A mon tour de me lancer dans le magnifique univers de The Walkind Dead. Fan des comics, de la série et du jeu vidéo (pas forcément dans cet ordre), je m'essaye à présent à l'exploitation sans remords des personnages de la série télé en y intégrant trois OC.

Je suis, comme tous ceux qui publient ici, avide de commentaires, d'encouragement, de critique constructive et toute forme possible d'interaction avec ceux qui prennent le temps de me lire. Alors, n'hésitez pas à me laisser un petit mot à la fin du chapitre!

Je vous retrouve en bas.

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« Tu te fous de moi? »

« Je te jure que c'est vrai. »

« T'es hallucinant, rit-elle en secouant doucement la tête. Comment tu fais pour te retrouver dans des situations comme ça? »

« Qu'est-ce que tu veux? Je suis un homme d'opportunités. »

« Se retrouver menotter à un pieu alors que l'apocalypse commence… J'appelle pas ça une opportunité. »

« Une magnifique brune avec des courbes dignes des plus belles stars porno t'invite chez elle, c'est une opportunité. »

De nouveau, elle ne put s'empêcher d'éclater de rire.

« Hey, je sais que Silas est hilarant mais tu pourrais faire un peu moins de bruit? »

« Pardon, s'excusa-t-elle aussitôt, avant de murmurer pour son voisin, rabat joie. »

Silas lui renvoya un clin d'œil et le silence retomba sur le trio. Mais elle se doutait que cela n'allait pas durer. Le brun n'avait pas dans l'habitude de rester trop longtemps silencieux.

Elle reprit son observation de la rue. Ils traversaient un énième village à la recherche de… tout en fait. Depuis la simple nourriture - n'importe laquelle ferait l'affaire - à un moyen de transport. La jeep qui les transportait jusqu'à il y a trois jours, avait fini par les lâcher. Aucun des trois n'étant mécanicien, ils n'avaient eu d'autres choix que de continuer à pied.

Ce qui n'améliorait pas le caractère de Scott.

Son fusil en bandoulière, tenu fermement entre ses mains, elle avançait en scrutant les ruelles à sa gauche. Silas se chargeait de celle de droite. Scott assurait l'avant garde. Comme d'habitude. La vitesse à laquelle on s'accoutumait à ce genre de situation continuait à la surprendre. Il n'y a pas si longtemps que ça, elle s'inquiétait encore des fins de mois difficiles et des factures d'électricité. A présent, son monde se constituait des deux personnes à ses côtés. Et sa seule préoccupation était de vivre un autre jour.

Scott leva le poing, et ils s'arrêtèrent nets, sans un bruit. Comme d'habitude. Puis, il leur fit signe de le rejoindre. Il lui désigna de son doigt une épicerie, ou ce qu'il en restait. D'un hochement de tête, elle s'approcha de la porte anciennement vitrée. Collée au mur, elle jeta un coup d'œil dans le magasin, avant de s'engager précautionneusement. Le verre brisé craqua sous ses semelles et elle se figea net. Aucun grognement ne lui répondit et elle prit cela comme un signe qu'elle pouvait avancer.

Le couteau tiré, elle s'engagea dans la première allée et inspecta rapidement les étagères. Deux conserves furent rapidement rapatriées dans son sac, et elle continua son exploration. Plus petite et plus habile que ses acolytes, elle se trouvait généralement désignée pour les raids dans les anciennes boutiques pendant qu'ils assuraient la garde à l'extérieur. Depuis le temps que l'apocalypse avait commencé, il ne restait que très peu de zombies dans les magasins et malheureusement peu de provisions aussi.

Elle s'engagea dans la deuxième allée et fut plus chanceuse avec cette fois des bouteilles d'eau et des barres chocolatées. Son ventre grogna fortement à la vue du snickers et elle lutta pour ne pas déballer aussitôt la friandise. Il fallait partager.

Elle passa derrière le tiroir-caisse et empocha les quelques paquets de chewing-gum qui trainaient encore. Une façon comme une autre de garder une haleine correcte et de tromper la faim. Et, elle trouva son saint graal. Scott allait être ravi de sa découverte.

