Tadam !

Me revoilà avec le premier chapitre tant attendu (visiblement) de ce cross-over Fate/Stay Night et Sword Art Online. J'avais initialement prévu dans le mettre dans le fandom associé, mais j'ai changé d'avis par la suite, puisqu'il se trouve qu'il y aura d'autres croisements avec d'autres fandoms par la suite.

Du coup, je publie cette histoire dans le fandom FSN, en espérant que cela ne vous dérangera pas. Ma décision est motivée par le fait que Shirou sera la personnage principal.

Dans ce chapitre, vous suivrez trois points de vues distincts, qui vous permettrons (pour ceux qui ne connaissent pas bien le fandom FSN) de plonger dans l'histoire, du moins je l'espère. Ce chapitre a surtout pour but de mettre en forme le cadre de l'histoire.

Bien, il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une bonne lecture (il y a environ 10 000 mots dans ce premier chapitre), et on se revoit en bas.

A tout de suite...


Chapitre 1 : Fin de deux guerres…

Emiya Shirou avait mal. Non, ce n'était pas un terme assez fort pour le définir. Son corps tout entier hurlait à l'agonie. Au cours des deux dernières semaines, le garçon avait pourtant été très familier avec la douleur. Pourtant, la souffrance qu'il ressentait actuellement était pire que tout ce qu'il avait jamais connu ou expérimenté. C'était comme si son corps brûlait tout en étant ravagé et dévoré de l'intérieur par d'innombrables fourmis.

Shirou savait exactement pourquoi il se sentait dans un tel état d'agonie. Comment aurait-il pu en être autrement ? La cause en était son bras gauche, initialement celui d'Archer qui lui avait été greffé après qu'il ait perdu le sien pour permettre à au moins l'un d'entre eux de survivre. Malheureusement, Archer n'était pas exactement humain. En fait, il était, dans l'ordre, un Servant et un Esprit Héroïque invoqué par le Graal.

De façon extrêmement simplifiée, un Servant était une copie de l'âme originale de lui-même, qui se trouvait dans le Trône des Héros, placée dans un « Récipient » par le Graal. Il était ensuite lié à un Master, à la manière d'un familier, qui lui fournirait du prana, ou énergie magique, pour maintenir son existence dans le monde. Pour cette raison, le Master se devait d'être un mage, qui servirait d'ancre au Servant et lui permettrait de ne pas être effacé par Gaïa.

Un Esprit Héroïque, pour sa part, était la somme des idéaux, des histoires, ainsi que de la vie d'un être de légende. Le résultat obtenu en faisant une existence supérieure, dont la véritable forme se trouvait dans le Trône des Héros, un lieu hors du monde et du temps. Bons ou mauvais, ceux qui accédaient à un tel rang étaient ceux dont le nom et/ou les exploits continuaient à être connus et racontés même longtemps après leur mort.

A son invocation lors de la cinquième guerre du Graal, Archer avait été à la fois Servant et Esprit Héroïque, et bien plus encore, bien que Shirou ne savait pas avec précision de quoi il en retournait. Ce qu'il avait conscience, cependant, c'était que le bras qui lui avait été « offert » n'aurait pas dû pouvoir lui être greffé. Cela aurait dû être impossible.

En effet, le bras d'Archer, de par sa nature, pouvait presque littéralement être considéré comme un fragment d'âme. Le greffer sur un corps de chair et de sang était donc au-delà de toute logique. Pire, c'était dangereux pour la personne qui recevait l'implantation. C'était une « substance étrangère », quelque chose qui ne devrait pas être présente, s'opposant ainsi à la Providence naturelle.

De plus, pour une opération aussi invraisemblable, il fallait plus que juste rattacher un bras à un corps. Quelqu'un avec de grandes connaissances en médecine et en spiritisme était également nécessaire, car le processus était plus proche de la guérison de l'âme que de celle du corps. Heureusement que Shirou avait eu une telle personne à proximité lorsqu'il en avait eu besoin.

Mais même ainsi, la greffe du bras d'Archer n'aurait pas dû être une réussite. La manipulation directe de corps spirituels, comme dans un cas de résurrection ou de restauration d'une âme, était une magie appartenant au domaine du divin, impossible pour les hommes. Or, c'était exactement ce qu'était la greffe du bras d'Archer. Celui-ci, en tant que fragment d'âme, devait directement être rattaché à l'âme de Shirou, sinon il disparaitrait à la mort d'Archer.

En faisant cela, ce bras n'était plus dépendant de l'existence d'Archer, mais de celle de Shirou. En ce sens, c'était une magie de restauration d'âme, autrement dit, une magie divine. Même si l'opération en soi avait été un succès, le résultat final aurait dû être la mort de Shirou. Kotomine Kirei, le responsable de la transplantation, ne s'était pas attendu à autre chose. Et pourtant, contre toute attente, l'Emiya avait survécu. Pour une raison quelconque, lui et Archer avaient été compatibles, à un niveau supérieur même à de vrais jumeaux.

Ainsi, la transplantation du bras avait été une réussite absolue. Shirou avait eu de nouveau un bras gauche fonctionnel. Pourtant, il avait reçu plus d'Archer qu'un simple bras. Il avait également hérité de toutes les connaissances du Servant, une partie de son expérience du combat, de sa capacité d'analyser le flux du combat, ainsi que les bases de sa magie. En clair, l'Emiya était devenu un Esprit Héroïque partiel.

Cependant, un prix était venu avec ces capacités. En effet, le bras d'Archer, étant à l'origine le fragment d'âme d'un Esprit Héroïque, était spirituellement plus élevé, et de beaucoup, comparé au corps de Shirou. Ainsi, chaque fois que ce dernier utilisait la magie d'Archer, il détruirait son corps dans le processus, écrasé par la puissance de son bras. Une manière vraiment horrible de mourir.

Pour éviter cela, Kirei avait enveloppé le bras d'Archer avec le linceul de Martin, un tissu sacré ayant la propriété de sceller un événement, ou de le faire retourner à la normale. Aussi longtemps qu'il le portait, Shirou ne courait pas le risque de se faire engloutir par la puissance de son nouveau bras. En contrepartie, il ne pouvait pas non plus en utiliser les pouvoirs. Même ainsi, le bras d'Archer était si puissant qu'il était capable de filtrer dans le corps de Shirou, ce qui lui faisait ressentir beaucoup de douleur à l'intrusion de la « substance étrangère ».

Le pire était que, malgré les mises en gardes, l'Emiya avait utilisé et abusé du bras d'Archer, allant défaisant de plus en plus le linceul de Martin à mesure qu'il avait besoin de ses pouvoirs. Il n'avait pas eu le choix, mais le fait était qu'à chaque utilisation, il s'était rapproché une fois de plus du point de non-retour, qu'il avait désormais atteint. Et dire que tout cela était à cause de la cinquième guerre du Graal.

La guerre du Graal était une compétition ayant lieu tous les 60 ans depuis environ 200 ans, sous forme de Battle Royal, permettant de décider du propriétaire du Saint-Graal. Plus précisément, il s'agissait d'un rituel nommé Heaven's Feel permettant à sept Masters, choisis par le Graal, l'invocation d'un Servant parmi les Esprits Héroïques présents dans le Trône des Héros. Ceux-ci recevaient généralement l'une des sept classes suivantes : Saber, Lancer, Archer, Caster, Rider, Berserker ou Assassin. Les Servants invoqués avaient la croyance que la dernière paire Master/Servant en compétition recevrait le Graal leur permettant à chacun de faire un vœu.

Ce mensonge, que leur transmettait le Graal à leur invocation, dissimulait une vérité bien moins réjouissante. Certes, le Graal réaliserait le vœu du gagnant, mais il lui fallait pour cela accumuler l'énergie de sept Servants en son sein, qu'il ne pouvait recueillir qu'à leur mort. Or, il n'y avait que sept Servants invoqué lors de la guerre du Graal. Autrement dit, le souhait d'un Servant n'était pas destiné à être réalisé.

