Disclaimer : Non, ils ne sont pas à moi... je vous laisse chercher à qui ils appartiennent à l'origine.

Genre : indéfini

Personnages : Heero, Trowa et d'autres

Couple : Vous verrez bien

Commentaire : Ce texte commence avant « Le monde, mes potes et moi » et y est intimement lié, il vise à expliquer le pourquoi du comment de quelques situations qu'on découvre sans en savoir long dans l'autre texte. A commencer par la relation entre Heero et Trowa. Le ton est très différent du premier, mais j'espère que cela saura vous plaire.

Bonne lecture

Hahn tah Yhel


Indécences

Chapitre 1) Rencontre de deux garçons

Ils étaient deux, deux garçons qui n'avaient pas plus de dix ans, l'un captif et l'autre gardien du premier.

Celui que l'on retenait prisonnier était brun, avait la peau mate, des yeux d'un bleu profond, pour le moment emplis d'une rage sans borne.

Son regard accusateur était rivé sur celui qui le gardait, presque empli de haine.

L'autre, brun roux, avec des yeux verts et une peau plus claire, s'efforçait de ne pas montrer le trouble qui était sien depuis un moment déjà.

Pas que la colère du captif l'impressionne, il en avait vu d'autres, mais parce qu'il avait le sentiment que le groupe auquel il appartenait était en train de s'engager sur une mauvaise voie.

Il était d'accord pour se battre à leurs côtés, pour mener des combats justes contre des oppresseurs de tout bord, il adhérait à leurs idées, à leurs valeurs, et ce depuis le jour, déjà lointain, où ils l'avaient ramassé dans la rue, orphelin anonyme dont personne ne se souciait, victime insignifiante d'une guerre absurde dans un pays qui ne semblait n'avoir jamais connu que cela.

Il ne savait même plus quel était ce pays qui l'avait vu naître, quelle était cette guerre, cela était sans importance, ce n'était plus son pays, ce n'était plus sa guerre.

Les mercenaires l'avaient trouvé et pris avec eux, comme on recueille un chiot perdu sur le bord d'une route, l'avaient traité à peine différemment.

Parfois il avait la sensation d'être véritablement leur mascotte, leur animal de compagnie, un peu des leurs, mais pas totalement.

Ils ne lui avaient pas donné de nom.

Il s'en moquait ou affectait de le faire.

Il ne pouvait rien changer à leur comportement, il ne pouvait rien changer à sa vie, à ses origines, à son absence d'identité.

Mais il pouvait réfléchir, et il ne s'en privait pas.

Silencieux, attentif, avide de savoir même si son visage souvent impassible savait donner le change, il avait étudié, sans en avoir l'air, chaque jour qu'il avait passé en leur compagnie.

Il avait appris à se battre avec eux.

Il avait appris à lire avec eux.

Il avait appris à regarder, à comprendre, à analyser.

Il avait lu tout ce qui lui tombait sous la main, chaque fois que l'occasion se présentait.

Il l'avait fait presque en cachette, lorsqu'on ne pouvait pas le voir.

Même s'ils l'avaient pris avec eux il n'en restait pas moins différent d'eux et le savait.

Il savait qu'ils pouvaient décider de le laisser aussi facilement qu'ils l'avaient pris.

Il s'en moquait.

Il n'avait aucune valeur après tout.

Il se contentait de suivre et d'obéir.

De faire ce qu'on attendait de lui sans poser de questions.

Ce n'était pas son rôle.

Mais... ce jour là, devant cet enfant qui avait son âge et qui le foudroyait de son regard si bleu... le garçon sans nom sentait ses certitudes vaciller.

Il avait vu comment les autres avaient traité le jeune prisonnier, comment ils l'avaient malmené, frappé et ligoté sur cette chaise, les liens étaient tellement serrés... ce ne pouvait être que douloureux.

Le garçon sans nom savait que l'autre souffrait et qu'il était complice des mauvais traitements qu'on lui faisait endurer.

Il savait que ce n'était pas juste.

L'autre garçon n'était pas responsable des choix de son père, ou du gouvernement de ce dernier.

