Disclaimer :

Brumes est une fanfic d'Overwatch, cependant, j'essaye d'y intégrer autant d'éléments que possible pour que ce soit lisible sans connaitre l'histoire. Si quelque chose ne vous semble pas clair, n'hésitez pas à me le dire ;)

Les personnages d'Overwatch ne m'appartiennent nullement, ils sont la propriété de Blizzard.

Vous aurez du R76 (Faucheur x Soldat 76) dans la fic, je préviens d'avance.

Pour ceux qui connaissent le lore d'Overwatch, sachez que :

- Le début de Brumes se situe avant Bastet. (D'ailleurs, la sortie de cette nouvelle m'a forcé à remodeler la trame scénaristique pour réussir à coller autant que possible à la chronologie)

- Je suis partie sur le fait que Jack Morrison et Angela avaient répondu à l'Appel. Hanzo a aussi rejoint le groupe sur l'appel de son frère.

Chapitre 1

Une nouvelle explosion fit trembler jusqu'aux murs et il redressa la tête. Il bénit son casque à cet instant : la visière lui permettait de voir à travers la fumée épaisse qui avait envahi la vaste cour et il ne ressentait qu'à peine l'odeur ni la moindre sensation de manque d'air grâce au filtre intégré.

En revanche, les sources de chaleur étaient partout et il était dur de distinguer dans la seconde laquelle était une flamme en train de consumer un élément quelconque de ce champ de bataille et laquelle était un ennemi ou un allié voire un civil. Il n'était pas exclu que certains ici se soient égarés entre les deux feux.

Profitant de l'heure tardive, les agents de l'ancienne Overwatch, aujourd'hui renégats après tant d'années de bons et loyaux services, revenus sur le terrain quand l'Appel fut lancé, avaient donné l'assaut sur une base de la Griffe, un groupe de terroristes mondialement reconnus pour leurs actes, qu'ils avaient pu repérer.

Jack Morrison, alias Soldat76, avait renâclé à donner le premier coup. Mais c'était un coup de poker et l'occasion était trop belle pour la laisser passer. Ils étaient passés à l'offensive en sortant l'artillerie lourde. En parlant d'artillerie lourde, il entendit un de ces cris de guerre que les larges poumons de Reinhardt seuls étaient capables de produire quand il charge.

Il eut un petit reniflement amusé. Il se redressa alors pour entreprendre de passer ce mur de fumée, se dirigeant vers le gros des combats difficile à ignorer vu le vacarme qui en provenait.

Il repéra du coin de l'œil Tracer qui agaçait, telle une guêpe insaisissable, cette insupportable hackeuse connue sous le nom de Sombra. Même sans arrêter son attention, il pouvait entendre les piques que les jeunes femmes se lançaient. Avec leur caractère respectif, cela envoyait des étincelles.

Une flèche siffla, broyée par le poing de Doomfist qui en était la cible, attrapée en plein vol alors même qu'il esquivait l'assaut de Genji. Il sut instantanément où devait être placé Hanzo pour avoir apporté ce soutien malheureusement guère utile à son frère.

Il calculait la position de chacun, prenait compte de la situation. La Griffe semblait débordée. Oh, ils avaient bien plus d'agents qu'eux, que cette Overwatch renaissante qu'ils avaient tenté de reformer dans la totale illégalité mais la grosse majorité n'avait pas un entrainement pouvant rivaliser avec le leur.

Un mouvement suspect attira son attention loin de sa propre cible qu'il venait d'abattre de manière rapide et efficace. Il ne mit pas longtemps à identifier la personne. Moira était en train de se dégager du gros des combats et venait de disparaitre dans un couloir avec deux hommes.

Cette fichue scientifique devenait sa cible numéro 1. Ancienne alliée passée à l'ennemi, il avait déjà du mal à supporter sa présence alors qu'elle était officiellement de leur côté. Il n'avait jamais réussi à déterminer où s'arrêtait le génie et où commençait la folie en elle.

Une salve de détonation de pistolets lui appris que Jesse McCree venait de se jeter a couvert pour recharger mais il ne tourna même pas la tête pour l'apercevoir, tout proche.

Il prit la scientifique en chasse. Il était hors de question de la laisser s'éloigner. Quoi qu'elle prépare, ça ne signifiait rien de bon pour eux. Le temps qu'il arrive à la porte vitrée, surement blindée à la base mais désormais en éclats, qu'elle avait passé pour rentrer dans l'enceinte du bâtiment, il avait capté la présence de Hanzo qui avait certainement suivi sa manœuvre de loin. Un agent de la Griffe ayant repéré le vétéran en train d'emboiter le pas à la scientifique tomba net, la tête transpercée d'une flèche de part et d'autre, s'écrasant dans un bruit mat contre le gravier et il souffla un « joli tir » dans son casque.

