Bonjour tout le monde !

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Ceci est le premier OS d'un projet en cours qui s'étalera jusqu'à ce que je n'ai plus d'idées. J'ai toujours aimé les réécritures de contes, j'ai toujours aimé vouloir en écrire, et pourquoi pas commencer avec des pairings HP ?

J'écris toujours mes autres fictions évidemment. Mais je prends d'avantage mon temps (je travaille 40h/semaine, il est parfois difficile de me dégager des soirées pour écrire ou parfois difficile d'avoir simplement de l'énergie qui reste ^^).

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Ici sera mon petit recueil d'OS concernant ces réécritures.
Chapitre 1 : Cendrillon - couple Draco x Hermione.
Chapitre 2 : Raiponce - couple Ginny x Luna.

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Voici le premier : réécriture de Cendrillon avec le pairing Draco x Hermione (on ne change pas une équipe qui gagne).
Promis, ce ne sera pas le seul pairing. En tête, j'ai déjà du Wolfstar, du Lunny, du Drastoria, et d'autres super couples sur lesquels j'ai toujours eu envie d'écrire secrètement parce que oui, je fais des infidélités au Dramione.

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Résumé : Métamorphosée sous les traits d'une inconnue, voilà Hermione partie couvrir incognito les fiançailles de Draco Malfoy afin de pouvoir sauver son journal. Un acte désespéré qui la conduit au centre même de l'intrigue familiale. Mais toutes ces paillettes et ces apparences, ce n'est pas elle. Est-ce que cette soirée a quelque chose de réel ?

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Enjoy !


ONE-SHOT N°1 :

Une aventure de minuit.


Haut perchée sur son tabouret, Hermione ne finit plus d'observer sa silhouette engoncée dans une robe luxueuse à des lieux de tout ce qu'elle a pu imaginer porter un jour. Sa poitrine est comprimée dans un bustier qui brille de mille feu et sous lequel elle peut sentir son cœur battre à une vitesse folle. Dans quelle situation s'était-elle encore fourrée par amour de son métier ?

Les diamants et autres paillettes étourdissantes qui ornent sa robe lui donnent le tournis. Elle admettrait bien tout haut mille fois la beauté de cette robe, mais peut-être pas sur elle. Cette jolie robe, ce n'est tout simplement pas elle. L'angoisse commence doucement à monter.

Elle se retourne brusquement vers son amie, l'artiste encore à l'œuvre.

- Cho, es-tu vraiment sûre que je passerai inaperçue parmi eux ?

- Affirmative. Tu brilles, Hermione. Personne ne s'attardera au-delà de ça, je t'assure. Ces gens-là ne s'arrêtent qu'aux apparences. Plus tu en montreras, plus ils penseront que tu fais partie de leur monde. Hum..., s'arrête-elle pour regarder la tenue de la tête aux pieds. Non, je ne ferai aucune autres modifications. La robe est parfaite, à la fois assez sobre –sobre, sobre, pensa Hermione en réprimant un rire nerveux– et assez pétillante pour te fondre aisément dans la masse. Tu y seras magnifique.

- Je me sens vraiment mal à l'aise, ça ne me ressemble pas... soupire la concernée. J'étouffe là-dedans.

Cho lui adresse un sourire compatissant.

- C'est bon signe. Si tu es mal à l'aise, alors nous avons réussi notre pari. Moins tu te ressembleras, moins tu auras de chances d'être découverte !

- C'est vrai, retentit la voix de Ginny dans le fond de la pièce.

La rouquine, complètement obnubilée par le téléphone portable que lui a récemment offert Harry, relève la tête pour lui sourire de toutes ses dents. Les membres sens-dessus sens-dessous dans un fauteuil, elle apparaît bien plus jeune que sa trentaine qui approche. Son jean troué, le smartphone dans ses mains, les cheveux savamment ébouriffés, la jeune femme a tout d'une moldue dernière génération et rien d'une sorcière maman de deux enfants déjà.

C'est ce qu'elle adore chez son amie : elle a gardé son esprit vif de leur adolescence. L'idée vient d'elle, d'ailleurs, de ses défis insoupçonnables qui lui traversent tout le temps la tête. Que dire, le parent raisonnable du couple Potter n'est décidément pas cette dernière...

- Il suffira juste de faire attention à ton allure.

- Mon allure ?

- Ne te méprends pas, Mione, tu as une très chouette allure et je t'adore. Mais ces gens-là sont totalement dans la démesure. Et voilà que je me tiens droit, et voilà que je regarde de haut, et voilà que je parle d'un ton leeeent et pincé...

- Ce sont des stéréotypes, ça, Ginny, rigole Hermione. Enfin... j'espère, rectifie-t-elle en apercevant le regard sceptique de Cho qui a l'habitude d'accompagner son mentor dans ces soirées.

Mais Cho n'ajoute rien. Sûrement pour éviter d'accroitre davantage son stress et Hermione l'en remercie intérieurement. Donner tout ce qu'elle peut pour pondre l'article du siècle et sauver son journal ? Elle en est capable, même si cela veut dire s'incruster aux fiançailles de l'héritier Malfoy. Se passer pour ce qu'elle n'est pas dans la foulée ? Ça, c'est autre chose. Ce n'est pas innée chez elle de jouer la comédie et de prétendre.

Hermione est du genre vraie. « Entière » est le mot qui la qualifie le mieux selon elle. Pourtant, ce n'est jamais facile d'être d'une franchise à tout épreuve et, si elle n'hésite jamais à dire ce qu'elle pense vraiment et à a agir en conséquences, les autres en revanche hésitent à rester bien longtemps dans son entourage. L'expression « à prendre ou à laisser » a toujours été sa doctrine.

Cho finit par la faire descendre du tabouret pour l'entraîner vers la coiffeuse afin d'y lisser exceptionnellement ses cheveux. Son amie opte même pour un chignon simple, mais élégant, duquel aucune mèche rebelle ne dépasse. Autant dire que son crâne est plus tiré à quatre épingles qu'elle-même. Dépaysant, se dit-elle devant son reflet.

Toutes les apparences qu'elle a enfilées ont beau être jolies de loin, à l'intérieur c'est une vraie torture pour une femme de son tempérament.

- Reste tout de même sur tes gardes : garde les épaules et le menton relevés, dit Cho comme pour faire écho aux paroles Ginny. Ton regard les intimidera suffisamment pour ne pas être trop approchée.

- Mione, wow, souffle une Ginny admirative qui s'est rapprochée entre temps. Tu ressembles à l'une de ces célébrités inaccessibles que l'on voit tout le temps dans les médias. Tu t'en sortiras les doigts dans le nez, tu verras.

- Je n'arrive pas à croire que je t'ai écoutée...

Elles rigolent ensemble, un peu nerveuses. Hermione sait que ses amies ont beau ne pas venir à la réception de ce soir, elles vivent quand même la situation à travers elle. Trois mois. Elles se préparent pour cette occasion depuis trois mois.

Ginny a émis et travaillé l'idée pour sauver son journal, puis l'a soutenue tout le long des étapes traversées. Grâce à sa place auprès d'un couturier côté, Cho a réussi à lui dégoter une invitation dérobée, une robe et quelques cours de bonnes manières. Elles lui ont même toute deux prêtée de l'argent pour maintenir à flot son entreprise en attendant l'article fatidique –détail que l'ancienne Gryffondor a d'ailleurs toujours du mal à avaler.

De vraies bonnes fées. Hermione n'a plus qu'à faire honneur à leur soutien inconditionnel.

Pour l'instant, elle n'a toujours rien fait. Son rôle ne commencera que dans quelques heures, et « il n'y a plus qu'à », comme on dit.

- Et la dernière touche...

La jeune femme penchée sur son visage continue de la pouponner à l'aide de ses pinceaux, plus douée avec ses mains que sa baguette magique en la matière. Un petit rouge à lèvres pâle sur la bouche et Cho termine en posant avec précision un masque de bal délicat sur ses yeux, d'un rose brodé de fils d'argent qui se marie à sa tenue.

Une merveille et une aide précieuse pour cacher ses traits toujours malheureusement reconnaissables à ses yeux. Avec ce dernier, Hermione se sent mille fois plus courageuse et sait qu'elle pourra mieux passer inaperçue. Jouer un rôle à l'abri des regards est nettement plus facile que d'avancer toute nue dans une pièce sur-éclairée.