Une grimace fugace vint déformer ses traits lorsqu'elle vit une porte qui menait surement à une arrière-boutique. Et généralement les arrières boutiques contenaient quelques surprises. Elle frappa sur le mur avec la manche de son couteau et tendit l'oreille.

« Pourquoi faut toujours que ça tombe sur moi. »

Elle inspira profondément et… expira.

« Allez, reprend toi ma belle ce n'est pas ta première fois. »

Merde, ses mains tremblaient. Elle détestait avoir peur. Et malheureusement, c'était souvent le cas.

Elle déglutit difficilement, se secoua un peu, sautilla sur place tel un boxeur avant de rentrer sur le ring et poussa la porte. Qui ne s'ouvrit pas. Fermée à clé. Ça lui apprendra à faire tout un cinéma. Elle mit un premier coup d'épaule. Mais la porte ne bougea pas.

Elle recula de quelques pas et fonça franchement sur la porte. Qui céda. Et la propulsa directement dans la pièce. Elle atterrit durement sur le béton froid. Elle se laissa rouler sur le dos, le souffle court, l'épaule endolorie.

« Bien joué. Super bien jouuuAAAAAH »

Elle repoussa de toutes ses forces le zombie qui venait de lui tomber dessus juste à temps pour entendre ses dents claquées à deux centimètres de son oreille. Elle réussit à l'éloigner loin d'elle et se releva aussitôt.

« Putain de merde, tu m'as foutu une trouille bleue! »

Furieuse de s'être fait prendre par surprise, elle fonça vers la créature et lui enfonça sa lame par la tempe.

« Tout va bien là-dedans Brindille? Lui cria une voix depuis l'extérieur.»

« Oui, oui, rassura-t-elle aussitôt Silas. »

Elle s'essuya les mains sur son jean tout en regardant autour d'elle. Elle se trouvait dans un ancien bureau à en juger par le mobilier. Elle ouvrit les différents tiroirs et empocha ce qu'elle pensait pouvoir être utile. Elle remercia silencieusement le deuxième amendement à la vue du Beretta et de sa boite de munition dans le dernier tiroir.

Après un dernier coup d'œil, elle rejoignit ses compagnons de voyage.

« Ce soir, c'est raviolis, sourit-elle en réponse à leur regards interrogateur. »

Silas grogna.

« Fais pas ta fine bouche, c'est toujours mieux que le pain rassis qu'on s'est tapé toute la journée. »

« Je t'ai raconté la fois où j'ai mangé à la Tour d'Argent? Lui demanda-t-il en reprenant la marche. »

« C'est quoi ça? »

« Le meilleur restaurant de ma vie, voilà ce que c'est. A Paris. J'étais avec cette fille-là, Jeanne, complètement tarée d'ailleurs. »

« Encore une? Riait-elle déjà. »

« Des opportunités, Brindille, que des opportunités tout ça. »

« Si tu le dis. »

« Le meilleur restaurant comme je te disais. Le maitre d'hôtel avait commencé par un potage germiny. »

« Je n'ai aucune idée de ce que c'est. »

« Toute une éducation à faire. »

« Que veux-tu, je n'ai pas ta grande expérience. »

« Et tu aurais besoin d'aide? »

« Pourquoi j'ai l'impression qu'on ne parle plus de cuisine là? »

« Ca dépend de toi, lui dit-il avec un clin d'œil. »

Et ils continuèrent à marcher ainsi, quittant le village sans un regard en arrière. Les journées s'enchainaient dans cette même routine, que ce soit à pied ou motorisés. Ils avançaient jusqu'à la nuit tombée, montaient un camp, faisaient l'inventaire de leur butin, et enfin dormaient.

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Scott les avait fait s'arrêter sur un rebord de route un peu plus large qui leur permettait de s'installer tranquillement. Sans un bruit, et sans se concerter chacun s'attela à la tâche. Silas entreprit d'amasser quelques pierres pour créer un foyer, pendant que Scott montait la tente. Elle partit chercher du bois de son côté. Elle ne put réprimer un frisson de froid alors que la nuit tombait. L'hiver allait bientôt arriver, et il se faisait déjà sentir.

