Une nouvelle petite fiction que je commence à peine mais qui me tenait à cœur.

Résumé complet :

Dix-neuf ans après la mort de Voldemort, la nouvelle génération arrive à Poudlard.

Albus Severus Potter, personnage fantasque et hypersensible, rêve de devenir écrivain. Il souffre des moqueries des autres, et pour les rendre supportables, s'invente un univers dont il est le héros, et dans lequel il gagne toujours.

Scorpius Hyperion Malfoy, ambitieux et cynique, souffre du poids que son père met sur ses épaules : il doit reconquérir la gloire et la richesse perdues des Malfoy. Alors que sa mère Astoria est gravement malade, il se lie d'amitié malgré son père avec Albus, et décide de l'aider à ne plus se faire marcher sur les pieds. Pour cela, ils inventent un jeu « Cap ou pas Cap », le but étant de jouer le plus de tours aux élèves qui osent s'en prendre à l'écrivain en herbe.

Aigri par la maladie de sa femme, Draco décide de tout faire pour faire rentrer son fils dans le droit chemin. Il se décide à entrer en contact avec Harry, qui essaie de trouver un sens à sa vie depuis la bataille finale, mais se déconnecte de plus en plus de la réalité. Les deux hommes vont sombrer dans une relation tumultueuse et ambigüe, qui va devenir pour eux une véritable thérapie.

Une fiction en 9 chapitres basée sur le film Jeux d' Enfants et qui mettra en scène deux couples en particulier : Scorpius/Albus et Harry/Draco.

Chapitre 1 : la main qui parle

Albus eut l'impression de tomber du lit lorsque la porte du compartiment se referma d'un coup sec. Levant la plume du carnet sur lequel il griffonnait fiévreusement, il se redressa vivement, comme s'il avait été surpris à faire quelque chose de honteux.

Un sourire moqueur accueillit ses yeux verts qui semblaient émerger d'un autre monde. Ils se fixèrent dessus, comme un ancrage à la réalité.

- Alors, il parait qu'il y a un Potter, dans le compartiment ? demanda l'apparition avec un ton méprisant.

Pas de réponse. L'étrangeté aux yeux verts et aux cheveux noirs en bataille cachant partiellement la constellation de tâches de rousseurs sur ses joues ne semble pas appartenir au même univers que lui. Particulièrement énervé par ce manque d'attention, Scorpius décida de se venger.

Comme dans un rêve, la banquette s'enfonça alors que l'apparition s'asseyait à ses côtés ; Albus se demanda si elle avait envie de communiquer. Il sentit quelque chose essayer de lui arracher son carnet. Par réflexe, Albus tendit la main qui tenait la plume et agrippa son ouvrage, plantant par la même occasion la plume dans la main étrangère.

- Aï ! Mais tu es fou, ou quoi ?! Mon père sera au courant que tu as essayé de me blesser ! Tu seras renvoyé avant d'avoir pu passer tes BUSES, promit l'autre.

Al saisit la main parlante. Elle était tout au plus un peu noircie par l'encre. Il prit une gomme magique absorbeuse d'encre dans une poche tâchée de sa chemise et entreprit de réparer les dégâts. Déstabilisé, Scorpius le laissa faire. Puis le garçon reprit la plume et commença à écrire. Poussé par la curiosité, l'autre commença à lire par-dessus son épaule.

« Comment Al le Sévère terrassa la main qui parle »

Stupéfait, il décida que c'était trop bizarre pour lui. Un ouragan de cheveux blonds s'enfuit du compartiment. Al regarda un unique cheveu blond décoloré tomber doucement sur la page sur laquelle il écrivait. Pensif, il reprit son histoire.

« La main qui parle a les cheveux blonds »

- Alors, Al, tu as pas encore mis ton uniforme ?

La voix de son frère le tira de sa rêverie ; il se dépêcha de ranger son carnet avant que l'autre ne se moque de lui.

- Dépêche-toi, il faut que tu sois prêt pour ta répartition, fit l'autre avec le ton qu'on utiliserait pour quelqu'un de trop simple pour comprendre des phrases complexes.

Mais un être aussi terre-à-terre n'intéressait pas Al le Sévère. Un uniforme à sa taille lui sauta au visage. Il se dégagea de son agresseur, mais l'objet semblait soudain inanimé.

