Hi fox !

Je me suis lancée dans une nouvelle histoire qui me trottait dans la tête depuis un petit bout de temps. Elle a également lieu au temps des Maraudeurs et il y a Sirius Black en premier plan mais elle est très différente de Je blague donc je suis. Elle n'est pas spécialement conçue pour être drôle, même si elle n'est pas rasoir non plus, je vous rassure ! En plus, contrairement à mon habitude, elle est écrite à la première personne et au présent.

J'aimerais remercier Siriabelle Grace pour avoir corrigé mes chapitres, trouvé le nom de cette histoire et amélioré mon résumé !

Bonne lecture à vous, simples mortels !

PROLOGUE

J'ai craqué. Ça ne m'est que rarement arrivé. Si mes souvenirs sont bons, ça ne s'est produit que deux fois. Deux fois de trop, probablement. La première fois, c'était en première année, quelques jours après la répartition. Son silence m'avait profondément bouleversée, malgré moi.

La deuxième fois, c'était en début de troisième année, après la première humiliation des Maraudeurs envers les Serpentards. Ils ont appelé ça une farce. A ce moment-là, quelque chose s'est brisé en moi, c'était la rupture définitive de notre pseudo-amitié d'enfance. Sirius Black. Un être monstrueux.

Aujourd'hui, c'est la troisième fois que ça m'arrive. C'est la troisième fois que je ressens ce besoin inextinguible de prendre mes distances, de m'échapper loin de cette cage dorée qui n'a de cesses de me brimer. C'est la troisième fois seulement que le besoin de m'évader, de partir ailleurs me prend aussi fortement. Loin, très loin d'ici. Mais ailleurs, est-ce si différent d'ici ? Je l'espère, mais j'en doute sincèrement. Existe-t-il réellement un lieu où les femmes cessent de jaser ? Subsiste-t-il une culture où les hommes ne tuent pas les plus faibles, ne maltraitent pas leur famille et ne discutent pas paperasse en buvant un petit verre de Cognac ? Je ne connais pas d'autre univers que celui des familles nobles.

Extérieurement, je simule, je suis une de ces filles stupides et prétentieuses qui laissent les hommes les dominer. Je ne suis, le plus clair du temps, que la fille très belle que l'on peut admirer, que l'on est heureux de compter parmi ses trophées. Intérieurement, je déplore ces conditions de vie lamentables dans lesquelles je m'enlise peu à peu, jusqu'à ne plus pouvoir respirer.

Cette soirée loin de tout me permet de me créer des illusions, des rêves irréalisables, des ambitions qui croissent rapidement, jusqu'à m'emplir d'un indicible sentiment de puissance. Mais ce n'est qu'une soirée. Demain matin, ma vie inutile et dénuée d'intérêt reprendra son cour, et les journées, qui se ressemblent toutes et qui n'en finissent plus, auront tôt fait d'écraser ce mince rayon lumineux. Cet espoir qui, le temps de quelques heures, aura baigné mon être de son éblouissante clarté. Cette soirée d'isolement me permet de prendre de bonnes résolutions. Ou pas, ça dépend. Par exemple, une fois, ma résolution, c'était de rendre visite à ma grand-tante Gravida. Ça, assurément, c'était un très mauvais objectif. Gravida, en latin, signifie « femme enceinte ». Elle n'a jamais eu de gosses et heureusement pour eux, d'ailleurs. Sans doute ses parents ont-ils su, avant même qu'elle ne naisse, qu'elle serait grosse. D'où le surnom. On ne croirait pas comme ça, mais les familles de Sangs-purs ont énormément d'humour ! Noir, de l'humour noir.

Enfin bref, Gravida est folle à lier. La seule raison pour laquelle on ne la fait pas interner dans un hôpital psychiatrique, c'est parce que ce serait très mauvais pour notre réputation. Imaginez : une parente de la noble famille Drake est devenue folle à lier à cause de la consanguinité. Non, ce n'est définitivement pas un sort acceptable. Gravida loge chez nous, par conséquent. Heureusement, elle ne sort jamais de ses appartements et Donny, son Elfe de maison attitré, ne la quitte pas d'une semelle. Les rares fois où je suis allée la voir, elle a commencé à raconter des inepties à propos d'un grand miroir merveilleux qui aurait des pattes serties de griffes et dans lequel elle aurait vu se refléter un monde utopique où elle trônerait en reine. Papa a suggéré qu'elle devait être comme ça à cause de la mort de son mari, il y a une quinzaine d'années. Moi, j'ai tendance à croire qu'elle débloque juste, et la consanguinité n'y est probablement pas pour rien. Je me suis longtemps demandé pourquoi papa ne l'achevait pas, lui qui n'a aucun scrupule à décimer des Moldus. Une fois, je lui ai simplement posé la question et il m'a répondu que maman l'adorait, et qu'elle n'aurait pas voulu ça.