Il s'infiltra alors dans le bâtiment dont la lumière tressautait, l'alimentation électrique ayant sans doute était endommagée l'assaut. Entre brusque éclat de lumière artificielle et obscurité inquiétante qui s'alternaient selon les caprices de l'électronique, il suivit en silence sa cible.

Le couloir s'étendait dans la longueur, quelques chariots de matériel renversés le long, qu'il contournait ou franchissait selon leur disposition. Alors qu'il progressait, il analysait l'endroit. Tout lui faisait penser, dans cette aile de la planque de la Griffe, à un laboratoire. Cela renouvela son empressement à mettre la main sur la scientifique. Face à la victoire visiblement assurée d'Overwatch, elle avait certainement fait demi-tour pour protéger ses recherches ou pour mettre en œuvre l'un des résultats obtenus.

Les bruits de combat étaient désormais étouffés alors qu'il progressait, se fiant à sa visière pour suivre sa cible et son escorte. Il ne se laissait pas distancer, courant presque dans les laps de temps où il se savait hors de danger, mais progressant à un rythme plus lent que le leur car chaque intersection pouvait cacher un ennemi. S'il pouvait repérer les adversaires vivants, les machines pouvaient parfois le surprendre.

Bientôt, il la vit s'arrêter et ses gardes prirent place pour surveiller toute arrivée. Il voyait vaguement sa forme en infrarouge qui semblait pianoter à toute vitesse sur un ordinateur.

Il pressa le pas, quitte à prendre des risques. Il surgit alors, tirant sur le premier garde avant qu'il ne puisse réagir, et retournant à couvert pour éviter la salve de balles que le second tira sur lui. La visière en profita pour se verrouiller sur lui et le prochain tir fut accompagné d'un bruit de chute et d'un râle.

Ne restait que la scientifique qui n'était pas un mince adversaire. Elle grogna d'agacement de le voir si proche. Partagée entre la nécessité de faire face et celle de finir ce qu'elle avait commencé, elle lui jeta un regard acéré. Elle leva une main et projeta un sombre rayon lumineux qui motiva rapidement le vétéran à plonger à couvert de nouveau, sentant l'énergie crépiter juste au-dessus de sa planque. Il en profita pour reprendre son souffle un bref instant et analyser la situation au mieux.

Alors qu'il se jetait hors de sa cachette pour lancer un assaut, visant la scientifique, une brume noire qu'il ne connaissait que trop bien vint s'interposer et le Faucheur se matérialisa. Un juron échappa au Soldat76 qui eut tôt fait de retourner à couvert, entendant les coups de feu qui suivirent ainsi les impacts dans le chariot qui n'apprécia guère à voir comme son métal fut déformé par l'attaque.

L'une des balles traversa et il sentit celle-ci érafler son bras et déchirer la fibre de sa tenue. Il sentit un filet de sang mais rien d'inquiétant. Avec un projectile normal, la plaie aurait cicatrisé d'ici quelques minutes. Cela prendrait juste quelque temps de plus vu la nature des munitions utilisées par le Faucheur mais ça ne l'angoissait pas.

En revanche, l'arrivée de ce renfort compliquait les choses. Et histoire que les choses prennent une tournure plus dramatique, une bonne partie de l'alimentation de la lumière décida de sauter à cet instant. Il ne restait que les ampoules de secours et quelques écrans dont celui sur lequel Moira continuait à pianoter rapidement, désormais couverte par son complice.

"Sors de là..." La voix rauque du Faucheur semblait presque amusée.

Même l'apport technologique de Morrison ne pourrait que difficilement rivaliser à sa nature même. Il allait devoir réfléchir rapidement. Il prit une nouvelle bouffée d'air alors qu'il entendait distinctement Faucheur progresser dans sa direction. Puis plus rien. Comme s'il s'était arrêté… ou si ses pieds avaient cessé de fouler le sol.

Ses yeux s'écarquillèrent sous sa visière et il bondit hors de sa cachette pour éviter l'apparition du mercenaire face à son ancien emplacement, émergeant de la brume noire reprenant forme solide.

Le visage couvert d'un masque noir à l'aspect morbide se tourna alors lentement vers sa nouvelle position alors que Soldat76 entreprenait de vider son chargeur sur lui. Les balles allèrent s'enfoncer dans la paroi derrière lui alors que de nouveau, un nuage de brume se jetait en avant vers lui tout en évitant tout dommage à son adversaire.

