Primeval, saison 3

Chapitre 1

British Museum, Londres.

Une femme, qui travaillait pour le musée, referma la porte de la salle où étaient conservées les pièces que le musée devait inventorier avant d'être soit présentées au public, soit envoyées à d'autres musées. Elle se dirigea vers une imposante sculpture de l'Ancienne Egypte, représentant 4 personnages à têtes d'animaux, dont les bras, formant un carré, étaient tendus sur le côté et tenait 4 piliers ornés de hiéroglyphes. Elle nota quelque chose sur le bloc note qu'elle tenait, puis alla éteindre la lumière de la salle. Elle s'apprêta à en ressortir, quand elle entendit un bruit. Elle releva la tête de son bloc note, et regarda vers la sculpture.

_ Il y a quelqu'un ? demanda-t-elle.

Personne ne lui répondit. Elle se dirigea vers la sortie, en murmurant :

_ Tu perds la tête, ma chère.

Elle sortit de la salle. Une anomalie apparut au centre de ce carré formé par les personnages, et une créature passa la tête un instant, avant que l'anomalie ne se referme.


Centre de Recherche des Anomalies.

Nick passa devant le bureau de sa nièce, pour aller dans le sien. Il s'arrêta net, se fit rentrer dedans par quelqu'un qui marchait derrière lui, laissa passer cette personne, et recula de quelques pas. Il regarda dans le bureau, et soupira en voyant, une fois de plus, Casey, assoupie sur sa chaise, les jambes posées devant elle, sur le bureau. Elle avait encore passé trois jours non-stop au CRA, et bien entendu, elle avait fini par s'écrouler de fatigue dans son bureau. Il entra, et la regarda un instant. Pour la première fois depuis les quelques mois qui avaient suivi la mort de Stephen, elle n'avait pas l'air triste. Il s'approcha d'elle, et lui caressant gentiment la joue, la réveilla doucement. Elle ouvrit les yeux, esquissant un sourire. Le cœur de Nick se serra, quand il vit son air déçu en voyant son oncle. A coup sûr, elle rêvait de Stephen, et avait espéré que c'était lui qui la réveillait.

_ Casey, lui murmura-t-il. Tu devrais pas rester ici.

_ Et où veux-tu que j'ailles ?

_ Chez toi, par exemple.

Elle eut un petit sourire triste, puis répondit :

_ Oui, mais chez moi, je suis toute seule.

_ Ma maison te sera toujours ouverte, tu sais ?

_ Je sais.

Il l'attira contre sa poitrine, et lui embrassa le front. Elle s'accrocha à sa taille un instant, puis se dégagea de son étreinte. Elle se leva en disant :

_ Je vais me défouler un peu, avant de rentrer.

_ Tu devrais vraiment rentrer te reposer.

_ Je me reposerai le jour où Helen aura payé pour ce qu'elle a fait à Stephen.

Nick la regarda sortir, secouant la tête, le cœur en miettes, puis partit à son tour.


Lester reçut la nouvelle recrue du CRA, et lui fit faire le tour du propriétaire.

_ Je présume qu'on vous a briefé, Becker ? lui dit-il.

_ Oui, monsieur, lui répondit le militaire.

_ Votre travail est de renforcer la sécurité du CRA. Comme vous le savez, nous avons eu plusieurs pertes malheureuses, récemment.

_ Je suis au courant.

_ Vous savez aussi ce que nous faisons ici ? demanda Lester, qui trouvait le jeune militaire un peu trop confiant.

_ Vous repérez les anomalies, et combattez les dinosaures, quand c'est nécessaire, répondit Becker, comme si c'était la chose la plus naturelle au monde.

_ Exact. Vous n'avez pas l'air surpris.

_ J'ai une grande expérience dans la capture de dinosaures, monsieur. Je présume que c'est pour ça qu'on m'a choisi pour ce job.

_ Je suppose que c'est une blague ? fit Lester en s'arrêtant et en le dévisageant.

_ Oui, monsieur.

_ Beaucoup de gens sont sceptiques quand ils nous rejoignent, Becker. Mais ils ne le restent pas longtemps. Et à l'avenir, c'est moi qui fais les blagues.

_ Oui, monsieur, désolé.

Lester se remit en marche. Becker le suivit.


Casey croisa Lester et un militaire, au moment où elle sortait des vestiaires, après avoir revêtu un survêtement. Lester lui dit :

_ Casey, il me semblait pourtant vous avoir dit de rentrer chez vous, vous reposer. Qu'est-ce que vous faites encore là ?

_ Je vais frapper le sac, lui répondit la jeune femme. Vous voulez peut-être prendre sa place ?

Lester ne releva pas, et dit à Becker :

_ Je vous présente Casey Cutter. Vous venez juste d'avoir un échantillon de son caractère. Casey, laissez-moi vous présenter le capitaine Becker. Il sera chargé de votre protection à tous.

_ Il arrive un peu tard, vous ne croyez pas ? rétorqua-t-elle. (elle regarda Becker) Vous ne les remplacerez pas.

Le jeune homme la regarda entrer dans une pièce qui servait de gymnase, et commencer à taper dans un punching-bag, interloqué. Lester lui dit :

_ Vous vous y ferez.

Il jeta néanmoins un dernier regard légèrement inquiet vers Casey, avant de continuer la visite guidée du CRA. Ils arrivèrent à la salle des opérations. Becker regarda autours de lui, tout l'équipement dont ils disposaient.

_ Vous aurez affaire à une équipe d'amateurs capricieux, qui se sont révélés brillants dans ce qu'ils font. Votre boulot est de les empêcher de se faire tuer. Peu importe ce qu'ils diront, peu importe leurs excuses, vous et vos hommes les collerez comme de la glue. On ne peut pas se permettre un autre Stephen Hart. C'est clair ?

_ Comme du cristal, monsieur.

_ Bonne chance, lui dit alors Lester, avant de s'éloigner.

Il s'arrêta, puis dit, comme s'il venait de s'en souvenir :

_ Au fait, le professeur Cutter et sa nièce ne vous aimeront pas, et feront tout leur possible pour rendre votre boulot aussi difficile que possible. (Becker haussa les sourcils) Essayez de ne pas le prendre pour vous.

Il partit. Becker put alors comprendre que ce job ne serait pas une partie de plaisir.


British Museum.

Le docteur Sarah Page expliquait au groupe d'enfants qu'on lui avait confié l'histoire de Ramsès II.

_ C'était l'histoire de Ramsès II, dit-elle. A présent, voici Anubis, le dieu égyptien de l'embaumement. Quand vous mourriez, ils extrayaient votre cerveau, en passant par le nez, avec ceci, expliqua-t-elle en montrant une baguette torsadée, à des enfants dégoûtés. Puis, Anubis retirait votre cœur ensanglanté. Et si vous aviez été très méchant, la déesse démoniaque Ammut… le mangeait. Et vous auriez été condamné à passer l'éternité dans le monde souterrain.

Les enfants avaient l'air de plus en plus dégoûtés. La femme qui avait failli voir l'anomalie, apparut derrière Sarah, et se racla la gorge pour faire connaître sa présence. Sarah se retourna, puis dit aux enfants :

_ Euh… Le musée va fermer, mais j'espère que vous avez passé une très bonne journée. Merci.

Elle s'éloigna à la suite de sa supérieure, laissant les enfants décontenancés et écoeurés par l'histoire qu'elle venait de leur raconter.

_ Marion, commença-t-elle.

_ Quoi que vous vouliez me demander, la réponse est non.

_ Cette veste est superbe. Elle est neuve ? demanda-t-elle, en tentant la flatterie.

Mais, insensible à sa tentative, Marion lui dit, en lui désignant son bloc note :

_ Vous voyez ça ? Tous ces articles doivent être inventoriés cette nuit. On a trois expositions à déplacer et deux autres à replacer. La Cage du Soleil est déjà prête pour son transport.

_ Et bien, c'est… vraiment bien, car le directeur du musée que j'avais jusqu'à l'ouverture demain pour terminer mon travail. (elles entrèrent dans la pièce où se trouvait la Cage du Soleil) Allez, Marion, je n'ai plus qu'une seule section à examiner. Juste là, dit-elle en montrant une portion non traduite.

_ Malgré tout mon respect, Sarah, les plus grands égyptologues du 20ème siècle ont décodé ces hiéroglyphes il y a des décennies. Et ils étaient bien plus qualifiés que vous.

_ Et certaines de ces traductions n'ont jamais eu aucun sens. Tout ce que je demande, c'est qu'on me laisse vérifier moi-même.

_ Désolée, l'exposition est terminée. Je la déplace.

Tout en parlant, elle avait repoussé Sarah jusqu'à l'extérieur de la pièce, et lui ferma la porte au nez.

_ Sorcière, marmonna Sarah avant de s'éloigner.


Centre de Recherche des Anomalies.

Nick travaillait dans son bureau, mais il avait l'esprit ailleurs. Il était préoccupé par sa nièce qui allait détruire sa santé, à force de ne prendre aucun repos et de travailler d'arrache-pied. Son esprit vagabonda jusqu'à ce jour fatidique où Stephen avait perdu la vie. Les mêmes images lui revenaient à chaque fois qu'il y pensait. Il voyait son meilleur ami se sacrifier, pendant que lui le suppliait d'ouvrir la porte. Il se rappelait très bien la manière dont les créatures l'avaient encerclé, avant de le dévorer. La voix de Jenny le ramena sur Terre.

_ Cutter ? Vous ne rentrez jamais chez vous ? Vous ne pouvez pas prendre ça personnellement, vous savez ? Personne ne vous le reproche.

_ Me reprocher quoi ?

_ Ce qui est arrivé à Stephen. Ce n'était pas votre faute.

_ Ouais, je sais. C'était celle d'Helen.

_ Alors, pourquoi vous sentez-vous responsable ?

_ Parce que j'aurais dû l'arrêter. C'est mon boulot.

_ Mais, vous ne pouvez pas changer le passé.

_ Ouais… Vous n'en savez pas la moitié, Claudia Brown.

Jenny sourit, puis dit :

_ OK, je m'en vais. (elle prit sa sacoche posée sur le bureau) Vous voulez manger quelque chose ? Je suis affamée.


British Museum.