Le Saint-Graal lui-même n'était pas celui des légendes, mais un artefact permettant la réalisation d'un vœu lorsque les conditions étaient réunies. C'était littéralement une machine à souhait, créée par les trois familles fondatrices: les Tohsaka, les Makiri et les Einzbern. Le plus ironique était que si quatre guerres du Graal avaient déjà eu lieu par le passé, aucun vœu n'avait été réalisé jusqu'à présent, à cause de diverses circonstances.

Quant à la cinquième guerre du Graal, celle à laquelle Shirou avait décidé de participer, ce n'était rien de plus qu'une aberration sans nom. Celle-ci avait commencé seulement 10 après la précédente, au lieu de 60 comme il était d'ordinaire, ce qui était la première anomalie. La seconde était que les Servants furent invoqués sur une durée d'environ deux mois entre le premier et le septième, alors que d'ordinaire ils l'étaient tous pratiquement simultanément.

La troisième anomalie était le fait qu'il n'y avait pas eu sept, mais huit Servants dans cette guerre, neuf si l'on comptait True Assassin, invoqué à partir du corps d'Assassin. En effet Gilgamesh, l'Archer de la quatrième guerre, était parvenu à conserver une forme physique dans le monde à l'issue de la guerre précédente.

True Assassin, pour sa part, aurait dû être le Véritable Assassin convoqué. Cependant parce que Caster, celle qui fit l'invocation, était elle-même un Servant, le processus avait été altéré. Assassin avait donc été un Servant irrégulier, qui n'aurait pas dû ni pu être invoqué selon les règles. Sa simple existence n'était pas censée être possible, faisant de lui une aberration.

La quatrième anomalie était le Graal lui-même. Celui-ci avait été altéré de manière irréversible durant la troisième guerre, par l'invocation d'Angra Mainyu, le porteur de tous les maux du monde. A sa mort, les malédictions qu'il portait ont été absorbées dans le Graal inférieur, ou moindre Graal, et l'avaient corrompu.

La cinquième et la pire anomalie de la cinquième guerre du Graal était Matou Sakura. Elle était un Master, mais aussi et surtout un moindre Graal irrégulier, créé à partir des fragments du Graal détruit de la quatrième guerre. Cela faisait d'elle le deuxième moindre Graal de la cinquième guerre, en plus d'Illyasviel von Einzebern.

Le problème était que les fragments de Graal implantés en elle étaient corrompus. Ainsi, à mesure que la guerre se déroulait, elle avait été de plus en plus soumise à l'influence d'Angra Mainyu, la transformant finalement en « Dark » Sakura. Sous cette forme, elle était capable de contrôler les ombres qui ont transformé la cinquième guerre du Graal en véritable massacre.

Cependant, ce n'était pas la faute de Sakura, elle n'était rien de plus qu'une victime. Le responsable était Matou Zouken, le grand-père adoptif de la jeune fille. C'était lui qui avait implanté en elle les fragments du Graal corrompu, et qui la manipulait depuis dix ans dans le seul but d'acquérir le Graal. Malheureusement pour lui, son plan ne se déroula pas exactement comme prévu…

Il y avait sans doute eu d'autres anomalies, mais Shirou n'avait pas eu connaissance de celles-ci, dont certaines il ne comprenait pas comment, et il n'était actuellement pas en mesure d'y réfléchir.

Durant la cinquième guerre du Graal, Shirou avait eu connaissance de neuf Masters. Lui-même avait été le Master de Saber, Tohsaka Rin avait été le Master d'Archer. Matou Shinji avait été le faux Master de Rider, Matou Sakura étant son véritable Master. Illyasviel von Einzbern avait été le Master de Berserker. Kotomine Kirei avait été le Master de Lancer. Kuzuki Souichirou avait été le Master de Caster. Elle-même avait été le Master d'Assassin tandis que Matou Zouken avait été celui de True Assassin.

De tous les Servants, seul Rider était encore vivante actuellement. Archer avait été tué par elle. Caster avait été tuée par Saber. Assassin avait été tué par Zouken pour invoquer True Assassin, qui tua Lancer avant d'être lui-même tué par Kirei. Saber et Berserker, sous leur forme corrompue, avaient tous deux été tués par Shirou après qu'ils aient été absorbés par l'Ombre. Gilgamesh, quant à lui, avait été dévoré par Dark Sakura.

Les Masters eux-mêmes n'avaient pas été épargnés. Souichirou avait été éliminé par l'Ombre, et Shirou avait également perdu son bras gauche à cause d'elle. Shinji et Zouken avait été tué par Dark Sakura. Illya avait été relativement épargnée, mais son statut de moindre Graal la condamnait à mourir à la fin de la guerre. Kirei avait été tué par Shirou, bien qu'il serait mort de toute façon à cause d'un blessure faite par Dark Sakura. Quant à Sakura, c'était elle qui avait le plus souffert au cours des quinze derniers jours. En fait, Rin était le seul Master à peu près indemne au crépuscule de cette guerre.

Et maintenant, Shirou se tenait là, devant le Saint-Graal, ou plutôt Angra Mainyu, alors que celui-ci tentait de s'en libérer et de se déchaîner sur le monde. Actuellement, l'Emiya était la seule chose pouvant l'empêcher de nuire, et il savait que s'il le faisait, il en mourrait. Néanmoins, il était venu en pleine connaissance de cause. Il n'avait qu'un seul regret : ne pas pouvoir tenir la promesse qu'il avait faite à Sakura...

Toute la partie gauche d son corps se transformait progressivement en une multitude d'épées, à mesure que les secondes passaient. La cause était une fois de plus le bras d'Archer et, plus précisément du monde interne présent dans ce fragment d'âme. Bien que Shirou n'en avait pas réellement conscience, l'utilisation répétée des compétences d'Archer avait provoqué une tentative spontanée d'extérioriser ce monde intérieur.

La projection d'un monde intérieur directement dans la réalité était nommée Reality Marble. C'était une magie extrêmement complexe et avancée, et également interdite en raison de sa nature. De plus, un mage ordinaire ne pouvait pas posséder de Reality Marble, car il fallait pour cela avoir une perception extrêmement déformée de la réalité, presque inhumaine. Et Archer possédait un tel pouvoir à l'intérieur de son âme, qu'il avait transmis à Shirou à travers son bras.

Cependant, le Reality Marble avait une autre particularité : il représentait les idéaux, l'expérience et l'état d'esprit de son porteur. De cette façon, cela le rendait impossible à utiliser pour une autre personne. Même l'Emiya, qui était à 100% compatible avec Archer, n'en était pas capable. La meilleure preuve de cela était que le Reality Marble présent dans le bras du Servant s'auto-activait et tentait de se projeter dans la réalité

Cependant, depuis que le bras d'Archer était propriété de Shirou, dont l'âme était différente de celle d'Archer, le Reality Marble ne parvenait pas à s'extérioriser, provoquant sa manifestation à l'intérieur du bras. C'était ça qui était à l'origine de la transformation progressive dudit bras en une multitude d'épées.

Shirou, dont les sens se transformaient en acier, observait le Graal corrompu par Angra Mainyu avec le peu de sens qui lui restait. Il n'avait plus beaucoup de temps. Sa vue se faisait de plus en plus brouillée. S'il n'agissait pas vite, il mourrait avant d'avoir pu accomplir ce pourquoi il était venu. Le linceul de Martin entourant son bras depuis longtemps retiré, il imagina la plus puissante arme dont il avait connaissance.

« Si j'avais la chance de tout recommencer, referais-je les mêmes choix ?» Se demanda Shirou distraitement, alors que sa conscience s'estompait.

« Trace… On. » Déclara-t-il, rassemblant tout son prana pour son attaque.

