comme ça, on sera deux. A moins que... »

- A moins que...

Sanji laissa sa phrase en suspens, et lâcha le verre qu'il tenait à la main par la même occasion, ce dernier se renversant au sol. Puis il leva un oeil bleu dans lequel brillait une douce folie, voilée par la brume engendrée par l'alcool. Sa prunelle rencontra l'iris vert de Zoro, et le feu d'artifice augmenta au fond de sa pupille. En voyant l'expression du blond, le sabreur sut tout de suite qu'ils allaient faire une connerie. Il n'aurait pas su expliquer pourquoi, une étrange intuition, ressentie quelque part au fond de son âme. Mais alors que Sanji se rapprochait de lui, les joues rosies et l'oeil dément, il ne réussit pas à faire le moindre mouvement. Et quand le blond murmura son aveu avec un ton lourd d'indécision, un frisson parcourut sa colonne vertébrale.

- Peut-être que... si ça se trouve... je suis gay ?

« Que... Mais qu'est-ce que... Qu'est-ce qu'il raconte ? »

- Euh Sanji... tu... tu te rends compte de ce que tu dis ?

- Parfaitement.
- Tu es saoul Love-cook.
- Bien sûr que non ! J'ai à peine bu !
- Si tu veux mon avis, tu as beaucoup trop bu au contraire... Alors on va ranger c'te bouteille avant que tu nous fasse un coma éthylique... déclara Zoro en se levant.
- Non Zoro... Reste avec moi...

La voix suppliante le fit se retourner instantanément. L'instant suivant, les mains de Sanji s'agrippaient avec une force démesurée dans son dos, et ses lèvres se collaient aux siennes avec un désespoir incertain, une tristesse tranchante et une folie maladive. La peur prenait le dessus, celle de prendre conscience, celle de se rendre compte, celle de souffrir atrocement, celle d'atterrir trop brusquement. Alors il se raccrochait à ce qu'il pouvait, et le seul qui pouvait l'aider à ne pas sombrer, c'était bien Zoro. C'aurait été une autre personne qui aurait été en face de lui en ce moment-là, ç'aurait peut-être été différent. Sûrement même.
Quand à Zoro, il avait perdu le contrôle. Sa pensée était partie battre la campagne avec sa conscience, et il avait à présent l'impression d'être aussi beurré que Sanji. Loin, très loin était maintenant son intuition de faire une connerie. Tout ce qu'il savait, c'était que son esprit était entièrement vide, et son corps entièrement brûlant. Il ne ressentait pas la peur qui tremblait imperceptiblement au fond de Sanji, il ne voyait que l'extérieur, que le désir électrisant qui les animait tous les deux.
Alors évidemment, quand les hauts tombèrent par terre par un quelconque miracle – à moins que leurs mains n'aient agi sans qu'ils ne s'en rendent compte - , s'allonger sur le canapé sembla être la meilleure des choses à faire, et enlever le reste de leurs vêtements sonna comme la plus claire des évidences.
Et puis ils s'étaient noyés, comme ça devait arrivé, l'un dans l'autre, la souffrance et le désir flottant entre les méandres d'alcool, l'incertitude et la folie bloquant les faibles restes de lucidité qu'ils possédaient.
Ils avaient fait l'amour une fois, puis deux, avant de se laisser tomber, à bout de souffle, et de sombrer dans un doux sommeil.


« Qu'est-ce que je fous sur le canap' ? »
C'est la première pensée qui frappa Zoro lorsque celui-ci ouvrit son oeil. Il tourna le visage, apercevant des cannettes de bière vides en plus, de l'eau par terre, d'une bouteille de whisky bien entamée et d'un bouquet qui s'était crashé derrière la télé.

- Qu'est-ce que c'est que ce fouto...

Il ne termina pas sa phrase et se releva d'un coup. Il prit alors conscience qu'il était nu. Pas étonnant, vu ses habits délicatement pliés sur un accoudoir du canapé. Les souvenirs revenaient en cascade, le percutaient, tous plus violents les uns que les autres. Les images dansaient devant son oeil, défilaient à toute vitesse et s'enfuyaient aussi précipitamment.
Il se rassit et posa ses index contre ses tempes, se massant doucement, essayant de mettre de l'ordre dans ses idées.
« Sanji... Pas bien... Alcool... Gay... Vêtements... Canapé... Baise... Sanji... Merde ! »
Il s'était endormi avec le blond sans avoir pu mettre les choses au clair... et il se réveillait seul.
« Et re-merde ! »
Il se dépêcha de se rhabiller et chercha précipitamment son portable dans tout le bordel qui ornait son plancher. Lorsqu'il le trouva entre deux paquets de chips, il composa avec des doigts tremblants le numéro de Sanji, puis appuya sans réfléchir sur le petit téléphone vert. Qu'allait-il dire au juste ? Il n'en savait fichtrement rien. Mais il fallait qu'il lui parle, c'était urgent. Très urgent.
« Bip... Bip... Bip... Bonjour, vous êtes bien sur la messagerie de Kuroashi no Sanji, merci de bien vouloir me laisser un message après le bip sonore, ou bien de me rappeler plus tard si vous préférez. »

- Putain, fait chier ! balança Zoro en même temps qu'il jetait son téléphone.

