Coucou tout le monde!

Voici la première partie de mon OS sur Lydia (toujours *_*) et Theo dont je suis tombée amoureuse même si c'est un vrai petit enf**ré! Il a été vraiment très dur à écrire car on ne connait que très peu de chose sur le nouveau petit loup et il n'a quasiment aucune interaction avec ma petite princesse, mais je les trouve juste magnifiques ensemble niveau esthétique.
Vous commencez à savoir que j'adore écrire sur certains hommes pour en montrer une autre facette auprès d'une femme, je suis une éternelle idéaliste, romantique et tout ce que vous voulez. Quant à Lydia, comme toujours, je voulais la mettre en avant car on ne voit rien d'elle et c'est une honte!

Autant vous dire que je stresse beaucoup concernant cet écrit et ai très peur d'être à côté de la plaque.

L'OS se déroule sur les épisodes 4 et 5 de la saison 5. Je précise qu'il ne tient pas compte de "Lonely" et "Gods & Monsters". Il sera donc en deux parties (ou plus si je suis tentée) et j'attaque la suite après l'épisode de la semaine prochaine.

La musique est en gras. J'ai vraiment galéré à la trouver, j'espère que ça ira quand même. Je risque de changer la dernière si je trouve autre chose.

N'hésitez pas à laisser votre avis, ce serait même appréciable =)

Bonne lecture!


Le grand retour de Theo Raeken, petit garçon introverti et souffreteux devenu adolescent tout en muscles et en charme insolent, en avait perturbé plus d'un à Beacon Hills.

On ne s'attendait jamais à revoir une connaissance si lointaine au beau milieu du brouillard qui planait constamment sur la ville qui avait plus tendance à faire fuir, tout particulièrement quand des créatures surnaturelles mutantes surgissaient à tous les coins de rue comme des touristes à Ibiza en plein mois d'août. Cela éveillait forcément la curiosité de la meute sans cesse sur le qui-vive, en particulier de Stiles et son instinct presque animal. Il se méfiait toujours des nouveaux arrivants, peu importe qu'ils aient déjà créés des liens, à cause de leurs expériences passées... Et il se trompait rarement. Mais le retour de cet ancien ami devenu étranger dont ils ne pensaient jamais revoir le sourire enjoué après son départ précipité, ne troublait pas que les deux jeunes hommes meneurs de cette meute hors du commun.
A l'école, Theo n'avait pas été que l'ami des deux inséparables, Stiles et Scott, avec qui il partageait toutes ses peurs d'enfants et son asthme. Non, il avait aussi passé bien du temps à jouer avec Lydia, déjà rayonnante et maline à l'époque, la coursant dans la cour de récréation en la faisant rire aux éclats.

Dès que la banshee avait aperçu ce revenant le jour de la rentrée des terminales, tous ses sens s'étaient mis en alerte bien que lui rendant son signe de main d'un geste distrait, partagée entre la crainte et le plaisir curieux de le retrouver. Quelque chose clochait méchamment chez lui, il dégageait une aura et un charisme aussi sombres qu'imposants. Cela ne l'empêchait pas de l'avoir reconnu aussitôt et de s'en réjouir, à l'inverse de ses compères bien que cela puisse s'expliquer par son faciès de loup lors de leur rencontre. Néanmoins, sa raison lui soufflait les mêmes mises en garde que celle de Stiles: ce retour impromptu ne pouvait pas être une coïncidence et elle était bien décidée à découvrir ce que cela cachait. La jeune fille, première de la classe et et toujours tenues à l'écart des aventures agitées, n'avait pas grand chose d'autre à faire de toute manière.
De plus, cela lui changerait les idées de la mort de sa meilleure amie toujours bien ancrée dans son esprit et celle d'Aiden. Et puis il fallait avouer qu'il avait un physique avantageux qui rendrait l'enquête plus agréable.
Theo reconnu également son amie d'enfance au premier coup d'œil. Toujours cette crinière flamboyante volant au vent, ce teint de porcelaine et ce regard pétillant et inquisiteur, comme si il sondait la personne sur qui elle jetait son dévolu, tentant de deviner ses secrets et ses sentiments. Le signe de main ne lui était pas destiné, mais remarquant la réticence des camarades dont il tentait de regagner la confiance, il se réjouit de voir qu'il n'était pas un étranger pour tout les visages de son enfance.

Et cela lui fit l'effet d'un pincement au cœur.

En réalité, il n'était pas rentré au bercail par pur hasard , prêt à user de son art pour amadouer et semer la germe du chaos, mais à elle, il ne lui voulait aucun mal et il savait pertinemment qu'elle serait pourtant prise dans le cyclone qu'il engendrerait pour parvenir à ses fins. C'était le plan et il ne devait pas – il ne pouvait pas – décevoir ses collègues, voilà tout. Il n'y avait rien de personnel là-dedans, pas à son égard du moins. L'adolescent n'avait pas envie de briser une énième fois une si jolie poupée déjà en très mauvais état. Il se demanda même comment elle faisait pour tenir encore debout, la tête haute malgré ce qu'elle avait traversé, elle peut-être plus que les autres à cause de son don particulier.