Marion recouvrit la Cage du Soleil d'une bâche, puis récupéra son bloc note pour sortir. Elle s'immobilisa, en voyant une lumière scintillante sous la bâche qu'elle venait de mettre.

_ Qu'est-ce que… ? fit-elle, en s'approchant de la Cage du Soleil.

Elle était comme hypnotisée par cette lueur. Quand elle se fit attaquer par une créature, ses cris résonnèrent dans le musée désert.


Centre de Recherche des Anomalies.

Casey arrêta de frapper le sac, quand elle se rendit compte que sa vue se troublait, et que ça n'avait rien à voir avec de la sueur qui lui coulait dans les yeux. Elle s'accrocha au punching-bag quand elle se sentit prise de vertige, et attendit que ça passe pour aller prendre une douche. Elle devait vraiment avoir présumé de ses forces, ces derniers temps, et son oncle devait avoir raison : il fallait qu'elle se repose. Elle entra dans une cabine de douche, et laissa l'eau couler sur son corps un bon moment, avant de commencer à se savonner. Elle sortit de la douche 1/4h plus tard, se sécha rapidement, et s'habilla. Assise sur un banc, elle laissa une nouvelle crise de vertiges assortie à un début de nausée se calmer, avant de se diriger vers son casier, pour récupérer son casque de moto. L'alarme du détecteur d'anomalie l'arrêta dans son élan.


Pendant que Casey prenait sa douche, Nick et Jenny avaient pris leurs affaires pour sortir manger, et entrèrent en riant dans la salle des opérations. Ils s'arrêtèrent net en entendant l'alarme du détecteur retentir.

_ Pile au bon moment, dit Jenny, déçue que ce qui aurait pu être un premier rendez-vous se termine avant même d'avoir commencé.


Appartement d'Abby Maitland.

Le téléphone d'Abby sonna. Dans l'obscurité de sa chambre, la jeune femme le chercha à tâtons sur le sol, à côté de son lit. Elle finit par le trouver, et décrocha.

_ Oui ? dit-elle.

_ On en a une autre, lui dit Cutter.

_ Où ?

_ Retrouvez-moi au British Museum.

_ Ok, dit Abby, en raccrochant, et en se levant.

Elle monta dans la chambre de Connor, qui dormait à poings fermés, et le réveilla sans délicatesse.

_ Connor ! Il y en a une nouvelle.

Le jeune homme ne réagit pas. Elle frappa dans les mains, et redescendit, bien consciente que ça ne suffirait pas. Connor grogna, mais ne bougea pas, et n'ouvrit même pas les yeux. Abby descendit à la cuisine, ouvrit le frigo, et sourit, en voyant la nourriture qu'elle gardait pour Rex. Une idée venait de lui traverser l'esprit. Elle prit la boite de salade, referma le frigo, et monta la renverser sur Connor, qui ne bougea pas. Elle redescendit chercher Rex.

_ On doit y aller, lui dit-elle. J'ai besoin d'aide, Rex. Petit déjeuné, lui dit-elle, en lui indiquant d'un signe de tête la chambre de Connor.

Le lézard comprit ce qu'elle voulait, s'envola, et alla se poser sur la tête de lit de Connor. Il se pencha et commença à récupérer les feuilles de salade posées sur le jeune homme, et commença par celle qui était tombée dans sa bouche ouverte. Connor réagit enfin, et recracha ce qu'il avait dans la bouche, en ouvrant les yeux, d'un air dégoûté. Le lézard vint se poser sur lui.

_ Rex ! dit Connor. Bonjour, mon pote, ajouta-t-il en grimaçant à nouveau lorsqu'il sentit l'haleine de Rex.


British Museum.

Nick, Casey et Jenny, accompagnés de Becker et ses hommes, se dirigeaient vers la salle où s'était ouverte une nouvelle anomalie. Ils s'arrêtèrent en entendant Connor les appeler. Ils se retournèrent, et virent Connor et Abby arriver en courant. Les deux jeunes gens, tous deux armés de pistolets anesthésiants, s'arrêtèrent net en voyant l'escorte militaire importante qui entourait leurs trois collègues. Cutter fit les présentations :

_ Connor Temple, Abby Maitland, voici le capitaine Becker. Il est ici pour nous protéger, donc faites ce qu'il dit. (Ils le regardèrent, surpris. Becker prit un air important) Sauf si je pense qu'il a tort, compléta Nick en se retournant. (Abby et Connor se dirent qu'ils reconnaissaient bien là le professeur. Becker comprit ce qu'avait voulu lui dire Lester) Par là.

Les soldats les laissèrent passer, et Abby et Connor emboîtèrent le pas à leurs amis. Nick ouvrit la marche, sa nièce à ses côtés. Ils marchaient au milieu des statues de l'Ancienne Egypte. Connor dit à Abby :

_ Tu sais, quand j'étais petit, je croyais que tout ce qui était exposé revenait à la vie la nuit. Quand j'avais à peu près 8 ans, j'ai décidé de rester caché toute une nuit pour le découvrir.

_ Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Abby.

_ Rien… en fait. Sauf que je suis resté enfermé pendant 3h dans les toilettes. (Abby eut un rire moqueur) C'est pas drôle. Quand ils m'ont trouvé, j'étais hystérique. J'ai toujours eu des problèmes avec… les musées, depuis.

_ Ça devrait pas plutôt être un problème avec les toilettes ? se moqua Abby.

_ Oublie ça, lui dit Connor, vexé.

Ils suivirent les autres en silence, jusqu'à ce que Nick se penche pour ramasser une veste par terre. Casey lui tapa sur le bras, et quand il se redressa, il vit ce qu'elle voulait lui montrer. Derrière la vitrine des momies gisait le cadavre d'une femme. Nick se pencha vers elle, et prit son pouls. Il n'en trouva aucun.

_ Elle a été tuée par un animal, dit Abby. Il peut-être n'importe où dans le musée, maintenant.

Nick et Casey s'entreregardèrent. Ils espéraient tous les deux que l'animal resterait dans le musée.


L'équipe s'était séparée en deux groupes, pour mieux ratisser le musée et traquer la créature plus efficacement. Connor et Abby étaient partis de leur côté avec un homme de Becker. Ils entrèrent dans la salle des momies, éclairée uniquement grâce à leurs lampes torches. Connor regarda les momies exposées dans leurs vitrines, et dit :

_ Je n'aime vraiment pas cet endroit.

Ils continuèrent leur progression, mais Connor n'en menait vraiment pas large. Il sursauta, et pointa son arme vers… une statue miniature de pharaon.


Nick, Casey, Jenny, Becker et le reste de ses hommes entrèrent dans une autre salle, Nick en tête.

_ Et maintenant, par où ? lui demanda Becker.

Un bruit les fit tous sursauter. Becker donna le signal à ses hommes par radio, et l'équipe au complet se précipita vers l'origine du bruit.


Sarah referma la porte de la salle de laquelle elle sortait, passa la bandoulière de son sac par-dessus sa tête, et s'éloigna tranquillement, pour quitter son lieu de travail. Elle fit quelques pas, et vit Connor lui pointer une arme dessus, en lui disant :

_ Restez où vous êtes.

Elle recula, surprise et effrayée. Elle se retourna pour s'enfuir, et vit des militaires ainsi que trois civils, arriver dans sa direction, leurs armes pointées sur elle.

_ Restez où vous êtes, répéta Nick.

Nick s'approcha d'elle. Sarah recula, persuadée qu'elle allait se faire tuer dans le musée. Une fois à sa hauteur, Nick lui dit :

_ Tout va bien. Qui êtes-vous ?

_ D-docteur Page, balbutia-t-elle. Et vous ?

_ Je suis Nick Cutter.

_ Ok. Euh… Je suppose que… vous êtes un genre de… voleur ?

_ Non. En fait, je suis professeur.

Elle le regarda un instant, puis baissa les yeux vers son arme, et dit :

_ Je n'ai jamais vu un professeur avec une arme.

_ C'est une branche très spéciale.

Connor regarda Casey, s'attendant à ce qu'elle sorte une blague sur Indiana Jones et ses armes, comme à son habitude, mais elle ne dit rien. Elle semblait complètement indifférente à ce qui se passait. Nick passa une main dans le dos de sa nièce, et la guida vers le corps de Marion. Les autres leur emboîtèrent le pas, et Sarah les suivit. Elle vit sa supérieure étendue par terre.

_ Marion ! s'exclama-t-elle.

Persuadée que c'était Nick et son équipe qui l'avaient tuée, elle partit en courant, aussi vite que possible.

_ Professeur ? dit Connor quand il s'en aperçut, pour alerter Nick.

Nick se retourna, et voyant que Sarah avait disparu, il partit à sa poursuite, en appelant :

_ Dr Page ?

Casey avait réagit immédiatement, et pris de l'avance sur ses compagnons. Becker donna l'ordre à ses hommes de se presser, et tous partirent à la recherche de Sarah.

La jeune femme courut vers la réserve, espérant y être en sécurité.

_ Dr Page ! appela Nick.

_ Nick, par ici ! lui répondit la voix de sa nièce.

Tous se dirigèrent vers elle. Ils la rejoignirent. Casey les avait attendus, et quand elle les vit arriver, elle se précipita dans la direction où elle avait aperçu Sarah pour la dernière fois. Les autres se précipitèrent à sa suite.


Sarah ferma la porte de la réserve, et s'appuya contre le battant. Elle essaya de prendre sa respiration, persuadée qu'elle avait semé ses poursuivants. C'est alors qu'elle vit l'anomalie ouverte au centre de la Cage du Soleil. Elle s'en approchait lentement, fascinée, quand un bruit attira son attention. Elle regarda autour d'elle, et demanda :

_ Qui est là ? (un grognement lui répondit) Qui est là ? répéta-t-elle.