Il regarda rapidement l'heure, et en voyant qu'il était déjà 11 heures, il fonça à l'appart de Sanji sans penser une seule seconde à ce qu'il ferait une fois là-bas.
Après s'être perdu dans un sens, puis dans l'autre, il réussit enfin à retrouver la porte de Sanji. Il sonna, essayant vainement de récupérer son souffle. Personne ne vint lui ouvrir. Si il se souvenait bien, Sanji lui avait pourtant dit qu'il ne partait au boulot qu'à partir de midi... Il ré-appuya sur la sonnette, encore et encore.
Il allait finir par rentrer de lui-même si personne ne venait l'accueillir, mais la porte s'ouvrit d'un seul coup en grand.

- C'est pour quoi ? demanda Khalifa en le toisant de haut en bas.

« Je... que... qu'est-ce que... »

- Qu'est-ce que tu fous là ?

Zoro avait sorti la première chose qui lui passait par la tête, ne s'attendant pas le moins du monde à trouver Khalifa dans la maison de son ami. Cette dernière parut vexée de sa question, et fronça les sourcils.

- J'habite ici. Vu les circonstances, je pense que ce serait plutôt à moi de te demander ce que tu fiches là dès le matin.
- Je venais voir Sanji.
- Il est occupé.
- C'est urgent.
- Il est occupé je te dis. Repasse un autre jour.

Et au moment où Khalifa refermait la porte, Zoro vit arriver Sanji au bout du couloir et l'entendit dire :

- Qui est-ce ma chérie ?

La porte claqua, Zoro resta figé. Il écouta quelques instants encore les voix des deux autres qui discutaient sans qu'il puisse comprendre le sens de leurs paroles. Il espéra une micro-seconde que Sanji ré-ouvre la porte. Mais les voix s'éteignirent, et furent remplacer par des bruits de pas qui s'éloignaient.
Alors il se retourna lui aussi, et s'en alla en traînant des pieds, écrasant au passage une triste pâquerette innocente qui se trouvait là au mauvais moment.


Il ne sortit pas de la journée, ni de la journée suivante, ni celle d'encore après. Il avait fermé la porte de son appart, de sorte à ce qu'aucun de ses amis ne vienne le « déranger ». Ou n'essaye de le sortir de cet état de larve permanente. Il mangeait les chips restantes au fin fond de ses paquets, et buvait les dernières cannettes de bière qu'il avait. Il restait sur le canapé, et fixait l'écran télé sans rien y voir et sans rien y comprendre. Il avait le portable à portée de main, au cas où Sanji l'appelle, après tout on ne savait jamais. Mais Robin, Ace, Luffy, Ussop, Chopper et Nami avait beau lui téléphonait cent fois par jour, sans qu'il ne réponde, il restait sans aucune nouvelle du blond. Il aurait pu l'appeler lui-même, mais partait du principe qu'il en avait déjà fait assez. Qu'à présent, c'était au cuisinier de faire le premier pas.
Alors il attendait, était retourné au point de départ, et avait fini par toucher le fond.


Oui, Zoro s'en prend vraiment plein la gueule... Je doute qu'il déprime véritablement à ce point si je me tenais au caractère de base, c'est pour ça que je m'excusais pour le côté OOC des personnages... Et Sanji qui réalise qu'il est gay (fin, on va dire bi) d'une seconde à l'autre... mouais, disons qu'un éclair lui est tombé sur la tête pour qu'il s'en rende compte ^^
Fin bref ! Vous pouvez me laisser une petite review pour me dire ce que vous en avez pensé, ou bien pour me dire un p'tit coucou et me donner de vos nouvelles si ça vous chante ! Moi je vais essayer de rattraper un peu mon énoooorme retard que j'ai pris sur les fictions qui ont été posté ces trois derniers mois (j'vais avoir pas mal de lecture :) ) !
Bisous, et comme j'ai le chapitre 2 déjà écrit, je vous dis à très bientôt !