Theo avait bien fait son travail pour son retour en ville, se renseignant sur le vécu de chacun des membres de cette meute et ses liens avec le surnaturel, plus particulièrement encore sur ceux qu'il avait appelé ''ami'' un jour. Par conséquent, il connaissait leurs véritables identités et leurs traits de caractère les plus prononcés, pouvant ainsi toucher plus juste. Et, en toute logique, le revenant savait qu'il lui faudrait user de beaucoup de patience et de ruse pour gagner la confiance de Stiles, mais aussi celle de Lydia. Ce n'était pas parce qu'ils partageaient de bons souvenirs et que cette dernière ne le fixait pas d'un œil noir en guise de bonjour que cela serait aisé.

Curieusement, les pensées de Stiles ne se justifièrent pas durant les jours qui suivirent, allant même jusqu'à le ridiculiser et le faire passer pour un déséquilibré à le suivre à la trace en pleine nuit. En même temps, Theo devinait que tout le monde le surveillait de près, il ne pouvait donc pas se permettre le moindre pas de travers et abandonner ses activités le temps que le petit génie oublie sa lubie et se concentre sur autre chose ou qu'un camarade le rappelle à l'ordre. C'était déjà allé très loin. Stiles, accompagné de Liam car nécessitant du pouvoir d'un loup pour x raison, l'avait suivi une nuit dans les bois, jusqu'au pont traversant la rivière où sa sœur avait trouvé la mort.
Ce fut perturbant et le forçait à redoubler de prudence, mais Theo admirait sa persévérance et son instinct.

Le jeune homme leur avait raconté sa transformation et un souvenir poignant du CM1 d'une crise d'asthme terrassante lors d'un intercours au lycée au bout de quelques jours, mais Stiles ne s'était pas montré conquis. Quant à Lydia, elle suivait l'enquête de son ami de loin, n'appréciant guère ses méthodes peu délicates, bien que partageant son inquiétude. Stiles ne se trompait jamais et son instinct de banshee, tout comme celui de femme, lui soufflaient qu'il cachait de vilains secrets.

Leur opinion commença à changer lors de l'attaque de Tracy au commissariat, chimère en furie qui pourchassait les gens lui étant venus en aide. Cela n'avait pas la moindre logique, mais qui savait ce qui se passait dans la tête des gens agissant dans leur sommeil et se sentant menacés.
Quoiqu'il en soit, le sort avait voulu que la bonté de Madame Martin la mette en danger de mort et donc que Lydia se précipite à son secours pour finalement se retrouver gravement blessée par la queue de kanima. Ce fut à cet instant que les garçons arrivèrent en compagnie de Theo. Ce dernier se jeta aux côtés de la banshee et adopta aussitôt les bons gestes, à savoir lui faire un garrot à l'aide de sa ceinture et assurer que tout irait bien même si ce n'était pas tout à fait vrai, sans même y réfléchir à deux fois.
Le nouveau loup en ville savait que les membres de la meute seraient blessés un moment ou l'autre et que se serait alors le moment idéal de gagner des points en venant à leurs rescousses, c'était la première partie du plan afin de mieux s'y immiscer. Mais il ne pouvait pas prévoir où et quand frapperaient les créatures des Docteurs de l'Effroi, elles étaient incontrôlables. Alors bien sûr, quand l'opportunité de sauver l'un d'entre eux se présenta, il n'hésita pas, et ce fut la première raison à cela. Elle fut curieusement chassée par l'envie de la sortir de là, tout simplement. Lydia ne méritait pas de souffrir de la sorte, elle avait déjà assez fait les frais du surnaturel, ni de se retrouver coincée dans cette lutte pour le pouvoir. Parce qu'il se souvenait aussi de la petite fille qu'il faisait rire et qui lui tenait la main devant la salle de classe quand une crise d'asthme le faisait souffrir. Elle avait bien plus de valeur à ses yeux que Malia et Kira qu'il n'avait jamais connues et ne représentaient que des soldats de choix dans cette meute.
De plus, Lydia était une banshee, et d'une puissance inouïe même si elle n'en avait pas conscience, et elle était un atout de taille du point de vue de la meute, que se soit celle de Scott ou celle qu'il comptait former après avoir fait un peu de ménage. Scott et les autres n'avaient pas la moindre idée de l'incroyable créature, en apparence si fragile, en leur présence.