Silas finissait de former des boules compactes avec un vieux journal quand elle finit par rejoindre le campement de fortune. Elle déposa son tas de bois à côté de lui et s'éloigna de quelques pas. Le feu était une affaire sérieuse - la seule d'ailleurs- pour Silas et il valait mieux le laisser faire. Armé de son briquet, il réussit à faire apparaitre quelques flammes et s'empressa de souffler doucement dessus pour que les brindilles prennent feu.

Quelques minutes plus tard, ils s'installèrent tous les trois autour du foyer improvisé. Elle ramena son sac devant elle et sortit la boite de conserve promise plus tôt dans la journée. Ils mangèrent en silence, chacun concentré à se remplir enfin l'estomac et épuisés par la marche forcée.

« Je prends le premier quart, annonça finalement Scott. Ne tardez pas à vous coucher. »

« Pourquoi tu continues à dire quart alors que l'on est que trois? »

« Silas, grogna-t-elle. »

« Pardon, moi et ma grande gueule, se repentit aussitôt le trentenaire. »

« A part les conserves, tu as trouvé quoi d'autre? »

Elle ouvrit de nouveau son sac à dos et commença à étaler ses découvertes. Deux briquets jetables, de la cordelette, le Beretta et le fusil à pompe au canon coupé qu'elle avait repéré sous le comptoir. Au lieu de le mettre devant elle avec les autres articles, elle le tendit directement à Scott avec un petit sourire.

« Des cartouches? »

Sans un mot, elle lui lança une boite.

« Bien, sourit-il. »

« J'ai trouvé ça aussi, me suis dit que ça pouvait être utile. On ne tiendra pas comme ça tout l'hiver, dit-elle en lui donnant un carnet de carte routière. »

« Je sais. Je suis sûr qu'on se rapproche. Vous feriez mieux de vous pieuter maintenant. Silas, je te réveille dans quatre heures. »

« Oui M' sieur. Toute de suite M' sieur. »

« Ta gueule. »

Silas s'inclina en une courbette avant d'entrer dans la tente à reculons sans se relever.

« Aucun commentaire Jaimie. »

« Non M' sieur, lui répondit-elle avant de se lever à son tour. Laisse-moi prendre le second tour la prochaine fois. Silas a besoin de se reposer. »

« S'il ne dépensait pas tant d'énergie à parler, ce serait pas le cas. »

« Et mes journées n'en seraient que plus mornes, répondit-elle du tac au tac avant de s'étirer. Fais attention à toi. »

Elle entra à son tour dans la tente. Silas n'avait pas perdu de temps et s'était déjà glissé dans un des deux sacs de couchage. Dans un soupir de soulagement, elle s'allongea à côté de lui, la fatigue de la journée l'atteignant enfin.

« C'était Noel avant l'heure pour Scott. »

Elle lui répondit par un petit sourire et dans un grognement se força à se relever. Les doigts engourdis par le froid, elle batailla contre les lacets de ses rangers. Elle put enfin se libérer de ses chaussures et se glissa rapidement dans son sac de couchage. Enfin. Elle allait vivre pour voir un autre jour.

« On trouvera une solution pour cet hiver. Scott va nous retrouver son petit palace 4 étoiles, zombie free, et on s'en sortira. »

« J'espère, souffla-t-elle. Tu ferais mieux de dormir, t'as le quart le plus dur»

« Fais de beaux rêves Brindille. »

Elle se réveilla en sursaut lorsqu'une main vint toucher son épaule. Silas, accroupi à côté d'elle, mit un doigt sur sa bouche avant de lui faire signe de le rejoindre dehors. C'était déjà l'heure pour elle de prendre la relève. Les yeux encore lourds de sommeil, elle réussit à se relever. Le froid mordant lui arracha un petit cri étouffé. Elle n'avait aucune envie de sortir du cocon chaud de son sac de couchage. Elle enfila ses chaussures et attrapa dans son sac un gilet à capuche. Discrètement, pour ne pas réveiller Scott, elle sortit de la tente.

