Salut à tous! Me voilà de retour avec une nouvelle fiction. Nom de code: NYSM, en attente de mieux XD si vous avez des suggestions à me faire pour un titre ou un avis à me donner, n'hésitez pas à me reviewer!

Bisous les loulous et bonne lecture ;)- Summer Prevent


CHAPITRE 1 :

Je marchais dans la rue, tête baissée, la capuche de mon sweat rabattue afin que mon visage reste dans l'ombre. Certes je ne risquais pas grand chose, New York était grande, mais il valait mieux prévenir les ennuis : je n'avais certainement pas envie de croiser l'un des quelques pigeons que j'avais pris soin de plumer. Ils étaient de plus en plus nombreux. En même temps, vu le genre de types qui traînaient dans les rues, ça ne m'étonnait pas. Il me suffisait de me poster dans un coin stratégique, et d'attendre que l'un d'entre eux soit assez stupide pour s'arrêter et me demander : « Je peux vous emmener quelque-part, mademoiselle ? ».

Le coup classique. Ringard, et tellement classe. Mais ça faisait marcher les affaires, en tout cas. Ma réponse était presque toujours la même. « J'accepterai volontiers cette proposition si vous m'aidez à résoudre ce petit problème ».

Évidemment, je savais à quoi ils s'attendaient. Un talon de chaussure cassé ? Un problème de fermeture éclair ? Du mal à faire démarrer la voiture ? Non. Rien qu'un simple jeu de bonneteau. La plupart des hommes qui s'arrêtaient ne refusaient pas, ceux qui avaient des mouches dans les poches se contentaient de passer leur chemin en grommelant. Mais mes préférés étaient les joueurs. Car en réalité je gagnais à chaque fois. C'était tellement simple de détourner leur attention, tellement simple de les arnaquer, ça en devenait presque un plaisir. Même si je savais que techniquement ce que je faisais n'était pas légal et que c'était ma seule manière de gagner ma vie, faute de mieux.

« Y'a même plus de carte! avait d'ailleurs crié un homme très mécontent un peu plus tôt dans la journée, en faisant valser mes trois gobelets. C'est de l'arnaque, rend-moi mes cinq dollars !
-Doucement, mec, avais-je répondu en fronçant les sourcils. Avant de m'accuser de ce que je ne suis pas, tu vas me faire le plaisir de me rendre ce que tu m'as pris ! Poche avant gauche de ton pantalon », avais-je ajouté le plus naturellement du monde.

Et le gars avait sorti de ladite poche la carte qu'il s'était évertué à rechercher sous les gobelets. Le pauvre, je crois qu'il a viré chèvre après ça. Mais après tout ma consigne n'était pas « retrouvez le gobelet sous lequel est caché la carte » mais bien « retrouvez la carte ». Les gobelets n'étaient qu'un accessoire.

Je tournai dans la ruelle habituelle, celle qui passait inaperçue aux yeux des autres. Un cul de sac jonché d'ordures.

D'un coup d'épaule, je fis valser le conteneur qui masquait la fenêtre de ma petite cachette, et m'y glissai les pieds en avant. De toute manière, cet immeuble était inhabité depuis des lustres, alors je supposais que ça ne dérangeait personne que je squatte.

D'autant plus que j'avais acquis un petit confort : j'avais réussi à descendre un sofa miteux des étages supérieurs, en m'offrant une super partie de luge dans la cage d'escalier. Eh oui, même une fille des rues comme moi avait le droit à ses petits moments de bonheur. Et j'avais toujours rêvé de faire réellement de la luge. De pouvoir réellement m'amuser dans la neige. Mais bon, dans un milieu social comme le mien, on ne pouvait pas se payer de vacances à la montagne, ni se permettre d'aller faire un bonhomme de neige au beau milieu d'un espace public. D'autant plus que la plupart de ces espaces publics étaient déneigés avant l'aube, et comme je tenais à mon sommeil...

« C'est toi, Emy Rald ? ».

Je fis volte-face, dégainant machinalement mon couteau et le pointant vers une fille qui était assise sur mon sofa miteux préféré. La fille d'un client mécontent ? Ou la femme, peut-être ? Possible, même si elle était plutôt jeune. Et puis non. Quel goujat enverrait sa femme régler son compte à... à... une artiste de rue?

La fille semblait avoir à peu près mon âge. Elle était vêtue d'un jeans troué et d'une veste en cuir trop grande, et ses cheveux violets étaient recouverts d'un bonnet gris. Elle haussa les sourcils en examinant mon arme, et je remarquai qu'elle tenait un revolver dans sa main. Super. Vraiment, j'avais le don de me mettre dans des situations tellement amusantes.

