Titre : Jusqu'à ce que Mort s'ensuive.
Disclaimer : J'emprunte en tout bien tout honneur un des personnages-phares de Pratchett, et en mentionne un autre. L'univers en général appartient à JKR. Quand au style d'écriture (et à l'équipe ministérielle), je plaide coupable : ils sont tout droit sortis de ce qui me sert de Cervelle.
Correctrice : Mirliton
CHAPITRE 1 : Un rituel Mortel ….
Le Ministre soupirait.
Maudit soit ce Survivant !
Celui-ci tenait absolument à réhabiliter la mémoire de Severus Rogue, aussi connu comme "La chauve souris des cachots" par ses élèves bien aimés.
M'enfin,un héros comme ça, c'était censé serrer des mains, prendre la pose,écrire un best seller et amasser le plus possible d'argent. Ou à la limite, mourir pendant le combat final en emportant avec lui Celui-Dont-On-Pouvait-Désormais-Prononcer-Le-Nom-(En-Théorie) et ainsi entrer dans les légendes.
Mais non, il fallait qu'il tombe sur le seul sauveur qui avait une conscience, et se mêle des affaires judiciaires. Mais pourquoi lui ? Et bien sûr, il fallait en plus trouver des témoins de ce que disait le Garçon-Qui-Avait-Survécu-Pour-Foutre-Le-Ministre-En-Rogne. Parce que à part lui, personne ne voulait témoigner pour le maitre des potions ( s'il avait demandé qui voulait témoigner contre Rogue, il aurait eu assez de témoins pour remplir une salle de tribunal, bancs du public compris ). Et que pendant la bataille de Poudlard, le bureau du directeur avait été on-ne-sait-comment transformé en meringue à fraise, sa pensine avec.
Un de ses assistants trop futés ( le ministre veillerait à le faire rétrograder : un assistant intelligent, c'est bien trop dangereux ) avait proposé de faire témoigner un témoin irréfutable, grâce à un vieux rituel. Maintenant que Rogue était mort, il semblait tout indiqué... Le Ministre avait refusé tout net en comprenant de quoi il était question. Le Rite d'AshkEnte ? Invoquer la Mort ? Et pourquoi pas inviter les 4 chevaliers de l'Apocalypse à boire un thé avec eux un de ces jours ?
L'affaire n'aurait pas été plus loin si, il ne savait comment, elle n'était parvenue aux oreilles de Minerva McGonagall, directrice de Poudlard.
Celle ci était pour le rite d'AshkEnte, et avait menacé de mettre les journaux au courant de la lâcheté ( Elle avait employé des termes plus crus ) du ministre.
Personnellement, le ministre était âgé de 109 ans,et était contre cette cérémonie pour des raisons évidentes.(1) Si ça n'avait tenu qu'à lui, il aurait laissé le nom de Rogue trainer dans la boue, voire se noyer dans un marais. Vu la cote de popularité du bonhomme, le seul risque qu'il prenait était d'être réélu à son poste.
Ah,si seulement le Professeur McGonagall n'était pas intervenue... Tous ses anciens élèves avaient développé une espèce de réflexe pavlovien, qui les faisait obéir sans réfléchir à tout ce qu'elle demandait.(2) Et elle avait eu pratiquement toute la population sorcière anglaise en âge de voter dans sa classe. Au moindre mot contre lui, il se retrouverait destitué de son poste, et sa vie deviendrait infernale. ( Merlin, cette femme avait eu tous ses enfants et petits enfants en classe ! Il ne tenait pas à devoir craindre un empoisonnement(3) à chaque repas familial ! ).
C'est pour cela qu'il se retrouvait ce vendredi, avec 6 de ses collègues et Minerva MacGonagall, dans la salle d'invocation.
Personnellement, Minerva MacGonagall était ravie de cette cérémonie.
Elle avait passé 40 ans de sa vie à enseigner à des élèves plus cornichons les uns que les autres, à supporter ses collègues plus ou moins cinglés (le pompon revenant de loin à cette Hystérique-En-Rose d'Ombrage) et à éviter les bonbons au citron d'Albus. Invoquer la Mort, à coté de ça ? Pf... Au moins la Mort n'arrivait qu'une fois. Contrairement aux classes Gryffondors Serpentards.