Sa vision s'obscurcit alors, et Shirou Emiya mourut. Pourtant, son âme était encore présente, si seulement quelques instants de plus. Et tout cela était dû au bras d'Archer. C'était un bras d'Esprit Héroïque, une substance à la fois physique et spirituelle, relié au corps et à l'âme du garçon.

Aussi longtemps qu'il y avait de l'énergie magique pour soutenir son existence, il maintenait l'âme de Shirou dans son corps, lui permettant ainsi de réaliser sa dernière volonté. C'était comme si son corps, dépourvu de vie, avait été programmé à la manière d'une machine pour donner un coup d'épée avec la dernière volonté de l'Emiya.

Excalibur, l'épée légendaire, apparut alors dans la main du corps automatisé, ou du moins une réplique presque parfaite de celle-ci. Il s'agissait d'un Noble Phantasm, un mystère cristallisé de l'imagination de l'Humanité à partir des légendes de son propriétaire. Celui-ci en particulier était la cristallisation du cœur des Hommes, de leurs espoirs, de leur désir d'un miracle. Et c'était pour cette raison qu'Excalibur s'abattit, telle la justice, pour détruire le Graal corrompu. L'arme projeta un rayon de lumière dorée, détruisant tout sur son passage, en direction de sa cible.

Dès l'instant où l'attaque se déclencha, Angra Mainyu sentit le danger, et essaya désespérément de se libérer du Graal. Cependant, il était encore trop faible et son corps incomplet. A ce moment-là, il comprit qu'il ne pourrait pas s'échapper de l'attaque, qu'il serait complètement anéanti. Cependant, il ne l'accepta pas. Il refusa simplement d'être vaincu de cette façon. Il avait une puissance presque infinie à sa disposition, il ne pouvait pas simplement disparaitre ainsi.

Malheureusement, étant encore à l'intérieur du Graal, toute cette puissance ne pouvait pas être utilisée pour lui-même. Le Graal était une machine à vœux, description qui s'étendait à Angra Mainyu aussi longtemps qu'il était à l'intérieur. Ainsi, même avec ses tentatives désespérées, il ne pouvait pas lui-même faire un vœu pour se sauver. Il lui fallait une aide extérieure, mais qui accepterait…

« Si j'avais la chance de tout recommencer, referais-je les mêmes choix ?»

Angra Mainyu figea toute son attention sur cette pensée parasite. Ce n'était pas un vœu, même pas proche. C'était juste une question qui n'était pas destinée à recevoir une réponse, attachée à l'âme de l'homme qui tentait de l'éliminer et dont le corps était déjà mort. Pourtant, cela lui suffisait. Il pouvait s'en servir pour se sauver. Mais comment procéder ?

Tout recommencer… En renvoyant l'âme qui lui faisait face dans le passé, et en s'y agrippant, Angra Mainyu serait à l'abri de la destruction. Il ne pouvait cependant pas l'envoyer n'importe quand, il fallait être prudent. Au début de la cinquième guerre ? Non, trop risqué. Sa puissance serait relativement faible à ce moment-là. De plus, cet humain connaissait désormais ses secrets, ce qui lui permettrait de le tuer, cette fois-ci sans opposition.

Sa naissance ? C'était la limite maximale qu'Angra Mainyu était autorisé à remonter le temps pour accomplir ce « souhait », puisque la limite de « tout recommencer » était recommencer la vie à son début. Mais ce n'était pas une bonne idée. En fait, c'était pire que la précédente, car cela donnerait beaucoup de temps à l'humain pour se préparer à la guerre et pour le détruire. Il ne voulait pas ça. Quand alors ?

Et puis, Angra Mainyu le sentit. C'était faible, mais il pouvait discerner d'infimes traces de sa corruption dans le corps sans vie, celle qu'il avait utilisé dix ans plus tôt pour provoquer un incendie comme vengeance d'un autre humain qui avait tenté de le détruire. La corruption était trop faible pour être exploitée, mais elle était en soi une information extrêmement utile. Cet humain, dont seule l'âme persistait, avait été présent à la fin de la quatrième guerre du Graal ! Au moment où toute sa puissance était libre de se déchaîner.

C'était ça ! Angra Mainyu allait renvoyer l'âme de cet homme, Emiya Shirou, à la fin de la quatrième guerre du Graal, et lui-même avec. Une fois cela fait, il ne lui resterait plus qu'à dévorer son âme et s'approprier son corps, jusqu'à ce qu'il ait de nouveau assez de puissance pour reconstruire le sien. Etant donné la quantité qu'il avait libéré à l'époque pour provoquer l'incendie, cela ne serait pas trop long.

Aussitôt, Angra Mainyu commença frénétiquement le processus de transfert temporel de l'âme de Shirou, avant de révéler sa confusion lorsque cela échoua. Il ne comprenait pas ce qui avait pu se passer. Il s'était servi à la fois de l'empreinte signalétique du corps et de l'âme de l'humain comme d'une ancre temporelle. En théorie, cela aurait dû permettre la création d'un pont entre le passé et le présent, afin de permettre le voyage temporel. Pourtant, rien ne s'était passé. Pas la moindre réaction. Ce n'était pas normal. A moins de changer de corps et d'âme, ce qui était impossible sans devenir une existence complètement différente, il y aurait dû avoir une réaction.

Ce fut alors qu'Angra Mainyu compris où était le problème. L'humain possédait le bras gauche d'un Esprit Héroïque. Il ne comprenait pas comment cela était possible, mais au moins, cela expliquait pourquoi le pont temporel n'avait pas pu être créé. Le fragment d'âme avait juste assez altéré à la fois le corps et l'âme de l'humain pour que la création d'un pont temporel ne soit plus possible. Non seulement cela, mais deux flux temporels coexistaient, celui de l'humain lui-même et celui de l'Esprit Héroïque, rendant la manipulation temporelle encore plus compliquée.

Angra Mainyu se sentait de plus en plus désespéré. S'il ne parvenait pas à transformer cette pensée parasite en souhait, puis à l'exaucer, il allait véritablement mourir. Et cela, il refusait de le permettre. Il devait trouver une alternative, une nouvelle ancre qui n'avait pas été altérée au cours des dix dernières années…

Et à présent qu'il le cherchait, il le trouva. Surpris, Angra Mainyu pouvait désormais sentir la présence d'un autre Noble Phantasm. C'était intemporel et inaltérable, puissant et protecteur. C'était… idéal. Exactement ce dont il avait besoin pour effectuer le transfert temporel à la fois de l'âme de l'humain et de la sienne. Et dire qu'elle se trouvait à l'intérieur du corps de celui qui tentait de le tuer. Quelle ironie !

Ce Noble Phantasm était Avalon, le fourreau d'Excalibur. De ce qu'Angra Mainyu pouvait sentir, il était dans le corps du garçon depuis dix ans, environ, très probablement placé en lui à la fin de la guerre précédente. Pas étonnant que sa corruption était si infime et inexploitable, la capacité régénérative d'Avalon avait purifié continuellement le corps de son hôte, même si elle n'avait pas totalement éradiqué son existence. Cela aurait sans doute été différent si l'humain avait vécu ailleurs que dans Fuyuki, où les traces de ses malédictions étaient encore omniprésentes dans l'atmosphère, bien qu'en minuscule quantité.

Sans perdre un instant, Angra Mainyu utilisa l'empreinte d'Avalon pour créer un pont temporel, lui permettant de se connecter à l'existence du même objet dix ans plus tôt. Comme il s'agissait d'un objet inaltérable et incorruptible, il devait cependant également utiliser l'empreinte de l'humain comme second support.

Même si celle-ci avait été altérée, elle était encore suffisamment proche de l'originale pour pouvoir être reconnu à travers Avalon, qui avait été témoin de tous les changements depuis son intégration dans le corps de l'humain. De cette façon, Angra Mainyu pourrait très précisément remonter le temps jusqu'au moment où le Noble Phantasm avait été implanté dans le garçon.