- Parfaite, s'écrit Cho et Ginny.

- Tu vas tout déchirer ! s'excite Ginny en ayant envie de tout toucher, de la coiffure à sa robe mais gardant ses mains à distance respectable.

- Ginny, rit Hermione. Ceci dit, vous êtes géniales... Sans vous... Oh la la, je n'ose pas y penser... Juste, merci infiniment !

- Hermione ! Tu as une exclusivité incroyable ! Et tu es habillée comme une princesse ! s'exclame Ginny. Ne nous remercies pas, profite tout simplement. Raconte-nous tout ensuite. Amuse-toi au moins pour moi qui adorerait crâner au milieu de ces abrutis. Promet-moi que tu fermeras quelques clapets là où tu iras. Il y a un cerveau derrière tout ces diamants, montre-le.

La rouquine fait la moue et l'enlace tout doucement, faisant attention à ne pas mettre sa tenue en vrac.

- Je suis émue et fière comme une maman poule. Tu vas me manquer !

- Je ne vais nulle part, ce n'est qu'une soirée !

Impossible de ne pas compter sur Ginny pour alléger son humeur, ceci dit. Plus en retenue, Cho lui adresse un sourire doux et pose une main sur son épaule. Son regard est tout aussi éloquent que Ginny, peut-être même plus lorsqu'elle admire son travail terminé. Sa première tenue en solo, loin des conseils de son tuteur.

- Tu as bien ton magnétophone, n'est-ce pas ? demande l'ancienne Serdaigle.

- Oui, répond Hermione en portant une main à son pendentif où le sortilège de métamorphose est à l'œuvre de la parure. Tout est prêt. Je suis prête.


Rien que de regarder le Manoir richement éclairé et les invités qui s'avancent sur le sentier menant à l'entrée, la jeune femme a la nausée. L'envie de faire demi-tour est alléchante.

L'allée est imposante, si ce n'est pas par ces hauts arbustes dont l'ombre dessinent de longs bras de branches sur le sol, elle l'est par ses jets d'eau et ses fontaines où de petits lutins aimant pertinemment le luxe y prennent un bain. Son portail où les calèches dirigées par la magie s'arrêtent est tout aussi impressionnant.

Hermione progresse doucement, tenant d'une main tremblante la longueur de sa robe sirène. La jeune femme cherche à contrôler au mieux sa respiration dont elle a totalement perdu le contrôle. Elle est si nerveuse que la brise automnale ne l'effleure qu'à peine.

Ses pas suivent machinalement celui d'un couple à première vue richissime et, derrière elle, le même genre d'invités suit. Ils se ressemblent tous à ses yeux. Des costumes élégants pour ces messieurs, accompagné de hauts de forme tout droit sortis d'une autre époque et de ses propres romans à l'eau de rose. Pour ses mesdames, des robes bien plus éclatantes et osées que la sienne et qui tranchent avec leurs partenaires masculins. Toutes les couleurs sont les bienvenues et certaines femmes ont même revêtu quelques originalités bien pensées.

Malgré ses beaux habits, Hermione a toujours l'impression d'être cette petite fille de classe moyenne moquée pour l'origine de ses parents. Elle sent bien qu'elle n'a rien à faire là et prendre les traits du nom marqué sur son invitation lui semble être un défi de taille. Aujourd'hui de par son métier, elle est un loup dans une bergerie, et pourtant, elle a pertinemment conscience d'être une brebis lâchée au beau milieu d'une meute de loup...

Ce qui l'intimide surtout est de réaliser que les invités ont bel et bien tous ce port altier dénoncé par Ginny sans exception. Leurs lèvres affichent même ce sourire complètement factice tout droit sortis des stéréotypes.

Si l'un d'eux réalise qu'une journaliste déambule dans cette réception, ce serait un scandale.

Si l'un deux réalise qu'une journaliste répondant au nom d'Hermione Granger, une « sang-impure » comme certains aiment encore le répéter, ce serait un cataclysme.

Allez. Ce n'est que pour un soir. C'est pour toi, pour ton journal, murmure-t-elle pour se donner de la force. Tu peux le faire.

Le Manoir est non seulement bien illuminé pour le mettre en valeur, il est également bien gardé par des sorciers en robes sombres dont la baguette est formellement mise en évidence. Leur rigidité et leurs regards acérés montrent bien qu'ils ne sont pas là pour plaisanter ; La sécurité engagée pour la soirée est vigilante et nombreuse. D'un coup d'œil, Hermione compte déjà cinq gardes camouflés dans les ombres de l'allée.

Discrètement, elle met en route son magnétophone. Son instinct lui souffle qu'il ne faut surtout pas en perdre une miette.

- Votre invitation, madame, demande le maître de soirée quand elle arrive à la porte.

L'homme a l'air ennuyé, mais ce qui retient l'attention de la jeune femme sont les deux gardes supplémentaires flanqués derrière lui de chaque côté de l'entrée.

Hermione inspire profondément. Suivant le conseil de Ginny, elle relève le buste sous leurs regards inquisiteurs et esquisse un sourire hautain. Elle ne répond pas au valet même si son arrogance jouée lui coûte et se contente de saisir la missive empruntée afin de la présenter.

Le sortilège lancée au parchemin pour valider son authenticité semble durer une éternité. Une éternité durant laquelle les deux rustres ne la lâchent pas des yeux. Il ne transparaît d'eux aucune émotion et Hermione doit se faire violence pour ne pas tortiller ses doigts devant leur stature imposante. La jeune femme rentre au mieux dans la peau d'une aristocrate excédée et lève les yeux au ciel pour signaler son impatience.

- Elina Matuccelli, c'est bien cela ?

- Si, répond l'ancienne Gryffondor avec assurance et un accent italien parfait. Puis-je maintenant ?

- L'invitation compte deux noms supplémentaires et vous êtes seule... Pourrais-je avoir la raison de l'absence ou du retard de Sir Elio et Donatella Matucceli je vous prie ?

- Navrée de vous apprendre que ma mère se porte pâle et que mon père est à son chevet. Toutefois, il fallait bien un membre de notre famille à cet événement important, n'est-ce pas ? Dois-je vous rappeler combien Matuccelli est un nom très respecté dans la mafia Italiana ?

Le coup de bluff semble porter ses fruits. Il faut dire qu'Hermione ne reconnaît pas sa propre voix autoritaire et l'effet que celle-ci produit.

- Bien sûr. Je suis désolé pour la légère attente, mademoiselle Elina.

- Matuccelli. Mademoiselle Matuccelli pour vous, monsieur.

- Mademoiselle Matucceli, s'incline-t-il pour marquer son respect. Mes hommages à vous et votre famille, entrez.

Elle souffle une fois à bonne distance du cerbère qui garde le perron et suit la cacophonie environnante qui l'entraîne jusqu'au salon. Il s'y presse une population encore plus dense qu'elle ne l'imaginait, où règne tout âge, toute nationalité, mais certainement pas tout milieu.

La jeune femme est soulagée que ce soit un bal masqué. Elle peut à son aise observer la foule derrière son propre masque et se laisser un peu aller en prenant une coupe de champagne pétillant. Une seule pensée règne néanmoins : cette soirée va être longue, très longue. Le clou du spectacle n'a pas l'air d'être déjà entré en scène à en croire les murmures dans la pièce. Aucun des Malfoy n'est encore présent. Et sans eux, aucune trace de cette fiancée mystère non plus.

Pas grand-chose pour monter son article en soit, même s'il y a du beau monde et qu'elle reconnaît quelques noms regroupés ensemble. Des Mangemorts graciés et même ayant fait de la prison, évidemment... Les Parkinson, les Greengrass, les Nott, les Zabini. Mais d'autres aussi, des célébrités françaises et américaines dont elle n'avait jamais eu vent de leurs pouvoirs magiques osent relever leurs masques pour s'afficher ouvertement. Certaines personnes semblent même se vanter d'être diplômés de Mahoutokoro et de Uagadou, ce qui ne paraît pas être au goût des Européens ceci-dit.

