Prologue

La nuit était sombre ; si sombre que la lumière des réverbères atteignait à peine les passants. Il n'y avait aucun bruit, seul le rare sifflement d'un chat qui s'enfuyait brisait le silence de temps à autre. La haute et sombre silhouette d'un homme passa devant une ruelle.

Le soudain éternuement d'un aspirateur asthmatique le fit sursauter. Il regarda autour de lui, mais il ne pouvait rien voir d'où il était ; il retourna en arrière et fouilla la ruelle du regard. Il ne le remarqua pas tout de suite, mai ensuite l'évidence lui sauta dessus. Un gros chat blanc venait de déranger une poubelle, et à présent il passait à côté d'une grosse boîte bleue pour se diriger vers le fond de la ruelle.

L'homme soupira et revint sur ses pas. Il était tard et il voulait rentrer chez lui ; les nuages noirs annonçaient une chute de neige.


La femme ne faisait pas vraiment attention. Un homme était entré plus tôt et avait acheté son stock de tickets de lotto, donc elle avait fait sa journée. Tout en lisant un magazine, elle pensait distraitement à l'éventualité de fermer son magasin pour la journée. Son mari ne serait pas très heureux, mais... elle n'avait plus eu de congé depuis ce qui lui semblait des milliers d'années. Elle avait presque pris sa décision quand la cloche sonna et elle soupira.

Un homme entra dans son magasin. Il portait un trench coat beige et avait les yeux bleu brillant. Il traversa les rayonnages et se dirigea droit vers le comptoir.

"Bonjour."

"'Lut", répondit-elle, agacée qu'il ose la déranger.

Apparemment, il cherchait quelqu'un. La femme n'essaya même pas d'écouter ou de comprendre ce qu'il disait, car il parlait d'une manière archaïque. Elle jeta un coup d'oeil à la photo qu'il lui montrait et hocha la tête.

"Ouais, il vit dans cette rue, un peu plus loin... Continuez tout droit, vous ne pouvez pas manquer son appartement."


Le son d'un violon brisa le silence. L'appartement était vide, si l'on excluait un grand homme aux cheveux sombres et bouclés, qui caressait son instrument de ses longs doigts. La musique envahit l'espace, couvrant les murs jusqu'à la porte. Les notes descendirent les escaliers et atteignirent la porte d'entrée, une grosse porte verte avec ses quatre caractères dorés.

Un homme affublé d'un trench coat beige se tenait devant la porte. Il leva une main et frappa quatre fois.