CHAPITRE 1

Blaine Anderson trainait des pieds dans la rue, son sac sur le dos. Ça aurait dû être le plus beau jour de sa vie, il aurait dû sauter de joie. Pourtant, il était là, à marcher, à trainer des pieds comme s'il avait toujours un boulet accroché à ses chevilles. Comme si, finalement, il n'était jamais sorti de prison.

Il avait passé les trois années les plus difficiles de sa vie, mais il en sortait plus fort. Plus rien ne pourrait l'arrêter à présent.

Il jeta un regard circulaire autour de lui, s'arrêtant.

Sur le banc d'en face, un couple était en train de s'embrasser à pleine bouche, de se murmurer des mots doux à l'oreille. La jeune femme, la vingtaine, les cheveux blond, était assise sur les genoux du garçon, qui devait être un peu plus âgé qu'elle. Ils vivaient dans un autre monde, dans une bulle, et, bien que Blaine pouvait traversé la route et taper sur l'épaule de l'homme s'il le voulait, il ne pourrait jamais réussir à les tirer de cet autre monde. De leur monde à eux, où tout était magnifique et où il n'y avait qu'une seule loi: celle de s'aimer éperdument.

Le cœur de Blaine se serra et un prénom lui passa devant les yeux.

"Non!"

Il secoua la tête pour chasser sa pensée et s'empressa de continuer son chemin pour s'éloigner le plus vite possible du couple.

Il accéléra et tira sur la bretelle du sac en grognant. Il ne se doutait pas que son sac pourrait être si lourd à sa sortie de prison, lui qui pensait qu'il ne possédait rien... Eh bien la douleur dans son dos lui prouvait le contraire.

Au carrefour suivant, il s'arrêta. Prendre à droite, à gauche, partir tout droit. Il se tâta pendant quelques secondes et décida de continuer tout droit, de foncer comme il l'avait toujours fait dans sa vie.

De toute façon, la direction l'importait peu. Il n'avait pas d'endroit où aller, pas de but, rien. Il avait dix-neuf ans et sa vie se résumait à du vide, à un désastre déprimant. Après son incarcération, ses parents l'avaient abandonné. Il n'avait jamais reçu une seule visite en prison.. Aucune... Même pas de...

Son pied se pris dans un racine d'un arbre planté sur le trottoir. La douleur dans sa cheville le lança et il dû s'arrêter et s'appuyer sur l'arbre. Il fronça les sourcils en prenant sa cheville dans les mains. Saloperie de racine! Il était prêt à parier qu'il venait de se payer une entorse.

Eh oui, sa sortie de prison aurait du être le plus beau jour de sa vie. Au final, il aurait peut-être dû y rester.

C'est donc en boitant qu'il tenta de reprendre vers sa route vers il ne savait trop où. Il comptait tourner en rond dans Lima jusqu'à tomber de fatigue et s'endormir, peut-être sur un banc ou dans un autre coin de la ville. De toute façon, ce n'était pas très important.

Cependant, son ventre gronda. Il avait faim et sa cheville lui lançait atrocement. Il décida qu'il serait plus sage de rester à l'arbre.

Son ventre se fit entendre et Blaine grogna une nouvelle fois. Il aurait dû manger avant de récupérer ses affaires, il aurait au moins eu le ventre plein pour sa sortie. Et puis avec sa cheville qui le lançait, il n'était pas question de voler quelque chose. Avant d'aller en prison, il avait l'habitude de rentrer dans des magasins, de fourrer deux trois trucs dans ses poches et de partir aussi vite que possible lorsque l'alarme se déclenchait quand il passait devant les barres de surveillance. Combien de fois il s'était fait poursuivre par des vigiles black bien baraqués! Mais il avait toujours été rapide, alors qu'eux devaient trainer leur masse de muscles. Il réussissait toujours à leur échapper! Mais avec sa cheville, il ne pourrait pas courir.

Son ventre gargouilla une nouvelle fois et il s'assit au pied de l'arbre en soupirant. Les passants le regardaient avec un air effaré. Ce n'était pas tous les jours qu'on trouvait un homme assis par terre, un sac dans le dos, à regarder ses chaussures. Mais Blaine s'en foutait. Rien de ce que pensaient les autres ne l'intéressait. Ça faisait bien longtemps qu'il s'en était désintéressé.

Un tintement à côté de lui attira son attention. Un pièce roula jusqu'à son pied et tomba, après avoir tapé dans sa chaussure. Blaine la fixa longuement. Voilà ce à quoi sa vie se résumerait à présent. Il était condamné à faire la manche pour survivre. Il n'avait pas de boulot, pas d'argent de côté... Il pourrait peut-être vendre deux trois affaires, mais il n'en tirerait pas grand-chose. Il serait dépendant de la pitié des autres.

Pourtant, il ne voulait pas de cette vie. Qui en voudrait de toute façon? Ça ne lui ressemblait pas! Il n'était pas né pour finir dans les rues et surement pour mourir de froid pendant une tempête de neige en pleine hiver. Il n'était pas sorti de prison pour ça.

Il se releva et regarda une nouvelle fois la pièce sur le sol.

Son ventre grogna.

Il fut tenté pendant une fraction de seconde de la ramasser. Avec ça, il pourrait s'acheter un truc à manger, et son estomac le laisserait tranquille, au moins pour la journée.

Dans le doute, il se mordit la lèvre, sans quitter des yeux le petit éclat argenté sur le trottoir.

"Un problème?"

Il se retourna et tomba nez à nez avec une jeune fille, d'à peu près son âge, blonde, les cheveux légèrement ondulés et des yeux à se damner. Elle lui adressait son plus beau sourire. En tout cas, elle essayait, ça se voyait. Elle pencha la tête sur le côté, dans un mouvement qui se voulait mignon

"Non merci, ça va aller, répondit Blaine un peu sèchement".

"Vous êtes sûr? Vous avez l'air un peu perdu... Vous êtes nouveau à Lima?"

Elle cligna des yeux et roula le bassin vers la gauche. C'est alors que Blaine comprit, et il leva les yeux vers le ciel. Cette nana était en train d'essayer de l'allumer.

"Non, je ne suis pas nouveau."

Il espérait que son ton froid et cassant pousserait la jeune fille à réfréner son ardeur et à le laisser tranquille. Il ne voulait parler à personne, voir personne, et surtout pas se faire draguer.

"Pourtant vous... Je peux te tutoyer?"

Elle n'attendit même pas sa réponse pour continuer.

"Pourtant tu as un sac avec toi. Tu reviens de voyage?"

Il soupira d'agacement. Cette fille allait lui foutre sa journée en l'air. Déjà qu'elle n'était pas très joyeuse, il n'avait pas besoin que quelqu'un vienne la bousiller d'avantage.