Comment aurait il pu l'être ? Il n'était encore qu'un enfant.

Même si en cet instant précis il avait le regard dur et empli de colère, même s'il était clair qu'il détestait ses ravisseurs et que cela l'incluait également.

C'était mérité, en cet instant il ne valait pas mieux que ceux qui avaient enlevé ce gosse et l'avaient traité de la sorte.

Il était complice.

Il était coupable, il faudrait payer pour cela tôt ou tard.

L'enfant sans nom le savait, il savait également que le captif en face de lui n'était pas n'importe qui, il s'agissait d'un prince, d'un futur roi.

Le seul héritier de son royaume.

Un otage précieux.

Un otage que l'on traitait fort mal.

Ligoté, bâillonné, surveillé comme s'il pouvait malgré tout tenter quoi que ce soit... l'enfant sans nom n'aurait pas voulu être à la place de l'autre.

Pourtant, l'autre ne cessait de le défier du regard, de ces yeux tellement bleus, si pleins de fierté et de colère.

Mais pas de mépris et c'était sans doute ce qui surprenait le plus l'enfant sans nom.

L'autre ne devrait il pas le mépriser ? Lui qui le surveillait, qui le gardait, l'arme à la main...

Il avait besoin de savoir.

Le bâillon trop serré devait blesser les lèvres du prince, ils étaient de toute façon dans un endroit où personne ne venait, s'il retirait le morceau de tissus cela n'aurait pas d'importance, l'autre pouvait bien crier, cela ne changerait rien.

Mais ils pourraient discuter.

Peut être.

Comment parlait on à un prince ?

L'enfant sans nom n'en avait pas la moindre idée.

Il n'avait jamais rencontré de prince avant ce jour.

Posant son arme il défit habilement le morceau de tissus qui bâillonnait le prince et le laissa tomber à terre.

Il s'attendait à des cris, peut être même à des insultes, mais rien de tel ne vint.

Le prince remua les lèvres avec précaution, elles étaient douloureuses, meurtries par le tissus qui les avaient distendues pendant un assez long moment.

Sa bouche était sèche, cela faisait un moment qu'il n'arrivait plus à renouveler sa salive, mais il se refusait à demander de l'eau.

Il ne voulait rien demander à l'autre gamin, au complice de ses ravisseurs.

Il était surpris et intrigué de la présence d'un enfant de son âge aux côtés de ces mercenaires.

Pourquoi s'encombrer d'un gamin ?

Il avait bien vu que l'autre tenait l'arme d'une main assurée, preuve qu'il en avait l'habitude, mais il ne parvenait toujours pas à croire qu'un enfant de son âge puisse être un mercenaire.

Même s'il était un prince, qu'il pouvait s'estimer protégé, il n'était pas naïf, il savait qu'il arrivait parfois que des armées emploient des gamins mais il ne pensait pas qu'ils puissent être si jeunes, le gosse en face de lui n'avait pas plus de dix ans, comme lui.

Le prisonnier étudia celui qu'on avait désigné pour être son geôlier.

Le gosse avait repris son arme sitôt le bâillon retiré, machinalement, comme s'il obéissait à un ordre ou à un long conditionnement.

Le prince se demanda depuis combien de temps il était avec les mercenaires et cela l'irrita.

Quelle importance cela avait il ?

Le gosse en face de lui était avec ses ravisseurs, il était sans doute le fils de l'un d'entre eux et il était aussi coupable.

Même s'il lui avait retiré son bâillon et qu'il ne semblait pas si dur que les ravisseurs.

Le visage du gosse s'efforçait d'être impassible, son regard d'être froid, mais le prince n'était pas dupe, l'autre n'était pas si indifférent qu'il voulait le faire croire.

Maintenant que sa bouche était délivrée du bâillon il pouvait se servir de sa langue pour faire revenir un peu de salive et ne s'en priva pas.

Ses lèvres lui faisaient mal mais c'était supportable.

Par contre la soif...

Il n'aurait pas été contre un peu d'eau, mais il s'interdisait toujours d'en demander.

Il ne voulait pas se mettre en position de faiblesse devant l'autre, qui n'attendait probablement que cela.

