Hermione Granger craquait.

Elle sortit de la grande salle en conservant une expression impassible, le visage dénudé de toutes expressions. Mais une fois hors du champ de vision des élèves attablés dans la grande salle, la jeune sorcière laissa les larmes trop longtemps contenues dévaler ses joues.

Pourquoi pleurait-elle ? Oh. Pour rien. Ou au contraire, pour tout.

Trop de choses s'étaient amoncelées. Elle avait tout d'abord pensé qu'il serait aisé de ne pas les laisser prendre le pas sur ses sentiments, sur son contrôle. Mais lorsque des événements qu'on pourrait qualifier d'insignifiants s'ajoutaient aux peines les plus importantes, flancher était tout naturel. Presque un besoin, une nécessité.

Il y avait eut le divorce de ses parents. Puis la trahison, le déchirement qu'avait provoqué Ronald Weasley. A cela s'ajoutait l'éloignement de Harry Potter. Et enfin, la préparation de ses ASPICS qui nécessitait un investissement profond, une préparation hardie.

Mais plus que tout, ce qui lui manquait, ce besoin vital, était celui d'une présence, une épaule contre laquelle s'appuyer. La solitude était sa principale amie.

Qui aurait voulu d'une bourreau de travail comme amie? D'une fille qui ne s'intéressait ni au Quidditch, ni à la mode. Personne. On préférait la délaisser dans ses grimoires, la laisser à l'écart griffonner sur ses parchemins, à la recherche de la perfection.

La Gryffondor courut jusqu'à l'escalier qui menait à la tour d'Astronomie, voulant se recueillir seule, avec les étoiles et le froid d'Octobre. Respirer profondément la fraîcheur nocturne. Sentir une brise envelopper son corps, la caresser de ses doux doigts.

Rapidement, elle gravit les marches de pierres affaissées, jusqu'à arriver au sommet de la tour. La porte grinça lugubrement lorsqu'elle la poussa, découvrant l'obscurité réconfortante, troublée du faible rayonnement de la pleine lune.

- Qui est là ?

Hermione sursauta, ne parvenant pas à reconnaître la voix féminine qui l'avait abordée.

Se rapprochant vers le muret faisant office de rambarde, elle reconnut Pansy Parkinson assise à même le sol, le dos contre la pierre gelée, les genoux ramenés contre sa poitrine. Sa tête était redressée, levée vers Hermione, dardant sur elle son regard invisible dans les ténèbres.

- Pardon... Je pensais qu'il n'y aurait personne à cette heure-ci. Bafouilla Hermione en effaçant les marques de sa tristesse d'un revers de main.

Alors qu'elle s'en retournait vers les escaliers, la brune la coupa dans son élan et fit d'une voix lasse :

- Tu n'es pas obligée de partir. ça m'est bien égal que tu restes ou non.

La main en suspens, tendue vers la poignée, Hermione hésita.

Elle la laissa tomber contre son corps et se retourna.

Imitant la Serpentarde, elle s'installa contre le mur de pierre, adoptant la même position. Du coin de l'œil, elle l'observa discrètement, admirant son profil. Comme la plupart des Verts & Argents, elle était très élégante. Mais contrairement à eux, sa discrétion la démarquait. Elle ne s'impliquait jamais dans les querelles inter-maison, ne prenait pas part aux échanges d'insultes quotidiens, et de même, ne prônait pas sa supériorité.

- Pourquoi n'es-tu pas dans la grande salle, avec tout le monde ? L'interrogea Pansy en la fixant, interrompant le fil des pensées d'Hermione, qui comme toujours, digressait.

- Je pourrai te retourner la question. Répondit la Gryffondor, resserant ses genoux contre sa poitrine, en quête d'une source de chaleur. La brise se transformait peu à peu en une violente bourrasque, faisant frissonner la jeune femme qui se maudit intérieurement de ne pas avoir prit de quoi se couvrir.

- J'aime la solitude. J'aime me recueillir seule. Et puis, les Serpentards ne sont pas du genre à se préoccuper d'autrui, ils ne se soucient que d'eux-mêmes.

Elle ricana.

- Je ne vois même pas pourquoi je te raconte tout ceci. Tu as certainement bien mieux à faire que d'écouter les plaintes d'une pauvre Serpentarde.

- J'aime aussi la solitude. Avant, j'aimais me confier à mes amis, mais Ron... m'insupporte et Harry est différent. Et ma salle commune est bien loin d'être une pièce silencieuse et faîtes pour méditer... Se confia à son tours Hermione, donnant le change, mettant en place un climat amical dissipant la gêne présente.