Dans tous les cas, il préférait avoir Lydia vivante, mais Theo préféra se dire que c'était pour son plan. Il n'était pas prêt à assumer cet attachement qui lui coûterait très cher si les Docteurs venaient à l'apprendre.

Au commissariat, malgré le brouillard qui voilait son regard à cause cette insoutenable douleur et tout le sang qu'elle perdait, la lycéenne parvint à voir ce sentiment fugace qui plissait le front de Theo et ternissait son regard une poignée de secondes, juste assez pour que la banshee en elle le saisisse.
Sa mère s'éloigna pour appeler le 911 alors qu'un spasme de douleur lui enserrait les entrailles, lui faisant monter les larmes aux yeux et son ami d'enfance le sentit aussi, frappé de plein fouet par l'étendue de sa souffrance. Elle allait mourir si personne ne faisait rien, sa condition physique n'était que celle d'une humaine.

- Lydia, regarde-moi, ordonna-t-il dans un murmure résolu , toujours à ses genoux à ses côtés. La jeune fille hocha la tête malgré sa difficulté, essayant de maîtriser sa propre peur, et battit des cils lorsqu'il s'empara délicatement de sa main, emprisonnant ses doigts dans le creux de sa paume. Reste concentrée sur moi en attendant que l'ambulance arrive, d'accord? Ça va bien se passer.

La banshee déglutit et lui obéit dans l'espoir qu'il ait raison, ancrant son regard au sien afin de trouver la force et enfonçant ses ongles dans sa paume tant elle avait mal, incapable de penser correctement à la raison de sa présence auprès d'elle. Les images du passé dansèrent alors devant ses yeux, du petit Theo recroquevillé contre un mur dont la respiration sifflante se faisait de plus en plus laborieuse et qu'elle le tenait par la main en attendant que cela passe. Il était amusant de voir comment la situation s'inversait aujourd'hui, cela la ferait sûrement rire lorsqu'elle serait hors de danger.
La douleur se dissipa alors, devenant supportable, comme chassée par ce souvenir, sa vision devenant plus claire et la lycéenne écarquilla les yeux en comprenant pourquoi.

Theo avait aspiré un peu de sa souffrance, la sauvant ainsi d'une mort certaine, et cela bouscula tout ce en quoi elle croyait depuis son retour. Lydia serra fortement sa main, la seule chose à laquelle elle pouvait se raccrocher, mais aussi pour le remercier, puis elle oublia tout de son chemin jusqu'à l'hôpital.


Lydia se réveilla de son sommeil lourd imposé par l'anesthésie générale et son traitement par intraveineuse aux premières lueurs de l'aube dans une petite chambre blanche aseptisée, la bouche pâteuse et dérangée par la lourdeur du bandage sur sa plaie. Elle avait passé une bonne partie de la nuit en chirurgie, entre les mains d'or de Melissa McCall, mais tous savaient qu'elle était hors de danger grâce à Theo.
C'était tout ce à quoi elle parvenait à penser, ainsi qu'à cette curieuse chimère semant la pagaille, quand elle n'était pas trop assommée par les médicaments, et ce même lorsque Parrish vint lui tenir compagnie dans la matinée, très inquiet, mais faisant de l'humour un peu maladroit pour le dissimuler. Elle lui demanda néanmoins de lui apprendre à se battre, fatiguée d'être toujours la grande blessée, presque un poids lourd pour l'équipe puisque son corps ne pouvait se guérir seul. Stiles, au moins, pouvait la comprendre et donc saisir l'importance du geste de Theo. Il partit, bien forcé de reprendre son service et sa mère vint prendre sa place à la pause déjeuner, exprimant son ravissement et sa reconnaissance envers ''cet adorable petit jeune à qui elle voulait absolument faire un cadeau'' qui lui avait sauvé la mise.

La jeune fille ne tarda pas à resombrer dans le sommeil et ses lèvres pulpeuse s'étirèrent en un sourire lorsqu'elle découvrit le héros du jour à son chevet. L'événement de la veille avait tout changé pour elle et l'avait décidé à gratter la surface, désirant sincèrement le découvrir sans prendre en considération le côté surnaturel et ses motivations. La rouquine n'oubliait pas qu'il était un loup solitaire avec ses sombres secrets, c'était impossible, mais au diable les doutes, il lui avait sauvé la vie!

- J'ai réussi à me faufiler dans ta chambre au bon moment, commenta Theo avec un sourire enjoué en guise de salut, l'observant en quête d'un indice de sa souffrance. Voyant qu'elle fronçait les sourcils en signe d'incompréhension, il explicita: Stiles ne veut pas que je traîne dans tes pattes. J'ai dû attendre qu'il reparte en cours.

- Il exagère, tu m'as quand même sauvé la vie... Pourquoi as-tu fait ça d'ailleurs? S'enquit Lydia dans un murmure en s'asseyant avec une grimace de douleur puis elle dégagea quelques mèches folles de son visage, espérant être un minimum présentable bien que se soit chose impossible à l'hôpital.