Le garçon sans nom remarqua les mouvements de sa bouche et en déduisit sans trop de peine qu'il devait avoir soif.

Posant à nouveau son arme il alla remplir un verre d'eau et l'approcha des lèvres du captif.

Le prince détourna obstinément la tête malgré sa soif et l'envie qu'il avait de boire.

Ce n'était pas acceptable.

Il ne pouvait pas tolérer d'être abreuvé de la sorte.

Il se devait de tenir le verre ou de ne pas boire.

L'enfant sans nom recula, les sourcils froncés.

L'autre le fixa avec fierté, le menton levé en signe de défi.

Tout dans son maintien indiquait que même s'il avait soif il ne boirait pas.

Perplexe il fronça les sourcils.

Pourquoi cette attitude ?

L'autre craignait il qu'il ait versé quelque chose dans l'eau ?

- Je n'ai rien mis, ce n'est que de l'eau, je peux en boire un peu si tu veux être certain. Dit il.

- Libère mes mains et je boirais. Répliqua le prince d'un ton sec.

Comme son jeune gardien hésitait visiblement il haussa les épaules.

- Tu as une arme, que veux tu que je fasse ?

L'enfant sans nom posa le verre et se rapprocha du prisonnier.

- Je vais le faire, mais ne tente rien, ce serait stupide, ils ne sont pas loin.

Le prince haussa à nouveau les épaules et dédaigna de commenter.

Il sentit les cordes relâcher leur emprise sur lui et cela le soulagea.

Désormais libre il attendit sans bouger que son gardien lui apporte le verre d'eau.

Il le prit avec précaution et le porta à ses lèvres sans faire de manières.

Il but trois gorgées et cela lui fit du bien, mais il se garda bien de vider totalement le verre.

Cela lui en coûtait de faire ce qu'il s'apprêtait à faire, mais il n'avait pas d'autre choix, il se devait de tenter quelque chose.

Peut être que si l'autre lui avait demandé de lui donner sa parole de ne rien tenter il se serait tenu tranquille, mais l'autre ne lui avait rien demandé de tel.

Il pouvait donc essayer.

D'un geste brusque il jeta le contenu du verre au visage de son jeune gardien, visant les yeux dans l'espoir de l'aveugler, et se précipita sur lui afin de l'assommer avant qu'il ait pu se reprendre.

Pris par surprise l'enfant sans nom bascula en arrière et le prince lui tomba dessus, pesant de tout son poids sur lui pour le maintenir à terre et essayer de le maîtriser.

Ils se mirent à se battre.

Le prince luttait avec l'énergie du désespoir, pour sa liberté, tandis que l'enfant sans nom lui se battait parce qu'il était déçu, qu'il se sentait trahi.

Il avait essayé de se montrer gentil et voilà comment l'autre le remerciait...

Mais à quoi s'était il attendu aussi ?

Comment avait il pu croire un seul instant qu'un prince puisse lui en être reconnaissant ?

Il n'était vraiment qu'un idiot.

Le bruit de leur combat ne tarda pas à attirer l'attention et plusieurs hommes firent irruption dans la pièce.

Les deux garçons furent séparés sans ménagement, le prince poussé sur la chaise et gratifié de deux gifles avant d'être à nouveau ligoté.

Il aurait pu être bien plus frappé si, en voyant celui qui s'était emparé du prince lever la main dans une intention des plus claires le jeune gardien ne s'était précipité.

- C'est de ma faute, j'ai défait ses liens. Dit il vivement.

- Et bien tu n'en avais pas l'autorisation et tu vas payer ton erreur. Déclara l'homme en relâchant le prince ébahi.

Il ne comprenait pas, pourquoi l'autre cherchait il à le défendre alors qu'il l'avait attaqué ?

L'enfant sans nom ne comprenait pas plus, pourquoi avait il éprouvé le besoin de protéger le prince ? Cela n'avait aucun sens, il savait pourtant qu'on ne lui pardonnerait pas cette incartade et qu'il allait le payer chèrement.

Les hommes s'assurèrent que les liens du prince étaient bien solidement noués et qu'il ne pourrait pas s'en défaire. Il ne chercha pas à se débattre, ne tenant pas à recevoir d'autres coups.