L'attaque d'Excalibur se rapprochait pendant qu'Angra Mainyu exécutait le rituel qui lui permettrait de survivre à celle-ci. Tout allait se jouer sur la vitesse, le plus rapide l'emportant. Finalement, le rayon doré frappa le Graal de toute sa puissance, le détruisant dans le processus. Seulement huit secondes s'étaient écoulées entre le moment où Excalibur était apparue et celui où le Graal avait été anéanti.

Un immense flash de lumière engloutit la scène pendant plusieurs instants, interminables. Lentement, il fut de nouveau possible de voir le champ de bataille, pas qu'il y ait eu quelqu'un pour le faire en premier lieu. Au cœur de la zone sinistrée était le corps sans vie de Shirou. Celui-ci, plutôt que s'être effondré, était parvenu à rester debout en dépit du souffle de l'explosion du Graal.

Il n'y avait cependant aucun mérite à cela, étant donné que ses articulations étaient devenues plus proche de l'acier que de la matière organique, effet secondaire du Reality Marble présent dans le bras d'Archer lorsque le linceul de Martin avait été retiré. Parlant du bras d'Archer, celui-ci n'était plus présent, pas plus que l'âme de Shirou. Il n'y avait aucune trace non plus d'Angra Mainyu…


La planète Terre était un monde vivant, et ce de deux façons différentes. Elle était vivante dans le sens où sa surface était habitée d'êtres vivants. Elle était également vivante dans le sens où elle était douée d'une forme de conscience. Les deux concepts étaient cependant pratiquement indissociable l'un de l'autre.

La Terre, initialement, avait été formée comme une masse de magma en fusion et de différents gaz. Ce ne fut qu'environ 1 milliard d'année après ce temps que la planète se soit refroidie et régulée, que la vie commença à émergé, sous forme d'algue monocellulaire. La création de la Terre primordiale était attribuée au Dieu Ea, qui gouvernait les eaux douces souterraines, la sagesse, les arts et techniques, la magie et l'exorcisme. Ce serait donc lui qui aurait introduit la magie au Monde.

A l'origine, la surface de la Terre était une vision digne du pire des cauchemars. Ce fut à une telle ampleur que cela ce souvenir se grava par la suite dans la mémoire génétique de toutes les créatures de la Terre. C'était d'ailleurs cette connaissance inconsciente qui servit à l'humanité pour créer le concept de l'Enfer.

Avec l'apparition de la vie, donc, un phénomène mystique se produisit, qui pouvait être comparé à un subconscient collectif. Celui-ci s'incarna sous la forme d'une prise de conscience de soi de la planète. Dès lors, la Terre décida de veiller et de protéger les fragiles formes de vie à sa surface, car c'était par eux qu'elle-même existait.

Ainsi apparut Gaïa, qui pouvait être décrit comme la volonté de survivre de la planète. A l'origine, Gaïa protégeait toutes les créatures sur Terre, sans distinction. Cela avait malheureusement changé par la suite. En dépit d'être une « volonté » Gaïa n'était pourvu d'aucune émotion, plus semblable à une machine.

Pendant des centaines de milliers d'années, Gaïa protégea la vie sur Terre, permettant ainsi au monde de prospérer. Elle fit de même pour les humains à leur apparition. Lorsque ceux-ci commencèrent à devenir indépendants et à exploiter la Terre plutôt que de vivre en symbiose avec elle comme le reste des créatures, Gaïa continua à les protéger. Alaya, la volonté de l'humanité au même titre que Gaïa était-celle du Monde, se dissocia à ce moment-là de Gaïa dont elle n'était jusqu'alors qu'une composante.

Ce ne fut que lorsque l'humanité, qui se crut alors au-dessus des lois du monde, commença dans leur avidité et leur ignorance la destruction irresponsable de l'environnement. Gaïa commença alors à les considérer comme une menace, et leur retira sa protection. Alaya prit alors pleinement la relève, les orientant de toutes les façons possibles pour assurer leur survie.

A mesure que le temps passa, Gaïa et Alaya entrèrent plusieurs fois en conflit, mais parvinrent à conserver un équilibre entre eux. Ces deux entités pouvaient être décrites comme des spirales passives d'énergie réagissant à toute menace sur ce qu'ils protégeaient. La plupart du temps, ils agissaient indirectement, dirigeant subtilement leurs protégés loin du danger potentiel.

Il arrivait cependant que certains événements soient trop menaçants pour être traitées de façon détournée. Ils avaient alors enrôlés des agents physiques parmi les créatures sous leur protection. Alaya, par exemple, recrutait les esprits humains pour un service éternel en échange de faveurs au cours de leur vie. Ceux-ci étaient appelés Counter Guardians, mais étaient également considérés comme les bêtes d'Alaya.

Gaïa, plutôt que de recruter, concevait ou faisait concevoir pour elle ses propres défenseurs, appelés bêtes de Gaïa. Il y en avait trois catégories. La première était les Fées, qui étaient des extensions directes de la planète. La seconde était les Véritables Ancêtres créés par et à l'image de Crimson Moon Brunestood aussi connu comme Type Moon. Ils étaient une espèce vampirique conçue dans le but de régner sur l'humanité.

La dernière, enfin, contenait une seule existence, Primate Murder. Il avait été créé spécifiquement par Gaïa sous la forme d'un immense chien blanc. Son unique but était de tuer des êtres humains, et il avait une autorité absolue concernant le fait de tuer ou non être humain. Cela faisait de lui l'ennemi naturel d'Alaya, et il faudrait théoriquement sept Counter Guardians pour égaler sa puissance. Lorsque quelqu'un parlait de Bête de Gaïa, cela se référait généralement à Primate Murder.

Ainsi, pour chaque événement, Gaïa comme Alaya disposait d'une contre-mesure adaptée. Cependant, il existait une autre capacité spécifique à chacune de ces entités. Alaya disposait de la capacité de résonance aux mages, en particulier ceux s'approchant d'Akasha, qui pouvait grossièrement être considéré comme la source de tous les événements et de tous les phénomènes de l'univers, ou comme l'origine et la fin de toute chose existante.

Les mages en question étaient généralement considérées comme une menace pour Alaya, car en atteignant Akasha, ils deviendraient « plus » qu'humain, un concept qu'Alaya, la volonté de l'Humanité, ne pouvait pas tolérer. Les seuls de cette catégorie qu'Alaya acceptait étaient ses propres Counter Guardians.

Gaïa, pour sa part, disposait de la capacité de « correction ». Lorsqu'un phénomène anormal se produisait et qui était considéré par le Monde comme non-naturel ou quelque chose qui « ne devrait pas exister », Gaïa se chargeait d'effacer ou de réparer l'anomalie, selon les circonstances. Il s'agissait cependant d'une capacité relativement passive.

Actuellement, une infime fraction de l'attention de Gaïa était focalisée en Extrême-Orient, plus précisément au Japon, le pays du Soleil-Levant. Dans ce pays était une petite ville du nom de Fuyuki, laquelle était régulièrement soumise à des anomalies. Le temps n'était pas un concept que Gaïa était en mesure d'appréhender, du moins pas à l'échelle humaine. Pourtant, l'entité avait remarqué que ces irrégularités se produisaient à intervalles réguliers, de manière cyclique.

Il y avait toujours exactement le même intervalle de temps entre chaque période d'anomalies, soixante fois la rotation du Monde autour du Soleil. Gaïa ne ressentait pas d'émotion, et donc pas de curiosité, si bien qu'elle ne s'était jamais intéressée aux événements qui s'y déroulaient. Cependant, elle avait vaguement constaté que c'était la quatrième fois que l'anomalie se produisait à l'emplacement de Fuyuki.

