Bonjour à toi Lecteur !
Voici ma toute première fiction, le tout premier écrit que je poste… Tu t'en doutes, je suis un peu angoissée à l'idée de laisser mon histoire sous ta critique acerbe :) Je te demande donc d'être indulgent et de m'aider à m'améliorer grâce à tes critiques positives ou négatives ! N'hésite pas à poser des questions, à laisser des reviews, à inviter tes amis ;)
Cette histoire a été imaginée il y a quelques temps déjà mais je suis assez lente dans mon processus d'écriture et je ne peux te promettre une publication régulière. J'essaierais tout de même de proposer un nouveau chapitre par mois, peut-être plus souvent si j'écris assez vite.
Bonne lecture à toi !
- Dipsy ! Une voix froide et sèche claqua dans l'air comme un coup de fouet, immédiatement suivi du "crac" caractéristique des elfes de maison.
- La maîtresse a demandé à voir Dipsy, Maîtresse Malfoy ?
- Ce repas est immangeable, je n'en veux plus. Rapporte-le dans la cuisine !
L'elfe jeta un regard discret vers l'assiette de sa maîtresse, elle n'en avait pas touché la moindre miette. Elle tira piteusement sur ses oreilles, cela faisait des semaines qu'elle lui cuisinait ses plats favoris et sa maîtresse daignait à peine y toucher.
- Dipsy est désolée Maîtresse Malfoy, désolée. La maîtresse souhaite-t-elle que Dipsy lui prépare autre chose ?
- Simplement une tasse de thé aux agrumes. lui répondit Narcissa sans même la regarder. Je serais dans le jardin d'hiver.
La très noble Narcissa se leva avec toute la grâce que ses maigres forces lui permettaient encore. Elle savait qu'elle mentait, que ce n'était pas le repas préparé par Dipsy qui était mauvais, mais tout ce qu'elle peinait à avaler avait le même goût de cendres. Depuis longtemps déjà, elle ne parvenait plus à manger convenablement et le sommeil lui-même la fuyait, malgré les potions qu'elle avalait régulièrement. Traversant le manoir désormais vide des Malfoy, elle ne put s'empêcher de frissonner. Tant d'horreurs avaient eu lieu en ces murs, mais le Manoir lui paraissait bien plus terrifiant maintenant qu'elle y était seule.
Plus rien n'avait vraiment d'importance depuis que Draco était parti. L'emprisonnement de Lucius avait déjà été une blessure des plus douloureuses pour Narcissa mais lorsque son fils lui avait annoncé son besoin de quitter l'Angleterre et de s'éloigner un peu de sa famille, elle avait été dévastée. Evidemment, elle n'en avait rien montré, elle ne comprenait que trop bien sa nécessité de quitter le pays, de fuir cette étiquette de Mangemort qui lui collerait à la peau pendant toute sa vie, d'abandonner ce lieu qui lui rappelait cruellement les erreurs des Malfoy. Même s'il l'aimait, Narcissa savait au fond d'elle que son fils lui en voulait, bien malgré lui, de n'avoir pas su réfréner Lucius. Elle ne l'avait donc pas retenu, pensant être assez forte pour surmonter sa peine. Cependant plus le temps passait, plus ses forces déclinaient. Elle savait que Draco ne reviendrait pas, il semblait plus heureux dans l'anonymat d'un pays étranger qu'il ne l'avait été auprès de sa famille. Et Narcissa ne pouvait lui en vouloir. Elle aurait aimé lui demander de rentrer, mais qui était-elle pour lui imposer ses désirs alors qu'elle avait été incapables de le soustraire aux idéaux néfastes de son père.
Et Lucius...il lui manquait plus que jamais. La peine à perpétuité dont il avait écopé l'éloignait d'elle à tout jamais. Elle se demandait parfois si sa mort n'aurait pas été plus simple à vivre que cet emprisonnement. Elle s'en voulait d'avoir de telles pensées mais le savoir à la fois si proche et pourtant inaccessible lui était insupportable; Malgré tous ses défauts, elle aimait profondément son mari, qui le lui rendait bien, et sa présence à ses côtés avait toujours été un roc sur lequel elle pouvait s'appuyer. Aujourd'hui, elle n'avait plus rien et elle se sentait perdre pied.
Elle s'installa dans son jardin d'hiver, complètement laissé à l'abandon. Elle n'avait plus l'envie de s'occuper de ses plantes qu'elle chérissait pourtant. Ses magnifiques rosier, qui faisaient sa fierté, n'étaient plus que d'épineux buissons qui avaient bien besoin d'être taillés et les mauvaises herbes régnaient désormais en reines dans ce royaume végétal d'où elles avaient longtemps étaient bannies.
Dipsy arriva peu après pour lui apporter le thé demandé ainsi que quelques gâteaux. Elle s'empara de la tasse brûlante mais ne toucha pas aux macarons déposés par l'elfe. Petite, ces pâtisseries étaient ses préférées et elle se rappela comment sa mère la réprimandait souvent, en lui assénant que la gourmandise n'était pas l'apanage d'une lady. Toutefois, malgré les années, Narcissa avait gardé ce doux penchant pour les macarons. Elle sourit vaguement en repensant à sa sœur Andromeda qui partageait toujours avec elle ses propres pâtisseries... avant d'éclater en sanglots.