Elle vit alors émerger par-dessus les caisses contenant des objets anciens une créature ressemblant à l'ancêtre du crocodile. Cette créature se redressa de toute sa hauteur, en grognant. Sarah saisit un sceptre, et s'en servit pour essayer de faire reculer la créature. Ses cris de terreurs alertèrent Nick et son équipe. La créature fit tomber une caisse dont le contenu se brisa sur le sol, et se rapprocha de Sarah, bien décidée à en faire son déjeuner. Heureusement pour la jeune femme, des livreurs activèrent la porte arrière, ce qui eut pour effet de distraire la créature, qui préféra sortir du musée plutôt que la dévorer. Les livreurs n'eurent que le temps de se pousser pour ne pas être croqués au passage, et la créature s'éloigna dans les rues de Londres. A ce moment là, Nick donna un coup d'épaule dans la porte de la réserve, et entra, suivi de ses compagnons. Les hommes de Becker inspectèrent la pièce, mais ne trouvèrent rien. Nick et Casey ne lâchaient pas la Cage du Soleil des yeux, étonnés de voir que l'anomalie était comme contenue dans cette cage, qui semblait faite pour la recevoir. Puis, Nick se tourna vers Sarah, encore tremblante, et lui demanda :

_ Ça va ? (Sarah avait l'air encore choqué) Je suppose que non.

_ Qu'avez-vous vu ? demanda Abby.

_ Ammut, répondit Sarah d'une voix faible. J'ai vu… j'ai vu la déesse Ammut. (elle vit l'air dubitatif de ses interlocuteurs) Ecoutez, je sais ce que j'ai vu, OK ? Et, ça ressemblait à ça, dit-elle en montrant une statue représentant la déesse égyptienne Ammut.

_ Je vous crois, lui dit Casey. J'ai aussi vu des choses qui m'ont embrouillée, mais je ne pense pas que c'était Ammut.

Abby revint en courant de l'extérieur, et dit :

_ J'ai trouvé des traces. Bipède et quadrupède. En direction du Sud.

Alors qu'ils apprenaient avec consternation que la créature était en liberté, Jenny raccrocha son téléphone, et dit :

_ Je dois retourner à l'Arche. (1)

_ L'Arche ? demanda Sarah, qui avait de plus en plus l'impression d'avoir été projetée dans un film d'Indiana Jones.

_ Pas celle-là, lui dit Connor.

_ Je vais briefer Lester. Becker, sécurisez le secteur.

Le jeune militaire acquiesça, et partit donner ses ordres.

_ Connor ? fit Cutter. Reste ici et essaie de voir à quelle période est liée l'anomalie. (il regarda Casey, et hésita une seconde) Casey, tu restes aussi, et vois ce que le Dr Page sait sur la Cage du Soleil. Abby ? Tu viens avec moi.

_ Mais, pourquoi je ne peux pas venir avec toi ? protesta Casey. D'habitude, tu me laisses venir.

_ Mais, là, les choses sont différentes, répliqua-t-il, faisant référence à la mort de Stephen, et au fait qu'il ne voulait pas perdre sa nièce.

Casey soupira, et marmonna quelque chose d'inintelligible, mais que Nick ne voudrait de toute façon certainement pas entendre, et s'éloigna. Nick échangea un regard avec Abby, qui fit celle qui n'avait rien remarqué, et partit avec celle-ci. Connor s'approcha de Sarah, son pistolet appuyé sur son épaule, et lui dit :

_ Je parie que je sais à quoi vous pensez. Vous voulez savoir qui on est, ce qu'est l'Arche, et ce qu'est ce truc brillant derrière moi, dit-il en montrant l'anomalie ouverte.

_ En fait… je me demandais pourquoi… un démon égyptien a essayé de me manger.


Centre de Recherche des Anomalies.

Lester travaillait sur un dossier, dans son bureau. Son intercom sonna, et la voix de sa secrétaire s'éleva dans la pièce silencieuse :

_ Monsieur, c'est Whitehall. Christine Johnson sur la une.

En entendant ce nom, Lester redressa la tête de son dossier, hésita un instant, puis posa son stylo et appuya sur la ligne pour prendre la communication.

_ Christine ! dit-il. Quelle bonne surprise, ajouta-t-il, en mentant effrontément, et en se calant contre le dossier de sa chaise.

_ James, contente d'entendre votre voix, lui répondit Christine.

_ Je pensais que vous dirigiez la base Jamaïcaine du MI-6.

_ Je suis rentrée à Londres. La pluie me manquait. Déjeunons.

Lester, que la perspective de déjeuner avec elle n'enchantait guère, lui répondit, d'un ton aussi neutre que possible :

_ C'est une offre alléchante, Christine, malheureusement je suis très occupé en ce moment.

_ J'ai des nouvelles pour vous. Le Ministre m'a confié la liaison militaire avec le CRA.

Lester se détourna de sa contemplation de la salle des opérations en contrebas de son bureau, et se dirigea vers son bureau, l'air plutôt étonné par cette nouvelle.

_ Il ne m'a pas parlé de ça, dit-il.

_ Vraiment ? Je suis sûre qu'il y a un e-mail en route. Il faut qu'on se voie pour en discuter.

_ Que pensez-vous de ce matin ?

_ Comme : « ce n'est vraiment pas le moment ».

Christine laissa échapper un petit rire condescendant, et répondit :

_ J'avais oublié votre sens de l'humour, James. Je vous vois dans une heure.

_ En fait… commença Lester.

Mais, il n'eut pas le temps de finir. Christine lui raccrocha au nez. Jenny entra dans le bureau.

_ On a un problème, dit-elle, sans préambule.

_ Moi aussi. Le mien s'appelle Christine Johnson. Un vélociraptor en mieux habillé.

_ James, une créature a traversé l'anomalie.

_ Quel genre ?

_ On ne sait pas.

_ Vous ne pouvez pas jeter un œil dans votre Grand Livre des Dinosaures ? Où est-elle ?

_ On ne sait pas.

Lester regarda sa montre, soupira, et dit :

_ C'est l'heure de pointe, et une créature se balade dans les rues. Vraiment génial, ajouta-t-il en mettant sa veste.

_ Cutter la poursuit, et le site de l'anomalie est sécurisé. Mais, il y a… autre chose.

_ Oui ?

_ Il y avait un témoin. Une jeune femme au musée.

_ Vous savez, tuez-la et faites disparaître son corps discrètement. (Jenny leva les yeux au ciel. Lester se dirigea vers la sortie) Je plaisante ! lança-t-il.


Rues de Londres, petit matin.

La ville commençait à s'éveiller, et les rues s'animaient lentement. Les restaurants ouvraient leurs portes pour le petit déjeuner, les employés de la ville s'attelaient à rendre les rues propres, les londoniens les plus matinaux joggaient. Tous vaquaient à leurs occupations habituelles. Un policier en uniforme contrôlait les tickets de stationnement des voitures garées en zone payantes, et dressait des contraventions aux contrevenants.

Abby et Cutter, eux, cherchaient la créature qui s'était échappée du musée, espérant qu'elle ne s'en prenne à personne.


British Museum, réserve.

Becker referma la porte que les livreurs avaient ouverte, afin de garder le contrôle sur le seul point d'accès de la pièce qui restait. Connor alluma la lumière. Casey, quant à elle, bien que déçue que son oncle l'ait rabrouée, ne pouvait s'empêcher d'admirer la Cage du Soleil. Elle se tenait debout devant cette imposante sculpture, et n'en avait pas bougé depuis que Cutter était parti avec Abby. Becker la regarda, et eut l'impression qu'elle s'était, elle aussi, changée en statue. Elle était parfaitement immobile, elle ne cligna même pas une seule fois des yeux, tout le temps où il la regarda. Il lui semblait même que sa poitrine ne se soulevait plus au rythme de sa respiration. Finalement, elle sembla sortir de sa torpeur, et se mit à tourner lentement autour de la statue, comme pour en imprimer le moindre détail dans sa mémoire.

_ Dr Page, dit-elle, penchée vers le socle de la Cage. A quoi font référence ces hiéroglyphes ?

_ C'est ce que quoi je travaillais, lui répondit la jeune femme. Mais il y a tant de questions sans réponses. (elle s'accroupit à côté d'elle) Des fragments clés qui manquent. Et j'essayais de découvrir pourquoi. Si Marion m'avait laissée finir… c'est moi, qu'Ammut aurait pris, et pas elle.

_ Je suis désolé, lui dit Connor. C'était votre amie ?

_ Non, pas du tout. Mais vous voyez, si j'avais le choix, je préfèrerais qu'elle soit vivante.


Rues de Londres

Cutter et Abby étaient toujours à la poursuite de la créature. Le professeur passa une grille ouverte, et commença à descendre les escaliers. Abby le suivait, mais elle s'arrêta à hauteur de la grille. Elle avait posé la main sur les barreaux, et il lui semblait avoir touché quelque chose de poisseux. Elle regarda sa main, puis appela Nick. Celui-ci s'arrêta, et la regarda. Elle lui montra sa main, et il vit qu'elle était rouge de sang. La créature était soit blessée, soit elle avait blessé ou plus vraisemblablement tué quelqu'un. Ils se remirent à courir.


British Museum, réserve.

Becker regarda les scientifiques travailler. Il ne pouvait s'empêcher de penser qu'ils étaient des extra-terrestres. Sarah posa son sac. Connor se dirigea vers l'anomalie, en disant :

_ Bien. Voyons ce que nous avons là.

Il posa la mallette contenant les instruments dont il avait besoin sur le sol, et l'ouvrit. Soudain, une clé métallique, attirée par le magnétisme de l'anomalie, s'envola, et avant que quiconque ait pu la rattraper, elle heurta une des statues de la Cage, brisant un morceau de la poitrine, qui tomba par terre. Sarah releva les yeux de son carnet, et regarda le morceau qui gisait par terre, puis Connor. Le jeune homme ramassa le morceau de statue, puis regarda Sarah, et lui dit :

_ C'est pas moi.

_ Donc, il est… tombé tout seul ? fit-elle.

_ Ouaip.

_ La Cage du Soleil est maudite. (Connor se releva, le morceau toujours dans sa main) Quiconque la touche est… maudit pour toujours.

Casey retint un éclat de rire. Connor n'allait quand même pas tomber dans le panneau ! Mais, le jeune homme laissa tomber le morceau de la statue, et demanda, l'air catastrophé :

_ Vraiment ?

_ Marion était la dernière personne à l'avoir touchée.

Connor s'essuya la main sur son veston, et dit :

_ Celle qui est morte ?

Il regarda Becker et Casey, qui étaient à côté de lui. Tous deux, bien que retenant une forte envie de rire devant sa crédulité, restaient impassibles. Sarah dit :

_ J'aurais dû vous le dire plus tôt, pas vrai ? Désolée. Pas de chance.