Les anomalies que Gaïa essayaient actuellement de corriger étaient des pseudos-Esprits Héroïques. Sept pour être précis. Ils n'étaient que de simples copies de leur véritable forme au Trône des Héros. Outre le fait qu'ils n'étaient qu'une réplique de l'original, ce qui en soit était déjà une anomalie, ils avaient été « invoqués » par des mages sous forme de Servant. Comme ils étaient des existences venant d'une autre époque, Gaïa les considéraient comme des perturbateurs de l'équilibre naturel, et essayait donc de rétablir les choses.

Néanmoins, les humains auxquels étaient liés ces pseudos-Esprits Héroïques les alimentaient en énergie magique, ce qui permettait de combattre la correction de Gaïa. Les Servants étaient également soutenus par un objet de type « conteneur » qui permettaient aux humains de réduire énormément la quantité de magie nécessaire de fournir à leurs Servants. Sans cet objet, Gaïa aurait depuis longtemps corrigé ces anomalies.

Quant au « conteneur » lui-même, Gaïa ne pouvait rien faire à ce sujet, car il ne s'agissait pas d'une anomalie. Cela ne l'empêchait pas de continuer à accomplir sa tâche méthodiquement, inlassablement, sans interruption d'aucune sorte. Gaïa était d'une patience infinie et, tôt ou tard, la correction serait effectuée.

Et puis, c'était arrivé. Dans Fuyuki, un immense incendie se déclara, nullement naturel. Les flammes suintaient la malice et la corruption. Automatiquement, Gaïa se mit à la tache de corriger cette nouvelle anomalie, mais celle-ci était tellement saturée d'énergie magique que la volonté du Monde ne parvenait pas à endiguer la chose.

Pourtant, aussi magique fut-il, un feu restait un feu. Il y aurait forcément un moment où il n'y aurait plus rien pour l'alimenter. Pour accélérer ce processus, Gaïa engloba l'anomalie, l'empêchant ainsi de se répandre davantage. Ensuite, elle concentra ses efforts à la périphérie du feu, tout en maintenant une correction constante sur toute la zone.

Gaïa ne se souciait pas vraiment des vies humaines perdues. Au contraire, si l'entité avait été capable d'émotions elle en aurait été pleinement satisfaite, car elle considérait l'Humanité comme une menace pour le Monde. Si elles avaient été les seules pertes à déplorer, Gaïa aurait même envisagé de ne pas intervenir dans cette anomalie. Cependant, le feu détruisait tout sans distinction, la faune comme la flore, autant de vies qui étaient sous la protection de Gaïa.

Pendant l'équivalant d'une rotation de la Terre sur elle-même, la volonté du Monde continua sa tâche, réduisant de plus en plus l'anomalie jusqu'à ce qu'il ne reste plus que quelques flammes éparses, qui commençaient déjà à s'éteindre faute de combustible. Son travail achevé, la présence de Gaïa commença à se retirer de la ville…

… Seulement pour y focaliser une attention encore plus grande au moment où l'entité sentit une anomalie bien supérieure à tout ce qu'elle avait jamais ressenti dans cette zone. C'était une déchirure dans le tissu de l'espace-temps !

Instantanément, Gaïa essaya de réparer la structure de l'espace-temps, seulement pour découvrir que le même mélange de malice et de corruption qui avait alimenté le feu était celle à l'œuvre actuellement. En réalité, c'était la même sans être la même, son empreinte temporelle indiquant qu'il provenait d'une période avancée de dix rotations de la Terre autour du Soleil dans le futur.

La présence de la même existence en plusieurs exemplaires dans la même époque était un paradoxe, la pire espèce possible d'anomalie temporelle. Une même personne ne pouvait exister deux fois en même temps, c'était impossible. Toujours était-il que Gaïa ne parvenait pas à empêcher la chose provenant de l'autre côté de venir. L'entité décida donc de procéder autrement.

En cherchant l'origine de cette nouvelle anomalie, la volonté du Monde découvrit que ce qui tentait de traverser le tissu de l'espace-temps avait créé deux connexions au présent pour servir de repère spatio-temporel. La première était un objet que Gaïa reconnut pour ce qu'il était : une création des Fées, qui étaient des extensions de la planète, et donc de Gaïa elle-même. L'objet, Avalon, ne pouvait donc pas être détruit pour corriger l'anomalie spatio-temporelle.

Cependant à travers Avalon, qui agissait comme une sorte de filtre, une seconde connexion existait dans le présent. Gaïa la suivit donc et trouva finalement à quoi elle se raccordait : un garçon humain. Cela, la volonté du Monde pouvait l'effacer pour empêcher une intrusion temporelle. Aussi étendit-elle sa perception sur la cible qu'elle avait l'intention de corriger…

… ?

Pour la première fois de son existence, Gaïa marqua une hésitation à agir. Au moment où elle avait atteint sa cible pour détruire son existence, elle avait découvert quelque chose d'inattendu. Son corps était humain, de cela Gaïa n'avait aucun doute. Cependant, son âme était… autre chose. Pas humain, ni animal, ni féérique, ni vampirique, ni rien de ce que Gaïa avait déjà rencontré. La seule chose dont l'entité était certaine était que cette âme semblait… vide.

Avec ce qui s'approchait le plus de la curiosité pour un être sans émotion, les sens de Gaïa « touchèrent » cette âme unique, essayant de comprendre ce qu'elle était exactement. La volonté du Monde ne comprenait pas ce que c'était. Ce n'était pas naturel, mais pourtant, ce n'était pas une anomalie.

Il fallut une « observation » plus poussée, mais finalement Gaïa comprit comment cette âme était venue à être. A l'origine, celle-ci avait été purement humaine, mais avait été purifié par le mal… Purifié par les flammes pleines de malice et de corruption qui avaient tenté d'engloutir la ville de Fuyuki.

Dans un acte désespéré d'auto-préservation, le garçon humain avait sacrifié tout ce qui le définissait comme une personne et un humain : ses souvenirs, ses expériences, sa personnalité… Il était devenu une coquille vide, qui n'avait d'humain que l'apparence. Son âme avait en quelque sorte régressée à un stade équivalant à celui d'un nouveau-né, non, encore antérieur à cela.

Cette âme était, à la manière de celle d'un nouveau-né, semblable à une éponge, mais à un degré bien plus élevé, car même la mémoire génétique inscrite dans son âme avait été effacée, la laissant capable de devenir n'importe quoi. Mais ce que Gaïa trouva fascinant, dans la mesure de ne disposer d'aucune émotion, c'était que dans cette purification par le mal, cette âme avait également rejeté Alaya.

Un humain qui avait rejeté Alaya… Un humain qui avait renié Alaya… C'était un concept tellement étrange que Gaïa ne savait pas quoi en faire. Finalement, la volonté du Monde vint à une conclusion au sujet de cette âme : elle n'était pas une menace pour la planète, du moins pas dans son état actuel. Ainsi, Gaïa décida d'épargner cette vie, ou du moins ce qu'il en restait. Ce garçon ne pouvait pas être considéré comme un humain, Gaïa étendait donc sa protection à lui, ce dont aucun humain n'avait bénéficié depuis des millénaires.

Une fois le cas du garçon réglé, Gaïa reporta son attention sur la déchirure du tissu spatio-temporel, que l'entité avait continuellement tenté de corriger, inconsciente du fait que lorsque ses sens avaient été en « contact » avec l'âme de l'enfant, celle-ci, à la manière d'une éponge, s'était gorgée de la « présence » de Gaïa.

Gaïa avait analysé que ce qui tentait de traverser le tissu de l'espace-temps n'y parviendrait que lorsque les deux connexions au présent seraient réunies en un même point. Sans cela, pas de traversée temporelle. Pourtant, au vu de l'évolution des événements, Gaïa ne pouvait pas les empêcher d'entrer en contact. Ils étaient déjà pratiquement en contact l'un avec l'autre. La volonté du Monde allait devoir corriger ce qui émergerait de la déchirure spatio-temporelle.