- Tu plaisantes là? Pourquoi est-c'que je te laisserai mourir par terre alors que j'ai les moyens de t'aider? Je suis un étranger, pas un monstre, répondit le jeune homme avec indignation même si ce n'était pas tout à fait vrai. Il tenait plus du monstre que du bon samaritain, mais il n'avait pas envie d'être celui-là aujourd'hui, pas avec elle. Tu sais Lydia, je suis parti longtemps, mais j'me souviens de tout et, même si ça n'avait pas été par bonté d'âme, j'aurais essayé de te sauver pour ça. C'est ce que t'aurais fais.

- Comment tu peux le savoir? Tu ne me connais plus, pointa la lycéenne avec curiosité, bien que touchée qu'il n'est pas oublié et se montre si gentil. Elle se pencha pour attraper le verre d'eau sur sa table de chevet, assoiffée, mais il était trop loin.

- Je t'ai vue avec Tracy, t'as été formidable même si tu savais que c'était dangereux, répondit son camarade en lui tendant ce maudit verre qu'elle vida d'un trait, épaté par la bienveillance presque inconsciente dont elle faisait preuve, lui même n'en aurait pas été capable. Et tu es devenue magnifique.

- Arrête, j'ai les cheveux en bataille, le teint cireux, je porte une blouse immonde et des fils qui dépassent de partout! C'est la honte! Se plaignit la jeune fille en se dissimulant automatiquement derrière ses petites mains bien que secouée d'un petit rire, très flattée. Toute femme, peu importe son âge, avait besoin d'entre ces mots, surtout dans ces moments là. Elle reprit alors d'un ton taquin et un peu réprobateur: Si tu crois que tu vas m'embobiner aussi facilement, tu te trompes... Mais merci. Tu n'es pas mal non plus.

Les fines lèvres du nouveau loup s'ourlèrent d'un sourire éclatant et ensorceleur qui avait le don de taper sur le système de Stiles, mais qui a elle, lui envoya une décharge la prenant au dépourvu puis elle se tortilla sous ses draps un peu rêches afin de s'adosser à la tête de lit. Elle n'allait pas le nier, il était vraiment beau garçon.
Ils avaient vécu séparés des années, s'effaçant de l'esprit de l'autre et n'imaginant jamais se retrouver un jour, ce qui n'était sûrement pas le fruit du hasard, mais discuter et se taquiner étaient spontané. Et puis il fallait avouer que ce sauvetage aidait beaucoup à renouer les liens.

- Merci beaucoup pour hier, murmura Lydia en ancrant son regard émeraude empreint de gratitude au sien, n'ayant pas besoin de préciser et ô surprise, il se retrouva sans voix. Il avait agit par pure bienveillance pour elle, ce qu'il ne faisait jamais, trop souvent déçu, agissant dans son intérêt uniquement.

La jeune fille lui adressa un sourire rassurant puis prit une profonde inspiration, décidée à ne pas jouer à la déloyale.

- Ecoute Theo... je préfère être honnête avec toi. Comme les garçons, je trouve que quelque chose dénote chez toi. Je me méfie, sûrement car tu es un loup et qu'on a tendance à douter de tous les nouveaux êtres surnaturels que l'on rencontre à cause de ce qu'on a vécu et tu es très, très différent du gosse d'il y 8 ans. Un peu normal tu m'diras! Bref, la confiance, ça va dans les deux sens et on doit autant faire nos preuves que toi. Je vois pas pourquoi tu devrais être le seul à ramer pour être accepté et ce que tu as fait hier t'as fait gagner énormément de point avec moi! Alors je vais te donner une chance, mais je reste sur mes gardes.

- Si tout le monde voyait les choses comme toi, ce serait plus simple, fit Theo avec un faux sourire attristé, ses paroles faisant écho à son plan préparé avec soin, bien que la contemplant avec éblouissement. Il était stupéfait qu'elle veuille également lui faire ses preuves, le traitant comme un égal, malgré son instinct qu'il savait puissant et les mises en garde de ses proches. Qu'est c'que tu veux savoir?

- Plein de choses! Que t'est-il arrivé pendant tout ce temps? S'enquit-elle d'un ton enjoué en dépit du cadre et sa condition, ayant enfin repris du poil de la bête, mettant sa faim de côté. Et... Ta transformation?

[Immediate Music - Where Did It All Go]

Le revenant détestait se livrer sur sa vie privée, préférant mentir ou enjoliver - ce qui était bien plus dans ses cordes - même si il devait faire des sacrifices pour entrer dans le cercle privé qu'était la meute de Scott. L'intérêt sincère de la banshee sur son passé, non motivé par une curiosité malsaine comme celle du seul humain de l'équipe, le poussa pourtant à revoir sa décision et à essayer de faire des efforts.