Becker et Casey s'entreregardèrent, puis répétèrent, le fou rire les gagnant de plus en plus :

_ Pas de chance.

Puis, ils regardèrent ailleurs, sous peine de ne pas pouvoir rester sérieux plus longtemps. Connor se laissa tomber sur une caisse, défaitiste, et fit tomber un vase dans la manœuvre, qui se brisa sur le sol. Sarah soupira devant sa maladresse. Casey pouffa devant son air dépité, et s'éloigna, pour retrouver son sérieux.


Rues de Londres.

Abby et Cutter couraient toujours après la créature.

_ J'ai perdu les traces, dit Abby. On tourne en rond, Cutter. Stephen aurait su quoi faire.

Nick s'arrêta, se sentant encore une fois coupable de ce qui était arrivé à son meilleur ami. Abby se rendit compte qu'elle aurait dû tenir sa langue, et se tourna vers lui. Mais, le professeur s'était repris, et remis en route.

_ Désolée, dit-elle, alors qu'il sortait son téléphone.


British Museum, réserve.

Le téléphone de Connor se mit à sonner. Becker et Casey s'approchèrent de lui, pour écouter ce que Cutter allait dire.

_ Yo, dit Connor en décrochant et en mettant le haut-parleur.

_ Connor, c'est moi, dit Nick. Qu'est-ce qu'on a ?

_ J'ai pris une mesure de l'anomalie. Quoi qui l'ait traversée a au moins 55 million d'années.

_ Ere Eocène. Rapide, puissant. Passe de deux pattes à quatre, et carnivore. Cherche dans les bases de données et identifie-moi quelques créatures. (une alarme de voiture se fit entendre. Abby le tira par la manche) On se dirige vers le Sud. Je crois qu'on l'a trouvée.

Becker dit à Connor :

_ Dites-lui que j'arrive.

_ Je vous accompagne, dit Casey en le suivant.

_ Action Man dit qu'il arrive, dit Connor à Cutter.

_ Empêche Casey de venir.

Connor grimaça, et dit :

_ Si je vous dis qu'elle est déjà partie avec Becker, vous allez me tuer, ou pas ?


Pendant ce temps, Sarah avait repris son carnet pour étudier à nouveau les hiéroglyphes sur lesquels elle travaillait. L'apparition de l'anomalie pouvait bien avoir tout changer. Elle se tourna vers Connor, et lui dit:

_ Eh, euh… vous vous appelez comment ?

_ Connor. Je m'appelle Connor.

Elle lui fit signe de venir. Il la rejoignit.

_ C'était juste sous mes yeux, dit-elle. Ces hiéroglyphes ont été mal interprétés. La section principale est fausse. Ça fait référence à un monument sur la côte ouest du Nil. Amentet. Avec ce qui semble être le soleil se levant derrière lui. L'un des noms d'Ammut est « L'Hôte d'Amentet » Et je pense que ce monument… est celui décrit ici. Sauf que… le soleil ne se lève pas à l'Ouest. Ce hiéroglyphe a été mal interprété depuis des années. Ce n'est pas le soleil !

_ C'est une anomalie, déduisit Connor.

_ Exactement. Et les Egyptiens l'appelaient la Cage du Soleil, parce qu'ils pensaient que les rayons du soleil étaient emprisonnés à l'intérieur.

_ C'est fait de quoi ? C'est quel genre de pierre ?

_ Magnétite.

_ Qui est ?

_ Qui est la forme de roche la plus magnétique sur Terre.

Connor eut un sourire jusqu'aux oreilles. Sarah le regarda sans comprendre.

_ J'aimerais essayer quelque chose, dit-il.

Avec l'aide de Sarah et des hommes de Becker, il positionna différents objets près des coins de la cage, puis saisit un sceptre dont il se servit comme d'un viseur, pour placer l'anomalie dans le trou que faisaient les deux serpents enlacés, qui ornaient le sceptre.

_ Parfait, dit-il, quand il vit que l'anomalie était bien alignée dans ce trou. Vous êtes prêts ? demanda-t-il aux autres.

_ Oui, lui répondit Sarah.

Elle et les soldats avaient placé des trans-palettes sous la Cage, et attendaient que Connor leur donne le signal, pour commencer à déplacer la statue. Le jeune homme vint se placer à côté d'elle, et se saisit d'une des poignées du trans-palette.

_ Un… deux… trois, énuméra-t-il, avant que tous se mettent à tirer.

La Cage bougea très lentement. Les objets posés aux coins de la statue servaient de repère pour savoir de combien de centimètres la Cage avait bougé. Ils peinèrent un moment, pour la déplacer d'une vingtaine de centimètres, puis lâchèrent les poignées des trans-palettes, exténués. Un des hommes de Becker dit aux autres de tout laisser et de retourner au poste qu'ils occupaient avant que Connor ait l'idée, qu'ils jugeaient farfelue, de déplacer la Cage du Soleil. Connor ne se préoccupa d'eux, et dit à Sarah :

_ OK. Quand la Cage du Soleil a été déplacée… (il regarda dans le trou du sceptre. L'anomalie n'était plus dans l'alignement) l'anomalie aussi.

_ C'est inhabituel ? demanda Sarah.

_ Très. Pourquoi ? Pourquoi ferait-elle ça ? demanda-t-il, excité par sa découverte.

_ C'est ce à quoi la section finale des hiéroglyphes fait référence. Les Egyptiens pensaient que… l'anomalie faisait partie du soleil. Donc, ils ont construit la Cage en magnétite, car c'était la seule chose qui pouvait la contenir.

_ Donc, où que se trouve la Cage du Soleil, l'anomalie la suit.

_ Exactement.

Il se tourna vers un soldat, qui était chargé de surveiller l'anomalie, et de veiller à ce que rien ne la passe. Se faisant, Connor s'était mis dos à l'anomalie.

_ Wahou, dit-il. C'est énorme. Je veux dire…

A ce moment, là, une autre créature passa sa tête par l'anomalie, et le saisit à la ceinture. Connor se rattrapa à la première chose qui lui tomba sous la main : l'arme que le soldat pointait vers l'anomalie. La créature essayait de l'attirer dans l'anomalie.

_ Quoi que vous fassiez, n'appuyez pas sur la détente ! dit Connor au soldat, qui faisait tout son possible pour que l'arme ne lui soit pas arrachée des mains.

Sarah cherchait des yeux un objet qui l'aiderait à libérer Connor de l'emprise de la créature. Elle trouva la statuette d'un chat, s'en empara, et commença à revenir vers l'anomalie. Puis, elle hésita.

_ Lancez-la ! lui dit Connor. Il a ma ceinture.

_ Attendez, lui dit-elle.

Et elle partie à la recherche d'autre chose. Connor cria. Sarah saisit alors une planche de bois, et frappa la créature avec. Sonnée, celle-ci lâcha Connor, qui tomba à terre, libérant ainsi l'arme du soldat. Ainsi, lorsque la créature émergea à nouveau de l'anomalie, il put lui tirer dessus. Ses équipiers, alertés par les coups de feu, vinrent lui prêter main forte.

_ Vous l'avez presque laissé me bouffer ! reprocha Connor, encore sous le choc, à Sarah.

_ Ce chat est inestimable, lui répondit Sarah.

_ Moi aussi, répliqua Connor.

Une nouvelle créature émergea de l'anomalie, et les hommes de Becker la firent reculer en lui tirant dessus.

_ Combien y a-t-il de ces choses, là-bas ? demanda Sarah.

_ Aucune idée. Peut-être des centaines. Nous devons absolument bloquer ce truc, ajouta Connor.


Rues de Londres.

Abby et Nick arrivèrent à l'endroit où l'alarme de voiture s'était déclenchée. Ils la trouvèrent accidentée, et avec le corps du policier venu mettre une contravention, à côté, baignant dans son sang. Abby se pencha vers lui, le toucha, puis dit :

_ Pas de pouls. Il est mort.

Becker gara sa voiture à côté, et lui et Casey en descendirent. Le militaire s'approcha de Nick et d'Abby. Casey resta en retrait.

_ Professeur ! appela Becker. Qu'avez-vous trouvé ?

Nick prit une dent, trouvée plantée entre le pare-brise et le métal de la voiture, et la lança à Abby. Sans s'occuper de Becker, il demanda à la jeune femme :

_ Abby, que penses-tu de ça ?

_ Une dent de crocodile, répondit la jeune femme.

_ La rivière, dit Nick.

Il se retourna pour courir vers la rivière, et vit que Casey avait pris de l'avance. Elle courait seule, vers la rivière, où la créature n'avait peut-être pas encore plongé. Elle faisait souvent ça, depuis la mort de Stephen.

_ Elle m'agace… marmonna le professeur, tout en se hâtant de la rejoindre.

Abby et Becker le suivirent.


La créature descendit les escaliers entourés de statues de pharaon, et menant à la rivière, puis pénétra dans l'eau. Quelques instants plus tard, Casey arriva, vite rejointe par ses compagnons. Nick l'attrapa par le bras, et lui dit, en colère :

_ On peut savoir à quoi tu joues ?

_ A quoi je joue ? répéta la jeune femme, en se dégageant assez brutalement. Je ne fais que mon boulot, je te signale !

_ Ah, parce que maintenant, ton boulot consiste à te jeter au devant d'une créature ? ! Et sans renfort, en plus !

Enervée, Casey fit un geste ample du bras, et dit :

_ Tu vois une créature quelque part, toi ? ! Toi, tu voulais t'enfermer avec toute une armée de créatures plus dangereuses les unes que les autres, et tu me reproches d'en pourchasser UNE seule ? ! On a toujours fait comme ça !

_ Et Stephen en est mort !

_ Je sais ! J'étais là, tu te rappelles ? Et ce n'est pas notre façon de faire, qui l'a tué ! C'est Helen ! Elle a toujours tout fait pour nous nuire ! Et c'est pas près de changer ! Tout ce que je veux, c'est que tu me laisses faire mon boulot ! Tu sais très bien que je déteste rester derrière un bureau !

Nick leva les bras au ciel, d'un air énervé.

_ Depuis que Stephen est mort, à chaque fois qu'une nouvelle anomalie s'ouvre, tu fais pareil ! Tu te jettes tête baissée au devant de n'importe quelle créature ! Jusque là, tu as eu de la chance, mais la chance tourne ! Alors, quand je te dis que tu restes en arrière… tu restes en arrière !