Avalon, la première ancre temporelle, fut transplanté dans le garçon, la seconde ancre temporelle. Aussitôt, le tissu de l'espace-temps fut pleinement déchiré et quelque chose en sortit. Il s'agissait de deux âmes, aucune des deux ne pouvant être considérée comme ordinaire.

La première portait l'empreinte signalétique du garçon, bien qu'altérée. Gaïa remarqua que, dans le futur, l'âme du garçon ne devenait pas pleinement humaine. Elle était plus semblable à une épée, étrange dans le sens ou même si elle était sensible, une épée ne possédait pas d'âme. Ce n'était cependant pas une anomalie, Gaïa comprenant que c'était l'influence d'Avalon qui en était à l'origine.

Un fragment de cette âme était cependant différente du reste, marquée de la présence d'Alaya. Gaïa s'agita légèrement en comprenant que c'était la marque d'un Counter Guardian. Une âme avec un tel potentiel gâchée par la souillure d'Alaya, quel dommage. Elle étendit une nouvelle fois sa perception, pour effacer cette âme, lorsque celle-ci disparut spontanément de ses sens.

Avec quelque chose de proche de l'incrédulité mais sans l'émotion associée, Gaïa chercha où elle s'était rendue. La volonté du Monde le découvrit rapidement, mais ne sut comment réagir. L'âme du garçon, celle du présent, avait agi comme l'éponge qu'elle semblait être et absorbé la version future d'elle-même, effaçant ainsi le paradoxe. Il n'y avait eu aucune forme de résistance ou de rejet, d'un côté comme de l'autre. Cela n'était possible que parce que dans son état actuel, l'âme du garçon était complètement vierge et capable de devenir n'importe quoi.

Gaïa hésita un instant. Devait-elle corriger le garçon, au final ? Elle observa l'âme, innocente et ne représentant aucune forme de menace pour le monde, pendant plusieurs instants. Finalement, elle décida que non. Il serait contreproductif de corriger une telle âme unique. Ce garçon était un humain qui n'en était pas un. Il serait peut-être la clef qui permettrait à l'humanité de ne plus devenir une menace pour le monde… Gaïa décida que le mieux à faire était d'attendre et de surveiller le garçon, pour voir ce qui allait advenir…

Dans le même temps Gaïa, entité omniprésente qu'elle était, avait observé la seconde âme et rapidement découvert qu'elle était porteuse du même mélange de malice et de corruption que ce qui avait créé l'incendie dans Fuyuki. Son empreinte signalétique confirmait le fait qu'il s'agissait de la version future de dix rotations de la Terre autour du soleil de l'âme à l'origine de cette anomalie.

Gaïa isola et corrigea impitoyablement la présence de l'âme, bien décidé à ne pas la laisser s'échapper. Une seule était déjà une de trop, pas question d'en voir une seconde provoquer de nouvelles anomalies. En quelques instants, l'âme corrompue, vide d'énergie magique qu'elle avait totalement utilisé pour traverser le tissu de l'espace-temps, fut broyée par la volonté du Monde. Rien d'elle ne filtra, ni ne s'échappa. Son existence fut complètement et totalement effacée.

Ce fut ainsi qu'Angra Mainyu Servant convoqué irrégulièrement durant la troisième guerre du Graal et principal antagoniste de la cinquième guerre, fut vaincu…


Kischur Zelretch Schweinorg, également connu sous le nom de Zelretch, de Sorcier Maréchal, de Zelretch des joyaux, de vieil homme aux joyaux, de Kaleidoscope, et bien d'autres encore, était tout sauf un homme normal. En fait, il n'était pas à proprement parlé un homme dans le sens « humain » de la chose. Pour être plus précis, il l'avait été autrefois, longtemps avant cette époque, mais il ne l'était plus. Il avait été transformé en une espèce vampirique appelée Apôtre de la Mort.

En soit, ce n'était pas un phénomène si rare, dans la mesure où les Apôtres Morts étaient à l'origine des légendes sur les vampires, bien que dans les faits ceux-ci s'éloignaient de la plupart des mythes. Les seuls pouvoirs véritablement similaires étaient l'immortalité, la soif de sang, et la capacité de « transformer » un humain.

Le processus en question était réalisé par l'injection d'un peu du sang d'un vampire dans le système sanguin d'une victime humaine. Ainsi imprégné d'énergie vampirique, son corps ne mourrait pas complètement. Si la transformation réussissait, l'humain devenait un Apôtre de la Mort. Les chances étaient cependant assez faibles.

Si la transformation échouait cependant, deux cas pouvaient se produire. Dans le premier cas, la victime de vampirisation devenait un Mort, un familier mort-vivant du vampire qui l'avait créé dont le corps et l'âme était finalement morte. Dans les faits, un Mort était comparable à une marionnette sans intelligence.

Dans le second cas, qui se produisait généralement une fois sur cent, une victime humaine possédant une grande force vitale parvenait à maintenir son cerveau en « vie » même après la mort de son corps. Au bout de quelques années, le cerveau en question commencerait à pourrir, libérant son âme. Cette créature était une Goule, un cadavre en décomposition mû par l'instinct, dévorant d'autres cadavres afin de reconstituer sa propre chair et éventuellement commencer le cycle d'évolution.

Si une Goule parvenait à régénérer intégralement son corps, ainsi que son cerveau, elle devenait un Living Dead. Moins fort qu'un Mort, un Living Dead disposait d'une volonté qui lui était propre, plutôt que du seul instinct qu'il avait lorsqu'il était une goule. Cependant, il disposait de peu voire d'aucune intelligence, qu'il devait restaurer en buvant du sang humain, par opposition à dévorer des cadavres comme avant. Seulement une goule sur dix avait le potentiel pour devenir un Living Dead.

Lorsque son intelligence était enfin restaurée au même niveau que lorsqu'il était humain, le Living Dead devenait un Vampire, dont la définition était très proche de celle des légendes. Celui-ci conservait cependant l'obligation de fournir du sang à son créateur. Lorsque, ou plutôt si, un Vampire parvenait à se libérer du contrôle de celui qu'il servait, il devenait alors enfin un Apôtre de la Mort à Part entière. Seul un Living Dead sur dix, en moyenne, avait le potentiel pour devenir un Vampire. Une victime humaine avait donc une chance sur dix mille de devenir un Vampire après une transformation échouée.

Pour en revenir à Zelretch, celui-ci n'était pas normal, même pour un Apôtre de la Mort. Il faisait en effet partie de l'élite aristocratique des Apôtres de la Mort, nommée les 27 Ancêtres des Apôtres de la Mort. Ce groupe, comme son nom l'indique, était composée de 27 membres, tous ou presque issus d'espèces vampiriques. Chacun d'eux était pourvu d'un rang et, plus il était élevé, plus son possesseur était considéré comme puissant et une menace pour l'Humanité. Zelretch occupait le quatrième rang, même s'il se considérait lui-même comme un allié de l'Humanité.

Cependant, ce n'était pas la seule raison pour laquelle Zelretch n'était pas normale. En effet, avant d'être un Apôtre de la Mort, il était surtout un mage. Il était d'ailleurs l'unique utilisateur de la seconde des cinq Vraies Magies répertoriées. La magie classée comme Vraie Magie était celle considérée comme impossible, non-reproductible par la dépense de temps et de ressources ou par la science moderne. Elle comprenait des concepts tels que la manipulation du temps, la téléportation, la déformation spatiale ou la résurrection spatiale.

La seconde Vraie Magie, que maîtrisait Zelretch permettait d'interagir avec les mondes parallèles. C'était ça qui faisait de cet homme un individu anormal. Grâce à elle, il avait vu plus que quiconque ne devrait pouvoir, à la fois dans le présent, le passé et le futur. Certains pensaient que cela l'avait rendu fou, d'autres supposaient qu'il était déjà fou à la base, si bien qu'il en était immunisé.

