CHAPITRE I

Béni soit celui qui n'attend rien de la vie,

car il ne sera pas déçu

L'amour ça ne s'apprend pas. Ca se vie. Ca se ressent. Ca nous tombe dessus sans le vouloir et parfois, ça fait pas mal de dégat.

Plus jamais. Plus jamais elle ne voulait croiser ses yeux gris. Ce regard hypnotisant. Ce visage d'ange avec l'âme d'un démon. Ses traits parfaits et cette élégance innée. Plus jamais.

Hermione crut que son cœur allait s'arracher de sa poitrine. Il était là. Devant elle. Cela faisait si longtemps. Si longtemps qu'elle en avait presque oublié cette sensation qui naissait dans son estomac.

Son cerveau réfléchissait à vive allure mais ses yeux et son cœur, eux, ne visaient qu'une seule et unique personne. Lui. Drago Malefoy. Vêtue d'un simple costard noir, il était plus élégant que jamais.

- 'Mione ?

Elle sursauta légèrement et détourna son regard de Drago pour le porter sur son mari. Ron l'interrogeait du regard, un peu inquiet.

- Tout va bien ? fit-il, en se postant devant elle.

- Très bien, pourquoi ? mentit-elle en reprenant ses esprits.

- On dirait que tu viens de voir un fantôme !

C'était tout comme. Hermione lui attribua un sourire rassurant et lui déposa un baiser sur les lèvres.

- J'étais dans mes pensées. Où est Harry ? dit-elle, en changeant de sujet.

- A l'intérieur, Sirius à encore fait des siennes.

La jeune femme proposa à Ron de rejoindre leur ami à l'intérieur. Et alors que Ron avançait, Hermione se retourna une dernière fois pour apercevoir des yeux, devenus maintenant d'un gris glacial, posés sur elle. Un frisson parcourut son échine et elle ne put maintenir le regard bien longtemps car la voix de Ron l'appelait. Elle fit volte face et, en montant les marches, sentit toujours son regard pesant sur elle.

En voyant le carnage dans la cuisine, Hermione retint un juron. Comment un enfant de cinq ans pouvait-il faire autant de dégât ? Elle vit alors Harry saisir le petit garçon par le bras et l'emmener dans sa chambre, sans manquer de lui déposer une claque sur son derrière. Les pleures de Sirius s'entendirent de l'étage.

Hermione s'avança vers Ginny qui tentait de nettoyer les bêtises de son fils. Enceinte, elle essayait tant bien que mal de s'abaisser pour ramasser les bouts de verre du vase que venait de casser Sirius.

- Laisse-moi faire, fit Hermione en relevant son amie. Tu n'es pas en état de faire du ménage, Gin'.

- Il est infernal Hermione. Plus il grandit et plus c'est pire ! se plaignit la jeune rousse.

Hermione lui sourit gentiment. Non seulement son fils, trop écouté, n'en faisait qu'à sa tête, mais en plus Ginny devait accoucher dans deux mois. La fatigue se lisait sur son visage pâle.

Ils virent alors Harry descendre, essoufflé.

- Il va se calmer, déclara-t-il en tentant de se rassurer lui-même.

Ron éclata de rire et prit son meilleur ami par les épaules.

- En fait, je comprends mieux pourquoi Hermione ne veut pas avoir d'enfant tout de suite, rit-il.

Harry afficha enfin un petit sourire et tourna son regard vers sa femme. Ginny le regardait avec amour et tendresse. Hermione admirait leur couple. Leur amour se ressentait à n'importe quel moment et semblait indestructible. Jamais Harry ni Ginny n'avait hésitait sur l'amour qu'il se portait. Cela paraissait tellement évident pour eux. Son cœur se serra dans sa poitrine. Pourquoi hésitait-elle de son amour pour Ron alors ? Pourquoi ne lui manquait-il pas quand il partait en mission avec Harry alors que Ginny mourait d'impatiente de revoir son mari ?

Hermione sentait un vide dans son cœur que même l'immense amour que lui portait Ron ne pouvait combler. Elle sentait bien qu'il était fou amoureux d'elle et que cela s'amplifiait au fil des mois. Mais elle préférait se taire et souffrir à sa place. Elle ne voulait pas lui briser le cœur.

