Le froid. Voilà tout ce qu'il était capable de sentir. Rien d'autre. Uniquement la morsure cruelle du froid et ses effets. Les frissons avaient été les premiers à faire leur apparition, suivis rapidement de l'engourdissement de ses doigts. Son nez avait également commencé à le faire souffrir et les petits cheveux sur sa nuque ne cessaient de se dresser, entraînant malgré lui un sentimet de malaise et de peur en plus de sa condition. Malheureusement, la peur avait toujours eu don d'activer ses réflexes de sudation, ajoutant au froid environnant une couche d'humidité glacée collant à sa peau. Une fois le froid ayant atteint ses pieds, se fut rapide. Ses jambes furent secouées de tremblements incontrôlables, bien vite accompagnés de claquements de dents frénétiques. Le froid devint si insupportable qu'une simple caresse d'une mèche de cheveux glacés lui arracha un gémissement de douleur.

Enfin, après ce qui lui sembla être des heures, l'agitation dans ses membres se calma, son souffle se fit plus profond et ses dents ne s'entrechoquèrent plus que par intermittence. Au fond de lui et malgré son cerveau engourdi, il savait ce que cela signifiait. Il savait également qu'il avait tout intérêt à bouger. Cependant, la morsure du métal sur la peau sensible de ses poignets et de ses chevilles déjà trop malmenée par le froid se rappela à lui. A travers le brouillard de la fatigue, ses souvenirs essayaient de revenir à lui, pour lui donner une raison de lutter. Il tentait de comprendre pourquoi il était dans cette situation mais rien ne lui venait à l'esprit. Sa mémoire ne pouvait remonter qu'au moment où il rentrait chez lui après avoir passé la soirée chez quelqu'un. Une soirée bien agréable s'il se fiait à la douce chaleur qui tentait de s'installer au creux de son ventre à travers sa carapace polaire. Mais après ça, un vague choc à la tête peut-être et puis finalement, le froid. Juste le froid, constant, irrépressible et insatiable, comme si c'était la seule et unique constante composant sa réalité. Il avait l'impression de n'avoir connu que cette sensation et qu'il ne connaîtrait jamais qu'elle. Il savait pourtant au fond de lui que ce n'était pas le cas, qu'il avait vécu mille et une choses, seulement, le froid semblait dévorer tout ce qui le constituait, même ses souvenirs.

Décidant qu'il en avait assez d'avoir froid, il fut ravi de sentir l'engourdissement l'envahir. Un sursaut de conscience lui souffla qu'il ne devait absolument pas s'endormir, mais il n'avait plus la force de lutter. Il se laissa finalement tomber dans les bras accueillants et chaleureux de Morphée avec un petit sourire reconnaissant.

« Central à toutes les voitures, un corps vient d'être retrouvé près de l'ancienne distillerie. »

Le choc, la colère, les larmes. Le déni.

« Un corps ? Ça aurait un rapport avec Stiles ? »

Le sanglot étouffé d'un père ayant perdu son fils puis le regard dur d'un officier.

« Je suis désolé de vous l'apprendre, mais c'est bien le corps de Stiles Stilinski que nous venons de retrouver…. Froid… Hypothermie… Identification du corps…. Mort sans douleur… Chaînes… Coupable... »

Après un silence choqué, seul un cri résonne : celui d'un animal blessé, d'une bête enragée, hurlant à la mort. Le cri d'une âme perdant sa sœur.