Je me suis assise sur le bord du lac il y a une bonne heure, et je n'ai plus bougé depuis. J'ai immergé mes pieds dans l'eau glaciale, m'amusant puérilement des éclaboussures que le mouvement de mes jambes dans l'eau produit et me délectant de la brûlure glacée sur ma peau. J'ai assisté au spectacle du crépuscule. Le soleil répandait alors des rayons de lumière rose et orangée autour de lui, offrant une nouvelle teinte à l'environnement qui m'entoure. Désormais, le ciel est noir et le croissant de lune brille au-dessus du lac. Les étoiles s'allument une à une dans la voûte céleste, formant des constellations que je n'ai jamais pris la peine de connaître. Seuls les cris de quelques animaux nocturnes brisent l'épais silence qui m'entoure et les hiboux m'improvisent un petit concerto hululant. Chaque fois que le calme est rompu, je me dis que mon père ferait une syncope en me voyant ainsi. Ma tante Briella-Rose, qui me sert officiellement de substitut maternel, aurait assurément une réaction bien pire. Peut-être que ça l'achèverait… il n'est pas interdit d'espérer, après tout.

Je me suis tellement éloignée que Poudlard n'est plus qu'une ombre qui rompt l'uniformité de mon horizon. L'amas de pierres bancal sur lequel je me suis avachie risque à tout moment de s'écrouler, m'entraînant dans sa chute. Je ne sais pas nager. Je tourne imprudemment le dos au danger, n'importe qui ou quoi pourrait s'approcher de moi sans que je ne l'aperçoive. Le pire, c'est tout de même le fait que je pourrais attraper un rhume, ma tante Briella-Rose pourra en témoigner. Question de priorités. Pour l'heure, je n'en ai cure. C'est peut-être le seul risque que j'ai pris dans toute une vie de couardise, et je m'en délecte autant que faire se peut.

Quand j'étais petite, je n'étais pas comme les autres, je ne vénérais pas tous ces chiffons comme le faisaient les femmes autour de moi. Tout cela m'importait peu, en vérité, tant que j'avais Sirius Black. Après qu'il m'ait rejetée comme si j'étais une moins que rien, je me suis remise en question. J'ai simulé, j'ai fait croire à tout le monde qu'une jupe froissée, un ongle cassé et des cheveux emmêlés étaient mes pires cauchemars. J'ai glissé un pied dans ce monde de superficialité et, sans que je ne puisse rien faire, la porte s'est violemment refermée derrière moi. J'ai presque réussi à me convaincre moi-même que c'est ce que je veux, que ça me correspond. La plupart du temps. Mais là, pour le moment, j'ai presque plus envie de me rouler dans une flaque de boue que de dépoussiérer mes vêtements avec élégance.

Après réflexion, je me suis dit que, peut-être, toutes les filles prêtaient aussi peu d'importance à leur apparence que moi. En ce cas, elles simulent à merveille. Moi aussi, j'imagine. C'est tellement risible… toutes ces femmes emprisonnées dans ce rôle de greluches en puissance simplement parce qu'elles essaient de ressembler aux autres, de se fondre dans la masse. Quel tableau pathétique… Il n'y a qu'avec Sirius et Andy que j'ai été vraiment moi-même, mais ce temps-là est désormais révolu, il me l'a clairement fait comprendre.