« Rien à signaler. J'ai entendu quelques grognements, mais trop loin pour nous inquiéter. Ca va aller? »

« Ouais, j'ai juste hâte de dormir dans le palace promis hier. »

« Tiens, mange ça. Ça devrait finir de te réveiller. »

Elle attrapa avec un sourire la barre énergétique et alla se poster à côté du foyer. Quelques braises rougeoyaient encore entre les pierres. Elle tendit les mains au-dessus des pierres dans une vaine tentative de les réchauffer. Heureusement, elle pouvait déjà voir les premières lueurs de l'aurore prochaine à l'horizon. Ça allait être une belle journée et avec un peu de chances les rayons du soleil les réchaufferaient assez vite. En attendant, elle resserra les pans de sa veste en cuir contre elle et se ratatina un peu plus sur elle-même. Merde, c'était pas une vie ça.

Du coin de l'œil, elle vit le carnet de carte routière posé sur une pierre. Scott avait été occupé à en croire les pages cornées. Avec un peu de chance, ils auraient bientôt un toit au-dessus de leur tête. Elle soupira de nouveau, s'interdisant à penser plus loin que ça. Avec un bout de boit, elle joua un moment avec les braises, fascinée par les étincelles qui s'élevaient dans le ciel.

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« Et donc Carmen s'est empressée de me faire taire et de me sortir du bar. Elle m'a foutu dans la voiture avant que je puisse dire quoi que ce soit et a démarré à toute vitesse. Elle n'a pas décoché un mot jusqu'à ce qu'on soit sorti de Veracruz. »

« Et alors? C'était qui ces gars? Demanda Jaimie impatiente. »

« Il s'agissait des membres de Las Zetas. Je m'étais tapé la sœur du chef. »

« Oh mon dieu, Silas, éclata-t-elle de rire. Je ne comprends pas comment tu es encore vivant."

« Je dois avoir un ange gardien qui me protège. »

« J'espère que tu es son seul client. Il doit être épuisé à la fin de la journée. »

Silas lui donna un petit coup sur l'épaule et elle dévia légèrement de sa route, un grand sourire aux lèvres.

Ils se retrouvaient à marcher sur une route déserte, en rase campagne, entourés par des champs de blés et quelques bosquets. Scott menait la marche, comme d'habitude, alors que ses deux compagnons marchaient quelques mètres derrière en parallèle.

Jaimie raffermit sa prise sur son fusil, la bandoulière lui cisaillait l'épaule depuis quelques minutes déjà.

« Ça va? S'inquiéta aussitôt son comparse. »

« Oui. Il est temps qu'on se trouve une voiture. »

« M'en parle pas. J'ai les pieds en compote. »

« Et un lit. Ce serait bien un lit. »

« Et un bain. Moussant. »

« Je me contenterais d'une douche. Même tiède. »

« Ne jamais revoir ses standards à la baisse. Ce n'est pas comme ça que tu t'en sortiras dans la vie. »

« Pour l'instant, ça m'a plutôt réussi. Je suis encore en vie, non? »

Silas fit une petite grimace.

« Si t'appelles ça une vie… »

Jaimie lui jeta un regard surpris.

« Une Porsche. Voilà ce qu'il nous faut. La prochaine voiture sera une Porsche, ou ne sera pas! Déclama-t-il, le sourire de retour sur son visage. »

« On prendra ce qu'on trouvera, rétorqua Scott sans se retourner. »

« Je n'irais pas plus bas qu'une Mercedes. »

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Jaimie fit le tour de la grange abandonnée à pas de loup. Elle repéra enfin une ouverture à environ 2 mètres de haut.