« Emy Rald ? répéta la fille en braquant son arme droit sur moi.
-Non, désolée, je crois que tu t'es trompée de squat, raillai-je. Sérieux, tu veux quoi ? Du fric ?
-Non, je crois simplement que le facteur s'est trompé d'adresse », répliqua la fille en me lançant quelque-chose, que je rattrapai au vol.

Je baissai les yeux vers ladite chose, qui s'avéra être une carte à jouer. Pas trop mal, d'ailleurs, la carte. Et j'aimais bien la façon dont mon nom était inscrit dessus, en lettres d'or.

« Quoi, une simple erreur de livraison ? répondis-je sans lâcher mon couteau. T'aurais pu éviter de prendre ton flingue, alors.
-Ouais, t'as raison, répliqua la fille en faisant tourner l'arme dans sa main. Personnellement j'admire la dextérité avec laquelle tu as sorti ton couteau de nulle part.
-Ca va, fis-je. On se défend comme on peut, de nos jours.
-Je suis tout à fait d'accord avec toi, répliqua la fille en gardant son arme braquée sur moi.
-On va faire un marché, d'accord ? lui demandai-je en soupirant. Tu lâches ton arme, et je lâche la mienne. T'as l'air d'une fille plutôt sympa.
-Okay, faisons ça, répliqua la fille avec un sourire. Tu lâches ton arme, et je lâche la mienne.
-Marché conclu si tu me racontes comment t'as bien pu faire pour me trouver ».

La fille hocha la tête, et je laissai tomber mon couteau à mes pieds avant de le faire glisser d'un coup de pied au milieu de la pièce. La fille, malgré une certaine réticence, lança son revolver loin d'elle, et l'atmosphère se détendit légèrement.

« Notre marché ? fis-je remarquer.
-Oh ! L'adresse était au dos de la carte, répliqua la fille en regardant autour d'elle, l'air intéressé.
-Parfait, voilà qui est très rassurant, soupirai-je en notifiant en effet ce détail sur le dos de la carte.
-C'est ici que tu vis ? me demanda la fille.
-Ouais. Un vrai palace ! Et des rats pour colocataires, ajoutai-je en donnant un coup de pied à l'un desdits rongeurs.
-C'est plutôt bien trouvé pour quelqu'un qui cherche à se faire un peu oublier...
-Et qu'est-ce qui te dit que j'ai envie de me faire oublier ? répliquai-je.
-Simple intuition, répondit la fille. Tu fais quoi pour gagner ta vie ?
-Le légendaire coup du bonneteau, fis-je en tentant d'adopter une voix mystique. Je te montre, si tu veux ?
-J'ai pas beaucoup d'argent, pas question que je mise sur ça, s'esclaffa la fille avec l'air de se demander si je la prenais pour une abrutie.
-Oh non, pour toi c'est cadeau, répliquai-je en sortant tout mon attirail. Pour te remercier de pas m'avoir tiré dessus. Et de m'avoir ramené mon colis ».

Je regardai autour de moi d'un air songeur, avant de m'éloigner vers la vieille planche à repasser, et de la mettre entre mon invitée surprise et moi-même.

J'y plaçai mes trois gobelets, avant de sortir ma fameuse carte.

« Alors, fis-je en tapant dans mes mains. C'est très simple. Le but du jeu est de retrouver la... Leyna Stevens ?
-Quoi ? marmonna la fille en ayant un geste de recul. Comment tu connais mon nom ? Ca fait partie de ton tour, ça ? ».

Je levai les yeux, restant un instant totalement muette et impassible. Puis je finis par lui tendre la carte que je venais de sortir de mon sac. Une très jolie carte, sans doute trop jolie pour que j'aie eu assez d'argent pour me la payer. Et dessus était écrit dans une très belle police le nom de Leyna Stevens.

Leyna fronça les sourcils, puis tourna la carte entre ses doigts.

« Pourquoi y'a ton adresse marquée sur le dos de ma carte ? marmonna Leyna.
-Ben techniquement... c'est chez moi que tu te trouves actuellement, non ? ».

Leyna leva lentement les yeux vers moi, avec l'air de se demander si j'étais oui ou non digne de confiance. Lorsqu'elle rouvrit la bouche, ce fut finalement pour déclarer, d'un ton presque ironique :

« On dirait que quelqu'un a décidé de nous faire une petite blague ».