"Non, je sors de prison."

Enfin, le sourire de la blonde se fana, et ses yeux perdirent de leur éclat. Elle se redressa un peu, semblant perdre contenance et toussa légèrement.

"Ah... Euh... Fit-elle. Tu y étais pour quoi?"

"Je ne pense pas que tu veuilles le savoir."

Elle reprit son attitude charmeuse et son bassin roula de l'autre côté.

"Tout le monde aime les bad boy, tu sais. Surtout moi..."

Oh mon Dieu, sauvez moi, pensa Blaine.

Elle se mordilla les lèvres en lui jetant un regard aguicheur.

Elle était le genre de filles belles, conscientes de leur beauté et qui en jouaient, qui pensait pouvoir avoir tous les garçons qu'elles voulaient. Blaine se souvenait des filles comme ça, il en avait côtoyées au lycée, mais passer trois ans sans voir une seule de ces filles l'avait fait oublier à quel point il les détestait.

Il esquissa un sourire en coin quand il se souvint de sa répartie préférée dans ces moments-là. Enfin, de celle qu'il aurait aimée dire à l'époque du lycée, mais qu'il n'a jamais balancée, de peur des conséquences.

La fille sembla se méprendre sur son sourire car elle se rapprocha un peu de Blaine.

"En fait, moi c'est Caroline, fit la fille"

"Et moi je suis gay, balança Blaine avec un sourire".

Le sourire de Caroline se décomposa. Ses yeux s'agrandirent et elle fit un saut en arrière. Elle le regarda de haut en bas et, après que son cerveau ait analysé l'information, le dégout se peigna sur son visage. Elle regarda Blaine avec une expression de répugnance absolue.

"Tu es homo? demanda-t-elle avec une voix faible."

"Ouais! assura fièrement Blaine."

"Un conseil. Fait toi soigner, cracha-t-elle"

Sur ce, elle tourna les talons et s'éloigna à grand pas, sans même jeter un regard à Blaine.

Ce dernier sentit la colère monter en lui. De rage, il donna un coup de poing dans l'arbre.

"Saloperie d'homophobe... ragea-t-il entre ses dents."

Il en avait connus beaucoup au lycée... Heureusement pour lui, il était quater back de l'équipe de foot, il sortait avec la capitaine des cheeleaders et personne n'osait l'attaquer en face. Cependant, les gens n'étaient pas dupes, malgré les baisers et la main aux fesses de sa copine. Il ne trompait personne ou, en tous cas, les personnes qui ne se voilaient pas la face. A cette époque, il était au courant de la rumeur qui courait sur son éventuel homosexualité, ce qui le poussait à faire de plus en plus de conquêtes. Il ne comptait même plus le nombre de filles qu'il s'était tapées. Grâce à ça, il pouvait sauver les apparences, se forger une image de bourreau des cœurs, de macho hétéro. Mais les doutes avaient toujours subsistés, et il n'était pas rare qu'il reçoive un message anonyme dans sa boite mail, le traitant de tous les noms. Un jour, il avait reçu l'adresse d'un exorciste. Les gens étaient d'une telle lâcheté. Jamais personne ne lui avait rien dit en face, c'étaient toujours des coups dans le dos, quand il s'y attendait le moins... Et puis, en terminal, il L'avait rencontré. Il s'était fait transféré et avait atterrit à la Dalton académie, où Blaine étudiait. Il avait beaucoup plus souffert que Blaine, car Il ne se cachait pas. C'était un homo assumé et fier. Blaine, bien qu'il le poussait contre les casiers et lui envoyait des slushies entiers à la figure, avait toujours été admiratif de Lui. Il en était tombé amoureux et...

Blaine frappa une nouvelle fois contre l'arbre, tellement violemment qu'il dû posé son pied blessé par terre. La douleur lui fit émettre un petit couinement. Cependant, il ne souleva pas son pied. La douleur irradiait de sa cheville mais elle prenait ainsi possession de tout son corps, lui permettant de lui remplir la tête. Pour ne pas qu'il pense. Il ne devait pas penser à tout ça. Ne devait plus. C'était fini, Il l'avait oublié, lui et tout ce qu'ils avaient vécus.

Il écrasa son pied sur le sol et sa cheville se tordit. Il poussa un cri et posa sa tête sur le tronc de l'arbre en fermant les yeux. Des larmes de douleur coulèrent sur ses joues et sa respiration se fit saccadée.

Enfin, il releva son pied, lui faisant quitter la surface du sol. Sa cheville le lançait atrocement, il avait probablement aggravé sa blessure. La douleur s'était calmée mais restait tout de même présente dans sa jambe, comme une brûlure incessante. Mais Blaine trouvait cette brûlure apaisante. Elle était la manifestation physique de ce qu'il ressentait depuis trois longues années...

En tous cas, une chose était sûre, il ne pourrait pas marcher pour trouver un endroit où dormir, ni même à manger.

Il se rassit par terre, contraint à passer sa journée, et surement sa nuit, adossé à ce tronc d'arbre.


Kurt Hummel se regardait dans la glace de sa chambre. Il venait de chanter Defying Gravity. Il sourit tristement en repensant à ce défi de diva qu'il avait relevé au Glee Club, sa première année. Il repensa à ce Fa aigu, volontairement raté, qui avait permis à Rachel Berry de l'emporter. Heureusement pour elle car, si il avait réussi sa note, la pauvre aurait été tournée en ridicule et il aurait gagné ce concours.

Ah, Rachel Berry! Ça faisait trois ans qu'ils avaient eu leurs diplômes et elle était déjà devenu une incontournable de Broadway. Après avoir joué Fanny dans Funny Girl, elle était devenue une petite étoile de Broadway et était maintenant en passe de devenir la nouvelle Barbra Streisand. Kurt était fier de son amie, même s'ils s'étaient perdus de vue. Au fond de lui, il avait toujours su qu'elle deviendrait une grande star. Depuis sa naissance, Rachel avait cette petite part de lumière et de talent en elle qui la rendait exceptionnelle quand elle chantait. Sa voix avait déjà plusieurs fois envoyé Kurt dans d'autres mondes. Mais, malgré la fierté qui l'emplissait quand il pensait à elle, Kurt ne pouvait pas s'empêcher d'avoir un petit pincement au cœur. Il devrait être avec elle, sur les planches. Il aurait dû lui aussi faire ses études à la NYADA. Il les avait d'ailleurs débutées là-bas. Pendant une année, il avait habité un studio avec Rachel, puis avec Santana quand elle s'y était rajoutée, en plein cœur de New-York, la ville qui ne dort jamais. Kurt nourrissait un amour inconditionnel pour cette ville, il aurait voulu ne jamais en partir, surtout si c'était pour retourner à Lima, l'endroit qu'il avait souhaité quitté depuis aussi loin qu'il s'en souvienne.