Si mes chers camarades me voyaient ! Ma jupe est couverte de cette mousse verdâtre et humide qui s'agglutine sur les rochers, mes cheveux sont décoiffés à cause du vent léger mais constant, ma peau est toute rougie en raison du froid de Décembre et mes chaussures, que j'ai posées à côté de moi, sont pleines de boue. Je continue d'observer la lune à moitié cachée derrière quelques volutes de nuages lorsque je sens quelque chose d'humide et poilu me frôler la joue. Mon cœur fait une violente embardée et je sursaute en lâchant un petit cri étranglé des plus ridicules. En me retournant précipitamment, je me retrouve face à un gros chien noir qui me regarde fixement. Il jappe et j'ai une vue imprenable sur ses canines acérées, qui pourraient s'enfoncer dans mon cou et me briser la nuque sans difficulté aucune. Pourtant, il ne semble pas vouloir m'attaquer. Je sors mes pieds de l'eau glaciale et chausse mes ballerines, me relevant sur la caillasse, les jambes engourdies, désireuse de partir loin de cette créature monstrueuse.

- Allez, ouste ! je m'écrie, pas rassurée pour une Mornille.

Bon évidemment, il ne me répond pas. Malpoli, va ! Au contraire, il se redresse sur ses pattes arrières et passe sa grande langue visqueuse et dégoulinante de bave sur mon visage. Berk.

- Saleté de clébard, tu vas me décoiffer ! je hurle à m'en éclater les poumons.

Cette réplique est tout à fait idiote, je veux bien, l'admettre. Ce que j'ose encore nommer cheveux ressemble davantage à l'espèce d'écharpe en laine que ma tante Odette, une excentrique, a essayé de confectionner, un jour. Je préfère préciser que ce n'est PAS un compliment. En vérité, la teneur de mes propos m'importe peu, j'ai juste crié pour me libérer de cette terreur sourde qui me broie de l'intérieur à la vue de ce grand chien noir. Je crois presque voir la bête esquisser un sourire moqueur et je bougonne :

- Voilà que je simule même devant un stupide animal…

Marmonnant dans une barbe que, heureusement, je n'ai pas – au contraire du professeur MacGonagall – je me lève du rocher et pars précipitamment en direction du château. Et ce satané animal a la très mauvaise idée de me suivre.

- Ouste, je te dis ! je lui ordonne à nouveau.

Il se contente de produire un aboiement semblable à un rire avant de s'approcher lentement de moi. Et je me mets à courir vers le château en hurlant comme une hystérique. A cause de mes jambes engourdies tant par le froid que par l'affolement, je ne tombe pas moins de trois fois, m'écroulant lamentablement dans la boue. J'ai peur des chiens.

- P.O.V Sirius -

Comme souvent, je décide de sortir du château pour me dégourdir les pattes. Seul. Remus aide James à concocter le plan parfait pour conquérir Lily Evans – on y croit ! – et Peter, lui, est en retenue pour n'avoir pas rendu son devoir de métamorphose à temps. Je cours à toute allure à la lisière de la forêt interdite, et je sens mes muscles se détendre un à un à mesure que mon cerveau fait table rase de mes tracas humains. Mon ouïe surdéveloppée de chien perçoit soudain des clapotis au bord du lac. J'ai toujours rêvé de voir le calmar géant, alors je n'hésite pas une seconde et fonce en direction du bruit. Ce que je vois alors est autrement différent. Surprenant, mais différent. Tout aussi effrayant, à bien y réfléchir. C'est une Serpentard du nom d'Oliveira Drake, une des filles les plus superficielles que je connaisse. Curieux, je m'approche d'elle silencieusement. J'ai un instant la brillante idée de la jeter dans l'eau, quand un flash me revient :

Nous avions neuf ans et nous nous étions assis sur le tronc mort d'un arbre abattu, dans le jardin d'une demeure dans laquelle avait lieu une soirée mondaine. Andromeda était alors partie chercher des boissons pour nous rafraîchir. Elle était en sixième année, à ce moment-là, mais elle disait préférer notre compagnie à celle de ces vieux, je cite, « dragons en tutu ». Quand je lui avais proposé d'aller nous baigner dans le lac, Oliveira avait levé ses yeux bleus vers moi et avait murmuré à regret : je ne sais pas nager. Comme si elle en avait honte.