A observer la foule, Hermione fait bien un malheureux constat qui lui coupe le souffle : En 2010, les Sangs-purs sont encore partout.

Elle parcoure en de petits pas la pièce et l'analyse sous tous ses angles. Le buffet n'est pas encore monté. Les tables aux nappes immaculées trônent seules et dégarnies sur le côté des murs, mais l'alcool circule déjà à libre-flot. Des elfes de petites statures, mais habillés –au moins certains choses semblent avoir évoluées..., courent ci et là selon les caprices des invités.

Sirotant lentement son verre, Hermione soupire. Ah, au bord de la faillite, on est prêt à s'arracher l'exclusivité d'une news people, même quand notre journal n'est pas portée sur l'affaire...

Elle avait rechigné quand Ginny lui avait soufflé qu'il fallait se diversifier, offrir aux lecteurs ce qu'ils souhaitent lire, se montrer un peu plus rusée. Mais au final, pourquoi pas ? L'information ne peut pas toujours être raccord avec ce qui l'intéresse uniquement et elle ne peut pas toujours lui être servie dans un plateau d'argent. Quitte à embaucher quelqu'un pour écrire ce genre de rubriques par la suite, Hermione est prête à tout pour rester son propre patron.

La jeune femme continue ses observations pendant ce qui lui semblent être des heures, absorbée par ses pensées et les défis qui s'opposent à elle, avant qu'une annonce réclame finalement le silence, s'attirant déjà des « Ah » d'impatience et quelques applaudissements guindés.

Son regard se porte encore et encore sur les invités et elle n'y voit que des gens bourrés d'argent, des gens malhonnêtes. D'où l'invitation à ces Matuccelli que Cho a réussi à lui dégoter. La mafia italienne ? Sérieusement ? Elle n'aurait jamais dû s'en étonner, et pourtant... L'incompréhension est tenace.

- Bonsoir mes chers amis.

A la grande surprise d'Hermione, ce n'est pas le patriarche qui prend la parole. Narcissa Malfoy s'est avancée sur l'estrade qui flotte à quelques mètres du sol et domine l'assemblée. Son mari est resté en retrait, le dos bien droit, sa cane argenté entre les doigts. Toujours aucune trace du fils.

- Lucius et moi-même sommes ravis de vous accueillir en notre demeure aujourd'hui pour un événement quelque peu particulier. Comme chacun d'entre vous le sait déjà, vous avez reçu une missive par famille, avec la recommandation d'inviter vos enfants, et vos filles tout spécialement. Nous sommes heureux de vous annoncer que si cette soirée est peu commune, c'est parce que nous avons espoir qu'une alliance se forme avant le petit matin. J'espère que vous êtes tout aussi enchantés que nous de savoir que l'une de vos filles ici présente sera sans aucun doute la fiancée que l'on vous présentera demain.

Le silence qui a accueilli l'annonce se brise instantanément et Hermione porte tout naturellement une main à sa poitrine. D'une part pour ne pas que le magnétophone métamorphosé grésille sous la montée des voix, mais d'autre part parce que cette annonce l'assomme complètement.

Elle tient une véritable exclusivité !

Alors que tous les journalistes pensent que les Malfoy gardaient jalousement le nom de la future épouse depuis au moins le mois de Juin, Hermione vient d'entrer complètement dans les coulisses. Tout semble désormais limpide, elle qui trouvait ça étrange que cette famille imbue d'elle-même se la joue plus cachotière que jamais. Son petit doigt lui dit que les parents ont bien du donner quelque chose à grignoter aux médias pour expliquer le célibat éclatant de leur fils à ses 30 ans.

La foule semble totalement euphorique à cette idée en tout cas. Les allures étudiées et les faux sourires se sont effacés l'espace d'une minute au profit d'une joie impossible à déguiser. Mais la jeune femme n'est pas dupe, c'est une joie égoïste : les Hunger Games lancés par les Malfoy vont simplement bientôt commencer et tous les participants ont hâte d'écraser les autres.

Un sourire naît sur ses lèvres. Quel ramassis de sexisme et d'idées venus d'un autre temps. Et d'ailleurs, pourquoi seules les filles ont été spécialement conviées ? Qui sait si Draco Malfoy n'était pas plutôt spécialement intéressé par les fils ?

Elle croise par erreur le regard de ses voisines dans l'assemblée. Deux jumelles bien plus jeunes qu'elle, drapées dans des robes similaires de la traîne aux épaules dénudées. L'une dorée, l'autre argentée. Sans surprise, elles lui renvoient un regard dédaigneux, la parcourant de la tête aux pieds avec une moue de dégoût bien affirmée. Un regard qui la marque sans aucun doute en rivale alors qu'Hermione n'a absolument rien demandé.

- Hum, hum, intervient Narcissa en s'éclaircissant la voix. Vous ne pouvez réaliser combien votre réponse me plonge dans le bonheur. Mon fils fera son apparition un peu plus tard et sachez que chacune de vos filles aura l'occasion de partager une danse à son bras. Mais une seule, mesdemoiselles ! Mesurez vos conversations, je suis sûre et certaine que beaucoup d'entre vous sauront le charmer d'un regard ou d'un mot.

Les applaudissement résonnent et la matriarche se met à rire élégamment.

- Que vous puissiez tous profiter de cette soirée. Nous annoncerons à notre petit commité une belle nouvelle demain matin.

Quel enfer.

Une seconde pensée la glace cependant. Si chacune des filles invitées a une danse réservée, alors Elina Matuccelli aussi... Elle aussi. Ah, pitié.

Toutefois, contrairement aux invités galvanisés dont la conversation est repartie de plus belle, alimentée par l'annonce qui a fait mouche, Hermione remarque très bien l'attitude du couple Malfoy encore en retrait. Loin du sourire affiché sur scène, ils semblent fâchés.

Une dispute conjugale ? Un désaccord ? La présence d'invités indésirables ?

L'intuition implacable d'Hermione lui susurre que c'est autre chose. Malgré les dires de Narcissa, ce qui la frappe le plus, c'est bel et bien l'absence brillante du premier concerné. Ce n'est pas normal. Quelque chose cloche forcément...

La jeune femme remet derrière l'oreille la mèche qui s'est échappé de son chignon et inspecte le hall d'entrée que l'on distingue du grand salon. Pourquoi ne pas aller au devant du mystère elle-même ? N'était-elle pas là pour mener l'enquête ? Une exclusivité, c'était excellent. Mais une deuxième relevait de l'exceptionnel et c'est l'exceptionnel qu'elle a l'intention de viser. Ni une ni deux, elle vide son champagne, redresse les épaules et se lance.

Comme elle s'y attendait, les gardes marquent l'entrée du salon mais aussi la naissance de l'escalier majestueux jusqu'au premier étage qui s'impose au beau milieu du hall.

- El bagno ? s'adresse-t-elle directement à l'un d'entre eux, le menton levé.

Une seconde de flottement sur le visage du sorcier.

- La salle de bain, répète Hermione avec un ton de voix qui ne laisse pas de place à un refus. Où se trouve-t-elle ?

- Premier étage dans le couloir sur votre droite, deuxième porte. Vous avez 5 minutes.

- Je vous demande pardon ?

- 5 minutes.

- Est-ce ainsi que l'on traite les invités par ici ? Vous avez entendu l'annonce, non ? J'entends bien gagner et cinque minuti ne sont guère assez, capisci ?

Hermione se surprend à avoir gardé son sang froid et sa maîtrise, alors que ses doigts sur sa taille tremblent de tout leur saoul. Mais, un air autoritaire, ça paie. Le binôme de son interlocuteur vient à sa rescousse.

- Dix minutes, alors.

Hermione hoche la tête sans tenter de pousser sa chance et monte les escaliers comme indiqué. Dans son dos, les regards des deux gardes ne la quittent pas d'une seconde jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans le couloir.

Elle trouve effectivement la salle de bain à la deuxième porte mais ne s'arrête pas là. Pour la forme, elle remet sa mèche rebelle dans son chignon d'un coup de baguette et continue son exploration sur la pointe des pieds.