Mais les choses avaient changées. Son père était mort, Finn était parti en Afghanistan faire la guerre et Carole avait besoin de quelqu'un avec elle, dans Lima.

Carole avait tellement changée en quelques années... Depuis la mort de son second mari, le père de Kurt, dont le cœur avait lâché en plein travail, elle n'était plus la même. Elle avait fait une affreuse dépression, à laquelle Finn n'arrivait pas à faire face. Au lieu de rester auprès d'elle, il avait demandé à être envoyer en Afghanistan, pour faire la guerre. Enfin… Kurt savait que c'était surtout pour fuir sa mère. En tous cas, Carole s'était retrouveé seule et Kurt avait dû revenir à ses côtés, abandonnant New-York, la NYADA, Broadway...

Il regarda la petite photo de mariage de son père et Carole, encadré dans le cadre que Kurt avait lui-même choisi après leur lune de miel. Sur l'image, Burt et Carole étaient rayonnant. Leurs sourires semblaient être sans fin, tout comme leur bonheur.

Des larmes s'accumulèrent dans les yeux de Kurt. Ça allait faire presque deux ans que son père les avait quittés, mais la douleur était toujours aussi vive. Il avait bien dit à son père de faire attention à son cœur mais Burt était probablement une des personnes les plus têtues que Kurt avait pu rencontrer dans sa vie.

Il se reprit et se regarda une nouvelle fois dans la glace. Ça ne servait à rien de remuer les blessures du passé.

Il pris la brosse à cheveux, posé au milieu de la multitude de crème dont Kurt se tartinait chaque jour le visage et recommença à chanter.

Never knew I can feel like this

like I've never seen the sky before

Want to vanish inside your kiss

Seasons may change, winter to spring

But I love you until the end of time

Come what may, come what may

I will love you until my diyng day

Suddentl...

"KUUUUURT!"

Kurt se tut, reposa la brosse et se précipita dans le salon. Carole était en train de faire la vaisselle et se retourna vers lui.

Avec sa dépression, elle avait perdue beaucoup de poids, et ses traits s'étaient tirés. Bien qu'elle allait mieux, elle n'avait jamais repris son poids de départ et ses traits ne s'étaient jamais détendus. Ses cheveux avaient énormément blanchis en deux ans. La mort de Burt avait accéléré son vieillissement. Kurt n'était pas sûr que si Finn rentrait, il reconnaîtrait sa mère. Bien sûr, elle avait les mêmes yeux, mais leur éclat n'était plus là, elle n'avait plus le même sourire… L'ancienne Carole, celle qui avait épousée Burt, s'était évanouie pour toujours, laissant derrière elle une pâle copie de ce qu'elle était.

"Tu as besoin de quelque chose? demanda Kurt."

"Oui... Je t'ai entendu chanter et... Je me sens seule ici, tu ne veux pas chanter là? Tu sais à quel point j'aime quand tu chantes..."

Kurt sourit au ton gêné de sa belle-mère. Elle était la gentillesse incarnée et avait toujours peur de déranger les gens... Au fur et à mesure des années, Kurt avait appris à l'aimer comme un fils aimait sa mère et il savait que Carole l'aimait de la même façon. Pourtant, elle avait toujours autant de mal à lui demander des choses. Elle avait toujours su faire la distinction entre le fait d'être une mère et une belle-mère. Pour ça, Kurt lui en serait éternellement reconnaissant.

"D'accord, je vais chanter."

Elle lui souffla un merci et Kurt entonna les premières notes de A House Is Not a Home de Dionne Warwick.

Pendant qu'il chantait, il se sentait enfin à sa place, là où il devait être. Il savait que sa destinée était de chanter, il savait que New York et la NYADA était ce pour quoi il était né. Mais les malheurs de la vie avaient joués contre le destin et avaient remportés la bataille. Un duel de diva que Kurt avait une nouvelle fois perdu.

A la fin de la chanson, Claire l'applaudit, les mains pleines de mousse. Kurt ria.

"Attention Carole, tu vas mettre de la mousse partout."

Carole ria avec lui et lui fit signe d'approcher avant de le prendre dans ses bras.

"Carole, la mis en garde Kurt. Si jamais tu abîmes mon ensemble, je te fais manger ma chemise!"

Sa belle-mère gloussa et il ferma les bras autour d'elle.

S'il n'était pas heureux de revenir à Lima, il savait qu'il avait fait le bon choix, le seul choix possible. Il n'aurait pas pu laisser Carole, une femme aussi douce et aussi adorable qu'elle, se laissé entraîner dans une rivière de tristesse. Tout ça aurait mal fini.

"Kurt...J'aimerai te poser une question..."

Kurt émit une sorte de grognement pour signifier son accord.

"Il y a une chanson que tu chantes toujours, seul, dans ta chambre. Mais tu ne me la chantes jamais. Pourquoi?"

Kurt se détacha de l'étreinte de sa belle-mère et regarda son visage. Ses yeux semblaient vraiment curieux. Mais Kurt n'avait pas vraiment envie de lui dire, une part de lui ne voulait pas révéler ce rêve qu'il gardait en lui depuis des années. Bien qu'il avait abandonné l'espoir de le réaliser, il n'était pas encore prêt à en parler. Et une part de lui, la part qui faisait toujours des rêves de Broadway, continuait à y croire. Mais il savait pertinemment que jamais ce qu'il souhaitait tellement fort ne pourrait se réaliser s'il restait à Lima. Et il y était condamné. Mais ça ne l'empêchait pas de continuer à chanter cette chanson, à l'aimer et à s'imaginer. Mais jamais il ne pourrait la chanter devant quelqu'un, elle était une part intégrante de lui-même. Elle était même la part qu'il avait eu le plus de mal à accepter.

"Je ne sais pas... menti Kurt. Je n'y pense pas c'est tout..."

Il vit dans les yeux de Carole qu'elle ne l'avait pas cru. Mais il savait aussi qu'elle ne le forcerait pas à en dire plus. Elle possédait cette qualité, celle de savoir se taire quand la situation le demandait.

"Très bien, dit-elle avec un sourire. Est-ce que tu peux au moins me donner le titre? J'adore la mélodie..."

Kurt fronça les sourcils. Carole aurait-elle compris ce qui dominait le cœur de Kurt depuis des années? Souhaitait-elle avoir des réponses à ses questions avec cette chanson?

Mais il décida que, après tout, ce n'était pas un titre qui allait changer la face du monde. De son monde.