« J'ai trouvé, annonça-t-elle en revenant. Je vais avoir besoin d'aide. »

« Silas, tu fais le guet. »

Elle pointa du doigt l'ouverture qu'elle avait repérée, et Scott ne perdit pas de temps pour se plier et joindre ses mains. Elle posa son pied et prit appui sur les épaules larges du blond. Il se releva prestement et elle profita de l'élan pour agripper les rebords de la fenêtre. Elle réussit ensuite à se hisser et se mettre à califourchon dans l'ouverture. Elle examina rapidement ses mains et enleva une écharde qui s'y était glissée.

« Alors? »

Elle attrapa sa lampe de poche et balaya la grange.

« Va falloir que je descende, il fait trop sombre pour que je puisse voir quoi que ce soit. »

« Fais attention à toi. »

Elle plaça la petite lampe entre ses dents, et bascula sa deuxième jambe à l'intérieur. Elle se laissa glisser de tout son long contre la paroi avant de tout lâcher. Elle atterrit souplement sur ses pieds. Elle resta immobile quelques secondes, à l'écoute du moindre bruit suspect. Mais elle n'entendit rien. Elle se releva prestement et repéra aussitôt la porte d'entrée barrée d'une large poutre en bois qui leur avait interdit l'accès jusqu'à présent.

« Ca va être galère les gars, cria-t-elle. »

« Qu'est-ce qui se passe? Lui parvint la voix étouffée de Silas. »

« Y a que je suis pas Rambo. »

« Est-ce que ça vaut le coup? »

« Ça peut le valoir, j'ai vu une voiture. Mais je ne sais pas si elle est en état de marche. »

« On arrive, lui répondit Scott. »

Deux minutes plus tard et un « 'tain qu'est-ce que t'es lourd, t'es sûr que t'as mangé les même rations que nous » de Silas, Scott avait rejoint Jaimie. A eux deux, ils purent enfin soulever la poutre et ouvrir les deux grands portes battantes de la grange. Le soleil entra enfin dans le bâtiment révélant un pick-up d'une quinzaine d'années.

« Dis-moi que tu fonctionnes mon gros, souffla Jaimie en ouvrant la portière conducteur. »

Elle se baissa et arracha le plastique protégeant les fils. Denis lui avait montré comment faire. Une des leçons les plus importantes qu'elle avait pu recevoir. Si seulement il avait eu le temps de lui montrer un peu de mécanique de base… Elle sortit un petit canif de sa poche et dénuda les fils avant de les faire rentrer en contact.

« Allez mon gros, on va y arriver. »

Le bruit du moteur se fit entendre et un ronronnement agréable envahit la grange.

« Enfin! S'exclama-t-elle grand sourire. Enfin, on a de la chance! »

« Faites le tour, intervint Scott, voyez s'il y a quelques chose d'intéressant et après ça on dégage. »

Laissant le moteur tourner, trop effrayée qu'il ne redémarre pas, elle sortit de la cabine et entreprit d'explorer la grange avec ses deux compagnons.

« Alors? »

« RAS, claironna Silas au bout de la grange. »

« Un bidon d'essence, s'écria Jaimie. On devrait pouvoir tenir un peu plus avec ça. »

« Voir même arriver à notre destination, renchérit Scott avec un sourire. On y va. »

« Hey, tu veux pas que je prenne le volant? Demanda Silas en posant sa main sur l'avant-bras du blond alors qu'il allait monter derrière le volant. T'as l'air d'avoir besoin d'une sieste. »

Il jeta un coup d'œil à Jaimie qui fit une petite grimace pour confirmer.

« Détend-toi quelques heures, ajouta-t-elle. Je pense que Silas peut survivre sans que tu le surveilles. »

« Même si c'est qu'une Dodge, je promets de pas me planter dans le fossé, ajouta le brun avec un clin d'œil. »

« Ok. Au moindre problème, tu me réveilles. »

« Si jamais on a un problème, tu te réveilleras tout seul. »

Les deux hommes montèrent dans la cabine alors que Jaimie prenait place dans la benne. Elle se recroquevilla dans un coin et arrangea la position de son fusil pour être prête à tirer en cas de problème. Pas comme si elle allait réussir à dormir de toutes façons dans cette position. Mais elle aussi avait remarqué les traits tirés de Scott ainsi que les cernes profondes sous ses yeux. Il prenait dur ces derniers temps. Sa position n'était pas la plus simple et pour être tout à fait honnête ni elle ni Silas ne se sentait capable de l'assumer. Prendre les décisions pour le reste du groupe pesait lourd sur les épaules du blond, même s'il ne s'en était jamais plaint.