- Tu ne veux quand même pas que je t'aide à le mettre ? demanda James d'un air incertain.

Un signe négatif de la tête plus loin, James s'enfuit dans les couloirs, fier d'avoir accompli son devoir, encore plus de pouvoir rejoindre ses amis. Il avait promis à sa mère de veiller sur son frère et de l'aider à s'intégrer. Son image de gars le plus cool de Gryffondor allait en souffrir, mais la famille passe avant tout.

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Un gamin mal coiffé avec un uniforme mal ajusté et dégoulinant trébucha, trempé, sur le tabouret sur lequel il aurait dû s'asseoir. Le professeur Londubat l'aida à se rétablir et sécha ses vêtements d'un coup de baguette. Encore un qui avait dû tomber dans le lac.

- Serpentard !

James regarda, médusé, son petit frère aller s'asseoir à la table de gauche. Des bruissements l'encerclèrent : il avait longuement parlé à ses amis de son jeune frère à qui il faudrait faire une place au sein de la maison Gryffondor, qu'il faudrait accueillir et protéger. Et le nouveau Gryffondor en question était assis à la table des Serpentards.

Un rugissement plus loin, l'ordre fut rétabli à la table des Lions. Debout face à ses amis, James n'entendit pas l'injonction de Neville qui lui demandait de s'asseoir afin que la répartition puisse continuer. Il fallut que Ted Lupin le prenne par la manche pour qu'il se souvienne de ce qu'on attendait de lui.

Pendant ce temps, Al s'absorbait dans la sculpture du tas de purée dans son assiette. James apprécia l'espace d'un instant que son frère ne lui impose pas cette attitude ridicule à sa propre table. Au moins n'aurait-il pas à nier toute parenté avec le garçon. Qu'il mette la honte aux Serpentards, ça lui fera des vacances.

Mais le blond à côté de lui approcha tout doucement avec du poivre en grain au creux de sa main.

Non ! Quelqu'un allait s'en prendre à son petit frère ! Il était le seul qui pouvait empoisonner ses plats. Il se leva à demi, prêt à intervenir. Mais le blond (le fils Malfoy, se rappela-t-il) se contenta de prendre deux grains de poivre pour faire des yeux au personnage en purée de son frère, puis y ajouta une bouche grimaçante.

Le géant de purée avait encore frappé. Et ce n'était même pas à sa table. Il valait mieux qu'il soit à Serpentard, essaya de se convaincre James. Même si cette annonce lui avait laissé un gout métallique dans la bouche.

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- Pourquoi notre géant de purée a cette expression bizarre sur le visage ? demanda Albus à son voisin de table.

- Parce qu'il a compris que la vie c'est nul, répondit l'autre.

- Alors pourquoi n'essaye-t-il pas de la rendre belle ?

Le blond le regarda avec incompréhension.

- Ne t'inquiète pas, je te montrerai, promis Al.

- Au fait, moi c'est Scorpius Malfoy, tenta le garçon avec une voix qui se voulait engageante.

- Ca me fait un peu penser à bousier, je ne sais pas pourquoi.

- Hein ?!

- Scorpius.

- Quoi ?

- Bousier.

- QU'est-ce que tu racontes ?

- Laisse tomber.

Perplexe, Scorpius décida de laisser couler. Le garçon représentait précisément toutes ces personnes que son père considérait comme bizarres, et donc dangereuse pou la réputation des Malfoy. Il songea à s'en éloigner le plus possible avant d'être contaminé. Mais quelque chose le retenait. Il regarda le visage d'Albus Potter ; un morceau de salade était resté collé au coin de sa bouche.

La main qui parle et qui a les cheveux blonds se rapprocha de la constellation de tâches de rousseurs. Il avait presque peur de se brûler à son contact. Il attrapa délicatement le morceau vert et le décolla lentement. Un de ses doigts effleura la peau satinée. Il s'essuya la main, ennuyé.

- Merci.

Un seul mot compréhensible dans la bouche de ce visage en orbite permanente. Scorpius quitta la table, de plus en plus déstabilisé par son nouveau compagnon de dortoir.