La majorité des portes de l'aile où elle s'avance sont fermées à double tour à l'aide d'un sortilège qu'un simple Alohomora ne saurait résoudre et aucun son n'en provient. Mais où que soit l'héritier Malfoy, elle s'en approche. Elle reconnaîtrait sa voix entre mille et c'est bien la sienne qui lui parvient d'une pièce entrouverte. La sienne est une autre qui lui semble familière sans qu'elle puisse poser un visage dessus avec.

Néanmoins, les murmures donnent raison à son intuition première.

- Laisse-moi encore échapper à ces mondanités cinq minutes. Promis, juste cinq minutes.

- Je ne suis pas un imbécile, je sais que tu n'as aucune envie d'y mettre les pieds... et je n'ai pas envie que ta mère me tombe dessus une fois de plus. Elle est terrifiante quand elle s'y met !

- Pourquoi crois-tu que je me cache, tiens ?

Un rire amer l'accompagne.

- Aucune envie de l'avoir à mes trousses, ni de la voir me jeter au milieu des froufrous qui déploient tout leurs charmes pour m'épouser, quelle horreur.

- Le mariage n'est pas si mal...

- Parce que tu as choisi ton épouse, Blaise ! Parce que tes parents t'ont laissé le choix en tout point, ils auraient même respecté que tu ne souhaites pas te marier. C'est quand même bien différent de mon cas et de celui de mes abrutis de parents. Je songe sérieusement à couper les ponts pour de bon.

- Draco, c'est peut-être extrême...

- Attends. Tais-toi.

Une légère caresse invisible passe dans le dos d'Hermione, épouse sa silhouette avant de s'évanouir aussi rapidement qu'apparue. Elle se mord d'instinct les lèvres en se maudissant : Hominum revelio. Comment Draco a-t-il pu percevoir sa présence ? Elle n'a pas fait un seul bruit... La porte s'ouvre à la volée.

- Tiens, s'étonne-t-il réellement. Ce n'est pas Mère... C'est loin d'être joli-joli d'écouter aux portes, mademoiselle.

- Votre Manoir est bien trop grand pour mes souliers, je me suis perdue, répond-t-elle immédiatement en faisant déjà demi-tour.

- Hop hop hop ! rappelle Blaise. Comment une invitée a pu se glisser jusque là ?

- Pour se rendre à la salle de bain ? Vos invités ont des besoins humains, avez-vous vraiment besoin de ce rappel ?

- Du calme, c'est rien... Quelle audace, que penses-tu de celle-ci, Draco ?

- Raccompagne-moi cette sotte au rez-de-chaussée, c'est tout.

Hermione tique et se retourne vers lui. Son sang chaud se réveille automatiquement. Là, l'espace d'une seconde, elle a entendu l'arrogance éternelle du petit con qui lui a pourri son adolescence.

- La sotte t'emmerde royalement, Malfoy.

Blaise pouffe en venant prendre délicatement son bras, mais Hermione réalise que trop tard sa gaffe. Si le jeune homme à ses côtés n'a certainement pas tilté, l'autre en revanche a écarquillé légèrement les yeux avant de la dévisager autrement.

Le temps de cinq mots, son accent italien a disparu et le vouvoiement aussi. Cinq petits mots incontrôlés sorti tout droit de ses tripes.

Elle s'accroche au bras de Blaise Zabini comme à une bouée et ne se fait pas prier deux fois pour se laisser de nouveau entraîner vers le salon, redressant ses épaules pour se donner l'air altier des riches invités. Son cavalier quant à lui semble s'amuser de la situation et esquisse un sourire.

- Ce n'est pas contre vous, mademoiselle... ?

- Matuccelli. Elina.

- Elina, très joli prénom, complimente-t-il. En bref, ce n'est vraiment pas contre vous. Draco est d'humeur maussade ces jours-ci et dit beaucoup de choses qu'il ne pense pas.

- Oh n'ayez crainte, il avait l'air de très bien le penser.

- Mais non, et vos chances ne sont pas du tout réduites ne vous inquiétez pas ! Prenez-le plutôt comme une chance d'avoir capté son attention. Ah je vois. Vous êtes sceptique. Il est vrai que cette réception n'est pas de son goût et qu'il n'est certainement pas préparé à y trouver son épouse malgré les directives de ses parents... Mais je peux vous assurer que cette première impression n'est qu'un malheureux concours de circonstances.

Elle sourit pour la forme, acquiesçant docilement. A l'intérieur d'elle-même, c'est plutôt un grondement sourd. Sa première impression est mauvaise ? Lui, un type charmant en vérité ? Ah bon. Elle le connaît, a-t-elle envie de répliquer, elle le connaît bien même. Ses souvenirs lui reviennent en tête comme si les faits s'étaient produits la veille. Elle se rappelle bien de lui, de l'adolescent imbuvable qu'il était. Elle a bien envie de rétorquer que l'adulte ne lui semble vraiment pas si différent. D'ailleurs, le revoir a fait renaître des émotions qu'elle pensait oubliées depuis si longtemps.

Mais Hermione n'abandonne pas sa couverture –couverture qui marche puisque Zabini ne semble même pas avoir de doutes concernant son identité.

- Ici. Retour au point de départ. Pour la prochaine fois, les toilettes se trouvent à la seconde porte.

Il lui adresse un clin d'œil avant de s'avancer vers une femme qui l'accueille chaleureusement, posant ses mains sur ses reins comme pour clairement montrer à Hermione à qui l'homme semble appartenir. Elle lève les yeux en bonne et due forme. Les Sangs-purs, un monde de jalousie et de m'as-tu-vu qui lui échappe complètement.

Heureusement qu'elle n'est là que pour un soir.


L'héritier Malfoy fait finalement honneur de sa présence et depuis quelques temps les danses ont commencé et se succèdent. Appelées les unes après les autres, les célibataires se pressent réclamer leurs trois minutes de chance, un sourire aux lèvres et pensant réellement tirer le gros lot.

Les noms des jeunes filles commencent dangereusement à se rapprocher de son nom d'emprunt. Ludwig, Edna est celle qui tournoie sur la piste de danse que très peu d'autres couples ont rejointe tant tous les yeux sont excessivement rivés sur Draco et chacun de ses gestes.

Une vraie télé-réalité qui a un goût de surréaliste.

Combien de noms entre Ludwig et Matuccelli ? Un, deux ? Hermione a repris une coupe de champagne pour la forme. Elle a la tête qui tourne et elle est quasiment certaine que l'effet ne vient pas le moindre du monde de l'alcool. L'angoisse monte. Les deux sœurs qui l'ont fusillée du regard plus tôt dans la soirée n'ont pas dérogé de sa gauche et la mettent encore plus mal à l'aise que les autres femmes.

A aucun instant elle n'a envie de se retrouver aussi proche de Malfoy et d'être au centre de l'attention. Et puis, comment réagir en se tenant plus près que jamais de son ennemi d'enfance ? C'est bien une question qu'elle ne s'est jamais posée. C'est pourtant l'occasion rêvée de l'interroger subtilement pour son article... Mais à quel prix ? Doit-elle être gentille et charmante avec lui ? Doit-elle lui sourire ? Elle préférerait danser avec un ragondin mort, ce serait plus simple.

Mais elle doit avouer qu'il a une endurance incroyable. Quelle que soit le style de danse choisie par sa cavalière, ses pas sont stables et gracieux sans voir son rythme faiblir. Cet homme est loin d'être de ceux qui se couvrent de ridicule en public.

Et elle doit avouer encore plus timidement qu'en de bien autres circonstances, elle le trouverait séduisant sans peine.

- Mademoiselle Matuccelli, Elina.

Elle en recrache presque son champagne. Le destin ne lui a décidément pas laissé assez de répit pour se préparer à l'idée. Surtout au vue de la dernière pensée qui lui a traversé la tête.

Pire encore, quand elle s'avance vers la piste de danse et vers l'héritier Malfoy dont la tête s'est instinctivement tournée vers elle, elle distingue un petit sourire se dessiner sur lèvres. Hermione grimace quand il l'accueille d'un baise-main extrêmement léger.

- Ah, voici la sotte qui m'emmerde gracieusement.

- C'était royalement, corrige-t-elle.

- Soit. Et qu'aimerait danser sa Majesté ?

- La valse, histoire que tes mains ne se baladent pas trop sur mon corps.

C'est en vérité la seule danse qu'elle maîtrise un tant soit peu.