- Encore dans tes pensées ? souffla la voix de Ron à son oreille. Tu es magnifique quand tu réfléchis.

Il lui sourit et l'embrassa sur le front avant de partir aider sa sœur dans la cuisine. Hermione en profita pour rejoindre Harry.

- Tout va bien avec Ron ? demanda-t-il, les bras croisés sur sa poitrine.

- Bien sûr, quelle question.

- Ne me ment pas, Hermione. Pas à moi.

Le regard de son ami se fit beaucoup plus sérieux. Elle se mordit les lèvres, un peu gênée. Harry la connaissait par cœur. Et il savait. Il savait tout.

- Pourquoi l'as tu invité ?

- Il m'a sauvé la vie, tu le sais. Tu étais là. Je ne pouvais pas l'ignorer.

Bien sûr qu'elle le savait. Elle n'oubliera jamais ce qui s'était passé ce jour là. Et les deux années qui suivirent aussi.

- Tu m'avais promis que tout ça était fini, 'Mione.

- Mais c'est fini ! assura-t-elle. Crois-moi, Harry. C'est du passé.

Et même si elle n'en pensait pas un mot, elle ne put s'empêcher de lui mentir et, en même temps, de se mentir à elle-même. Harry acquiesça, incertain. Il avait bien remarqué le changement de comportement de sa meilleure amie ses derniers mois. Elle ne semblait jamais vraiment avec eux. Son regard était vide et dénué de toute joie. Son esprit était ailleurs. Il était avec lui, là-bas quelque part. Il savait qu'elle rêvait de le rejoindre, de partir et s'abandonner à lui. Ca la pourrissait de l'intérieur.

- Je te crois, mentit-il. Je te demande juste de penser à Ron.

Elle fronça les sourcils.

- Parce que tu crois que je pourrais lui faire du mal ? demanda-t-elle, un peu énervée. J'aime Ron. Il a toujours été là pour moi. Il m'a toujours aimé tel que je suis. Jamais je ne le ferais souffrir.

- Parfois, ça ne suffit pas, tu sais.

La jeune femme se renfrogna, vexée. Comment pouvait-il penser ça d'elle ? Elle avait sacrifié tellement de chose pour Ron. Pour son bonheur à lui.

C'est alors que le principal concerné arriva. Ron affichait toujours ce sourire radieux en voyant Hermione. Et ça, depuis le premier jour où il l'avait vu dans le Poudlard Express. Sa tignasse mal coiffé lui avait d'abord fait tirer une drôle de grimace puis, c'est en voyant ses grands yeux noisette qu'il avait commencé à tomber amoureux d'elle. Mais il n'avait pu révéler son amour qu'il n'y a quelques mois. Après tant d'année à attendre le bon moment, il c'était enfin lancé lors d'une soirée organisé chez Hermione. Et c'est devant tous leurs anciens amis Gryffondor que Ron avait déclaré sa flamme à la jeune femme. Au début, elle était restée bouche bée et Ron avait cru faire un arrêt cardiaque devant le manque de réponse d'Hermione. Et c'est avec un énorme soulagement qu'il l'entendit lui dire enfin "Je t'aime aussi". Le plus beau jour de sa vie.

Depuis, sept mois avaient passés. Sept mois dans lesquels il l'avait demandé en mariage. Hermione c'était évanouie en voyant l'énorme bague en diamant que lui avait acheté Ron lors de sa demande. Il avait alors cru à une réponse négative, mais à son réveil, Hermione l'avait embrassée et acceptée.

Et maintenant, tous les deux étaient plongés dans les préparatifs du mariage. Un mariage que Ron voulait exceptionnel et inoubliable. Et pour cela, il avait décidé de s'occuper de tout. Hermione, quant à elle, n'avait qu'à choisir sa robe de mariée.

Soudainement, Hermione se sentit oppressée et mal à l'aise entre les deux jeunes hommes. Entre le regard pesant d'Harry et le sourire de Ron, Hermione eut envie de vomir. Elle se leva brusquement et déclara vouloir prendre l'air seule un moment.

Le vent frais lui caressa le visage et elle put enfin recommencer à respirer. Ses yeux se fermèrent et ne prêta plus attention qu'au bruit des vagues qui venaient s'échouer sur le sable. C'était une magnifique journée. Et elle avait l'impression que cela faisait tellement longtemps qu'elle n'avait pas profité d'un simple moment de calme et de paix. Son esprit était toujours perturbé par son travail ou encore les préparatifs de son mariage.