Un nouveau juron et il fut obligé de battre en retraite dans la salle plus grande où se trouvait Moira mais plus préoccupant : à découvert. Il était trop près, une cible trop facile. Il devait s'éloigner et au plus vite.

Il eut la satisfaction de remarquer que Moira ne prenait même pas la peine de les surveiller. Il pouvait donc se concentrer sur le Faucheur. Ou tenter de l'arrêter.

Mais le choix ne lui fut guère offert. Le mercenaire avait repris forme et le braquait. De nouveau, il dut esquiver.

Cette fois, la balle ne se contenta pas de l'effleurer et il sentit nettement l'impact à son épaule gauche. Il repoussa la douleur à plus tard. Mais il entendit Moira hurler des injures contre son partenaire. Visiblement, une balle avait dû passer non loin d'elle aussi. Au crépitement qu'il entendit ensuite, il comprit que le matériel dont elle s'occupait venait d'être touché. Bon point. Mais il se satisferait de cela plus tard.

Suffisamment éloigné de Faucheur pour tenter une autre forme d'attaque, il put pointer son fusil vers lui et décocher les roquettes de son arme qui sifflèrent en se dirigeant vers lui. Son attention détournée un court instant par la scientifique, le mercenaire ne changea de forme qu'au dernier instant et il put l'entendre grogner, et sentir que sa fureur n'avait fait qu'augmenter. La violence avec laquelle il lança son attaque suivante contre lui le força à plonger à terre.

Il roula alors pour pouvoir refaire face à son adversaire. Il entrevit du coin de l'œil Moira qui prenait la fuite après un premier et dernier regard sur la lutte qui avait lieu à quelques pas d'elle. Il jura, elle avait dû avoir ce qu'elle voulait. Il braqua son fusil dans sa direction, prêt à tirer. Mais son doigt se retira lentement de la gâchette : le métal bouillant d'un des fusils à pompe du Faucheur était appuyé contre sa tempe. Ils se tinrent ainsi immobiles pendant un instant qui parut une éternité et pourtant ne s'attarda pas plus de quelques secondes en vérité. Il put voir Moira prendre la fuite. Il était trop tard. Quoi qu'elle ait voulu récupérer ou fait, elle avait réussi.

Lentement, il tourna la tête pour voir son adversaire qui n'avait pas encore tiré. Il s'attendait à tout moment à entendre la détonation qui serait le dernier son qui parviendrait à son esprit.

Entre les éclats de lumière, il put voir que le Faucheur ne s'en était pas sorti aussi bien qu'il le pensait de son dernier assaut. La moitié de son masque avait volé en éclat. Juste assez pour que dans ce face à face silencieux entre eux, Morrison puisse sentir un frisson nerveux parcourir son dos. Cet œil qu'il voyait à découvert, à l'iris rouge sang, cette forme, ce regard... Le canon du fusil était maintenant sur son front avec la rotation lente qu'il avait effectué et ils se fixaient les yeux dans les yeux. Le seul sourcil visible du faucheur se fronça, épais et sombre sur une peau cicatrisée tant de fois. Il dut entendre nettement le bruit de déglutition nerveuse du vétéran ainsi à sa merci.

L'esprit de Jack ne savait plus par quel bout prendre les évènements. Il allait mourir, le Faucheur le tenait. Mais... le Faucheur, cet ennemi redouté et si efficace, impitoyable... il avait encore du mal à réaliser. Il connaissait ce regard, il l'avait croisé tellement de fois. Oh il était brun à l'époque, pas rouge. Sombre mais intense et intelligent. Il allait mourir, et ça serait des mains de celui qui avait été son meilleur ami pendant si longtemps. Son meilleur ami qu'il avait cru mort si longtemps et qui traquait aujourd'hui ceux qui furent des partenaires. C'était donc lui qui allait mettre fin à cette vie qu'il s'étonnait de sentir encore en lui chaque matin depuis cette catastrophe en Suisse … depuis aussi longtemps qu'il avait cru son ancien camarade mort d'ailleurs.

Mais la main qui tenait l'arme s'abaissa lentement alors que ce regard de sang ne quittait pas le sien. Et il put entendre la voix grave dont il reconnaissait maintenant des traces malgré le masque morbide qui la déformait. "Bordel". La brume reprit le dessus et il se sentit balayé par ce nuage inquiétant aux allures de mort gazeuse qui le traversa de part en part avant que le Faucheur ne réapparaisse à une sortie, ne prenant pas le temps de regarder derrière lui avant de quitter ce qui fut l'arène de leur combat.

Morrison resta figé un long moment, fixant la porte qui avait vu disparaitre celui qui fut son ami bien des années auparavant.