Elle s'accrocha en catastrophe au rebord du véhicule lorsque Silas appuya brusquement sur l'accélérateur. L'éclat de rire sincère qui s'en suivit l'empêcha de lui passer un savon.

« Économise l'essence! Cria Scott. »

« Oui M'dame Fourmi. »

En dépit de ce qu'elle avait pu penser, elle se sentit dodeliner doucement au bout d'une petite heure de route. Silas avait écouté les conseils de Scott et ne roulait pas vite. La route était de toute façon incertaine et il savait la jeune fille sans sécurité dans la benne. La cabine la protégeait du vent et son sac à dos de la dureté du métal. Elle tenta de se réveiller en se tapotant les joues. Ce n'était pas le moment de baisser la garde. Ils croisaient quelques zombies sur la route qui alertés par le bruit changeaient automatiquement leur route pour les suivre. Des sacrés prédateurs si vous vouliez son avis. Lent certes mais inexorables. Ils finiraient toujours par les retrouver. Malgré toute sa volonté, elle finit par piquer du nez.

Silas lui continua à conduire jusqu'à la panne sèche. Il dut alors se résigner à s'arrêter sur le bas-côté et ainsi réveiller ses compagnons de voyage. A peine avait-il commencé à freiner que Scott avait ouvert les yeux, alerte.

« Je dois remplir le réservoir, lui expliqua-t-il aussitôt. »

« Je prends le volant. »

« J'échange ma place avec la Brindille. Trop peur qu'elle finisse par s'envoler. »

Scott secoua doucement la tête et se glissa derrière le volant dès que Silas mit pied à terre. Jaimie s'étirait, toute courbatue de la position peu agréable au final qu'elle avait prise pour s'endormir.

« Monte dans la cabine, on échange. »

« T'inquiète pas pour moi. Tu ferais mieux de te reposer. »

« Moi ça va. Et toi, tu vas finir par perdre tes doigts si tu restes encore dehors. Et puis, je ne pense pas que Scott tienne dix minutes avec moi en environnement clos. »

« Pas faux, sourit-elle. »

Elle attrapa la main qu'il lui tendait et sauta sur le bitume. Ses jambes se rappelèrent aussitôt à sa mémoire et elle dut se rattraper à la carlingue pour ne pas tomber.

« Ça va? Demanda-t-il aussitôt inquiet. »

« Ouais, des courbatures c'est tout, indiqua-t-elle en secouant ses jambes pour retrouver une circulation sanguine correcte. Faut qu'on se dépêche, dit-elle en pointant du doigt des formes à une centaine de mètres d'eux. »

« Ils sont loin. »

« Pas assez à mon goût, grogna-t-elle. »

Elle arma son fusil et jeta un coup d'œil par la lunette.

« Et ils sont plusieurs. »

« Je m'occupe de l'essence, monte dans la cabine. »

Elle obéit rapidement et s'installa aux cotés de Scott qui gardait un œil sur le troisième comparse par le rétroviseur extérieur.

« Tu les as vu? »

« Oui. Une centaine de mètre. »

« Fait chier, murmura-t-il en réponse. »

Elle lui glissa un regard un peu surpris. Ce n'était pas dans les habitudes de Scott de parler comme ça.

« Dans moins de deux minutes, on sera reparti, le rassura-t-elle. »

« Ca les empêchera pas de nous suivre. Et d'être de plus en plus nombreux. »

Elle serra les dents. Elle savait exactement de quoi il parlait. Mais elle ne voulait pas y penser.