"Come what may. Moulin rouge."

Il tourna les talons avant que Carole puisse voir les larmes couler sur ses joues Il ne voulait pas l'inquiéter, elle n'en avait pas besoin, elle avait assez de problèmes comme ça. Et puis, Kurt avait une fierté.

Il entendit Carole lui adressé un bref merci derrière lui et remonta les escaliers pour retourner s'enfermer dans sa chambre. Il se jeta sur son lit et regarda son plafond, réfléchissant à sa vie en laissant ses yeux rejeter toutes les larmes qu'ils voulaient.

Sa vie se résumait à ça aujourd'hui. A rien. A Carole, à la maison. Il ne faisait rien, vivait sur l'argent que Carole gagnait pour son travail d'infirmière. Tout ce qu'il possédait, c'était son diplôme de lycéen mais il n'avait rien venant d'une université quelconque. Rien qui lui permettrait d'avoir un vrai travail. Il avait bien essayé d'être serveur au BreadstiX mais il était beaucoup trop maladroit pour porter les plateaux. Il avait tenté d'être vendeur dans un magasin, mais il avait été renvoyé. Pourtant, la mode était un domaine qu'il connaissait extrêmement bien mais, selon le patron, ses "commentaires désobligeant pour influencer les clients dans leur choix" n'étaient pas les bienvenues. Pourtant, Kurt essayait juste de guérir les gens de leur mauvais gout, il ne le faisait pas méchamment. Mais il faut croire que tout le monde n'était pas de cet avis.

Il y avait aussi le problème de son homosexualité qui dérangeait pour trouver un travail. A Lima, le nombre d'homophobes se comptaient à la pelle. Et Kurt n'était pas un gay qui se cachait. Il s'assumait entièrement et le montrait. Il avait un gout pour la mode tellement poussé que, rien que dans la façon dont il était habillé, on voyait qu'il était gay. Alors de nombreux employeurs l'avaient mis dehors, accompagné d'une insulte ou d'un commentaire acerbe.

C'était en partie pour ça qu'il détestait Lima. Pour les gens. La liberté de penser, d'être, n'existait pas dans cette ville. Les gens étaient fermés d'esprit et réticent pour tout ce qui sortait du moule.

New York était différente. La ville de toutes les cultures, toutes les religions... Toutes les orientations sexuelles. Kurt n'était pas jugé là-bas, puisqu'il y avait d'autres gens comme lui. Alors qu'ici, il était seul.

Il soupira. Kurt avait tiré un trait sur l'espoir de trouver l'amour un jour. Il s'était résigné à vivre sa vie ici.

Les paroles de la chanson lui revinrent en tête, son rêve aussi.. Il ferma les yeux, ne voulant pas y penser.

Il se releva et rejeta la tête en arrière.

"Il y en a des plus malheureux que toi, se dit-il à lui-même. Tu as un toit, une famille, de l'argent, des vêtements, de la nourriture. Que demandez de plus?"

Des amis?

Non seulement Kurt était le seul gay de la ville, mais il était aussi seul dans le sens où il n'avait pas d'amis. Ou plutôt, il n'en avait plus. Sa meilleure amie, Mercedes avait quitté l'Ohio, Quinn était à Yale, Santana et Rachel à New York, Puck à Los Angeles, Finn en Afghanistan... Il se retrouvait seul à Lima, sans amis avec qui sortir.

Pour faire vite, sa vie était un trou noir total, dans lequel il n'avait plus aucune chance de réaliser ses rêves.

Kurt secoua la tête. Mais qu'est-ce qui lui arrivait? Il était fort, il avait toujours survécu à tout. Aux humiliations au lycée, parce qu'il était gay, à la mort de sa mère, la mort de son père. Il n'allait pas flancher maintenant, juste parce qu'il n'avait plus d'amis sur qui compter. Et puis, il avait toujours Carole, qui était presque devenue sa mère au fil des jours. Et Finn reviendra bien un jour...

Décidé à ne pas se laisser abattre, Kurt décréta qu'il était temps qu'il sorte un peu en ville pour se rafraîchir les idées. Resté chez soi à broyer du noir risquait de faire apparaître des rides sur son visage. Il avait déjà assez peur que la vingtaine le vieillisse alors pas besoin de favorisé l'apparition des pâtes d'oie et des cheveux blancs en plus. Il attrapa son manteau, enfila ses chaussures et se regarda une dernière fois dans le miroir avant de jeter un coup d'œil à la photo de son père et de Carole.

"Je t'aime, Papa, murmura-t-il avant de sortir de sa chambre".

Il descendit les escaliers à toute allure.

"Carole? Je sors!"

Il entendit à peine la réponse de la femme qu'il était déjà dehors, sur le perron.

Où aller? Ça faisait très longtemps que Kurt n'était plus sorti. Il ne sortait maintenant que pour faire les courses où les boutiques, mais jamais sans une raison. Il ne sortait plus comme il le faisait avant, juste pour le plaisir de se promener et d'aller voir des gens.

Il eut un moment de doute. Peut-être qu'il ferait mieux de rentrer à près tout. Cette sortie ne ferait que lui rappeler ce qu'il avait perdu.

Merde, Kurt, bouge-toi! Pensa-t-il. Ne reste pas à te morfondre chez toi. Tu veux être quelqu'un? Alors fais en sorte que ça arrive!

Il descendit les marches et, d'un pas assuré, remonta la route. Il trouverait bien quelque chose à faire une fois en ville.

Après un quart d'heure de marche, Kurt arriva devant le BreadstiX. Il regarda à l'intérieur. Rien n'avait changé en trois ans. En fait, rien n'avait changé depuis que Kurt côtoyait l'endroit. Les jeunes assis aux tables en train de parler ou manger prouvaient que le restaurant était toujours le lieu de regroupement des élèves de McKinley.

Kurt scruta les têtes. Est-ce que parmi eux il y en avait du Glee Club?

Alors, Kurt se demanda si le Glee Club existait toujours.

Pendant ses années de lycée, le Glee Club avait toujours été sur le fil. Il faut dire qu'avec Sue qui s'évertuait à anéantir la chorale, ça n'avait pas été facile tous les jours. Et puis, ils étaient tous considérés comme des loosers. Ça ne l'étonnerait même pas qu'il n'y plus de chorale à McKinley.

Kurt décida de passer devant son ancien lycée. Ça faisait vraiment longtemps qu'il n'y avait pas remis les pieds. Il prit alors le chemin qu'il avait emprunté un nombre incalculable de fois, reliant le BreadstiX au lycée.