Le rictus s'agrandit et Hermione en tremblerait presque de colère si sa main, à laquelle se sont entremêlés spontanément les doigts de Malfoy, ne venait pas d'être traversée par une électricité qui lui fait tout drôle. Elle se tait immédiatement. Certainement, si le contact de ses mains lui donnent de tels frissons inconvenants, elle n'a aucune envie qu'elles se posent sur le reste de son corps.

Oui, si elle ne le connaissait pas et ne connaissait pas la personnalité détestable qui l'habite, elle l'aurait ouvertement trouvé beau.

- Malheureusement pour vous, Elina, dit-il en prenant d'accentuer le prénom, ma seconde main ne peut que se ranger dans votre dos ou sur votre hanche.

- Si tu continues de me vouvoyer...

Elle se mordille la lèvre en le voyant pencher la tête sur le côté d'un air curieux. Son cœur bat brusquement à mille à l'heure face aux deux yeux gris qui la sondent. A nue. Hermione a la sensation que son masque a disparu, que son chignon a relâché ses boucles sauvages, et que sa robe s'est transformé en son habituelle tenue décontractée. Hermione a la sensation, là, en une seconde, d'être percée à jour.

Mais qu'est-ce qui lui prend de lui parler aussi familièrement, oubliant d'être la fameuse Elina ?

- Dos ou hanche ?

- Hanche.

Il fait signe au chef d'orchestre qui d'un mouvement de baguette magique redonne vie et musique à son lot d'instruments esseulés. Une valse lente se lance et la main de Malfoy se pose effectivement sur sa hanche et un nouveau frisson inattendu secoue la jeune femme.

Très mauvais.

Le contact lui paraît presque intime venant de lui, venant d'eux, et son toucher la perturbe plus qu'elle n'aimerait le confesser. Depuis quand Malfoy peut bien faire emballer son cœur aussi vite et sans que ce soit de la haine ?

- Bien Elina, je suis assez surpris car c'est bien la première fois que je te vois dans une telle soirée.

- Pourquoi devrais-je venir plus souvent dans ces lieux d'hypocrisie ?

Il hoche la tête, amusé mais sans nier la vérité.

- D'un certain angle, ça peut être divertissant.

- Et quand on cherche une épouse, est-ce si drôle que tu le sous-entends ? réplique Hermione.

- Hum, non, répond-t-il d'une voix tout de suite plus crispée. Mais tu le sais déjà puisque tu as écouté aux portes.

- Monsieur Malfoy ne désire pas se marier. N'est-ce pas surprenant au final ?

- Pourquoi est-ce que ça semble surprendre tout le monde ? réplique-t-il en s'arrêtant une seconde dans la danse avant de reprendre un rythme plus rapide. En quoi est-ce surprenant de ne pas avoir envie d'être une machine ? Une bête de foire ? Ou un bon parti ?

- Je ne suis pas sûre que ce soit plus sympathique du côté de la jeune femme. Elles se marchent toutes sur les pieds pour t'avoir mais qui réellement là-dedans aiment être vue comme une poule pondeuse ou une manipulatrice qui aura réussi à s'arracher le meilleur fils à marier ?

Il se rapproche sans qu'Hermione n'ait pu l'anticiper. Sa main calée sur sa hanche vient soutenir son dos pour qu'ils tournent de manière parfaitement synchronisée, lui coupant le souffle sur le moment. Et, ce qui l'énerve encore plus, c'est qu'il semble faire ça machinalement, comme s'il évoluait sur ce même morceau depuis une décennie alors que pour elle, cette sensation de perdre pied et sa respiration en même temps est complètement troublant.

Leurs corps désormais bien plus plus proches qu'auparavant lui murmurent qu'il en a fait exprès mais aucune réprimande n'arrive à franchir ses lèvres. Ses yeux inquisiteurs sont encore plus rivés sur elle et son masque rose qu'au début de la musique. Quant à son sourire taquin, il lui semble soudain de plus en plus dangereux pour ses propres émotions.

Pourquoi, dans un moment aussi fatidique et en une telle compagnie, son corps et son esprit prennent deux routes radicalement opposées ? Pourquoi le trouve-t-elle si beau, là, maintenant, merde ? Il a de très beaux yeux expressifs, plus tendres que lors de leur première rencontre. Un visage qui respire un sentiment de liberté et d'assurance à la fois. C'est un mix pour le moins irrésistible.

Son pouce caresse ses doigts et elle manque un pas de danse.

- Tu n'as pas l'air de te compter parmi elles. Qu'es-tu venue faire ici, Elina ?

- Mes obligations. Ce n'est pas comme si je suis ici de bon cœur...

A sa surprise, il rit.

- Si sérieuse. Si droite. D'une répartie rafraîchissante. C'est comme si je te connaissais déjà, j'aime beaucoup.

- Oui mais je vous prie, ne m'épousez surtout pas.

- « Vous » ? sourcille-t-il. Et pourquoi tu me vouvoies tout d'un coup ?

Hermione se taperait bien le front si elle n'était pas sur cette piste de danse à tournoyer. Impossible de garder son rôle bien en place face à Malfoy, il lui fait perdre tous ses moyens.

Il est arrogant et sûr de lui et déstabilisant, mais son contact la rend surtout nerveuse. Nerveuse dans le plus merveilleux des sens et c'est bien ça qui la perturbe jusqu'à en perdre ses résolutions et son but premier quant à sa présence ici.

Ses lèvres se pincent. Ce qui l'ennuie le plus, c'est l'intelligence aiguisé de son regard et les mots qu'il emploie qui lui donne l'impression d'entendre des sous-entendus. Mais non, comment aurait-il pu deviner qu'Elina est tout sauf ici présente, dans son beau Manoir ? Comment pourrait-il savoir qu'il s'agit d'une autre ?

Les dernières notes de la danse s'achèvent dans le silence, sous ses yeux gris qui paraissent l'analyser encore et encore. Hermione ne cherche pas à dire un mot de plus. A fleur de peau, elle a soudainement peur de se trahir et aimerait bien vite se dégager de sa prise pour claquer la porte. La tentation est si grande mais sa raison la ramène à l'ordre. Hermione a besoin du fin mot de son article, il s'agit de sa propre vie et c'est bien plus important qu'une attirance stupide née d'elle ne sait où.

Mais quand il resserre un instant ses doigts sur sa main et se penche pour lui murmurer quelque chose à l'oreille, sa raison est à deux doigts de prendre ses jambes à son cou elle aussi.

Elle ne comprend pas ce qui se passe dans cette seconde de flottement, où les murmures des invités ne lui parviennent plus et où elle ne sent plus que son souffle à deux centimètres de sa peau. C'est une étincelle incontrôlable qui se réveille dans son bas-ventre et qu'elle n'a pas ressenti depuis plusieurs mois.

Ses yeux croisent ceux soudain incroyablement sérieux de Draco et ce sont ses certitudes qui éclatent. Un sourire se dessine sur ses lèvres à lui et elle se sent acquiescer sans même avoir réfléchi au préalable.

Quand elle laisse sa place à la jeune femme suivante, Hermione a plus que conscience de la familiarité de l'échange, des libertés prises par Draco comparées aux danses précédentes. C'est une évidence dans les regards qui l'ignoraient superbement auparavant et qui semblent maintenant la découvrir, l'observant comme une réelle menace à exterminer.

« Je ne suis pas là pour lui ».

« Mais arrêtez de me regarder comme ça ! »

« Laissez-moi tranquille, bordel ! »


L'inconnue vient brusquement de perdre son invisibilité et qu'importe si elle porte encore son masque, Hermione ne se sent désormais plus comme une brebis mais bel et bien comme un tout petit agneau.

Il est près de minuit et la solitude du jardin lui procure un sentiment si agréable qu'Hermione ferme les yeux et inspire profondément. Loin de la foule, des ragots, des regards, des répliques mesquines à son encontre, elle récupère ses esprits. C'est à se demander comment elle s'est retrouvée dans une telle situation malgré elle... A quel moment les choses ont-elles dérapé hors de sa portée ?

