Chapitre 1
Lily était allongée à côté de moi, ses longs cheveux roux étaient dispersés autour de sa tête et tombaient sur mes genoux. Je résistais à l'envie de plonger ma main dedans et préférai continuer de bouquiner, nous avions un devoir d'Histoire de la Magie le lendemain matin, ça méritait bien quelques révisions de dernière minute. Contrairement à nos comparses de maison, elle et moi aimions plutôt cette matière, même si je devais bien avouer que je m'étais endormie au moins trois ou quatre fois au court de l'année j'aimais tout de même beaucoup cette matière.
Elle se retourna vers moi avec un soupir désespéré, en me prenant mon livre des mains, elle semblait en manque d'attention et assez ennuyée par ce qu'elle lisait de son côté. Elle me fit un sourire doux alors que je portais mon regard sur elle, son petit nez retroussé était rougit par le froid de l'hiver, malgré le feu rougeoyant dans l'antre de la cheminée près de nous. Elle resserra sa veste autour d'elle et se vit obligée de se redresser, lorsqu'arrivèrent quelques autres personnes dans la salle commune.
Mary McDonald s'imposa entre nous deux, serrant Lily dans ses bras pour tenter de la réchauffer. Je haussais un sourcil, de la jalousie ? Non, personne ne pouvait être jaloux de cette pimbêche de McDonald.
Bon, peut-être que la jalousie parlait un peu à ma place à cet instant.
Je me levais et allais ranger mon livre ainsi que les affaires que j'avais éparpillé un peu partout dans la pièce, je ne pouvais tout de même pas risquer de perdre des choses aussi importantes que des morceaux de parchemins griffonnés de notes ou un livre sur l'Histoire sorcière du XIVème au XVème siècle.
Lily me jeta un regard soucieux, je la rassurai d'un sourire et me dirigeai vers le dortoir, me heurtant à une surface forte et chaleureuse, je comprenais qu'être un peu tête en l'air puisse me mener à ce genre de situations, mais étant donné la collision ayant eut lieu, l'étourdi d'en face devait sûrement être en train de courir. Tout le monde sait pourtant qu'il ne faut pas courir dans les escaliers.
Je me frottais le nez et fusillais du regard mon agresseur.
"Black," Je grognais en guise de salutation.
"McKinnon," Me répondit-il, puis continua son chemin.
Depuis que je traînais avec Lily, j'avais appris à doucement détester la bande de Potter. Tout ce que je savais sur eux, c'est qu'ils pouvaient se montrer excessivement exécrables quand ils le voulaient, et ça me suffisait bien pour juger d'un œil méprisant leurs agissements idiots, mais en réalité leurs petites blagues ne me dérangeaient pas vraiment, je les trouvais même drôles parfois, mais ils dérangeaient la rouquine, alors c'était un peu comme si cela m'incommodait moi.
Pourtant, alors que je commençais à monter les marches menant aux dortoirs des filles, je vis Potter s'approcher du canapé où je me trouvais et commencer à plaisanter avec Lily. Je fronçai les sourcils, mais passai outre l'image étrange qui cela formait dans mon esprit.
Ma chambre était assez mal rangée, me rappelant celle qui m'attendait chez moi, bien que Poudlard soit un peu chez moi aussi. Le côté de Lily et de Louise Fedge était à l'opposé du miens, que je partageais avec Malia Stoy-Rivers, mais il ne fallait pas trop espérer de ces ceux-là, ce n'était que le début de l'année, elles sauraient très vite mettre le boxon dans la chambre, je pouvais compter sur elles.
"Encore en train de réviser ?" Me lança Malia, étendue sur son lit, ayant pris comme hobby de la journée de regarder son plafond.
"Dans les rêves les plus fous de Binns," Je répondis avec un rire fatiguée.
"Si tant est qu'il rêve encore," Elle releva en pointant un doigt devant son visage.
J'acquiesçais à sa remarque comme si elle venait d'énoncer une réalité fondamentale, j'aimais beaucoup parler avec Malia, j'avais l'impression qu'elle comprenait chaque mots, chaque situation, elle était intelligente, c'était sûre, une vraie petite Serdaigle.
Je reposais mon livre sur ma table de chevet et tentais de rassembler les quelques chemises qui traînaient par terre, si je continuais ainsi, je n'aurais plus rien à me mettre de propre au bout d'une semaine. Je pris un tapis poussiéreux à côté du lit de Malia, que je reconnus comme étant une vieille jupe.
« Nan mais t'as pas honte ? » Je lui envoyai son tapis à la figure ce qui la fit sursauter et agiter les bras dans tous les sens.
