Elle est là. L'euphorie d'un verre de nectar enrobée par la musique trop bruyante qui stimule mes oreilles. J'ai bu. Un peu trop surement mais ce sourire sur mes lèvres ne trompe personne, j'aime ça. Les basses qui vrombissent comme un moteur bruyant laissant le sol frémir sous mes pas. Le doux parfum d'un corps qui s'agite désespérément remuant l'air ambiant. Callé, collés les uns contre les autres dans cet espace trop grand pour être plein, trop petit pour être vide.
Elle est là. Ses cheveux bruns collent légèrement son visage. Certaines m'ont dit qu'elle n'avait aucun charme. Ça, c'est parce qu'elles n'ont pas regardé son visage, son corps délicieux et cette nuque qui m'appelle inlassablement. Ses yeux tombent dans les miens tandis que nos corps se rapprochent. En rythme, elle colle doucement ses hanches contre les miennes. La chaleur me monte à la tête, elle aussi, ses joues sont rouges. Ses lèvres sont roses, ce sont des cerises, j'ai envie de les mordes.
Elle me chuchote que j'suis mignonne, j'lui réponds qu'elle est carrément mon type. J'passe une main le long de ses hanches, Dieu c'que j'aime ça. C'est avoir un désir au bout des doigts, le caresser silencieusement, avec un sourire aguicheur, c'est le deviner sans jamais complétement l'avouer. C'est croquer cette putain de pomme empoisonnée et ne pas en manger assez pour tomber dans les vapes. Ses cheveux se mêlent aux miens. Comme si tout avait compris à cet instant qu'il fallait s'enivrer. Je souris. Je regarde ses lèvres. Elle s'appelle Alice. J'me souviens plus vraiment quand elle me l'as dit. J'ai ce contact au bout des doigts qui parcourt mon dos, qui s'insinue dans mon cou et éclos sur mes lèvres posées sur les siennes. La musique s'est arrêtée. C'est pas une putain d'image, j'ai fermé les yeux et tout ce qui existait c'était ses lèvres contre les miennes, c'était le léger souffle d'une chaleur étouffante qui filtrait entre nous, c'était son corps répondant à mes assauts.
J'ai envie de la mordre, j'ai envie de la serrer, d'l'embrasser encore, ouais putain encore. Une langue intrépide se glisse hors de mes lèvres pour parcourir les siennes. Mes yeux se sont ouverts de nouveau, la musique répond à mon corps quand mon corps répond au siens. C'est une putain d'harmonie. J'aime ça, Dieu qu'j'aime ça. J'pourrais m'complaire dans cette étreinte un millier d'années. J'pourrais séduire cette fille avec toutes mes armes, j'pourrais l'enfermer dans une cage, la prendre dans mes bras, j'pourrais parcourir son corps et la dévorer. J'pourrais l'embrasser, drainer toute l'énergie de vie qui afflue dans ses veines et m'en délecter jusqu'à la tenir entièrement en moi. Pourtant, j'connais juste son nom, son nom et ses baisers. Alice, j'en prendrais soin aux yeux des autres, je s'rait parfaite et quand viendra l'ombre d'un soupir je marquerais au fer rouge son cœur prenant plus de places qu'il ne peut en contenir.
L'euphorie est partie, l'alcool à fait son œuvre, la musique s'est éteinte. Mais Alice, elle est toujours la, et je rêve d'hurler à la lune son prénom, je rêve qu'un hasard me retourne dans ses bras. Alice est une chimère. Alice est un démon. Alice restera dans ma tête comme une marque impérissable, comme un appel à moi-même. Et toi Alice, tu te souviendras de moi ?