Une fois qu'il fut réduit à l'impuissance, mais pas bâillonné cette fois, il vit la colère des hommes présents se tourner contre son jeune gardien.

L'un d'eux entreprit de rosser sans pitié le gosse qui ne résistait pas.

Sous les yeux du prince l'autre fut battu jusqu'au sang et laissé à terre.

Les hommes ressortirent sans plus se soucier d'eux, la porte claqua derrière le dernier.

Le prince regardait l'autre qui ne s'était pas relevé après la correction, qui ne bougeait pas.

Même s'il n'éprouvait pas vraiment de pitié pour lui, il ne pouvait s'empêcher de se sentir quelque peu mal à l'aise.

Il était en partie responsable de ce qui était arrivé à l'autre.

L'autre se redressa au bout d'un long moment alors que des tirs et des cris se faisaient entendre.

Le prince grimaça en voyant du sang couler sur la peau claire de l'autre, sa pommette droite éclatée par un coup, son œil gauche qu'il ne parvenait plus à ouvrir...

La porte s'ouvrit brusquement, de longues minutes après que le silence soit retombé.

Le prince sentit le soulagement l'envahir lorsqu'il découvrit la haute silhouette de son père.

La confiance qu'il n'avait jamais perdue se trouvait récompensée, son père était venu le sauver ainsi qu'il l'avait toujours pensé.

Du coin de l'œil le prince vit l'autre se laisser retomber sur le sol, acceptant la défaite de son groupe, le sort qui serait le sien.

Son regard attira l'attention de son père qui se tourna à son tour vers l'enfant sans nom et découvrit sa présence qu'il avait tout d'abord manqué.

Se voyant remarqué l'enfant sans nom se redressa, résigné mais décidé à disparaître sans s'humilier.

Il n'espérait aucune indulgence, il savait qu'il ne la méritait pas.

Il avait fait partie du groupe, il partagerait le sort des autres.

Ce n'était que justice.

- Qu'avons nous là ? Questionna le roi d'un ton amusé. De la graine de révolutionnaire ?

L'enfant sans nom soutint sans broncher le regard bleu qui l'étudiait sans complaisance.

Le roi était très différent de son fils avec sa chevelure blonde et ses yeux clairs, mais ils avaient la même présence.

- Père, il m'a protégé, je vous demande de l'épargner. Affirma le prince.

Son père se tourna vers lui, surpris et un peu intrigué.

- Il t'a protégé dis tu ?

- Oui père, ce qui lui a valu la correction dont vous voyez le résultat. Répondit le prince du même ton calme et assuré.

Tout juste délivré de ses liens il se frottait les poignets sans même regarder celui dont il plaidait la cause.

- Dans ce cas, je ne peux faire moins que de lui accorder ce salut que tu demandes pour lui. Déclara le roi d'un ton songeur.

Il était étonné, jamais encore son fils n'avait tenu de tels propos.

C'était un enfant réservé qui ne se liait pas facilement et qui n'avait pas d'amis, ce dont il semblait éperdument se moquer.

Qu'il se soucie assez d'un autre enfant pour demander qu'il soit épargné était nouveau et le roi voulait croire que cela était bon signe.

Peut être que son fils était enfin disposé à sortir de sa solitude volontaire et à aller vers les autres.

C'était tant mieux car il était temps pour lui de se rendre en pension.

Posant la main sur l'épaule de son enfant il l'entraîna vers l'extérieur.

- Viens, rentrons chez nous, nous avons à parler.

Ils s'éloignèrent sans un regard pour l'enfant sans nom.

Le prince ne voulait pas faire preuve de faiblesse en se retournant, le roi avait d'autres préoccupations en tête.

Il n'en donna pas moins des ordres pour que l'enfant blessé soit bien traité et mené en un lieu où il serait soigné.

L'enfant sans nom fut fort surpris qu'on vienne le chercher, non pour lui faire partager le sort du reste du groupe, mais pour le soigner.

Il se laissa faire sans discuter et suivit ceux qui étaient là pour l'emmener.

A suivre