Collateral damages
Prologue
Ils sont cousins, pour ainsi dire. Mais le fait n'a jamais été vérifié. Ils se plaisent à s'appeler "cousins" parce qu'il en a toujours été ainsi.
Livaï a été accueilli par la famille peu après que son diable d'oncle l'ait abandonné à son sort.
Un soir, qu'il errait du côté de cet atelier de forge, on l'a invité à se mettre à table.
Après une valse-hésitation, le garçon, âgé de treize ans, a pris place aux côtés de la fille de la maisonnée.
Malgré le fait que ce garçon demeurait à l'évidence sur le qui-vive et qu'il dissimulait un couteau glissé dans la ceinture de son pantalon, le repas se passa le plus calmement et le plus naturellement du monde.
Si bien que le garçon finit par être un invité assidu à la tablée du forgeron.
Et s'il s'intéressait de près aux travaux de son hôte à la forge - ces lames épaisses en acier renforcé le fascinaient complètement - il présentait également des affinités avec la fille de la maisonnée, toujours prêt à s'échapper à la surveillance parentale pour aller chaparder chez le commerçant voisin ou patauger dans les flaques boueuses !...
"Ces petits diables sont si agiles..." soupirait le commerçant.
Et au forgeron de le dédommager généreusement.
La complicité se renforça au moment de l'adolescence. A cette période, Livaï tenait en respect les garnements plus âgés pour qui la fille du forgeron constituait un mets de choix.
Elle n'était pas en reste, d'ailleurs, capable de mettre à mal un gaillard plus grand qu'elle !...
Livaï aimait son caractère vif et tranchant ; le fait qu'elle ne mâchait jamais ses mots.
Ce furent là des années de complicité.
Jusqu'à ce que Livaï ait besoin de se prouver ce qu'il valait et se tailler une réputation parmi les bandits des bas-fonds, en quelques mois seulement.
Il ne coupa néanmoins les ponts avec sa famille d'accueil que lorsque les circonstances le forcèrent à rejoindre la surface et à intégrer le bataillon d'exploration.
The birth of Livaï.