En plus elle devait bien ça à Severus Rogue. L'homme avait été un Mangemort, un salaud, un assassin, sans aucun doute. Mais il était aussi la seule chose qui l'avait soutenu toutes ces années. D'une certaine façon, l'avoir comme Chef de Maison Ennemi l'avait canalisé : elle était la Gentille, mais uniquement parce que lui était le Méchant (Certains élèves l'avaient surnommé Celui-Qui-Hante-Les-Cachots ). Tant qu'il était un immonde salopard envers les étudiants, elle tenait le coup, certaine que quelque part toutes les crasses qu'avaient pu lui faire les élèves seraient punies par la chauvesouris des cachots. Une sorte de karma, quoi.
Oui, vraiment,elle pouvait bien faire ça... Et comme le rite se passait un vendredi, pour elle ne savait quelle raison mystique, elle avait pu échapper pour un jour à l'asile de fous qu'était Poudlard. C'était encore mieux.
Les 8 sorciers se tenaient donc dans la salle d'invocation. L'air de la pièce était embrumé par les encens et bougies en trains de brûler autour du pentacle rituel, censé contenir la Mort. Les sorciers (enfin, tous sauf MacGonagall) avaient revêtus leurs plus belles robes et portaient tous des chaussettes propres(4). Ils avaient également apporté discrètement toutes sortes de plantes ou grigris sensé porter chance et repousser le malheur.
- Vous n'êtes pas plus grand que d'habitude, monsieur le Ministre ?
- Ce doit être les fers à cheval porte-bonheur que j'ai collé sous mes chaussures...
Après quelques minutes à se regarder les uns les autres, les Sorciers prirent leur courage à deux mains et...
Enfin, disons plutôt que après s'être demandé qui de la Mort ou de McGonagall était le plus effrayant, les mages avaient pris leur décision.
Bref, alors qu'ils commençaient à incanter, un souffle glacé passa dans la salle, éteignant toutes les bougies. Un myriade de bruits sourds (comme de petites jambes de bois tambourinant le plancher) se fit entendre, mais pas assez fort pour couvrir des cris lointains. Les sorciers frissonnèrent.
- Vous avez entendu ?!
- Ce sont les cris des morts ! Des damnés !
Le Ministre sauta sur l'occasion.
- Nous ne devrions pas faire ce rite ! Ils ne le veulent pas.
- Je ne crois pas, non.
Les têtes se tournèrent vers Minerva McGonagall.
- Comment ça ? dit le ministre.
- Je doute que les morts passent en courant dans des salles, hurlant « Ohmerdeohmerdejevaismourir ».
- Pourquoi pas ?
La directrice de Poudlard leva les yeux au ciel. Finalement, elle préférait ses classes de cornichons de première année. Au moins, eux, ils avaient une excuse pour dire des bêtises pareilles. Et on pouvait leur frotter les oreilles sans craindre qu'ils se vengent sur son salaire à la prochaine réunion du Conseil Administratif de Poudlard.
- Peut-être parce que les morts sont déjà morts ? fit une petite voix.
L'Adjoint du ministre venait de répondre timidement à la question, les yeux fixés sur McGo. Peut être craignait il qu'elle lui retire des points en cas de mauvaise réponse ?
- Très bien, monsieur... monsieur. Bonne réponse.
L'Adjoint rougit de soulagement. Le Ministre, lui, se jura de rétrograder ce idiot jusqu'au plus bas échelon de l'échelle hiérarchique. Voire même en dessous.
McGonagall continua :
- Donc, maintenant que nous sommes sur qu'il ne s'agissait pas de damnés manifestant contre le rite d'Ashk Ente, que diriez vous de reprendre ?
Les sorciers marmonnèrent quelque chose qui pouvait passer pour un acquiescement.
Quelques incantations, tremblements de genoux et charmes plus tard... Le Pentacle s'illumina d'une pale lueur, et quelque chose apparut au milieu.
Le peu de cerveau fonctionnant en temps normal chez le Ministre s'arrêta quelques instants. La chose au milieu du pentacle était trop terrifiante pour être appréhendée par l'esprit humain. Ce qui se tenait devant eux ne pouvait pas exister, même dans le monde sorcier. Un squelette vêtu d'une robe noire et armé d'une faux ? Même les Trains fantômes des Moldus n'utilisaient plus cette figure, trop peu crédible. Le pire était que le Ministre, au fond de son esprit, savait que cette vision était fausse, mais que voir vraiment à quoi ressemblait la Mort l'enverrait directement dans une de ces cellules capitonnées de Sainte-Mangouste. Pourtant... ce qui se tenait devant lui...