_ Tu ferais mieux d'oublier ça, parce que c'est pas près d'arriver !

Elle vacilla légèrement, prise d'une crise de vertige. Aussitôt inquiet, Nick la rattrapa, et lui demanda :

_ Qu'est-ce qui t'arrive ?

_ Rien, juste des vertiges. Ça va aller.

Son oncle posa sa main à plat sur son front, et lui dit :

_ Tu as un peu de fièvre.

La main qu'il avait sur le front de Casey glissa dans ses cheveux, et les caressa, affectueusement. Il n'était plus en colère. L'avait-il d'ailleurs vraiment été ? Il avait surtout eu une peur bleue en la voyant partir. Peur qu'il lui arrive la même chose qu'à Stephen. Il la fit s'asseoir sur les marches, et s'assit à côté d'elle.

Abby, préférant ne pas se mêler de leur dispute, s'était accroupie sur les marches. Elle se redressa, puis leur dit :

_ Les crocodiles entraînent leurs victimes dans l'eau, pour les achever.

_ Alors, pourquoi ce croco a-t-il attaqué à terre ? fit Becker.

_ Pourquoi marche-t-il sur deux pattes ? renchérit Abby.

Les deux Cutter s'entreregardèrent. Ils savaient maintenant à quelle créature ils avaient affaire.


British Museum, réserve.

Connor avait allumé son ordinateur, et ouvert la base de données qu'il avait créée sur les dinosaures. Il avait entré les différentes informations que lui avait donné Cutter, et attendait que l'ordinateur lui donne une liste de créatures possibles.

_ Allez, allez, murmura-t-il. Qu'est-ce que tu es ? Ere Eocène, ressemble à un crocodile…

Son téléphone sonna. Il cessa de pianoter sur le clavier de son ordinateur, et décrocha.

_ Cutter, dit-il, tout en continuant ses recherches. J'ai raccourci la liste des créatures de cette époque.

_ Je crois que je sais où tu vas la trouver.

_ Une petite minute. Oh ouais. Ouais, je crois que j'ai trouvé notre ami. Son nom est…

_ Pristichampsus, dirent les Cutter.

_ Bingo, fit Connor, alors que son ordinateur lui sortait justement le nom que les Cutter venaient de donner. C'est bien celui-là.

Parfois, ça l'agaçait de voir qu'ils avaient un temps d'avance sur lui dans l'identification des créatures.


Bords de la Tamise.

Nick raccrocha son téléphone. Abby lui dit :

_ D'accord, donc il est dans la Tamise. Mais il ne va pas y rester longtemps.

Becker la regarda, se demandant quelle mauvaise nouvelle allait encore leur tomber dessus. Casey se relava, et dit, en regardant l'autre rive, lieu hautement touristique de Londres :

_ Il va revenir sur terre chercher de la chaleur… et de la nourriture.

Becker la vit cligner des yeux plusieurs fois. Il lui demanda :

_ Vous êtes sûre que ça va ?

_ Oui, c'est juste un coup de fatigue.

Elle luttait contre une nausée qui s'était réveillée, en même temps que les vertiges.


Ministère de l'Intérieur.

Lester passa le portique de sécurité, qui sonna. Exaspéré, il s'arrêta devant le vigile, et leva les bras, tandis que celui-ci le passait au détecteur de métaux portable. Christine Johnson descendit l'escalier, et dit :

_ James !

Lester leva la tête, et lui répondit :

_ Vous êtes bien protégée, hein ?

_ C'est bon, laissez-le passer, dit-elle au vigile. Désolée, j'aurais dû m'en douter. On leur a dit de ne pas vous laisser passer. Merci d'être venu, ajouta-t-elle, en lui tendant la main.

Lester prit le temps de ranger ses affaires dans ses poches, avant de prendre la main tendue et de la serrer.

_ J'aime votre costume, dit Christine. Italien ?

_ Oui.

_ Il vous va très bien. Il met vos yeux en valeur. On y va ?

_ Oui.

Il la suivit dans les escaliers, puis dans les couloirs du Ministère.

_ Le Ministre m'a demandé de vous apporter un maximum de soutien, dit-elle.

_ Quel genre de soutien ?

_ A vous de me le dire.

_ Nous nous débrouillons très bien sans vous.

_ Oui, sûrement, je ne dis pas le contraire. Seulement, il semblerait que ce ne soit pas l'avis de tout le monde. Certains vont même jusqu'à dire que la situation est trop grave pour que vous la gériez seul.

_ Si ces personnes me sous-estiment, j'en suis navré pour elles.

_ Et tenez-vous bien, le Ministre est d'accord pour accorder un plus grand rôle à l'armée. Vous voyez, nous sommes du même côté.

_ Je ne tolèrerai pas la moindre ingérence.

_ Jamais de la vie, James. Vous n'imaginez pas à quel point j'admire votre travail.

_ Vraiment ? Allez-y, flattez-moi, j'adore.

_ Peut-être plus tard. Avant, j'ai besoin d'en savoir plus sur certains protocoles opérationnels… (elle aperçut un soldat qui venait faire son rapport) Oh, je suis désolée, James, je vais devoir vous abandonner. (elle lui tendit la main) Organisons un dîner.

Interloqué, et vexé de ce faire rabrouer après qu'elle ait insisté pour le faire venir, Lester bredouilla :

_ Je vous demande pardon ?

Christine avisa une femme qui passait, et sans répondre à Lester, lui dit :

_ Claire, ce monsieur doit d'en aller. Vous voulez bien l'escorter ?

_ Bien sûr. Suivez-moi, dit-elle à Lester.

_ Non, attendez, je…

Mais, Christine s'éloigna. Abasourdi, Lester suivit Claire jusqu'à la sortie. Christine rejoignit le soldat, et perdit son sourire en arrivant près de lui. Il lui tendit une photo, et elle la lui arracha des mains. La photo représentait un objet long, de forme hexagonale.

_ Je croyais vous avoir dit de ne pas revenir sans, reprocha-t-elle au soldat. Que s'est-il passé ?

_ C'était une mission suicide.

Flash back

Le soldat ramassa l'objet qu'il était venu chercher.

_ Ça y est, on l'a, dit-il en le rangeant dans un sac à dos. A présent, tirons-nous d'ici.

Ses hommes le suivirent, pour sortir du bâtiment dans lequel ils se trouvaient, tout en vérifiant que personne ne les attaquait. Ce qu'ils ne savaient pas, c'était que des prédateurs du futur se trouvaient dans la bâtisse, et les avaient déjà repérés grâce aux battements de leur cœur. Ils entendirent du bruit, et virent un bébé se balancer à un crochet au-dessus de leur tête. Quand il leur sauta dessus, ils commirent l'erreur de lui tirer dessus, sans silencieux. D'autres bruits se firent alors entendre, et ils virent bien vite qu'ils étaient encerclés. Les prédateurs les tuèrent les uns après les autres. Seuls deux soldats purent sortir. Celui en charge de la mission, et celui qui portait le sac à dos contenant l'artefact. Mais, celui-ci se fit rattraper par un prédateur, qui le traîna à l'intérieur du bâtiment, sans que son partenaire n'ait pu faire quoi que ce soit pour lui, ni même récupérer l'artefact.

Fin du flash back.

_ On a été obligés de l'abandonner, conclut le soldat.

_ Vous aviez un objectif, capitaine. Vous avez échoué.

_ Sauf votre respect, madame, mes hommes sont morts en cherchant à vous satisfaire.

_ Sauf votre respect, capitaine, c'est vous le responsable. Retrouvez cet artefact, et vite.

Le capitaine la regarda partir.


Bords de la Tamise.

Cutter porta ses jumelles à ses yeux, et scruta la rive opposée, afin d'apercevoir le Pristichampsus. Casey, appuyée contre le muret, gardait ainsi son équilibre quelque peu mis à mal par les vertiges, et scrutait, elle aussi, la rive opposée avec des jumelles. Ses nausées, de plus en plus fortes, lui firent abandonner cette idée. La jeune femme baissa les jumelles, ferma les yeux et respira un grand coup. Elle sentit une main se poser sur son épaule. Elle rouvrit les yeux, et croisa le regard de Becker. Il avait l'air inquiet.

_ Vous êtes sûre que ça va ? lui demanda-t-il.

Avant que Casey ait pu répondre, Abby dit :

_ Si cette créature vivait en Egypte, la Tamise va lui paraître bien plus froide que ce à quoi elle était habituée. Je ne serais pas étonnée qu'elle sorte bientôt.

Nick repéra la créature, sur l'autre rive, et répondit :

_ Bien vu, elle est déjà sortie.

Casey se retourna pour regarder dans la direction qu'indiquait son oncle, et vit Pristichampsus. Elle commença à se diriger vers son oncle et Abby. Becker la retint, et dit :

_ Casey, vous devriez…

Mais, la jeune femme se dégagea assez brutalement, et lui répliqua sèchement :

_ On a pas le temps pour ça.

Abdiquant, le jeune militaire suivit les scientifiques. De l'autre côté de la rivière, la créature remontait vers les rues les plus fréquentées de Londres. De ce côté de la rivière se trouvait la promenade la plus touristique de la ville.


British Museum, réserve.

Connor avait demandé l'aide de tous les hommes que Becker avait laissé avec lui, pour monter une barricade autour de l'anomalie, et ainsi empêcher que d'autres créatures ne la franchissent. Connor et Sarah portaient un carton assez lourd, pour le mettre sur les autres. Le jeune homme dit :

_ Ça va pas assez vite. Ça prend beaucoup trop de temps. Il faut barricader l'anomalie, avant que de nouvelles créatures ne la traversent.

Sarah aperçut alors quelque chose qui pourrait les aider, dans le fond de la pièce. Elle le désigna, en disant :

_ Et ce chariot élévateur ?

Connor regarda dans la même direction, et répéta :

_ Le chariot élévateur. (il ferma les yeux, et soupira) Pourquoi vous ne me l'avez pas dit avant ?

_ Connor, j'ai été attaquée par des monstres préhistoriques. A présent, je suis debout devant une porte ouverte sur un passé plus que lointain, alors pardon de ne pas avoir pensé au chariot élévateur !

