Quelque chose qui perce le cœur

1ère partie : Ai

Ai s'arrêta net. Surpris, Genta se cogna contre elle et tomba.

-Ai,que se passe-t-il ?demanda-t-il en se relevant. Pourquoi t'es-tu arrêté ?

Mais Ai n'écoutait pas. Elle avait le regard fixé sur le spectacle qu'elle voyait à travers la porte entrouverte. Kudo qui embrassait Ran.

-A présent,je comprends la signification du mot « perçant »,pensa-t-elle.

Cela faisait un mois que l'organisation avait été détruite. Un mois de travail sur un hypothétique antidote grâce aux données récoltées sur l' APTX . Elle venait de créer deux antidotes,et elle avait passé sa pilule à Kudo qui,évidemment,l'avait avalé immédiatement,sans tenir compte des risques. Heureusement,tout s'était bien passé. Elle,au contraire,avait attendu,et elle tenait à faire ses adieux aux détectives boys. Et maintenant,en revenant avec eux chez le professeur,voilà ce qu'elle voyait.

-Après tout,se dit-elle,c'était logique qu'il fasse ça. Et elle le mérite...

Et pourtant,cela ne la consolait pas. Il faut dire que des choses perçantes,elle en avait très rarement vu. Évidemment,il y avait Gin. Son regard était si perçant qu'on aurait dit un poignard. Certes,c'était perçant,mais est-ce que cela perçait précisément le cœur ? Non. En fait,son cœur s'était déjà percé,mais progressivement. Ironiquement, cela concernait une nouvelle fois Kudo. Car elle était tombé amoureuse de lui. Au début,elle ne voulait pas: d'abord parce qu'elle savait que ce serait à sens unique,et aussi parce que tomber amoureuse d'un prétentieux obsédé des enquêtes. Mais elle n'y pouvait rien,et son amour avait grandi,plus ou moins discrètement. Mais cette fois,c'était différent. Cette vision lui avait fait l'effet d'un coup de poignard. Car,au fond d'elle même,elle devait reconnaître quelle avait toujours cru qu'il y avait un espoir. Un espoir infime,certes,mais... Cependant,maintenant,elle savait que c'était fini. A jamais. Quelque chose s'était brisé en elle. Définitivement.

-Ai ! Ai ! Ai,tu vas bien ?

-Hein ? Euh,oui,répondit-elle en sortant de sa torpeur. J'étais juste un peu fatiguée...

(…)

Finalement,elle ne leur avait rien dit. Ils avaient passé un après-midi normal,en jouant aux jeux vidéos. Ils venaient de rentrer. Elle était seule : Kudo et Ran étaient rentrés tandis que le professeur était avec une vieille amie... Ai pensa à Ran.

-Elle lui ressemble tellement...A Akemi,ma sœur...Tué par l'organisation...

Comme un automate,elle se dirigea vers son laboratoire. Elle vit avec un petit pincement au cœur la petite pilule qui traînait sur le bureau. Elle la délaissa et écrivit rapidement un message sur l'ordinateur. Cela fait,elle monta sur une chaise et prit quelque chose sur l'armoire. C'était une boîte,qu'elle ouvrit. Un pistolet s'y trouvait.

-Un pistolet,dit-elle tranquillement. Même Kudo ignore que je l'ai récupéré. Après tout,c'est avec le même pistolet que Gin...

Elle se remémora alors ce qu'elle avait toujours gardé caché. Pour faire croire à un suicide,Gin avait laissé le pistolet sur les lieux du crime. Mais elle l'avait récupéré quand elle avait été convoqué au commissariat.

-Le pistolet avec lequel Gin a tué ma sœur...C'est ce que je vais utiliser.

Car sa décision était prise. Rien ne la retenait à la vie,à présent. Elle aimait Kudo,mais sans parler du fait qu'il ne l'aimerait jamais,elle ne voulait pas gâcher le bonheur de Ran. N'était-ce pas une cause juste ? Et puis comme elle l'avait pensé un jour,tout comme Ran avant elle :

-Le courage...Celui qui fait qu'on se dresse...Pour une cause juste...

Elle était prête. Elle pensa une dernière fois à ses amis,les détectives boys...

-Bonne chance pour vos enquêtes,les amis ! Et désolé pour tout.

Soudain,une image lui vint à l'esprit. Celle d'une petite fille courageuse qui disait :

-Mais...Mais je...Je ne veux pas fuir!Si on ne fait que fuir,on ne gagne jamais ! JAMAIS !

-Et tu avais raison,Ayumi...Mais cela fait longtemps que j'ai perdu...

Elle s'allongea par terre pour éviter toutes projections de sang sur les objets,puis elle colla l'arme sur sa tempe. Elle pensa encore à tout ses amis,au professeur,à Ran...

-Merci,mes amis...Merci,professeur...Et merci,grande sœur...

Seul le visage de Kudo lui vint en tête alors qu'elle allait tirer.

-Sois heureux,Kudo. Rends-la heureuse...Elle le mérite,bien plus que moi...

Elle ferma les yeux,et alors qu'elle allait tirer,elle prononça ces mots :

-J'arrive,grande sœur.

Note de l'auteur : C'est la première partie de cette fiction. Vous pouvez lire uniquement cette partie sans problème,mais les deux autres parties sont complémentaires,donc si vous lisez la 2eme partie,lisez aussi la 3eme.