Les sorciers du ministère restaient pétrifiés devant le phénomène, tout comme lui. McGonagall, elle, se tenait droite, satisfaite d'avoir réussi le rite. Ce fut une voix aussi profonde qu'une tombe familiale qui rompit le silence.
- VOUS POURRIEZ VOUS DEPECHER ?
En ce moment précis, le Ministre regrettait d'être à ce poste. D'un commun accord, les autres sorciers l'avaient désigné comme bouc émis... Comme interlocuteur de la Mort. Après tout, il était le plus élevé dans la hiérarchie, non ? Qu'ils aillent discuter entre supérieurs !
Il essaya d'avaler la boule qu'il avait dans la gorge ( et réussit à moitié : elle alla se coincer dans son estomac) et se lança.
- Je... Nous... Enfin, vous voyez...
McGonagall lui envoya un de ces regards dont elle avait le secret, et celui ci essaya de se ressaisir. La Mort était sensé être coincé dans son pentacle, mais Minerva était libre de circuler.
- Nous vous avons invoqué pour vous poser des questions à propos d'un mort. Nous avons vraiment besoin que vous répondiez.
Il attendit nerveusement une réponse. Le Faucheur posa finalement son regard sur lui.
- JE SUIS EN RETARD SUR MON PLANNING.
- Vous m'en voyez désolé...
- VOUS AVEZ DROIT A UNE QUESTION. APRES, JE DEVRAI Y ALLER.
Autant rester dans les bonnes grâces de son interlocuteur et ne pas contester. Il risquait de perdre plus qu'un vote sinon...
- La raison qui nous a poussé à vous appeler, cher monsieur, c'est pour...
- C'EST RINCEVENT.
Grand silence dans la salle, en partie à cause de l'incompréhension, en partie parce que 2 des 8 mages s'étaient évanouis à la vue du Faucheur.
- Quoi ?
- LA RAISON POUR LAQUELLE VOUS M'AVEZ INVOQUE.LA REPONSE EST : C'EST RINCEVENT.
- Mais on ne vous a pas encore posé la question !
- QUAND MÊME. LA REPONSE EST : C'EST RINCEVENT.
- Ecoutez, ce qu'on veut savoir, c'est... Attendez, c'est qui Rincevent ?
Les neurones du ministre, bien que fatigués par leur longue vie (5), avaient décidé de se réactiver. La Mort eut l'air de ciller.(6)
- VOUS NE SAVEZ PAS QUI EST RINCEVENT ?
- Non.
- OH.
Le Faucheur désigna de sa faux tout ce qui l'entourait (un des sorciers encore conscients se jeta à plat ventre, persuadé que son heure était venue, et s'assomma).
- JE NE SUIS PAS A L'UNIVERSITE INVISIBLE ?
- Non. Vous êtes au Ministère de la magie.
- OH.
Les neurones du ministre, pour une fois qu'ils étaient en marche, en profitaient pour engranger le maximum d'informations sur ce sujet.
- Alors qui est Rincevent ?
- UN CATACLYSME AMBULANT. LA OU IL PASSE, LA REALITE TREPASSE. IL A VECU D'INCROYABLES AVENTURES, A VAINCU TOUS SES OPPOSANTS, ET N'EST JAMAIS A L'HEURE QUAND J'AI RENDEZ VOUS AVEC LUI.
Les sorciers imaginèrent une espèce de surhomme façon Harry Potter, mais incroyablement puissant, beau et d'un cerveau en état de marche.
- LE HEROS AUX MILLE DERRIERES, COMME CERTAINS L'APPELLENT.
Les Sorciers cessèrent aussitôt d'imaginer ce Rincevent.
- BIEN QUE JE NE COMPRENNE PAS POURQUOI.
La Mort sortit un petit sablier de sa robe.
- BON IL FAUT QUE J'Y AILLE.
Le Ministre se sentit soulagé à cette phrase. Il ne pouvait pas se départir de l'idée que la Mort le regardait un air affamé, comme un chien devant un gros os. Si ce n'est que c'était un tas d'os qui observait un autre tas d'os, dans ce cas.
- Comment ça ? Vous n'allez pas partir maintenant !?
Et m… ! Elle ne pouvait pas se taire celle là ? McGonagall contemplait le squelette d'un air sévère.