Actuellement, Zelretch se trouvait au sommet d'un immeuble et son visage affichait un mélange de sérieux et de gravité. Ce genre d'expression était si rare chez lui que moins de cinq personnes vivantes pouvaient se vanter de l'avoir vu. Il y avait une raison à cela, relativement simple.

Zelretch, en tant qu'Apôtre de la Mort, disposait d'une immortalité imparfaite. De ce fait, le pire ennemi possible pour un être incapable de mourir naturellement était l'ennui. Les Apôtres de la Mort se « divertissaient » comme ils pouvaient, afin que leur existence ne soit pas dénuée de sens. En ce sens, Zelretch n'était pas différents d'eux, seulement moins violent et sanguinaire dans ses méthodes, ainsi que respectueux de la vie.

Pour expliquer simplement les choses, Zelretch était un farceur. Il ne prenait jamais rien au sérieux et disposait d'un accès illimité à des mondes parallèles pour alimenter ses plaisanteries. C'était sa manière à lui d'occuper son immortalité, bien que sa perception de l'amusement ne fût pas vraiment du goût de tout le monde. Donc oui, que l'utilisateur de la seconde Vraie Magie affiche un visage grave était un détail digne d'être relevé.

La raison de son sérieux était la scène qui se déroulait sous ses yeux. Zelretch observait les derniers instants de la quatrième guerre du Graal, et plus exactement l'incendie qui détruisait progressivement Fuyuki. Pourquoi était-il là ? Tout simplement parce qu'il se sentait responsable de ce qui arrivait. Après tout, sans lui, la guerre du Graal n'aurait jamais vu le jour.

En effet, environ 200 ans plus tôt, il avait aidé à superviser et orienter les Einzbern, les Makiris et les Tohsaka lors de la conception du système. Il avait également agi comme un témoin lorsque Justeaze Lizrich von Einzbern était volontairement devenu le noyau du Graal supérieur, ou grand Graal, afin de permettre au saint-Graal de devenir la machine à vœux qu'il était censé être. Il avait d'ailleurs légèrement influencé le résultat en usant de la seconde Vraie Magie, sans quoi le grand Graal n'aurait jamais été connecté à Akasha et n'aurait guère plus qu'une étrange décoration.

Cependant, à mesure que les guerres s'étaient succédées, l'avis de Zelretch sur le bien fondée du rituel Heaven's Feel évolua. Il avait initialement participé à la conception parce que cela avait semblé intéressant et parce qu'il était ami avec Tohsaka Nagato, l'un des fondateurs du système de la guerre du Graal. Maintenant, il n'avait envie que d'une chose : mettre fin à cette folie.

S'il ne l'avait pas déjà fait, c'était parce qu'il ne pouvait pas le faire. L'un des avantages de la seconde Vraie Magie c'était qu'il était possible d'observer les conséquences d'un acte dans une dimension ou celui-ci avait été effectué. Lorsqu'il s'agissait de mondes parallèles, le temps était relatif, car chacune d'entre elle disposait de son propre flux temporel. Autrement dit, deux mondes parallèles pouvaient disposer d'un décalage temporel de plusieurs années, ou d'être synchronisées à la seconde près.

Et pour chaque choix imaginable, pour chaque subtilité et possibilité, il existait un monde parallèle dans laquelle cela se produisait, s'était déjà produit, ou se produirait. Il y en avait un nombre infini. Et Zelretch, en utilisant la seconde Vraie Magie, était à juste titre imprévisible, et donc potentiellement une menace du point de vue de certains mages. Pour éviter qu'un jour il abuse de l'invention qu'il a aidé à concevoir, le sorcier avait accepté de signé un Geis, une sorte de contrat inviolable, lui interdisant d'interagir directement dans une guerre du Graal, avec un Master ou Servant au cours d'une desdites guerres, ou avec le système Graal.

Il ne pouvait donc pas mettre un terme à la guerre du Graal, alors même qu'il le voulait. Cette tâche incombait à quelqu'un d'autre, une personne que Zelretch observait en ce moment-même. Il s'agissait d'un petit garçon roux, qui tentait désespérément de survivre au milieu de l'incendie de Fuyuki. Le sorcier Maréchal pourrait le sauver, s'il le voulait. Il suffirait d'une toute petite utilisation de sa magie. Pourtant, il savait qu'il ne le ferait pas.

Aussi cruel que cela pouvait sembler, l'enfant devait subir cela pour devenir la personne qui mettrait un terme à la guerre du Graal, ou du moins l'un des principaux acteurs de sa destruction. Zelretch avait observé de nombreux mondes parallèles, et si l'enfant ne devenait pas l'un des 7 Masters, les conséquences étaient la plupart du temps catastrophiques. A l'inverse, s'il était l'un des participants, il y avait un nombre élevé de « bonnes fins ».

« Je suis désolé de devoir te faire subir cela, toi qui deviendras bientôt Emiya Shirou… » Murmura Zelretch, sans quitter une seule seconde l'enfant qui continuait d'errer à travers les flammes de l'incendie.

Zelretch observa les événements se dérouler pendant plusieurs heures, jusqu'à ce que finalement, l'enfant s'effondre d'épuisement, son corps brulé par les flammes maudites. Son regard était vide et dépourvue de vie. Il n'était plus qu'une coquille vide. L'utilisateur de la seconde Vraie Magie ne détourna pas les yeux une seule seconde, car c'était son péché. L'enfant réparerait l'une de ses plus grandes erreurs, le moins qu'il pouvait faire était d'assister à sa « naissance ».

Emiya Kiritsugu arriva enfin, recherchant désespérément des survivants. Lorsqu'il avisa l'enfant, son visage s'illumina d'une joie indescriptible, alors que les larmes coulaient à flot de ses yeux. Pleurant, il murmurait la joie qu'il avait de trouver une personne vivante, une personne qu'il pouvait sauver, même si ce n'était qu'une seule. Lorsque le garçon s'évanouit, Kiritsugu retira Avalon de son corps et l'implanta dans l'enfant, ce qui le maintiendrait en vie et le guérirait.

Lorsque l'enfant et le Noble Phantasm entrèrent en contact, quelque chose d'extraordinaire se produisit. C'était un phénomène invisible et indétectable pour le mage moyen, incluant Kiritsugu, mais Zelretch le remarqua immédiatement. Et pour cause, c'était un phénomène vaguement similaire à Kaleidoscope, la seconde Vraie Magie. Il s'agissait d'un voyage dans le temps.

« Cela… n'était jamais arrivé avant. » S'exclama Zelretch, les sourcils froncés.

Kaleidoscope permettait à son utilisateur de « voir », « d'interagir » et de se « déplacer » à travers les mondes parallèles. Il était donc possible pour Zelretch d'observer celles-ci de la même manière qu'une personne regarderait la télévision. Or, il existe une infinité de mondes parallèles possibles et imaginables. Parmi elles, il y en avait qui étaient identiques les unes aux autres, à ceci près qu'elles avaient un décalage temporel les unes par rapport aux autres. Cela pouvait être une seconde, une minute, une heure, un jour, un mois, un an…

C'était en regardant ces mondes parallèles qu'il était possible de « prédire » le futur. Zelretch le faisait régulièrement pour des raisons souvent inutiles et potentiellement embarrassantes pour certaines personnes. C'était également ainsi qu'il avait pu déterminer que le garçon qui deviendrait Emiya Shirou serait le meilleur pari pour l'avenir et la fin de la guerre du Graal. Cependant, peu importe le nombre de fois qu'il avait observé les mondes parallèles, jamais un voyage dans le temps ne s'était produit, du moins pas de cette façon.

