xBonjour ! Voici, comme promis, pour ceux qui attendent la suite de Detroit Extended Version : de quoi ronger votre frein en attendant que je sois prête heheh ! Si les parties sont équitables, il devrait y en avoir 5 ou 6. Et c'est une histoire assez cool !


Retenant son souffle, réussissant enfin à surmonter sa peur, Alice s'élança et traversa pour de bon l'autoroute. Mais elle senti en faisant les derniers pas que cette fois, Kara ne l'avait pas suivie.

En se retournant, elle vit que l'autre androïde l'avait rattrapée. Il la retenait dans ses bras, la soulevant du sol et l'empêchant de courir à travers les voies, les voitures klaxonnant en les rasant de près de chaque côté.

Kara se débattit, frappa Connor qui perdit l'équilibre et bascula en arrière, sur la voie.

Kara s'élança en avant.

Connor roula sur le côté, revenant sur la ligne blanche, à un cheveu de se faire écraser.

Kara se fit projeter dans les airs.


« Bon sang, quelle horreur…

– Elle va s'en remettre, tu crois ?

– Tais-toi !… »

Alice était prostrée sur la chaise à côté du bureau du Lieutenant. Celui-ci, peu confiant envers les machines, avait confié sa surveillance à un collègue pendant qu'il discutait avec Fowler. Elle entendait donc sans vraiment les entendre ces quelques voix qui ressassaient toute la médiocrité de sa condition.

Pendant ce temps, dans le bureau du patron :

« Quelle merde, Hank… mais qu'est-ce qui lui a pris aussi, à cette débile, de traverser l'autoroute ?

– Cherche pas. Ces machines sont déglinguées.

– Tu m'étonnes. D'ailleurs c'est toi qui as dit à ton "assistant" d'aller se foutre dedans ?

– Tu me prends pour qui ?!

– Oui, bon, ça va, fallait que je demande… on a des nouvelles du chauffeur du camion qui l'a percutée ?

– J'ai rappelé l'hôpital, il va bien, enfin rien de cassé à part son pare-brise…

– Et la gosse ? »

Hank se retourna et regarda la petite chose posée sur sa chaise.

« À part son état mental, tu veux dire ?

– Hank…

– Pas une égratignure.

– Bon… Fowler soupira, exténué. Y va falloir trouver quelque chose pour elle au moins cette nuit.

– J'essaye d'avoir sa mère, mais pas moyen de mettre la main dessus…

– Non, ça, laisse tomber, elle a disparu depuis qu'elle a quitté Williams. 'M'est avis qu'elle s'est enfuie et qu'elle voulait pas qu'il la retrouve.

– Et les grands-parents ?

– Morts. Pas d'oncles et tantes.

– C'est pas vrai…

– Demande à quelqu'un de la garder pour la nuit, ensuite on…

– Attends, quoi ? Comment ça, demander pour… mais et les services sociaux ?

– Tu sais bien que plus rien ne marche depuis les réformes de 2022 ! Et alors avec le scandale de 2027… aucune chance qu'ils rappellent. En tout cas pas ce soir. Selon le décret, c'est aux agents qui l'ont trouvée de garder la petite avant qu'elle ne trouve un foyer définitif.

– Non mais tu te fous de moi ?!

Est-ce que j'ai l'air ?! pesta Fowler. C'est ça ou la rue ! Cette gosse n'a plus personne, alors soit tu la garde, et j'aime autant pas, soit tu lui trouves quelqu'un qui peut se le permettre. Et dépêche-toi, tout le monde est en train de rentrer chez soi, ça va pas être coton…

– Non mais je rêve… »

Il sortit avec des idées noires plein la tête. Fowler avait raison, les services sociaux et ceux de protection à l'enfance étaient devenus si délabrés que même les chenils étaient plus humains. Quelques scandales et très mauvaises décisions gouvernementales avaient permis, grâce au temps, de les rendre extraordinairement inefficaces. Une honte mondiale.

Ravalant la gène que cela lui coûtait à chaque fois, il fit le tour de quelques collègues pour trouver une bonne âme qui voudrait bien s'occuper d'Alice. Administrativement parlant il était, bien sûr, le premier choix sur la liste, mais Hank n'ignorait pas lui-même qu'il était alcoolique et négligé. Pas le rêve pour une gamine qui avait vu son père – un père violent d'ailleurs – mourir sous ses yeux, et qui venait de vivre une cavale intense.