Je ris à mon tour, bien que mal à l'aise. Qui qu'il soit, ce « quelqu'un » semblait savoir beaucoup trop de choses sur moi à mon goût. Je me fichais pas mal qu'il connaisse le nom de Leyna, mais bon, mon nom, et mon adresse, en plus ? Qui disait qu'il n'était pas en train de nous espionner à l'instant même ?

Comme si Leyna s'était posée exactement la même question, elle se mit à regarder frénétiquement autour d'elle, comme si elle cherchait un détail qui aurait permis de tout expliquer.

« T'es certaine qu'il y a pas de caméras ici ?
-Je suis certaine qu'il n'y en avait pas la dernière fois que j'ai quitté les lieux, précisai-je. Dis, ça te dirait qu'on poursuive cette conversation ailleurs ? Je me sens observée, là.
-Je préfère autant qu'on reste ici pour l'instant », me répondit Leyna, le plus calmement du monde.

Je soupirai en levant les yeux au ciel, avant de sortir un nouveau couteau de ma poche.

« C'est bien dommage, parce-que je te donne pas vraiment le ch... le choix, marmonnai-je en remarquant qu'un nouveau revolver était braqué sur moi. Bon, t'en as combien, des comme ça ? Ca commence vraiment à devenir ridicule, cette histoire !
-Dixit la fille qui sort des couteaux de ses poches comme des lapins d'un chapeau ! répliqua Leyna en fronçant les sourcils.
-Aha ! La référence du lapin et du chapeau, m'exclamai-je, victorieuse. J'ai comme l'impression que ton métier et le mien sont comme qui dirait vaguement similaires.
-Tu parles d'un métier, t'arnaques des pauvres mecs ! s'offusqua Leyna.
-Pauvres mecs au sens figuré, répliquai-je. Crois-moi s'ils s'arrêtent au départ c'est pas pour jouer au bonneteau. Et toi, tu peux me dire ce que tu fais ? J'ai hâte de savoir au combien c'est gratifiant. Et visiblement on est parties pour rester ici un bon bout de temps, entre couteau et revolver. Bienvenue dans le Cluedo ! Mais qui tuera qui ? Un café en attendant que la réponse ne tombe du ciel ? ».

Je regardai attentivement Leyna, dont l'expression crispée indiquait qu'elle cherchait une insulte assez blessante pour pouvoir me la lancer en pleine face. Finalement, à court d'idées convenables, elle soupira et, ses yeux lançant des éclairs, elle maugréa :

« Je vole des portefeuilles.
-Ah, autant pour moi, finalement c'est pas du tout aussi artistique que ce que je fais, à moins que... ?
-Disons que je me suis jamais fait prendre jusqu'à aujourd'hui, siffla Leyna en me regardant d'un air meurtrier.
-Oh, donc j'ai face à moi une pickpocket professionnelle, compris-je. T'es plutôt douée pour passer inaperçue, on dirait ? En tout cas avant de t'entendre parler je me serais jamais douté qu'un intrus se trouvait chez moi.
-Disons que j'ai appris à me fondre dans la masse, répliqua Leyna. Et à réagir assez rapidement », ajouta-t-elle juste avant que le coup de feu ne parte.

Je poussai un cri en mettant machinalement mes bras sur ma tête.

Je m'apprêtais à l'insulter de tous les noms possibles, à lui sauter dessus pour la frapper à mort, lorsque j'entendis un cri de douleur retentir juste derrière moi. Je fis donc volte-face, pour me retrouver face à un homme, recroquevillé sur le sol, un sweat à capuche rabattu sur sa tête.

« TU M'AS NIQUÉ LE PIED ! beugla-t-il. PUTAIN TU M'AS NIQUÉ LE PIED !
-Un ami à toi ? me demanda Leyna en s'approchant de l'homme, avant de lui redresser la tête du bout de sa chaussure.
-Ami non, répliquai-je. Mais... Eh ! Mais c'est vous qui avez failli partir avec ma carte ! Attend une minute... ».

Je tournai vivement la tête vers la main de Leyna, dans laquelle se trouvait toujours la carte que j'avais sortie de mon sac à dos. Tout semblait peu à peu prendre sens.

Et j'étais tellement concentrée sur l'hypothétique solution de ce problème que je remarquai trop tard l'autre homme, celui qui se trouvait dans l'ombre à la droite de Leyna. Alors même que j'ouvrais la bouche pour crier, la pickpocket se fit assommer, et je sentis quelqu'un m'enfoncer un bout de tissu dans la bouche.

La dernière chose dont je me souvins fut de m'être effondrée sur le sol, tous les sens endormis.