Je ne veux pas avoir un meurtre sur la conscience. Je suis désormais juste derrière elle et, trop plongée dans ses pensées, elle ne m'a pas entendu. Taquin, je lui effleure la joue de mon museau et elle se retourne vers moi dans un grand sursaut. Le spectacle qu'elle m'offre alors aurait de quoi en surprendre plus d'un. Qui pourrait se vanter d'avoir vu l'inébranlable Oliveira Drake avec des cheveux emmêlés au possible, les joues rouge tomate et des vêtements tout aussi sales que froissés ? Je crois même voir un ongle cassé sur sa main gauche ! Il y a forcément une erreur quelque part. Je suis en train de rêver ? Mes babines s'étirent en un sourire – je ne me suis jamais vu sourire sous forme de chien mais James m'a dit que ce n'était pas beau à voir – et je profite du spectacle.

C'est un fait qui m'a toujours étonné, chez elle. Même lorsque ses cheveux ressemblent au paillasson posé devant la porte d'entrée des Potter, même lorsque sa peau est tellement rougie qu'elle pourrait rivaliser avec une tomate, même lorsque ses vêtements ressemblent aux hayons des mendiants, il émane d'elle un magnétisme irrésistible. Je m'étais longuement interrogé à ce sujet, étant enfant, et elle m'avait avoué qu'elle avait une Vélane comme ancêtre.

Envolé, l'air indifférent qu'elle affiche en permanence, envolé, ce regard hautain qu'elle adresse à tout le monde, volatilisé, son port de tête altier. Je retrouve Oli. Pas Oliveira Drake, la dédaigneuse élève de sixième année, à Serpentard. Simplement Oli, la petite fille avec laquelle je passais mes journées, lorsque j'étais petit. Des souvenirs trop longtemps enfouis remontent à la surface, éveillant en moi une nostalgie encore insoupçonnée.

On avait joué au maître et à l'Elfe de maison et c'était elle qui avait dû obéir à tous mes ordres. Elle avait vraiment tout fait : se tordre les oreilles, déchirer ses vêtements et renverser un pot de fleur plein de terre sur sa tête. Et le fait que nos parents respectifs nous punissent chaque fois, sévèrement et douloureusement, ne nous a jamais dissuadés de continuer. Oli. C'était bien plus qu'une simple amie, elle était beaucoup plus. Jusqu'à cette rentrée à Poudlard, qui a tout gâché. Moi à Gryffondor, elle à Serpentard. Notre histoire commune s'est terminée à cet instant.

- Allez, ouste ! s'écrie-t-elle, affolée.

Elle a l'air terrifiée. Pour la rassurer et surtout parce que je trouve cette idée excellente, je ne lui obéis pas le moins du monde et passe un grand coup de langue sur son visage rougi par le froid. Manifestement, elle n'est pas plus réconfortée que cela mais sa grimace écœurée est à mourir de rire.

- Saleté de clébard, tu vas me décoiffer ! hurle-t-elle.

Alors là, j'avoue que je suis un peu paumé : je n'ai même pas touché à ses cheveux. Et quand bien même, elle n'a pas besoin de moi pour se les emmêler, elle le fait très bien toute seule. Sa tignasse blonde est déjà en piteux état. Quoi qu'il en soit, cette phrase me ramène à la réalité sans ménagement. Oli n'est plus. Oliveira Drake reprend peu à peu le dessus, et ses phrases superficielles le prouvent. Elle-même semble remarquer la stupidité de ce qu'elle vient de dire puisqu'elle bougonne :

- Voilà que je simule même devant un stupide animal…

Eh ! Stupide animal toi-même, non mais ! Attendez… comment ça « simuler » ? Il faut un décodeur pour comprendre ce qu'elle dit ?

Elle essaye vainement de remettre un peu d'ordre dans sa tenue et part d'un pas précipité vers le château. Quand elle se rend compte que je la suis encore, elle m'ordonne de dégager avec toute la gentillesse du monde puis, voyant que je n'écoute pas sa voix si mélodieuse, elle se met à courir, non sans tomber lamentablement par terre à plusieurs reprises.

Au fait, elle est marrante, cette fille ! Oliveira Drake, fais attention, car Sirius Black ne te lâchera pas de sitôt ! Oli resurgira, je m'en fais la promesse, parce qu'elle mérite d'exister.

OoOoO

Je dois dire que j'apprécierais infiniment que vous me donniez votre avis, quel qu'il soit, car je travaille sur ce projet depuis des mois et que je me suis beaucoup investie dedans !

Sur ce, bon appétit/bonne nuit/bonne journée/n'oublie pas de t'essuyer/arrête de grignoter/travaille ! ( rayer la mention inutile )