Il était peut-être temps de dire à Draco Malfoy qu'elle n'était pas Elina. Juste ça « Oui, alors au fait je ne suis pas celle que tu crois. Ha ha ha. »

Heureusement qu'il ne songe pas du tout au mariage et qu'elle a entendu ce fait de sa propre bouche, sinon la jeune femme serait terrifiée. Elle porte une main à son cœur qui ne s'est définitivement pas calmé entre temps.

Même s'il ne prend pas au sérieux cette soirée organisée en son honneur, Hermione subit quand même l'effet de la panique.

Leur danse s'est terminée depuis plus d'une heure et pourtant c'est encore si elle sent la caresse de son pouce et la pression de sa main sur sa taille. Ce n'est pas comme si elle n'avait jamais dansé avec quelqu'un auparavant. C'est juste qu'elle ne s'attendait vraiment pas à ce que la proximité de Draco provoque un tel court-circuit en elle.

Elle tripote son collier-magnétophone sans s'en rendre compte, rejouant et rejouant la danse, ses gestes et ses taquineries, mais surtout les mots glissés au creux du cou comme une promesse. Mais quelle idiote !

Hermione est terrifiée par elle-même parce qu'elle s'est retrouvée là, dans le jardin, à profiter peut-être de l'air et de la verdure, mais surtout suite à ce qu'il lui a demandé. Le retrouver dans un coin plus calme, sans milliards de projecteurs braqués sur eux. Et comme une adolescente sans cervelle qu'elle n'est plus du tout : elle s'est exécutée.

Elle a beau se dire que c'est pour son journal, son article, pour creuser un peu l'information et l'interroger : ça ne prend pas. Hermione ne peut pas se mentir à elle-même à ce point. Surtout quand les minutes passent, qu'il ne s'est toujours pas pointé et qu'elle en ressent une déception étourdissante.

- Tu es toujours là, ah Salazar merci.

Hermione ouvre les yeux juste à temps pour voir Malfoy se laisser tomber sur le banc à ses côtés, de toute évidence essoufflé et épuisé à en crever. Il défait sa cravate et les premiers boutons de sa chemise aussitôt assis, non sans pousser un long soupir. Derrière sa façade sûr de lui quand il danse et enchaîne les partenaires, il y a décidément vraiment un humain et non un robot. Un humain avec des capacités et des limites. Et c'est un aperçu qui lui plaît malgré elle.

- Il a fallu que j'échappe ensuite à mes parents et ça a été encore bien plus compliqué que quarante-six danses à la suite...

- Quarante-six ? Autant que ça ? s'étonne-t-elle.

- Quarante-six.

Merlin, encore tant de célibataires Sang-purs dans le monde et ne restant qu'entre eux en prime... D'autant plus qu'Hermione est intelligente, elle sait qu'il ne s'agit là que d'un nombre restreint. Les Malfoy n'ont sûrement pas invités toutes les familles de leur connaissance, seulement celles qui méritent d'être liées à eux selon leurs principes douteux.

- Je suis désolé si je t'ai fait attendre.

- L'air frais est plus agréable que ta compagnie, ne t'en fais pas je n'ai pas souffert.

Il rit de bon cœur puis lui lance un regard en coin qui la déstabilise. Hermione a remplacé la Elina qu'elle est sensée représenter depuis longtemps. La fille assurée d'un mafioso ? Envolée. Elle redevient cette jeune femme simple et cale ses mains sous ses fesses pour éviter de les tortiller.

- Pourquoi es-tu là si je suis si désagréable pour toi ?

- Mes obligations, je t'ai dit.

- Quelles genres d'obligations, Elina ?

- Aucune qui ne concerne le fait de t'épouser en tout cas. Tu peux être tranquille.

- Et pourtant tu m'as rejoint dans ce jardin. Nous sommes seuls en tête à tête. Et je suis sensé annoncer le nom de ma fiancée au petit matin. Je ne sais pas quelle est ton impression, mais je trouve que la situation prend une certaine tournure.

Malfoy lève un sourcil.

- De plus que notre dansée n'est pas passée inaperçue. Et je pense qu'il y a de fortes chances que les invités se soient rendus compte de mon absence... et de la tienne...

- Mais quelle horreur !

Hermione se lève d'un coup, glacée, effarée, sans trouver les mots parfaits pour exprimer ce qu'elle ressent en ce moment même. C'est vrai au final : que fait-elle vraiment là ? Son boulot d'investigation pour son journal ou celui plus personnel, concernant l'étrange électricité qui s'est emparée d'elle à son toucher ? C'est comme si elle venait de recevoir un sceau d'eau en plein visage.

- J'y retourne.

Il la retient d'un bras.

- Hé, je plaisantais. Est-ce vraiment si important ce qu'ils pensent ?

- N'annonce surtout pas mon nom demain matin !

- Je n'ai jamais dit que j'en avais l'intention... Ma mère pense peut-être avoir trouvé un compromis avec cette soirée mais elle se trompe totalement. Tu peux te calmer et revenir te rassoir, si tu veux.

Elle s'exécute en poussant un long soupir qui le fait rire.

- Par Salazar, tu aurais vu tes yeux... Est-ce que ça t'effraie tant que ça que des gens pensent que nous flirtons ?

L'espace d'un instant, Hermione avait oublié son masque qui camoufle ses pommettes rouges, son front, et son petit nez légèrement retroussé. Mais quand Malfoy se penche vers elle, elle a de nouveau la sensation d'être nue. Il la dévisage avec un intérêt qui affole les battements de son cœur.

- Est-ce que je pourrais voir ton visage ?

- Mais pourquoi ? répond-t-elle peut-être trop brutalement.

- Peut-être pour voir le visage de la personne à qui je parle depuis le début ?

- Oh, non, non, non.

- Ne voudrais-tu pas que j'enlève le mien si j'en portais un ? Je trouve ça absolument aberrant d'être le seul à ne pas en porter, ce soir.

- Avec ou sans, tu es reconnaissable. Ça ne changera rien.

Un sourire sur les lèvres du jeune homme. Un bond dans la poitrine d'Hermione.

- Comme tu veux, dit-il. C'est tout simplement dommage de ne pas te voir rougir.

- Tu ne serais pas imbu de toi-même pour penser être capable de ça ? De me faire rougir ? Toi ?

- Moi ? Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

Cette fois, elle se frappe doucement le front sous l'étonnement du jeune homme. Elle n'arrive pas à être véritablement une autre en sa présence tant il l'énerve, l'émoustille, et lui donne envie de le recadrer à chaque parole prononcé au moins. Elle ne peut qu'être elle-même.

Hermione est totalement en train de perdre le contrôle de cette soirée. Surtout quand leurs épaules s'effleurent et qu'il finit par la laisser dans son silence sans s'en formaliser. C'est une telle attention au final qu'elle en fond. Et quand il met en évidence sa main ouverte paume vers le haut, comme une offre irrésistible avec son regard tendre braqué sur elle, la jeune femme n'arrive pas à feindre l'indifférence et ignorer la tentation qui la pousse à lier ses doigts aux siens.

Pour essayer seulement. Pour valider ou invalider la théorie qui est née dans sa tête –comme quoi elle ne serait décidément pas insensible à son charme.

Ce n'est qu'un test, un défi personnel. Après tout, elle n'est pas sensée être Hermione ce soir, elle peut se le permettre...

Il a les mains chaudes et le contraste avec la nuit non fraîche déclenche une ribambelle de chair de poule sur sa peau découverte. Merde, et là si elle n'est pas cuite, elle est totalement cramée.

Mais il a au moins la gentillesse de ne rien relever. Ses yeux gris enivrants inspectent la main qu'il tient dans la sienne tandis qu'Hermione observe la mine curieuse de Draco. A des lieux de son assurance, il semble autant étonné de la tenir qu'elle ne l'est d'avoir accepté. Et, elle est touchée plus profondément qu'elle ne l'avoue par la douceur dont il fait preuve, lui qu'elle n'aurait jamais imaginé si détendu.

Un pincement au cœur la retient de flancher entièrement. S'il n'avait ne serait-ce qu'une petite idée de sa véritable identité, son comportement serait peut-être tout autre.

Et ce constat lui fait mal. Véritablement plus mal que les insultes d'autrefois.

Parce que comment expliquer qu'un être capable d'être si doux peut aussi être capable d'être un monstre de haine ?