A ce moment là, une créature jaillit de l'anomalie, et renversa les boites qu'ils avaient mis si longtemps à empiler devant. Connor et Sarah se jetèrent par terre, et Connor cria aux soldats :

_ Tirez-lui dessus !

Un des soldats tira, mais son fusil s'enraya. Il essaya de le débloquer. Connor lui cria :

_ Allez-y, continuez à tirer !

_ Connor, faites quelque chose, lui dit Sarah.

Le jeune homme avisa un des projecteurs qu'ils avaient disposé autour de la Cage du Soleil, s'en empara, et s'en servit pour frapper la créature. Celle-ci finit par refermer sa gueule dessus, et se fit électrocuter. Elle disparut dans son temps, en emportant la partie supérieure du projecteur. Il remarqua alors que l'anomalie formait une boule compacte, différente de toutes les anomalies qu'il avait vues jusqu'à présent, et surtout différente de ce que cette anomalie était à peine une minute plus tôt. Il regarda Sarah, et dit:

_ C'était encore jamais arrivé.

_ Quoi ?

_ Ça.

Il monta sur les caisses, et essaya de faire passer le manche du projecteur à travers l'anomalie, mais elle semblait hermétique. Il posa le projecteur à côté de lui, et dit à Sarah :

_ Généralement, la force magnétique attire tout ce qui est métallique vers l'anomalie. C'est le courant électrique, bien sûr ! Le courant électrique est forcément lié !

Le projecteur se mit à vibrer, puis décolla. Connor se tourna vers l'anomalie, et vit qu'elle avait repris sa forme normale, et avait donc attiré le projecteur, fait de métal.

_ D'accord, dit-il. J'éluciderai ça plus tard. L'urgence, c'est de barricader l'anomalie.


Bords de la Tamise.

Deux voitures du CRA se garèrent sur la rive où avait été vue la créature. Becker avait demandé du renfort.

Dans un restaurant, les clients prenait tranquillement leur déjeuner, quand ils virent Pristichampsus se dresser de toute sa hauteur, contre la baie vitrée, avant de la fracasser. Aussitôt paniqués, les clients s'éparpillèrent en hurlant.


L'équipe de Nick s'arrêta devant un sac abandonné. Nick ramassa un lecteur MP3, et regarda autour de lui, dans l'espoir d'apercevoir la créature. Casey et Abby vérifièrent leurs pistolets tranquillisants, et Becker dit, en leur montrant son chargeur :

_ Si votre flèche tranquillisante ne remplit pas son rôle, je n'aurai pas d'autre choix que d'utiliser de vraie balles.

Abby et Casey regardèrent Nick, en levant les yeux au ciel. Casey murmura à son oncle :

_ Pourquoi a-t-il fallu que Lester nous colle un cow-boy dans les pattes ? (elle regarda Becker) Que ce soit bien clair, capitaine. Ecoutez bien, parce que je ne le répèterai pas : on ne tue ces créatures qu'en cas de nécessité absolue.

Becker ne put s'empêcher de remarquer le ton méprisant sur lequel elle avait prononcé son grade. Jenny les regarda, et dit :

_ Ne me dites pas que nous avons encore perdu sa trace ?

A ce moment là, juste derrière la jeune femme, les clients du restaurant, et du reste de la galerie commerciale sortirent en hurlant.

_ Apparemment non, répondit le professeur, en se dirigeant vers l'entrée de la galerie.

Les autres le suivirent de près, et pénétrèrent dans la galerie.


La créature poursuivit sa route dans la galerie, et se dirigea vers un ascenseur en verre. L'homme qui en sortait n'eut que le temps de vivement s'écarter, pour ne pas se faire dévorer, et se sauva à toutes jambes. Pristichampsus entra dans la cabine, et l'ascenseur continua sa montée, avec lui à bord.


Cutter, son équipe et les hommes de Becker entrèrent dans le restaurant, en faisant attention de ne pas glisser sur les débris de verre. Au moment où Casey mit un pied dans le restaurant, l'odeur de la nourriture réveilla violemment ses nausées, et elle ressortit aussitôt, pour aller vomir dans une poubelle à l'extérieur. Lorsque les haut-le-cœur se furent calmés, elle lança, à son oncle, qui la regardait, inquiet :

_ Je vais bien. Allez-y, je vous attends dehors.

Nick rejoignit donc les autres, et tous cherchèrent la créature des yeux.

_ Où elle est passée ? demanda Abby.

Des cris les renseignèrent sur l'endroit où se trouvait la créature. Ils se précipitèrent dans la direction des hurlements, et virent des gens, paniqués, descendre les escaliers en courant, pour atteindre la sortie. Nick regarda Abby, qui lui dit :

_ En haut ?

_ Oui, répondit le professeur.

Tous deux se mirent à gravir les marches. Jenny dit à Becker :

_ Il faut qu'on fasse évacuer l'immeuble. (elle s'adressa aux gens) Mesdames et messieurs, veuillez me suivre dehors, je vous prie. C'est pour votre sécurité.

Les gens la suivirent dehors. Elle les éloigna vers la rivière, en leur disant :

_ Du calme. Suivez-moi, et tout se passera bien. Je vous promets qu'il n'y a rien de grave. Inutile de paniquer. Vous savez comme ces galas de charité peuvent vite dégénérer.


La créature traversa une salle de conservatoire, où inconsciente du danger, une jeune femme jouait du piano. Pristichampsus poussa un grognement, mais la jeune femme ne l'entendit même pas, et continua à jouer.

Dans une salle en haut, une jeune femme passait l'aspirateur, son lecteur MP3 sur les oreilles. Elle tournait le dos à l'entrée, et ne vit donc pas le Pristichampsus s'avancer dans la pièce. Ce n'est que lorsqu'il mit une patte sur le fil de l'aspirateur, qu'elle sentit que l'appareil ne suivait pas ses mouvements, et se retourna, pour faire face à la créature, qui s'était dressée sur ses deux pattes arrière. Nick et Abby arrivèrent à ce moment là, et Nick se précipita vers la jeune femme, pour la protéger. Il se jeta sur elle, juste à temps pour lui éviter un coup de crocs, et tous deux roulèrent par terre. Nick se releva et l'aida à en faire de même, et lui dit de courir sur le balcon. Puis, il cria à Abby, qui jetait une chaise sur la créature :

_ Abby ! Qu'est-ce que t'attends ? Tire-lui dessus !

Le stratagème d'Abby avait marché, puisque Pristichampsus se tourna vers elle. La jeune femme leva son pistolet, et tira. La fléchette rata la créature, et alla se ficher dans un pilier, à quelques centimètres du visage de Nick. Il la regarda tomber, puis regarda Abby, qui lui dit :

_ Désolée.

Il hocha la tête, semblant lui dire qu'elle aurait pu faire attention à où elle tirait, puis se tourna vers la femme de ménage. Celle-ci lui fit comprendre que la porte vitrée était verrouillée, et qu'elle n'avait pas les clés. Il profita de ce que la créature était plus intéressée par Abby que par lui et la femme de ménage, pour prendre l'aspirateur, et le jeter à travers la vitre. Abby donna un coup de pied à la créature, et se cacha sous une table, dont la nappe descendait jusqu'au sol. La créature commença à secouer la table. Cramponnée aux pieds, Abby faisait tout son possible pour qu'elle ne soit pas renversée, et elle, exposée à la créature. Nick cria pour l'attirer, et tapa du pied contre le chambranle de la porte vitrée, pour en faire tomber les derniers débris accrochés au montant. Il se retourna, et vit que la créature le regardait. Il cria, puis détacha l'embout de la lance contre les incendies, et le jeta sur la créature. Ceci eut pour effet de l'énerver, et Pristichampsus se désintéressa d'Abby et se dirigea vers Nick. Abby en profita pour récupérer le pistolet anesthésiant, qu'elle avait laissé tomber, et le glissa sous la table avec elle. Mais, elle se rendit vite comte qu'elle n'avait plus de fléchettes. Nick enroula la lance incendie autour de sa taille, et dit à la femme de ménage :

_ Courage, ça va allez. Venez avec moi.

Ils allèrent tous les deux sur le balcon, et grimpèrent sur la rambarde.

_ Accrochez-vous à moi, dit Nick à la jeune femme, tout en la tenant par la taille, et se laissant tomber dans le vide.

La créature les suivit, et tomba sur la terrasse du restaurant, en contrebas. La lance incendie se déroula, et une fois arrivée au bout, les laissa suspendus dans le vide. La jeune femme commença à paniquer. Nick lui dit :

_ Accrochez-vous, et tout ira bien.

En bas, Jenny les vit, et ouvrit la bouche, de surprise. Casey, qui s'était avachie contre le muret les séparant de la rivière, se redressa d'un coup, et les regarda.

_ Oh non, Cutter, souffla Jenny.

_ Dans quoi est-ce que tu t'es encore fourré ? murmura Casey, exprimant ce que Jenny pensait aussi.

Faisant fi de son récent épisode de vomissements, elle suivit Becker à l'intérieur de l'immeuble.

La créature se releva, et chercha une autre sortie. Elle boitait. Elle s'était blessée dans sa chute.

Abby sortit de sa cachette, et courut vers le balcon. Elle avisa la lance tendue, et qui pendait dans le vide. Elle se pencha, et demanda à Nick :

_ Ça va ? Rien de cassé ?

_ Non, on profite de la vue, lui répondit le professeur.

Becker et Casey rejoignirent Abby, et se penchèrent par-dessus le balcon. Avisant la créature, qui repartait, Becker dit :

_ On dirait qu'il repart vers la rivière.

_ Il veut sans doute rentrer chez lui, répondit Casey.


British Museum, réserve.

Connor posa la dernière caisse, qui composait la barricade que lui, Sarah et les hommes de Becker avaient eu du mal à monter. Il se tourna vers Sarah, debout sur les caisses du bas, et lui dit :

_ Terminé ! Alors là, je défie qui que ce soit de franchir l'anomalie !

A ce moment là, son téléphone sonna. Il regarda le nom de son correspondant, et dit, en descendant de la caisse :

_ Ah, c'est Cutter. (il mit sur haut parleur) Allô ?

_ Il semblerait que Pristichampsus se dirige vers vous. Assure-toi qu'il puisse retraverser l'anomalie.

Sarah et lui soupirèrent. Connor se tourna vers les caisses qui entouraient l'anomalie, et dit :

_ Vous aviez raison. Je suis vraiment maudit.

