Jour 1
Lorlen venait de terminer la lettre qu'il avait sous les yeux quand il entendit toquer à la porte. Il lui intima par la pensée de s'ouvrir et aperçut son assistant qui lui sourit. Il répondit à son sourire avant de rouler la lettre et de déposer le cachet de la Guilde dessus.
-Seigneur Osen, je vous pensais coucher depuis un moment. avoua Lorlen en se levant de sa chaise.
Il rangea la lettre dans une boîte remplie des messages à envoyer. Il en avait terminé pour aujourd'hui. La boîte était pleine à ras bord et le mage ne sentait plus son poignet à force de manier la plume.
-Normalement oui. Mais je me fais du soucis pour vous administrateur. fit la voix d'Osen derrière lui.
Le guérisseur se retourna et sourit doucement. Son assistant s'inquiétait toujours pour lui. Mais il lui semblait que ces temps-ci, le jeune mage était de plus en plus préoccupé.
-Il n'y a pas de quoi. L'invasion Ichanie est terminé et... j'ai échappé à la mort grâce à vous et Akkarin.
L'expression d'Osen sembla s'assombrir à l'évocation de son vieil ami mais il ne dit rien. Apparemment, il n'était pas convaincu.
-Quelque chose ne va pas ? demanda Lorlen en se tournant complètement vers lui.
Osen hésita à lui parler de ce jour où il avait été blessé. Il aurait voulu lui dire qu'il aurait fait tellement plus s'il avait pu. Mais, contrairement à Akkarin, il n'avait plus eu une seule goutte de magie à donner à Lorlen. Il ne lui avait pas sauvé la vie. C'était seulement à Akkarin qu'il devait d'être encore là.
Osen se rembrunit, secoua négativement la tête et le salua avant de partir avec précipitation. Il ne voulait pas que Lorlen voit les larmes sur ses joues. Il ne voulait pas qu'il se doute de quelque chose. Le jeune mage savait que l'administrateur le repousserait. Il ne s'intéressait pas aux hommes et certainement pas à lui. Il n'était qu'un mage relégué au rang de vulgaire assistant. Même pas un ami. Osen pensait aussi comprendre que la relation du haut seigneur et de Lorlen était plus que celle de deux vieux amis. Il ne pouvait pas en tenir rigueur au haut seigneur. Il le comprenait tellement. Lorlen avait de si beau cheveux noirs attachés sur sa nuque, des yeux si brillants, un visage si ouvert et joyeux malgré les traces de fatigue toujours présentes. Comment ne pas tomber fou amoureux d'un tel homme ? Le jeune mage, une fois s'être assuré d'être seul, s'accroupit contre un mur et laissa sa tristesse le submerger.
Lorlen ralentit quand il vit Osen accroupit sur le sol, le visage enfoui dans ses genoux et ses bras autour de ses jambes. Le jeune mage ne l'entendit pas approcher et, quand Lorlen posa sa main sur son épaule, il sursauta.
L'administrateur se sentit peiné et extrêmement inquiet en voyant le visage et les yeux rouges du jeune homme. Il pleurait sans pouvoir se retenir et il détourna la tête en fermant les yeux.
-Osen que vous arrive t-il ?! s'exclama t-il serrant plus fort l'épaule de son assistant.
-Je suis... désolé... que vous me voyiez... comme ça. renifla le seigneur Osen, en se laissant glisser les fesses par terre.
-Qu'est-ce qui ne va pas ? Vous pouvez tout me dire Osen. Nous sommes amis.
Osen sentit son coeur bondir dans sa poitrine. Amis ? C'était déjà ça, mais il espérait secrètement que Lorlen ne lui ait pas dit toute la vérité. Il aimerait être bien plus qu'un ami. Cependant, il savait qu'il prenait ses rêves pour des réalités. Le jeune homme dut donc avouer une partie de la vérité.
-Je me sens inutile.
-Pourquoi dites-vous cela ? Sans vous je passerais sûrement mes jours et mes nuits à travailler ! répondit le guérisseur avec un grand sourire.
-Mais c'est déjà ce que vous faites adminsitrateur. parvint à articuler Osen en le regardant dans les yeux.
L'homme sourit et secoua la tête avant de lui répondre.
-Sans vous, je ne serais pas là. Je me serais tuer à la tâche. Si je peux dormir la nuit c'est parce que vous êtes là tous les jours pour m'aider. Et vous ne rechigner pas à la tâche contrairement à moi qui me plaint souvent.
-Je ne parlais pas vraiment de cela.
-De quoi alors ?
Osen déglutit lentement avant de regarder le mage dans les yeux. Devait-il lui dire ? Il n'y avait aucune trace de malveillance ou d'impatience dans son regard. Seulement de l'inquiétude. Le jeune mage sentit son coeur rater un nouveau battement dans sa poitrine.
-Du... du jour où vous avez faillit... mourir. Si seulement j'avais eu assez de magie. J'aurais pu vous en donner pour que vous puissiez vous soignez. Akkarin... euh le haut saigneur n'aurait pas eu besoin de vous donner sa puissance et il n'aurait pas été blessé lors de son combat... contre cet Ichani, Kariko. lâcha t-il sans pouvoir s'arrêter.
Lorlen perçut de la tristesse dans la voix de son ami. Il constata par son débit de parole que cela lui tenait beaucoup à coeur. Le guérisseur sentit se coeur se serrer de tristesse. Il détestait voir son Osen dans cet état. Il aurait tellement voulu... mais les lois de la Kyralie étaient très claires à ce sujet. Et... Osen... ne voudrait certainement pas d'une telle relation.
L'administrateur ne put que prendre les mains du jeune homme dans les siennes et lui murmurer quelques paroles.
-Osen, vous m'avez protégé pendant que Kariko nous attaquait et que je n'avais plus de magie. Si vous n'aviez pas été là... je serais mort bien avant qu'Akkarin arrive. Vous seul saviez où je me trouvais. Akkarin n'aurait jamais pu savoir si vous n'aviez pas été là.
-Lorlen... murmura Osen avec de petites larmes perlant à ses yeux.
Le guérisseur vint les chasser en passant doucement son doigt sur la joue de son ami.
-Calmez-vous Osen je vous en prie.
Son ami opina du chef et Lorlen l'aida à se relever. Le pauvre homme chancelait sur ses jambes. L'administrateur décida donc de le racompagner jusqu'à sa chambre.
Une fois arrivés, Lorlen lui lâcha délicatement le bras et lui fit un dernier sourire. Osen ne put s'empêcher d'y répondre. C'était un magnifique sourire que le guérisseur lui avait fait. Il lui tendit une main amicale et le seigneur Osen la prit.
-Bonne nuit mon ami.
-Bonne nuit administrateur, mon ami. répondit-il.
Lorlen fit un énigmatique sourire avant de s'en aller vers ses appartements.
