Chapitre 1 : Un dîner, un mariage et des étoiles

- « Wendy ! Descend s'il te plaît ! » s'exclame Mary Darling, ma mère

- « J'arrive, une minute ! »

Je saute du rebord de la fenêtre sur lequel j'étais assise pour contempler le ciel étoilé et m'élance vers la porte. Je m'arrête quelques secondes devant le miroir pour observer soigneusement mon reflet. Des cheveux châtain clair qui tombent en boucles épaisses sur mes épaules, des yeux d'un gris-bleu saisissant et des pommettes rosées par l'air frais de cette soirée d'hiver. Je réajuste les plis de ma longue jupe d'un bleu nuit et défroisse une dernière fois mon chemisier blanc.

- « Gwendolyn Victoria Élizabeth Darling ! Dépêche-toi de descendre ! »

- « Me voilà ! » Je dévale les marches et m'empresse de rejoindre mes parents, George et Mary Darling, ainsi que mes frères John et Michael dans le vestibule.

On sonne à la porte, mon père ouvre et laisse entrer la famille Sullivan, dont le père est un de ses vieux amis de l'université de Cambridge. D'origine irlandaise, leur famille se distingue principalement par des cheveux d'un roux éclatant et… une fortune des plus importantes de l'Angleterre. Cependant, malgré l'écart de moyens entre les deux familles, cela n'a pas empêché Henry, le patriarche et mon père de se lier d'amitié et de rester en bons termes longtemps après leurs années d'études.

Je les observe d'un œil distant. Mon regard se pose tout particulièrement sur le fils unique du couple, héritier de la fortune familiale, nommé Ronald. Ce dernier affiche un air ennuyé, comme si venir chez nous était la pire corvée qu'on puisse lui infliger. En un sens, je le comprends. Après tout, cela fait bien des années que l'idée d'un mariage entre les deux ainés de nos familles est le sujet d'une discussion animée chez nos parents.

Cependant, même avec tout le respect que je dois à Ronald, je sais que je ne pourrais jamais l'épouser. En effet, pour moi, le mariage est une preuve d'amour que je ne peux partager qu'avec mon « véritable amour ». Et ce dont je suis certaine, c'est que même après avoir été pratiquement élevée avec ce garçon, Ronald n'aura jamais sa place dans cette catégorie.

Je salue poliment les invités de la maison avant de leur présenter leurs places à la table. Le dîner se passe sans problème majeur, Ronald et moi parlant peu, pour maintenir une bonne image de jeune fille modèle pour ma part, mais apparemment surtout pour montrer son ennui et son désir de partir dès que possible pour Ronald. Arrivés au dessert, nos parents commencent à évoquer LE sujet pointilleux : le mariage. C'est Henry qui prend la parole :

- « Ne pense-tu pas que nos jeunes sont à présent mariable George ? »

- « Tu as raison Henry, ma Wendy va avoir bientôt 18 ans, il est temps de penser à son avenir ! »

Je souris à mon père d'un faux air reconnaissant, cachant la panique qui s'empare de moi. Déjà ? Je pensais avoir encore quelques années avant ce moment fatidique… Des années qui m'auraient permis de trouver mon véritable amour avant d'être coincée à jamais avec Ronald…

- « Ta fille est l'une des jeunes femmes les plus élégantes que j'ai jamais rencontré ! Et ses manières n'ont d'égal que son charme… »

Je rougis devant la remarque d'Henry qui me fait un clin d'oeil. Je décroche de la conversation un moment, pensive. Lorsque je me reconcentre…

- « Dans un mois alors ? » demande Henry

- « Parfait ! » s'exclame mon père, aux anges.

La réalité me frappe alors de plein fouet. En un espace de temps si court, les deux hommes de la table viennent de sceller mon destin. Je baisse les yeux et observe mes mains tremblantes. C'est fini. Je ne pourrais plus jamais trouver mon véritable amour, et je passerais le reste de ma vie avec un Ronald bon à rien dont seule la fortune le rend attrayant. Mais cette caractéristique ne marche pas pour moi. Mes yeux commencent à s'embuer, je vois flou.

- « Wendy ? Tout va bien ? » me demande ma mère, un air inquiet sur le visage.

- « Je crois que j'ai besoin d'un peu d'air… » dis-je tout bas, une boule se formant dans ma gorge

Je quitte la salle en entendant mes parents lancer des « c'est l'émotion », « elle à du mal à concevoir le bonheur qu'elle est sur le point d'obtenir » pour calmer un Ronald outré de mon comportement et son père surpris par mon départ soudain.

Je monte le plus vite possible les escaliers en bois de chêne menant à ma chambre et me jette sur mon lit, des larmes de désespoir roulant sur mes joues à la pensée de la vie morne et triste qui m'attend.

Je regarde par la fenêtre et observe les étoiles, toujours aussi lointaines. Leur lumière auparavant bienveillante me paraît si froide à présent… L'une d'entre elle attire mon attention. Elle brille davantage que toutes les autres et sa clarté semblent réchauffer mon cœur de la tristesse qui s'en est emparée. Je me rappelle alors le conte de fées que ma mère me lisait avant de m'endormir. Quelque chose sur un garçon qui vivait dans un endroit magique car il ne voulait jamais grandir… Où était-ce déjà ? Nerver… Ah oui, Neverland. Et comment se nommait ce garçon ? Impossible de me souvenir…

Mais cette histoire était pour moi, enfant, le futur que je désirais… Ne jamais grandir, dans un endroit où tout serait permis. Mais j'appris par la suite que je grandirai comme tout être humain et que rêver d'un pays imaginaire ne m'aiderait pas à affronter les réalités de la vie. J'ai petit à petit délaissé cet idéal pour me concentrer sur mon image de jeune femme et mon statut, tout comme la vie qu'ils m'offraient.

Je m'approche de la fenêtre de ma chambre et, l'ouvrant en grand, j'hume l'air glacial de la nuit. Je continue d'admirer l'étoile dont la lumière semble maintenant osciller. Je concentre ma vue sur le point lumineux et prends alors conscience qu'une forme sombre masque en partie l'éclat stellaire. Et cette forme sombre non-identifiée grandit. Non, disons plutôt qu'elle se rapproche. De moi. A une vitesse qui, j'en suis sûre, n'est pas celle d'un simple faucon en chasse. J'ai juste le temps de retirer le haut de mon corps du cadre de la fenêtre avant que la forme, maintenant de taille humaine, ne rentre telle une tornade dans ma chambre.


Ceci est ma première fic sur le couple DarlingPan ! Soyez gentils mais ne vous gêner pas pour me dire ce que vous en pensez en reviews !

A +

Chamaya