- Ça n'a pas beaucoup changé depuis l'école. Après la mort de ma sœur et le déménagement, j'étais livré à moi-même parce que mes parents étaient abattus. J'étais rejeté par les collégiens qui sont plus cruels qu'on le croit, jugeant très vite, avec une santé fragile, et même sans le regard des autres, je me sentais différent et ça m'excluait encore plus. Je passais beaucoup de temps dehors, raconta Theo d'un ton égal, mais son regard se voilà au fur et à mesure qu'il revisitait ses souvenirs, une main serrée sur l'accoudoir de sa chaise, Lydia pendue à ses lèvres. J'adorais faire du skate, ça m'aidait à m'évader et un soir, j'ai eu un accident et ai perdu conscience deux bonnes heures. Personne n'est venu me chercher, j'avais très peu d'amis et mes parents avaient l'habitude que je rentre tard, pourtant, quand je suis revenu à moi, quelqu'un était là. Un loup énorme qui m'a promis que tout s'arrangerait, que je serais enfin robuste et que les filles feraient attention à moi, que je n'aurais plus jamais à m'inquiéter de quoi que se soit. J'ai accepté sans réfléchir et de toute façon j'avais pas vraiment le choix car je m'étais méchamment blessé à la tête, j'm'en étais pas rendu compte tellement ce type me faisait flipper. Après seulement j'ai vu la flaque de sang sur le béton là où se trouvait ma tête juste avant. J'ai failli ne pas survivre à la morsure, mais au final, elle a changé ma vie. Il n'avait pas menti: j'étais puissant, résistant, mes muscles se sont développés et j'ai gagné en assurance. Ça a été ma revanche sur la vie et depuis je refuse de me faire marcher dessus.

Lydia avait écouté dans un silence presque religieux, abasourdie par cette poignante histoire qui ne transparaissait dans aucun de ses gestes ni son attitude un peu insolente et présomptueuse à présent plus compréhensible. Elle ne savait pas si c'était la banshee ou la femme, mais elle savait qu'il disait vrai et cela lui donna envie de l'étreindre pour le réconforter même si il n'en avait plus besoin. Elle se contenta donc le lui lancer un regard navré et poser sa main sur son avant-bras dans l'espoir de lui faire passer sa sollicitude, la tête légèrement penchée sur le côté de façon à ce que sa crinière blonde vénitienne cascade par-dessus son épaule et sur le drap.
Le brun posa sa main sur la sienne et la pressa pour lui prouver qu'il appréciait sincèrement sa compassion, et baissa le regard sur le lino immaculé dans une parfaite imitation de la peine. Il devait quand même jouer au gentil pour continuer à rentrer dans ses bonnes grâces.

En tout cas, Theo n'en revenait pas d'avoir raconté les côtés les moins reluisants de son passé, même si bon nombres de jeunes n'avaient pas une vie rose, étonné de voir comme c'était facile avec elle. Il s'était bien sur gardé de préciser que sa fameuse revanche impliquait également une effroyable soif de puissance née de sa solitude et qui le poussait à commettre des abominations. En fait, c'était peut être justement parce qu'il envisageait de ne pas l'inclure dans son plan machiavélique qu'il était parvenu à lui dire tant de choses.

- J'avoue que je me sers de ma puissance pour faire le malin et attirer les filles dans mon lit, ajouta Theo avec un sourire en coin afin de dissiper un peu le mélodrame de cette histoire, sans la moindre honte. Il savait que c'était tricher, mais pourquoi ne pas s'en servir? C'était un des bons côtés du don.

- Comme si t'avais besoin de ça! Rétorqua Lydia en hochant lentement la tête de dépit, mais lorsqu'elle vit ses lèvres s'étirer en un sourire taquin car devinant qu'elle parlait de son physique, elle ne put s'empêcher de l'imiter comme une idiote. Elle devenait incontrôlable quand il se mettait à sourire et elle ne devait pas être la seule. C'est dommage, tu n'auras pas Stiles avec ce pouvoir là!

- J'espère bien, sinon ce serait flippant. Ça viendra et le plus vite sera le mieux car il est un peu envahissant.

Lydia plissa le nez en se souvenant de l'excursion de Stiles dans les bois pour le suivre et le coup de la signature sur les documents administratifs, gênée. Elle préféra néanmoins répondre pour prendre la défense de son ami:

- Ça part d'un bon sentiment, il veut juste nous protéger à cause de tout ce qu'il y a eu avant, et malheureusement il dépasse souvent les limites.

- Je sais, et c'est pour ça que j'aimerai qu'on se fasse mutuellement confiance. C'est un très bon ami qui ferait tout pour vous. Bon, et toi, que t'est-il arrivé de passionnant pendant tout ce temps?