Devant le lycée, il ne trouva personne. Les voitures étaient encore garées sur le parking mais plus aucun jeune ne traînait dans le coin. Kurt regarda l'heure. 16h46. Ils devaient tous être encore en cours. Il ferait mieux de faire demi-tour et retourner chez lui. Carole avait surement besoin d'aide pour faire le ménage, la cuisine... Cependant, une force irrésistible le forçait à garder les pieds sur le sol, les yeux rivés sur la façade du lycée qu'il avait pourtant détesté. Dans ce lycée, il avait vécu des années difficiles. Il avait appris à s'assumer, fait son coming out. Combien de slushies s'était-il pris dans la figure? Et combien de fois Karofsky l'avait-il jeté contre son casier?

Mais ce n'était pas ces côtés-là de ses années lycées qui lui manquaient, c'étaient ses amis, le Glee Club. Même Monsieur Schuester lui manquait. Avec un peu de chance, s'il entrait, il pourrait le croiser...

Mais il ne devait pas. Qu'est-ce que ça lui apporterait de remettre les pieds dans ces couloirs et dans ces salles de classe?

Mais pourquoi est-ce que ça serait mal?

Il avança donc vers l'entrée du lycée et rentra dans ce couloir qu'il connaissait si bien...

Rien n'avait changé. Les casiers jaunes, les portes... Il fit quelques pas et quelqu'un passa dans le fond. Un adolescent avec une veste de foot. Il se retourna pour regarder Kurt, puis reparti en l'ignorant. Une chose était sûre, les joueurs de foot étaient toujours aussi polis.

Il arpenta les couloirs pendant un long quart d'heure, s'arrêtant à chaque endroit qui avait un signification particulière. Il rentra dans les toilettes, où il avait été de nombreuse fois pour enlever le slushie de sa figure, ou alors devant son casier. Il regarda ce dernier avec une nostalgie apparente. On voyait quelques bosses sur le métal jaune. Kurt se demanda si c'était à cause des multiples fois où on l'avait jeté dessus.

Il eut soudain une idée... Est-ce que le code du cadenas était-il resté le même qu'il y a trois ans?

Non, non, il ne devait pas essayer. Si jamais il arrivait à ouvrir ce casier, ce serait comme une violation de propriété. Le propriétaire du casier cachait peut-être des choses intimes dedans.. Il avait entendu dire que Santana gardait des jouets en plastique dans le sien... Venant d'elle, ça ne l'étonnait qu'à moitié.

Et pourtant, ce casier était là, devant lui, comme s'il lui lançait un appel. Kurt posa la main sur le cadenas et ferma les yeux. Le froid familier du métal refroidissait sa main qui tremblait légèrement.

Puis, prit d'une soudain impulsion, il décida que personne ne saurait jamais qu'il avait ouvert ce casier. Tout le monde était en cours. Et puis, il était fort probable que le code ait changé...

Pourtant, quand Kurt composa le dernier numéro, un petit clic familier ce fit entendre et le verrou de la porte s'ouvrit.

Le code n'avait pas changé. En trois ans, c'était toujours le même.

Kurt poussa lentement la porte et regarda à l'intérieur.

De toute évidence, ce casier appartenait à une fille. La porte était décorée d'une vingtaine de photos d'une grande brune, habillée avec l'uniforme des cheerleaders. Tantôt avec ses amies, cheerleaders aussi, tantôt avec un garçon portant le blouson de foot rouge...

Cette fille lui fit penser à Quinn. Sans le savoir, il avait ouvert le casier de la reine du lycée. Il se demanda si sa vie était aussi vide de sens que l'était celle de Quinn avant qu'elle ne vienne dans le Glee Club. Il se demanda quelles souffrances et quelles déceptions pouvaient se cacher derrière ce sourire, derrière ce visage parfait que tout le monde dans ce lycée devait aduler.

Il pensa à Santana. Elle aussi avait connu la gloire en arpentant ces couloirs. Et pourtant, elle était comme lui. Une lesbienne refoulée que tout le monde a laissée tomber après son coming out. Cette fille-là aimait-elle vraiment le garçon qu'elle embrassait ou était-ce juste une couverture?

Il revit le visage de Brittany. Elle était magnifique, comme cette jeune fille. Et pourtant, bien que ce soit une fille adorable, elle était complètement décalée du reste du monde et souffrait à cause des autres, parce qu'ils pensaient qu'elle était stupide. Kurt savait pertinemment qu'elle ne l'était pas, elle voyait seulement le monde d'une façon différente. Il sourit en repensant aux affiches que Brittany lui avait faites pour sa campagne pour devenir délégué en dernière année. Des licornes! Il n'y avait que la petite blondinette pour penser à ça... Est-ce que cette jeune fille vivait dans un monde rose elle aussi? Souffrait-elle des remarques des autres qui ne comprenaient pas comment elle voyait la vie?

Kurt regarda une nouvelle fois le visage de cette inconnue. En elle, il voyait ces trois filles, ces trois amies qui ne s'étaient jamais quittées. L'Unholy Trinity...

Une unique larme coula le long de la joue de Kurt. Les trois filles lui manquaient plus qu'il ne le savait lui-même.

Il referma doucement le casier et fixa le métal jaune, qui était passé dans beaucoup de mains. Il lui avait appartenu à lui, Kurt, le looser suprême du lycée, que Puck et sa bande jetait dans la poubelle. Maintenant il était dans les mains de la reine de McKinley... Un changement de taille.

Kurt se demanda ce que lui dirait le casier s'il avait pu parler...

….Avant de glousser lorsqu'il se rendit compte de la débilité de sa question. Il avait 19 ans et se comportait comme un retraité ayant atteint la soixantaine.

Il s'éloigna du casier, y jeta un dernier coup d'œil et se dirigea vers l'auditorium.

Arrivé devant la grande porte, il prit une profonde inspiration et entra.

A sa grande surprise, l'auditorium était décoré et il y avait des gens sur scène. Il reconnut les techniciens qui s'occupaient des décors du temps où c'était encore lui qui se trémoussait sur cette scène.

Un son de piano attira son attention. Au fond de la scène, tout à droite, presque dans le noir, quelqu'un était assis derrière un énorme piano à queue où il avait lui-même joué et composa la première note d'une chanson qu'il connaissait bien.

Il l'avait toujours adoré, pour les paroles, pour le piano, le rythme, la mélodie. Tout en cette chanson était parfait selon lui. A son grand regret, il n'avait jamais pu la chanter parfaitement. Il n'avait pas la voix qui s'y prêtait.

Because of you, I am afraid.

Kurt frissonna. La fille qui chantait ces paroles avait une voix de déesse, un peu rauque, avec un grattement au fond de la gorge qui la rendait irrésistible.