- Bonjour Hermione.

La jeune femme ouvrit alors les yeux pour apercevoir Neville. Il lui souriait gentiment et elle le lui rendit avec plaisir.

- Bonjour Neville.

- Tu t'éloignes de la fête ?

- Oui, j'ai besoin d'être un peu au calme. Et toi ?

Il étira un peu plus son sourire.

- Luna est en retard. Je me sens un peu seul parmi tout ce monde sans elle, avoua-t-il.

- Mais enfin, tu n'es pas seul, nous sommes là. Nous sommes tes amis Neville.

- Je sais Hermione, rigola-t-il. Mais il n'empêche que je me sens un peu perdu sans Luna. Sa présence me rassure et me donne confiance en moi.

Hermione l'écoutait avec attention. C'était tellement rare de voir Neville comme ça. Lui qui était si réservé à Poudlard.

- Tu dois savoir ce que ça fait toi aussi, avec Ron.

- Evidemment, bafouilla-t-elle. Il... il est génial.

Neville la regardait alors bizarrement. Comme s'il tentait de déceler quelque chose. Hermione se racla la gorge et passa sa main dans ses cheveux pour masquer son embarras.

- Bon, je vais te laisser, dit-il en reprenant son sourire. On se voit tout à l'heure ?

- Bien sûr, à tout à l'heure Neville.

Elle se sentit mieux lorsqu'il s'éloigna enfin. Décidément, il était de plus en plus difficile pour elle de se voiler la face.

- Quelle idiote, dit-elle en se tapant le front.

- C'est exactement le mot que j'aurais choisis, oui.

Hermione sentit son cœur accélérer le mouvement en entendant la voix grave qui venait de prononcer ses mots. Ses mains devinrent moites et ses joues prirent une couleur rouge. Et elle savait qu'il n'y avait qu'une seule et unique personne lui pouvait la mettre dans un tel état. C'était lui. Les secondes passèrent dans un drôle de silence. Son parfum arriva aux narines d'Hermione, signe qu'il n'était pas loin d'elle. Elle crut mourir quand il prit de nouveau la parole.

- Retournes-toi, Granger, ordonna-t-il d'une voix plus douce.

Si seulement elle en était capable. L'affronter était au dessus de ses forces.

- Tu devrais partir.

- Et pourquoi je ferais ça ? J'ai été invité, répondit-il.

Elle devinait son sourire narquois et arrogant dans son dos. Il adorait la défier. Hermione sentit alors son souffle chaud venir s'abattre sur sa nuque. Il était trop près. Beaucoup trop près. Brusquement, elle s'éloigna de lui et lui fit enfin face. Elle revit alors ce visage qui lui faisait tourner la tête. Mais elle ne se laissa pas impressionnée pour autant.

- Ne t'approche pas de moi, prévint-elle avec une voix qu'elle voulait ferme.

Un sourire amusé apparût sur son visage. Elle aimait tellement ce sourire. Elle aurait donné sa vie pour le revoir. Et voilà qu'aujourd'hui il venait à elle, comme si rien ne s'était passé. Comme si le passé ne comptait pas pour lui.

- Par pitié Malefoy, si tu as un minimum de respect pour moi, vas-t-en, fit-elle d'une voix presque suppliante.

- Je n'ai pas que du respect pour toi.

- Arrête, je t'en supplie.

Il la dévisagea. Elle n'avait pas tellement changé. A part peut-être ses cheveux qui était plus long et son teint de peau plus doré encore.

Son voyage dans le sud de la France lui avait redonné des couleurs et une meilleure mine. Seulement, ses vacances lui avaient parût tellement longue. Seule avec Ron, elle n'avait jamais remarqué à quel point leur point commun se faisait de plus en plus rare. Il avait passé une semaine au soleil sans vraiment entamer une vraie discussion. Leurs sujets se rapportaient toujours à Harry, Ginny et la guerre. Cette guerre finie depuis près de deux ans maintenant. Un passé qu'il n'arrivait pas à oublier.

- J'ai oublié de te féliciter pour ton mariage avec la belette, reprit Drago d'une voix faussement enjoué.