Elle se crispe sous son toucher et il relève les yeux vers elle instantanément. Comme s'il devinait le millième de son trouble, il murmure tout bas :

- Désolé de t'avoir traité de sotte plus tôt, je n'étais pas dans mon état normal.

- Hum. La sotte va tout de même attendre un peu avant de voir si elle te condamne.

- Ah ouf. C'est beaucoup trop d'honneur, merci.

Hermione ne peut s'empêcher de retourner son sourire.

- Enfin ! Un sourire sur ces lèvres de Miss-je-sais-tout ? Mais aurais-je rêvé ?

Elle n'a pas le temps de tiquer qu'il tend sa main libre pour retracer délicatement les coutures de son masque.

- Vraiment, ce masque m'ennuie.

Mais il continue de jouer avec, sans jamais se déroger des limites posées par Hermione. Pas un instant elle n'a l'impression qu'il lui enlèverait sans prévenir comme un rustre, ce qui la touche une nouvelle fois et menace de briser une bonne fois pour toute la muraille déjà bien faible qu'elle a établi entre elle et lui. Une ligne, invisible, à ne pas franchir qui devient de plus en plus difficile à respecter.

Le regard d'Hermione se pose sur ses lèvres amusées et se mordille instinctivement la bouche. Merlin. Contre toute attente, elle a véritablement envie de l'embrasser. Surtout quand il remet fatidiquement la mèche qui s'est encore dérobée de son chignon derrière l'oreille et que ses doigts s'aventurent dans sa nuque avant de parcourir son épaule et son bras en de lentes caresses qui la rendent folles par leur simplicité.

Quand il vient prendre son visage en coupe et qu'elle relève les yeux vers lui, son souffle se coupe sous l'intensité de ses yeux. Il a l'air d'en avoir tout autant envie qu'elle.

- Je peux ?

C'est à ce moment là qu'un éclair de lucidité la traverse.

Elle se lève brusquement du banc en s'agitant, manquant de trébucher avec les talons dont elle n'a pas l'habitude.

- On ne se connaît pas. Tu ne me connais pas. Tu ne sais rien de moi. Tu ne peux pas faire ça ! Tu ne peux pas embrasser quelqu'un sans savoir à qui tu as affaire ! Qui fait ça ?

Il se lève à son tour et plaque ses deux mains sur ses épaules pour l'intimer à se calmer. Malfoy lui mime de respirer, sans se départir du plaisir certain qu'il prend à la situation et qui perturbe encore plus Hermione.

- Moi, je fais ça... dit-il doucement quand il capte véritablement son regard. Il faut dire que j'ai l'impression de te connaître déjà.

- Ridicule.

- Ah oui ?

Elle porte les mains à son visage, oubliant une fois de plus qu'il ne peut pas y voir pleinement son embarras et soupire doucement.

- Est-ce que l'idée de m'embrasser t'est vraiment si horrible ? demande-t-il.

- Oui. Enfin... Non. Vraiment, non, souffle-t-elle d'une toute petite voix. Non.

Les mains reviennent se poser contre sa joue et Hermione se sent répondre à son toucher. Cette fois, l'envie de se dérober s'est retrouvée noyée dans les sensations de leurs peaux qui se frôlent. Leurs souffles se mêlent dangereusement quand il revient à sa rencontre, sérieusement prêt à l'embrasser.

C'est à ce moment là que des pas se font entendre sur le balcon au dessus de leurs têtes. La voix de Narcissa, surtout, qui fige le couple en plein élan et plus principalement Hermione, qui sent soudain le sol s'écrouler sous ses pieds quand ils entendent :

- Maintenant que les véritables Matuccelli sont arrivés, veuillez me retrouver cette usurpatrice tout de suite avant que le scandale n'éclate ! Elle est sûrement là quelque part avec mon idiot de fils !

- L'étage a déjà été fouillé, Madame. Aucune trace d'elle.

- Et que faites-vous encore là si vous ne l'avez pas trouvée ? Bougez-vous. Tout de suite ! La Maison est grande. Le jardin, aussi.

- Bien, Madame.

Hermione ne veut pas rouvrir les yeux mais quand elle le fait, son partenaire de crime ne semble pas fâché ou déçu. Malfoy n'a qu'un sourcil levé à son intention comme si la soirée se révélait encore meilleure qu'il ne le pensait.

- Alors combien de temps vas-tu rester là alors que des gardes bien rodés sont maintenant à tes trousses ? chuchote-t-il.

- Tu ne dis rien ? Ta mère est encore là haut et tu pourrais me dénoncer, donner l'alerte...

- Salazar, tu ne crois quand même pas que je vais gâcher cette soirée ? Par contre, pour toi, elle est terminée. Tu devrais partir, conseille-t-il en désignant le bout du jardin plongé dans la pénombre. Tu peux passer par là pour rejoindre le portail et transplaner en paix, personne ne te verra.

Hermione est mortifiée.

- Aphone ? Cela ne te ressemble pas.

- Tu n'as aucune idée de ce qui me ressemble !

Il lui répondit d'un sourire qui sonne comme un défi.

Mais la voix d'Hermione a malheureusement porté. Narcissa se baisse contre la rambarde et fulmine, dégainant sa baguette à un rythme surprenant. Elle la pointe aussitôt sur la jeune femme sans prendre le temps de prévenir et lance un premier sortilège.

Draco a été plus rapide. Il sort à son tour son arme pour se poser entre elles et dévier le sort.

- Mère. Je suis désolé, mais tu gâches toujours tout. Expelliarmus !

- Draco ! s'écrit-elle. Je n'arrive pas à croire que tu me fais toujours aussi honte à traîner avec je ne sais qui. Je paris que tu l'as invitée pour te payer notre tête avec ton père !

Un second sort de la part du fils et Narcissa se retrouve muette comme une carpe, en plus d'être désarmée. Sa colère est tangible. Son visage vire au rouge et les tremblement de ses poings veulent tout dire. Quand elle se retourne vers l'intérieur du Manoir, Malfoy adresse un regard d'excuse à Hermione.

- Elle va me tuer. Mais si tu ne souhaites pas de double-homicide, vas-t-en maintenant.

Les lèvres d'Hermione s'étire en un franc sourire et sans qu'elle puise le contrôler, elle se hisse sur la pointe des pieds pour prendre le visage du jeune homme et leurs lèvres se rencontrent. Un baiser qui ressemble à une collision désespérée avant de se transformer en un échange si doux, si bien lentement maîtrisé par Malfoy et non plus par elle qu'Hermione en gémit.

- Vraiment aussi agréable que soit ce moment : cours, murmure-t-il contre sa bouche.

Il rit légèrement, d'une joie si innocente que la jeune femme se sent pousser des ailes pour l'embrasser rapidement une seconde fois. Puis, elle se résous. Elle commence à courir.

- Heureusement que tu n'es pas vraiment Elina Matuccelli parce que j'aurais pu annoncer ce nom au petit matin, l'entend-t-elle plaisanter dans son dos.

L'adrénaline a remplacé l'angoisse et les émotions contradictoires. Hermione se contente de répondre par un doigt d'honneur peu élégant qui le fait rire encore plus.

Plus légère, elle prend son élan et s'enfuit sans réfléchir d'avantage.


La tête prise entre ses mains et analysant la pile de journaux concurrents trônant en face d'elle, Hermione fait le triste constat qu'elle aurait peut-être dû réfléchir un peu plus. Elle avait fait n'importe quoi, cédant à ses émotions plutôt qu'à sa raison, et avait ainsi chamboulée le quotidien des Malfoy. Elle en payait désormais le prix fort.

Son journal était fichu.

Les Malfoy font la une et ce n'est pas la sienne. Ce n'est pas son article comme convenu que les gens s'arrachent. Ce n'était pas non plus l'exclusivité qu'elle aurait pu s'approprier si tout s'était déroulé comme sur des roulettes. La riche famille s'était précipitée sur les plus grands noms de la presse pour avertir le pays non pas des fiançailles de leur héritier, mais de ses non-fiançailles. De sa crise d'adolescence à retardement. Et surtout de la présence d'une inconnue sous les traits d'Elina accusée d'être à l'origine d'avoir renversé l'ordre établi.

