Je te regarde, comme toujours je ne dis rien. Je te regarde simplement. Quand ton bras se tend, que ta main saisit la bouteille au goulôt, quand tu te sers et enfin, quand après avoir porté le liquide à tes lèvres tu soupire de satisfaction. Je te regarde refaire inlassablement ce geste. Mes yeux suivent chacun de tes mouvements mais ne te regardent plus dans les yeux, jamais. Toi, je sens ton regard, tes yeux, rendus fous, me regarde mais je sais maintenant que tu ne me vois pas, ton regard est voilé par tes fantômes Ronald, je sais maintenant.

Je sais qui tu vois quand tu me regarde, moi ou qui que ce soit d'autre, quand tu as ce regard-là, tu ne vois plus ceux qui sont là, près de toi, tu ne vois que ceux qui sont partit dans l'au-delà. Mais ce qu'il y a, c'est qu'aujourd'hui, quand ton poing s'écrase sur la table et la troue une fois de plus, je n'ai plus de pitié. Plus aucune pitié pour toi et ta peine, je suis simplement lasse, lasse de toi, lasse de toutes ces soirées qui ne se suivent que pour se ressembler. Lasse de tenter de recoller en vain les morceaux, de ramasser les verres que tu envoies s'éclater au sol, lasse des faux espoirs, des faux amours et des désillusions, de tes promesses …

Je n'en peux plus, je veux vivre, tu comprends Ron ? Tu entends ? Nous étions heureux.

J'ai toujours su que la guerre t'avais plus affecté que nombre d'entre nous, tu n'as jamais voulu en parler je t'aurais aidé, je le voulais, vraiment, mais tu n'as jamais voulu. Maintenant c'est fini, je suis fatiguée de tout sa, je m'envais, demain je ne serais plus une Weasley, c'est Fini Ron, Fini.