Seule dans son jardin, la grande Narcissa Malfoy laissait échapper son chagrin et pleurait à gorge déployée son amour emprisonné et son fils perdu. D'autres regrets, plus anciens et sur lesquels elle n'avait jamais voulu se pencher, venaient alourdir son chagrin. Et les jours passaient ainsi, incroyablement similaires les uns aux autres quoique toujours plus douloureux que les précédents. Les larmes coulaient sans discontinuer sur les joues trop maigres de la lady, qui n'était plus que l'ombre d'elle-même. Malgré son éducation, elle ne parvenait plus à donner le change, son teint de porcelaine avait laissé place à une mine blafarde, soulignée de cernes noirâtres et son magnifique visage avait pris un aspect bien trop anguleux pour être encore considéré comme joli. Tous les glamours qu'elle se lançait ne parvenaient plus à cacher sa véritable apparence... par conséquent, elle ne sortait plus. Ainsi, personne ne pouvait assister à sa déchéance. Quand bien même, elle n'était plus la bienvenue dans le monde sorcier, elle qui avait dicté l'étiquette de toute l'aristocratie, elle ne pouvait même plus aller acheter une robe sans se faire insulter. Femme de Mangemort reconnu, elle était entrée en disgrâce de la société sorcière. Au début, elle marchait la tête haute, son masque de dédain solidement vissé mais au fur et à mesure des jours, celui s'y s'était fissuré et avait laissé voir sa peine. C'est pourquoi elle se cachait du monde entier.
Avant le départ de son fils, elle avait un moment pensé à quitter l'Angleterre pour s'installer quelque part en Europe, où Draco et elle pourraient bénéficier d'une certaine tranquillité. Mais lorsque ce dernier lui avait faire part de son besoin d'émancipation, plus rien n'avait eu d'importance et elle était restée seule dans ce grand Manoir.
Ravalant ses derniers sanglots, Narcissa se releva et réajusta les plis de sa robe désormais trop large. Elle savait qu'elle ne pouvait pas continuer ainsi, mais que pouvait-elle faire d'autre ? En peu de temps, elle avait tout perdu et n'avait plus personne sur qui se reposer. Les seuls moments qui lui mettaient du baume au cœur c'était lorsqu'elle écrivait à son fils ou son époux. Elle veillait, bien sûr, à ne rien leur dire de son état. Après tout, elle n'était que triste et amaigrie, pas de quoi s'inquiéter réellement. Mais elle savait parfaitement que cela alarmerait son fils et son époux, et chacun avait ses propres problèmes sans qu'elle ait besoin de rajouter les siens;
Reprenant le chemin du manoir, elle se rendit dans son boudoir et s'assit près de la cheminée un livre dans les mains. Elle resta là plusieurs heures, les yeux perdus dans les flammes. Quelques fois des larmes coulaient sur ses jours mais la plupart du temps, ses yeux étaient sans expression, complètement vides de toute âme. Les elfes étaient passés plusieurs fois alimenter le feu ou déposer une théière chaude et de sandwiches, mais elle ne semblait même pas s'être aperçue de leur présence. Quand la nuit tomba, elle était toujours là, le regard perdu elle seule savait où.
Rassemblant tout son courage, la petite Dipsy interrompit la solitude de sa maîtresse :
- Dipsy a préparé le plat préféré de Maîtresse Malfoy, du magret de canard aux airelles, Maîtresse. La Maîtresse fera-t-elle à Dipsy l'honneur de goûter son plat ?
La petite elfe se tordait les mains en prononçant sa tirade, jamais elle ne se serait permis de déranger sa maîtresse sans être appelée, mais elle s'inquiétait pour elle. Cela faisait des semaines qu'elle la voyait dépérir et qu'elle l'entendait pleurer jour et nuit, mais le pire c'était ces longues heures où sa maîtresse ne faisait absolument rien. Elle était figée, ne prononçait pas un seul mot et se contentait de fixer le vide. Dipsy était inquiète, elle aimait sa maîtresse et avait peur pour sa vie.
- Je ne crois pas t'avoir demandé de préparer quoi que ce soit. grinça la voix fatiguée de Narcissa. Qu'importe, je n'ai pas faim. Apporte deux fioles de Potion de Sommeil dans ma chambre !
La petite elfe baissa la tête et disparut. Narcissa se massa les tempes, après une nuit de sommeil elle irait certainement mieux mais pour dormir un peu elle allait devoir augmenter les doses de sa potion.