- Nous vous avons fait venir pour une raison.
- BIEN SUR. POUR REPONDRE A UNE QUESTION.
- Nous voulons savoir si...
- J'AI REPONDU A VOTRE QUESTION.
- Quoi ?!
- CELUI CI " il pointa le Ministre, qui se recroquevilla sous le regard de la Mort ET McGonagall " M'A DEMANDE QUI ETAIT RINCEVENT. J'AI REPONDU.
Et rem...
Minerva était rouge de rage
- C'est vous qui nous avez induit en erreur depuis le début ! Ce n'était pas ce que nous voulions demander !
- SI C'EST LE CAS, JE M'EN EXCUSE. UNE ERREUR DIMENSIONNELLE SANS DOUTE. MAIS J'AI REPONDU A UNE QUESTION ET JE DOIS PARTIR.
- Votre travail attendra un peu ! Il n'est pas si important que ça !
- MON TRAVAIL EST TOUJOURS IMPORTANT. POUR QUELQU'UN, EN TOUT CAS.
La Mort semblait exaspéré. Mais McGonagall, elle, était carrément furieuse.
- Vous ne pouvez pas partir comme ça ! Je vous l'interdis !
- AH, VRAIMENT ?
Le Faucheur commença distraitement à passer sa main le long de sa lame de faux. Minerva ne semblait pas s'en rendre compte, et se préparait à hurler contre lui. C'est le moment où elle lui enlève des points. Ou alors elle le colle en retenue avec Rusard. On est tous morts... C'est à ce moment là que le Secrétaire du Ministre, qui avait été embringué dans cette mission contre son gré, gagna ses galons métaphoriques. Il attrapa la Professeur par derrière et l'assomma avec la Statuette de Merlin qu'il avait amené dissimulé sous son chapeau. Minerva s'affala en un petit tas.
La Mort observa d'un air vaguement exaspéré le Secrétaire du Ministre.
- VOUS AURIEZ PU TAPER UN PEU PLUS FORT, CELA M'AURAIT EVITE LE DEPLACEMENT POUR PLUS TARD.
- Je... euh... désolé.
Merlin, faites que le Secrétaire lui rende ce petit service ! Merlin n'était décidément pas avec le Ministre ce soir.(7) Le Secrétaire s'éloigna de la prof' inconsciente, et rangea sa statuette.
- JE PEUX ALLER MAINTENANT ?
- Mais bien sûr, on ne vous retient pas. Nous vous rappellerons à un autre moment.
- CA M'ETONNERAIT. DANS CETTE REALITE CI, LE RITE D'APPEL NE MARCHE QU'UNE FOIS TOUS LES 100 ANS.
- Ah... "
Les 4 sorciers valides soupirent de soulagement en choeur.
- ALORS AU REVOIR. ET A BIENTOT, POUR CERTAINS.
Et pendant que les 4 mages toujours debout blêmissaient, la Mort disparut du pentacle.
A suivre …
(1) Pour les non-lecteurs du Disque Monde (ça existe ?) : Passé un certain âge, on évite de se rappeler au bon souvenir de la mort. On ne sait jamais, imaginez qu'il (1bis) décide de prendre un peu d'avance dans son travail...
(1bis) Oui, "il". La Mort est un mâle nécessaire.
(2) Elle aurait pu leur demander de sauter d'une falaise, ses élèves n'auraient pensé à résister qu'à mi-chemin entre le sol et la falaise. Certains sorciers amis des animaux s'étaient posé une question : Les Lemmings auraient ils un McGonagall dans leur tribu ? Voici qui expliquerait leur suicide collectif.
(3) Enfin, pas plus que d'habitude. Les repas familiaux sont toujours préparés par la personne la moins douée en cuisine, ou par celle qui a manipulé des produits dangereux (insecticides, arsenic,...) juste avant
(4) C'est une règle dans tous les Univers : toutes les mères ressassent à leurs enfants de "toujours mettre une paire de chaussettes propres, on ne sait jamais, imagine ce que les gens penseraient si tu mourrais avec une paire de chaussettes sales aux pieds ! ".
(5) Tout s'use à la longue. Même si ça n'a pratiquement jamais servi, comme c'est le cas ici.
(6) L'air seulement, parce qu'il est difficile de vraiment ciller quand on est un squelette en robe. Comme pour un serpent de hausser les épaules.
(7) Normal, puisqu'il est avec le secrétaire.