Ils avaient pris les devants et l'avaient ruinée sans le savoir. Le karma est cruel.

Hermione souffle sans trouver l'inspiration pour écrire.

Il ne lui reste plus rien. Elle avait même égaré son magnétophone en fuyant le Manoir. Et quand bien même : rien ne pourrait être plus rocambolesque que le fils Malfoy qui fuit ses responsabilités. Le premier descendant de Sang-Pur à se soustraire à un mariage arrangé.

Qui voudrait d'un récit d'une soirée où il ne se passe strictement rien en comparaison ?

Hermione soupire et pose sa tête à même son bureau, le regard tourné vers la vue que lui offre le dernier étage qu'elle loue pour ses locaux. Deux nuits sans sommeil. Deux nuits à remettre son avenir en question. Deux nuits où elle se maudit pour avoir perdu des semaines de travail acharné, pour s'être rapprochée de Malfoy et pour avoir donné l'occasion à ce dernier de fuir ses parents.

Après cette soirée, elle ne lui souhaite pas une vie de malheur aux côtés d'une épouse qu'il n'aime ni ne désire... Mais quand même... Il aurait peut-être pu faire un effort, attendre un peu. Histoire qu'elle ait de quoi mettre du beurre dans ses épinards pour le reste de l'année.

Elle n'arrive pas à croire qu'elle est là, les bras ballants, en train de chouiner et s'apitoyer sur son sort. Mais même la jeune femme doit reconnaître que les lions peuvent se retrouver totalement découragés. Au moins, personne n'est témoin de son malheur...

- Enfin, je t'ai trouvée ! Alors, ce sont ça, les locaux d'A la bonne heure ?

Hermione se fige un instant avant de ramener ses bras autour d'elle-même pour se protéger.

- Nous sommes fermés. Repassez plus tard. Merci. Au revoir.

Un rire lui répond et elle entend des pas se rapprocher, faire le tour de la pièce sans prendre ses propos au sérieux.

- C'est plutôt vide.

- C'est en cours d'aménagement ! s'insurge-t-elle en se redressant soudain pour regarder l'intrus dans le blanc des yeux. Que fais-tu là, Malfoy ?

Il s'arrête devant son bureau pour soutenir son regard. Elle ne sait pas comment il fait pour ne pas se départir de son sourire, surtout que pour elle, ce dernier réveille toutes les émotions déstabilisantes vécu deux jours plus tôt. Alors qu'elle pensait à un simple écart à mettre sous le coup de l'angoisse et le goût du risque, Hermione se sent rougir.

- Je m'attendais à un meilleur accueil. Tiens, c'est à toi il me semble.

Il tire quelque chose de sa poche et la jeune femme met un temps à réaliser qu'il s'agit de son magnétophone sur lequel le sortilège de métamorphose ne fait plus aucun effet. Envolé le faux collier en diamants qu'un lutin lui a arraché durant sa course.

Elle regarde l'objet, complètement pétrifiée. Elle ne comprend pas.

- Tu dois t'être trompé.

- Ne me prends pas pour un idiot, s'il te plaît.

Hermione n'ose pas relever la tête. D'un instant à l'autre, le Malfoy de ses souvenirs va forcément refaire surface. Il est sûrement là pour l'humilier ou tourner les choses à son avantage. Il ne peut pas être là par simple envie d'être là.

Il attire une chaise vide d'un Accio! et se place à sa hauteur. Ses yeux gris sont plus durs à affronter maintenant qu'il se tient dans son bureau et qu'elle n'a plus de masque sur le visage.

- N'as-tu pas pensé un seul instant que je puisse te reconnaître ? s'adoucit-il en cherchant son regard. Je connais ta voix. Je connais ton attitude, ta silhouette, tes manières n'ont pas vraiment changé non plus... Tu as semé tellement d'indices, Hermione. Tu as également assommé trois des gardes de ma mère en partant et cet objet est à première vue complètement moldu. Il n'y a pas un seul instant où je n'ai pas deviné qui se cachait derrière ton masque.

- Tu m'as pourtant demandé de l'enlever.

- Pour voir si tu avais envie de m'affronter sous tes propres traits.

Il savait.

Ce qui veut dire qu'il l'a embrassée en connaissance de cause. Son ventre fait un looping et elle relève la tête.

- Tu as su quand je t'ai envoyé promener dans cette chambre.

Un sourire.

- Évidemment, tu as perdu ton accent italien en une seule seconde. Et « je t'emmerde royalement, Malfoy » ? C'est quelque chose que j'ai entendu tant de fois de ta part.

Hermione triture le magnétophone dans ses mains. Elle n'arrive pas à croire qu'elle l'ait récupéré, bien qu'il soit désormais complètement inutile. Sous le coup du trop plein d'émotions qu'elle subit, elle a presque envie de pleurer. Son avenir incertain. La présence de Malfoy dans son monde à elle. L'affection qui lui réchauffe le ventre. Alors que rien ne va, il y a une petite bouffée de joie qui prend place dans sa poitrine.

Il tend la main entre eux, paume vers le haut. Hermione se revoit sur le banc dans le jardin. Ce n'est plus Elina et un héritier insubordonné, il s'agit d'eux dans leur plus simple appareil cette fois. Elle relève les yeux avec une légère hésitation mais l'incertitude qu'elle lit sur son visage, comme s'il avait peur de son refus finit par la convaincre.

Elle lui donne sa main.

- Une rouquine que j'ai rencontré en te cherchant m'a expliqué ta situation... Je pense que tu tiens une meilleure histoire que celle de la presse ces derniers jours, si tu veux un avis personnel, chuchote-t-il.

- Ginny.

- Elle a l'air un peu surexcitée par la tournure des événements. Imagine combien d'autres pourraient l'être ?

Hermione a à peine le temps de demander des détails qu'il se lève pour se pencher vers elle. Le sort de son journal s'envole soudainement face à sa proximité réelle que sublime la lumière du jour. Sa main caresse tendrement la sienne, lui demandant timidement son accord. L'attirance qu'elle ressent est plus sincère que jamais en affrontant son regard sous ses traits à elle. Elle n'a pas à se mentir d'avantage, Draco Malfoy l'énerve et lui plaît à la fois.

Un léger sourire la traverse et elle ferme une nouvelle fois la distance entre eux. Une main se referme sur sa nuque et elle fond sous le toucher de leurs lèvres qui se découvrent. Un baiser dans lequel elle se perd jusqu'à ressentir le bureau entre eux comme étant de trop.

- Vu que tu as l'air d'avoir une idée... As-tu un titre pour cet article ? murmure-t-elle.

Il contourne le meuble. Ses yeux semblent la dévorer entière. Il la voit, elle, pas Elina ou tout autre divinité en robe hors de prix. Hermione Granger.

Ses mains se logent sur sa taille pour réduire la distance entre eux.

- Je ne sais pas, moi. « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants » ?

- Merlin, beurk.

- Trop tôt, c'est ça ? la taquine-t-il.

- Contente-toi de me demander un rencard et on verra déjà si j'accepte. Il y a un peu de chemin à parcourir te concernant quand même...

Il se mordille les lèvres et elle ne résiste pas un instant au sourire en coin qu'il lui adresse avant de venir l'embrasser une nouvelle fois.

Quelque chose la séduit infiniment en découvrant que ce jeune homme n'a pas suivi le chemin de ses parents, qui a fait le choix de renier ce monde, pour lui tout d'abord, mais aussi pour avoir la liberté de venir la trouver. Elle ferme les yeux pour déguster cette rencontre qui sonne comme une étrange chance et elle sent son partenaire se détacher lentement. Ses pensées à lui semblent avoir suivi la même inclinaison.

- Que dis-tu de « Comment, moi, Draco Malfoy, ai-je rencontré Hermione Granger pour la seconde fois » ?


Un petit avis ?

.

Oui, c'est romantique.

Non, ça ne suit pas à la lettre le conte original. Saurez-vous retrouver les clins d'œil ?

Le second conte que j'aimerais reprendre ? J'hésite encore entre La Belle et la Bête ou Raiponce. A vous de me dire ! Je ferais sûrement un sondage sur mon twitter dans la semaine, d'ailleurs.

Je vous embrasse et à bientôt !

Slyth.