« Ben alors ? Et à moi, tu proposes pas ? » Gavin venait de se ramener, avec son sourire provocateur. « Bon allez, puisque tu insistes…

– Attends une minute, Reed, je t'ai pas sonné…

– Et puis quoi encore ? Tu vois quelqu'un d'autre ?… À par toi peut-être ? s'esclaffa-t-il. À d'autres. Allez, laisse-la moi. Je m'en charge. Mais c'est vraiment parce que c'est toi… »

Hank fit barrage de son bras. Il jeta un œil à Alice et le regard craintif qu'elle portait sur Reed le lui confirma. Franchement, Reed était son dernier choix. Trop cynique. Trop con. La gamine avait besoin d'être rassurée, et la tronche que Reed tirait en permanence n'avait rien de tout ça. Il serait un tuteur temporaire sur le plan technique, pas sur le plan affectif.

« À quoi tu joues ?... Oh non, me dis pas que tu comptes la garder ? Toi ? »

Hank contint son agacement. Oui, il n'était pas un bon choix. Oui, il valait à peine mieux que Reed. Mais à peine, c'était suffisant.


« Voilà… c'est… Ah, Sumo, non ! Assis ! »

Sumo n'écouta rien du tout et trotta gentiment jusqu'à Alice pour renifler son visage, alors qu'elle se cachait derrière les jambes du Lieutenant.

« Faut pas t'inquiéter, c'est rien qu'une grosse boule de poils. Il mort pas, il bave, c'est tout. Allez Sumo, bouge de là. »

Il fit reculer le gros chien jusqu'au salon et chercha de quoi manger dans le frigo. Alice resta debout dans la cuisine, toujours aussi mutique. Hank, lui, peinait entre les différentes obligations qui poppaient dans son cerveau à mesure que les minutes passaient. Il était tard, pour Alice c'était déjà l'heure de manger et il n'avait vraiment rien, déjà que Hank ne savait pas cuisiner, alors sans la moindre boîte de conserve il était mal barré. Mais il n'y avait pas que ça, il n'avait qu'un seul lit. Donc il faudrait qu'elle dorme dedans, il était pas un sauvage, il la ferait pas dormir dans le canapé. Par contre ça voulait dire qu'il devrait changer les draps. Ah mais du coup, mince, elle n'avait pas de brosse à dent non plus, bon, tant pis pour cette fois – Oh et zut elle n'avait rien du tout, mais vraiment rien donc pas de vêtements non plus, et donc pas de pyjama ! Bordel…

« … Euh… hésite pas à t'asseoir, hein. Fais comme chez toi. »

Putain mais qu'il était mauvais.

« Bon, j'ai pas grand-chose là-dedans, je vais faire livrer quelque chose. D'accord ? Ça prendra pas trop longtemps. »

Tu parles, 20 minutes pour un gosse c'était l'éternité.

« Tu… tu veux quelque chose en particulier ? »

La petite chose fatiguée qu'était Alice ne dit pas un mot. Tiens, en plus il faudra qu'elle prenne des bains, est-ce que la salle de bain était propre au moins ? Déjà qu'il n'y avait pas de trucs de douche pour les filles… Mon dieu mais il s'en sortirait jamais…

La sonnette grésilla dans la maison. Mais merde à la fin, il n'avait même pas le temps de commander des pizzas – des pizzas putain, il était même pas foutu d'avoir une meilleure idée ! – Il trouva le temps d'allumer la télévision au passage et de déposer la télécommande à côté d'Alice. Lorsqu'il tomba sur Connor derrière la porte, son visage exprima une humeur noire.

« Lieutenant, nous devons retourner au poste de police… »

Il sortit, claqua presque la porte et se retint de le frapper.

« Mais la ferme, connard ! Qu'est-ce que tu crois que je fais, là ?! »

Connor jeta un œil à la porte, sans doute qu'il analysait les choses au bruit, et répondit « Vous avez installé Alice Williams dans votre maison. Si elle a mangé, alors vous pouvez la prévenir que vous sortez, verrouiller la porte et… »

Hank le poussa des deux mains, le faisant reculer d'un pas. « Imbécile ! Elle a pas mangé, elle a pas dormi, elle a pas d'lit, elle a rien ! Alors non je sors pas ce soir, merde !

– …Vous pouvez encore la confier à…

– À qui ?! Personne n'a le temps de s'occuper d'elle ! Et là je galère ma foutue race à aménager la baraque avant qu'elle tombe de fatigue, il est vingt-deux heures et j'ai rien putain, tu comprends ? »

Hank lâcha un gros soupir de fatigue, baissant le volume et le débit : « Ben non, tu comprends rien, toi, t'es trop con… écoute, va te brancher le cul sur une prise pendant la nuit, ce soir je peux pas bosser, compris ? »

La LED jaune tourna une petite seconde. Connor baissa la tête et à sa surprise, prit un air compréhensif : « Lieutenant, ça ne dépend pas de moi. C'est Alice. Son cas exige des mises au point au poste.

– Ouais ben dis-leur que je peux pas sortir, pour les mêmes raisons.