- Je pense que tu es déjà au courant de tout niveau surnaturel, fit la lycéenne en lui jetant un regard entendu et conspirateur, l'imaginant mal revenir pour eux sans avoir fait des recherches au préalable, puis elle balaya la chambre du regard en quête d'un plateau-repas, commençant à mourir de faim.

Il ne put que confirmer d'un signe de tête, n'ayant aucune envie de plus lui mentir et toujours étonné par sa perspicacité, puis il se leva et passa la tête par la porte pour interpeller une infirmière. Il lui fit part du problème, patienta quelques instants et referma la porte, en possession du fameux plateau qui contenait une assiette de petits légumes, une escalope de dinde toute sèche et un simple yaourt nature sans sucre. Rien qui ne fasse envie en somme.
Le brun déposa le plateau sur la table roulante et l'approcha du lit pour que Lydia puisse enfin manger malgré sa mine dégoûtée. Elle s'empara de sa fourchette avec un grognement car son mouvement tira sur son bandage puis elle s'en aida pour tâter la viande avec méfiance, comme si elle craignait qu'elle ne l'attaque.

- Ils ont tellement de blessés ici à cause des accidents surnaturels qu'ils pourraient vraiment offrir des repas plus... acceptables, marmotta la jeune fille en lâchant sa fourchette avec un soupir pour se rabattre sur son yaourt qui ne risquait pas de la tuer. Je rêve de manger des pâtes à la sauce tomate!

- Je verrais ce que je peux faire pour ça, assura Theo avec un clin d'œil complice, devant admettre que ce plateau avait vraiment sale mine. Tout le monde méritait mieux à l'hôpital. Et à part ta transformation non désirée en banshee, ça a été pour toi?

- Je ne devrais pas t'en parler, les autres ne seraient pas d'accord. Honnêtement... Ça a été un cauchemar et ça l'est encore. Ma transformation a été très dure, elle a failli me tuer aussi puis me rendre dingue. Avant de savoir, je me réveillai dans des endroits improbables ou m'y rendait à l'aveuglette, toujours proches de cadavres et c'est atroce. Personne ne s'en rend compte. Personne ne devrait avoir à découvrir des morts, peu importe l'âge et la volonté mentale que l'on a, avoua Lydia dans un murmure, une main serrée sur le drap, le regard voilé car revisitant ces scènes de crime, chacune la hantant. Les autres ne voyaient que le côté utile de ce don, ne se rendant pas compte de l'impact que cela avait sur elle et qui l'isolait indéniablement. Je dois vivre avec ces voix, cet instinct et toutes ces images sordides, mais ce n'est pas le pire. Non, le pire, ça a été d'assister à ce carnage qui ne s'arrête jamais sans rien pouvoir faire. On est pourchassé jusqu'au lycée à cause de ce que nous sommes, mais n'avons jamais demandé. On a pas été préparé à tout ça, mais on a dû affronter une meute de loups terrifiants, un kanima, un darach, un nogitsune, un bienfaiteur qui n'avait strictement rien de bon et maintenant ces chimères.

Sa voix se brisa alors, d'épuisement plus que de tristesse, le regard rivé à la petite fenêtre comme dans l'espoir de s'échapper puis elle le posa sur Theo avec un sourire empreint d'une lassitude qui n'était propre qu'aux gens d'un certain âge ayant trop vécu, sentant son regard la brûler.

- On en parlera plus tard si tu le veux, tu as besoin de te reposer, fit le jeune homme, les sourcils froncés, n'ayant lu que les grandes lignes de leur parcours sans imaginer que Lydia avait tant enduré. La lycéenne hocha la tête en terminant son yaourt sans sucre puis remonta le drap jusqu'à son cou. Je dois aller en biologie appliquée de toute façon. Tu veux que je te prennes le cours?

- Scott s'en occupe, mais c'est gentil. A plus tard Theo... Et encore merci pour tout.

Theo indiqua que ce n'était rien en haussant les épaules avec un petit sourire impertinent puis il déposa un papier sur son plateau encore plein.

- Appelle-moi si jamais tu veux en savoir un peu plus sur l'utilisation de mon don, expliqua-t-il d'un ton aguicheur sans équivoque qui lui fit lever les yeux au ciel, mais il voyait dans son regard que le charme commençait à opérer, doucement, mais sûrement. A bientôt.

- Ouais bien sûr, souffla narquoisement Lydia en le regardant s'éloigner avec remontrance.

Quel culot il avait quand même!