« Depuis quand tu ranges, toi ? » Grimaça-t-elle, tenant la jupe du bout des doigts pour la remettre par terre. « Je croyais que « je ne suis pas ton stupide elfe de maison Malia ». »
Je secouais la tête et continuais mon inspection des lieux d'un œil aiguisé, je n'aurais définitivement pas dû laisser cette petite peste de 11 ans s'étaler sur mon territoire, elle avait fini par me voler mes affaires. Ne jamais faire confiance à une Gryffondor.
La brunette se leva et se planta devant moi, les mains sur les hanches et une moue aux lèvres. Elle m'avisa quelques secondes et choisit de retourner sur son lit sans un mot de plus. Je devais avouer ne pas comprendre ce qu'il lui passait par la tête quelques fois, c'était comme si un génie du mal totalement désorganisé lui soufflait des actions aléatoires à réaliser de temps en temps.
Je finis de rangeais les manuels traînant sur mon lit, décidée à ne pas redescendre à la salle commune avant d'y être contrainte de force, par exemple par une petite rouquine pressée d'aller faire un devoir d'Histoire de la Magie. Mon dortoir avait ce quelque chose d'apaisant, évidemment il avait été arrangé de manière à ce qu'on s'y sente bien, qu'on puisse s'y reposer, comme dans une chambre en somme... Quelle fantastique déduction, Marlene.
Louise arriva une dizaine de minutes plus tard, ses cheveux courts étaient en bataille et elle semblait essoufflée, elle arborait un regard fou assorti à son sourire.
« Vous ne devinerez jamais ce que j'ai vu ! »
« Lily Evans et James Potter s'entendre comme larron en foire, » Devina Malia, agitant nonchalamment la main. Je l'entendais presque sourire de son effet, toujours allongée sur son lit.
« Comment tu sais ça, toi ? Tu n'es pas sortie du dortoir depuis la fin des cours, » S'insurgea Louise et j'appuyai sa remarque d'un hochement de tête.
Notre compagne de dortoir sourit et fit mine de hausser les épaules.
« Je le sais, c'est tout. »
Je lui jetais un regard suspicieux, mais passais outre pour le moment. Mon attention revint à Louise, qui avait fait une entrée pour le moins impromptue.
« Et donc, pourquoi nous dis-tu ça ? »
Elle ouvrit la bouche pour répondre et la referma au bout de quelques minutes. Apparemment, elle ne le savait pas.
« Je… Je ne sais pas, » Répondit-elle, confirmant mes dires. « C'est étrange, non ? Ca a quelque chose de magique. »
« De magique… » Je relevais avec un sourire moqueur. « Mais voyons, Lou, la magie ça n'existe pas. »
Je m'affalais à mon tour sur mon lit, jetant de temps à autre un coup d'œil au reste de la pièce. Je ne comprenais pas comment James Potter avait pu ne serait-ce qu'un instant approcher Lily, ni même pourquoi Amy McDonald ne l'avait pas mordu lorsqu'il s'était rapproché. A moins qu'elle aussi ne se pâmait devant le beau binoclard.
Je soupirais silencieusement en commençant à jouer avec une plume qu'il me semblait pourtant avoir rangé un peu plus tôt, cette année s'annonçait bien plus épuisante que ce que j'avais pu imaginer.
Je regardais pensivement Sirius Black et Peter Pettigrow fabriquer des avions en papier pour les envoyer sur les Serpentards non loin d'eux. Ce devoir était excessivement ennuyant, que ce soit en le faisant ou une fois fini.
C'était principalement pour ça que je regardais Black et Pettigrow faire des avions en papier, les autres personnes présentes dans la pièce étant hautement ennuyeuses car hautement occupées à répondre aux questions ou dormir, certainement pas en train de manquer de se faire virer du cours parce qu'ils le perturbent en tout cas.
Je commençais à plier un morceau de parchemin, en essayant de comprendre le sort qu'ils murmuraient pour les faire décoller, mais m'arrêtais rapidement en recevant un regard sombre de McGonagall, qui par la même occasion privait les deux Gryffondors de leurs œuvres d'art. J'aurais crié au favoritisme si elle ne l'avait pas fait, même si cette scène était d'une émouvante tristesse, j'offris d'ailleurs un sourire compatissant aux deux hurluberlus qui se ratatinaient sur leurs chaises.