– Pourquoi ? »

Il grogna, épuisé et impatient : « Parce qu'elle a faim et soif et que j'ai rien commandé et parce que j'ai même pas le temps de courir lui acheter des draps propres, un pyjama, des vêtements, une brosse à dent, du shampouaing (oui je l'ai vraiment écrit comme ça) et toutes les conneries qu'elle devrait déjà avoir sous la main ! Et Ça, c'est vraiment urgent. »

Connor resta immobile, le fixant sans bouger. Hank se souvint qu'il ne fallait pas chercher à discuter avec Connor, quand ça ne marchait pas du premier coup, il n'écoutait rien.
Il se retourna vers la maison et l'entendit dire : « Je peux peut-être récupérer quelques effets personnels d'Alice, chez son père, pendant que vous vous occupez du repas ?

– … tu ferais ça ? »

Hank était trop médusé pour répondre autre chose.

« Bien sûr. Si vous n'êtes pas en mesure de faire votre travail, je peux au moins vous aider à résoudre le problème en question.

– Eh ben merde alors.

– Lieutenant ?…

– Tu vois Connor, ça, ça me rend service !

– Alors cela vous convient ?

– Ramène tout ce que tu peux.

– Bien, Lieutenant. »

Connor fit demi-tour et sa LED clignota pendant qu'il appelait un taxi. Hank résolut de faire une liste de tout ce à quoi il pensait pour la petite et s'assurer qu'il ai à peu près tout acheté dans les jours à venir. En attendant, il ouvrit son ordinateur et chercha quelque chose à livrer qui ne soit pas des pizzas. Il batailla un peu, remarquant qu'Alice s'était assise dans le canapé pour regarder la télévision, serrant ses genoux contre elle.

Elle ne fit pas de difficulté lorsqu'il l'appela pour manger, mais elle restait obstinément silencieuse. Connor sonna vers la fin du repas, alors qu'elle retournait s'asseoir devant la télé et que Hank mettait tout dans l'évier. En ouvrant, il vit que Connor avait acheté une valise exprès pour le transport. Hank le laissa l'amener jusqu'à la cuisine et ouvrit la malle. Il fut soulagé d'y trouver une sérieuse quantité de vêtements. Connor commença par lui donner la brosse à dent – il ne fut jamais aussi content d'en voir une – mais il râla pour les draps de lit :

« Qu'est-ce que tu veux que je fasse de ça ? Mon lit est beaucoup trop large pour ses draps…

– Mais vous ne dormirez pas éternellement dans votre canapé, Lieutenant. Ils pourront vous servir quand vous lui aurez trouvé un lit à sa taille. »

Hank resta bouche bée. Lui acheter un lit pour elle ? C'était un sacré investissement, ça ! Surtout quand on considérait qu'Alice n'était que de passage ! Enfin…

« … Lieutenant, vous avez conscience qu'il y a des chances qu'elle reste ici jusqu'à sa majorité ? »

Putain de merde. Connor avait raison. Ça s'était souvent vu, des gosses récupérés par les flics qui finissaient par faire partie de la famille. Quand on disait que le système d'aide sociale était déglingué !

Sauf que merde, Hank n'avait pas prévu d'adopter une Alice Williams du jour au lendemain… mais d'un autre côté, Alice n'avait rien d'autre pour le moment et ça risquait de ne pas s'améliorer tout de suite. Alors il regarda du côté d'une pièce fermée. Il s'y rendit, ouvrit la porte et considéra l'intérieur. La pièce lui servait de débarras, remplie d'affaires dont il avait rarement besoin.

« … bon. »

Il fallait qu'il se décide, ce n'était pas simple, mais c'était aussi une décision évidente.

« Aide-moi à débarrasser tout ça.

– Je vous demande pardon ?

– Fais pas ta précieuse, Connor ! Tu veux que j'assiste à cette réunion, oui ou non ?

– … »

Connor mit bien plus de temps à se décider, comme si ses concepteurs lui avaient finalement injecté un peu d'amour-propre. N'importe quoi, songeait Hank. Mais au moins, ils débarrassèrent à deux.

« Je sais même pas si j'ai assez pour acheter un lit entier… bah, ça attendra demain. »

Il entraîna Connor jusqu'à sa propre chambre et se fit aider pour changer le lit, après avoir envoyé Alice se brosser les dents. Une fois les draps mis en place, il l'envoya se coucher et lui expliqua qu'il avait "des choses à voir pour le travail", qu'elle ne devait ouvrir à personne et que Sumo veillerait sur elle. Elle avait hoché la tête et s'était retournée dans ses draps, toujours silencieuse.


Voilà, c'est déjà fini ! Mais comme c'est beaucoup plus court, je vais très probablement publier la suite plus vite (plus vite qu'une seule par semaine). Alors tenez-vous prêts ! ;)