Une fois dans sa chambre, elle entreprit de se déshabiller et prit un habit de nuit au hasard. Elle se démaquilla d'un sort et s'observa dans le miroir. Merlin qu'elle avait vieilli ! Elle peinait à se reconnaître elle-même tant elle avait changé. Elle devait se reprendre, que penserait Lucius s'il la voyait ainsi. À cette pensée son cœur se serra, cela faisait des mois qu'elle n'était pas allée le voir mais elle ne voulait pas qu'il la voit comme elle était à présent. Ravalant les larmes qui menaçaient de couler, Narcissa essaya de rassembler ses idées. Il fallait qu'elle se reprenne, pour son mari, pour son fils. Demain serait un autre jour, et demain elle irait mieux, recommencerait à manger et s'occuperait enfin de son jardin.
Elle faisait les mêmes projets soirs après soirs, se promettant de meilleurs lendemains mais cela parvenait toujours à la calmer et lui laissait l'impression d'être encore maîtresse de sa propre vie. Tranquillisée, elle attrapa la première fiole de Potion de Sommeil qu'elle avala d'une seule traite. C'est à peine si cela l'étourdit, elle en avait peut-être abusé ces dernières semaines, il faudrait également qu'elle remédie à cela se dit-elle en attrapant la seconde fiole. Et elle la vida tout aussi facilement que la précédente, un léger vertige s'empara d'elle à ce moment-là. Au moins, je pourrais dormir un peu, se dit-elle. Cependant, elle craignait les cauchemars qui la tourmentaient pendant les rares heures que le sommeil lui concédait. Ils étaient à chaque fois similaires, elle perdait Lucius ou Draco, voire, quelques fois, les deux. Mais le réveil était encore plus cruel puisqu'elle se rendait compte que ces cauchemars n'étaient pas vraiment éloignés de la réalité, alors le sommeil la fuyait tout à fait et elle passait le reste de la nuit à pleurer dans le lit conjugal désormais vide de son époux. Mais cela ne devait pas arriver cette nuit, c'est pourquoi Narcissa alla attraper une fiole de Potion de Sommeil-sans-rêves dans sa salle de bains et la vida complè tête lui tourna immédiatement et de manière violente. Elle fut prise d'une violente nausée et dut se retenir aux murs de son cabinet de toilette pour ne pas tomber. Elle tenta de rejoindre son lit, mais n'en eut pas la force et elle s'écroula sur le sol de sa chambre avec pour dernière pensée : la joie de passer enfin une nuit reposante.
Dipsy était inquiète, il était plus de 15 heures et sa maîtresse ne s'était pas encore levée. Même si maîtresse Narcissa passait plus de temps dans sa chambre depuis que Maître Draco était parti, il n'était pas habituel qu'elle y reste aussi longtemps. La petite elfe avait depuis longtemps accomplie toutes ses tâches journalières et cette attente l'angoissait. Elle entreprit de préparer les gâteaux préférés sa maîtresse pour s'occuper et faire en sorte que le temps passe plus vite, mais le chuchotement incessant des autres elfes dans la cuisine se faisait de plus en oppressant, si bien que le plus âgé des elfes finit par imposer une réunion d'urgence.
Chacun des elfes y manifesta son inquiétude pour leur maîtresse. Ils voyaient bien qu'elle n'était plus la même et chacun pouvait l'entendre pleurer jour après jour. Il fut décidé que Dipsy, qui était l'elfe personnel de Narcissa, irait la voir si elle n'était pas levée avant la tombée de la nuit. C'était là une bien grande désobéissance et tous se punirent de manière diverse pour oser prendre une telle initiative.
Quand 18h sonna, Dipsy transplana dans la chambre de sa maîtresse toute tremblante de sa propre audace. Elle ne la vit tout d'abord pas, le grand lit était vide et les draps n'étaient même pas défaits. Elle l'appela plusieurs fois, mais n'obtint aucune réponse. Une sourde angoisse s'empara d'elle, sa maîtresse avait-elle disparu, avait-elle été enlevée ? C'est là qu'elle la vit, allongée sur le sol encore en tenue de nuit, et son cœur d'elfe se brisa, sa maîtresse était morte.
Elle retourna immédiatement dans la cuisine pour alerter Drarry, le vieil elfe en charge de la maisonnée Malfoy, de grosses larmes sur ses joues :
- Maî...Maî...Maîtresse… mo… mor… morte… ch… chambre… fut tout ce qu'elle parvint à articuler avant que de longs cris remplacent ces paroles.
Cependant, Drarry semblait avoir perçu la gravité de la situation et se rendit immédiatement dans la chambre de sa maîtresse. Il vit Narcissa allongée sur le sol, plus livide et plus maigre que jamais. Il s'approcha doucement d'elle et posa sa main sur son bras en le secouant doucement, mais la lady ne réagit pas. Il recommença plus fortement, mais il n'y eut toujours aucune réaction. Un désespoir immense s'empara de lui, et si Dipsy avait raison et que la Maîtresse n'était plus ?
En dernier recours, il posa sa petite main sous le nez de Narcissa. Après de longs instants dans cette position, il lui sembla sentir un léger souffle sur ses doigts ridés, mais il n'en était pas sûr, tant ce souffle était faible. Il prit alors la décision la plus incroyable de toute sa vie d'elfe soumis, il attrapa la main de sa maîtresse et transplana directement à Sainte-Mangouste.