Il monta sur l'échafaudage de caisses, et commença à les faire tomber, une par une. Il dit aux soldats de Becker :

_ Virez-moi tous ces cartons, et que ça saute ! Allez, grouillez-vous !

Ils entreprirent de dégager le côté qui faisait face à la porte par laquelle Pristichampsus était sorti du musée. Ils firent une chaîne, pour dégager le passage.

_ Ces deux là aussi, dit Connor aux soldats. S'il suit sa propre odeur, il entrera par la porte d'où il est sorti. Vous attendez quoi ? Que j'aille ouvrir, peut-être ? ajouta-t-il, en voyant que personne n'ouvrait la porte.

Sarah s'y précipita. Mais, la créature avait décidé de passer par l'entrée principale, et arriverait donc à l'opposé de l'ouverture qu'ils avaient faite.

Sarah ouvrit la porte, tandis que Connor et les soldats déblayaient le passage. Connor poussa une caisse assez lourde, en soupirant :

_ Et le dernier !

Sarah se baissa pour voir sous la porte, à mesure qu'elle se levait, et dit :

_ Je comprends pas, je le vois pas.

La créature franchit à ce moment là la porte à battant menant dans le musée. Connor se rendit compte que l'ouverture pratiquée n'était pas du bon côté, et dit :

_ Décidément, ça me poursuit. Sarah ! Il passe par l'autre porte !

Il sauta de la caisse sur laquelle il se trouvait, et réalisa alors qu'il était en plein dans la trajectoire de la créature, qui se trouvait à quelques mètres devant lui. Nick et son équipe franchirent à ce moment là la porte que Sarah avait ouverte, et Nick dit :

_ Connor, dégage le passage !

Le jeune homme avisa une chaîne qui pendait du plafond, et s'y agrippant, gravit les caisses. Il vit que Becker menaçait la créature de son arme. S'accrochant comme il le pouvait à la chaîne, il dit :

_ Laissez-le, par pitié. Qu'il rentre chez lui par l'anomalie.

Becker s'avança encore, prêt à tirer. Nick l'arrêta :

_ Non ! Surtout ne tirez pas.

_ J'ai été embauché pour assurer votre défense, lui rétorqua le capitaine.

Toujours cramponné à sa chaîne, Connor se trouvait maintenant juste au dessus de la créature. Il dit :

_ Je suis trop jeune pour mourir !

La créature sauta, mais sa patte blessée ne lui permit pas de sauter bien haut. Elle ne put donc pas gober Connor.

_ Il est blessé, dit Abby. Il veut rentrer chez lui.

_ Je vais pas tenir très longtemps, Cutter, les prévint Connor.

Sarah eut alors une idée :

_ Baissez-vous ! dit-elle.

_ Pardon ? fit Cutter.

_ Mettez-vous à genoux, dit-elle.

_ Ah oui, très drôle, fit Casey. Vous croyez que c'est le moment ?

_ Cette créature est habituée à être traitée comme un dieu, insista Sarah. On doit s'incliner devant elle, en signe de respect.

_ S'il voit qu'on est pas une menace, il partira sans nous attaquer, renchérit Abby.

Chacun à un côté de Becker, les deux Cutter s'entreregardèrent, et hochèrent la tête. Finalement, l'idée n'était pas si bête. Becker lâcha :

_ Je refuse de m'agenouiller.

_ A genoux, et plus vite que ça, répliqua Cutter.

_ Quoi ?

_ C'est un ordre.

_ Faites-le, ou je vous y aiderai, et croyez-moi, ce sera douloureux, ajouta Casey.

Becker la regarda, et vit dans ses yeux qu'elle était prête à mettre sa menace à exécution. Tous se mirent lentement à genoux. Becker et ses hommes furent bien obligés de faire de même.

_ Gardez votre arme à portée, dit Cutter à Becker.

La créature s'approcha d'eux, et ils eurent un léger mouvement de recul. Becker gardait son arme pointée sur elle, au cas où elle déciderait soudain qu'elle voulait un casse-croûte, mais elle se désintéressa d'eux, fit le tour de la barricade, et traversa l'anomalie, qui se referma derrière elle. Becker baissa son arme, et soupira de soulagement. Connor lâcha la chaîne, et tomba lourdement sur le dos, en gémissant de douleur. Nick regarda Sarah, et lui dit :

_ Bien joué.

_ Merci.

Tous se relevèrent. Connor resta allongé par terre, et dit à Sarah :

_ Cette fichue malédiction devrait s'arrêter, non ?

_ Il faut espérer, soupira Sarah.

_ Quelle malédiction ? demanda Abby, surprise.

Sarah s'approcha d'elle, et lui murmura :

_ Je l'ai inventée de toutes pièces.

Abby sourit, et répondit :

_ Ne lui dites rien, pour l'instant.

_ Bien sûr que non.

Nick aida Connor à se relever.

_ Ça va aller ? lui demanda-t-il.

_ Ouais, ouais. Pas de soucis. Le connaissant, Stephen aurait adoré cette créature.

Nick jeta un œil vers Sarah, et dit :

_ Pareil pour le Dr Page, elle lui aurait beaucoup plu.

Il se tourna vers sa nièce, et vit qu'elle s'était assise par terre. S'agenouillant à côté d'elle, il demanda :

_ Encore des vertiges ?

Casey hocha la tête. Nick appela Becker. Quand celui-ci fut près d'eux, il lui dit :

_ Capitaine, quand on sera revenus au CRA, vous emmènerez ma nièce chez le médecin.

_ Nick, protesta Casey. C'est pas la peine, ça va aller.

_ Tu iras. Ce n'est pas négociable, alors économise ta salive.

Il l'aida à se relever. Une fois debout, Casey fut prise de vertiges, et manqua tomber. Becker la retint, et la soutint jusqu'à la voiture, où il l'installa.


Centre de Recherche des Anomalies.

Casey était allée dans son bureau. Elle devait attendre Becker, pour aller chez le médecin. Elle s'assit derrière son bureau, et balaya la pièce d'un regard vide, regardant les choses sans les voir. Elle ouvrit un tiroir de son bureau, et en sortit une enveloppe portant le cachet d'un laboratoire d'analyse. Elle l'avait reçue quelques jours auparavant, mais n'avait pas encore eu le courage de l'ouvrir. Elle la contempla, hésitant encore. Elle resta un long moment à fixer l'enveloppe. Ses yeux dérivèrent vers une photo d'elle, Stephen et Ryan. Des larmes roulèrent doucement sur ses joues. Un coup frappé à la porte la fit sursauter. Elle essuya précipitamment ses yeux, leva la tête, et vit Becker dans l'encadrement de la porte.

_ Vous êtes prête, Casey ? lui demanda-t-il.

_ Oui, j'arrive.

Elle fourra l'enveloppe dans son sac, posa la photo sur le bureau, et le suivit. Elle l'ouvrirait plus tard.


Nick était passé se chercher une bière. Jenny, Sarah, Connor et Abby le suivaient maintenant dans le couloir menant à la salle des opérations.

_ Je veux que tu mettes en place un projet de recherche sur la magnétite, ses effets sur les anomalies, et la façon dont l'électricité peut être mise à profit pour les verrouiller, dit-il à Connor.

_ Ça marche, répondit le jeune homme, enthousiaste.

En pénétrant dans la salle des opérations, Sarah balaya la pièce du regard, impressionnée. Elle ne s'attendait pas à ça. Lester descendit la rampe qui menait à son bureau, en disant :

_ Annoncez-moi une bonne nouvelle, Cutter. Dites-moi que vous avez remis ce reptile enragé dans sa boite.

_ Oui, répondit Nick.

_ Excellent.

Quand il arriva près de Sarah, il dit :

_ James Lester, Ministère de l'Intérieur.

_ On est dans un bâtiment gouvernemental ? s'étonna la jeune femme.

_ Vous pensiez que c'était quoi ? Un cirque ?

Sarah ne préféra pas répondre, de peur d'être trop cassante. Lester regarda le dossier qu'il tenait à la main, et dit :

_ Vous êtes Sarah Page.

_ Dr Page, corrigea la jeune femme.

_ Oui, docteur en Egyptologie, carrière académique prometteuse, solide expérience des fouilles archéologiques dans tout le Moyen Orient. Et aujourd'hui, vous en êtes réduite à jouer les guides de musée. Comment est-ce arrivé ?

_ C'est simple, j'ai un mal fou à obéir aux ordres.

_ Vous devriez bien vous intégrer.

Connor, Abby et Nick esquissèrent un sourire. Sarah se pencha pour voir son dossier, et dit :

_ Je suis fichée ?

Lester referma le dossier pour l'empêcher de lire les renseignements qu'il avait sur elle, et répondit :

_ Tout le monde l'est, en l'occurrence. Dr Page, vous ne devez rien dire de ce que vous avez vu, aujourd'hui. Me suis-je clairement fait comprendre, ou dois-je vous faire arrêter, par mesure de protection?

Il s'éloigna, satisfait d'avoir eu le dernier mot. Nick s'approcha de Sarah, et lui tendit sa bière, en disant :

_ Tenez, ça peut servir.

Puis, il suivit Lester. Sarah s'approcha de Connor, et lui demanda :

_ Lester est toujours aussi agréable ?

_ Et encore, vous avez de la chance, il est de bonne humeur, pour une fois.

Connor alla rejoindre Nick dans son labo. Sarah le suivit.

_ Donc, c'est en ça que consiste votre travail ? Vous vous occupez de ces anomalies dès qu'elles apparaissent, dit-elle.

_ C'est ce que nous faisons, ouais, acquiesça Connor, pas peu fier.

Ils entrèrent dans le labo où se trouvaient Nick et Lester.

_ J'arrive pas à croire que j'ai vu Ammut. Enfin, ce que les Egyptiens croyaient être Ammut, dit Sarah. Une véritable légende vivante !

Nick eu soudain une idée, en entendant ce que Sarah venait de dire.

_ Les légendes, murmura-t-il. Bien sûr ! fit-il en se retournant, faisant sursauter tout le monde. Si des anomalies sont apparues dans le passé, et c'est le cas, si le Pristichampsus se dorait au soleil sur les bords du Nil il y a 3000 ans, alors ceci est la substance même des légendes. Tout ce qui semble hors du temps, ou de l'espace, comme…

_ Comme les chimères, Pégase… dit Sarah.