Elle chantait avec ses tripes, faisant sortir grâce à sa voix, son piano, les paroles, tout ce qu'elle ressentait en elle. Kurt sentait que cette chanson lui permettait d'extérioriser tout ce qu'il y avait au fin fond d'elle-même. Il revit Rachel, sur cette scène. Personne au Glee club n'avait jamais chanté cette chanson. Ils auraient dû. Elle était magnifique et se serait très bien prêtée à certaines circonstances.

La jeune fille posa sa dernière note et le son de la musique s'arrêta.

Sans s'en rendre compte, Kurt s'était assis et fixait la jeune prodige sans pouvoir détacher son regard d'elle. Ce n'était pas sa beauté qui le captivait ainsi, mais les sensations qu'elle avait remuées en lui. Elle s'était élevée au rang de Kelly Clarkson, si ce n'est plus... Et ce n'était pas une chanson facile. Pas une chanson de débutante.

Se libérant un peu de sa transe, il applaudit. Lentement et distinctement. Il vit le visage de la jeune fille, surpris, le chercher dans les gradins.

"Bravo! Lança-t-il en se levant"

Il descendit les marches et rejoignis la fille sur scène.

Il sauta sur les planches où il avait tant chanté pendant deux ans et se retourna pour faire face aux gradins. Il se revit chanter, devant cette salle, qu'elle soit vide ou pleine, avec le Glee Club ou d'autres. Il ressentit de nouveau le sentiment qui l'animait quand il était devant tous ces sièges, quand il chantait tout ce qu'il avait sur le cœur. Il se souvint de la rage qu'il avait pendant les défis, de la joie ou de la peine lors de ses solos et des rires quand ils chantaient tous ensemble. Il revit Finn tomber en faisant quelques pas de danse. Il revit Mike et Brittany effectué leurs chorégraphies. Il revit les décors du Rocky Horror... Il pouvait presque s'imaginer que Will Schuester et Emma Pillsburry étaient assis, à leurs places habituelles, en face de la scène, attendant de l'écouter.

"Excusez-moi..."

Il se retourna et se retrouva nez à nez avec la jeune fille qui venait de chanter.

"Oh! Bonjour! Je suis Kurt Hummel! Et toi?"

Le visage de la jeune fille s'illumina.

"Kurt Hummel? Celui qui a remporté les nationales il y a trois ans?"

"Lui-même, répondit-il en s'inclinant"

Le jeune fille frappa dans ses mains en sautillant sur place, ce qui fit rire Kurt. En venant, il ne pensait pas que quelqu'un dans ce lycée puisse le connaitre. Il avait été tellement insignifiant pendant toutes ses années en bas de l'échelle sociale.

"Je suis Gladys. Je suis tellement heureuse de te rencontrer! Tu es une légende ici pour ceux qui sont dans le Glee Club! Les New Directions ont connus leur heure de gloire grâce à vous... Et puis, vous étiez avec Rachel Berry! C'est fou quand on pense qu'elle était dans ce lycée, coincée à Lima dans l'Ohio, et que pourtant elle se retrouve à Broadway aujourd'hui... Mais tu étais aussi à New-York avec elle non? A la NYADA? Ce sont les anciens membres de l'ancien Glee Club qui me l'ont dit.. Dès ma première année ici, je suis rentrée dans le Glee Club et il y avait encore des anciens qui ont gagné les nationales avec toi et Rachel. Ils n'ont pas arrêté de nous parler de vous. Et puis, grâce à vous, la chorale est devenue populaire jusqu'à ce que nous perdions les régionales mais..."

"Oh là là, attends, attends.. Vous avez perdus les régionales cette année-là?"

Gladys devint rouge.

"Ça fait trois ans que nous les perdons. On gagne aux communales mais les Warblers nous mettent au tapis à chaque régionale. C'est pour ça que la chorale est redevenue ringarde..."

Kurt ne comprenait rien. Comment Monsieur Schuester pouvait perdre des régionales? Il était génial et choisissait toujours les chansons qu'il fallait! Les parfaites chansons! Il faisait des chorégraphies de fou et était le maître dans l'art d'harmonisé son groupe... Même si la chorale ne pouvait plus compter sur la voix de Rachel, ils devraient quand même au moins remporter les régionales avec un coach comme monsieur Schuester.

Et puis il y avait cette fille. Kurt l'avait entendu chanter et elle avait envoyé au placard toutes les reprises de "Because of you"... Comment se pouvait-il qu'ils puissent perdre avec autant d'atouts?

"Je suis désolée, je dois y aller! fit Gladys. J'ai un rendez-vous, ma mère doit être sur le parking à m'attendre... Mais je t'encourage à aller à la chorale! Ils seront tous très heureux de te voir. Monsieur Schuester aussi. Va remotiver les troupes! Je suis heureuse d'avoir fait ta connaissance!"

Avant que Kurt ne puisse répondre, Gladys était déjà rendue à l'autre bout de la salle. Il ne fallait pas longtemps pour comprendre que cette fille était une petite boule d'énergie.

Kurt quitta la salle à son tour, en jetant un dernier regard autour de lui. Cet endroit lui manquait tellement...

Il ne mit pas longtemps à trouver la salle de la chorale. Celle-ci était toujours à la même place.

A l'intérieur, Kurt entendait Monsieur Schuester parler. Il fronça les sourcils. Quelque chose dans la voix de son ancien professeur avait changé. Il n'y trouvait plus l'amour, ni le mordant qu'il y avait autrefois.

Et Kurt comprit que le problème des New Directions venait de là.

Il frappa délicatement à la porte entrouverte et celle-ci se poussa davantage. Monsieur Schuester cessa de parler et se tourna vers la porte, ainsi que le visage de tous les élèves.

"Qu'est-ce qui...?"

Quand le regard de Monsieur Schuester croisa celui de Kurt, le professeur laissa tomber ses partitions sur le sol.

"Kurt! S'exclama-t-il"

Kurt entra et Monsieur Schuester le prit dans ses bras. Kurt plissa les narines. Le veston habituel avait une forte odeur d'alcool.

Le professeur se recula et Kurt put détailler attentivement son visage. Il avait de profondes cernes bleues, les joues beaucoup plus creuses que dans son souvenir et les pâtes d'oie auxquelles il s'était attendues était beaucoup plus importantes que ce qu'il aurait pu imaginer. Il en allait de même pour la blancheur de ses cheveux. En trois ans, Monsieur Schuester en avait pris dix...

"Je suis content de te voir mon ami! déclara le professeur. Ça faisait vraiment longtemps!"

Puis, il se tourna vers les New Direction:

"Mes amis, je vous présente Kurt Hummel!"