- Ron t'insupporte ? Je pensais pourtant qu'il était ton petit copain...

- Ron, mon copain ? Bien trop immature et occupé à lécher du regard la silhouette de Lavande Brown. Poursuivit Hermione en crachant le nom de la Gryffondor avec mépris.

Un nouveau silence suivit la révélation d'Hermione.

- Et toi, avec Draco ? Reprit timidement la Gryffondor pour poursuivre un semblant de conversation.

- Comment ça ? Fit la brune en fronçant les sourcils, n'ayant visiblement pas saisit l'illusion.

- Eh bien... ça se passe bien entre vous deux ? Dit Hermione, mal-à-l'aise devant la réaction de Pansy, pensant avoir été indiscrète.

- Parce que tu crois que je sors avec lui ?! S'étrangla pratiquement la Serpentarde.

- Eh bien je croyais... Mais d'après ta réaction, il semblerait que non. Fit Hermione d'un ton amusé, soulagée de sa réaction.

- Non, nous sommes juste de très bons amis. Et de toute manière, Draco est... Enfin, il est trop fier et trop hautain.

De nouveau, le silence prit place entre les deux jeunes femmes. Mais cette fois-ci, aucune des deux ne semblait désirer le rompre. Uniquement le vent venait troubler cette quiétude apaisante. Hermione ne saurait dire combien de temps s'était écoulé mais pour rien au monde, elle l'aurait jugé trop long.

Ce fut finalement Pansy qui se leva la première, brisant cette accalmie.

- J'ai beaucoup aimé discuter avec toi, Granger. Dit-elle seulement, habillant ses mots d'un sourire ainsi que d'un ton léger, avant d'être avalée par les ténèbres des escaliers.

- Ce fut également un plaisir, Parkinson. Finit par lâcher Hermione, le visage dénudé de toutes expressions.

Cette brève conversation laissait la châtaine hagarde. Elle s'était simplement sentie bien, le cœur délesté de toute morosité. Tout comme elle, Pansy avait semblé être une femme lasse, triste et morne. Se confier avec une personne paraissant être dans le même état était sûrement là la chose réconfortante.

Elle se leva difficilement, le froid ayant engourdit ses membres et redescendit de la tour, regagnant sa salle commune.

Le dîner venait visiblement de se clôturer puisque le couloir s'était rempli d'étudiants regagnant leur propre salle commune. Se libérant du flot d'élèves bruyants, Hermione s'engouffra dans l'ouverture masquée par le portrait de la grosse Dame après avoir communiqué son mot de passe et alla confortablement se pelotonner dans le divan faisant face à la cheminée crépitante.

Ses yeux s'étaient perdus dans l'agitation des flammes qui léchaient de leur langue rappeuse la pierre noircie par les années. Ses pensées s'étaient tournées vers sa récente conversation. Et pour une raison qu'elle ignorait, elle n'arrivait pas à penser à autre chose. Cette réflexion l'amenait à la raison pour laquelle elle était allée se réfugier sur le sommet de cette tours. Ses problèmes, ses échecs, sa solitude et son manque d'affection. Plongée dans ses pensées, elle ne remarqua tout d'abord pas que son meilleur ami s'était calé à ses côté.

- Hermione ? Fit-il doucement en remarquant le regard voilé de la jolie sorcière.

- Oui ? Répondit-elle sans pour autant décrocher son regard des flammes crépitantes.

- Je vois que tu ne vas pas bien. Que se passe-t-il ? Reprit-il en se penchant vers elle.

Un silence fit office de réponse au brun. Mais plutôt que de s'en offusquer, il attendit patiemment que ce soit elle qui se confie la première. Hermione quitta enfin du regard les bûches embrasées et tourna ses prunelles noisettes vers son meilleur ami.

Il y a beaucoup trop de chose, Harry... Répondit-elle en se blottissant contre lui, enserrée contre lui par ses bras chauds, dans une étreinte rassurante.

De l'autre côté de l'école, dans les profondeurs fuligineuses des cachots, c'était Pansy qui tentait de réconforter son meilleur ami.

- Il faut que tu te le sortes de la tête. Ne te rends pas malade pour lui, tente de l'oublier. Cette amour te ronge plus qu'il ne te dévore...

Le blond se redressa, fixant sa meilleure amie de ses yeux orageux.

- Je n'y arrive pas Pans'. J'aimerai, mais je n'y arrive pas. Il m'obsède. Tous les jours, je ne peux m'empêcher de détailler sa silhouette scrupuleusement. Potter m'obsède. Mais je tenterai tout pour qu'il m'appartienne.