Deux coups sourds sur le toit les avertirent qu'ils étaient prêts à repartir. Elle se tourna pour voir Silas s'asseoir à la place qu'elle occupait il y a encore cinq minutes. Il lui adressa un sourire avant de se tourner vers l'arrière, son fusil à pompe pointé vers les formes qui devenaient de plus en plus distincte. Scott n'attendit pas plus pour redémarrer et s'éloigner. Les formes devinrent rapidement des petits points à l'horizon avant de disparaitre complètement. Un frisson la parcourut alors qu'elle les imaginait continuer à marcher vers eux. Le désavantage de la lunette était qu'à présent leurs visages - ou ce qu'il en restait - étaient gravés dans son esprit.

« Sors la carte, lui demanda Scott la tirant de ses pensées. Et dis-moi à combien de kilomètres on est. »

Elle attrapa le carnet posé dans la boite à gant et l'ouvrit à la dernière page cornée. Un cercle rouge passé plusieurs fois se situait dans le coin supérieur gauche. Elle jeta un coup d'œil sur la route à la recherche d'une borne afin de se situer. Une fois leur localisation connue, elle retrouva leur position à trois pages de là. Elle fit rapidement le calcul en suivant l'échelle de la carte.

« Alors? »

La phrase préférée de Scott décidément se surprit-elle à penser.

« Entre 150 et 180km. Mes doigts ne sont pas aussi précis qu'une règle. »

Il jeta un coup d'œil à la jauge de l'essence.

« On ne tiendra pas. Il va falloir qu'on se trouve du carburant, rapidement. »

« Et à manger. On n'a qu'une boite de conserve. Et deux bouteilles d'eau. »

Les épaules du conducteur s'affaissèrent un peu.

« Scott? Ça va? »

« Oui. Ne t'inquiète pas. On va y arriver. »

Et il ajouta dans un murmure

« On doit y arriver. »

La route fut semée d'embuche entre carcasse de voiture bloquant le chemin et quelques zombies un peu trop intéresses. Ils ne réussirent qu'à parcourir une cinquantaine de kilomètres en plus avant de devoir s'arrêter, le soleil ayant définitivement disparu.

L'installation du campement se fit encore une fois en silence, et même Silas évita le moindre commentaire. Scott était sur les nerfs, tendu comme jamais, et encore plus taciturne que d'habitude. Et ils marchaient sur des œufs autour de lui.

Jaimie mit la dernière conserve à chauffer et distribua les deux bouteilles d'eau. Elle partagea en trois parts égales les raviolis et ils mangèrent en silence. Mais le repas fut vite terminé, et la faim pas apaisée. Elle regarda ses deux compagnons de voyage au-dessus des braises rougeoyantes et ne rencontra que des visages tirés par la fatigue et la faim, les yeux vitreux et perdus ailleurs. Elle vit les cernes, et les rides profondes qui barraient leur front, elle vit l'amertume et le désespoir.

« On devrait croiser une ville demain, dit-elle en brisant le silence. En fin de journée si on continue sur le même rythme qu'aujourd'hui. On trouvera des vivres à ce moment-là. »

Il n'y eut aucune réaction.

« Et encore une nuit, et on devrait y être… Les gars? »

« Silas, tu te sens de prendre le premier tour? »

Un grognement lui répondit.

« Je prends ça pour un oui. Jaimie, tu prendras le deuxième. Dors dans la voiture ce soir, tu seras plus au chaud que sous la tente. »

« Et toi Scott? »

« Moi ça ira. J'utiliserai la tente. »

Il se leva sur ses mots et disparut quelques secondes plus tard sous l'abri de fortune. Silas attrapa son fusil sans un mot et alla se poster un peu plus loin. Jaimie soupira, dernière fois qu'on l'y prendra à insuffler un peu d'espoir.

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Ils partagèrent leurs deux dernières barres de protéines au matin, sans un mot. La tension entre eux palpable. Silas plus silencieux que jamais. Scott les mâchoires serrées. Jaimie l'esprit embrumé de fatigue. Fatigue qu'elle sentait jusque dans ses os. Elle dut prendre son courage à deux mains pour attraper son sac à dos et distribuer les paquets de chewing-gum, dernier relief de nourriture. Ils étaient officiellement à sec.