Des murmures parcoururent la salle et des sourires se plaquèrent sur les visages. Ainsi que quelques lueurs d'espoir.

"T'es là pour nous sauver? demanda un élève, de toute évidence gothique, avachit sur sa chaise.

"Vous sauver? répéta Kurt en fronçant encore plus les sourcils.

"Thomas, tais toi! Nous n'avons pas besoin d'être sauvés! Nous nous portons très bien! Kurt viens juste nous faire une visite de courtoisie! N'est-ce pas?"

Monsieur Schuester tourna son visage dégradé vers Kurt, qui acquiesça d'un mouvement de tête.

"N'empêche qu'on a besoin d'aide Monsieur Schuester! reprit l'élève. Ce n'est pas avec vous et votre bouteille de Whisky que nous gagnerons les régionales!"

Le sourire de Monsieur Schuester se fana et il bégaya un peu:

"Euh.. Eh bien... Entraînez-vous sur "Le Freak" pendant que je parle un peu à Kurt. Vous en avez besoin si vous voulez gagner les régionales cette année.

Les dents de Kurt grincèrent. "Le Freak" aux régionales, Monsieur Schuester ne pouvait pas être sérieux. Ce serait un plantage assuré, le disco était complètement dépassé.

Monsieur Schuester prit Kurt par le bras et le traîna hors de la salle.

"Alors Kurt, comment vas-tu?"

Kurt croisa les bras sur sa poitrine et regarda son ancien professeur droit dans les yeux.

"C'est plutôt à vous qu'il faut demander ça! Que vous est-il arrivé?"

Le sourire de Monsieur Schuester se fana une nouvelle fois et Kurt comprit que quelque chose l'avait fait basculer et qu'il en avait conscience.

"Emma m'a quitté."

La nouvelle fit l'effet d'une bombe pour Kurt. Mademoiselle Pillsburry? Quitter Monsieur Schuester? Ce ne pouvait pas être possible...

"Elle est retournée avec Carl, son dentiste... continua-t-il. Je n'avais pas assez d'hygiène buccale, il faut croire... En tous cas, elle est partit et n'est jamais revenue. Je ne sais même pas où elle vit maintenant, si elle est mariée avec son dentiste, si elle a des enfants, si elle a réussi à guérir ses TOC..."

Le cœur de Kurt se serra et une larme coula sur la joue de Monsieur Schuester. Il le prit dans ses bras.

"Je fais n'importe quoi depuis. Je me suis mis à boire et même les New Directions n'ont plus la même emprise sur moi. C'est comme si je m'en désintéressais. Ça fait trois ans qu'on n'a pas gagner les régionales Kurt, les régionales! Le temps où je vous emmenais aux nationales est bien loin... Les New Direction sont devenus la risée de toutes les chorales du pays. Vocal Adrenaline ne nous considère même plus comme de sérieux concurrents... Et je ne me souviens plus des communales.. J'étais trop ivre pour être concentré..."

Monsieur Schuester sanglota contre l'épaule de Kurt qui ne savait pas quoi dire à pars des "Ça vas aller,ça va aller" en lui tapotant l'épaule. De toute façon, il n'y avait rien à faire à par attendre que ça passe.

Lorsque le malheureux homme se calma, Kurt le repoussa doucement pour le regarder dans les yeux. Il avait eu le temps de préparer ce qu'il allait dire pendant que Monsieur Schuester pleurait.

"Écoutez... Je n'ai qu'une chose à vous dire. Déjà, arrêtez de boire. Ça vous donne une mine affreuse, je vous jure! Vous aviez une belle peau du temps où j'étais encore au lycée, c'est dommage de gâcher ça. Arrêtez de boire, mettez un peu de bonne crème et vous retrouverez votre teint! De plus, si vous voulez gagnez les régionales cette année, il va falloir changer de registre! Le disco, s'est totalement dépassé Monsieur! Vous le savez, on a refusé d'en chanter! Si vous voulez, je pourrai vous aidez à vous faire un programme. Il faut que les New Directions reviennent en force cette année! Vous irez aux nationales et vous les gagnerez. J'ai entendu une de vos élèves chanter tout à l'heure dans l'auditorium et, oh mon Dieu, elle m'a cloué sur place! Elle a un potentiel monstre! Je ne sais pas quel niveau vos autres élèves peuvent avoir mais il ne faut pas renoncer!"

"Ils sont tous monstrueusement doués..."

"Eh bien voilà! Voilà qui vous donne une raison de vous battre pour eux comme vous vous êtes battus pour nous! Je serai là aussi... Voir ce fantôme que la chorale est devenue me révolte... Je vous offre mon aide.

Monsieur Schuester baissa la tête.

"Kurt, je ne sais pas si..."

"Chut, chut, le coupa Kurt. Ce n'est pas une proposition que vous pouvez réfutée. Je m'impose, et vous n'avez pas le choix."

"Mais tu dois avoir des études, peut-être même un travail et puis.. Tu es à New-York maintenant non?"

"J'aurai le temps pour vous Monsieur Schuester, éluda Kurt qui ne voulait pas étaler son échec maintenant. Et puis, en ce qui concerne Emma... Je ne sais pas quoi vous dire à par d'essayer d'avancer. De reporter tout l'amour que vous lui portez sur ses gamins, dans la salle... Ils en ont besoin. Ils ont besoin que vous croyez en eux. Pour qu'ils croient en eux aussi. Et puis, vous êtes encore jeune, vous avez de quoi séduire de nouveau une femme..."

"Mais Emma..."

"Est partie, le coupa Kurt. Et il vous faut l'accepter pour avancer. Même si c'est dur.'

Il posa ses deux mains sur les épaules du professeur qui releva la tête, une lueur de souffrance extrême dans les yeux.

"Vous êtes avec moi? demanda Kurt."

Pendant quelques secondes, il eut peur que la réponse soit négative et que Monsieur Schuester lui demande de partir. A son grand soulagement, il n'en fit rien.

"D'accord Kurt, assura-t-il avec une nouvelle force".

Kurt retrouvait le Schuester qui l'avait fait gagner les nationales. Il retrouvait l'homme qu'il avait toujours connu.


Le soleil commençait à décliner mais Blaine ne bougeait pas. Il était resté là, toute la journée à attendre que la nuit tombe et à se dire qu'il bougerait à ce moment-là.

A ses pieds, les gens avaient jetés quelques pièces qu'il n'avait pas ramassées. Et il ne comptait pas le faire. Il n'avait pas besoin de charité, juste d'un peu de repos. Il avait d'ailleurs dormit une grosse partie de la journée, ce qui se révéla être une mauvaise idée. Il était prêt de 19 heures et Blaine sentait que le sommeil ne viendrait plus avant de longues heures.