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Les quatre garçons de première année de Serpentard prirent possession de leurs quartiers. Les murs du dortoir étaient tellement recouverts de tentures vertes qu'ils en paraissaient végétaux. Scorpius regarda les deux autres : deux abrutis de sangs-mêlés. Serpentard n'était vraiment plus la maison prestigieuse qu'elle avait été.

Albus laissait glisser son doigt sur les tentures de velours vert. Puis il s'assit tranquillement sur le lit le plus proche, sur lequel Scorpius avait déjà posé ses affaires, et sortit de sa poche son fameux carnet dans lequel il commença à griffonner.

Au lieu de le chasser, Scorpius s'assit à ses côtés et lut par-dessus son épaule « le mur vivant poussa tellement pendant la nuit qu'il envahit les lits à baldaquin, étouffant les élèves qui dormaient dedans. »

Scorpius ne put s'empêcher de pouffer de rire. La vision des sangs-mêlés en train d'étouffer dans des replis de velours centenaires était pour le moins dérisoire. Il donnerait n'importe quoi pour pouvoir le voir de ses propres yeux.

Les yeux verts détaillèrent de nouveaux la bouche du garçon, qui se plissait dangereusement, tentant de retenir ses rires. Un coup d'œil aux yeux bleus qui la surplombaient, pétillants, au coin desquels perlaient deux petites larmes, fit naître le doute dans l'esprit d'Albus. Le garçon se moquait-il de lui ?

- Ecris la suite, s'il te plait, intervint Scorpius. J'aime beaucoup le début.

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Un hibou grand duc à l'air aussi sérieux qu'un banquier apporta une missive encore plus sérieuse au garçon le moins sérieux de la table des sérieux Serpentards. Scorpius hurlait presque de rire en lisant l'histoire écrite par Albus la veille sur son petit carnet. L'autre avait juste l'air paisible et buvait pensivement son jus de citrouille.

Mais la lecture de la missive fut moins drôle que celle du carnet. Scorpius cessa aussitôt ses activités peu convenables et s'affaissa dans son siège.

Une main qui tenait sa fourchette comme une plume se saisit du parchemin. Parcourant rapidement le mot des yeux, Albus fronça les sourcils.

« Cher Scorpius,

Jusqu'à présent, je n'ai pas à me plaindre de toi. Tu as intégré comme je m'y attendais la maison de tes ancêtres, il ne te reste plus qu'à me montrer que tu en es digne. N'oublie pas que j'attends des notes excellentes qui te permettront plus tard d'entrer au ministère. Fais attention à tes fréquentations, voici la liste des familles convenables. »

Albus la parcourut du regard. Bien sûr, les Potter n'y figuraient pas. Il continua sa lecture, en se demandant ce que Scorpius avait fait au destin pour naître dans une telle famille.

« Ta mère est encore à l'hôpital, les médecins disent qu'elle est trop faible pour rentrer à la maison. Je viendrais te chercher samedi pour aller la voir, à condition que tu ne la fatigues pas, en attendant, je ne veux pas avoir de plaintes de l'école, conduis-toi en digne héritier de la famille Malfoy.

J'attends un compte-rendu complet de ce qu'il se passe à l'école, et bien entendu des personnes que tu fréquentes, je te donnerai ou non mon autorisation de les fréquenter, suivant les circonstances.

Ton père,

D. Malfoy »

Un sentiment étrange poussa Al à se réveiller presque totalement pour une fois ; il se redressa sur sa chaise et regarda le garçon blond affaissé par les nouvelles peu encourageantes. Avait-il quelqu'un sur qui compter ? se demanda Al. Lui, il avait sa famille, même si elle le considérait comme un extraterrestre, elle l'aimait quand même. Scorpius ne semblait servir qu'à transmettre le nom.

La compassion.

Il venait de réussir à mettre un nom sur ce qu'il ressentait. Que faire dans ces cas-là ? Il devait faire quelque chose, mais il n'avait jamais essayé de sortir de sa coquille et de s'intéresser aux autres. Prit d'une subite inspiration, il prit son petit carnet d'écriture, délaissé sur la table, et le tendit à son nouveau camarade, en même temps que la lettre.

- Cap ou pas Cap de renvoyer la lettre à l'expéditeur ?

Une lueur d'intérêt naquit dans le regard du blond. Il se saisit du carnet d'un geste décidé.

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