- Ne l'appelle pas comme ça. Nous ne sommes plus à Poudlard, Malefoy. Nous ne sommes plus des enfants, maintenant.

- Parce qu'il y a deux ans, nous étions des enfants ? souffla-t-il. Tu crois que nous avons eu le temps d'être des enfants, Granger ?

Elle détourna le regard. Il n'avait pas totalement tord. Cette fichue guerre ne leur avait pas laissé le temps de se construire. Elle leur avait enlevé leur innocence dès leur première année à Poudlard.

Enfin, pour Drago Malefoy, c'était une autre histoire et cela remontait bien avant Poudlard. Lucius Malefoy n'avait jamais donné aucune chance à son fils de garder sa naïveté d'enfant. Il l'avait plongé dans la dure réalité de la vie et sur son avenir de Mangemort et de serviteur de Voldemort. Il n'avait eu aucun choix. Aucune issue. Et désobéir à son père revenait à désobéir à Voldemort lui-même. Lucius lui avait appris la peur et la soumission. Mais en aucun cas, le sens des mots amitié et amour. Cela n'existait pas chez les Malefoy. Ces sentiments étaient réservés aux faibles et aux lâches. Jamais son fils ne tomberait amoureux. Jamais il ne ferait confiance à personne d'autre qu'à lui-même et au seigneur des ténèbres.

Mais l'éducation de Lucius Malefoy avait une faille. Et cette faille remettait en question tout son travail sur Drago. Elle s'appelait Narcissa Malefoy. Tandis que son mari s'acharnait à faire de son fils une machine à tuer, celle-ci, dans son dos, lui faisait découvrir les joies de l'indépendance et de la liberté. Quand Lucius s'absentait, Narcissa ne manquait pas l'occasion de raconter à son fils de merveilleuses histoires et de lui faire découvrir le monde.

Drago, partagé, vécu entre deux mondes jusqu'au jour où il pourrait enfin prendre sa décision.

Hermione redirigea son regard vers l'ancien Serpentard qui n'avait cessé de la fixer. Elle ouvrit la bouche pour répliquer mais Drago fut plus rapide.

- Et moi, tu ne me félicite pas ?

- Te féliciter de quoi, Malefoy ? D'être toujours ce petit con arrogant et prétentieux ? cracha-t-elle avec mépris.

Il échappa un rire nerveux et Hermione resta perplexe devant son manque de réaction.

- Non, je parlais de mon mariage.

Le teint déjà pâlit d'Hermione sembla se blanchir encore plus. Elle crut sentir son cœur se déchirer petit à petit en elle. Drago ne tiqua pas une seconde, observant attentivement la réaction de la jeune femme.

Et il ne vit qu'une mine défaite et une fierté tentant de la dissimuler.

- Félicitation, fit-elle en soutenant son regard. Et, je peux savoir qui est l'heureuse élue ?

- Pansy Parkinson.

Elle cacha son dégoût à l'évocation de ce prénom horrible. Pansy Parkinson avait passé la majeure partie de son temps à l'insulter de toutes les façons possibles. Et ça, Hermione ne lui pardonnerait jamais. Une haine éternelle et réciproque reliée les deux jeunes femmes à jamais.

- Eh bien, continua-t-elle en se raclant la gorge. Contente pour toi, Malefoy. Tu passeras mes amitiés à Parkinson. Dans ce cas, nous n'avons plus rien à nous dire, conclu-t-elle.

Ses dernières phrases lui brûlèrent les lèvres. Elle voulut tourner les talons mais Drago lui saisit le bras avec force.

- C'est tout ? lâcha-t-il, avec de la colère dans la voix. Tu me tournes le dos et c'est terminé ?

- Qu'est-ce qui est terminé, Malefoy ? murmura-t-elle. Rien ne peut être terminé si rien n'a jamais commencé.

- Ne joue pas à ce jeu là, Granger. Tu risques de perdre.

L'ancienne Gryffondor étira un sourire triste.

- Ne t'inquiète pas pour ça, Malefoy. J'ai déjà perdu.

Et elle lui tourna le dos.

Quelque chose sembla se briser chez Drago Malefoy. Quelque chose qu'il avait enfoui au fond de lui il y a quelques années et qui semblait revenir le hanter.

La vérité flottait devant ses yeux mais il refusait de la voir, de se l'admettre.