Prologue

« Il n'y a pas de coïncidence, tout n'est que fatalité. »

Cette phrase-là, c'était une mystérieuse femme qui lui avait soufflé lorsqu'elle était subitement apparue dans un des miroirs qui ornait sa chambre un beau matin. Elle prétendait pouvoir réaliser son vœu, celui qui lui tenait le plus à cœur, ce qu'il voulait le plus au monde, mais il savait pertinemment que ce qu'il désirait était impossible à réaliser.

Il ne savait pas pourquoi cette parole lui revint en mémoire à ce moment précis, et il ne put s'empêcher de rire en jugeant l'ironie de la situation.

Ses pas résonnaient dans le couloir désert de sa demeure, il passait à côté des immenses murs décorés par une multitude de tableaux qu'il ne supportait plus, déchirés à maintes reprises par une froide fureur et laissés à l'abandon, bancals. Il ne comptait plus les escaliers qu'il eu à descendre pour arriver là où il était maintenant, il ne se souciait plus de ce qu'il avait dû vivre pour être ce qu'il était aujourd'hui, cela lui était bien égal. Il s'arrêta devant une immense fenêtre afin d'y scruter le paysage qu'elle lui offrait : une terre de désolation, où toute vie avait été enlevée et avait disparue, une terre dévastée par la folie d'un homme aidé par les caprices du temps. Un vent glacial s'abattait de temps à autre et soulevait la haine et la tristesse ressentie par les esprits qui rôdait dans les rues détruites en quête de vengeance et de malédiction

Il resta immobile quelques instants avant de reprendre son chemin. Il passa devant sa bibliothèque où les livres étaient éparpillés un peu partout et couverts du sang des cadavres allongés à proximité, écrasés par les grandes étagères de chêne qui avaient basculées dans la panique. Il ignora et s'engouffra dans la salle d'armes située juste à côté, ils s'entassaient ici la centaine d'épées, de haches, de lances et de sceptres magique prêts à être utilisés en cas d'attaques.

Mais maintenant, plus jamais il n'y aurait d'attaques ni d'assauts.

L'homme s'avança vers une cage de cristal au fond de la pièce où étaient entreposées les trois épées qui appartenaient au roi de cette contrée. La sortant d'une de ses poches sombres, il brandit une clé argentée devant lui, en face de la cage. La protection en cristal s'évapora doucement avant de disparaître entièrement, ne laissant flotter que les trois armes au dessus d'un piédestal. Il s'empara de celle du milieu, une magnifique épée à la garde bleue et blanche incrustée de quelques diamants, et au métal argenté. Il la sortit de son fourreau et regarda la lame scintiller à la faible lumière qui passait malgré les épais nuages qui dormaient dans le ciel. L'homme passa le doigt sur l'épée et il se coupa, une goutte de sang commença à perler. Il sourit.

« Tu n'as pas tenu ta promesse », murmura-t-il.

Il lécha le sang qui avait coulé le long de sa main, puis il rangea l'épée dans sa gaine. Il brandit une nouvelle fois la clé et la cage de cristal réapparue, renouvelant la protection des deux armes qui étaient restées. Il revint dans le couloir et refit le chemin qu'il avait fait avant en sens inverse, il s'arrêta devant la même fenêtre qu'il y avait à peine dix minutes. L'homme sourit une nouvelle fois en observant le ciel noir.

« Tu vas payer pour y avoir failli.»

Au loin, le tonnerre gronda et il commença à pleuvoir, soulevant l'odeur insupportable de putréfaction venant des cadavres plus bas. L'ombre de la vengeance des esprits s'amplifia et plana dangereusement, nourrit par les noirs desseins de l'homme, ce dernier jubilait en regardant avec obsession et folie son épée qui serait très bientôt trempée de sang.