Elle conduisait depuis un peu plus de trois heures lorsqu'ils arrivèrent enfin aux abords de la ville tant promise. Elle ralentit pour atteindre une vitesse d'à peine une vingtaine de kilomètre/heure, leur laissant tout le loisir d'explorer la ville tout en étant en sécurité. Scott, accoudé sur la cabine, frappa soudainement sur l'habitacle. Elle freina aussitôt réveillant définitivement Silas qui somnolait jusqu'alors. Il lui jeta un regard noir et elle ne fit que hausser les épaules. Ils devaient sortir de la voiture de toutes façons, ce n'était pas le moment de dormir.

Scott sauta de la plateforme et arma aussitôt son fusil. Il pointa du doigt le magasin qui avait retenu son attention à quelques mètres de là. Ils avancèrent en formation jusqu'à l'entrée. Silas, après un hochement de tête entendu avec la jeune fille, poussa la porte. Le grelot d'une cloche les fit sursauter. Ce fut à son tour de lui envoyer un regard furieux. Et au sien de hausser les épaules. Ils attendirent en silence quelques minutes avant que Scott lui fasse signe d'y entrer. Ils se postèrent tels des videurs de boite de nuit de chaque côté de la porte alors qu'elle se glissait dans la pénombre de l'ancienne station-service.

Elle dut attendre quelques secondes avant que ses yeux s'habituent au manque de lumière. Elle longea toute la première allée et trouva ce qu'elle cherchait: de l'eau. Enfin. Elle déboucha aussitôt la bouteille et but à grandes gorgées. Sa bouche et sa gorge desséchées hurlèrent au passage de l'eau trop fraiche, mais elle n'en avait cure. Enfin de l'eau. Elle laissa tomber la bouteille vide et empocha les trois autres qui trainaient.

Elle fit le tour des rayons mais l'endroit avait été manifestement nettoyé bien avant leur arrivée. Elle ne trouva que deux paquets de biscuits secs. Jaimie eut un petit reniflement quand elle vit que c'était une marque qu'elle détestait. Décidément, le monde entier était contre elle. Elle s'agenouilla pour refermer son sac et des éclats de voix lui parvinrent.

« Qu'est-ce que vous voulez? Demandait d'une voix trop forte Scott à l'extérieur. »

Elle se ratatina aussitôt sur elle-même. Il y avait des étrangers dehors. Les étrangers, ce n'était jamais bon. Les étrangers, c'était des emmerdes assurées. Les étrangers, c'était le danger immédiat. Les étrangers, c'était pire que les zombies, c'était pire que la faim, ou la soif.

Pliée en deux, elle parcourut le magasin en silence pour se mettre derrière le comptoir.

« J'ai dit: qu'est-ce que vous voulez? »

Elle n'entendit pas la réponse à la question de Scott. Son interlocuteur ne prenait pas la peine d'élever la voix pour qu'elle puisse suivre la conversation. Elle se plaqua contre le tiroir-caisse, le cœur battant à mille à l'heure, la fatigue et la faim oubliée.

« Ca ne vous concerne en rien, continuait Scott. »

La frustration montait en elle. Qu'est-ce qui pouvait bien se passer? Qu'est-ce qu'elle devait faire? Les rejoindre? Les laisser tomber?

Son regard tomba sur une porte en fer en face d'elle. Une sortie de secours. Quand elle avait approché le bâtiment elle avait pu voir une cour de l'autre côté. Avec un peu de chance, elle pouvait sortir par là et contourner le groupe des étrangers. Mais après quoi? Après on verra. Allez, bouge-toi maintenant.

« Je vous conseille vivement de baisser votre arme. »

Et merde. Scott ne conseillait pas à la légère. Il fallait qu'elle bouge.

Toujours courbée en deux, elle s'avança vers la porte de secours, priant pour qu'elle ne soit pas fermée à clé.

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Une petite review pour me dire ce que vous en pensez?