Un voyage temporel était une Vraie Magie, inclue dans les capacités de la seconde Vraie Magie et de la cinquième Vraie Magie, bien que les deux concepts fussent différents. Dans le cas de Kaleidoscope, le voyage dans le temps était le voyage dans un monde parallèle identique à la précédente, mais dont l'écoulement du temps était moins avancé d'une période donnée. Dans le cas de Blue, qui était le nom de la cinquième Vraie Magie, le voyage dans le temps serait plutôt comparable à glisser le long de la spirale du temps au sein d'une même dimension.

De plus, il n'était pas possible de prédire les effets de la cinquième Vraie Magie avec la Seconde Vraie Magie, raison pour laquelle Zelretch n'avait jamais observé un tel phénomène auparavant.

Dans les deux situations, cependant, une enveloppe physique était nécessaire. Ce n'était pas le cas avec le phénomène actuel. De ce que pouvait en comprendre Zelretch, seule un corps spirituel avait traversé, autrement dit une âme. Ce n'était pas une Vraie Magie en soi, mais cela s'en approchait. En fait, cela s'approchait de trois Vraies Magies différentes, la seconde, la troisième (Heaven's Feel, qui traitait du domaine des âmes, raison pour laquelle le rituel à l'origine du Graal portait le même nom) et la cinquième, tout en étant fortement inférieur à chacune d'elle.

Cette combinaison n'était cependant possible que dans un unique cas : lors d'un souhait au Graal. Celui-ci était une machine à vœux, et grâce à sa connexion à Akasha, était capable d'utiliser partiellement chacune des cinq Vraies Magies existantes. De ce que Zelretch pouvait en déduire de ce qu'il voyait, un vœu de « recommencer » avait dû être émis, ou quelque chose de similaire.

Le Graal avait alors utilisé Heavens'Feel pour saisir l'âme de celui qui avait fait le souhait. Il avait ensuite utilisé Kaleidoscope pour trouver une ancre temporelle adaptée avant de se servir de Blue pour remonter le temps tout en restant dans la même dimension qu'à l'origine. C'était tout bonnement incroyable !

De plus, dans le cas de Blue et de Kaleidoscope, l'utilisateur pouvait en effet se retrouver en deux exemplaires à un moment donné, risquant un paradoxe. Ce n'était pas le cas ici, car il s'agissait plus d'un rembobinage temporel qu'un véritable voyage dans le temps. Seule l'âme avait traversé le temps, pas le corps.

Néanmoins, quelque chose troublait légèrement Zelretch. Il n'y avait aucune mention, dans aucune époque, d'un phénomène de ce genre. Autrement dit, c'était la première fois qu'un retour dans le temps était effectué de cette manière. Le scénario s'était déjà joué une infinité de fois et obtenu une infinité de résultats, celui-ci n'avait jamais été répertorié. De ce fait, Zelretch ne pouvait pas « prédire » ce qui allait arriver. C'était nouveau, c'était intriguant, c'était intéressant.

Une analyse de la situation permit à Zelretch de découvrir de quelle voie provenait l'âme d'Emiya Shirou du futur. Dans la cinquième guerre du Graal, il existait trois voies principales, déclinables en une infinité de subtilités. Ces trois voies étaient Fate, Unlimited Blade Works et Heaven's Feel, tous nommés par Zelretch selon leur déroulement.

Fate était la voie « normale ». Emiya Shirou y évoluait naturellement en suivant ses idéaux, incapable de les remettre en question. C'était dans ce scénario que son destin pouvait éventuellement croiser la route d'Alaya et qu'il finissait par devenir un Counter Guardian à la fin de sa vie. Cette issue arrivait moins d'une fois sur un million.

Unlimited Blade Works était la « bonne » voie. Shirou y voyait ses idéaux remis en question par Archer, qui se trouvait être le Counter Guardian Emiya. Celui-ci, désireux de se libérer de sa servitude envers Alaya, tentait dans ce scénario d'empêcher son moi du passé de devenir comme lui quitte à le tuer, créant ainsi un paradoxe qui théoriquement lui permettrait de prendre sa place. La présence de deux Emiya Shirou provoquait une résonnance entre leurs âmes, permettant à chacun d'assimiler les capacités de l'autre, provoquant le Master-Shirou d'acquérir le Reality Marble d'Archer, nommé Unlimited Blade Works.

Heaven's Feel était la « pire » voie. Shirou y reniait ses idéaux et se voyait implanté, suite à la perte de son bras gauche, du bras gauche d'Archer, acquérant ainsi toutes ses capacités et son expérience. Ce scénario était le plus destructeur et le seul dans lequel Angra Mainyu parvenait à se manifester alors qu'encore enfermé dans le Graal, même si seulement partiellement.

Comme il ne pouvait pas « prédire » le futur, Zelretch ne savait pas de quelle voie l'âme de Shirou venait. Cependant, la présence de l'âme d'Angra Mainyu, avant que celle-ci soit écrasée Gaïa, lui permettait de deviner qu'ils provenaient tous deux d'Heaven's Feel. Les âmes futures et présentes de Shirou entrèrent alors en résonnance, un peu comme dans Unlimited Blade Works. Cependant, parce que la version présente de l'âme du garçon était comme une éponge spirituelle, elle n'assimila pas seulement les capacités de l'âme du futur, mais l'âme elle-même.

Malgré la gravité de la situation, Zelretch sourit. Il venait de trouver un nouveau divertissement pour les années à venir. Contrairement à Fate et à Unlimited Blade Works, les actions de Shirou dans Heaven's Feel était difficile à anticiper. Et comme il ne pouvait pas « prédire » ce qui allait arriver, dans la mesure où cela semblait être la première dimension dans laquelle ce rembobinage temporel était effectué, Zelretch était plus qu'impatient d'observer les événements futurs, et les conséquences de cela sur la cinquième guerre du Graal…


Et voilà, c'est terminé pour ce chapitre.

Certains d'entre vous auront sans doute remarqué que le point de vue de Shirou est un peu flou, ou compliqué. Je le sais et je m'en excuse. J'ai essayé de résumer la route Heaven's Feel du mieux possible, tout en utilisant le bras d'Archer comme justification. Dans les faits, il faut comprendre que le bras d'Archer donne à Shirou les connaissances et l'expérience d'Archer, mais Shirou n'en est pas vraiment conscient, les considérant naturellement comme les siennes. Ainsi, il est au courant de choses dont il ne devrait pas être, car elles n'ont pas eu lieu dans la route Heaven's Feel, mais il n'en a pas conscience, ou trop vaguement pour s'arrêter dessus.

Pour le point de vue de Gaïa, il y a beaucoup de chose à dire dessus, mais je ne parlerais que du plus important, et utile à la compréhension de l'histoire. Gaïa (tout comme Alaya) est une entité qui corrige les anomalies dans le domaine physique. Les âmes, existences non physiques, ne sont pas leur domaine, raison pour laquelle ni Gaïa ni Alaya ne peuvent généralement pas "corriger" celles-ci. Shirou est donc une exception car Gaïa, en cherchant à couper le lien entre lui et la déchirure dans le tissu de l'espace-temps, a été au delà du corps de Shirou et a "touché" son âme. C'est donc ce cas exceptionnel qui a permis à Gaïa d'effacer l'âme d'Angra Mainyu du futur, alors qu'il n'est pas alors une existence physique. Je tenais à le préciser pour éviter toute confusion.

Pour ce qui est de Zelretch... Ce personnage a été plutôt complexe à écrire. Normalement, il est très différent de ce qu'il est dans ce chapitre. Dans sa vie quotidienne, il est la définition même d'un Troll. J'ai essayé de respecter cela tout en voulant expliquer la raison de son sérieux inhabituel dans ce chapitre. Il aura un certain rôle dans quelques chapitres, dans lequel il se comportera comme il est censé le faire dans le fandom.

Bien, je crois avoir fait le tour de ce que j'avais à dire. Si vous n'avez pas encore été lire mon autre chapitre de la semaine, je vous conseille d'aller le faire. Si vous l'avez déjà fait, je vous dit bon week-end et à la semaine prochaine !