Ce n'est que lorsqu'un passant lui trébucha dessus qu'il décida que ce n'était décidément pas le bon endroit pour dormir. Ce n'était pas la première fois que quelqu'un se prenait dans ses pieds en plein jour alors il n'osait même pas imaginer ce que ça pourrait donner s'il faisait nuit. Et il avait peur d'être ramassé par les flics. Il avait passé trois ans au trou, ce n'était pas pour y retourner maintenant, c'était trop horrible là-bas.

Il se leva difficilement, prenant appui sur l'arbre plutôt que sur sa jambe. Sa cheville le faisait énormément souffrir. Il n'aurait pas dû appuyer comme un dingue sur sa cheville alors qu'il était déjà blessé. Ça n'avait fait qu'empirer les choses et Blaine en payait les conséquences à présent. Il se rendit compte à quel point il avait été stupide.

Une fois debout, il prit son sac et entreprit de marcher un peu dans l'espoir de trouver un petit endroit pour dormir tranquillement. Il arriva devant un immense lycée.

"Lycée public William McKinley". Il connaissait ce lycée. Les Warblers, la chorale de la Dalton Académie, avait rencontré quelques problèmes avec eux... Des loosers pourtant, selon la rumeur.

Les Warblers étaient étonnamment bien perçut dans Dalton, contrairement aux New Direction de McKinley. Surement parce que ce qui courrait sur eux était vrais: ce n'étaient que des loosers.

Blaine décida que ce lycée serait un endroit parfait pour passer la nuit. Au mieux, il pourrait dormir dans une salle de classe, ou dans les couloirs si ce n'était pas fermé, ou, au pire, sous les gradins du terrain de foot... Dans tous les cas, personne ne viendrait le déranger et personne ne le prendrait pour un SDF.

Heureux de sa trouvaille, Blaine s'élança vers le lycée.

Il poussa la porte violemment, content de la trouver ouverte. Mais, au trois quart de l'ouverture, il rencontra un obstacle.

"Aïe! Entendit-il"

Eh merde... pensa-t-il.

Lui qui pensait pouvoir faire une entrée discrète...

Il y avait quelqu'un derrière la porte. A tous les coups, c'était le gardien et il se ferait mettre dehors. Et bye bye la nuit de rêve, il devrait retourner à son arbre.

Il entendit gémir et passa la porte. Il trouva un homme, assis par terre, la main sur son nez.

"Tu vas bien? demanda-t-il sans prendre la peine de le vouvoyer: l'homme semblait avoir le même âge que lui."

"Euh.. Euh.. Oui, ça peut aller, fit Kurt en bougeant légèrement son nez. Rien de cassé en tout cas.. J'espère juste que je ne suis pas défiguré."

Blaine lui proposa sa main pour le relever. Kurt accepta et Blaine le mit debout. Ce pour quoi il se maudit d'ailleurs car il avait dû prendre appuie sur sa jambe blessée. Il grimaça.

"Oh, tu es blessé toi aussi? demanda Kurt, remarquant sa grimace"

"Non non, c'est rien."

Kurt fronça les sourcils, tout en notant qu'il devrait arrêter de froncer les sourcils au risque de se faire des rides.

Ce garçon était bizarre.

Il était un peu plus petit que lui, des boucles brunes en bataille, des yeux vert noisette qu'il n'avait jamais vus ailleurs. Il semblait être un beau garçon, mais difficile à dire avec cette barbe naissante. Il était vraiment très mal rasé. Et habillé aussi, remarqua Kurt. Un jogging noir, un sweat-shirt marine, des baskets qui semblaient avoir couru une bonne cinquantaine de fois le marathon de New-York... Il vit aussi le sac et se demanda si le garçon n'était pas un fugueur... Surtout qu'il avait sur le visage cette air retiré et mystérieux qui le rendait froid, comme s'il cachait quelque chose.

'Tu es sur?'

"Ouais, ça va, répondit Blaine sur un ton agacé."

Il ne voulait pas parler avec cet inconnu qui le regardait assez étrangement. Il était prêt à parier qu'il avait senti chez lui le parfum de l'ex taulard gay paumé et que ses sens lui criaient de partir se cacher. C'est sûr que le garçon avait meilleur allure que lui. Ses cheveux châtains étaient impeccablement coiffés, sa peau étonnamment parfaite, ses yeux bleus respiraient la santé et il semblait avoir un corps qui n'avait jamais rien connu des malheurs de la vie. Même son odeur disait qu'il n'était pas malheureux, qu'il ne manquait de rien. Et puis ses habits...

Oh! Blaine eut un éclair d'illumination lorsqu'il vit les habits dont était habillé l'autre. Un jean moulant, un gilet qui descendait sous les fesses, des chaussures pointues... A la pointe de la mode... Seul un gay pouvait s'habiller comme ça.

Blaine enleva donc le mot "homophobe" de la liste de caractère qu'il avait déjà dressé du garçon.

"C'est quoi ton nom? demanda Kurt"

"Blaine."

Ce n'est vraiment pas un bavard, pensa Kurt.

"Mh... Moi c'est Kurt."

Voyant que l'autre ne relevait pas, Kurt décida qu'il était temps de prendre congé.

"Bon eh bien... Au revoir!"

"Ouais, salut."

Kurt poussa la porte et sortit pour rentrer chez lui. Carole devait l'attendre, il était tard.

Blaine récupéra son sac et chercha une salle de classe assez éloignée pour ne pas que le gardien soit pris d'une envie subite de regarder dans les classes et ne le découvre trop vite. Il rentra donc dans la classe la plus éloignée de l'entrée selon lui et posa le sac sur une chaise puis colla trois tables pour s'allonger dessus.

Trouvant la surface trop dure pour dormir, il sorti deux sweat-shirt qu'il gardait dans son sac et s'en fit un matelas. Un léger matelas, mais tout de même.

Il cala un pantalon sous sa tête et attendit que le sommeil le gagne.

C'était sa première journée de liberté...


NOTE DE L'AUTEUR:

Voilà ce début de fiction :) J'espère que ce premier chapitre vous plait, n'hésitez pas à poster des reviews pour donner votre avis ou me poser une question. J'y répondrai avec plaisir! :) Si vous avez aussi repéré des fautes d'orthographes à me signaler, faîte-le! Je traque les fautes mais il est possible que certaines m'échappent!
Le second chapitre devrait arriver dans quelques jours... Tous ce que je peux vous dire, c'est qu'on aura le droit à un petit Flash-Back pour Blaine. Mais je ne vous en dit pas plus :)
Merci d'être arrivé jusque là et à bientôt! Kurt et Blaine ont encore beaucoup de choses à vivre! :D