_ Le Yéti, fit Connor.

_ L'Hydre, dit Sarah.

_ Kraken ! ajouta Connor.

_ Je me suis trompé sur toute la ligne, dit Nick en regardant ses tableaux de calculs. Je n'ai pensé qu'en deux dimensions. (il s'approcha de Sarah) Qu'est-ce que vous savez sur les créatures mythologiques ?

_ Et bien, la thèse que j'ai écrite là-dessus est à la British Library.

Nick regarda Lester, qui restait dubitatif, et lui dit :

_ Elle reste.

_ Attendez une seconde, vous disposez des gens, comme ça… protesta Sarah.

_ C'est à vous de voir, seulement j'aimerais que vous rejoigniez notre équipe, ici, au Centre de Recherche des Anomalies, que vous vous intéressiez à l'origine de tous les grands mythes. Quand ils ont été relatés pour la première fois, et par qui. Vous pouvez collaborer avec nous… ou continuer à enseigner l'Egypte Ancienne aux écoliers. A vous de décider.

Sarah réfléchit un instant, regardant Connor pour chercher un appui. Le jeune homme lui fit une grimace, puis du regard lui fit comprendre qu'elle avait tout à gagner à les rejoindre.

_ D'accord, j'accepte, finit par dire Sarah.

_ Bonne nouvelle. Je me sens déjà plus en sécurité qu'avant, ironisa Lester.

_ Qu'est-ce qu'on fait de la Cage du Soleil ? demanda Connor.

_ L'anomalie s'est refermée, dit Lester. A priori, on est tranquilles pour les 3000 années à venir.

_ Oui, mais il y a toujours un risque, dit Nick. C'est vrai, non ? Ce n'est pas comme si elle n'était plus exposée.

_ Ça tombe bien. J'ai une info qui devrait vous plaire. Le Ministre de la Culture m'a dit que l'exposition était transférée ailleurs.

En effet, la Cage du Soleil était en route pour Pyongyang.


Immeuble désaffecté.

Des soldats montèrent les escaliers en courant, ouvrirent une porte d'un coup de pied dans le battant, et entrèrent dans la pièce vide, en portant des caisses de matériel, qu'ils posèrent au sol. Helen suivit ses clones, fit le tour de la pièce, et dit :

_ C'est parfait.

Elle tendit l'artefact pour lequel Christine avait envoyé ses soldats à un des clones, en lui disant :

_ Tenez, mettez ça en lieu sûr jusqu'à ce que je découvre ce que c'est.

Le clone le prit, et le mit dans une mallette. Helen avait profité de ce que les créatures dévoraient les soldats pour voler l'artefact, et s'enfuir à travers une anomalie.


Centre de Recherche des Anomalies.

Becker passa devant le bureau de Casey. Il venait de la déposer chez son oncle, après l'avoir emmenée voir le médecin. Il s'arrêta devant l'entrée de la pièce. Elle était là, sur le bureau. La photo qu'il l'avait vue contempler quand il était venu la chercher pour aller chez le médecin. Il hésita un instant. Devait-il entrer ? Et s'il le faisait, la jeune femme serait-elle en colère ? Il secoua la tête. Comment le saurait-elle ? Elle n'était pas là, et le CRA était quasi désert. Il regarda néanmoins autour de lui, puis rentra dans la pièce, dont il referma la porte derrière lui. Il se dirigea vers le bureau, au centre de la pièce, et y prit la photo qui l'avait tellement intrigué. Il la contempla. Elle représentait Casey, le capitaine Ryan, et Stephen. Ils se trouvaient devant une remorque sur laquelle se trouvait ce qui semblait être un Ptéranodon endormi. Casey faisait le clown, Stephen riait aux éclats, et Ryan les regardait d'un air faussement désapprobateur, essayant de réprimer un sourire. Il comprit alors, pourquoi la jeune femme pleurait en la regardant. C'était les deux hommes qui avaient perdu la vie à cause des anomalies. Ils avaient l'air très amis. Il reposa la photo où il l'avait prise. Son regard tomba alors sur un triple cadre, et un autre simple. Il prit le triple cadre, et regarda les photos qui se trouvaient dedans. Sur la droite, se trouvait une photo de Nick et Casey. Ils allaient vraisemblablement à une soirée costumée. Nick était déguisé en Indiana Jones, et Casey en Wonder Woman. C'était la première soirée d'Halloween que Casey passait en Angleterre depuis son retour des Etats-Unis. Elle avait presque dû supplier Nick de l'accompagner, et au final, ils s'étaient amusés comme des petits fous.

La photo du milieu représentait Casey, Abby et Connor. Les deux jeunes femmes se tenaient de chaque côté de Connor, et lui tenaient chacune un bras. Elles riaient toutes deux aux éclats, et Connor faisait une grimace en levant les yeux au ciel. Elles n'avaient pas pu s'empêcher de le taquiner, au moment où Nick appuyait sur le déclencheur.

La troisième photo représentait Casey et Stephen, enlacés sous un arbre, pour se protéger du soleil. Ils avaient tous deux les yeux dans ceux de l'autre, et ne semblaient pas conscients d'être photographiés. S'il savait que Connor, qui avait pris cette photo, avait été obligé de se sauver en courant, pour finir par être jeté dans la petite rivière qui serpentait dans le parc où ils se trouvaient… Il reposa le cadre, et prit le simple, de l'autre côté de l'ordinateur de la jeune femme. La photo qui s'y trouvait représentait Casey et Nick, le jour de la remise des diplômes de la jeune femme. Elle portait la tenue traditionnelle des facs américaines. Casey souriait à l'objectif, et Nick la regardait, une lueur de fierté au fond des yeux.

Il le reposa à sa place. Becker ne pouvait s'empêcher de penser que la Casey de ces photos et la Casey qu'il avait rencontré un peu plus tôt étaient deux personnes complètements différentes. Il savait pourquoi. Sa vie avait totalement changée en peu de temps. La découverte des anomalies, puis la mort de Ryan et ensuite celle de Stephen. Jusque là, il ne savait pas quelle avait pu être la relation qu'avait entretenue Casey et Stephen. Personne ne le lui avait dit, et il n'avait pas demandé. Maintenant, il se rendait compte qu'ils étaient bien plus que de simples collègues ou même des amis. Ils étaient amoureux. Et s'il en jugeait par la bague qu'il avait vue sur une chaîne autour du cou de Casey, leur relation était très sérieuse. Maintenant qu'il avait vu ces photos, il se rendait compte que la bague en question était très certainement une bague de fiançailles.

La Casey qu'il avait rencontré était aux antipodes de la femme sur les photos. Elle avait perdu la flamme qu'il voyait dans ses yeux sur le papier glacé. Elle avait toujours l'air comme absente, voire indifférente à ce qui l'entourait. Dans la voiture, pendant le trajet entre le CRA et le médecin, puis entre le médecin et chez Nick, elle était restée silencieuse, le regard perdu dans le vide, comme à des kilomètres de lui.

Il repensa à la phrase qu'elle lui avait dite lors de leur première rencontre : « Vous ne les remplacerez pas. » Sur le coup, il n'avait pas compris ce qu'elle voulait dire. Maintenant si. Elle avait été très amie avec Ryan, encore plus avec Stephen, et ils étaient mort tous les deux. Elle devait sûrement voir en lui un intrus qui essayait de prendre la place de personnes qui lui avaient été chères. Il se rendit compte que se faire accepter dans l'équipe, et surtout par les Cutter n'allait pas être une chose facile. C'était un clan. Ils se protégeaient mutuellement, et ne laissaient pas facilement les gens rentrer dans ce clan.

En relevant la tête, il vit une photo punaisée sur un panneau de liège accroché au mur, au milieu de papiers. C'était la photo d'une femme brune, les cheveux coupés au niveau de la nuque, le regard dur. Il s'en approcha. Lorsqu'il fut assez près, il remarqua les petits trous au niveau des yeux et du front de la femme. C'était donc à ça que servaient les fléchettes fichées dans le panneau de liège, à côté de la photo ! Il ne savait pas qui était cette femmes, mais visiblement, Casey la détestait assez pour jouer aux fléchettes avec sa photo.


Maison de Nick Cutter.

Nick rentra chez lui. D'un coup de pied, il ferma la porte derrière lui, en soupirant, pas mécontent que cette journée soit finie. Il avisa le sac de Casey posé sur le canapé, et en déduisit qu'après sa visite chez le médecin, elle était venue chez lui. En s'en approchant, il vit une enveloppe dépasser du sac. Elle portait le cachet d'un laboratoire d'analyse. Bien que sachant qu'il ne devrait pas y toucher, il ne put résister à la curiosité. Il la prit, et l'ouvrit. C'était un dosage de bêta HCG. Il remit la feuille dans l'enveloppe, et l'enveloppe dans le sac, et se dirigea vers la chambre d'amis. Il ouvrit doucement la porte, pour éviter de réveiller sa nièce si elle dormait. Mais, ce n'était pas le cas. Il entra dans la pièce, et alla s'asseoir sur le lit. Caressant les cheveux de Casey, il lui dit doucement :

_ J'ai vu l'enveloppe dans ton sac. Tu t'es crue enceinte ?

Casey acquiesça.

_ Les symptômes que je pensais être ceux d'une grossesse sont en fait ceux d'une grippe intestinale. (elle fit une pause, écarquillant les yeux) Mon Dieu, Nick, il est vraiment parti…

Les larmes qu'elle avait retenues pendant les quelques heures qu'elle avait passées seule dans la maison de son oncle se mirent alors à couler sur ses joues. C'était comme si elle prenait soudain conscience que l'homme qu'elle avait tant aimé avait disparu à jamais, ne lui laissant que des souvenirs et des regrets.

To be continued…


(1) Vu que je l'ai écrit à partir de l'épisode en VOST, il s'y trouve un jeu de mot intraduisible basé sur la sonorité de l'acronyme ARC, qui phonétiquement peut aussi donner Ark (Arche). Donc, après concertation avec mon partenaire de traduction de sous-titres (je suis dans une team qui a fait les sous-titres de la saison 3), et ne trouvant rien de bien pour le traduire, on l'a laissé comme ça. On verra ce qu'ils en feront au moment de la VF.