Elle attendit qu'il soit dans le couloir pour enregistrer son numéro de téléphone, mais ce dernier l'entendit grâce à son ouïe sur-développée et il quitta l'hôpital pour se rendre au lycée, partagé entre fierté et tracas. Il était fier de réussir à se la mettre dans la poche, pas uniquement pour son plan perfide, et tracassé car son récit l'avait à la fois troublé et touché, comme cela avait été le cas pour le sien. Les liens se retissaient naturellement, il appréciait sa compagnie, sa bienveillance, peu importe les doutes. Il ne fallait surtout pas que les Docteurs l'apprennent et se débarrassent d'elle afin qu'il soit plus concentré. En tout cas, ses partenaires n'avaient pas les mêmes objectifs que lui et n'étaient pas vraiment intéressés par les membres composant la meute, mais mieux valait être sur ses gardes. Alors, il se tairait ou il mentirait. C'était sa spécialité, y comprit sur ses propres sentiments.


Theo était d'excellente humeur ce soir-là.
L'expérience sur Donovan s'était déroulée à merveille bien qu'il lui reste encore à faire ses preuves sur le terrain suite au petit conseil qu'il lui avait donné et l'équipe passait sa soirée éparpillée un peu partout en ville, lui lâchant donc du lest. Les Docteurs lui avaient même donné sa soirée – si on pouvait dire cela ainsi – et, bien qu'il ait son propre agenda, il pouvait faire ce qui lui chantait. Ce qui tombait bien puisque Lydia lui avait envoyé un sms lui disant qu'elle s'ennuyait et mourait de faim.
Les autres ne prenant pas la peine de lui rendre une visite car débordés, il décida de ne pas la laisser livrée à elle-même dans sa petite chambre et passa prendre un plat de pâtes en sauce chez un restaurateur – se souvenant de ce qu'elle lui avait dit plus tôt – avant de la rejoindre rapidement afin que la nourriture ne refroidisse pas.

La jeune fille était en train de regarder une série télévisée mielleuse, ses cheveux fraîchement lavés encadrant son visage de poupée qui commençait à reprendre des couleurs, la perfusion faisant des cliquetis incessants qui ne semblaient pas la déranger. Elle tourna la tête dans sa direction, alertée avant tout par la férocité qui émanait du lycéen plus que par le bruit qu'il produisait. Elle ne pouvait pas vraiment sentir comme les loups, mais ce soir, il dégageait quelque chose de très fort qu'elle même parvint à identifier. Pourtant dès qu'elle lui adressa un signe de main pour qu'il avance, il sembla se métamorphoser.

- Je suis venu te sauver la vie, indiqua le jeune homme en rentrant dans sa chambre, brandissant le sac de papier kraft avec un sourire victorieux qu'elle accueillit avec un petit cri de joie. Deux fois en moins de 24 heures, ça va finir par devenir une habitude.

- Ça ne me dérange pas. Je préfère largement ça à celle de se faire attaquer non-stop par des psychopathes! S'exclama Lydia en le regardant ouvrir le sac et en sortir le contenu avec impatience, l'eau à la bouche. Qu'est-c'que je ferais sans toi!

C'était ironique dans la mesure où l'un de ces psychopathes se tenait justement face à elle sans qu'elle le sache. Pour tout dire, à cet instant, il avait mis ce rôle de côté, l'homme prenant le pas en sa présence.

- Pas grand chose apparemment, piqua-t-il avec humour en installant les couverts, ce qui lui valut un regard sombre et un coup au bras. J'te trouve bien agitée pour quelqu'un qui a passé trois heures au bloc opératoire et qui a failli mourir, serait-ce parce que je te fais de l'effet?

[Sonata Arctica - Don't Be Mean]

- Voilà, tu as tout compris, maintenant tais-toi et mangeons, ordonna-t-elle avec empressement en lui indiquant la chaise où il était installé il y a quelques heures puis elle attaqua sans plus attendre, vraiment affamée, n'ayant avaler que son yaourt du midi et des biscuits au goûter. Elle rejeta légèrement la tête en arrière et abaissa les paupières dans une posture de plaisir assez déstabilisante, mais qui ne déplut pas à Theo. Loin de là. Dieu bénisse les pâtes!

- Et pas moi? Je m'en suis quand même souvenu et je te les amenées alors que j'ai peut-être mieux à faire en soirée, la taquina le lycéen avant de se remettre à dévorer le contenu de son assiette, mal installé sur sa chaise.

- Il me faut encore un peu de temps pour savoir si tu es une bénédiction, mais je dois dire que ce sourire te met sur la bonne voie, reconnut-elle qui s'arrêta quelques instants dans sa dégustation pour le dévisager en se mordillant la lèvre inférieure. C'est vrai qu'il était craquant, mais elle devait garder précieusement son opinion ou ça allait être l'enfer. Je ne t'ai forcé à rien! Que me vaut toute cette gentillesse? Ne me dis pas que c'est pour me mettre dans ton lit, sinon tu serais déjà torse nu à me susurrer des cochonneries.