Mon regard dériva vers le reste de la salle, Mr Binns et Mrs McGonagall se tenaient au fond, sans un bruit, comme des geôliers, ils nous surveillent et nous empêchent de bouger, quelle honte. Malia, assise à quelques mètres, me faisait des signes, elle essayait sûrement de communiquer avec moi d'une quelconque façon, en évitant de se faire griller par nos chers professeurs. Elle agita les bras et me désigna William Wilkes qui se balançait sur sa chaise, à deux rangées de moi, puis, voyant que j'avais suivi son regard, me fit un sourire sournois et dégaina sa baguette. Je lui lançai un regard sévère, comprenant ses intentions et puisqu'elle ne m'écouterait certainement pas, je préférais lui balancer mon sac à la figure. Cette technique marchait toujours. Le fracas déclenché attira l'attention d'une bonne partie de la pièce, dont celle de Wilkes, qui tomba de sa chaise, ce qui provoqua l'hilarité de Malia qui dut être évacuée de la salle, la dernière image que j'eue d'elle était une adolescente qui en larmes qui riait silencieusement, son regard faisant des allers-retours entre moi et l'autre énergumène.
Lily, qui s'était levée pour la faire sortir, en profita pour me rendre mon sac, me fusillant du regard par la même occasion. Alors qu'en réalité, elle aussi était ravie qu'il y ait un peu d'animation, il nous restait une heure à patienter dans cette ambiance démoralisante.
James, qui lui aussi s'était levé, sorti à son tour, en tentant de retenir Malia pour ne pas qu'elle s'écroule sur le sol, stupide Potter, depuis quand pouvait-on devenir Préfet-en-Chef en étant le plus idiot des idiots de cette école ?
Je grimaçais et me tassais sur ma chaise, avec ma plus belle mine renfrognée, ce qui faisait doucement rire mes voisins. J'espérais qu'il ne faille pas les faire sortir eux aussi. L'heure passa lentement, alors que je relisais mes réponses et tapotais ma plume sur le coin de mon bureau, espérant ne pas agacer McGonagall par ces cliquetis incessants mais nécessaires à ce que je ne m'endorme pas.
En sortant, je me fis bousculer par une foule d'élèves pressés de profiter de notre heure de liberté à la Grande Salle. Je finis par me rasseoir en attendant que la cohue ne se disperse, continuant de tapoter ma plume sur mon bureau, avant de moi aussi me ruer vers la salvation et la tarte aux fruits du mardi midi.
Dans la Grande Salle régnait une ambiance chaleureuse, les Septième Année exposaient leur joie, ainsi que les Première Année, pour une raison qui m'échappait, ces enfants étaient toujours contents, pour une raison qui m'échappait encore. Les petits Gryffondors, d'ailleurs, adoraient montrer à quel point ils étaient heureux en faisant toutes sortes de stupidités, surtout lors des dîners. Je me rappelais d'une fois où cela avait dégénéré en bataille de nourriture générale. En réalité, je ne voulais pas vraiment m'en souvenir.
Autour de moi, des bribes de conversations sur les bonnes réponses qu'il aurait fallu noter sur notre devoir, mais je préférais me concentrer sur celle que je tenais avec Lily, sur le plafond magique plus ensoleillé qu'à l'accoutumée et les bonbons que nous avions trouvé dans nos assiettes en entrant. Lily adorait les bonbons, malgré tous les reproches qu'elle pouvait faire à HoneyDukes.
Je sentis un regard vrillé sur moi, me brûlant la nuque, je jetais quelques œillades autour de moi, en espérer trouver la personne m'espionnant, pour finalement tomber sur Black, qui soutint mon regard arrogamment, alors que je détournais le miens, lasse.
« Alors, qu'en est-il de Mr Potter ? » Demanda Louise, qui était subitement apparue à côté de moi.
Lily commença à rougir et moi à soupirer, il n'y avait pas que Black qui me fatiguait aujourd'hui. Aujourd'hui ou n'importe quand, d'ailleurs.
« Je ne vois pas où tu veux en venir, Louise, » Répondit-elle calmement en plantant un petit pois sur sa fourchette et l'agitant devant le nez de la petite blonde.
Celle-ci sourit et secoua la tête d'un air faussement compatissant, comme si elle lisait en elle comme dans un livre ouvert. Il était vrai qu'après plus de six ans à se côtoyer, nous avions appris à nous connaître, cependant, ce n'était pas une raison pour harceler ma préfète tout cela parce qu'elle se rapprochait de Potter.
« Oui, oui, tu me raconteras tout cela tôt ou tard… »
Lily lui fit un clin d'œil et sourit doucement, et ce fut à ce moment-là que je compris qu'il y avait effectivement plus que ce que l'on pouvait penser de prime abord et que Louise avait effectivement lu en elle comme dans un livre ouvert. Je fronçais les sourcils et jetais un coup d'œil vers Potter et sa bande. A mon plus grand bonheur, Black avait cessé de fixer et discuter maintenant avec animation avec ses amis. Potter, lui, était égal à lui-même, quoi que cela puisse réellement signifier dans ce contexte-ci.
« Qui veut de la tarte ? » Intervint Malia, essayant d'effacer l'air soucieux qui s'était installé dans son regard, et cela suffit à nous remettre du baume au cœur.