C'est l'arrivée de bottes en acier claquant sur le sol au pas de course qui le tira de sa torpeur. Tracer était là, suivant à quelques pas de distance McCree, tous deux ralentissant en l'apercevant. Ils s'arrêtèrent à quelques pas alors que le vétéran se redressait en secouant la tête. Comment… ? Comment c'était juste possible ? Ses pensées s'embrumaient. Il n'arrivait pas à faire le tri dans tout ce qu'il ressentait.

Son regard se posa sur Tracer qui lui tendait une main. « Com…. Jack ! » Il tomba comme une masse et fut réceptionné dans les bras de Jesse. Finalement, ce fut la douleur qui avait eu le dessus.

Il sentait qu'on s'agitait à côté de lui. Il entendait des machines qui faisaient ce bruit si agaçant et répétitif des appareils qu'on branchait dans les infirmeries. Il n'ouvrit pas les yeux, il sut qu'il était rentré « à la maison » ou du moins à ce qui s'en rapprochait le plus pour l'heure.

Il identifia aussi sans souci que la personne à côté de lui était Angela. Il souffla et se détendit. Il était sûr qu'elle savait qu'il était réveillé mais le laissait faire à sa guise, se remettre à son rythme, pour ainsi ne pas le brusquer.

Les yeux clos, il fit le tri dans ses pensées. Il avait été blessé mais rien de significatif même s'il sentait son épaule le lançait. Ça ne ferait qu'une cicatrice de plus. L'état de son corps était loin d'être sa priorité à cet instant.

Il venait de découvrir que Gabriel Reyes était en vie. Par quel miracle ?

Depuis les attentats de Zurich, son vieil ami était supposé mort. Après des années à combattre pour le gouvernement d'abord ensemble pour Overwatch, leurs destinées s'étaient éloignées. Jack avait pris du galon au sein de l'organisation et Reyes s'était retrouvé relayé aux tâches les plus sales en récupérant le contrôle de Blackwatch. Malgré cela, ils avaient continué à partager des moments entre complicité et rivalité jusqu'à l'explosion de l'organisation qui avait participé à sauver le monde pendant la guerre contre les Omniac.

Proclamée comme corrompue quand les actes de Blackwatch apparurent aux yeux de tous, entachant ainsi la réputation de la partie visible de l'iceberg, Overwatch, et désormais hors la loi, la chute avait été rude.

Le jour qui sonna la fin d'Overwatch, le quartier général suisse de l'organisation partit en fumée, pris pour cible par un attentat qui fit exploser tout le complexe. On avait accusé Blackwatch et son commandant.

Jack Morrison était mort ce jour-là. Du moins officiellement. Il était revenu sous l'identité de Soldat 76, laissant son ancienne identité derrière lui mais cela ne l'avait pas empêché de pleurer la perte de nombreux compagnons d'armes. Une tragédie dans laquelle Gabriel Reyes avait été le nom en haut de sa liste. Il avait mis du temps à accepter. Il savait... Il avait été aux premières loges... Il l'avait vu... Il devait l'accepter.

Et voilà qu'il venait de le croiser, bien vivant…. Enfin semblait-il. Mais sous la forme de cette créature qu'était le Faucheur, cet ennemi qu'il combattait depuis tant de temps. Tant de fois face à face sans qu'il sache. Mais Gabriel savait lui ! Il en était persuadé. Bien sûr que la visière et le masque empêchaient les personnes qui n'étaient pas proches de lui de connaitre son identité et de la rapprocher d'une façon d'une autre à l'ancien commandant d'Overwatch, mais cela n'avait pas offert le moindre doute à Ana quand elle l'avait retrouvé.

Alors à Reyes ? Non, aucune chance qu'il se soit laissé berné. En tout cas, il ne l'avait pas tué… il l'avait reconnu ? N'avait-il pu se résoudre à abattre un vieil ami ? Il allait devoir reprendre tous ces éléments dans le calme mais si Reyes était là, il allait devoir agir en conséquence. Était-il contrôlé ? Était-il dévoré par la haine comme le Faucheur semblait l'être ? Comment était-il devenu ainsi ? Qu'était-il d'ailleurs ?

Il était rare que le Soldat76 se laisse guider par ses sentiments mais cette apparition d'un autre temps ne pouvait être ignorée. Il devait parler à Ana… Si quelqu'un pouvait l'éclairer, ça serait-elle. Ses pensées s'embrouillèrent dans les brumes des médicaments qu'Angela avait dû lui donner, ou peut-être était-ce juste la fatigue, mais il sombra de nouveau. Sa dernière pensée fut que Angela avait dû mettre la dose pour que son dernier espoir s'accrocha à son ancienne amie disparue.