- Je peux si tu me demandes et que ça te fait plaisir. Sérieusement, ça ne m'a pas traversé l'esprit, t'en fais pas, affirma Theo, secoué d'un petit rire, bien qu'il la trouve absolument délicieuse, même dans son lit d'hôpital. La raison de sa bonté n'était pas celle qu'il aurait voulue, la rendant difficile à admettre. Je te rends ce que tu me donnes, Lydia. Tu as été une des seules à ne pas m'ignorer, me harceler et tu fais même preuves de compréhension alors que tu doutes. Et puis il est hors de question que tu restes toute seule dans cette situation.

La banshee pinça les lèvres, troublée par ses paroles qui faisait écho à ses amis absents et par sa bienveillance réconfortante qui contrastait avec son personnage et le mystère l'enveloppant qu'elle voulait à tout prix percer même si elle savait qu'elle n'apprécierait pas. Alors elle posa délicatement sa main sur celle avec laquelle il tenait son couteau puis elle se pencha afin de déposer un baiser sur sa joue, le bout de sa crinière venant chatouiller ses avant-bras nus. Theo se figea une poignée de secondes, les mains en suspens, ce contact si doux le faisant frissonner imperceptiblement et lui fit chaud au cœur qui battait toujours sous la glace.
Il tourna légèrement la tête de son côté, leurs regards accrochèrent aussitôt, azur contre émeraude, leurs nez se frôlant presque et Theo se retrouva incapable d'agir ou parler, complètement démuni. C'était une grande première!
Ils se fixèrent longuement, le temps semblant se suspendre alors qu'ils retenaient leurs respirations, se perdant dans le regard de l'autre, ce miroir qui révélait les tréfonds de leurs âmes, ce qu'ils refusaient de montrer aux autres, leurs souffles chauds se mêlant puis la banshee battit des cils et cela rompit la magie de l'instant. C'était trop troublant pour continuer ainsi. Aucun n'avait envie de tomber dans le piège, ayant eu leur lot de déception et de chagrin et s'attacher à l'autre, rien qu'un peu, engendrerait une montagne de problèmes.
Quant à Theo, malgré son avidité et son égoïsme, une minuscule part de lui aspirait à connaître la douceur d'une caresse et des murmures au creux de son oreille, l'amour incontestable d'une personne qui le soutenait coûte que coûte ou au moins avoir une personne chaleureuse et aimante avec lui. Lydia était ce genre de personne.

- Te fais pas de film, je ne vais pas succomber à ton incroyable charme et demander à voir toute l'étendue de ton don. Pas tout de suite, ajouta Lydia d'un ton facétieux, le regard pétillant alors qu'elle le voyait adopter son fidèle petit sourire enjôleur qui la faisait fondre. Elle se réinstalla convenablement dans son lit pour reprendre son repas, simple, mais délicieux. Alors ce cours de bio'?

Lydia savait qu'elle ne devait pas être aussi sensible à ses petites attentions et ses paroles qui, si elle en croyait Stiles, n'étaient que des mensonges pour amadouer, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. Le courant passait entre eux, électrique même lorsque leurs visages s'étaient retrouvés à quelques centimètres l'un de l'autre. Elle avait vu dans ses yeux qu'il la respectait trop pour lui faire les horreurs qu'attendaient les autres. Son pouvoir de banshee lui permettait de temps à autre de sentir les personnes, et même si elle savait qu'il était dangereux, elle savait aussi qu'il était franc, se mettant à nu sans le moindre mot, et ce depuis le début. Cela le rachetait complètement à ses yeux.
De toute façon, elle avait toujours eu un faible pour les mauvais garçons et tant pis pour les autres et leur avis bien arrêté.

- Très intéressant, et tu vas rire de la coïncidence, la prof a parlé des chimères.

Ils passèrent une heure et demi à parler de choses légères, des cours, de soirées, études supérieurs et surtout pas du surnaturel pendant que les autres continuaient à mener leur combat contre les créatures mutantes. Une infirmière finit par le mettre dehors, l'heure des visites étant dépassée depuis un moment déjà, mais leur avait fait une fleur sûrement car le loup avait fait du charme en arrivant.
Le loup la quitta d'une bise sur la joue, la main sur son épaule, restant ainsi quelques instants pour profiter de sa douceur et le parfum à l'orchidée de son gel douche puis il partit, leurs doigts se frôlant une dernière fois.

Cette soirée avait permis à Theo de prendre sa décision définitive concernant la jeune fille: à présent, Lydia était intouchable. Certes, il tenterait par tous les moyens de gagner sa confiance pour sa meute et faire bonne figure auprès des autres, mais il ne lèverait pas la main sur elle, ne tenterait pas de lui nuire et empêcherait les Docteurs d'en faire de même, quitte à se prendre une raclée. Il encaisserait pour pouvoir la sauver.